"Marriage is a crazy thing" aka "Crazy Mariage"
de YU HA
Avec : Jeong-Hwa EOM, Woo-Seong GAM, Won-sang PARK, ...
MA NOTE : 8/10

Joon-yeong rencontre la jeune Yeon-hee lors d’un ‘’blind date’’ organisé par son frère fraîchement marié. La rencontre est d’autant plus improbable, que le premier ne pense encore qu’à sa liberté, alors que la seconde cherche avant tout une âme sœur pour se marier au plus vite.
Pourtant ils vont coucher ensemble dès le premier soir et se découvrir une complicité mutuelle ; mais ils seront vite rattrapé par la dure réalité de leurs divergences. Joon-yeong est incapable de s’engager plus loin et Yeon-hee finit par épouser un riche médecin pour réaliser son rêve et assurer ses revenus.
Incapables de mettre un terme à leur relation, la femme ira jusqu’à offrir un appartement à son amant, l’aménageant à son goût et passant le plus clair de ses journées en sa compagnie. Situation qui deviendra très vite pesante pour tous deux…

‘’Marriage is a crazy thing’’ aka ‘’Crazy Marriage’’ est l’adaptation du best-seller de Yi Man-gyo par le réalisateur coréen Yu Ha. Plus connu pour ses poésies post-modernes, il avait déjà assuré la mise en scène en portant à l’écran son principal ouvrage, ‘’On a Windy Day We Must Go to Apgujeong-dong’’. Lors de sa sortie, ‘’Marriage…’’ a été LE succès surprise, attirant plus d’un million de spectateurs dans les salles et devançant même les block-busters ‘’Chihwaseon’’ et ‘’Funny Movie’’. Il faut dire, que l’actrice principale n’est nulle d’autre que Jeong-Hwa EOM (ou Uhm Jung-hwa), surnommée la ‘’Madonna coréenne’’ et qu’elle pouvait compter sur ses nombreux fans.

Pourtant le film n’est pas très facile d’accès et compromet hautement l’image autrement policée de sa protagoniste principale. Elle y interprète un personnage en fin de compte égoïste, qui n’épouse un riche médecin que pour subvenir à ses besoins matériaux, tout en menant une double affaire avec Joon-eong. Il s’agit donc bien moins d’une comédie populaire, qu’un drame véritablement intimiste, dont l’ambiance devient de plus en plus sombre, au fur et à mesure que les protagonistes sont rattrapés par la réalité des choses.
Leur histoire d’amour – pourtant si évidente en apparence – n’est finalement impossible que par leurs principes égoïstes respectifs : il suffirait juste à Joon-yeong de promettre un engagement à plus ou moins court terme pour sceller leur union ; quant à Yeong-hee, elle pourrait renoncer à sa volonté de se marier à tout prix en espérant que les choses viendraient naturellement. Au lieu de cela, d’aucun des deux n’est prêt à courir un certain risque, voire de renoncer à leurs principes. N’abordant la vérité que lors des quelques disputes violentes, ils préfèrent se réfugier dans un semblant de vie de couple libertin, heureux lors des rares moments passés ensemble, souffrant dès qu’ils sont séparés.
Le réalisateur Yu Ha évite tout cliché, tout comme il ne cherche jamais à justifier réellement les motivations de l’un ou de l’autre. Il laisse ses personnages patauger dans la difficile situation créée par eux seuls et parvient à toucher un degré de réalisme rare dans un tel genre.
Les doutes des personnages ne sont jamais clairement expliqués, mais transparaissent à chaque plan ; l’humour n’est pas provoqué par des mises en situation absurdes, mais apparaît au détour d’une réplique. Les scènes de sexe – nombreuses en début du film – sont d’un naturel rarement atteint dans aucun autre film ; simples, réalistes, sans voyeurisme aucun.
La seule chose qui puisse rebuter certains est – en fin de compte – que le simple fait, que le scénario ne soit pas d’avantage formatée, que l’issue n’est pas celle espérée dès le départ ; car la fin est à l’image de tout le film : simple et criant de vérité, faisant une dernière fois appel à notre propre imagination et expérience vécue. Magistral !!!