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> Serge Daney, 20 Ans Après, quelques films asiatiques au programme
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P'tit Panda
Ecrit le : Lundi 28 Mai 2012 20h01
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Dragon



A l'occasion du 20e anniversaire de sa mort, la Cinémathèque française rend hommage à Serge Daney, en programmant une série de films qu'il avait défendus.

Quelques films asiatiques dans la sélection, dont Boat People de Ann Hui (1982)

du 20 juin au 5 août 2012
http://www.cinematheque.fr/fr/dans-salles/...ns-apr,459.html

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Hommage à Serge Daney

Vingt ans déjà. Cela fait tout juste vingt ans que Serge Daney est mort du sida, le 12 juin 1992. Il n'avait que 48 ans, laissant une véritable œuvre critique, un ensemble touffu de textes sur le cinéma, la télévision, la pub, le tennis, la vie politique. Textes critiques, textes théoriques, textes de journaliste et de voyageur. Serge Daney portait tour à tour chacune de ces casquettes. Le Cinéma d'abord, en premier, et tout ce qui concerne l'espace public, l'espace du visible. Une œuvre au sens plein du mot, et pourtant, éclatée, diverse, atomisée. Et néanmoins cohérente. Écrite dans le feu de l'action, avec le désir d'être synchrone avec un art dont il serait durant toute sa vie le serviteur, sans pour autant en être l'esclave.

Le cinéma comme unique horizon


Un mot convient pour évoquer Serge Daney : souveraineté. S.D. – car c'est ainsi que nous nous appelions, dans notre échange codé, tandis que j'étais pour lui S.T. – avait cette allure et cette aisance d'être dans l'espace du cinéma sans jamais en adopter les tics ou les mauvaises manières, encore moins la vulgarité. C'est ce qui en faisait un personnage singulier, une personnalité unique en son genre. Jeune homme déjà, il écrivit ses premiers textes - à l'âge de 18 ans à peine – le premier sur Rio Bravo, de Howard Hawks. Le cinéma était son unique horizon. Puis il est devenu son viatique, ce à quoi il s'adossait, avec l'âge et l'expérience, pour finir par considérer, dans un regard rétroactif et rétrospectif teinté de mélancolie, sa propre vie de cinéphile (ou ciné-fils) : celle d'un enfant unique, né en 1944 avec le cinéma moderne. 1944 : l'année de Rome, ville ouverte de Roberto Rossellini. Tout est parti de là, et tout se terminera là. Une longue boucle, vécue par S.D., dont il tenait à ce qu'elle se conclue de manière logique avec sa propre mort : naissance et mort du cinéma moderne. « Né en 1944, deux jours avant le débarquement allié, j'avais l'âge de découvrir en même temps mon cinéma et mon histoire. Drôle d'histoire que longtemps je ne crus que partager avec d'autres avant de réaliser – bien tard – que c'était bel et bien la mienne. »*

Serge Daney a grandi dans une cinéphilie ouverte, à la fois populaire et sophistiquée. Populaire, parce qu'il a toujours vécu non loin de la Bastille, entre la rue des Taillandiers où il est né, et la rue Traversière où il est mort, fréquentant avec sa mère les cinémas de quartier. Pour aller de la rue des Taillandiers à la rue Traversière, il fallait nécessairement passer par le passage de la Boule blanche (qui donne sur le 50 de la rue du Faubourg Saint- Antoine), là où les Cahiers du cinéma s'installèrent en 1974, l'année où S.D. en prit la direction. Plus tard, en 1981, Serge Daney quitta ce périmètre intime et familier pour rejoindre Libération, alors installé rue Christiani dans le 18è. Un long voyage, et un changement de rythme : écrire désormais au quotidien, avec ce que cela implique de réactivité, de montée au filet, de textes qui avaient la foudroyance de smashes de tennis. S.D. désormais allait lâcher tous ses coups. Des coups gagnants qui le rendaient heureux. Heureux d'être lu, heureux d'être dans la partie.

Le cinéphile voyageur

Impossible de comprendre Serge Daney sans avoir en tête l'idée de la marche, du voyage et de la (carte de) géographie. Le cinéma a aussi été pour lui un véhicule, plutôt lent (Serge était un infatigable marcheur, et prenait tout son temps), qui lui permit d'arpenter des territoires réels - Inde, Afrique, Japon, Maroc, etc. -, où il allait vérifier certaines idées ou obsessions qui le hantaient. C'est dans ces moments de voyage, la plupart du temps en solitaire, qu'il vérifiait « sur quel fond d'absence au monde la présence aux images du monde serait-t-elle plus tard requise ? » Cinéphilie populaire et sophistiquée, parce que, disait-il, le cinéma, dès sa naissance en 1895, a toujours marché sur ses deux jambes. L'une populaire, qui racontait des histoires au monde entier (l'histoire des têtes couronnées, avec ce que cela implique de déguisements, de jeux et trafics en tous genres), l'autre expérimentale, à partir de dispositifs d'enregistrement du monde réel. Méliès et Lumière, pour simplifier. Tout ce que Serge Daney a écrit est consigné dans des ouvrages, des recueils critiques, tous parus chez P.O.L., l'éditeur qu'il s'était enfin trouvé et qui, en 1991, quelque temps avant sa mort, accepta avec enthousiasme l'idée de publier une nouvelle revue de cinéma : Trafic. S.D. a toujours eu à ses côtés des complices, véritables alter ego, des jeunes qu'il a formés – j'en fus un durant les ingrates années 70 aux Cahiers du cinéma, où nous luttions côte à côte pour quitter le dogmatisme politique et idéologique ; Olivier Séguret en fut un autre sur le versant Libération -, des comparses avec lesquels il noua des liens d'une fidélité exemplaire – je pense à Jean- Claude Biette, disparu il y a neuf ans, très proche de S.D., et d'une certaine manière complémentaire par sa vision poétique du cinéma -, à Sylvie Pierre, Raymond Bellour et Patrice Rollet avec lesquels il fonda Trafic. Parler de S.D. sans dire qui il était, et comment il était, dans l'amitié, serait un manque et une injustice à son égard. Mais la question qui vaut d'être posée, aujourd'hui, au moment où la Cinémathèque française évoque la mémoire de Serge Daney, à travers la programmation de films qu'il a vus et sur lesquels il a écrit, de films qui l'ont vu et qui ont scandé son itinéraire de cinéphile, à travers une journée de rencontres et de discussions, à travers enfin le spectacle réussi et vivant de Nicolas Bouchaud, mis en scène par Éric Didry, La Loi du marcheur (ce sera le 25 juin, dans la salle Henri Langlois), la question disais-je est celle de l'héritage critique, celle de la trace et de la mémoire. Qu'est-ce qui, de l'œuvre de S.D., nous aide aujourd'hui à voir, à mieux voir les enjeux du cinéma, et ceux du monde tel qu'il se présente à nous ? Poser cette question de l'héritage critique, c'est déjà d'une certaine manière y répondre. Il y a urgence à relire S.D.

Serge Toubiana
*« Le travelling de Kapo », in Persévérance, P.O.L., P. 21.

(http://www.cinematheque.fr/fr/dans-salles/hommages-retrospectives/fiche-cycle/serge-daney-20-ans-apr,459.html)


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Boat People
Ann Hui, HK 1982

Jeudi 26 Juillet 2012 - 14h30

"Le journaliste japonais Shiomi Akutagawa revient au Vietnam pour enquêter sur la situation actuelle du pays et la mise en place de Zones Économiques Nouvelles.

« Pourquoi le film est-il si fort ? Parce que c'est justement un récit. Pas de cellulite "prise de conscience", pas de graisse "débat idéologique", pas de temps pour les grands mots : ça va trop vite, ça glisse trop dangereusement, on change de camp avant d'avoir changé d'avis. » (Serge Daney)"




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Contes de la lune vague après la pluie
Kenji Mizoguchi, Japon 1953

Samedi 4 Août 2012 - 20h30

"Au XVIe siècle, au Japon, l'histoire de deux villageois : l'un devient un cruel samouraï, l'autre tombe sous le charme d'un fantôme.

« Point n'est besoin de croire aux fantômes pour ne plus jamais oublier ceux des Contes de la Lune Vague. [...] J'ai donc aimé, sans m'en rendre compte, un gris déjà fantomatique, qui m'ouvrait, non au monde bariolé de la couleur, mais à un univers jamais plus grand que moi. » (Serge Daney)"





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Dodes'Ka-Den
Akira Kurosawa, Japon 1970

Samedi 21 Juillet 2012 - 20h30

"Dans un quartier défavorisé de Tokyo, dans les années 70, un jeune garçon s'échappe du réel pour se construire un monde imaginaire.

« [...] depuis 1970 (depuis Dodes'ka-den, son film le plus beau, son film-suicide), Kurosawa s'est désolidarisé de son temps et a boudé le Japon moderne. » (Serge Daney)"





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Hiroshima mon amour
Alain Resnais, France Japon 1959

Lundi 16 Juillet 2012 - 14h30

"Une comédienne vient participer à un film sur la paix tourné à Hiroshima. Elle y aime un Japonais.

« Les deux films qui m'ont le plus profondément ébranlé lorsque j'ai commencé à me sentir "cinéphile", c'est Hiroshima mon amour et Pickpocket. Je sais que ces films ont changé ma vie et changé aussi le cinéma. » (Serge Daney)"



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其实人在小时候就已经养成看待世俗的眼光,只是你并不自知。(侯孝贤)
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P'tit Panda
Ecrit le : Jeudi 26 Juillet 2012 07h49
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God
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Dragon



La projection de Boat People d'Ann Hui, c'est aujourd'hui à 14h30 !

hiya.gif hiya.gif hiya.gif





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manolo
Ecrit le : Jeudi 26 Juillet 2012 20h12
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Superstar
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Dragon



Une séance dans la continuité du festival Paris Cinéma et un réel plaisir de redécouvrir ce superbe film en 35mm vu la médiocre qualité du DVD HK. thumbup.gif


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folet
Ecrit le : Vendredi 27 Juillet 2012 03h46
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Little brother
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Phoenix



Les Contes de la lune vague
est vraiment magnifiqueq et

Dodes'kaden (Do desu ka den) どですかでん
témoigne bien (une fois encore) de la méticulostié de Akira Kurosawa. Son premier film couleur est bah... somptueux.
Parmi la kyrielle de films à visionner, je crois qu'ils ont bonne place







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P'tit Panda
Ecrit le : Vendredi 27 Juillet 2012 08h33
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God
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Dragon



Un seul regret pour Boat People : découvrir que le film distribué à l'époque en France était en version mandarine et non cantonaise.






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