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L'avenir chinois du nucléaire mondial
LE MONDE | 05.11.2012 à 13h02 • Mis à jour le 06.11.2012 à 09h26
Par Jean-Michel Bezat (L'air du monde)


On fêtera, en janvier 2013, le 30e anniversaire de la coopération nucléaire franco-chinoise, lancée avec le projet de centrale de Daya Bay, à proximité de la "zone économique spéciale" de Shenzhen. Il faudra attendre les décisions de la nouvelle équipe dirigeante issue du 18e congrès du Parti communiste chinois pour en savoir plus sur l'avenir de cette aventure industrielle.
On peut penser qu'elle se poursuivra et déjà imaginer une belle commémoration : une estrade ornée de parterres de fleurs dressée dans une salle monumentale, des discours pleins de promesses, des toasts amicaux portés par des personnalités du monde politique et industriel... Les anciens "élèves" chinois remercieront leurs "maîtres" français de leur avoir tant appris. La Chine de 2012 n'est plus celle de 1983, quand Deng Xiaoping relançait une industrie et une production nucléaires pour assurer l'essor économique du pays. Pékin était alors impressionné par l'ampleur du programme électronucléaire décidé dix ans plus tôt en France. Les rôles se sont inversés.

China Guangdong Nuclear Power Corporation (CGNPC), partenaire historique d'EDF et d'Areva, sait depuis des années dupliquer les réacteurs de deuxième génération d'origine française. Il fera de même pour les EPR (troisième génération), s'il poursuit au-delà des deux unités en construction à Taïshan (dans le sud du pays).

150 NOUVEAUX RÉACTEURS D'ICI À 2025

La Chine semble tenir le destin de la filière nucléaire française entre ses mains. Les prévisions sont implacables. Même si elle se montre prudente depuis la catastrophe de Fukushima, elle devrait mettre en chantier ou en service plus de 150 réacteurs d'ici à 2025, soit de 40 % à 50 % des nouvelles tranches en projet dans le monde. Elle a le plus grand marché intérieur (et ses économies d'échelle) du monde, des salaires encore bas, une monnaie faible et manipulable. Ces atouts rendront son industrie nucléaire très compétitive.

Ce renversement de situation n'a pas échappé au PDG d'EDF. Henri Proglio cherche coûte que coûte un accord global. Il veut croire qu'il sera gagnant-gagnant afin de maintenir un tissu industriel - avec ses emplois - en France. Qu'il permettra aussi d'exporter du nucléaire franco-chinois depuis l'empire du Milieu vers l'Asie, le Moyen-Orient et l'Afrique. Cette relance de la coopération passe par le développement d'un réacteur franco-chinois (1 000 MW) de troisième génération avec CGNPC. Un réacteur moins puissant et moins coûteux que l'EPR, et donc mieux adapté à de nombreux pays émergents, y compris la Chine. Rien à redire jusque-là...

Sauf qu'entre 2010 et avril 2012 les dirigeants d'EDF ont caché à l'Etat actionnaire et à leur partenaire Areva qu'ils négociaient - seuls - un "accord-cadre " avec CGNPC. Et qu'il prévoyait, selon un document publié par Le Nouvel Observateur, une entrée des Chinois dans le nucléaire hexagonal et d'importants transferts de technologies. Ils ignoraient superbement les consignes de l'Elysée pour une participation d'Areva et croyaient pouvoir obtenir le feu vert du gouvernement à la veille de l'élection présidentielle. L'Agence des participations de l'Etat avait prévenu que l'accord organisait "un partage de connaissances fondamentalement déséquilibré, au bénéfice de CGNPC", et François Baroin, alors à Bercy, l'avait retoqué.

"ILS TRICHENT SUR TOUT"

Le projet ne refera pas surface. Au sommet de l'Etat, on ne semble pas persuadé que les Chinois soient très "réglos" en affaires, si l'on en croit les confidences de François Hollande au journaliste Eric Dupin (La Victoire empoisonnée, Seuil, 2012). "Ils trichent sur tout", confiait-il avant son élection. Sur la monnaie, la concurrence, la propriété intellectuelle... "Ce n'est pas le principe d'un accord global avec les Chinois qui fait débat, mais son contenu, explique aujourd'hui un ministre. Le coeur du problème, c'est la propriété intellectuelle." On soupçonne le patron d'EDF de vouloir livrer aux Chinois les secrets de fabrique de l'industrie française de l'atome. Ces liaisons dangereuses ont poussé le gouvernement à le placer sous haute surveillance.

Jusqu'à quel point la vieille amitié des nucléocrates des deux pays justifie-t-elle la livraison de technologies sensibles ? On a oublié qu'en 2006 Washington avait autorisé un fleuron du nucléaire à vendre les plans de son réacteur, l'AP 1000, aux Chinois. Traître à la patrie, Westinghouse ? Un an plus tard, Nicolas Sarkozy lançait à son homologue Hu Jintao : "Nos meilleures technologies, nous les partagerons avec vous." L'ambition de CGNPC, affichée publiquement, est de "construire des centrales 100 % chinoises". Les dirigeants d'EDF le savent et l'acceptent, convaincus que, "si les Chinois ne font pas de nucléaire avec [eux], ils le feront seuls ou avec d'autres".

QUELQUES BEAUX "CADAVRES"

Après tout, le sort de ce secteur en Chine peut-il être différent de celui du ferroviaire, où les trains à grande vitesse ont fini par échapper à Alstom, Siemens et Kawazaki ? Et de l'aéronautique, où le C919 va concurrencer l'A320 d'Airbus et le B737 de Boeing ? Au cimetière des relations économiques sino-occidentales, on trouve quelques beaux "cadavres" : Danone, Google, Vodafone, News Corp, tués sur place par Wahaha, Baïdu, China Mobile, CCTV. Du ressentiment mêlé d'inquiétude aussi. Il y a deux ans, le patron de General Electric l'exprimait en privé : Jeffrey Immelt jugeait que son groupe n'avait jamais eu autant de difficultés pour travailler dans ce pays depuis un quart de siècle.

Alors, pourquoi les centres de recherche et développement des entreprises occidentales poussent-ils en Chine comme des champignons ? Il y en aurait 1 300, qui travaillent en partenariat avec des sociétés, des universités, des centres de recherche publics contrôlés de près ou de loin par l'Etat. Autant de risques de pillage, certes, mais aussi de chances d'adapter leurs produits au goût et aux exigences d'un marché de 1,3 milliard de consommateurs. Comme PSA, Alstom, Schneider, L'Oréal ou Saint-Gobain, EDF a donc ouvert le sien à Pékin pour accompagner le développement du nucléaire, des réseaux intelligents et des énergies vertes. Son directeur s'appelle Chen Guofei. Et la directrice de la branche Asie-Pacifique du groupe, Xudan Song. Joyeux anniversaire pour les 3 ans de glorieuses relations atomiques franco-chinoises !

bezat@lemonde.fr

Jean-Michel Bezat (L'air du monde)


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L'ascension des "jeunes instruits", des campagnes au sommet du Parti
LE MONDE | 05.11.2012 à 14h26 • Mis à jour le 08.11.2012 à 19h40
Par Brice Pedroletti avec Harold Thibault (Damiao et Liangjiahe, envoyés spéciaux)

Xi Jinping et Li Keqiang, les futurs président et premier ministre chinois, qui seront adoubés à la tête du Parti communiste (PCC) lors du 18e congrès qui s'ouvre jeudi 8 novembre, ne représentent pas seulement une nouvelle génération : ils sont tous deux des anciens "jeunes instruits" (zhiqing en chinois), ces 17 millions de jeunes citadins envoyés à la campagne de 1968 à 1980 lors d'un "des mouvements politiques les plus radicaux que la République populaire de Chine ait produits", rappelle le chercheur Michel Bonnin, auteur d'un livre au titre révélateur sur le sujet (Génération perdue, EHESS, 2004).
Lire aussi : Chine : réformes urgentes

Les jeunes instruits devaient en principe devenir paysans à vie. Il y a parmi eux des gardes rouges, exilés après les violences de la Révolution culturelle, mais aussi une génération entière de collégiens et de lycéens comme Xi Jinping et Li Keqiang, trop jeunes pour en faire partie, forcés d'interrompre leurs études "pour se faire rééduquer auprès des paysans pauvres et moyens", selon la volonté de Mao.

Les conditions à la campagne sont rudes, mais cette expérience les vaccinera à jamais contre l'utopie. Et pour ceux qui tireront leur épingle du jeu, comme Xi Jinping, né en 1953, "jeune instruit" de 1969 à 1975, et Li Keqiang, né en 1955, "jeune instruit" de 1974 à 1978, ce sera aussi une formidable école : "Sept années de vie éprouvante à la campagne m'ont fait beaucoup progresser. Quand, plus tard, j'ai rencontré des défis, j'ai pensé au village, et au fait que j'avais pu arriver à quelque chose là-bas en dépit des difficultés", a confié Xi Jinping dans l'une de ses rares interviews, publiée en 2000.

XI JINPING HARCELÉ PAR LES GARDES ROUGES

Ces sept années, le futur numéro un chinois les a passées à Liangjiahe, sur les plateaux de loess de la province du Shaanxi, au nord-est de l'ancienne base révolutionnaire de Yanan. Xi Jinping et ses frères et sœurs font partie de l'aristocratie rouge, mais leur père, Xi Zhongxun, l'un des héros de Yanan, a été victime de la purge dès 1962. Durant la Révolution culturelle, l'adolescent est harcelé par les gardes rouges et sauvé par l'appel de Mao : il est envoyé à 15 ans dans le Shaanxi. Les premiers mois, il "n'en fait qu'à sa tête", explique-t-il dans l'interview. Comme sanction, il est renvoyé à Pékin dans un "groupe de travail".

Six mois plus tard, il repart à Liangjiahe, déterminé à œuvrer pour le bien des paysans. Il se met à "vivre comme eux, à travailler comme eux". Ceux-ci "ont vu que j'avais changé", raconte-t-il. Sa maison devient un lieu de rendez-vous, où les gens viennent discuter le soir. Ainsi va le mythe fondateur du futur président, qui s'est décrit dans un essai autobiographique, publié en 1998, comme "pour toujours, un fils de la terre jaune".


Aujourd'hui, Liangjiahe et son paysage n'ont guère changé. Dans ce village reculé, où l'on vit toujours des champs, on se souvient d'un jeune homme qui lisait beaucoup. Quatre décennies plus tard, le mouvement de population s'est inversé : les jeunes quittent le village pour chercher la prospérité dans les villes. A quelques pas de l'habitation troglodytique où vécut Xi Jinping, une ancienne peinture de propagande représente un soldat et des paysans autour d'un chef tenant à la main un document sur la planification du biogaz. C'est une allusion à l'apport de Xi Jinping au village : une fois ses études finies, désigné chef du Parti, le futur président s'est rendu dans le Sichuan apprendre les techniques de production de biogaz. Et a construit ensuite le premier puits de fermentation.

LI KEQIANG ÉTAIT RELATIVEMENT PRIVILÉGIÉ

Le décor dans lequel le probable futur premier ministre, Li Keqiang, a vécu dans une "brigade de production", de 1974 à 1976, est assez similaire. Le village de Dongling, dans le nord-est de l'Anhui, est à peine plus riche que Liangjiahe – le train à grande vitesse de Pékin s'arrête à une centaine de kilomètres, aux villes de Bengbu et Dingyuan, la terre ancestrale de la famille de Li Keqiang. A l'époque, "on arrivait à peine à manger et s'habiller", se souvient Cao Deyou, un paysan de 70 ans. "Les jeunes de la ville étaient quand même un peu favorisés, on ne leur donnait pas de tâches pénibles. Li Keqiang, dit l'homme, surveillait les champs pour empêcher les bœufs de manger la récolte." Et "s'abîmait les yeux à lire avec une bougie sous la moustiquaire".

Quelques mois après son départ en 1978, le canton de Fengyang, dont Dongling fait partie, sera le premier en Chine à redistribuer les lopins de terre aux paysans. Partout, on s'affaire, on trime, dans ce qui fait les campagnes chinoises d'aujourd'hui : un champ à sarcler, une canalisation à refaire.

Un motocycliste passe, un écran plat attaché au dos, tandis que les camions se succèdent sur la grande route qui mène à Damiao et ses usines de quartz. Non loin, un muret rectangulaire a été bâti début 2012 autour de quelques ruines, pour marquer l'endroit où M. Li a vécu trois ans.

Li Keqiang était un "jeune instruit" relativement privilégié : "Les conditions d'envoi à la campagne s'adoucissent à partir de 1973, il reste donc dans sa province d'origine", explique M. Bonnin. Lors des années turbulentes qui précèdent, il a été épaulé par un lettré ami de son père, qui lui a donné une éducation très supérieure aux autres. En 1976, Li Keqiang devient chef du Parti de la brigade de Damiao.

Après la mort de Mao, le mouvement des "jeunes instruits" commence à s'essouffler, mais il est toujours instrumentalisé par les radicaux : une foire d'empoigne se joue dans les coulisses pour rentrer en ville. Ceux qui utilisent "la porte de derrière", c'est-à-dire les connexions, sont dénoncés. Alors que son père et ses supérieurs le poussent à monter en grade dans le canton, le jeune homme, âgé de 23 ans, préfère les études. Lors de l'examen général, réinstauré par Deng Xiaoping en 1977, il inscrit en premier choix l'université de Hefei. Mais ses résultats sont tellement bons qu'il est recruté d'office par l'université de Pékin.

QUELS DIRIGEANTS DONNERA LA "GÉNÉRATION PERDUE" ?

Les débuts du parcours de Xi Jinpinq sont nettement plus heurtés. A Liangjiahe, il doit déposer huit demandes pour rejoindre la brigade de production. En 1973, il s'y prend à dix reprises pour que son adhésion à la branche locale du Parti soit acceptée. Les efforts qu'il déploie ont raison de ses "mauvaises origines familiales". Quand son district obtient le droit d'envoyer un étudiant à l'université, il se bat de nouveau et sera recommandé par ses supérieurs. Par chance, le dossier de son père, qui, après la prison, a été envoyé se réformer dans une usine de province, n'est plus jugé comme un obstacle. En 1975, Xi Jinping entre ainsi à l'autre grande université pékinoise, Tsinghua.

Quels dirigeants donnera la "génération perdue" ? "On peut s'attendre à un style très différent de celui de Hu Jintao, robotique, guindé", estime M. Bonnin. "Les ex-jeunes instruits ont appris à être réalistes, ils ont été confrontés à la nécessité de se débrouiller par eux-mêmes. Mais la question est : jusqu'où peuvent-ils aller ?"

Voir : Le portfolio sur le village de Dongling

Brice Pedroletti avec Harold Thibault (Damiao et Liangjiahe, envoyés spéciaux)

*

Le Parti communiste entérine l'exclusion de Bo Xilai

Avant son 18e congrès, du 8 au 15 novembre, le Parti communiste chinois (PCC) fait le ménage dans ses rangs. L'exclusion de l'ancien chef de la mégapole de Chongqing, Bo Xilai, à l'origine d'un retentissant scandale, a été confirmée dimanche 4 novembre. Accusé de corruption et d'abus de pouvoir, il est dans l'attente de son jugement.
Par ailleurs, selon le quotidien de Hongkong South China Morning Post, une enquête interne a été ouverte sur les informations publiées par le New York Times affirmant que la famille du premier ministre Wen Jiabao avait accumulé une fortune de 2,7 milliards de dollars (2,1 milliards d'euros).


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Dragon



Chine : ambiance sécuritaire à Pékin avant le Congrès
Le Monde.fr | 06.11.2012 à 10h26 • Mis à jour le 06.11.2012 à 10h29
Par Brice Pedroletti, correspondant à Pékin

Les internautes chinois ont trouvé une nouvelle façon de désigner Pékin : Sparte. La capitale chinoise est en "verrouillage sécuritaire" à l'approche du 18e congrès du Parti communiste, qui ouvre jeudi 8 novembre. Et, en chinois, le 18e congrès, qui se dit shibada, diffère peu de la prononciation chinoise de la cité antique grecque (Sibada).
A Sparte donc, les connexions Internet fonctionnent à la vitesse de l'escargot, l'envoi de fichier ou d'image est un casse-tête, et certains services de VPN (réseau virtuel privé permettant de contourner la "Grande Muraille virtuelle") sont neutralisés.

Surtout, toutes sortes de règles sont discrètement entrées en vigueur à l'approche du congrès : les taxis ont dû bloquer l'ouverture de leurs vitres arrière, soit en supprimant les manivelles, soit en bloquant le système électrique. Le Monde l'a vérifié lundi 5 novembre. Deux des taxis utilisés dans la journée sur trois n'avaient plus de manivelles à l'arrière. Le troisième l'avait gardée mais, nous a expliqué le chauffeur, il lui était interdit de circuler entre Xidan et Dongdan – les quartiers commerciaux de l'ouest et de l'est – sur l'avenue Chang'An, l'avenue de la "paix éternelle", qui traverse la place Tiananmen.

PAS DE PHOTOCOPIES PENDANT LE CONGRÈS

L'objectif, tel qu'il a été formulé sur les instructions fournies aux compagnies de taxis et de bus, est celui de la "distribution zéro" : de tracts, de balles de ping-pong marquées de slogans révolutionnaires, de pétitions...

Les centres commerciaux ont de même soit suspendu, soit soumis à un enregistrement en bonne et due forme avec papiers d'identité, la vente de tout matériel volant (hélicoptères ou avions radio-télécommandés), de couteaux, parfois de ciseaux ou de tournevis. Les officines de photocopies installées à proximité des facs ont elles aussi interrompu leurs services, même si, dans la réalité, ces mesures sont probablement contournées.


Dans la blogosphère chinoise, les signes de l'incrédulité, du persiflage et de l'indignation des internautes abondent. Le mot "Sparte" a été utilisé plus de trois millions de fois sur Weibo au début de la semaine, mais cela a baissé depuis, en raison de la censure. C'est la première fois que les mesures sécuritaires qui, en principe, ont cours lors de tous les événements d'importance, font un tel tabac sur le Net : cinq ans auparavant, le 17e congrès s'était tenu à l'ère pré-Weibo.

De toutes les informations qui concernent le 18e congrès, celles-ci sont les seules à retenir l'attention des millions de Chinois qui ont accès à la grande conversation publique en ligne qu'est Weibo. Et elles illustrent la "déconnexion" entre une élite politique retranchée derrière ses rituels, sa gangue idéologique, et ses barrières de sécurité, et une blogosphère qui se passe le mot à la vitesse d'un click.

ÉVITER LES LÂCHERS DE TRACTS

Le magazine Caijing a annoncé sur son Weibo l'information suivante le 1er novembre : pendant le 18e congrès, les véhicules passant par le centre politique doivent maintenir leurs fenêtres fermées. Selon le site des urgences de Pékin, les 17 lignes de bus qui traversent le centre politique fermeront les fenêtres pour éviter des problèmes tels que le lâcher de tracts. Plus de 110 000 volontaires aux brassards rouges seront affectés aux stations de bus et également dépêchés dans les véhicules. Il faut qu'il y ait "du monde dans toutes les stations et dans tous les bus".

L'internaute @neirannushen s'est indigné, le 1er novembre, en découvrant qu'il ne peut faire des photocopies : "Merde alors ! Qu'est-ce que c'est que ça ? Ils pensent qu'on va imprimer des armes nucléaires ou quoi ?" La photo qu'il a twittée montre l'annonce d'une officine de photocopies pour étudiants : "Notre service d'impression et de photocopie sera suspendu pendant le 18e congrès."

@guang-yaoyouguang fait le constat suivant : "Les couteaux ont tous été retirés des rayons, les gens XX [pour éviter d'écrire les mots dissidents, pétitionnaires....] sont tous arrêtés, les poignées des vitres des taxis ont toutes disparu comme par enchantement, les passagers à l'aéroport se font palper entre les jambes... Quel genre d'extra-terrestre est donc en train d'envahir la Terre ? Ou bien sont-ce des animaux qui attaquent les hommes ? Je vous conseille ce soir l'émission de Discovery [la chaîne des documentaires sur la nature] à 19h38, intitulée 'La guerre de défense de Shibada' [rendu par un jeu d'idéogrammes par "les boules de merde.gif (shiba) tombent drues"]."

L'écrivain de contes pour enfants @zhengyuanjie constate avec ironie que "sur Cankao Xiaoxi de l'agence Xinhua [Chine Nouvelle], un article publié hier indique que "Pékin fait tous les efforts possibles pour 'réchauffer' le Shibada". On y lit que le chauffage fonctionnera deux semaines plus tôt que d'habitude afin que les citoyens se sentent chaud au cœur juste avant le Congrès".

Depuis quelques jours, les internautes s'amusent à publier des photos avec l'expression (en anglais) "This is Sibada". En voici deux :



Brice Pedroletti, correspondant à Pékin


s : http://www.lemonde.fr/asie-pacifique/artic...86195_3216.html


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Le Britannique tué par la femme de Bo Xilai informait le MI6
Le Monde.fr avec AFP | 06.11.2012 à 10h32 • Mis à jour le 06.11.2012 à 12h13

Un homme d'affaires britannique assassiné par l'épouse du dirigeant déchu chinois Bo Xilai a pendant plus d'un an informé les services de renseignement de son pays, affirme mardi le Wall Street Journal.
Neil Heywood, un homme resté longtemps proche du couple Bo avant que leurs relations ne virent à l'aigre, a été empoisonné en novembre 2011 dans la métropole de Chongqing, dont le numéro un était alors Bo Xilai, exclu depuis du Parti communiste chinois et chassé des rangs de l'Assemblée nationale populaire. Il doit comparaître devant la justice pour y répondre d'accusations multiples à une date non précisée.


La femme de M. Bo, Gu Kailai, a elle été condamnée en août à la peine de mort avec sursis pour cet assassinat à la source d'un scandale qui a fortement ébranlé le Parti communiste au pouvoir et notamment l'organisation du congrès du parti qui s'ouvre jeudi pour assurer une transition au sommet du régime.

Voir le portfolio : Bo Xilai, la chute d'une étoile rouge

"007"

Selon le Wall Street Journal, M. Heywood a de façon régulière fourni des informations sur Bo Xilai aux renseignements britanniques (MI6), à une époque où ce dirigeant était considéré comme une étoile montante, promise aux plus hautes fonctions nationales. Le quotidien, sans citer de source identifiée, a affirmé fonder ses révélations sur des témoignages d'anciens amis d'Heywood, ainsi que sur ceux de responsables britanniques, toujours en fonction ou non.

Apparemment sans craindre qu'on établisse un rapport avec sa propre personne, Neil Heywood avait l'habitude de conduire à Pékin une Jaguar gris métallisé dont la plaque d'immatriculation affichait les chiffres "007". Il a aussi travaillé pour un concessionnaire automobile Aston Martin, la marque de prédilection de James Bond, a ajouté le Wall Street Journal.

Les activités en Chine de l'homme d'affaires ont déjà fait l'objet de conjectures diverses dans la presse internationale. En avril, le chef de la diplomatie britannique, William Hague, avait voulu couper court à ces rumeurs en affirmant dans un communiqué que Neil Heywood n'était "pas employé par le gouvernement à quelque titre que ce soit". Il "était simplement en contact occasionnel avec l'ambassade (du Royaume-Uni à Pékin) et avait participé à quelques réunions liées à sa profession", avait ajouté le ministre.


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Les Chinois s'inquiéteraient des inégalités grandissantes dans la société
Le Monde.fr avec AFP | 06.11.2012 à 11h21

Les inégalités entre riches et pauvres et l'absence de contrôle sur le pouvoir sont les problèmes le plus susceptibles d'entraver le développement de la Chine au cours des dix ans à venir, selon un sondage publié par le Quotidien de la jeunesse chinoise, mardi 6 novembre.
Les inégalités sont considérées comme une menace pour l'avenir du pays par 75,4 % des plus de 11 400 internautes chinois interrogés par le journal, tandis que le pouvoir "non restreint" des dirigeants et des cadres est un problème pour 59,4 % des sondés.

Ce sondage est publié deux jours avant l'ouverture du 18e congrès du Parti communiste chinois, qui doit voir des dirigeants plus jeunes accéder au pouvoir alors que les révélations sur la fortune et la corruption des cadres et des plus hauts dirigeants du pays se sont multipliées récemment.

L'organe de la Ligue de la jeunesse du PCC rapporte encore que 52,8 % des Chinois interrogés considèrent que "le renforcement des groupes d'intérêt" est une menace, et presque autant sont préoccupés par "la dégradation de l'environnement". La "négation des intérêts des catégories faibles" de la population représente aussi un obstacle au développement pour une courte majorité de sondés (50,3 %).

SANTÉ, ÉDUCATION ET SÉCURITÉ ALIMENTAIRE

En revanche, ils sont un peu moins d'un tiers (31, 3%) à être préoccupés par "le ralentissement du développement économique" et "les tensions internationales" (28,2 %). Une majorité (56,6 %) dit "avoir pleinement confiance dans le développement de la Chine dans les dix ans qui viennent", rapporte aussi le journal.

Ce sondage n'est pas représentatif de la population chinoise dans son ensemble, les internautes interrogés, qui viennent de toutes les régions du pays, étant plus jeunes que la moyenne des habitants et comptant parmi eux plus de citadins. Les migrants ne comptent que pour 4,2 % de l'échantillon alors qu'ils représentent près de 20 % de la population.

En tête des sujets sur lesquels les sondés attendent des améliorations au cours de la prochaine décennie, vient la santé, pour 68,8 % d'entre eux, suivie par l'éducation (62,8 %). Les Chinois épargnent beaucoup pour avoir accès aux soins et pour envoyer leurs enfants dans les meilleurs établissements d'enseignement, ce qui freine leur consommation.

Enfin, plus de 60 % des personnes interrogées espèrent une amélioration de la sécurité alimentaire, dans un pays où les scandales défraient régulièrement la chronique.



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Han Suyin, écrivain et avocate fidèle du régime maoïste
Le Monde.fr | 06.11.2012 à 15h04 • Mis à jour le 07.11.2012 à 09h30
Par François Bougon Le Monde

L'écrivain sino-belge Han Suyin, décédée vendredi 2 novembre à Lausanne à l'âge de 95 ans, aura vécu toutes les métamorphoses de la Chine, le pays de son père, de la guerre civile à la renaissance glorieuse, tout en défendant le régime communiste.
Eurasienne, elle appartient à une époque que les moins de 30 ans auront du mal à imaginer : une Chine pauvre refermée sur elle, en révolution permanente sous la férule du Grand Timonier et en proie à la violence, et à l'extérieur, une forte influence du maoïsme sur la jeunesse occidentale et certains intellectuels, malgré les millions de morts du Grand bond avant et la Révolution culturelle.

Née en Chine en 1917, Rosalie Matilda Kuanghu Chou, de son vraie nom, a été une avocate zélée de Pékin, malgré les errements et les victimes du maoïsme. Elle aura également produit une littérature abondante, à la qualité très inégale, nourrie de sa vie de femme tiraillée entre l'Asie et l'Europe.

Son père, venu étudier l'ingéniérie en Europe au début du XXe siècle, y avait rencontré sa mère, une Belge. Han Suyin, le pseudonyme qu'elle se choisira pour écrire, est née dans la province du Henan, mais passera sa jeunesse au Sichuan, dans le sud-ouest, près du Tibet. Elle étudiera la médecine à Pékin, puis en Europe. Sage-femme et pédiatre, elle se mariera trois fois, à un Chinois, un Britannique et un Indien. Elle aura également une liaison avec un correspondant britannique, qui sera tué pendant la guerre de Corée.

HISTOIRE MOUVEMENTÉE

Ses livres traduisent cette histoire mouvementée et son multiculturalisme : son autobiographie s'intitule Ma maison a deux portes, l'une ouverte sur l'Orient, l'autre sur l'Occident. Le premier, Destination Tchoungking, publié en 1942, se base sur ce qu'elle a vécu à Chongqing, alors capitale des nationalistes, bombardée massivement par les avions japonais en pleine sino-nippone. C'est Multiple splendeur, encore à moitié autobiographique, publié en 1952, qui l'a fait cependant accéder à la célébrité. L'ouvrage, qui fait scandale en décrivant l'histoire d'amour d'une femme médecin métisse, comme elle, et d'un Américain, sera adapté par Hollywood dans un film de Henry King, dont les deux vedettes sont Jennifer Jones et William Holden.

Elle ne cessera de défendre sa Chine, quitte à beaucoup se tromper, stigmatisant les sinologues, défendant la gestion chinoise du Tibet, écrivant des hagiographies de Mao (Le Déluge du matin, publié en 1972) et devenant une "ambassadrice" officieuse de Pékin. En 1970, c'est elle qui annonce aux proches du général de Gaulle, qui vient d'abandonner le pouvoir, que le gouvernement chinois souhaite inviter l'ancien président, qui a reconnu la Chine communiste en 1964. Elle leur explique avoir été mandatée par le premier ministre Zhou Enlai en personne. Mais le général meurt le 10 novembre 1970.

LE CHEMIN DE PÉKIN

Critiquée pour ne pas avoir vu à temps les erreurs du maoïsme, en particulier par le lucide Simon Leys - "Jamais autorité plus durable n'a été fondée sur un propos plus changeant ; la seule constante de cette œuvre tient dans la constance avec laquelle les événements ont à chaque tournant démenti ses analyses et pronostics", écrivait-il sur Han Suyin dans L'Express en 1980 –, elle se défendra en expliquant que sa famille et ses proches restés en Chine la "suppliaient de ne rien dire et ne [lui] disaient que très peu".

En 1989, peu de temps après les massacres de Tiananmen, Han Suyin est la première personnalité intellectuelle étrangère à reprendre le chemin de Pékin. Elle est reçue en grande pompe en septembre 1989 dans la résidence d'honneur des hôtes officiels, Diaoyutai, par Yao Yilin, membre du comité permanent du bureau politique et un des "durs" du régime. Mère de deux filles, elle a fini sa vie à Lausanne.

François Bougon Le Monde



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Chine : le 18e congrès du PCC durera du 8 au 14 novembre
Le Monde.fr avec AFP | 07.11.2012 à 10h17 • Mis à jour le 08.11.2012 à 08h29

Le 18e congrès du Parti communiste chinois (PCC), qui doit renouveler les plus hauts dirigeants au pouvoir, durera sept jours, du 8 au 14 novembre, a annoncé mercredi 7 novembre Cai Mingzhao, porte-parole du congrès, lors d'une conférence de presse au sujet de cet événement crucial de la vie politique chinoise, à l'issue duquel le vice-président Xi Jinping devrait succéder à Hu Jintao à la tête du parti unique.
Xi Jinping assurera la direction des travaux du 18e congrès. "La réunion préparatoire (du PCC) a approuvé la nomination du camarade Xi Jinping comme secrétaire général du congrès", a déclaré le porte-parole du PCC. La nomination à ce poste lève traditionnellement tout doute sur la désignation de son titulaire au poste de secrétaire général du Parti communiste, la direction des travaux du congrès du PCC étant attribuée au successeur désigné, comme ce fut le cas dans le passé pour ses précédents dirigeants.

Voir le portfolio : Deux anciens "jeunes instruits" des campagnes au sommet du Parti communiste chinois

Huit citadins chinois sur dix sont en faveur d'une "réforme politique", selon un sondage publié mercredi à la veille de l'ouverture du congrès. Ils sont aussi sept sur dix à estimer que le gouvernement devrait être soumis à une plus grande surveillance de l'opinion publique et à vouloir un renforcement des contrôles pour lutter contre la corruption, selon ce sondage publié par le quotidien Global Times. La corruption est aussi pour les Chinois le premier d'une liste de problèmes qui mettent en péril la stabilité sociale, selon les douze cents personnes de 18 ans et plus, interrogées dans sept métropoles chinoises. "La plupart des Chinois pensent que leur pays devrait mettre en œuvre une réforme politique", selon le quotidien, qui ne précise pas en quoi pourrait consister ce changement.

"FIN D'UNE DÉCENNIE D'UNE CROISSANCE EFFRÉNÉE"

Le congrès qui s'ouvre jeudi marquera la fin d'une décennie de croissance effrénée – 10,7 % par an en moyenne – qui a permis de hisser l'économie chinoise du sixième au deuxième rang mondial, tout en conservant le monopole du PCC sur la vie politique et en renforçant les entreprises d'Etat qui lui sont liées.

Le premier ministre, Wen Jiabao, qui doit quitter son poste en mars 2013, et d'autres responsables politiques, dont le "patron" de la province méridionale, Wang Yang, ont plaidé pour une "réforme politique" qui consiste pour l'essentiel à réduire le nombre de fonctionnaires et à séparer plus clairement le rôle du Parti de celui de l'administration. Mais tous les responsables politiques, ainsi que les commentateurs dans la presse officielle, y compris le Global Times, répètent à l'envi qu'il n'est pas question de mettre en place un système de multipartisme sur le modèle occidental.

Un autre sondage publié mardi par le Quotidien de la jeunesse chinoise avait montré que les inégalités sociales et les abus de pouvoir sont pour les Chinois les questions qui risquent le plus d'entraver le développement de leur pays au cours des dix ans à venir.


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Le "zhengfawei", ou le parti contre les juges
LE MONDE | 07.11.2012 à 15h30 • Mis à jour le 09.11.2012 à 09h30
Par Brice Pedroletti (Pékin, correspondant)

A l'approche du 18e Congrès du Parti communiste, qui s'est ouvert jeudi 8 novembre, l'appareil de "maintien de la stabilité" chinoise est en alerte maximale. Tous les moyens à la disposition du Parti – policiers, fonctionnaires et surtout les millions de membres des cellules du Parti dans chaque organisation – ont été mobilisés dans un seul objectif qui ne souffre aucune contradiction et aucune exception, qu'elle soit ou non fondée en droit : il faut que le Congrès se déroule sans incident et dans un contexte de moindre contestation possible.
L'organisation de défense des droits de l'homme Amnesty International a ainsi déploré le 6 novembre que près de 130 militants, avocats et universitaires avaient été soit détenus, soit soumis à des restrictions de mouvements. Jointe mardi au téléphone, Dai Qing, célèbre intellectuelle et journaliste emprisonnée après 1989, déclare en riant : "On m'a interdit d'être interviewée. La police est juste à côté de moi. Je suis en randonnée à la montagne et ils m'accompagnent !"

Cette crispation sécuritaire est récurrente lors des grandes manifestations en Chine, surtout lorsqu'elles concernent le Parti. Le paradoxe est que, malgré cela, la construction d'un Etat de droit est revenue au centre des débats. C'est en effet le cheval de bataille de la communauté des défenseurs des droits (juristes, avocats, constitutionnalistes), revigorée par le scandale Bo Xilai et le trentième anniversaire de la Constitution chinoise.

LE DÉFI POSÉ PAR L'ÉDIFICATION D'UN ÉTAT DE DROIT

La direction du Parti a dû se rallier au discours sur l'Etat de droit – les éditoriaux de la presse officielle l'invoquent sans relâche – après le naufrage de la gouvernance qui s'est révélé aux yeux de tous dans la municipalité de Chongqing sous la direction de Bo Xilai. Sa campagne antimafia avait été menée au mépris des procédures. Et l'appareil policier local avait couvert le meurtre d'un Britannique par l'épouse de Bo Xilai.

L'édification d'un Etat de droit crédible est l'un des principaux défis qui attendent la nouvelle équipe dirigeante chinoise, la population ayant développé une conscience aiguë des tares de sa justice au gré des grandes affaires qui défrayent l'impitoyable chronique sur le Web.

L'un des enjeux, implicite, du 18e congrès est ainsi la réduction de neuf à sept du nombre de membres du comité permanent, ce collectif suprême du Parti qui dirige le pays. Cela implique, selon la plupart des observateurs, de rétrograder à terme la puissante instance de coordination du parquet, des tribunaux et de la sécurité publique qu'est la commission centrale des affaires politiques et judiciaires, le zhengfawei en chinois.


Les comités locaux qui en dépendent à tous les échelons territoriaux du pays sont les boîtes noires où s'élaborent les décisions de justice. Le zhengfawei a "essentiellement été créé pour interférer dans la justice, il sabote l'indépendance judiciaire", explique Zhang Qianfan, professeur de droit à l'université de Pékin.

Ce modèle "où la cour est une marionnette aux mains de la police et du parti local", poursuit-il, favorise la collusion entre le pouvoir et, par exemple, les promoteurs immobiliers lors des prédations de terres. Les citoyens n'ont pas de recours et cela nourrit cette instabilité récurrente et ces mouvements de masse qui obsèdent le pouvoir. La machine du "maintien de la stabilité" qui a été instaurée, dotée d'un budget qui, en 2011, a dépassé celui de l'armée, est ouvertement décriée par l'opinion publique.

COUP D'ETAT SÉCURITAIRE

L'histoire du zhengfawei retrace celle d'un coup d'Etat sécuritaire. Il a été créé en 1978, au moment des réformes, afin de superviser la construction d'un système judiciaire adapté à l'ouverture. Puis il a commencé à être démantelé lors des réformes politiques de 1987-1988, qui ont mis en chantier la séparation du Parti et de l'Etat. Las, il est restauré en 1990, après les événements de Tiananmen, et a vu ses pouvoirs s'élargir d'année en année.

Le zhengfawei est "en contradiction avec le cadre stipulé par la Constitution d'une séparation de la cour, du parquet et de la police (...) [Il a] outrepassé ses pouvoirs (...), intervient de façon permanente dans la justice (...) et transforme en farce les jugements", tance Zhou Yongkun, un professeur de droit de l'université de Suzhou, dans un long article consacré à l'histoire du zhengfawei publié récemment par le magazine Yanhuang Chunqiu ("Chroniques historiques"), porte-drapeau des intellectuels réformateurs.

Au niveau local, le poste de secrétaire du comité des affaires publiques et légales est souvent occupé par le chef de police ou le numéro deux du Parti, ce qui renforce encore la subordination de la cour et du parquet à la police et au gouvernement. Non seulement la justice n'est pas indépendante, mais elle est sous contrôle et parfois manipulée.

L'affaire Bo Xilai a suscité un barrage de critiques contre ce bras du Parti dans la justice, et contre son responsable au comité permanent, le tsar de la sécurité Zhou Yongkang, décrit comme un allié de M. Bo. "Les pouvoirs publics sont censés être encadrés par la Constitution, mais les secrétaires du Parti, des villes, des cantons, ne sont pas restreints par la Constitution", accuse le professeur Tong Zhiwei, vice-président de l'Association chinoise de la Constitution, dans le numéro – très audacieux dans ses appels aux réformes – qu'a publié, en cette semaine du congrès, l'hebdomadaire L'Observateur économique. Avec Bo Xilai, dit-il, la direction du Parti s'est transformée en "autocratie individuelle".

LES DÉFENSEURS DES DROITS CIVIQUES SE FONT ENTENDRE

Quant à l'affaire du Prix Nobel de la paix 2010, Liu Xiaobo, toujours incarcéré, elle tire à hue et à dia dans cette Chine qui tente d'accoucher d'un Etat de droit digne de ce nom. Si personne ne s'attend à des réformes explicites lors du congrès, les défenseurs des droits civiques, et aussi les nombreux spécialistes des lois et de la Constitution, montent au créneau comme jamais. Cheng Li, de la Brookings Institution, dans un exposé récent du centre de recherche américain, décrit cette communauté comme un "groupe d'intérêts [qui] fait entendre sa voix, et en appelle de plus en plus énergiquement au renforcement de l'Etat de droit et au constitutionnalisme". Ils sont "devenus des activistes militants de la cause de la séparation des pouvoirs", notait la juriste française Stéphanie Balme dans une étude sur la justice pénale chinoise publiée début 2012.

Parmi eux, certains se félicitent de ce que le premier ministre, Wen Jiabao, récemment mis en cause dans une enquête du New York Times sur la fortune accumulée par sa famille, a demandé à deux avocats chinois de le représenter. Il a en outre sollicité lui-même une enquête du gouvernement sur les faits avancés par le quotidien américain. Du jamais-vu dans les annales du Parti.

Lire aussi :

Révolutions chinoises (2/6) : A Changsha, on n'arrête plus le progrès

Révolutions chinoises (1/6) : L'ascension des jeunes instruits, des campagnes au sommet du Parti

Brice Pedroletti (Pékin, correspondant)


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Chine : le congrès du PC et les enjeux de la transition
Le Monde.fr | 07.11.2012 à 17h48 • Mis à jour le 08.11.2012 à 10h43
Par Brice Pedroletti

Jeudi, jour J en Chine. La 18e session du congrès du Parti communiste chinois, qui a lieu tous les cinq ans, débute ses travaux. Elle intronisera un nouveau secrétaire général du parti communiste chinois, Xi Jinping, ainsi que 6 (ou 8) autres membres du Comité permanent, le cénacle dirigeant. Trois instances du parti doivent partiellement être renouvelées : le Comité central, qui compte environ 200 membres, ainsi que le Bureau politique (25 membres). Les délégués du Congrès sont 2 270.
Le 18e Congrès est attendu, car il clôt le double mandat à la tête du parti et de l'état de Hu Jintao, et de son premier ministre Wen Jiabao, parvenus au pouvoir lors du 16e Congrès, en 2002. Le président Hu doit prononcer jeudi à 9 heures son discours de bilan devant les délégués du Comité central. Ce discours sera retransmis en direct dans le pays. Il devrait être tout aussi peu digeste que le bilan du 17e Congrès.

Ensuite, le 18e Congrès va entériner l'entrée en scène de la cinquième génération de dirigeants : à l'exception de Xi Jinping et Li Keqiang, les deux successeurs désignés de MM. Hu et Wen, qui ont accédé en 2007 lors du 17e Congrès au Comité permanent, les sept autres membres actuels du collectif suprême partent en retraite.

Voir le portfolio : Deux anciens "jeunes instruits" des campagnes au sommet du Parti communiste chinois

DES ENJEUX DE TAILLE

"Ce congrès va être d'une grande importance, à un moment où la Chine traverse une phase cruciale dans la construction d'une société moderne et prospère dans tous les domaines, poursuit les réformes et l'ouverture, et accélère la transformation de son modèle de croissance", a annoncé, lors de la conférence de presse qui s'est tenu mercredi après-midi au Palais du peuple, le porte-parole du 18e Congrès, Cai Mingzhao.

Les enjeux du 18e Congrès sont de taille : c'est la première fois qu'un nouveau dirigeant, Xi Jinping, 59 ans, doit arriver au pouvoir sans avoir été précédemment imposé par un leader charismatique – à l'instar de Hu Jintao et de son prédécesseur Jiang Zemin, qui avaient tous deux reçu l'aval de Deng Xiaoping.


Or sans élection générale, ni même interne (les scrutins à l'intérieur du parti sont en grande partie factices, les candidats étant imposés de haut en bas), la légitimité d'un candidat est fragile. Les luttes de pouvoir qui ont éclaté au grand jour avec l'affaire Bo Xilai ont révélé les faiblesses intrinsèques du dispositif de succession chinois : l'alternance organisée a pour limite le consensus entre des clans que l'idéologie ne rassemble plus, et dont les intérêts peuvent être divergents.

CRISE DE LÉGITIMITÉ

Le 18e Congrès se tient, en outre, à un moment où les attentes en matière de réformes politiques sont pressantes, aussi bien à l'intérieur du parti que de la part des milieux académiques ou encore de la blogosphère – où les critiques du régime sont parfois radicales. Les dérapages de Bo Xilai, qui était jusqu'en 2011 un favori pour l'accession au Comité permanent et avait mené ouvertement campagne sur un registre populiste de lutte anti-mafia, de folklore maoïste et de mesures sociales, ont encore accru le sentiment que le plus grand parti au monde (83 millions de membres), et le seul autorisé en Chine, traverse une crise de légitimité.

"Un passage en revue du discours intellectuel en cours aujourd'hui en Chine révèle des débats passionnés sur le risque actuel d'une révolution dans le pays", avance même le politologue Cheng Li, de la Brookings Institution, aux Etats-Unis.

Dans un sondage publié mercredi, le quotidien à gros tirages Global Times, qui appartient au très officiel Quotidien du peuple, révèle que 81,4 % des personnes interrogées sont favorables à des réformes politiques. Et que 69,7 % d'entre eux souhaitent qu'elles soient graduelles.

DES ATTENTES DE RÉFORMES

Ces attentes sont nées du constat que les retards du système politique par rapport à l'état de sophistication et de développement de l'économie sont désormais un handicap : ils favorisent un sentiment croissant d'insécurité au sein de la population, nourri par les dénis de justice, la collusion entre cadres du parti et patrons, le manque de recours face à toutes sortes d'abus, la répétition des mêmes problèmes qui semblent ne jamais faire jurisprudence (les prédations de terre, la pollution, les crises sanitaires, etc.).

Les attentes de réforme portent essentiellement sur l'introduction d'une dose suffisante de démocratisation afin de satisfaire la soif de participation des Chinois aux affaires qui les concernent, notamment au niveau local. Le système de censure, ainsi que les dérèglements de la justice, sont deux autres préoccupations majeures pour les citoyens, notamment les nouvelles générations, beaucoup plus éduquées et bien plus au fait des modes de gouvernance adoptés dans le reste du monde.

Il s'agit également, mais cela reste un non-dit, de rouvrir le chantier de la séparation du parti et de l'État, à laquelle la répression post-Tiananmen et le statu quo qu'elle a produit, ont coupé court. Le multipartisme reste tabou, mais il n'est jamais loin dans les arguments des réformateurs, dont certains ont en tête le modèle de démocratisation du Kuomintang à Taïwan dans les années 1990.

PREMIER CONGRÈS SOUS L'ÈRE WEIBO

Un certain nombre de ces attentes ne sont pas explicitées dans les médias officiels, mais elles circulent relativement librement dans certains milieux et sur certains médias. Elles ne seront pas traitées directement dans les discours publics qui seront prononcés au Congrès : les observateurs vont devoir guetter des signaux parfois subtils qui pourraient indiquer que les instances dirigeantes du parti sont prêtes à autoriser le nouveau secrétaire général à mener des réformes.

A l'inverse, une déception a tout lieu d'échauffer encore les esprits. C'est la première fois que le Congrès du PCC a lieu à l'ère Weibo, le microblog chinois (300 millions d'utilisateurs) – c'est-à-dire en présence de dizaines de millions de commentateurs engagés dans une conversation instantanée et publique.

Voir le blog "L'empire Weibo"

Brice Pedroletti


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Hu Jintao ouvre le congrès du PC chinois en dénonçant la corruption
Le Monde.fr avec AFP | 08.11.2012 à 06h38 • Mis à jour le 08.11.2012 à 11h28

Le 18e congrès du Parti communiste chinois (PCC) s'est ouvert jeudi 8 novembre devant plus de 2 000 délégués sur un cri l'alarme du président sortant, Hu Jintao, qui a prévenu que la corruption endémique du pays pourrait s'avérer "fatale" au régime et appelé à plus de démocratie.
Hu Jintao, 69 ans, qui doit céder son poste de secrétaire général du PCC à Xi Jinping, 59 ans, a également appelé à faire de la Chine une "puissance maritime", à l'heure où elle dispute au Japon et d'autres voisins, dont le Vietnam et les Philippines, la souveraineté d'îles en mer de Chine. Pékin, qui entend défier la puissance américaine dans le Pacifique et a lancé son premier porte-avion en septembre, se doit de "défendre résolument ses droits et ses intérêts maritimes", a souligné le président chinois.

Dans l'enceinte solennelle du Palais du peuple, sur la place Tiananmen, sévèrement bouclée pour l'occasion, Hu Jintao, qui a fait de son pays la deuxième puissance mondiale au cours des dix ans de sa présidence, a prononcé un discours de quatre-vingt-dix minutes, à la fin duquel il s'est alarmé de la corruption galopante qui ronge le pays. "Si nous échouons à traiter cette question correctement, elle pourra s'avérer fatale" et provoquer "l'effondrement du Parti et de l'Etat", a-t-il lancé. Le PC va s'assurer qu'aucun dirigeant "n'abuse de son pouvoir", a-t-il promis. La corruption massive des milieux dirigeants figure parmi les préoccupations majeures du congrès et de ses 2 270 délégués.

ANNUS HORRIBILIS

Le congrès s'ouvre au terme d'une annus horribilis pour le parti unique. Hu Jintao fait en effet allusion aux scandales politico-financiers impliquant les familles des plus hauts dirigeants, dont un membre du Bureau politique, Bo Xilai, exclu du parti. Aujourd'hui au secret, celui-ci doit être jugé pour corruption et abus de pouvoir. Il est impliqué notamment dans l'assassinat par son épouse de l'homme d'affaires britannique Neil Heywood. D'autres révélations ont porté sur les fortunes colossales des familles du premier ministre, Wen Jiabao, et du futur numéro 1, Xi Jinping.

Lire : Bo Xilai définitivement exclu du comité central du PC chinois

Et aussi : Chine : ouverture d'une enquête sur la fortune de Wen Jiabao

Hu Jintao a souligné l'importance de réformes politiques, un domaine dans lequel son bilan est jugé des plus minces : "La réforme de la structure politique est une part importante des réformes globales de la Chine", a-t-il souligné, appelant à "attacher plus d'importance à l'amélioration du système démocratique", tout en avançant "activement et prudemment."

"NOUVEAU MODÈLE DE CROISSANCE" À METTRE EN PLACE


Sur la scène de l'immense hall du Palais du peuple, tendue de rouge, Hu Jintao s'exprimait sous le regard des "anciens" du Parti et de l'Etat, dont l'ex-président Jiang Zemin, 86 ans (1993-2002), ou l'ex-premier ministre Li Peng, 84 ans, en charge au moment de la répression du "printemps de Pékin" de 1989.

En matière économique, la Chine doit mettre en œuvre "un nouveau modèle de croissance", a déclaré Hu Jintao, alors que la deuxième économie mondiale est touchée par un net ralentissement. La "décennie d'or" de Hu Jintao a laissé place à une croissance tombée à environ 7,5 %, la plus basse depuis la crise financière asiatique de 1997-1998. Une situation qui donne déjà lieu à une agitation sociale récurrente, relayée par les internautes en dépit de la censure. En dépit de ces difficultés, le produit intérieur brut chinois (PIB) devra doubler d'ici à 2020 par rapport à 2010, a indiqué M. Hu dans son rapport.

Au terme des travaux du congrès, qui doit se prolonger jusqu'à mercredi, Xi Jinping, un homme d'appareil largement inconnu du grand public, doit prendre la relève de M. Hu. Si la tradition est respectée, il devrait effectuer deux mandats de cinq ans. Il devra, comme son prédécesseur Hu Jintao, rechercher en permanence le consensus auprès de ses pairs du Comité permanent du Bureau politique, l'organe suprême du PCC, qui doit aussi être renouvelé.

Lire aussi : Le Congrès du PC va-t-il changer la Chine ?

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Six Tibétains tentent de s'immoler par le feu en Chine

Au moins six Tibétains ont tenté de s'immoler par le feu, mercredi 7 novembre en Chine, à la veille de l'ouverture du congrès du PC chinois, a-t-on appris jeudi auprès du gouvernement tibétain en exil. Il s'agit d'une série sans précédent pour une seule journée. Près de 60 personnes, en majorité des moines bouddhistes, se sont immolées par le feu ou ont tenté de le faire depuis début mars 2011 dans les zones tibétaines chinoises. Le dalaï lama, chef spirituel des Tibétains, a appelé cette semaine les futurs dirigeants chinois à changer de méthodes et à faire cesser "la censure et les brutalités".


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Le Japon appelle la Chine au pacifisme maritime
Le Monde.fr avec AFP | 08.11.2012 à 09h51

Pékin doit mener ses activités maritimes "pacifiquement", a affirmé jeudi 8 novembre un officiel japonais, en réponse au président Hu Jintao, qui, en plein conflit territorial avec Tokyo, a appelé à faire de la Chine une puissance maritime. "Tous les pays, y compris la Chine, ont le droit et la responsabilité de protéger leurs territoires et leurs eaux, mais ces actions doivent se faire de façon pacifique et conformément au droit international", a indiqué Naoko Saiki, porte-parole adjointe du ministère japonais des affaires étrangères.
A l'ouverture du 18e congrès du PC chinois à Pékin, au cours duquel il doit céder la direction du parti unique à son successeur désigné Xi Jinping, Hu Jintao a affirmé qu'il fallait "faire de la Chine une puissance maritime" et que Pékin devait "défendre résolument ses droits et ses intérêts maritimes".

Pékin et Tokyo sont à couteaux tirés depuis trois mois à cause d'un conflit territorial concernant les îles Senkaku, en mer de Chine orientale, appelées Diaoyu par Pékin. "Que ce soit bien clair : les îles Senkaku sont une partie inhérente et intégrale du territoire du Japon au regard de l'histoire et du droit international", a martelé la porte-parole adjointe du ministère japonais des affaires étrangères. Selon elle, Tokyo n'a cessé d'appeler la Chine à gérer la situation "calmement et dans le respect des lois internationales de façon à éviter une situation dans laquelle la tension pourrait déboucher sur une crise".

La tension est très vive depuis septembre dernier entre Pékin et Tokyo depuis que le gouvernement japonais a décidé d'acheter plusieurs de ces îles à leur propriétaire privé nippon. Pékin avait immédiatement envoyé six navires, tandis que démarrait une semaine de manifestations antijaponaises, parfois violentes, à travers la Chine, visiblement avec l'approbation tacite des autorités. Depuis lors, des navires de surveillance maritime et de l'administration des pêches chinoises entrent régulièrement dans les eaux territoriales de ces îles, tout comme des bateaux des gardes-côtes de Taïwan qui les juge siennes également.


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08 novembre 2012
Chine: Weibo à l’heure du 18e congrès

s : http://weibo.blog.lemonde.fr/2012/11/08/ch...du-18e-congres/


Pour l'ouverture, jeudi 8 novembre, du 18e congrès du Parti communiste chinois (PCC), le rendez-vous politique de près d'une semaine qui verra l'arrivée de nouveaux dirigeants, au premier rang desquels Xi Jinping, la censure ne chôme pas sur les réseaux sociaux. Et la différence entre les médias officiels - où tout est rose - et Weibo, le microblog chinois - où tout est noir et prétexte à critiquer le régime - n'a jamais été aussi flagrante. Comme le dit une expression très populaire auprès des internautes : "On regarde pendant une demi-journée Weibo et il faut une semaine de Xinwen Lianbo [NDLR: le grand journal télévisé de CCTV à sept heures du soir] pour s'en remettre"...

Les critiques les plus dures ne durent pas très longtemps, mais certaines, subtiles, passent la barrière des censeurs. Comme ce post publié par He Weifang, intellectuel et professeur de droit à l'Université de Pékin, qui, jeudi matin, a commenté l'ouverture du Shibada (le 18e Congrès en chinois) par une photo assortie de ce commentaire : "Vide, vraiment vide, une journée totalement vide." Il a été retweeté près de 4000 fois et provoqué plus de 2000 commentaires.



D'autres ont comparé les élections américaines et le système chinois de désignation des dirigeants, certains sur un mode ironique. "Election américaine, on ne sait qu'au dernier moment qu'Obama a gagné et Romney le félicite. Election chinoise, on sait un an avant qui a gagné et qui a perdu, toute la famille de celui qui a perdu est en prison", se moque une internaute de Wuhan (centre), faisant référence à Bo Xilai, rival de Xi Jinping, exclu du Parti communiste chinois juste avant le congrès pour corruption et abus de pouvoir.



L'ironie est également présente dans ce tweet : "Ils disent souvent : la Chine utilise 7% des terres arables dans le monde pour nourrir 22 % de la population de la planète. On peut dire que c'est super... Mais il y a encore mieux, c'est d'utiliser 1 % à 2% des investissements mondiaux dans l'éducation et la santé pour résoudre ces problèmes pour 22% de la population mondiale. Encore plus super: 22% de la population mondiale nourrit 50% des fonctionnaires dans le monde. Et encore mieux: plus de 2000 personnes représentent 1,3 milliard d'habitants."



Sinon, Qian Wenzhong, un professeur de l'université de Fudan (Shanghai), de passage à Pékin, se plaint des mesures de sécurité, excessives à son goût : "Cette réunion, c'est un grand rendez-vous, une bonne chose, tout le monde devrait être content. Mais un tel déploiement de sécurité, ce n'est pas un peu trop ? Les agents chargés de la sécurité sont fatigués, leur attitude n'est vraiment pas bonne, si bien qu'il n'est pas difficile de faire passer les gens de la joie à la complainte et du bonheur au mécontentement."



Au milieu de ces mécontents, on trouve cependant un heureux, l'un des responsables du Global Times, journal dépendant du Quotidien du Peuple qui publie à la fois en anglais et en chinois : "Je suis en train de regarder la retransmission du discours au 18e Congrès. Il faut rester fermement sur la route du socialisme aux caractéristiques chinoises, c'est une très forte impression. Je continue à écouter."



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"Deng était notre plus grand leader, il a aboli le communisme"
LE MONDE | 08.11.2012 à 14h24 • Mis à jour le 09.11.2012 à 18h28
Par Sylvie Kauffmann

En 2008, Mark Leonard, chercheur britannique d'une espèce assez rare outre-Manche, celle des militants de l'Europe, publie un livre, fruit de nombreux entretiens menés au cours des deux années précédentes dans le monde académique chinois : What Does China Think (Que pense la Chine ?, Plon). C'est l'année des Jeux olympiques de Pékin, de la croissance prodigieuse et de l'ascension triomphante. Le pays voit revenir des dizaines de milliers de Chinois partis étudier en Occident où ils sont restés faire carrière et qui décident de rentrer, attirés par cette nouvelle aventure de l'empire du Milieu ; on les surnomme les "tortues de mer". Les Chinois, explique alors le livre de Mark Leonard, ne font pas que produire, ils pensent aussi, et ils ne pensent pas tous forcément la même chose.
Quatre ans plus tard, Mark Leonard est à la tête d'un institut de recherche sur la politique étrangère européenne (l'European Council on Foreign Relations) et il a voulu voir ce que pensait la nouvelle Chine, celle qui entre-temps est devenue la deuxième puissance économique mondiale et s'affirme de plus en plus sur la scène internationale, face à un monde occidental plongé dans la crise économique.

Cette fois-ci, il emmène avec lui, à Pékin et à Shanghaï, un groupe de onze Européens, du Nord, du Sud, de l'Ouest et de l'Est, anciens ministres des affaires étrangères ou de l'économie, chercheurs et journalistes - dont celle du Monde. Pendant une semaine, en septembre, nous avons rencontré successivement deux douzaines de chercheurs chinois qui nous ont exposé leur vision, leur analyse de l'extraordinaire ascension de la Chine, et ont répondu à nos questions.

Ils comptent parmi les meilleures têtes pensantes du pays : sociologues, politologues, économistes, spécialistes des relations internationales ou des médias, dans les grandes universités, à l'académie des sciences, dans les think tanks et, pour certains, sur les réseaux sociaux. La règle de ces entrevues, afin de laisser nos interlocuteurs s'exprimer le plus librement possible, était que l'anonymat soit respecté, raison pour laquelle ils ne sont pas identifiés ici.

Si un mot devait résumer ces entretiens, ce serait celui de questionnement. Comme nous, ils sont sidérés par la vitesse à laquelle leur pays s'est transformé. Mais à la veille du 18e congrès du Parti communiste chinois, qui doit nommer une nouvelle direction pour la décennie à venir, l'arrogance que l'on peut percevoir dans les postures officielles fait place, chez eux, à de profondes interrogations sur le modèle à suivre, mêlées d'inquiétude sur la durabilité de la croissance et d'un grand sentiment d'insécurité face à l'avenir.

La plupart d'entre eux sont passés, à un moment ou un autre, par des universités américaines ou européennes. Face à la complexité de la Chine et de l'Asie, ils sont envieux de l'unité de l'Occident, même affaibli par la crise. Comme en écho à leurs doutes, le New York Times rapportait, le 1er novembre, que les jeunes professionnels des grandes villes, les yuppies chinois, ont amorcé le voyage en sens inverse de celui des "tortues de mer" : stressés par la pression d'un développement accéléré et inquiets pour leurs enfants, ils sont de plus en plus nombreux à aller s'installer dans les pays de l'OCDE.

Sur quoi s'interrogent les Chinois ? De quoi débattent-ils ? Classées par thèmes - librement évoqués par nos interlocuteurs -, voici quelques indications.

MODÈLE

"On était pauvres, on voulait devenir riches, alors on a invité les capitalistes américains. On les a accueillis à dîner, à boire avec nous, on était là, on souriait, mais on était blessés."

"Faut-il réévaluer le modèle ? L'expression "consensus de Pékin" peut laisser penser que la Chine est un modèle. C'était l'interprétation de 2008, avec les JO, le trentième anniversaire des réformes. Puis le débat a évolué. De plus en plus de Chinois ne pensent pas que ce modèle soit le meilleur."

"La crise du SRAS nous a fait découvrir que le modèle chinois n'était pas soutenable. Le coût pour l'environnement et les ressources naturelles est trop lourd. Il faut donner la priorité aux gens. Les gens ont besoin de profiter de la vie après tant d'années d'efforts."

"Nous avons un TGV qui va vite, trop vite ! L'argent a servi à construire de grands bâtiments monumentaux au lieu d'aller aux écoles. (...) La Chine doit changer son modèle de croissance. Ce changement va ralentir le taux de croissance, et il y aura un coût : qui va supporter ce coût ? Mais si nous ne faisons pas cet ajustement, nous allons vers de gros problèmes."

"Pour la première fois dans l'histoire de la Chine, une politique sociale, un welfare state sont en train d'émerger. Ça ressemble un peu à ce que vous avez eu en Europe pendant cinquante ans."

"Notre plus grand leader était Deng Xiaoping, il a aboli le communisme. Hu Jintao n'est pas un grand leader. Si Xi Jinping est choisi, on perdra une décennie."

VALEURS

"Je ne crois pas aux valeurs chinoises. Les Chinois sont des humains, pas une espèce à part. Au bout du compte, tout ce qui se passe dans le monde arrivera en Chine. Les valeurs asiatiques, promues par Lee Kuan Yew [le fondateur de la République de Singapour], les jeunes ne savent pas ce que c'est. Elles ont beaucoup apporté aux dirigeants, mais rien au peuple. Ce n'est pas un sujet de débat aujourd'hui en Chine. Les "valeurs chinoises", si."

"Le scénario idéologique de la Chine est très compliqué. L'Occident est très uni, alors que la Chine, au niveau de la base des valeurs, est très diversifiée. Sur Internet, on trouve toutes sortes d'idéologies, y compris le nationalisme. On trouve aussi beaucoup de critiques des leaders. (...) Comment promouvoir les valeurs chinoises ? On n'en a aucune idée. Tout ce que l'on fait pour l'instant, c'est déverser de l'argent. A un moment, le plan était d'implanter un bureau de CCTV [la Télévision centrale de Chine] partout où CNN en avait un... Nous n'avons pas de grande stratégie, nous ne faisons que réagir aux défis."

DÉBAT ET DÉMOCRATIE

"Le tableau du débat aujourd'hui en Chine est beaucoup plus complexe qu'on ne le pense. Beaucoup de gens ne savent pas où on va : à droite ? à gauche ? La seule chose sur laquelle il y a un consensus, c'est que la Chine avancera."

"Il existe une nette tendance à la démocratisation. C'est plus de la libéralisation politique que de la démocratisation, mais la libéralisation politique mènera à la démocratisation. Les Chinois sont de plus en plus autonomes, économiquement, intellectuellement, socialement : il existe aujourd'hui 400 000 ONG et environ 3millions d'associations non enregistrées. Si l'on en ferme une, deux ou trois prendront sa place."

"Non, les Chinois ne sont pas libres aujourd'hui. Mais il se passe beaucoup de choses. Deux phénomènes vont accélérer le changement : la privatisation croissante de l'économie et l'expansion de la démocratisation dans le monde."

"La Chine est-elle une démocratie ? Pour la plupart des Occidentaux, non. Mais pour moi, c'est une semi-démocratie. La démocratie inclut deux choses : les droits individuels et l'élection des dirigeants par la compétition. Nous avons ouvert le chantier des droits individuels, mais pas celui du pouvoir. Si l'on ouvrait les deux en même temps, ce serait l'enfer, parce que les gens essaieraient de s'emparer du parti. C'est ce qui s'est passé ailleurs : les élections ont amené le chaos. Ici, ça va se faire progressivement. Dans vingt ans, on élira notre président aussi librement qu'Obama."

"Le dilemme pour la Chine est de maintenir la croissance sans en garder les conséquences négatives. La société est tellement plurielle, décentralisée, elle est beaucoup plus difficile à contrôler. (...) Aujourd'hui sur chaque question, l'opinion est divisée en deux. Comment traiter avec le Japon ? Faut-il avoir confiance dans les Etats-Unis ? Faut-il continuer à croître ?"

INTERNET

"C'est la véritable sphère du débat public."

"Internet est le facteur le plus important dans la politique chinoise."

"Les réseaux sociaux, c'est une rivière de feu. Pour l'instant, ils [les dirigeants] arrivent à la contenir entre deux rives. Ils sont très inquiets face à ce phénomène. Ils sont tout le temps en train de relever la température. Ils ont besoin de stabilité sociale, c'est pour cela que de temps en temps ils autorisent des soupapes pour évacuer la tension."

"Aujourd'hui, le pays qui a le marché d'idées le plus diversifié, c'est la Chine. C'est une période très active, d'idées et de débat, et en même temps, il y a ce contrôle très étroit d'Internet. Mais plus on interdit, plus on est libre."

AGITATION SOCIALE

"Le contrôle de l'Etat est trop fort. Contrairement aux slogans, la société est de moins en moins harmonieuse."

"Il y a une grande anxiété parmi les jeunes professionnels en milieu urbain. On a un problème de gestion de leurs attentes."

"C'est le problème le plus grave. Le pouvoir dépense beaucoup d'argent pour acheter la paix sociale, mais plus il dépense, plus il y a d'agitation. Un accident peut provoquer l'explosion à tout moment. Les structures communautaires se sont effondrées, la désorganisation sociale est un problème majeur. Lorsque la communauté s'effondre, il reste la famille, mais ici la famille est beaucoup plus petite."

"Il y a beaucoup d'incidents de masse, mais pas de mouvement social."

"Solidarnosc, ici, c'est le mot interdit. Une grève ne doit pas défier le pouvoir, seulement contraindre de mauvaises entreprises, étrangères de préférence, à négocier."

LA CHINE ET LE MONDE

"La Chine a besoin de se faire des amis dans le monde. Que veut la Chine ? Quel but poursuit-elle ? Les gens sont encore soupçonneux. 2001-2008 a été une période d'or pour les relations sino-américaines, parce que les Américains étaient occupés par la lutte contre le terrorisme. Maintenant, ils se concentrent sur l'Asie, cela introduit une compétition stratégique. Nous sommes profondément sceptiques sur les intentions stratégiques des Américains."

"La Chine n'a pas besoin d'ennemis, elle est son pire ennemi. Depuis 2008, il y a le sentiment que nous devons nous affirmer davantage, avec le déclin du monde occidental. Mais où sont les outils politiques ? L'ordre mondial existant est favorable à la Chine, mais ici tout le monde pense qu'il favorise l'Occident."

"Il est très dangereux de ne pas avoir d'amis. C'est parce qu'on est si gros. Il faut avoir de meilleures relations avec nos voisins, avec le Japon, avec l'Inde. Je préférerais avoir un développement plus lent, et davantage d'amis. Quand vous vous développez trop vite, vous ne savez plus qui vous êtes."

"La Chine a un problème de soft power, elle a très mauvaise réputation dans le monde. Le monde ne sait pas ce que pense la Chine. Du coup, nous ne sommes pas aimés, on est trop difficiles à comprendre. La civilisation chinoise est la moins spirituelle du monde, c'est une civilisation très matérialiste, alors que le christianisme, lui, offre de l'espoir pour l'avenir."

"Les Chinois aiment les Etats-Unis. La moitié des membres du bureau politique ont leurs enfants dans des universités américaines. La fille de Xi Jinping est à Harvard. L'Europe et son soft power séduisent plus les élites, l'Amérique attire plus le grand public, elle est... plus sexy."

"La Chine n'est pas sûre de son nouveau rôle, ses dirigeants et ses élites ne savent pas quoi en faire. Du coup, on est une source de problèmes dans les relations internationales. (...) La crise en Occident montre que la démocratie est chère. Nous devons prendre une autre voie, ni celle de l'Occident ni la voie chinoise, un système à la romaine, un système plus efficace que le vôtre. Nous sommes plus clairs que vous sur nos problèmes, nous avons plus de volonté de réforme."

"Plus la Chine avance, moins elle est encline à la coopération, elle préfère le bilatéralisme. Mon souci est que la Chine devienne une autre Amérique, trop sûre d'elle. Nous nous créons nos propres problèmes, comme l'Amérique s'est créé les siens en Irak. En mer de Chine du Sud, nous sommes tellement agressifs, comment peut-on envoyer un tel message ? Nous n'étions pas propriétaires de toutes les îles avant 1947 ! Une attitude différente nous aurait fait comprendre, peut-être même respecter. La Chine n'a pas droit à l'erreur, on ne nous passe rien."

Sylvie Kauffmann


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Face aux Etats-Unis, la Chine ne cherche pas l'hégémonie
LE MONDE | 09.11.2012 à 14h05
Par Wu Jianmin, ancien ambassadeur de Chine en France

Chaque siècle a sa propre histoire. Le XXe siècle a été dominé par la guerre et la révolution violente. Mais tout a une fin. A l'approche des années 2000, l'histoire a basculé et le XXIe siècle devrait être marqué par la paix et le développement. Ce changement n'est pas fortuit, il a été amené par plusieurs facteurs. D'abord, les leçons des deux guerres mondiales du XXe siècle. L'humanité a compris qu'il était temps de mettre fin à ces tueries. Cette prise de conscience a trouvé son expression dans la Charte des Nations unies. Ensuite, c'est l'apparition des armes nucléaires. La puissance des armes atomiques est telle que nul n'ose provoquer une nouvelle guerre mondiale.
Troisième facteur, l'interdépendance économique entre les nations n'a jamais été aussi profonde. Prenons par exemple la crise économique. Si cette crise était survenue quarante ans auparavant, alors que la prétendue Révolution culturelle était toujours en cours, les Chinois auraient sauté de joie, acclamant la fin de l'impérialisme américain. Mais en 2008, le président Hu Jintao a déclaré que nous sommes sur le même bateau et qu'il faut donc conjuguer nos efforts pour surmonter cette crise. Dernière cause de ce changement, les défis auxquels est confrontée l'humanité : changement climatique, terrorisme, pandémies, trafic de drogue, etc. L'humanité est condamnée à s'unir pour y faire face.

Ce basculement de l'histoire vers la paix et le développement a formé un puissant courant qui favorisera ceux qui l'accompagneront. A l'inverse, aller à contre-courant, en brandissant la guerre, sera puni. Les conflits d'Afghanistan et d'Irak ont été deux exemples éloquents. La guerre n'est plus l'arme la plus efficace pour trancher les différends internationaux. L'Afghanistan et l'Irak n'ont pas été des conflits décisifs et ont fini par affaiblir les Etats-Unis, si bien que les Américains font face à des problèmes qu'ils mettront des décennies à surmonter.

Quant à la Chine, cherche-t-elle la suprématie en Asie-Pacifique ? Ma réponse est non. Ne jamais chercher l'hégémonie, c'est une politique constante de la Chine. Le 10 avril 1974, Deng Xiaoping a prononcé un discours important au nom du gouvernement chinois devant l'Assemblée générale de l'ONU. Il disait, la Chine ne cherchera jamais l'hégémonie. Si un jour les Chinois changeaient et se mettaient à chercher l'hégémonie, je lance un appel aux peuples du monde pour qu'ils s'unissent et mettent à bas l'hégémonie chinoise.

Il ne s'agit pas de propagande. C'est un engagement formel que le gouvernement chinois a pris devant la communauté internationale. Il reste toujours valable.

Ne jamais chercher l'hégémonie fait depuis longtemps partie de la culture chinoise. De 1405 à 1433, sous la conduite de l'amiral Zheng He, la flotte chinoise, forte d'une soixantaine de vaisseaux, avec 27 000 marins à bord, a entrepris sept expéditions outre-mer. Elle est allée au Sud-Est asiatique, au Proche-Orient, dans l'océan Indien et sur la côte orientale de l'Afrique. Cette flotte était alors la plus puissante du monde. Les Chinois n'ont pas profité de leur avantage militaire et technologique pour conquérir et coloniser les régions visitées. Au contraire, ils ont fait du commerce avec elles, et ensuite sont retournés chez eux.

EMERGENCE PACIFIQUE

Tout le monde reconnaît le succès que la Chine a remporté dans la modernisation durant les trente-quatre dernières années. Ce succès a été acquis grâce à la coopération avec le reste du monde, pas contre celui-ci. Nous, Chinois, nous ne nous sommes pas réservé cette croissance, mais nous l'avons partagée avec le reste du monde. C'est ce que nous appelons l'émergence pacifique.

Si les Chinois abandonnaient cette politique qui a fait ses preuves, et se tournaient vers l'expansion et la suprématie, qui appuierait la Chine ? Personne. Au contraire, la recherche de la suprématie mettrait mon pays en conflit constant, non seulement avec nos voisins, mais encore avec les Etats-Unis, l'Europe, le Japon, etc. La modernisation de la Chine serait vouée à l'échec.

Il est vrai qu'il existe des divergences, des frictions et même parfois des tensions dans les relations sino-américaines, mais tous les dirigeants chinois, de Deng Xiaoping à Hu Jintao, sont unanimes pour déclarer que les intérêts communs avec les Etats-Unis dépassent de loin les divergences.

Malgré mon optimisme pour l'avenir du monde, je ne sous-estime pas les dangers latents. Un phénomène global apparaît à l'horizon, la montée du nationalisme et du populisme. Il appartient aux hommes et femmes du monde entier de s'unir pour contrer leur dangereuse combinaison. C'est ainsi qu'un avenir meilleur de l'humanité sera assuré.

Wu Jianmin, ancien ambassadeur de Chine en France



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Etat de droit en Chine : la présidence Hu Jintao, une décennie pour rien ?
LE MONDE | 09.11.2012 à 14h29 • Mis à jour le 09.11.2012 à 16h42
Par Stéphanie Balme, chercheuse à Sciences Po Paris et au Centre d'études et de recherches internationales (CERI)

En Chine, la décennie au pouvoir du président chinois Hu Jintao marque à la fois le recul de l'Etat de droit et l'affirmation de la société civile, un retour au style maoïste et l'édification d'une justice moderne. Le mandat du chef de l'Etat, du Parti et de l'armée chinoise s'achève comme il s'est déroulé : au rythme de crises socio-économiques surmontées et de scandales politico-judiciaires éclatants, avec pour canevas idéologique la quête de l'harmonie sociale.
La chute du chef de Chongqing, Bo Xilai, rival charismatique et puissant, a d'abord été orchestrée par la condamnation de son épouse. Ce procès emprunte beaucoup à celui de Mme Mao, qui fut mis en scène à la fin de la Révolution culturelle. Une fois ses rivaux écartés, Deng Xiaoping, aux commandes du pouvoir de 1978 jusqu'à sa mort en 1997, lança un immense plan de reconstruction du pays (les "quatre modernisations"), qui en a fait, trente ans plus tard, la deuxième puissance économique du monde. Hu Jintao quitte aujourd'hui ses fonctions sans avoir réalisé des réformes politiques et institutionnelles équivalentes (la "cinquième modernisation"). Pire, un fossé s'est creusé entre la rhétorique marxiste surannée du Parti communiste chinois (PCC), une justice au pas, et l'option constitutionnaliste des milieux éclairés.

Les premiers pas au pouvoir de Hu Jintao avaient cependant été porteurs d'espoir. La Chine venait d'accéder à l'Organisation mondiale du commerce et l'Ecole du Parti réfléchissait aux transformations des sociétés postcommunistes d'Europe de l'Est. En 2003, à la suite du décès d'un jeune étudiant mort des coups assenés par des policiers à Canton, un groupe d'avocats était parvenu à faire abolir les centres de détention administrative pour migrants, symboles de l'arbitraire.

En 2004, les droits de l'homme furent reconnus dans la Constitution. Après quinze ans de débats houleux, fut finalement adoptée une importante loi reconnaissant la propriété privée. Celle-ci n'interdit pas les expropriations mais permet un recours en cas d'abus. Depuis 2007, la cour populaire suprême ratifie seule les jugements de peine de mort. Ces dernières années, Pékin s'est souvent montré sensible aux critiques de la communauté internationale sur la situation des droits de l'homme. Le Livre blanc sur la justice d'octobre semble même les prendre en compte.

Portée par une croissance à deux chiffres, la Chine a lancé, en dix ans, un vaste plan de construction de tribunaux à travers tout le pays. La baisse des frais de justice, l'informatisation, l'amélioration significative du niveau de formation des professions judiciaires ont doté le pays d'une justice high-tech. Toutefois, cette modernité récente n'a d'égale que sa soumission ancienne au Parti, aux gouvernements locaux, aux lobbies financiers et, désormais, à la vox populi sur Internet.

A partir de 2007, le chef de la Cour populaire suprême a mené une campagne de repolitisation de l'appareil judiciaire. Des shows télévisés ont médiatisé la nouvelle figure du "juge modèle", acclamé pour son rôle d'agent d'une "société harmonieuse" à l'écoute des masses. Cause et conséquence des divisions au sein du pouvoir, de la montée des tensions sociales, des enjeux sécuritaires liés à l'organisation des Jeux olympiques dans le contexte des révoltes au Tibet et au Xinjiang, le pouvoir du ministère de la sécurité publique s'est affirmé sur les instances législatives et judiciaires, celles du Parti comme de l'Etat.

Le budget des forces de police a été augmenté de sorte à prévenir toute contagion des révolutions de velours, aux noms de couleur ou de fleur, qui ont éclaté non loin des frontières de l'Empire : en Géorgie, en Ukraine et au Kirghizistan. Le "printemps arabe" a certainement aggravé cette peur d'un renversement du régime avec l'aide d'ONG financées par l'étranger. Les condamnations pour atteinte à la sécurité de l'Etat ont ainsi été multipliées par 2 depuis 2007. Par ailleurs, 85 % des accusations pénales donnent lieu à des détentions provisoires de longue durée et 95 % à des condamnations.

L'autoritarisme chinois renvoie l'image d'une puissance invincible alors qu'elle engendre des dirigeants contraints dans leurs actions. Le premier ministre Wen Jiabao a ainsi maintes fois regretté le blocage des réformes politiques qu'il semblait appeler de ses voeux. La gestion des logiques de pouvoir entre les factions familiales, provinciales ou corporatistes se fait désormais au détriment du fond, c'est-à-dire des réformes institutionnelles.

Comme sous l'Empire, le chef du PCC règne mais ne gouverne pas. Les mandarins bureaucrates sont les vrais concepteurs des politiques publiques. Sans compter le rôle politique croissant des dirigeants locaux, conséquence du désengagement de l'Etat central dans les années 1980-2000 et de la tentative de recentralisation du pouvoir.

Pour l'heure, les coutumes liées aux règles de succession, telles qu'elles ont été édictées par Deng Xiaoping dans les années 1990, ont volé en éclats, comme l'ont montré les préparatifs du 18e Congrès qui vient de s'ouvrir. Une fois retiré du pouvoir, Hu pourrait donc, comme ce fut le cas de son prédécesseur, Jiang Zemin, exercer un pouvoir réel.

Aux fragilités du régime répond l'énergie débordante d'une société qui, en dix ans, est passée de 60 millions à plus de 550 millions d'internautes. Victimes du sang ou du lait contaminés, de détention arbitraire, de pollution industrielle, de discriminations, etc., les plaignants investissent les tribunaux qui traitent plus de 8 millions d'affaires par an, et à un rythme croissant.

Un maillage d'associations et d'ONG locales se tisse dans toute la Chine autour de combats sociaux ou environnementaux. L'activisme judiciaire est encore rare mais les jugements sont moins conservateurs qu'il n'y paraît. De trop rares avocats déplorent l'insécurité juridique liée à la non-application de la loi qui les concerne. La détermination de ces intellectuels à fonder un Etat de droit est soutenue par une partie des milieux d'affaires soucieux de voir le droit de la propriété intellectuelle appliqué et moins de corruption.

Les intellectuels comme le pouvoir sont divisés sur le projet d'Etat à formaliser pour la Chine : Etat de droit libéral, Etat confucéen ou Etat policier anti-occidental. Issu du 18e Congrès, le nouvel empereur rouge, Xi Jinping, devra trouver les moyens d'être un dirigeant puissant, au service de l'Etat de droit, malgré le carcan du leadership collectif imposé au sein du comité permanent du bureau politique. L'impatience monte, l'enjeu pour le Parti est de maîtriser une réforme inéluctable.

Stéphanie Balme, chercheuse à Sciences Po Paris et au Centre d'études et de recherches internationales (CERI)


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La Chine affiche un excédent commercial en hausse
Le Monde.fr | 10.11.2012 à 07h46 • Mis à jour le 10.11.2012 à 09h45
Par LeMonde.fr avec AFP


Malgré une conjoncture dégradée, la Chine a annoncé un excédent commercial et des exportations en forte hausse pour le mois d'octobre. Les exportations ont progressé le mois dernier de 11,6% à 175,6 milliards de dollars, tandis que les importations ont seulement légèrement augmenté de 2,4% pour atteindre 143,6 milliards de dollar, ont rapporté les douanes.

En conséquence, l'excédent commercial pour octobre s'élève à 32 milliards de dollars, contre 27,7 milliards en septembre. Malgré ces bons chiffres, la première puissance exportatrice mondiale aura toutefois du mal à réaliser son objectif d'une croissance de 10% du volume de commerce extérieur pour 2012, alors que celui-ci n'a augmenté que de 6,3% au cours des dix premiers mois de l'année.

L'an dernier, les exportations avaient encore crû de plus de 20% et les importations de près de 25%. Le ralentissement de la croissance du commerce extérieur et surtout des exportations rendent plus urgente une réorientation de l'économie chinoise pour donner une place plus importante à la demande intérieure. Dans son discours d'ouverture du 18e congrès du PCC jeudi, le président Hu Jintao a appelé à un «nouveau modèle de croissance» pour la Chine et à un doublement du revenu par habitant en dix ans.
Cette orientation est potentiellement de nature à satisfaire les partenaires commerciaux de la Chine, mais seulement si elle est accompagnée par une hausse des importations, alors que de nombreux pays, Etats-Unis en tête, se plaignent de leurs déficits commerciaux avec Pékin.

Vendredi 9 novembre, la Chine a publié une série de bons indicateurs économiques pour le mois d'octobre, dont une hausse de la production industrielle plus forte qu'en septembre, signalant un rebond de l'activité après sept trimestres consécutifs de ralentissement de la croissance, tombée à 7,4% au troisième trimestre.

LeMonde.fr avec AFP


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Ecrit le : Dimanche 11 Novembre 2012 01h09
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Dragon



La Chine change de têtes, pas de visage

4 novembre 2012 à 20:56

ANALYSE Réuni à partir de jeudi pour son XVIIIe congrès, le Parti communiste chinois désignera notamment le successeur de Hu Jintao. La ligne politique, elle, ne devrait que peu varier.

Par PHILIPPE GRANGEREAU
Nouvelle puissance mondiale, la Chine, va renouveler cette semaine son équipe dirigeante. Le XVIIIe congrès du Parti communiste, qui s’ouvre jeudi, entérinera ce changement de politburo, le premier depuis dix ans. Le secrétaire général, Hu Jintao, devrait être remplacé par Xi Jinping (lire pages 4-5), promis également à la présidence du pays en mars. Pourtant, les modalités de cette importante transition demeurent aussi mystérieuses qu’un conclave de cardinaux dans la chapelle Sixtine. «Le système politique chinois est totalement secret, observait récemment le sinologue australien Geremie Barmé. Tout le monde spécule, mais personne ne sait réellement ce qui se passe à l’intérieur.» Le régime à parti unique a certes réussi à élever de manière spectaculaire la Chine au rang de seconde puissance économique mondiale (début 2012) ; mais elle y est parvenue sans se départir ni de son culte du secret ni de ses méthodes despotiques.

Ouverture. La volonté du contrôle du parti unique, fort de 80 millions d’adhérents, demeure obsessionnelle : le tout premier taïkonaute, Yang Liwei, qui, comme ses 13 autres confrères est membre du PCC, a annoncé la semaine dernière son intention de créer une cellule du Parti dans la station spatiale chinoise. «Nos membres rempliront les mêmes fonctions que sur Terre», a-t-il déclaré à l’agence Chine nouvelle, sans la moindre pointe d’humour. Le succès des «réformes économiques» lancées au début des années 80 a toutefois consisté pour le Parti à brider sa soif de contrôle dans ce domaine particulier qu’est l’économie.

L’ancien leader Deng Xiaoping s’était rendu compte que dans ce secteur, moins le parti s’ingère, mieux les choses fonctionnent, et qu’il vaut donc mieux réduire l’espace totalitaire et «permettre à certains de s’enrichir avant d’autres». Cette politique s’est accompagnée d’une ouverture sur l’étranger, car ce capitalisme qui ne dit pas son nom a besoin de capitaux et de savoir-faire. «La Chine a admirablement bien négocié son entrée à l’OMC [Organisation mondiale du commerce, ndlr], en profitant de la naïveté de l’Occident, souligne le sinologue Jean-Luc Domenach (lire ci-contre). Pour arrimer ce pays à son monde, l’Occident l’a aidé, lui a donné sa technologie, ou se l’est laissée voler, et l’a laissé dévorer ses marchés.»La hausse du niveau de vie a été fulgurante. D’une part parce que le pays partait de très bas - aujourd’hui encore, plus de 100 millions de Chinois vivent avec moins d’un dollar par jour -, et d’autre part parce que l’appareil coercitif a été mis au service de la compétitivité. L’interdiction des syndicats libres et des grèves garantit des salaires bas. La croissance, de 10% l’an en moyenne depuis trois décennies, fait que le revenu moyen des Chinois est désormais comparable à celui des Thaïlandais.

«Famille». Au début des réformes, en 1980, la Chine était exsangue. Les trente premières années de la République populaire, caractérisées par une volonté féroce de collectiviser et d’uniformiser, n’avaient été qu’une gigantesque catastrophe, qui s’était soldée par la mort de faim d’une cinquantaine de millions de Chinois, ainsi que par la persécution de la population et de ses élites au cours de frénétiques purges idéologiques. Tous les hommes aujourd’hui au sommet du pouvoir ont pour point commun d’avoir été victimes des folies maoïstes et d’avoir rejeté la politique radicale de Mao.

«La nouvelle légitimité du Parti auprès des Chinois est précisément d’avoir renié le communisme… En réalité, c’est une idéologie que les Chinois ont toujours profondément détestée», assure Wang S., un ingénieur à la retraite. Les institutions léninistes du Parti demeurent intactes. Mais, à cheval sur le tigre capitaliste, celui-ci peut difficilement en descendre. Il a dès lors méticuleusement identifié les dangers qui le guettent et, à chaque nouvel espace de liberté rendu nécessaire par l’efficacité économique, il a associé une mesure correctrice spécifique. Au risque de voir les nouveaux nantis et les industriels financer une opposition, comme ce fut le cas pendant le mouvement prodémocratique de 1989, le PCC a d’un côté coopté les entrepreneurs privés en leur permettant (depuis 2002) d’intégrer ses rangs ; de l’autre, il a créé des cellules dans les entreprises.

Le PCC a également mis en place un processus de succession dans lequel la loyauté à la «famille du Parti» est un critère essentiel. Ce n’est pas un hasard si le futur leader, Xi Jinping, est fils d’un ancien compagnon de Mao. Pour parer au risque de voir la nouvelle classe moyenne contester publiquement le régime, l’actuel numéro 1, Hu Jintao, a créé une police dédiée à contenir la liberté d’expression des internautes, le Web étant le principal moyen par lequel celle-ci s’exprime.

Toutes ces mesures, dites de «gestion sociale», coûtent cher : le budget affecté à la sécurité intérieure a dépassé cette année celui de l’armée. Afin de dissuader l’intelligentsia idéaliste de profiter de ces nouveaux espaces de liberté, le Parti fait périodiquement des exemples : Liu Xiaobo, prix Nobel de la paix, a été condamné à onze ans de prison. Cet écrivain n’avait fait que demander le respect de la Constitution - censée garantir la liberté de parole.

Il a aussi fallu se prémunir contre le danger de voir l’Occident, et en particulier le client américain, revoir son partenariat lucratif pour des raisons de violations des droits de l’homme. Jusqu’en 2001, Washington soumettait ce statut (clause de la nation la plus favorisée) à une revue annuelle. Ce n’est donc pas un hasard si, en 2010, le Premier ministre, Wen Jiabao, est allé entretenir auprès des Américains l’espoir d’une démocratisation de la Chine, en livrant à CNN des propos presque identiques à ceux du dissident Liu Xiaobo : «Je crois que la liberté de parole est indispensable pour tous les pays, les pays développés comme ceux en voie de développement. La liberté de parole est d’ailleurs dans la Constitution chinoise.» Pas la moindre de ces déclarations n’a été publiée en Chine. La crédibilité du Premier ministre, qui donne de lui une image d’homme du peuple, a été réduite à néant par une récente enquête du New York Times qui a révélé, fin octobre, que sa famille possède une fortune de 2,1 milliards d’euros - à peu de chose près autant que l’homme le plus riche de Chine.

«Corruption». Le système, alliant pouvoir et argent, prend des airs de ploutocratie : les 70 plus riches députés de l’Assemblée populaire, presque tous membres du Parti, possèdent selon les calculs de l’agence Bloomberg une fortune cumulée de 69,9 milliards d’euros. C’est 12 fois plus que le patrimoine combiné de l’ensemble des 535 membres du Congrès américain. «La corruption est telle que désormais, il existe une haine populaire très forte à l’égard des fonctionnaires et des riches», diagnostique l’historien Yang Jisheng. Pour une partie de la population, la Chine serait même mûre pour une nouvelle révolution. «Le fait que 200 familles contrôlent les 200 plus grands groupes du pays est un secret de polichinelle», expliquait l’été dernier l’économiste Ren Jiantao, disant craindre une paralysie du système. En Chine, le poids des intérêts acquis serait tel que, selon lui, «des réformes politiques ou de nouvelles réformes économiques, pourtant indispensables, sont devenues très difficiles à réaliser». «Le Parti doit continuer de créer des miracles de prospérité, quitte à falsifier les chiffres des statistiques, poursuit l’économiste, car le taux de croissance et la légitimité politique sont intimement liés.»

Si les choses tournent mal et qu’il se sent menacé, l’inextinguible volonté de contrôle du PCC reprendra le dessus, quitte à imposer une forme de loi martiale - comme c’est le cas depuis quatre ans au Tibet, fermé aux observateurs. Mais, pour l’heure, le Parti est persuadé que le singulier contrat social qu’il a passé avec sa population lui permettra de rester au pouvoir - comme le dit l’un des slogans officiel du congrès - «pendant encore 10 000 ans».

s : http://www.liberation.fr/monde/2012/11/04/...e-visage_858071


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Congrès du PCC : les rouges grippés de la machine d’Etat

8 novembre 2012 à 22:41

RÉCIT Le leader chinois, Hu Jintao, a indiqué hier à ses successeurs la voie à suivre pour faire évoluer un système économique dépassé.

Par PHILIPPE GRANGEREAU Correspondant à Pékin
La Chine «n’adoptera jamais le modèle politique occidental», mais elle va choisir un modèle de croissance basé sur la consommation. C’est ce qu’a annoncé, hier à Pékin, le secrétaire général du Parti communiste chinois, Hu Jintao, en lever de rideau du XVIIIe congrès de l’organisation. L’ouverture du conclave s’est déroulée dans l’imposant bâtiment parlementaire qui borde la place Tiananmen, en présence de 2 270 représentants civils et militaires. A la fin de ce très important rendez-vous, qui doit durer une semaine, Hu Jintao, 69 ans, cédera son poste à son dauphin désigné, Xi Jinping, 59 ans. La plus grande partie du noyau dirigeant doit aussi être renouvelée.

Le discours lu pendant près de deux heures par Hu Jintao a été approuvé par son successeur désigné et devra servir de cadre à sa politique. Dans son «chant du cygne», l’actuel numéro 1 chinois a souligné que l’économie du pays était passée de la sixième à la deuxième place mondiale. Il a insisté sur l’accroissement spectaculaire du niveau de vie des Chinois pendant les dix années de son mandat, l’attribuant à la «théorie du développement scientifique» dont il est l’auteur, et qu’il ne s’est pas privé de citer une bonne vingtaine de fois. Il a toutefois reconnu que le modèle qu’il avait suivi était dans une impasse. «En réponse aux changements économiques au plan national et international, il faut accélérer la création d’un nouveau modèle de croissance basé sur une qualité et une performance améliorées.»

Produits originaux. Sous sa houlette, la part du gâteau économique des entreprises privées s’est réduite, tandis que celle des entreprises d’Etat a considérablement augmenté. Le développement s’est fait à coups d’investissements massifs, via les quatre banques d’Etat. Ces dernières n’accordent pratiquement plus de prêts aux sociétés du secteur privé. La moindre efficacité économique des géants étatiques, qui monopolisent très souvent leur secteur (du pétrole en passant par les télécoms), tue l’innovation. La capacité d’inventer et de mettre sur le marché des produits originaux est pourtant essentielle si la République populaire de Chine veut asseoir son économie sur un socle sain.

Mais la masse monétaire accaparée par l’Etat n’a pas été suffisamment redistribuée à la population, qui a le sentiment de ne plus bénéficier du boom de la croissance. Le modèle actuel favorise les exportations puisqu’il écrase les salaires. Le revenu des Chinois a certes beaucoup augmenté depuis dix ans, mais l’inflation du coût de la vie neutralise en grande partie ces gains, surtout dans l’immobilier, devenu inaccessible à beaucoup. D’où un sentiment général dans la classe moyenne de crainte face à l’avenir, se traduisant par une maigre consommation des ménages (seulement 40% du produit intérieur brut) et un taux d’épargne considérable, malgré des taux d’intérêts ridicules. Ce phénomène est accentué par l’absence de sécurité sociale, qu’il s’agisse de la santé ou des retraites (le dispositif actuel accorde de très maigres allocations). Pour le sinologue américain Cheng Li, la situation est intenable et Pékin «doit en priorité aider le secteur privé, libéraliser la finance et se débarrasser des monopoles d’Etat».

Dompter. Les déclarations de Hu Jintao vont dans ce sens. «Il faut, a-t-il affirmé, que la demande intérieure augmente […], ainsi que la consommation des ménages, la consommation individuelle et renforcer le marché intérieur.» Le leader chinois préconise également une monnaie et des taux d’intérêts bancaires plus conformes aux lois du marché. Hu a arrêté le double objectif d’un doublement du PIB et des revenus de la population d’ici à 2020.

Mais ces promesses restent vagues et la mise en place d’une telle politique sera difficile. Les grandes entreprises d’Etat, qui ont un grade équivalent à celui d’un ministère dans la hiérarchie de l’appareil communiste, ont un poids tel que même le numéro 1 du pays aura du mal à les dompter. Ce changement de cap de l’économie chinoise s’est fait sous l’impulsion de l’ancien leader chinois, Jiang Zemin, 86 ans aujourd’hui. Bien qu’il n’occupe plus aucun poste, il arbitre toujours les décisions importantes du Parti. Il siégeait hier à l’ouverture du congrès, à côté d’autres anciens. Entre 1992 et 2002, Jiang Zemin avait mené une politique de libéralisation du secteur privé et mis au chômage des dizaines de millions d’ouvriers d’entreprises d’Etat. Il avait aussi beaucoup rapproché la Chine des Etats-Unis. C’est également avec son appui que Xi Jinping a été choisi pour succéder à Hu Jintao.

Censure et propagande. Ce changement de modèle, préconisé depuis deux ans au moins par les économistes occidentaux, aura - s’il se réalise - des conséquences politiques. Avec un pouvoir d’achat et un sentiment de sécurité accru, la classe moyenne osera s’exprimer davantage, et contestera peut-être davantage. D’où l’accent mis hier par Hu Jintao sur la «gestion sociale» - un mélange de mesures policières, de censure et de propagande destiné à sauvegarder «l’harmonie sociale». Le budget consacré à la sécurité intérieure est devenu, il y a peu, supérieur au budget de la Défense.

La justification idéologique à cette avancée vers le capitalisme a peu évolué. Selon Pékin, la Chine en est au «stade initial du socialisme» - qui, dans la théorie marxiste, permet l’économie de marché. Le régime se définit comme un «socialisme aux caractéristiques chinoises», visant à rendre le pays «puissant et prospère». «Il faut bien étudier, a déclaré hier Hu Jintao aux délégués. Et surtout ne jamais douter.»

s : http://www.liberation.fr/monde/2012/11/08/...e-d-etat_859139


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L’enquête américaine qui change la donne à Pékin

• C’est de New York que semble être parti le coup, mais c’est en Chine que s’engrangentles bénéfices politiques : les révélations sur la fortune cachée de la famille de Wen Jiabao relèvent forcément de la lutte de pouvoir.
Radio Free Asia |Chen Pokong |8 novembre 2012

s : http://www.courrierinternational.com/artic...a-donne-a-pekin



Les révélations du New York Times sur la fortune de la famille du Premier ministre Wen Jiabao, qui détiendrait pour plus de 2 milliards d’euros, ont fait l’effet d’une bombe, en Chine comme dans la communauté des Chinois d’outre-mer. Si la nouvelle paraît si incroyable, ce n’est pas à cause du degré de corruption des classes dirigeantes qu’elle révèle, mais du fait de la personnalité de Wen, car celui-ci était réputé pour être un dirigeant sobre, proche du peuple et très consciencieux.

Plus important encore, Wen Jiabao s’était déclaré publiquement partisan d’une réforme du système politique, ce qui lui valait la sympathie des intellectuels libéraux, et les citoyens aspirant à l’instauration de la démocratie en Chine mettaient également beaucoup d’espoirs en lui. Si les détails de l’enquête du New York Times sont avérés, les sentiments favorables qu’inspirait Wen Jiabao à la population risquent fort de s’inverser et les espoirs de réforme de s’évanouir brusquement.

Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères chinois a réagi très rudement à l’enquête, en utilisant la langue de bois du Parti communiste chinois (PCC) : “Ce genre de reportage n’a d’autre finalité que de noircir l’image de la Chine !” Les autorités chinoises ont immédiatement censuré Internet. A l’intérieur des frontières, l’accès aux versions anglaise et chinoise du site du New York Times a été bloqué, ainsi qu’à tous les mots clés des sites de microblogging relatifs à Wen Jiabao et à sa famille. Ces mesures n’ont fait que renforcer l’impression qu’il y avait anguille sous roche.

Dans un communiqué, deux avocats de la famille de Wen Jiabao ont tenu à faire les six mises au point suivantes au nom de la famille Wen : les prétendues “richesses cachées” de la famille de Wen Jiabao n’existent pas ; les proches du Premier ministre “n’ont jamais été engagés dans des activités commerciales illicites” ; la mère de Wen Jiabao ne possède pas d’autres biens que ceux obtenus grâce à son salaire, puis sa pension de retraite ; lui-même “n’a jamais été impliqué” personnellement dans les activités commerciales de ses proches ; ces derniers “sont responsables de leurs propres affaires” ; les avocats indiquent enfin leur intention de continuer à clarifier les contre-vérités publiées par The New York Times et se réservent le droit de porter plainte contre le journal.

La confusion règne encore dans cette affaire. Le moment et le contexte dans lequel The New York Times a publié cette enquête interpellent cependant : pourquoi avoir choisi d’enquêter sur la famille de Wen Jiabao plutôt que sur celles d’autres dirigeants ? Pourquoi ne pas avoir cherché à retrouver l’origine de la fortune du clan de Bo Xilai [ancien chef du Parti de Chongqing, déchu après le meurtre par sa femme du Britannique Neil Heywood], estimée à 6 milliards de dollars [4,7 milliards d’euros] ? Deux grands médias américains ont fait tour à tour des révélations fracassantes sur deux grandes familles, celles de Xi Jinping et de Wen Jiabao. Pourquoi les personnes visées [faisant partie du clan des réformateurs] sont-elles à chaque fois des ennemis politiques de Bo Xilai [marqué à gauche] ? Pourquoi des informations aussi explosives ont-elles été publiées à seulement une quinzaine de jours de l’ouverture du XVIIIe Congrès du PCC ?

Divulgations

Après la publication de son enquête, The New York Times a expliqué l’origine de ses sources : “Bien que le régime politique chinois ne brille pas par sa transparence, les informations relatives aux entreprises, en particulier aux données financières, sont souvent accessibles au public.” De nombreuses agences gouvernementales conservent les documents “de sociétés privées et de leurs principaux actionnaires, y compris les copies des curriculum vitae et cartes d’identité de ceux-ci. Un tel système permet donc aux médias, dont The New York Times, d’examiner les registres des entreprises.”

Cette explication n’est pas convaincante, surtout pour les Chinois qui savent très bien que les informations sur le patrimoine des familles de hauts dirigeants comme Xi Jinping ou Wen Jiabao ne peuvent provenir que de divulgations au sein même du Parti. La “revente sur le marché intérieur de produits exportés” [les fuites d’informations à l’étranger destinées à avoir un effet déstabilisateur à l’intérieur à la Chine] a toujours été une pratique courante dans la lutte de pouvoir au sommet de l’appareil communiste, et, ces dernières années, le phénomène n’a fait que s’amplifier. Personne n’est dupe : ces informations proviennent dans les deux cas des adversaires politiques de Xi et Wen à Zhongnanhai [siège du pouvoir à Pékin].

Un lien peut être fait avec la chute de Bo Xilai cette année. Etant donné que Wen Jiabao et Xi Jinping sont résolument dans le clan des opposants à Bo Xilai [dont l’exclusion du Parti a été confirmée le 4 novembre], ce ne peut être que des partisans de ce dernier qui ont rassemblé et laissé filtrer les informations sur la fortune familiale des deux premiers. Le suspect numéro un n’est autre que le très ancien soutien de Bo, Zhou Yongkang [membre du Comité permanent du Bureau politique chargé de la sécurité], car le réseau des affaires politiques et législatives qu’il chapeaute est le plus à même de collecter des documents confidentiels. Parmi les suspects peuvent également figurer ses alliés, voire Jiang Zemin.

Coup pour coup

Ces révélations montrent qu’entre les deux factions au sein de Zhongnanhai (les anti- et les pro-Bo Xilai, les réformistes et les conservateurs) la lutte de pouvoir est encore montée d’un cran et que les deux clans se rendent coup pour coup, dévoilant les petits secrets des uns ou des autres et ressortant de vieilles querelles pour avoir le dernier mot, même si les deux parties doivent en pâtir au final. Alors que le gong annonçant l’ouverture du XVIIIe Congrès est sur le point de retentir, nombreuses sont encore les inconnues.

Le point le plus étonnant dans cette affaire est le recours à des avocats par la famille de Wen Jiabao pour réfuter officiellement l’enquête du New York Times. En effet, les dirigeants communistes chinois ont pour habitude de rester impassibles dans ce genre de situation, en se drapant dans leur dignité. A travers la riposte de sa famille, c’est Wen Jiabao lui-même qui réagit et c’est une première pour un dirigeant communiste chinois. Il s’agit d’un événement lourd de sens.

Cela veut tout d’abord dire que la mondialisation est arrivée à un niveau tel que des médias étrangers sont désormais en mesure d’avoir une influence directe sur des pays fermés (comme la Chine), alors même que les médias locaux en sont incapables. Autre enseignement : l’autorité de ceux qui tiennent les rênes du pays a chuté au point qu’ils ne peuvent plus se placer au-dessus des masses ni considérer les attaques avec arrogance. Sous peine d’avoir un lourd tribut à payer, les voilà contraints de ravaler un peu leur fierté pour répliquer aux différentes voix qui s’élèvent en Chine et à l’étranger !

Quelles que soient les motivations qui les sous-tendent et leur origine, il faut reconnaître en toute objectivité que les révélations fracassantes du New York Times contribuent à faire changer la Chine. Le fait que la famille de Wen Jiabao passe par l’intermédiaire d’avocats pour réfuter ces informations constitue un premier pas dont il faut se réjouir. Si Wen Jiabao en profitait pour rendre public son patrimoine personnel, cela constituerait une seconde avancée rare et d’une valeur inestimable. [Selon le South China Morning Post, Wen s’y est dit prêt, et une enquête interne au PCC a été lancée à sa demande.] Et si cela pouvait enfin favoriser la naissance de la loi obligeant les membres du gouvernement chinois à déclarer leur patrimoine, ce serait un troisième pas en avant très significatif.

Mais ces deux derniers pas sont trop durs à effectuer dans la Chine actuelle. A l’approche du XVIIIe Congrès, l’heure est au maintien de la stabilité. Pour le deuxième pas, les difficultés proviendraient surtout de l’opposition des collègues de Wen à Zhongnanhai. Quant au troisième [la loi], son exécution serait rendue difficile surtout en raison de la farouche résistance des puissants groupes d’intérêts présents au sein du PCC.

Même si Wen Jiabao se relève de ce coup de Trafalgar, l’affaire aura montré que la corruption mine l’ensemble de l’appareil du Parti et qu’elle peut servir de prétexte à des attaques personnelles à tout moment dans le cadre de luttes de pouvoir. A court terme, le PCC devrait pouvoir maintenir sa position, mais à longue échéance il finira par être submergé par le mécontentement populaire et renversé par la vague du désir de changement démocratique. Il sera contraint de quitter la scène dans des conditions encore plus dramatiques. Réformer ou ne pas réformer ? La Chine est arrivée à un tournant de son histoire.

*

CONTEXTE — Une enquête polémique


La famille du Premier ministre Wen Jiabao a amassé 2 milliards d’euros au cours de son mandat, selon une enquête publiée le 26 octobre par The New York Times. Wen Jiabao a très vite réfuté ces affirmations et proposé de rendre publics l’état de ses biens. La publication de cette enquête est survenue à deux semaines d’un remaniement majeur du pouvoir à Pékin et a suscité beaucoup de commentaires sur une possible manipulation du quotidien américain par des adversaires politiques de Wen, connu pour ses penchants réformistes. Le journaliste David Barboza, chef du bureau de Shanghai du New York Times et auteur de l’enquête, répond qu’il s’agit d’un simple concours de circonstances. Cette enquête est le résultat d’une année de travail et se fonde sur les données accessibles à tout journaliste à propos de l’activité des entreprises privées en Chine, précise-t-il. Il ne fait pas état de blocages ou d’oppositions rencontrées au cours de son enquête.



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Xi Jinping succèdera à Hu Jintao

• Le Parti communiste chinois a franchi une étape de plus dans la confirmation du nom du successeur de Hu Jintao, qui doit céder son poste de secrétaire général en octobre 2012. Stabilité réconfortante pour les uns, perpétuation de pratiques anti-démocratiques pour les autres, les commentateurs de Taiwan, de Singapour et de Hong Kong divergent sur le sens de cette décision.
Courrier international |Agnès Gaudu |21 octobre 2010


s : http://www.courrierinternational.com/revue...era-a-hu-jintao


La nomination du vice-président de la république Xi Jinping au poste de vice-président de la Commission militaire centrale lors du 5e plenum du 17e Congrès du Parti communiste chinois, qui s'est clos le 19 octobre, est une confirmation de son avenir de numéro un chinois. Mais si la personne est confirmée, les observateurs de Taiwan, de Hong Kong et de Singapour sont loin de s'accorder sur l'inflexion de politique que cela annonce.

Ce pas décisif dans le processus de succession est vu par la presse taiwanaise d'un assez bon œil. Le quotidien Chungkuo Shihpao, comparant cet événement à ce qui se passe en Corée du Nord, y voit tout du moins la consolidation d'un mode de succession qui, pour n'être pas démocratique, n'est pas celle d'un régime de pouvoir personnel. La promotion de Xi Jinping suit les modalités de la succession de Jiang Zemin à Hu Jintao : une telle continuité devrait éviter à la Chine les troubles toujours possibles en Corée du Nord, commente le journal. Reste à savoir combien de temps Hu Jintao conservera son poste de président de la Commission militaire centrale - la plus haute position de la direction chinoise. L'on doute déjà du fait qu'il s'en défasse en 2012. Quoi qu'il en soit, il est assuré que Xi Jinping et Li Keqiang (donné au poste de Premier ministre) formeront le couple de la cinquième génération de dirigeants, qui auront non seulement à gérer l'économie, mais aussi à faire face aux demandes de liberté et de démocratie qui s'intensifient dans le pays, ainsi qu'aux dissensions internes au parti sur ce sujet.

Quant aux relations avec Taiwan, certains espèrent que les deux ans passés par Xi Jinping au cours de sa carrière à la direction de la province du Fujian, face à Taïwan, le prédisposent favorablement vis-à-vis de Taipei. La consolidation du mode de succession implique cependant que le mode de décision collective au sommet se systématise, et ce y compris à propos de Taiwan, poursuit le quotidien. Ce qui veut dire que la touche personnelle de Xi Jinping ne sera pas forcément décisive, face à un Hu Jintao désireux de laisser son empreinte dans l'histoire.

Dans un éditorial, le même journal estime que Xi Jinping devrait promouvoir la réforme. Si l'on sait peu de chose de la personnalité de Xi Jinping, l'on sait qu'il "aime lire". "Une personne qui aime lire a forcément son propre mode de pensée et son idée de la réforme", et l'assurance que les relations entre le continent et Taiwan vont se poursuivre.

Le Lianhe Zaobao de Singapour se félicite lui aussi de ce que Xi Jinping a "réussi son examen de passage" et que la succession semble se régler de manière collégiale, par un jeu d'équilibre au sein de la direction, ce qui limite le risque d'un pouvoir exercé par un seul homme. Xi doit sa confirmation au soutien du conservateur Jiang Zemin, estime le quotidien. De plus, il a ces deux dernières années multiplié ses interventions dans les arènes du Parti, où il s'est notamment fait remarquer en rappelant que "le pouvoir émane du peuple". Cela fait dire au quotidien que Xi Jinping pourrait promouvoir la réforme politique.

A Hong Kong, le ton est nettement plus critique. Le quotidien économique de qualité Shunpo reconnaît dans une analyse que le plenum a placé le 12e plan sous le signe de la réforme. Il note également que les objectifs de croissance sont accompagnés d'une volonté de se préoccuper de la vie quotidienne des Chinois, avec le souci d'augmenter les revenus et d'améliorer l'égalité d'accès aux services publics.

Mais l'éditorial du quotidien qualifie le mode de succession de "transmission du pouvoir dans une boîte noire", qui donne peu de certitudes quant à l'avenir des réformes. "La seule inconnue de cette succession était les tractations entre factions, qui se font encore dans l'ombre. La population ne connaîtra aucun des termes des enjeux et des échanges qui se sont conclus, le peuple n'a pas son mot à dire. Ce manque de transparence dans la succession du pouvoir, le sentiment de manipulations secrètes entourant le processus sapent la confiance que pourraient avoir les Chinois de Chine et de l'extérieur. Quelle différence avec l'époque de Mao ? La ‘république populaire de Chine' est encore une utopie !"

Quant à l'accent mis sur la réforme à l'issue du plenum, il n'est pas crédible, affirme le journal. Dans le rapport du plenum, le mot de réforme n'est accompagné d'aucune indication précise de contenu ou de méthode. "Aussi ne faut-il pas trop y accorder foi". Si les dirigeants de Pékin voulaient réellement réformer leur administration, ils appliqueraient la méthode de transparence des budgets mise en œuvre à Hong Kong, qui limite grandement malversations et faux rapports. Ils promouvraient une loi de la presse garantissant l'expression de l'opinion. "L'équité et la justice promises par le plenum devraient commencer par la publicité des débats et la liberté de parole, faute de quoi ce sont des paroles creuses", conclut le journal.



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