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> Le Puits (jing) - Rpc - 1987, Critique
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David-Olivier
Ecrit le : Lundi 16 Janvier 2006 20h55
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Dragon



Le Puits (Jing)
1987
couleurs
Chine
100 minutes

De Li Yalin
Avec Pan Hong, Li Zhiyu, Lin Daxin
Adaptation du roman de LU Wenfu

Début de l'histoire :
Xu Lisha (Pan Hong), une jeune diplômée en chimie, devant la difficulté de trouver un emploi dans son secteur, travaille provisoirement dans une usine de fabrication à la chaîne. Très vite démotivée, elle souffre de son impossible concentration pour ce boulot ingrat. Son patron Chu Zhi-yi (Li Zhiyu) la délivre de cet enfer du quotidien en lui proposant de l'épouser. Lisha, qui confond sa gratitude (envers lui) et l'amour (qu'elle n'a pas à son égard), accepte ce mariage précipité (par intérêt) sans songer un instant à ce que lui réserve l'avenir. La belle-mère très attachée aux anciennes valeurs traditionnelles insupporte l'incapacité de Lisha à s'adapter aux taches ménagères et se plaint de milles choses auprès de son fils influençable. La distance grandissante entre les jeunes mariés cède le pas à l'incompréhension mutuelle...

Critique :
Le Puits (un seul idéogramme chinois "Jing" ) gratifie Pan Hong d'un beau rôle taillé sur mesure. Le film fut récompensé du deuxième Prix (médaille d'argent) et Prix d'interprétation féminine au 19ème Festival du Film de Taormina (Italie 1988). Pan Hong est l'une des plus grandes actrices de la Chine continentale, avant même l'émergence de Gong Li (plus connue du public occidental) dans le 7ème art.
La première partie du film laisse augurer un schéma classique du drame familial et véhicule une critique sur l'esprit trop "villageois" de certaines communautés chinoises. Dans ce quartier banlieusard, tous les matins, les voisines vont chercher ensemble de l'eau au puits. La place publique est simplement animée par les rumeurs, les racontars de ces dames de foyer curieuses qui se considèrent comme des "médiatrices" et s'interfèrent jusque dans les affaires conjugales de Lisha. Devant la description d'une telle vie malaisée, effleure notre esprit le terme chinois "Jing" (puits) qui dans ce contexte, s'octroie une connotation péjorative. Les profondeurs obscures du puits que l'on ne voit pas sont inquiétantes (allusion aux secrets pesants et souffrances silencieuses de Lisha). On appréhende une fatalité annoncée pour l'héroïne à la fin du film... Peut-être qu'ici la référence de "Jing" nous hante par rapport à l'épisode tragico-historique de la Concubine Zhen Fei qui se suicida dans le Puit royal sous les yeux de la Reine-mère Cixi ?
(voir ma critique sur Histoire secrète de la Cour de Qing)
Mais avant que l'avancement dramatique ne prenne de l'allure, le film épargne le public d'une telle plongée en enfer (avec Lisha) grâce à une rupture de ton. L'année 1984 s'affiche à l'écran telle une cassure brutale dans le temps. Une décennie passe. On suppose que les relations du couple se sont améliorées.
La deuxième partie du métrage démarre telle une vie nouvelle. L'arrière fond politique : la Chine s'habille d'un autre régime avec un essor économique en pleine expansion. Un pays plus ouvert vers l'Occident.
Lisha est devenue une grande scientifique en chimie, enseigne dans une université de recherche, collabore avec des collègues avant-gardistes et les Occidentaux. Son mari Zhi Yi, chômeur depuis la faillite de son entreprise, se lamente à son domicile. Le clivage de deux mondes se fait sentir. Au fil du temps, Lisha tombe amoureuse de son partenaire professionnel Tong (Lin Daxin) et réciproquement. Les rumeurs d'adultère à leur égard circulent au sein de l'institut scientifique. Le mari vengeur fait un scandale au centre national de recherches (qui fait également office de pensionnat) qu'il accuse de lieu malsain propice à l'adultère... Le directeur menace de licencier Lisha ou d'expatrier Tong (le présumé amant) à l'étranger afin de
remédier à la réputation de son établissement...
Zhi Yi concèdera-t-il au divorce que lui demande sa femme? Lisha supplie de Tong de l'emmener à l'étranger, aura-t-il le courage face aux calomnies qui menacent sa carrière? Quel sera le sort réservé à cette femme moderne victime des valeurs traditionnelles immuables de ce pays?
Le clou de l'oeuvre est à mettre au crédit d'une magnifique séquence (silencieuse) où Pan Hong, piégée par les affres de cette vie constellée d'épreuves invivables, craque en secret et s'immobilise l'air hagard devant le puits. Le visage de l'actrice ne laisse rien transparaître, tel un puit de secrets à l'image de Lisha qui refoule ses émotions, et en même temps il parle de lui-même, voire dégage une émotion communicante au public.
Cette seconde partie du film prend son envol en réflexion sur la société chinoise et en émotion sans jamais se complaire dans le mélodrame lacrymal même si les enjeux
dramatiques sont omniprésents. À découvrir ce film penché sur les difficultés de cette femme à s'émanciper dans la Chine des années 1970-1980.

Christopher Violet, mars 2004


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