The Lady AssassinUn wu xia-pian produit par la SB agonisante au début des années 80, et une très belle réussite (comme quoi la SB vers la fin n'avait pas que produit du bis ou des bouses vers la fin). J'avais vu et apprécié le trépidant "Holy Flame of the martial word" du même réalisateur, et ce film est encore meilleur.
"The Lady Assassin" reprend une grande partie du casting de "Holy flame" : Jason Pai Piao, Max Mok, Liu Hsueh-hua et Yeung Jing Jing, ainsi que Yuen Tak aux chorés (et dans un petit rôle).
L'histoire est très fournie et met en scène une dizaine de personnages principaux alors que le film fait à peine 1 h 30 ! Je suis ébahie par le fait que le réalisateur ait pu enchainer tant de scènes à un rythme fou fou fou (on cligne des yeux, on a loupé une scène clé), il ne s'embarrasse pas de psychologie ou laisse le temps au spectateur de souffler ou de digérer les informations, le récit est mené à un rythme de mitraillette, vraiment ! Cela pourrait constituer un point faible pour le néophyte qui ne connaît pas les acteurs, car il risque d'avoir mal au crâne. Mais même si l'historie est menée de façon frénétique, le film n'a rien de clipesque.
L'intrigue : pour résumer, une querelle de palais avec un 4ème frère (Anthony Lau) qui souhaite évincer le 14ème (Max Mok, très pressenti) de la succession du trône de leur père Empereur agonisant. Mok joue le frère cadet gentil, donc un peu neuneu(il a gagné l'épreuve du père concernant l'attention apportée à des... rats domestiques, ce qui a conforté l'empereur qu'il serait le bon choix car il peut s'occuper de ceux qui n'ont pas d'importance), et est protégé par Tsui Siu-keung, qui lui-même est accompagné de 2 sidekicks féminines (Yeung Jing² et une autre). Lau cherche d'abord à s'accorder les faveurs de Tsui, qui joue un perso foncièrement intègre et décline l'offre. Lau cherche donc son équivalent et le trouve en la personne de Jason Pai, et s'allie également les faveurs de Ku Feng (qui joue ici un gentil comme Tsui SK, alors qu'également plutôt habitué aux méchants), un han, en lui promettant que s'il devient Empereur, il fera abolir les lois discriminatoires des mandchous envers les hans. Ku Feng a dans son giron la future "Lady Assassin" du titre en la personne de Liu Hsueh-hua, le Venom aux jambres d'acier et Yuen Tak, qui vont donc s'allier pour voler le décret de l'Empereur concernant son testatmen et sa succession, et le remplacer par un faux. Une fois le forfait accompli, Lau deviendra effectivement empereur, mais comme on s'en doutait, il tourne le dos à ses alliés qui l'ont aidé à monter sur le trône (il faut noter qu'il s'apprétait à honorer sa promesse, mais est bridé par les conseillers, et se rend compte qu'il n'a pas le Pouvoir Absolu - idem quand il nomme Pai à la tête de l'Armée). Ses anciens alliés vont donc se venger.
Raconté comme ça (et encore c'est simplifié), on pourrait croire à un scénario à tiroirs à la Chu Yuan, mais personnellement, je ne m'y suis pas perdue, car il n'y a pas vraiment de coup de théatre qu'on ne voit pas venir. C'est surtout le rythme effréné qui peut faire perdre pieds le spectateur lambda (il n'y a AUCUNE scène inutile).
Ensuite les chorés : c'est vraiment l'un des meilleurs travaux de Yuen Tak, les combats sont nombreux, variés (à mains nues, épée, éventail), la plupart câblés et accélérés (mais la célérité pas aussi exagérée que le "Iron Monkey" de Yuen WP), mais même l'amateur que kf old school pourra apprécier. On sent tout de même que Tak s'est inspiré du travail de Ching Siu-tung sur "The sword" et peut être "Duel to the death" (impression renforcée par la présence de Tsui Siu-keung). La différence fondamentale avec Ching c'est l'absence de lyrisme, Yuen privilégiant le rythme effréné, et les morceaux de bravoure. Et surtout, le final incroyable fait intervenir l'image du ninja, qui décidément influença énormément les grands futurs chorés en ce début des années 80 (Corey Yuen et son "Ninja in the dragon's den", Ching Siu-tung et son "Duel to the death"). Un ninja dans une intrigue de palais chinois ? Ben oui, Lau à la recherche d'un champion pour tuer la bande à Ku Feng et Tsui SK, s'est loué les services d'un ninja. Tout l'arsenal du ninja y passe (la fausse tête, les illusions, etc), il a même une étoile-ninja géante boomerang. Le final s'achève avec une mort du méchant exactement comme celle de "The sword".
Pour finir, on pourrait regretter que le film ne fasse pas une demi-heure de plus, pour développer les thèmes. De plus, certains persos ne réapparaissent plus (Jason Pai ou Johnny Wang, alors qu'ils font partie des principaux, les 2 sidekicks qui ne participent pas au final), ou sont évacués au tour d'une ellipse (Ku Feng, Max Mok). De plus, il y avait potentiellement de quoi donner un plus au film : les relations entre les puissants et leurs alliés n'y sont décrites que sur un modèle "commercial" (untel a une dette financière ou d'honneur envers un autre), opposé à l'idéal de Ku Feng, l'Empereur qui s'apperçoit qu'il n'a pas le Pouvoir Absolu, etc. Ces réserves minimes empèchent le film de boxer dans la même catégorie qu'un "Duel to the death".
Bref, il me reste à voir "The master" du même réalisateur (et sans doute d'autres), film qui a très bonne réputation. C'est vraiment dommage qu'il n'ait parcé que dans les dernières années de la SB, en offrant une poignée de films remarquables.
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