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> Revue De Presse Sur La Chine 2010/2011, articles intéressants
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P'tit Panda
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Le barrage des Trois-Gorges plus décrié que jamais
LE MONDE | 29.12.09 | 16h34 • Mis à jour le 30.12.09 | 08h28
Chongqing, envoyé spécial

Plantées à intervalles réguliers sur les rives de la retenue d'eau du barrage des Trois-Gorges, des bornes indiquent en rouge la hauteur maximale à atteindre : 175 mètres. Quinze ans après le lancement de ce chantier si décrié, elles n'ont toujours pas été submergées. Motif : une sécheresse persistante en aval.

Cette année, le niveau de l'eau a bien monté de 30 mètres depuis septembre (les barrages chinois ouvrent leurs vannes avant l'été, au moment où les pluies sont abondantes), mais le niveau se maintient depuis mi-novembre entre 170 et 172 mètres. Il a en effet fallu ouvrir les vannes, près de 2,5 millions de personnes ayant été privées d'eau potable cet automne dans sept provinces au sud de la région de Chongqing.

En urgence, le bureau de contrôle des inondations et de la sécheresse avait pourtant ordonné le mois dernier aux barrages situés en amont des Trois-Gorges d'effectuer des lâchers d'eau. Pour que ce dernier se remplisse tout en laissant écouler un débit suffisant vers l'aval. "Ils n'ont pas réussi l'an dernier à atteindre le niveau de 175 mètres, et échouent de nouveau cette année !", explique un ingénieur de Chengdu, qui milite dans une association de défense de l'environnement. "Les lacs de Dongting et Poyang en aval sur le Yangzi, les plus grands de Chine, n'ont jamais été aussi asséchés. Les autorités ne veulent pas le reconnaître, mais le barrage des Trois-Gorges a un impact sur un grand nombre de variables environnementales", ajoute-t-il.

L'ouvrage, qui retient l'eau sur 660 km, amplifie les effets du réchauffement climatique qui a déjà réduit le débit du Yangzi. "Tout indique que la retenue d'eau a aussi un impact en retour sur le climat lui-même, car les phénomènes climatiques extrêmes se multiplient localement", poursuit-il.

Les conséquences environnementales du barrage des Trois-Gorges inquiètent les écologistes chinois. Pour la plupart, ils étaient contre sa construction. Même si le manque d'études indépendantes et objectives, le grand nombre de disciplines concernées et la réticence du gouvernement et du lobby électrique à tolérer les débats les divisent et entravent leurs actions. Certains, comme les géologues Fan Xiao et Yang Yong, tous deux installés à Chengdu, dénoncent les risques d'instabilité géologique : à mesure que l'eau monte, elle s'infiltre, amollit la structure des sols, favorise les glissements de terrain. L'hypothèse des milieux scientifiques que le séisme du Sichuan, en mai 2008, ait été provoqué par la vidange du barrage de Zipingpu, a renforcé leurs craintes.

D'autres tirent la sonnette d'alarme sur les risques de pollution. "Maintenir la qualité de l'eau de la retenue est un problème majeur", explique à Chongqing, Wu Dengming, fondateur de l'ONG Green Volunteer League.

Ce vétéran du combat écologique se bat pour la promulgation d'une loi qui permettrait aux ONG de porter plainte au nom de l'intérêt général quand lacs et rivières sont en danger. Opposé depuis le début au barrage des Trois-Gorges, cet ancien policier et membre du Parti joue de ses connexions pour faire la guerre aux pollueurs.

Le gouvernement de Chongqing, la municipalité de 32 millions d'habitants (dont 70 % de ruraux) qui couvre le site de la retenue, assure-t-il, a conscience du défi : quarante nouvelles stations d'épuration doivent être construites d'ici 2015. Seize seulement sont, selon lui, terminées. Pas plus de 65 % des eaux usées sont actuellement traitées.

Contre toute attente, Wu Dengming s'est trouvé une mission : convaincre les zones rurales de s'équiper de stations naturelles d'épuration par les plantes. Avec ses HLM lépreux, ses lopins de terre sarclés jusqu'au dernier centimètre, Wangjia, dans le district de Yubei, au nord-est de Chongqing, est l'une de ces agglomérations "rurales" aux infrastructures vétustes comme il y en a tant en Chine. Ses 15 000 habitants produisent 800 tonnes d'eaux usées par jour, non traitées, qui se déversent dans le Yangzi, à 5 kilomètres. Wu Dengming y a installé un site d'épuration biologique, opérationnel depuis six mois, avec un membre de son association, Duan Qianlong, patron d'une PME d'ingénierie environnementale, la Chongqing Luhe. A l'origine, le militant avait été contacté par les habitants, en colère contre les autorités du district car l'étang du bourg était trop pollué.

Les eaux usées, une fois décantées, transitent par des cultures de plantes qui se nourrissent de la pollution, comme le myriophylle aquatique ou le canna. Elles sont naturellement épurées au terme de 24 heures de ce circuit. Cette technique de lagunage naturel, pratiquée ailleurs dans le monde, est, selon Duan Qianlong, très bien adaptée aux campagnes chinoises désargentées : "Ça ne dépense pas d'énergie, ça convient au climat, et ça coûte 3 maos (0,3 centime d'euro) la tonne d'eau à traiter", dit-il, contre "27 centimes pour une station traditionnelle".

L'investissement est estimé à 1 million de yuans (100 000 euros). Les autorités du district ont dit banco : douze autres stations de ce type ont déjà été aménagées à Yubei. Et vingt autres sont à l'étude dans d'autres districts de Chongqing. "Ce qu'on veut, c'est promouvoir cette technologie tout le long du Yangzi, déclare Wu Dengming. Il y a 200 bourgs comme Wangjia dans la municipalité de Chongqing, ce qui ne fait pas loin de cinq millions de personnes".

Brice Pedroletti
Article paru dans l'édition du 30.12.09




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Ecrit le : Vendredi 01 Janvier 2010 12h44
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La Chine numéro trois mondial de l'énergie éolienne
LEMONDE.FR avec AFP | 31.12.09 | 08h21 • Mis à jour le 31.12.09 | 08h30

La Chine est devenue cette année le numéro trois mondial de l'énergie éolienne, annonce, jeudi 31 décembre, l'agence de presse Chine nouvelle. "La capacité installée chinoise atteint à la fin de l'année 20 gigawatts", selon Shi Lishan, vice-directeur du département des énergies renouvelables de l'administration nationale de l'énergie citée par l'agence officielle.

Ainsi, selon cette source, la Chine dépasse désormais l'Espagne, pour se placer troisième, derrière les Etats-Unis et l'Allemagne. Fin 2008, les Etats-Unis avaient une capacité installée de 25,2 gigawatts, soit 20,8 % de la capacité mondiale, l'Espagne de 16,8 GW et la Chine de 12,2 GW, selon des statistiques officielles chinoises.

FORTE CROISSANCE

La progression chinoise est nettement supérieure à l'évolution mondiale. En 2008, la puissance installée avait doublé pour la quatrième année de suite."En termes d'ampleur et de rythme, le développement de l'éolien en Chine est absolument sans équivalent dans le monde", soulignait le mois dernier Steve Sawyer, secrétaire général du Global Wind Energy Council (GWEC). "Au rythme actuel, ils seront premiers au monde en termes de capacité installée d'ici fin 2011, début 2012."

La Chine, qui est le premier émetteur mondial de gaz à effet de serre, souhaite que les énergies renouvelables représentent 15 % de sa fourniture énergétique d'ici à 2020, contre 9 % l'an dernier. Aujourd'hui le charbon, extrêment polluant, fournit environ 70 % de l'énergie utilisée en Chine. A titre de comparaison, l'objectif de l'Union européenne est de 20 % pour 2020.

La Chine, troisième économie mondiale qui s'achemine vers un taux de croissance d'au moins 8 % cette année, a été très critiquée lors de la conférence de l'ONU à Copenhague pour avoir empêché l'adoption d'un texte contraignant de réduction des émissions polluantes.


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Le point de vue de l'agence économique et financière Reuters Breakingviews
Inflation, protectionnisme, inégalités : les trois écueils menaçant la Chine
LE MONDE | 30.12.09 | 16h17 • Mis à jour le 30.12.09 | 16h17

En 2009, la République populaire de Chine a fêté ses 60 ans. Elle a aussi réussi à éviter une catastrophe économique en investissant 4 000 milliards de yuans (586 milliards d'euros) dans un plan de relance sans précédent. Tout est maintenant en place pour que 2010 soit riche en succès. Enfin, si tout se passe bien, car Pékin devra faire face à trois dangers : l'inflation, le protectionnisme et les inégalités sociales.

Une première forme d'inflation a déjà fait son apparition. L'injection dans l'économie de 1 500 milliards de dollars (1 000 milliards d'euros) sous forme de prêts, que les banques ont accordés sur commande de l'Etat, et de capitaux étrangers motivés par la spéculation a fait exploser la valeur des actions et des propriétés immobilières.

En 2009, le prix du foncier a battu des records à Pékin, à Hongkong, ceux des appartements ont crevé les plafonds. Les premières sociétés qui ont accédé au marché tout neuf des firmes à forte croissance de Shenzhen ont vu leur cours doubler dès le premier jour.

Le prix des actifs s'envole et, pourtant, les prix à la consommation ont à peine frémi. De nombreux pays sont confrontés à cette situation, mais aucun gouvernement ni banque centrale n'a trouvé de parade : le relèvement des taux compromettrait la croissance en pénalisant consommateurs et producteurs. Une option qui, pour Pékin, serait suicidaire.

La Chine pourrait aussi être confrontée en 2010 à un regain de protectionnisme. L'année qui s'achève a déjà vu quelques passes d'armes avec les Etats-Unis sur les pneus ou l'acier. Ce sont là des cas isolés, mais la faiblesse entretenue du yuan peut, elle, être considérée comme une subvention déloyale, qui fausse le jeu et pousse les Américains à consommer plus qu'ils ne le devraient.

Certains économistes clament déjà que si la Chine ne change pas d'attitude sur la question des taux de change, il faudra ériger de nouvelles barrières douanières. Aux Etats-Unis, certaines personnalités politiques pourraient se joindre au mouvement, surtout si le chômage américain, qui atteint déjà 10 %, continue de grimper.

Risques de troubles

Le troisième facteur de risque est l'inégalité sociale. Moins visible, c'est le plus crucial : la concomitance de la flambée du prix des actifs et de la quasi-stagnation des salaires creuse le fossé entre détenteurs de patrimoine et prolétaires ne possédant pratiquement rien. Le taux de chômage officiel (4 %) passe sous silence les 150 millions de travailleurs migrants. La Chine est aussi un pays où un peu plus de 30 % des jeunes diplômés ne trouvent pas d'emploi.

La plus grande crainte des dirigeants est que l'oisiveté forcée et les inégalités créent des troubles. Une enquête récente menée par l'Académie des sciences sociales du Zhejiang, dont le South China Morning Post s'est fait l'écho, indique que 96 % des personnes interrogées "en veulent aux riches".

Pékin pourrait gérer ces écueils séparément. Mais si les trois se matérialisent en même temps, l'année du Tigre portera bien son nom, vu le nombre de féroces combats qu'il faudra livrer.

(Traduction de Christine Lahuec)

John Foley
Article paru dans l'édition du 31.12.09



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Taïwan et la Chine préparent un accord commercial
LEMONDE.FR avec Reuters | 14.11.09 | 08h53

Le président chinois Hu Jintao a pris le petit déjeuner, samedi à Singapour, avec un responsable taiwanais, Lien Chan, président honoraire du Kuomintang (KMT, ou parti nationaliste), la formation au pouvoir à Taiwan. Taiwan et la Chine, bien qu'ennemis politiques depuis la guerre civile de la fin des années 1940, sont sur le point d'entamer officiellement des négociations sur un accord-cadre de coopération économique (ECFA) appelé à lier Taiwan au géant économique qu'est la Chine populaire.

"Cela nous aidera à éviter d'être marginalisés, ou un peu plus marginalisés, dans le commerce international", a expliqué Lien Chan devant la presse vendredi. La rencontre entre Hu Jintao, qui est par ailleurs secrétaire général du Parti communiste chinois, et Lien, a été possible sur le plan diplomatique parce qu'elle a eu lieu entre représentants de formations politiques et non de nations.

Lien Chan s'est déjà rendu en Chine en 2005. Il s'agissait alors de la première visite de ce genre depuis que les communistes ont proclamé la République populaire de Chine en 1949. Lien avait déjà rencontré Hu Jintao au sommet de l'Apec de l'an dernier, au Pérou.

Alors que Pékin considère toujours Taiwan comme une province renégate, les relations commerciales entre les deux Chines ont contribué à les rapprocher. Des entreprises taiwanaises ont investi massivement sur le continent, ce qui représente un marché conséquent pour les exportations de technologie taiwanaise.



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L'américain Wal-Mart épinglé pour non-respect du droit du travail en Chine
LEMONDE.FR avec Reuters | 26.11.09 | 09h16

Le numéro un mondial de la distribution est accusé par China Labour Watch de pousser ses fournisseurs chinois à ne pas respecter le droit du travail local en exigeant des prix défiant toute concurrence. Dans un rapport publié mercredi, cette association ajoute que la chaîne américaine Wal-Mart Stores omet de faire état de ces abus, ou ne peut en faire état lorsque la chaîne mène des audits chez ses fournisseurs.

"Wal-Mart se sert de ses commandes massives comme d'un levier pour obtenir des prix bas, et les ouvriers souffrent de ce poids financier", dénonce China Labour Watch, dont le siège est à New York. Dans certaines usines chinoises gérées par des fournisseurs de Wal-Mart, les employés ne remplissant par leurs objectifs de production sont victimes de retenues sur leurs salaires, note l'association.

"Pire que tout, deux de ces usines font appliquer des règles forçant leurs employés à mentir aux auditeurs de Wal-Mart, les réduisant au silence alors que Wal-Mart détourne le regard pour ne pas voir ces conditions de travail dignes d'ateliers clandestins", poursuit-elle. Wal-Mart a réagi à la publication de ce rapport en annonçant l'ouverture d'une enquête sur les cinq usines prises en exemple par China Labour Watch.


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Les tubes de la discorde entre Pékin et Washington
LEMONDE.FR avec AFP | 06.11.09 | 07h02 • Mis à jour le 06.11.09 | 07h19

La Chine dénonce, vendredi 6 novembre, un "abus de protectionnisme" par les Etats-Unis, qui veulent imposer des droits de douane aux tubes pour l'industrie pétrolière importés de Chine et engager la plus sérieuse action de ce type jamais intentée contre des produits chinois. Dans un communiqué, le ministère du commerce chinois a averti qu'il "prendrait des mesures pour protéger les intérêts de son industrie".

"Ne reconnaissant pas le statut d'économie de marché à la Chine, la partie américaine a adopté des mesures discriminatoires pour augmenter les taxes antidumping et anti-subventions selon sa volonté, et entraîner un impact sérieux sur les exportations de la sidérurgie chinoise", explique le ministère. Selon le communiqué, plus de quatre-vingt-dix compagnies vont être affectées, tandis que les produits visés, d'une valeur de 3,2 milliards de dollars l'année dernière (un peu plus de 2 milliards d'euros), ont représenté 46 % de la valeur totale des exportations d'acier aux Etats-Unis. "En valeur, à ce jour, c'est le cas le plus grave d'action antidumping et anti-subventions contre la Chine de l'étranger", indique le ministère.

UNE FABRICATION SUBVENTIONNÉE PAR LA CHINE JUSQU'À HAUTEUR DE 99,14 %

Selon les chiffres officiels américains, les importations de ces tubes par les Etats-Unis ont été multipliées par trois en volume entre 2006 et 2008, et par plus de quatre en valeur pour atteindre 2,629 milliards de dollars (1,345 milliard d'euros). Les Etats-Unis ont réaffirmé jeudi leur intention d'imposer provisoirement des droits de douane sur ces tubes chinois, tout en décidant d'augmenter les amendes par rapport à une décision préliminaire annoncée en septembre qui se basait sur des taux de subventions chinoises variant de 10,9 % à 30,7 %.

Le département américain du commerce estime désormais que la Chine subventionne la fabrication de ces tubes, à un niveau variant de zéro à 99,14 % selon les différentes sociétés exportatrices. Sa décision, qui ne deviendra définitive qu'en mars 2010, prévoit des droits de 36,5 % sur ces tubes pour les trente-sept plus gros exportateurs. Une compagnie se voit exemptée de tarifs douaniers, ses prix ayant été jugés conformes aux prix du marché, mais tous les autres fabricants chinois de tubes du même genre se voient imposer des droits de 99,14 %.



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La Chine restreint ses exportations de matières premières stratégiques
LE MONDE | 29.12.09 | 16h48 • Mis à jour le 29.12.09 | 16h48

L'Union européenne (UE), les Etats-Unis et le Mexique ont tiré un coup de semonce important contre la Chine, le 21 décembre, en obtenant la création d'un groupe spécial de règlement des différends à l'Organisation mondiale du commerce (OMC). Ce groupe sera chargé de dire si Pékin viole la libre concurrence par ses restrictions à l'exportation de matières premières.

Pour les industries européennes, il s'agit d'une question de survie, comme cela a été précisé par la Commission dans son "initiative matières premières" du 4 novembre 2008. Elle y constatait "plus de 450 restrictions à l'exportation pour plus de 400 matières premières différentes" pratiquées par des pays émergents. Elle y annonçait que "l'UE agira avec détermination pour contester les mesures qui vont à l'encontre des règles de l'OMC ou des accords bilatéraux".

C'est ce qu'elle fait en dénonçant les restrictions chinoises sur la bauxite, le coke, le germanium, le magnésium, le manganèse, le silicium, le zinc et le phosphore. Ainsi, le manganèse chinois est-il frappé d'une taxe à l'export de 30 %. "Les industries de l'Union potentiellement touchées représentent 4 % de l'activité industrielle de l'UE et près de 500 000 emplois", estime la Commission, qui attaque ces pratiques au nom du protocole d'accession à l'OMC dans lequel la Chine promettait, en 2001, de ne pas limiter l'accès à ses matières premières.

Le jugement de l'OMC sera très attendu, tant le monopole chinois sur un nombre croissant de matières premières stratégiques est perçu comme une menace.

"Il y a vingt ans, raconte Georges Pichon, PDG du négociant en métaux MarsMetal, on ne dénombrait aucun grand producteur de magnésium en Chine. Aujourd'hui, il n'y en a plus un seul hors de Chine." "Le tantale, indispensable pour nos téléphones portables, était à l'origine traité uniquement par des Occidentaux, poursuit M. Pichon. En dix ans, le chinois Ningxia Orient Tantalum s'est approprié 20 % du marché. Pour élever le niveau de vie de sa population, Pékin mène une politique habile de grande puissance pour contrôler le plus de filières technologiques possible."

Ces filières dépendent de la maîtrise de vingt-neuf "métaux rares" (de l'antimoine au vanadium, en passant par l'indium) et de dix-sept "terres rares" (notamment l'or, le rhodium, le rhénium, ou le germanium...). Utilisés en quantités infinitésimales, ces éléments améliorent les propriétés physico-chimiques des autres métaux. Ils sont produits en petites quantités (130 tonnes de gallium par an), car ils sont souvent un sous-produit, à l'image du rhénium, extrait du molybdène, lui-même extrait du cuivre. Ils coûtent donc cher : le rhodium a atteint, en janvier 2008, le prix de 7 000 dollars l'once, quand l'or était à 900 dollars !

Autant dire qu'ils sont réservés à de très hautes technologies. Chaque écran à cristaux liquides contient 2 grammes d'indium. Pas d'ampoule basse consommation sans gallium. Pas de cellules solaires performantes sans sélénium. Pas de vision de nuit infrarouge sans germanium. Derrière la plainte à l'OMC des Occidentaux, ce sont ces terres rares qui sont en jeu, car la Chine est réputée assurer 95 % de leur production mondiale.

A l'OMC, on s'attend à ce que Pékin invoque l'article XX-G du GATT (Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce), qui prévoit des exceptions au libre-échange pour raisons environnementales. Le site du Quotidien du peuple a fait valoir, le 6 novembre, qu'au rythme d'exploitation actuel le premier gisement mondial de terres rares, à Baotou en Mongolie-Intérieure, pourrait être épuisé dans trente ans. D'autre part, le gouvernement chinois plaidera qu'en créant des quotas d'exportation (233 tonnes pour l'indium en 2009) il veut mettre fin aux exportations sauvages dont bénéficient les Occidentaux et qui représenteraient un tiers des sorties chinoises de métaux rares.

Forcer la Chine à respecter les règles de l'OMC ne suffira pas. Christian Hocquard, économiste au Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM), a souligné, le 3 décembre lors d'une conférence, que les Exchange Traded Funds (ETF), véhicules d'investissement physique sur les matières premières, commençaient à en stocker - notamment de l'indium - pour assécher ce petit marché et faire exploser les prix.

"Est-ce bien raisonnable de considérer les métaux rares comme une classe d'actifs ?", demande M. Hocquard, qui conseille aux industriels des mesures antispéculation : signature de contrats d'achat à long terme, couverture à terme à des prix fixés au London Metal Exchange, stockage préventif, recyclage des matières rares (50 000 téléphones = un kilo d'or), substitution d'un métal à un autre (le palladium à la place du platine dans les pots catalytiques).

Faute de volonté, les "bulles" en formation déboucheront sur des crises qui donneront crédit aux croyances millénaristes prédisant l'épuisement de tel minéral comme signe avant-coureur de la fin du monde. Et sur des bénéfices indus pour les spéculateurs.

Alain Faujas

*

A l'export, la Chine va dépasser l'Allemagne

"La Chine va probablement supplanter l'Allemagne pour devenir le premier exportateur mondial", a assuré, le 28 décembre, le ministre adjoint chinois au commerce, Zhong Shan. Les exportations chinoises devraient atteindre 1 190 milliards de dollars en 2009 (825 milliards d'euros), contre environ 1 000 milliards de dollars pour les allemandes.


Article paru dans l'édition du 30.12.09


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La Chine et six pays d'Asie du Sud-Est suppriment la quasi-totalité des droits de douane
LE MONDE | 01.01.10 | 14h10 • Mis à jour le 01.01.10 | 14h10
Pékin Correspondant

La Chine et six pays d'Asie du Sud-Est ont supprimé depuis le 1er janvier la quasi-totalité des droits de douane sur 7 000 produits et services couvrant 90 % de leurs échanges. Cet accord qui entre en vigueur dans ce qui est devenu, en volume, la troisième zone de libre-échange de la planète, va modifier le paysage commercial et industriel d'une région qui, de la Chine à Singapour, des Philippines à la Birmanie, couvre 13 millions de kilomètres carrés et totalise une population d'environ 2 milliards d'habitants.

L'accord ne sera appliqué dans la totalité de la zone qu'en 2015 : au sein de l'Association des pays de l'Asie du Sud-Est (Asean), seuls la Thaïlande, l'Indonésie, Brunei, les Philippines, Singapour et la Malaisie sont pour l'instant concernés. Les derniers entrants, les plus pauvres - Birmanie, Laos, Vietnam et Cambodge -, bénéficient d'un "sursis" de cinq ans avant d'être soumis aux termes de cet accord qu'ils ont aussi signé. Négocié depuis 2002, ce projet a déjà permis la suppression, à partir de 2005, de droits de douane sur plusieurs centaines de produits.

Pour la Chine, qui va pouvoir augmenter ses exportations de matières premières et inonder l'Asie du Sud-Est de ses produits bon marché, cet accord est une aubaine. Les échanges dans la région devraient doubler en 2010 par rapport au volume de 2005 : 200 milliards de dollars (140 milliards d'euros) contre un peu plus de 100 milliards de dollars.

DE NOUVEAUX MARCHÉS

Jusqu'à présent, les marchandises chinoises étaient taxées de 5 % en Asie du Sud-Est. La levée des barrières douanières sur la majorité des biens manufacturés - excepté sur certains produits textiles et électroniques, jugés sensibles - va permettre à Pékin de compenser la chute de ses exportations vers l'Europe et les Etats-Unis depuis le début de la crise mondiale.

Les pays de l'Asean vont pouvoir accroître leurs exportations vers la Chine (riz, fruits exotiques, caoutchouc, huile de palme, gaz naturel). Mais cette nouvelle donne économique a aussi de quoi les inquiéter vu le "poids" du grand voisin du Nord. Selon Sothirak Pou, chercheur associé à l'Institut des études d'Asie du Sud-Est de Singapour : "Plus d'un pays de l'Asean ne voit pas cet accord de libre-échange comme un avantage."

Certains industriels de la région ont déjà mis en garde leur gouvernement sur ses conséquences. Et notamment le fait que la Chine, dont la devise, le yuan, est sous-évaluée et dont les entreprises bénéficient de subventions, va tirer profit de la levée des droits de douane. Si la Malaisie devrait pouvoir bénéficier de cet accord, tel ne sera pas forcément le cas d'un pays comme le Vietnam, producteur de marchandises à faible valeur ajoutée, qui pourrait se retrouver désavantagé face au "rouleau compresseur" chinois.

A Pékin, Song Hong, économiste de l'Académie des sciences sociales, estime cependant que la croissance des exportations de certains produits, notamment agricoles, d'Asie du Sud-Est vers la Chine, pourrait concurrencer les paysans des provinces chinoises frontalières de l'ancienne Indochine, le Guangxi ou le Yunnan.

Les Cambodgiens ont, de leur côté, souligné que cet accord va permettre au royaume khmer, dont les exportations agricoles vers les Etats-Unis et l'Europe sont à la baisse, de trouver de nouveaux marchés en Chine.

En Indonésie, l'heure est à l'inquiétude. "Si le gouvernement met en place l'accord maintenant, beaucoup d'industries vont mourir", a déclaré récemment Airlangga Hartarto, un député. Les responsables de l'Asean ne nient pas les conséquences pour leur région. Pushpanathan Sundram, secrétaire général adjoint chargé des questions économiques de l'Association, a déclaré dernièrement au New York Times qu'"il faudra parfois payer le prix" de cet accord. Mais, à terme, a-t-il ajouté, la Chine et l'Asean en "seront les mutuels bénéficiaires".

Bruno Philip

*


L'Asean rassemble quelque 600 millions d'habitants

Date de création L'Association des nations du Sud-Est asiatique (Asean en anglais) a été fondée en 1967 par cinq Etats de la région : l'Indonésie, la Malaisie, les Philippines, Singapour et la Thaïlande. Elle rassemble quelque 600 millions d'habitants.

Elargissement Cinq autres pays ont rejoint l'Asean depuis

sa création : Brunei (en 1984),

le Vietnam (en 1995), la Birmanie et le Laos (en 1997) et le Cambodge (en 1999).

Objectifs Accélérer la croissance économique, le progrès social et le développement culturel ; promouvoir la paix et la stabilité ; favoriser une collaboration active et une assistance mutuelle entre les pays membres dans les domaines économique, social, culturel.


Article paru dans l'édition du 02.01.10


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Après avoir été humilié à Pékin, Barack Obama doit défendre le dissident chinois Liu Xiaobo, par Wei Jingsheng
LE MONDE | 31.12.09 | 13h13 • Mis à jour le 31.12.09 | 13h13

Vendredi 25 décembre, un réformiste modéré, Liu Xiaobo, a été condamné à onze ans de prison par le gouvernement chinois au simple motif qu'il avait fait circuler et signé une pétition, la Charte 08, qui réclame les réformes politiques et les droits humains fondamentaux dont une grande partie du monde bénéficie déjà.

Il s'agit d'un message clair à l'adresse de tous ceux qui demandent de la retenue à une Chine dotée d'une puissance toute neuve, et qui occupe désormais une place de premier rang dans les réunions de la gouvernance mondiale : "Puisque vous avez réclamé à grand bruit la libération de Liu après son arrestation, nous le punirons encore plus sévèrement. Cela vous fera comprendre, sans la moindre ambiguïté, que non seulement nous nous moquons de ce que vous pensez, mais que nous n'avons même pas à nous en préoccuper."

Si des diplomates allemands et australiens comptaient parmi la vingtaine de personnes autorisées à assister au "procès public", le fait qu'aucun membre de l'ambassade américaine n'y ait été admis devrait être considéré comme une provocation flagrante envers les Etats-Unis.

Nous autres Chinois connaissons bien cette arrogance autoritaire.

A l'époque de Mao Zedong et de Deng Xiaoping, lorsque je fus emprisonné durant quinze ans pour le "crime abominable" d'avoir placardé une affiche, le gouvernement chinois se comportait de la même façon à l'égard de l'opinion publique internationale. Si le peuple chinois, se disaient les responsables du Parti communiste, voit avec quelle insouciance le gouvernement rejette les préoccupations exprimées par les puissants étrangers, il comprendra aussi qu'il n'a pas d'autre choix que de se soumettre à l'autorité impérieuse du gouvernement.

Il y eut quelques changements sous Jiang Zemin. Afin de réduire la pression internationale et de développer l'économie dans des conditions commerciales favorables de la part des Etats-Unis, le régime chinois fit quelques concessions.

Entre autres gestes, je fus libéré de prison et expulsé vers les Etats-Unis. Ces concessions déclenchèrent une violente réaction de la part des partisans de la ligne dure au sein du Parti, en dépit du fait qu'au cours de ces années la rapide croissance chinoise fut alimentée en grande partie par l'énorme déficit commercial américain.

A présent que les dirigeants chinois estiment que la prospérité de leur pays en fait un acteur de l'histoire du monde, tandis que le prestige américain a été entamé par la guerre en Irak et la récente catastrophe financière, les tenants de la ligne dure ont pu une nouvelle fois reprendre la main.

Il ne fait aucun doute qu'il y a du vrai dans l'idée selon laquelle le retour d'une telle arrogance est encouragé par le rôle de la Chine en tant que principal créancier d'une Amérique endettée. C'est assurément l'une des raisons pour lesquelles la direction chinoise se sent autorisée à insulter le président Barack Obama, comme elle l'a fait lors de sa récente visite en Chine en empêchant la retransmission de son discours [devant les étudiants de Shanghaï], et en envoyant des responsables de deuxième ordre négocier avec lui lors du sommet de Copenhague sur le climat avant que le premier ministre, Wen Jiabao, à la dernière minute, consente finalement à lui accorder une audience.

L'humiliation ainsi faite à Barack Obama n'a rien de personnelle. Elle sert aux dirigeants chinois à marquer la puissance chinoise sur la scène mondiale. Mais surtout, comme sous Mao Zedong et Deng Xiaoping, s'opposer à la superpuissance américaine vise à endiguer une opposition interne grandissante et à contraindre un peuple chinois de plus en plus impatient à se soumettre à la dictature du parti unique.

C'est là un objectif particulièrement critique, puisqu'une plus grande démocratie en Chine mettrait à nu les propres problèmes économiques du pays.

La façon dont le président Barack Obama répondra à cette provocation ne concerne pas seulement son honneur et sa fonction ; il s'agit de défendre les valeurs démocratiques de l'Occident face à un défi dont l'enjeu est la primauté idéologique au XXIe siècle.

L'affaire Liu Xiaobo offre au président américain l'occasion de sauver la face et de se dresser contre l'arrogance nuisible des tenants de la ligne dure. Vu que l'affaire Liu doit être jugée en appel devant une plus haute cour, les Etats-Unis et le reste de l'Occident devraient demander avec fermeté que sa sentence soit suspendue.

Une telle position permettrait d'affaiblir les durs du Parti tout en renforçant les voix de ceux qui réclament une réforme pacifique en Chine. Si les Etats-Unis n'opposent aucune résistance, les durs du Parti continueront à exercer leur pression, entraînant des conséquences négatives dans tous les domaines, depuis les échanges commerciaux et l'évaluation des devises jusqu'à la sécurité mondiale et au changement climatique.

Les Etats-Unis doivent peut-être beaucoup d'argent à la Chine, mais ils ont une dette encore plus grande à l'égard de leurs principes fondateurs de liberté et de droits humains. Si l'Occident, emmené par les Etats-Unis, ne contrebalance pas le poids nouveau de la Chine dans l'ordre mondial, qui le fera ?

Traduit de l'anglais par Gilles Berton.

Wei Jingsheng, dissident chinois expulsé aux Etats-Unis, défenseur des droits de l'homme et du mouvement démocratique.


Article paru dans l'édition du 01.01.10




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Point de vue
De la Charte 77 à celle de 2008, un même combat, par Lucien Bianco
LE MONDE | 31.12.09 | 13h13

Le dissident chinois Liu Xiaobo vient d'être condamné à onze ans de prison pour avoir exercé des droits universellement reconnus : dire et écrire ce qu'il pense. La Chine signe sans sourciller des engagements en ce sens, sachant que cela ne l'engage à rien puisqu'elle ne les tiendra pas. Elle inscrit même ces droits dans la Constitution, mais une Constitution a-t-elle d'autres fins que d'abuser les étrangers, de bercer et berner le peuple chinois ?

On savait certes qu'une fois arrêté (fin juin, après plus de six mois de détention préventive, ce qui est illégal dans cette démocratie exemplaire), Liu ferait de la prison. On n'allait cependant pas jusqu'à imaginer une peine de onze ans, très supérieure à celles d'ordinaire infligées aux dissidents. Peine prononcée à l'issue d'un procès expéditif à huis clos, auquel son épouse Liu Xia n'a pas eu le droit d'assister. Elle a été autorisée à le voir dix minutes le lendemain, à travers une paroi vitrée : ce fut la troisième rencontre entre les deux époux depuis plus d'un an que Liu est détenu.

La peine, décidée en haut lieu et prononcée par des juges aux ordres du pouvoir, est à la mesure des craintes des dirigeants. La Charte 08, ainsi nommée en référence à la Charte 77 des dissidents tchécoslovaques, ne demande-t-elle pas la séparation des pouvoirs, des élections libres, la fin du monopole du Parti communiste, la liberté d'expression et de réunion, l'égalité entre villes et campagnes ? J'interromps ici la liste des exigences inacceptables dont Liu, un des principaux rédacteurs de la Charte 08, s'est rendu coupable.

Pis, ce document avait été signé par quelque dix mille citoyens chinois, en dépit de mesures d'intimidation immédiates. La police a arrêté Liu sans attendre le 10 décembre 2008, jour anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme, choisi par ses rédacteurs pour la rendre publique. D'autres rédacteurs de la Charte ont été immédiatement arrêtés, de nombreux signataires questionnés et harcelés. Les Tchèques avaient mis plus de deux ans avant d'arrêter Vaclav Havel ; les Chinois n'ont pas traîné.

Vaclav Havel et Liu Xiaobo : ce serait bien que les lecteurs retiennent aussi le nom de ce dernier. On ne peut rien faire pour lui, il accomplira sa peine jusqu'au bout si le régime, comme il est assez probable, survit aussi longtemps. A tout le moins, ce sera peut-être un réconfort pour le prisonnier de savoir que nous pensons à lui. Son prédécesseur, Wei Jingsheng, qui a passé dix-huit ans en prison, m'a confié que les protestations venues d'Occident (en langage officiel, Pékin vient de nous rappeler les "grossières interférences dans les affaires intérieures chinoises") lui mettaient un peu de baume au coeur. Liu Xiaobo n'est pas un dramaturge comme Vaclav Havel mais un essayiste, critique littéraire et ancien professeur d'université qui n'a plus le droit d'enseigner.

Il faut reconnaître qu'il n'avait pas attendu le mouvement démocratique de 1989 pour s'en prendre au despotisme et au culte posthume de Mao. Le 2 juin 1989, conscient du massacre qui se préparait, il a utilisé son prestige auprès des étudiants pour tenter de les convaincre d'évacuer la place Tiananmen.

Don Quichotte invétéré, il espérait aussi que le pouvoir renoncerait de son côté à la loi martiale. A cette fin, il s'est rendu sur la place et y a entamé une grève de la faim, en compagnie d'une poignée d'autres intellectuels. Il n'a été entendu ni des uns ni de l'autre mais il a réussi, dans la nuit du 3 au 4 juin, à négocier avec un colonel l'évacuation pacifique de nombreux étudiants prêts à écouter Liu plutôt que les jusqu'au-boutistes.

Après Tiananmen, Liu a passé vingt et un mois en prison, avant d'être à nouveau condamné (terme impropre puisque cette mesure administrative ne requiert aucun jugement), en 1996, à trois ans de laojiao qui, avec le laogai, est l'équivalent chinois du goulag. Il faut dire que Liu s'était permis de solliciter la clémence pour ceux qui demeuraient détenus sept ans après le printemps 1989.

L'histoire accolera les noms de Vaclav Havel et de Liu Xiaobo. Quant aux Husak et aux Hu Jintao, un Trotski les jetterait sans sourciller dans les poubelles de l'Histoire.

Hu Jintao, objectera-t-on, préside au développement économique dont le monde entier s'émerveille. Certes, c'est bien presque la seule, en tout cas la plus importante différence avec la Tchécoslovaquie, îlot de développement en Europe centrale et orientale avant que le joug communiste n'y mette un terme. C'est précisément cette réussite économique qui assure à la Chine un poids en tout état de cause amplement justifié par sa population - et ce ne sera que justice quand l'Inde accédera au même rang.

D'où aussi la crainte et le "respect" qu'elle inspire et que ses dirigeants ne se retiennent pas d'imposer en faisant tout ce qu'il faut pour intimider Nicolas Sarkozy avec la même allégresse que Liu Xiaobo. Ce n'est pas à l'heure où François Fillon a été dépêché en Chine pour réparer les pots cassés et "sceller la fin de la brouille avec Pékin" (Le Monde du 24 décembre) qu'il faut attendre de la France une protestation aussi vigoureuse que celles d'Angela Merkel et des Américains - d'un Bernard Kouchner sans doute en d'autres temps.

Le développement économique de la Chine doit-il masquer l'évidence ? La dictature post-totalitaire chinoise a, depuis belle lurette, atteint un stade avancé de glaciation brejnévienne. Ce qui la retient prisonnière des glaces, c'est la crainte tenace d'une débâcle gorbatchévienne. On comprend la panique de ceux qui se cramponnent au pouvoir, mais la nécessité d'un Gorbatchev chinois finira par s'imposer.

Lucien Bianco, historien et sinologue.


Article paru dans l'édition du 01.01.10




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En Chine, la peine de mort est appliquée pour l'exemple
By Anna Benjamin
Created 12/29/2009 - 18:05

Depuis 1951, aucun ressortissant européen n'avait été exécuté en Chine, selon l'ONG Reprieve [1]. Akmal Shaikh, citoyen britannique d'origine pakistanaise, condamné pour trafic de drogue, a été exécuté par injection le 29 décembre à Urumqi, capitale du Xinjiang (nord-ouest).

Cet événement a pris une envergure internationale du fait de la nationalité du condamné. Les autorités chinoises montrent qu'elles gardent le cap en ce qui concerne la peine de mort.

Une réforme pour éviter les erreurs judiciaires

Mais face aux campagnes internationales, la Chine a néanmoins décidé certaines modifications de la procédure judiciaire, en particulier en centralisant les jugements en appel lors de condamnations à la peine capitale.

Depuis le 1er janvier 2007, les procédures d'appel à des condamnations à la peine de mort ne sont plus étudiées en dernière instance par les hautes cours provinciales, inféodées aux pouvoirs locaux, une manière d'éviter les erreurs judiciaires et de rendre les jugements plus « objectifs ».

C'est désormais la Cour suprême nationale, qui détient un pouvoir de révision, qui confirme ou annule toutes les condamnations à la peine de mort.

En mars 2008, Huang Ermei, membre du Comité judiciaire de la Cour suprême populaire, affirmait que 15% des condamnations à la peine de mort avait été rejetées en 2007 [2] grâce à ce nouveau système. Ces rejets sont dûs, selon elle, à :

« Des faits imprécis, des preuves insuffisantes, des décisions de condamnations inappropriées et des procédures illégales. »

Le nombre de condamnations aurait donc diminué de moitié, passant de 10 000 à 5 000 entre 2005 et 2008.

L'exemplarité de la peine de mort

La Chine reste néanmoins le pays où le nombre d'exécutions est le plus important. Alors qu'Amnesty international [3] évoque 1 718 exécutions en 2008, les ONG Hand Off Cain [4] ou Dui Hua [5] parlent d'au moins 5 000 exécutions. Ces chiffres restent flous car le secret d'État est la règle en la matière.

Pour les autorités chinoises, la peine de mort reste un instrument indispensable par son exemplarité et son cacaractère dissuasif, même si ces deux éléments sont sérieusement mis en doute par les experts. Elle est ouvertement utilisée dans des cas de répression politique, comme récemment avec l'exécution de huit Ouïgours et d'un Chinois Han [6] après les émeutes d'Urumqi, ou de Tibétains après celles de Lhassa.

Mais en Chine, la peine capitale est appliquée pour 68 crimes différents. Ce sont donc d'abord des condamnations pour des crimes de droits communs qui sont prononcées : le 4 décembre, deux personnes ont été condamnées à mort pour crime organisé [7] ; le 12, deux autres pour trafic de drogue ; le 22, c'est un chauffeur de bus ayant délibérément tué un motocycliste qui a subit le même sort.

Les crimes suivies de mort et le trafic de drogue restent les plus poursuivis. Chaque année, la journée internationale contre la drogue, le 26 juin, semble être un moyen de faire des exemples. En juin dernier, une vingtaine de personnes ont été exécutées et une vingtaine d'autres ont été condamnées à mort. [8]

Akmal Shaikh, arrêté le 12 septembre 2007 avec quatre kilos d'héroïne à l'aéroport d'Urumqi, alors que 50g suffisent pour être condamné à mort, n'a donc pas échappé à la règle.

La Chine, sourde aux critiques internationales

Depuis quelques mois, une bataille diplomatique entre les autorités chinoises et britanniques s'était engagée. Malgré les demandes insistantes de clémence en provenance de Londres et le coup de téléphone le mois dernier du Premier ministre Gordon Brown à Wen Jiabao [9], son homologue chinois, la Chine est restée sourde.

Les annonces ont donc été bien différentes à l'annonce de cette exécution. Comme toute l'Europe [10], Gordon Brown l'a condamnée « dans les termes les plus fermes », et s'est dit « scandalisé et déçu que nos demandes persistantes de clémence n'aient pas été exaucées. »

Mais le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères a assuré avoir « géré [ce cas] en stricte conformité avec la loi », ajoutant surtout que la Chine ne comptait pas se faire dicter son action et sa politique.

En mars 2005, le Premier ministre Wen Jiabao avait déjà déclaré [11] :

« Au vu de notre situation nationale, nous ne pouvons pas abolir la peine de mort. Et la pression internationale n'y changera rien ! Ce que nous faisons, c'est instaurer un système qui garantit que les condamnations à mort soient rendues avec prudence et justice. »

Depuis 2005, la Chine n'a fait que gagner en assurance, et a encore moins de raisons qu'alors de céder aux pressions internationales. Que ce soit pour condamner à une lourde peine le dissident Liu Xiaobo [12], ou pour exécuter un citoyen britannique.

Photo : le Britannique Akmal Shaikh (DR)
La peine de mort pour le meurtrier héros du web chinois [13]
La Chine intransigeante sur les drogues avant les JO de Pékin [14]
Neuf personnes exécutées au Xianjiang pour l'exemple [6]
65% des organes greffés issus de condamnés à mort [15]
Sûr de sa puissance, Pékin ignore les jugements de l'étranger, sur LeMonde.fr [16]
La peine de mort en Chine, sur peinedemort.org [7]
Commander sur Fnac.com:
Droits humains en Chine , Le revers de la médaille [17]
URL source: http://www.rue89.com/2009/12/29/en-chine-l...lexemple-131682

Links:
[1] http://www.reprieve.org.uk/2009_12_29_akmal_shaikh_executed
[2] http://www.reuters.com/article/idUSPEK6234820080308
[3] http://www.amnesty.org/fr/for-media/press-...-china-20090324
[4] http://www.handsoffcain.info/bancadati/ind...idtema=12000547
[5] http://www.duihua.org/
[6] http://www.rue89.com/chinatown/2009/11/10/...g-pour-lexemple
[7] http://www.peinedemort.org/National/pays.php?pays=25
[8] http://www.peinedemort.org/document.php?choix=3702
[9] http://www.telegraph.co.uk/news/worldnews/...e-executed.html
[10] http://www.lepoint.fr/actualites-monde/200...ne/924/0/408999
[11] http://www.abolition.fr/ecpm/french/news.php?new=341
[12] http://www.rue89.com/chinatown/2009/12/22/...u-xiaobo-130930
[13] http://www.rue89.com/chinatown/la-peine-de...-du-web-chinois
[14] http://www.rue89.com/chinatown/la-chine-in...les-jo-de-pekin
[15] http://www.rue89.com/chinatown/2009/08/26/...ondamnes-a-mort
[16] http://abonnes.lemonde.fr/asie-pacifique/a...85715_3216.html
[17] http://livre.fnac.com/a2048907/Amnesty-Int...gin=RUE89_EDITO


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lanjingling
Ecrit le : Samedi 02 Janvier 2010 03h59
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QUOTE (P'tit Panda @ Samedi 02 Janvier 2010 00h03)
Après avoir été humilié à Pékin, Barack Obama doit défendre le dissident chinois Liu Xiaobo, par Wei Jingsheng
LE MONDE | 31.12.09 | 13h13 • Mis à jour le 31.12.09 | 13h13

Vendredi 25 décembre, un réformiste modéré, Liu Xiaobo, a été condamné à onze ans de prison par le gouvernement chinois au simple motif qu'il avait fait circuler et signé une pétition, la Charte 08, qui réclame les réformes politiques et les droits humains fondamentaux dont une grande partie du monde bénéficie déjà.

Il s'agit d'un message clair à l'adresse de tous ceux qui demandent de la retenue à une Chine dotée d'une puissance toute neuve, et qui occupe désormais une place de premier rang dans les réunions de la gouvernance mondiale : "Puisque vous avez réclamé à grand bruit la libération de Liu après son arrestation, nous le punirons encore plus sévèrement. Cela vous fera comprendre, sans la moindre ambiguïté, que non seulement nous nous moquons de ce que vous pensez, mais que nous n'avons même pas à nous en préoccuper."


À propos d'avertissement, la première page du premier numéro de l'année du shenzhen daily est sympa aussi "bonne année, bonne peine de mort" banana.gif
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ah_thomas
Ecrit le : Samedi 02 Janvier 2010 10h18
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Fait super chaud a Shenzhen, en parlant d'autre chose.... 15-19℃


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lanjingling
Ecrit le : Samedi 02 Janvier 2010 16h36
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QUOTE (ah_thomas @ Samedi 02 Janvier 2010 10h18)
Fait super chaud a Shenzhen, en parlant d'autre chose.... 15-19℃

sauf que depuis cet après midi, il pleut comme vache qui pisse ; temps de chiote.gif

et pour continuer à parler d'autre chose, si dans la presse française ils pouvaient un peu réduire la fréquence d'énormités du genre
QUOTE (P'tit Panda @ Vendredi 01 Janvier 2010 12h50)
  dix-sept "terres rares" (notamment l'or, le rhodium, le rhénium, ou le germanium...).  (le monde)
ça permettrait d'éviter que les anti-démocrates locaux puissent se gausser avec des reflexions du genre "la liberté de la presse, c'est la liberté de dire des conneries"

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P'tit Panda
Ecrit le : Lundi 04 Janvier 2010 14h18
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Après Caijing, la journaliste Hu Shuli à la tête d'un autre magazine
By Pierre Haski
Created 12/31/2009 - 17:32

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Quelques semaines à peine après avoir claqué la porte du magazine économique Caijing qu'elle dirigeait, la journaliste Hu Shuli va diriger un nouveau magazine chinois, Century Weekly, basé dans l'île de Hainan, dans le sud de la Chine. Un magazine à suivre, désormais, si l'on en juge par le tempérament de cette journaliste de 56 ans, et par le type de journalisme qu'elle a pratiqué jusqu'ici.

Hu Shuli et plusieurs de ses collaborateurs avaient quitté Caijing en novembre, en invoquant des désaccords avec le groupe Stock Exchange Executive Council qui possède le magazine. Des désaccords sur des « questions éditoriales », avait-on dit alors, un euphémisme pour le type de journalisme d'investigation prôné par la journaliste.

Le premier numéro de Century Weekly est déjà sorti, daté du 4 janvier 2010. Il est publié par une organisation indépendante, selon le New York Times : le China Institute for research and development.

Hu Shuli est l'une des journalistes chinoises à avoir poussé le plus loin le concept de journalisme d'investigation dans le contexte chinois, c'est-à-dire dans le cadre d'une information étroitement contrôlée et censurée. Elle a bénéficié pendant longtemps d'une relative protection dûe au fait qu'elle s'intéressait surtout au monde des affaires, et qu'une partie de l'establishment voyait d'un bon oeil l'existence de ce garde-fou contre une corruption galopante.

Ces derniers temps, toutefois, elle est sortie du strict cadre du monde des affaires pour s'intéresser aux questions de société, consacrant notamment des dossiers au séisme du Sichuan et aux malversations qui ont causé de nombreuses victimes lorsque les écoles se sont effondrées, ou à des questions plus politiques encore, ce qui a suscité ces tensions avec l'éditeur du magazine.

En s'« exilant » à Hainan, elle espère peut-être échapper à une censure très tatillonne à Pékin, à l'image de la presse de Canton, qui bénéficie d'un « micro-climat » local plus libéral.
Le magazine Caijing remis au pas : départ de la directrice Hu Shuli [1]
Bruno Wu, patron de médias privés : « la presse sera libre » [2]
Pioneering Editor Takes Over New Magazine in China, sur nyt.com [3]
Hu Shuli, une journaliste qui dérange, sur elle.fr [4]
URL source: http://www.rue89.com/node/131916

Links:
[1] http://www.rue89.com/chinatown/2009/11/10/...ctrice-hu-shuli
[2] http://www.rue89.com/hors-jeux/linterview-...esse-sera-libre
[3] http://www.nytimes.com/2010/01/01/world/as...ref=global-home
[4] http://www.elle.fr/elle/Societe/News/Hu-Sh...e/(gid)/1083059


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P'tit Panda
Ecrit le : Lundi 04 Janvier 2010 14h20
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Erdong, Chinois aux Etats-Unis et Nigel, Américain en Chine
By Thomas Baïetto et Mathieu Dehlinger
Created 12/18/2009 - 11:28

Erdong a 20 ans, Nigel 21. L'un est Chinois, natif de Nankin, ville maintes fois capitale et située à l'Est du pays, dans le Jiangsu. L'autre est Américain, né à Gettysburg, en Pennsylvanie. A la sortie du lycée, ils ont tous les deux choisi de quitter leur pays d'origine pour poursuivre leurs études. Portraits croisés.

La décision

Erdong, comme 100 000 autres Chinois, est aujourd'hui scolarisé sur un campus américain, tandis que Nigel, lui, fait partie des 20 000 étudiants américains installés en Chine.

Pour Erdong, poursuivre ses études à l'étranger allait de soit. Elève du prestigieux lycée des langues étrangères de Nankin, il a baigné dans une atmosphère où ce type de parcours était favorisé et encouragé.

La réputation des universités américaines, le fourmillement d'ONG et de think tanks dans la capitale américaine, son goût pour les relations internationales et les sciences sociales et l'octroi d'une bourse d'étude « généreuse » ont fait le reste, le menant à Washington, sur les bancs de l'American University.

ErdongA l'inverse, ce n'est pas l'environnement scolaire mais l'environnement familial qui a été déterminant dans l'arrivée de Nigel à l'université de Pékin (Beida). De parents ougandais, ayant lui-même vécu dans ce pays, il était suffisamment conscient de l'intérêt de découvrir une nouvelle culture et un nouveau pays pour tendre une oreille attentive aux conseils d'un ami de son père, lui-même diplômé de l'université chinoise la plus renommée et la plus ancienne.

Le faible coût de la vie et des études – 51 243$ pour une année undergraduate à American university, contre 10 400$ pour Beida, selon les chiffres avancés par les deux universités – ainsi que la bourse accordée – prime d'installation de 2000 yuans (200 euros), 1700 yuans (170 euros) par mois et prise en charge complète du loyer - par le gouvernement chinois ont achevés de le convaincre.
Les premiers jours

Août 2007. Erdong débarque à Washington, excité et nerveux puisqu'il s'agit de ses tous premiers pas sur le territoire américain. La barrière de la langue et sa timidité rendent les choses difficiles, mais l'aide de son camarade de chambre, originaire de Buffalo, lui permet de prendre rapidement ses marques dans la capitale américaine.

Quelques mois plus tard, en février 2008, Nigel arrive en Chine, par le sud. Hong Kong puis Shenzhen, la ville laboratoire de l'ouverture économique chinoise, et enfin Beijing. Il ne parle pas un mot de chinois. Heureusement, il conserve quelques repères, grâce à la présence de chaînes de restauration rapide qu'il connaît bien :

« Lorsque je voulais manger, j'allais chez KFC ou McDonalds, ils ont une carte des menus en anglais. »

Les études

Contrairement à la majorité des étudiants étrangers, Nigel n'est pas seulement là pour apprendre la langue. Après un an et demi de mandarin, il entre dans le vif du sujet : obtenir en 3 ans un diplôme undergraduate de business. Au programme : mathématiques, informatique, marketing et économie – le tout en chinois – auxquels s'ajoutent deux cours d'anglais, histoire d'obtenir quelques crédits faciles.

S'il loue le climat travailleur de sa classe et le niveau de l'enseignement, il précise néanmoins vouloir faire son master aux Etats-Unis, estimant cela nécessaire pour compléter son parcours académique.

Erdong, lui, étudie la gouvernance et les relations internationales. Ses deux domaines de prédilection sont le triangle Washington-Beijing-Taipei et les complexes dynamiques qui le régissent, ainsi que le développement de la société civile en Chine.

Pleinement satisfait de ce choix, il souligne également l'intérêt de Washington pour un étudiant en relations internationales. Les nombreux débats et conférences organisés par les think tanks présents dans la capitale sont autant de compléments aux cours qu'il suit.

Mieux, la présence tout aussi forte d'ONG lui a permis d'effectuer des stages de 6 mois au sein de deux d'entre elles, l'American center for international labor solidarity [1] et le International labor rights forum [2], où il était chargé de suivre les derniers développements chinois en matière de droit du travail tout en effectuant quelques traductions.
Un Américain en Chine

Comme l'explique Erdong, les sentiments des Chinois à l'égard des Etats-Unis sont complexes. D'un côté, ils admirent le niveau de vie et de développement économique du pays et imaginent une nation « omnipotente », « prospère » et « démocratique ». De l'autre, leur nationalisme les rend très sensible à la question de l » « hégémonie » américaine sur la scène internationale.

Cette sensibilité peut rapidement déboucher sur un certain anti-américanisme, comme lors du bombardement de l'ambassade chinoise de Belgrade par l'Otan en 1999 ou l'incident de l'île de Hainan [3] en 2001.

La même ambiguïté se retrouve dans le récit de Nigel lorsqu'il évoque sur son quotidien d'Américain en Chine. Les Chinois ont la réputation d'être très accueillants avec les étrangers et n'hésitent pas à engager la conversation. Le passage obligé est bien entendu la question de la nationalité.

NigelNigel explique que sa réponse fait toujours son petit effet. L'interlocuteur est impressionné, l'assaille de questions, le complimente.

Mais, poursuit-il, lors de discussions plus poussées, avec des camarades de classe ou des professeurs, les critiques ne tardent pas à faire leur apparition, notamment sur le plan économique.

Régulièrement, en classe, le protectionnisme et l'influence culturelle des Etats-Unis sont vertement critiqués. Mais au final, l'admiration l'emporte et le professeur explique ce que la Chine doit faire pour parvenir au niveau de développement américain.
Un Chinois en Amérique

Aux Etats-Unis, si la croissance économique de la Chine impressionne, sur le plan politique, Erdong regrette la tendance des Américains à mettre en avant une « supériorité culturelle », soulignant les avantages du modèle politique occidental sur son homologue chinois.

Absence de démocratie, droits de l'homme, liberté religieuse sont des thèmes qui reviennent régulièrement dans la bouche des Américains lorsqu'ils évoquent la Chine. Erdong argumente :

« Ils ignorent la plupart du temps que la démocratisation ou toute autre réforme politique en Chine doit être graduelle et prudente, pour éviter les troubles sociaux. […] Il est important de sécuriser la démocratie en Chine. »

Le 1er octobre

Le 1er octobre dernier, la République populaire de Chine fêtait son 60e anniversaire. A Washington, dans sa chambre, Erdong ne rate pas une miette du défilé militaire qui marque l'événement. Il est fier, fier de son pays et de son armée.

A Pékin, Nigel est aux premières loges. Il n'avait rien demandé mais les autorités de son université sont venu le chercher, un « cachet » de 400 yuans (40 euros) sous le bras. Une répétition nocturne quelques semaines avant le jour-J, un réveil matinal, un T-shirt « I love China » et le voilà défilant sur l'avenue Chang'an, aux côtés du char dédié à l'amitié sino-internationale.
Le futur

Pour leur avenir, Nigel et Erdong hésitent encore entre un retour au pays – Erdong envisage de devenir journaliste en Chine, Nigel retournera aux Etats-Unis au moins pour son master – et l'expatriation professionnelle. Erdong n'écarte ainsi pas la possibilité d'intégrer un think tank ou une ONG. Nigel, quant à lui, répond à cette question par un énigmatique « peut-être, peut-être pas ».

Photos : Erdong puis Nigel.
Censure, contrefaçon : en Chine, Facebook n'est pas le bienvenu [4]
A Washington, gays et lesbiennes attendent plus d'Obama [5]
China Is Sending More Students to U.S. (New York Times) [6]
URL source: http://www.rue89.com/chinamerique/2009/12/...en-chine-130526

Links:
[1] http://www.solidaritycenter.org/
[2] http://www.laborrights.org/
[3] http://en.wikipedia.org/wiki/Hainan_Island_incident
[4] http://www.rue89.com/chinamerique/2009/10/...cebook-en-chine
[5] http://www.rue89.com/chinamerique/2009/10/...ent-plus-dobama
[6] http://www.nytimes.com/2009/11/16/educatio...onal-.html?_r=1


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Censure, contrefaçon : en Chine, Facebook n'est pas le bienvenu
By Thomas Baïetto
Created 10/27/2009 - 13:42

Contrairement à une idée reçue, la Chine est loin d'être le paradis rêvé pour les entreprises étrangères. Contrefaçon, flou législatif, protectionnisme et barrière de la langue rendent l'opération complexe et risquée. Illustration avec une entreprise américaine en plein boom : Facebook.

L'un des premiers écueils à affronter, c'est le non-respect, dans les faits, de la propriété intellectuelle. Le retard technologique et l'intérêt prononcé du consommateur chinois pour les marques étrangères ont poussé certaines entreprises chinoises à singer leurs homologues occidentaux.

Dans le sportswear, la virgule [1] de l'américain Nike a fait des petits et, sur Internet, Google s'est découvert un clone avec Baidu [2]. Facebook a connu le même sort : un an après son lancement, en 2005, Xiaonei.com (« le campus ») voit le jour.
Mêmes fonctionnalités, mêmes couleurs, même barre horizontale

L'histoire de ce site rappelle furieusement celle de Facebook : Marc Zuckerberg et sa bande ont monté leur site à Harvard, Wang Xing [3] et ses camarades sont diplomés de Qinghua, l'université numéro 1 en Chine (Wang Xing est également le fondateur du clone chinois de Twitter, Fanfou.com).

Les fonctionnalités sont les mêmes, à quelques nuances près (sur Xiaonei, vous savez qui visite votre profil). Mais là où le site chinois fait très fort, c'est sur l'identité graphique, puisque celle-ci est exactement celle de Facebook. Même jeu de couleurs, même barre horizontale, mêmes menus verticaux, le résultat [4] est bluffant.

Ce nouveau site a logiquement connu un succès similaire à celui de l'original en Occident, devenant l'un des services favoris des étudiants chinois. En août, il s'est engagé dans une campagne visant à élargir son audience au-delà des campus, en se dotant d'un nouveau nom, Renren.com [5] (« tout le monde »).
Eté 2008 : premiers pas et premières difficultés

A l'été 2008, le réseau social américain a commencé à tâter le terrain, souhaitant s'internationaliser en proposant ses services dans d'autres langues. Impossible pour ses responsables d'oublier la Chine, devenu il y a peu le premier pays en nombre d'internautes (dépassant les Etats-Unis) avec 338 millions [6] de connectés en juin 2009. Jusqu'alors, le réseau « Chine » de Facebook comptait 285 000 membres, en augmentation rapide.

Fin juin, pour encourager cette dynamique, zh-cn.facebook.com [7] voyait le jour, avec un interface traduite en chinois (un « poke » se dit « zhaohu », comme « appeler », « saluer »). Une timide tentative : le développement d'applications dédiées et la création d'une filiale Chine n'étaient pas à l'ordre du jour.

Mais une dizaine de jours plus tard, le 7 juillet, le site était bloqué une première fois en Chine continentale (c'est-à-dire la Chine, à l'exception d'Hong-Kong et Macao).
L'Internet chinois, une toile à côté de la Toile

Pourquoi cette censure ? Malgré son nombre d'internautes, la Chine n'est pas un pays « internet friendly ». Lors qu'Internet a déboulé dans le paysage médiatique mondial, les dirigeants chinois se sont trouvés face à une alternative :

* Autoriser ce nouveau mode de communication et augmenter le risque de contestation politique organisée.
* Le refuser et menacer la modernisation de l'économie chinoise.

La nécessité de la croissance économique l'a emporté sur les craintes politiques. Mais ce développement est resté sous le contrôle étroit de l'Etat et s'est opéré sur un mode original. Pour simplifier, le réseau chinois, dont l'infrastructure est sous le contrôle du ministère de l'Industrie de l'information, c'est une seconde toile d'araignée construite à côté de la première toile.

Les passerelles qui les relient sont étroitement surveillées et filtrées, formant ce que l'on appelle en Occident « The Great firewall of China » (« le grand pare-feu de la Chine », allusion à la Grande Muraille). Les autorités peuvent ainsi interdire tout accès au canal de diffusion non-contrôlé qu'est Facebook.
Facebook, baromètre de l'agenda politique chinois ?

Or, le blocage de Facebook intervient à chaque fois dans un contexte particulier, comme les Jeux olympiques ou le 60e anniversaire de la République populaire, [8] contexte où les autorités redoublent (voir triplent ou quadruplent) de précautions, par peur du moindre débordement.

Ce régime préventif qui s'applique à certains sites communautaires occidentaux -Facebook, Youtube, Twitter- épargnent leur équivalent chinois. En effet, ces derniers, basés en Chine, sont à portée de main, au cas où les autorités chercheraient à obtenir des donnés sur tel ou tel utilisateur.

Autres données à prendre en compte : l'ampleur de l'éventuelle réaction -plus d'utilisateurs donc potentiellement plus d'hostilité- et les conséquences économiques -brider ses propres entreprises n'est pas dans l'intérêt de la Chine.

A contrario, bloquer Facebook ne mécontente qu'une minorité de personnes, les expatriés de passage dans leur pays d'origine ou les jeunes Chinois qui ont étudié à l'étranger. L'internaute chinois lambda ne se heurte jamais à ces cas flagrants de censure (ce qui ne l'empêche pas de subir la modération des contenus et l'autocensure des sites chinois).

Enfin, bloquer Facebook, c'est aussi annihiler la concurrence et assurer à l'une de ses entreprises un juteux monopole…
Facebook a-t-il un avenir en Chine ?

Le développement de l'entreprise américaine sur le marché chinois semble pour le moins compromis. Son concurrent est déjà fortement implanté et l'accès au marché lui est régulièrement coupé. Deux éléments qui comptent d'autant plus que l'intérêt d'un réseau social réside précisément dans le nombre de ses utilisateurs et dans une utilisation quotidienne.

Certes, certains pourront objecter qu'en bricolant, il est toujours possible d'accéder à Facebook. Mais d'une part, cela demande du temps et la maitrise de l'anglais. Et d'autre part, le résultat est incertain et pas nécessairement généralisable.

Par exemple, pour mon usage personnel, j'ai eu recours à différents logiciels et techniques -proxy, réseau VPN- à l'efficacité relative -connexion lente- et éphémère -une dizaine de jours grand maximum -avant qu'un coup de chance ne vienne défitivement régler mon problème.

Un généreux compatriote, croisé sur un forum, me laisse gracieusement me connecter au serveur qu'il loue en France, précisément pour échapper au « Great Firewall ».

Pour Facebook, l'eldorado chinois s'éloigne donc irrémédiablement. A moins que Barack Obama, grand utilisateur du site communautaire, ne mette ce cas de protectionnisme déguisé sur la table lors de sa prochaine visite à Pékin. Rien n'est moins sûr !

Illustration : capture d'écran de la Fan Page de Hu Jintao, le président chinois, sur Facebook.
Facebook : Paf le Chien ou le triomphe du coup de pied au cul.jpg[9]
Sans gagner un centime, Twitter vaut un milliard [10]
RenRen, le facebook chinois [5]
"Chinese Web 2.0 clones" sur Random Wire [11]
URL source: http://www.rue89.com/chinamerique/2009/10/...cebook-en-chine

Links:
[1] http://anta.todayir.com/tc/home.php?
[2] http://www.baidu.com/
[3] http://images.businessweek.com/ss/08/10/10...preneurs/19.htm
[4] http://www.emmanuel-bau.fr/wordpress/2009/...ei-vs-facebook/
[5] http://www.renren.com/SysHome.do
[6] http://www.aujourdhuilachine.com/informati...e-11715.asp?1=1
[7] http://zh-cn.facebook.com
[8] http://www.rue89.com/chinamerique/2009/10/...e-leur-paranoia
[9] http://eco.rue89.com/2009/10/15/facebook-p...-de-pied-au-cul
[10] http://eco.rue89.com/2009/09/25/pourquoi-t...gner-un-centime
[11] http://www.randomwire.com/chinese-web-20-clones


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Le dissident chinois Liu Xiaobo fait appel de sa condamnation
LEMONDE.FR avec AFP | 04.01.10 | 10h35

Le dissident Liu Xiaobo, auteur d'un texte réclamant la démocratisation de la Chine, a fait appel de sa condamnation à onze ans de prison pour subversion, même s'il n'a guère d'espoir d'obtenir satisfaction, a déclaré lundi l'un de ses avocats, précisant qu'"il est conscient qu'il n'y a pas beaucoup d'espoir que le verdict soit révisé".

Chef de file de la dissidence chinoise, Liu Xiaobo, 54 ans, a été condamné le jour de Noël à onze ans de prison par un tribunal de Pékin pour "subversion du pouvoir de l'Etat" après avoir été l'un des auteurs de la Charte 08, un texte réclamant une Chine démocratique. Cet écrivain et ancien professeur d'université avait déjà connu la prison après la répression du mouvement démocratique de Tiananmen en 1989.


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Dragon



Au Xinjiang, six mois après les émeutes, la lente asphyxie du peuple ouïgour
LE MONDE | 04.01.10 | 13h50 • Mis à jour le 04.01.10 | 13h50
Urumqi, Kashgar (Chine) Envoyé spécial

Une nuit de décembre à Urumqi, capitale du Xinjiang. Il est près d'une heure du matin. A l'Hôtel Tumaris, en plein quartier ouïgour musulman, les clients sont dans leur chambre. Dehors, la température frôle les - 15 °C. Au cinquième étage, soudain, c'est le branle-bas de combat : neuf policiers chinois des forces spéciales (Tejing) débarquent dans le couloir.

A leur tête, une femme, officier de police ouïgoure, qui frappe à chaque porte pour relever les identités. Derrière elle suivent, dans l'ordre, des Chinois Han, un costaud casqué qui brandit un bouclier, un homme en casquette équipé d'un fusil d'assaut, un autre muni d'un fusil à pompe, le reste du détachement se contentant de longues matraques.

La descente ne donnera lieu à aucune interpellation, mais cette démonstration de force témoigne de l'ambiance qui règne ici depuis les sanglantes émeutes intercommunautaires du 5 juillet 2009. Elle en dit long sur la façon dont les autorités ont élargi le maillage de la surveillance et du contrôle des populations dans un Xinjiang qui reste plus que jamais sous étroite surveillance de la police et des forces paramilitaires.

La vingtaine de millions d'habitants de cette province du Grand Ouest chinois à majorité musulmane ne peut encore aujourd'hui que très difficilement communiquer avec le monde extérieur, l'Internet et les lignes internationales ayant été interrompus depuis les violences de juillet qui, officiellement, ont fait 197 morts et près de 2 000 blessés.

Le 29 décembre 2009, parce qu'une telle situation d'isolement est économiquement intenable, les autorités d'Urumqi, la capitale de la "région autonome ouïgoure du Xinjiang " ont annoncé que le black-out sur les communications va "être graduellement levé". Pour l'instant, l'internaute n'a que le choix de consulter en ligne Le Quotidien du peuple et l'agence de presse Chine Nouvelle... Les textos sur téléphone mobile et les appels internationaux sont impossibles, le communiqué officiel indiquant que ces derniers ne seront restaurés qu'une fois "d'autres sites Internet débloqués ".

Pour le régime, qui doit prendre en compte le mécontentement des hommes d'affaires, la priorité est d'empêcher que puissent se préparer et s'organiser, via courriels, Internet et messages téléphoniques, des manifestations contre le pouvoir. Et pour faire bonne mesure, afin de contrer la relative liberté de communication que supposera la levée du black-out, les autorités locales ont annoncé, jeudi 31 décembre, que le "parlement" du Xinjiang a adopté en début de semaine dernière une loi garantissant "l'unité ethnique" de la province. Une manière comme une autre, relèvent déjà des experts, de justifier légalement la répression contre tous ceux dont le comportement sera jugé "séparatiste"... Depuis juillet 2009, 22 personnes ont été condamnées à mort et au moins neuf exécutées. Des Ouïgours, en écrasante majorité.

Six mois après les émeutes d'Urumqi, il reste difficile de reconstituer l'enchaînement de ces sanglants événements. Ils comptent parmi les plus graves depuis que la République populaire de Chine a imposé, après la victoire communiste de 1949, son emprise sur cette région instable située aux marches de l'empire, que Pékin força à rentrer dans son giron après une longue parenthèse non chinoise, à partir de la fin du XVIIIe siècle.

La thèse du pouvoir est celle de "séparatistes" de l'ethnie ouïgoure musulmane - jadis majoritaire au Xinjiang - déchaînant une violence ahurissante dans les rues de cette grande métropole hérissée de gratte-ciel. Durant des heures, casseurs et assassins ont fracassé, égorgé, incendié. Les Ouïgours, s'ils ne nient pas la réalité des violences, en imputent la cause aux autorités chinoises qui, en ayant réprimé violemment une manifestation pacifique d'étudiants, auraient suscité la flambée de colère. Et le lendemain, une sorte de contre-émeute déclenchée par des Chinois Han eut lieu en ville sans que les autorités fassent grand-chose pour empêcher ceux qui voulaient en découdre avec l'"ennemi" ouïgour. Plusieurs de ces derniers furent tués.

"Les émeutes ? Oh, vous savez, on a déjà oublié, tout va bien..." Attablé dans un restaurant traditionnel où se préparent brochettes et pains fourrés à la viande, cet homme d'affaires ouïgour se ferme quand on lui pose des questions sur la situation en ville. Mais il râle sur l'absence d'Internet : "Rendez vous compte, je suis obligé de communiquer par fax avec l'un de mes bureaux situés à Pékin, pour que quelqu'un là-bas retape mon message sur un clavier d'ordinateur afin d'envoyer un courriel à l'étranger !" Après un long silence, il dessine une ligne imaginaire sur la table : "Nous, les Ouïgours, on doit filer droit, vous comprenez", explique-t-il pour justifier son silence sur les sujets politiques.

A Kashgar, au sud de la province, à moins de deux jours de route de la frontière pakistanaise, les violences de juillet ont laissé des traces. La petite manifestation de protestation qui réunit 200 personnes, au lendemain des émeutes d'Urumqi, fut certes rapidement dispersée. Mais des détachements des wujing, forces paramilitaires, patrouillent régulièrement en ville, et un camion de ces mêmes unités circule dans les grandes artères, affichant un grand bandeau rouge à caractères blancs qui proclame : "L'armée et le peuple sont unis comme une même famille."

Près de la grande mosquée Idkah, ripolinée et solitaire au centre d'une place récemment agrandie et flanquée d'un grand écran exaltant une culture ouïgoure folklorisée, un étudiant que nous appellerons Abdullah résume en le sentiment de ses concitoyens : "Tous les Ouïgours, au fond de leur coeur, sont profondément malheureux de l'occupation qu'ils subissent de la part des Chinois." Quand on lui demande ce qu'il pense des émeutes à Urumqi, il ose cette réponse qu'il déguise d'un sourire : "Je suis content qu'on ait tué des Chinois..."

Le jeune homme, à la fibre nationaliste évidente, raconte ensuite avec émotion et passion l'histoire de cette marge d'empire. Une zone secouée par divers soulèvements antichinois quand la dénomination même de "ouïgour", peuple de langue turque, s'était perdue dans les sables de cette haute Asie où Turkmènes, Ouzbèkes, Kazakhs et Kirghizes partagent de nombreuses caractéristiques linguistiques, religieuses et culturelles. Il y eut l'éphémère "émir" de Kashgar, Yakub Beg, juste après la deuxième moitié du XIXe siècle. Puis une République islamique du Turkestan oriental, en 1933. Enfin, une autre République qui contrôlait trois districts du nord du Xinjiang, près d'Urumqi, et qui fut satellisée par l'Union soviétique.

"Si l'on en croit la Chine, ironise-t-il, quand Dieu a créé la Terre, le Xinjiang était déjà chinois..." Tout en marchant dans d'étroites ruelles menacées de destruction par un plan de "rénovation" de Kashgar - qui s'apparente de fait à une destruction programmée de la ville -, il continue dans la même veine : "Quand j'étais petit et que je pleurais, mes parents disaient : "Si tu n'es pas sage, les Chinois t'emmèneront avec eux"." Il ajoute, mi-figue mi-raisin : "Demain, je vais partir pour Chengdu (au Sichuan) aller regarder mes courriels. La vie sans internet, quand même, ce n'est pas une vie !"

Bruno Philip

*


Une ethnie menacée

Population. En 2007, la Chine recensait 1,321 milliard d'habitants. Sur la vingtaine de millions d'habitants du Xinjiang, les Ouïgours sont 8 millions.

Colonisation. En 1949, ils représentaient 75 % de la population de la province. Ils ne sont plus que 45 % en raison de la colonisation accrue du pays par les Han.

Répartition. A Urumqi, capitale du Xinjiang, les Han sont majoritaires, mais, à Kasghar, quatrième ville de la région, les Ouïgours sont les plus nombreux.



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Metro lance sa chaîne d'électronique Media Markt en Chine

(AFP) – Il y a 8 heures

BERLIN — Le géant allemand de la distribution Metro va ouvrir cette année son premier grand magasin d'électronique Media Markt en Chine, et veut porter leur nombre à une centaine d'ici à cinq ans, selon un communiqué publié lundi.

Le premier Media Markt chinois va ouvrir ses portes à Shanghai cette année, suivi par d'autres. Les préparatifs pour les premiers magasins, notamment les négociations avec les fournisseurs, sont déjà en cours, précise Metro.

Media Markt est, avec la chaîne Saturn qui vend elle aussi de l'électronique et de l'électroménager, le format le plus profitable de Metro, qui opère également les hypermarchés Cash&Carry, les grands magasins généralistes Kaufhof et les supermarchés Real.

En Allemagne, Media Markt et Saturn sont incontournables, avec une part de marché de plus de 50% sur leur segment. Les deux chaînes s'illustrent par une publicité très offensive et des prix très concurrentiels.

Metro, qui réalise plus de 60% de son chiffre d'affaires hors Allemagne, est déjà présent en Chine depuis 14 ans, avec Cash&Carry.

Pour l'introduction dans le pays de Media Markt, Metro a fondé une société commune avec le groupe d'électronique basé à Taiwan Foxconn Technology Group, dont ce dernier détiend 25%.


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