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P'tit Panda
Ecrit le : Jeudi 05 Janvier 2012 20h46
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Disparition d’Elisabeth Allès, sinologue engagée

03 Janvier 2012 Par Jean-Philippe Béja

s : http://blogs.mediapart.fr/blog/jean-philip...nologue-engagee



Décidément, l’année 2011 n’aura cessé de nous réserver de mauvaises surprises. En emportant de manière fulgurante Elisabeth Allès, la maladie a remporté une victoire rapide contre cette combattante infatigable qui, il y a moins de dix jours, préparait encore les conférences qu’elle s’apprêtait à donner.

Ils ne sont pas nombreux les sinologues qui refusent de s’enfermer dans la tour d’ivoire de la « science » pour s’engager aux côtés des Chinois. Elisabeth était de ceux-là. Spécialiste des musulmans chinois, cette minorité trop souvent ignorée, l’anthropologue qu’elle était n’a cessé de se rendre au Henan, notamment auprès des femmes imam, et a étendu son objet de recherche à tous les musulmans de Chine. En juillet dernier, malgré la maladie qui affectait sa capacité de marcher, elle s’est encore rendue au Xinjiang pour enquêter sur la situation qui avait conduit aux émeutes ouighoures de juillet 2009. Son enthousiasme et sa compétence lui avaient permis de réaliser des entretiens très intéressants sur ces questions. Jusqu’au bout, elle aura parlé pour faire connaître le sort des musulmans de Chine.

Et Elisabeth ne s’en est pas tenue là. Responsable depuis des années de la section de la Ligue des droits de l’Homme de l’EHESS, elle a été à l’avant-garde de la lutte des sans-papiers chinois depuis plus d’une décennie. Un jour que j’ enquêtais à Wenzhou, des paysans de Yongjia m’ont demandé de des nouvelles de cette « Ailishabeite », cette femme extraordinaire qui se battait pour défendre les droits des immigrés en France. Elle leur manquera sans aucun doute, comme elle manquera à tous ses amis nombreux dans la profession. Adieu Elisabeth ! Nous ne t’oublierons pas.


*



Disparition d'Elisabeth Allès, sinologue engagée

par Pierre Haski

s : http://www.rue89.com/2012/01/05/disparitio...-engagee-228087



Elisabeth Allès, sinologue française, spécialiste des Hui, les musulmans chinois, est décédée dans la nuit du 31 décembre au 1er janvier, après un cancer foudroyant. C'était une femme passionnée, engagée, qui, au-delà de son centre d'intérêt professionnel, militait au côté des sans-papiers chinois et au sein de la Ligue des droits de l'homme.

J'ai rencontré Elisabeth Allès au début des années 2000, lorsque j'ai publié « Le journal de Ma Yan », une chronique de la vie d'une fille de paysans pauvres de la province chinoise du Ningxia, issue d'une famille Hui.

Au cours de mes recherches sur le sujet, en vue de la publication d'un livre, j'étais tombé sur la thèse d'Elisabeth Allès, « Musulmans de Chine », une anthropologie des Hui de la province du Henan, publiée en 2000 aux éditions de l'EHESS (Ecole des hautes études en sciences sociales), qui reste la référence absolue en français sur le sujet.

Nous nous sommes rencontrés plusieurs fois, notamment lorsqu'elle vivait à Hong Kong, pour échanger sur cette minorité chinoise peu connue à l'étranger. Nous échangions sur nos expériences respectives au sein de la communauté Hui, moi au Ningxia où je me rendais fréquemment dans le cadre d'une action associative, et elle dans ses recherches de terrain qui la passionnaient, notamment au Yunnan où elle écrivit des textes étonnants sur les femmes imam musulmanes.

De retour à Paris, elle fut la directrice du Centre d'études sur la Chine moderne et contemporaine (CECMC) au sein de l'EHESS, jusqu'à ce que la maladie l'en empêche.

Lui rendant hommage sur le site de l'EHESS, son président, François Weil, écrit :

« Elle était aussi une femme d'engagement et de conviction, qui avait siégé dans plusieurs instances de l'Ecole et militait à la Ligue des droits de l'Homme, dont elle avait animé la section de l'Ecole et où elle avait été membre du Bureau national. »

Les hommages sont également venus de Jean-Philippe Béja, sinologue du CERI-Sciences Po, qui écrit sur Médiapart :

« Ils ne sont pas nombreux les sinologues qui refusent de s'enfermer dans la tour d'ivoire de la “ science ” pour s'engager aux côtés des Chinois. Elisabeth était de ceux-là ».

Sur le site de la Ligue des droits de l'homme aussi, un bel hommage lui est rendu :

« Elle a participé activement en 2008 aux mobilisations autour des Jeux olympiques en Chine. Membre active du groupe “ Chine ”, elle apportait sa collaboration dans la langue originale au travail d'information pour le bulletin mensuel et aux actions de soutien aux militants chinois.

Logiquement, elle avait fait du combat pour les “ sans-papiers ”, un fil rouge de ses préoccupations. A ce titre, elle partageait l'engagement de toutes les militantes et de tous les militants de la LDH pour une défense et une amélioration concrète de tous les droits partout et pour tous.

Nous garderons d'Elisabeth le souvenir de son intelligence, de son sourire, et de sa tendresse envers les femmes et les hommes de tous les mondes. »

Je m'associe sans réserve à ces hommages sincères à cette femme qu'on n'oubliera pas.


***


http://cecmc.ehess.fr/document.php?id=116

http://cecmc.hypotheses.org/



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P'tit Panda
Ecrit le : Vendredi 06 Janvier 2012 00h43
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Pékin dénonce les "forces hostiles" de l'Occident qui menacent sa culture

Le Monde| 05.01.12 | 17h14 • Mis à jour le 05.01.12 | 17h15


Aux premiers jours de 2012, année de transition importante pour le pouvoir chinois, à la tête du pays comme à celle du Parti communiste, le régime vient d'adresser à sa population et au monde extérieur un signe fort démontrant sa crainte de toute agitation sociale et sa volonté de tenir à distance l'influence occidentale.

Dans le numéro de janvier de la revue théorique du Parti communiste chinois (PCC) Qiu Shi ("rechercher la vérité"), Hu Jintao, le président chinois, se montre très offensif, mettant en garde contre l'"occidentalisation" de la Chine dans le domaine culturel. Ce texte de Hu est extrait d'un discours prononcé, à huis clos, en octobre 2011, lors du dernier plénum du 17e congrès, mais son contenu n'avait jamais été rendu public à ce jour.

Si la deuxième puissance économique mondiale a retrouvé son rang sur la scène géopolitique, elle n'a pas gagné la bataille des idées et du "soft power", regrette M. Hu : "La puissance culturelle de notre pays et son influence ne correspondent pas encore à sa place internationale."

Une influence à la hauteur de ses ambitions - grâce aux centres Confucius et aux médias officiels au rayonnement mondial, comme la chaîne de télévision CCTV et l'agence de presse Chine nouvelle - permettrait enfin au géant asiatique de s'affirmer comme une puissance à l'égal des Etats-Unis. Pékin entend atteindre son objectif de "renaissance culturelle". La Chine revendique l'héritage de cinq mille ans de civilisation, entre confucianisme et marxisme-léninisme.

"La culture occidentale est forte sur le plan international, tandis que nous sommes faibles", insiste le président chinois. "Nous devons reconnaître, prévient-il, que les forces hostiles internationales intensifient leur complot stratégique pour occidentaliser et diviser la Chine, les domaines culturel et idéologique sont leur point principal d'infiltration à long terme."

Cependant, il ne précise pas dans ce texte comment lutter efficacement contre les films et chanteurs américains alors que les artistes chinois sont soumis à la censure. "Nous devons bien comprendre la gravité et la complexité de la lutte idéologique, être sur nos gardes, rester vigilants et prendre les mesures nécessaires pour prévenir et répondre", poursuit le numéro un chinois, qui prône, pour ce faire, de renforcer le contrôle de l'Internet.

Répression renforcée

L'explosion des microblogs dans un pays qui compte 485 millions d'internautes a permis une circulation de l'information et une libération de la parole, malgré la censure. En décembre, les photos et témoignages sur la révolte des villageois de Wukan, dans le sud du pays, contre leurs dirigeants locaux corrompus avaient abondamment circulé sur les différents weibo, versions sinisées de Twitter. En réaction, plusieurs villes, dont Pékin, ont exigé des sites Internet que les usagers s'enregistrent sous leur vrai nom, même s'ils peuvent utiliser ensuite un pseudonyme.

La date de la publication des propos de Hu Jintao ne doit donc rien au hasard. Elle intervient au tout début d'une période sensible au cours de laquelle le parti redoute toute remise en cause de son hégémonie politique. M. Hu abandonnera son poste de secrétaire général du parti à l'automne - lors du 18e congrès, au profit de son successeur désigné Xi Jinping -, puis celui de président de la République populaire en 2013.

Pour Philippe Béja, chercheur au Centre d'études et de recherches internationales (CERI) de Sciences Po, "cette publication donne assurément le la pour l'année qui vient, celle de la succession" :"Le régime veut tenir en main la culture, l'Internet, il ne faut pas que cela bouge, ils sont très inquiets."

En 2011, le pouvoir a déjà renforcé la répression contre les opposants après une série d'appels à des "rassemblements du jasmin", inspirés du "printemps arabe". En décembre, deux dissidents, anciens du mouvement démocratique de Tiananmen, Chen Wei et Chen Xi, ont été condamnés à neuf et dix ans de prison pour "incitation à la subversion de l'Etat".

Pour autant, toutes les figures du Web chinois tiennent à relativiser l'idée d'une Chine sur le point de basculer. Le blogueur vedette Han Han, originaire de Shanghaï, symbole de la jeunesse urbaine privilégiée et volontiers critique envers les dirigeants, a publié, fin décembre, trois textes dans lesquels il estime que la Chine n'est pas prête pour une révolution, à l'instar de la Libye ou de l'Egypte.

François Bougon
Article paru dans l'édition du 06.01.12


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Ecrit le : Vendredi 06 Janvier 2012 00h54
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Des villes chinoises relèvent le salaire minimum


LEMONDE.FR avec AFP | 05.01.12 | 12h14


Confrontées au manque de main d'œuvre ou aux troubles sociaux qui touchent certaines régions chinoises, plusieurs métropoles ont décidé de relever le salaire minimum.

A Shenzhen, grande métropole du Sud frontalière de Hongkong, le salaire minimal sera relevé de près de 14 % à 1 500 yuans (185 euros) à compter du mois de février, selon un communiqué du gouvernement local. A Pékin, il a progressé de presque 9 % à compter du 1er janvier pour atteindre 1 260 yuans par mois (155 euros), tandis que dans la province intérieure du Sichuan (Sud-Ouest), les hausses de salaire atteignent au moins 23 %, selon l'agence Chine nouvelle.

MANQUE DE MAIN D'ŒUVRE

"La politique du gouvernement reflète des changements au niveau du marché [de l'emploi]", a déclaré à l'AFP Stephen Green, économiste pour la Chine de la Standard Chartered Bank à Hongkong. "Le marché de l'emploi en Chine a connu un changement énorme dans les trois à cinq dernières années. Le manque de main d'œuvre est devenu monnaie courante", selon M. Green.

A Shenzhen, où le salaire minimum est le plus élevé de tout le pays, le secteur manufacturier est régulièrement confronté à une pénurie de main d'œuvre après la période des fêtes du Nouvel An lunaire (qui tombe le 23 janvier cette année), car beaucoup d'ouvriers rentrés à cette occasion dans leur région d'origine ne reviennent pas.

Zeng Xiangjin, gérant d'une société textile à Shenzhen, déclare perdre jusqu'à 30 % de son personnel après les fêtes, ajoutant qu'il doit augmenter les salaires pour retenir ceux qui reviennent. "Les ouvriers partent pour toutes sortes de raisons, dont de meilleurs salaires offerts dans d'autres villes. Cette année, je vais sûrement proposer des hausses de salaire de 10 %, voire plus", a expliqué M. Zeng.

GRÈVES

En novembre, la province méridionale du Guangdong, qui englobe Shenzhen, a connu plusieurs grèves contre des salaires trop bas ou des diminutions de revenus liés à la mauvaise conjoncture économique mondiale.

L'inflation, qui a culminé à 6,5 % en rythme annuel en juillet avant de redescendre à 4,2 % en novembre, a également rogné le pouvoir d'achat des salariés.

Mercredi, quelque 2 000 métallurgistes ont cessé le travail à Chengdu, la capitale du Sichuan, pour protester contre des salaires trop faibles, selon l'organisation China Labor Watch, sise aux Etats-Unis.


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Ecrit le : Vendredi 06 Janvier 2012 00h57
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Rome en émoi après la mort d'un commerçant chinois et de sa fille

LEMONDE.FR avec AFP | 05.01.12 | 09h29 • Mis à jour le 05.01.12 | 09h29


Un commerçant chinois et sa fille âgée de six mois ont été tués, mercredi 4 janvier, dans le quartier de Pigneto, à Rome, par deux jeunes gens armés qui leur ont tiré dessus après avoir tenté de leur extorquer de l'argent, selon la presse italienne.

Le Chinois, propriétaire d'un bar dans le quartier, rentrait à pied chez lui avec son épouse et leur fille lorsque deux jeunes gens qui circulaient en scooter se sont approchés d'eux pour leur demander de l'argent. Lorsqu'ils ont refusé, les agresseurs ont ouvert le feu, rapporte le journal La Repubblica.

L'homme, atteint par une balle à la poitrine, est mort sur le coup, tandis que sa fille, qu'il tenait dans ses bras, a succombé des suites d'une blessure par balle à la tête, selon le site internet du quotidien Il Corriere della Sera.

Son épouse, qui transportait la recette du jour dans son sac à main, a été blessée au thorax. La police a ouvert une enquête sur cette attaque, dont le nombre a augmenté au cours des derniers mois à Rome.


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Ecrit le : Vendredi 06 Janvier 2012 01h05
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Un couple de pandas géants chinois attendu le 15 janvier dans le Loir-et-Cher

(AFP) – Il y a 1 jour


TOURS — Le couple de pandas géants prêtés par la Chine à la France pendant dix ans arrivera au zoo de Beauval (Loir-et-Cher) le 15 janvier mais ne sera pas visible par le public avant le 11 février, a annoncé le parc mercredi dans un communiqué.
Yuan Zi et Huan Huan, la femelle, nés en 2008, arriveront le dimanche 15 à l'aéroport de Roissy à bord d'un vol spécialement affrété. Les pandas géants se trouvent actuellement dans la Base de recherche pour la reproduction des pandas à Chengdu (sud-ouest de la Chine).
Le couple sera accueilli par plusieurs dignitaires dont l'ambassadeur de Chine en France avant d'être transporté par des camions spéciaux vers le zoo du Loir-et-Cher, distant d'environ 250 km, escortés par la gendarmerie. Ils devraient arriver dans le courant de l'après-midi à Beauval, où ils seront débarqués en toute discrétion, loin des caméras, dans les deux enclos qui leurs sont réservés.
Le grand public ne pourra toutefois voir les pandas qu'à partir du 11 février. "Il faut qu'ils s'adaptent à leur nouvel environnement, qu'ils se remettent de leur voyage, il y a le décalage horaire, on préfère qu'ils puissent s'adapter au mieux", a expliqué le directeur du Zooparc Rodolphe Delord, joint par l'AFP.
Un soigneur et un vétérinaire chinois spécialement venus de Chine veilleront à leur acclimatation pendant deux ans. La "zone chinoise", au coeur de laquelle le complexe des pandas est situé, sera fermée jusqu'au 11 février.
Yuan Zi et Huan Huan seront les premiers représentants de cette espèce menacée accueillis en France depuis la mort en 2000 au zoo de Vincennes de Yen Yen, le dernier survivant des deux pandas offerts à la France de Georges Pompidou par Pékin au début des années 70.
En Europe, seuls Madrid, Vienne, Berlin, et bientôt Edimbourg, hébergent actuellement des pandas, selon le directeur du zoo du Beauval.
Le ZooParc de Beauval situé près de Saint-Aignan (Loir-et-Cher), qui attire 600.000 visiteurs par an, espère en recevoir au moins 100.000 supplémentaires grâce au couple d'ursidés.

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Ecrit le : Dimanche 08 Janvier 2012 15h33
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"Le modèle chinois ébranle les certitudes américaines"

LE MONDE CULTURE ET IDEES | 07.01.12 | 17h08 • Mis à jour le 08.01.12 | 09h15



Installé depuis 2005 à New York, Ian Buruma est devenu l'un des intellectuels les plus en vue aux Etats-Unis. Il collabore à la New York Review of Books, au New York Times et au New Yorker. Polyglotte (néerlandais, anglais, allemand, chinois, japonais et français, quoi qu'il en dise), il a été l'éditeur des pages culturelles de la Far Eastern Economic Review, à Hongkong, et de The Spectator, à Londres. Aujourd'hui professeur de démocratie, droits de l'homme et journalisme à l'université Bard - "façon de dire que j'enseigne ce que je veux, c'est le charme du système universitaire américain", dit-il en riant -, il est un auteur polyvalent et prolifique. Nous avons interrogé cet intellectuel à focale large, prix Erasmus 2008, sur sa spécialité initiale : la Chine et l'Extrême-Orient.

Votre itinéraire vous place au carrefour de l'Asie, de l'Europe et de l'Amérique. En quoi cela influence-t-il votre regard sur le monde ?

Mon père est néerlandais, ma mère anglaise d'origine juive allemande. L'Asie puis l'Amérique se sont ajoutées un peu par hasard. Très jeune, étudiant en langue et littérature chinoises, j'étais un cinéphile. Un jour, j'ai vu à Paris Domicile conjugal (1970), de François Truffaut. Le personnage d'Antoine Doinel y tombe amoureux de la Japonaise... et moi aussi ! A l'époque, aller en Chine était impossible. Je me suis donc tourné vers le Japon, où j'ai étudié le cinéma et participé à la troupe de danse Dairakudakan. L'Amérique est venue à moi tardivement, quand on m'a proposé d'y enseigner. Je me sens toujours plus européen qu'américain. Un Européen marié à une Japonaise et parfaitement chez lui à New York, la ville de la mixité.

Vous êtes progressiste et un produit typique du multiculturalisme. Pourquoi dénoncez-vous la "courte vue" des progressistes sur l'islam ?

Je ne suis pas "progressiste". C'est ce pays tellement conservateur que sont les Etats-Unis qui m'a beaucoup poussé à gauche ! Je l'étais moins en Europe et en Asie. Je n'ai jamais admis les complaisances de gens de gauche pour toutes sortes de potentats sous le prétexte d'accepter les différences. Et je suis opposé à l'idéologie du multiculturalisme. Lorsque le terme décrit une réalité, il me convient. Sur le plan factuel, je suis multiculturel. Mais l'idée que les gens doivent impérativement préserver toutes leurs racines est absurde. Dans le cas célèbre d'un crime d'honneur commis en Allemagne, où le juge avait estimé que le criminel avait des circonstances atténuantes en raison de sa culture d'origine, je considère qu'il a tort.

Il y a des choses plus importantes que la culture. Je n'admets pas l'argument culturel pour justifier l'excision. En même temps, je suis plus tolérant que la loi française pour l'affichage des symboles religieux. Qu'une policière ou une enseignante soit interdite de porter le niqab dans ses fonctions, oui. Une personne dans la rue, non. Ce type d'interdiction n'est qu'une façon de dissuader des gens impopulaires d'adhérer à une religion impopulaire.

La peur des Japonais était très forte il y a vingt-cinq ans aux Etats-Unis. Comment expliquez-vous qu'un même phénomène soit aujourd'hui dirigé contre la Chine ?

Les deux phénomènes ne sont pas similaires. Ce qui faisait peur aux Américains il y a une génération, c'était la visibilité des Japonais : Mitsubishi rachetait le Rockefeller Center, Toyota déboulait, etc. Leurs marques étaient très visibles. De plus, dans l'histoire américaine, les Japonais sont suspects. Aujourd'hui, les Américains se disent que, si les Chinois parviennent à la puissance qu'avaient les Japonais, ils seront bien plus dangereux. Mais, sur le fond, la menace nipponne avait été grandement exagérée et la menace chinoise l'est tout autant. D'abord, l'absence de liberté intellectuelle en Chine reste un obstacle très important pour son développement. Ensuite, l'intérêt des deux parties à préserver des liens l'emportera sur les forces poussant au conflit.

Quelle est la part de réalité et de fantasme dans cette tension montante ?

Par fantasmes, vous entendez peur. Elle est fondée : la montée en puissance de la Chine ne pourra que réduire le pouvoir et l'influence américaine dans le monde. Après 1945, les Etats-Unis sont devenus le gendarme de l'Asie. Ce n'est plus le cas. Des peurs populistes sont également fondées sur des motifs socio-économiques. Mais je ne pense pas qu'elles atteignent le niveau des peurs antinippones de la fin des années 1980. Et les craintes de l'influence économique chinoise sont surtout concentrées dans les Etats de la vieille économie, où l'industrie lourde est en déclin.

Un sondage de l'Institut Pew a montré que les Américains croient que la Chine est devenue la première puissance économique mondiale. Or elle reste loin des Etats-Unis. C'est un fantasme typique...

C'est une combinaison d'ignorance et de peurs, exploitées par des chroniqueurs de radios dans le but de blâmer Barack Obama. Mais je le répète : le déclin des Etats-Unis est un fait, comme la montée en puissance économique de l'Asie. Ce déclin génère un choc, dont il ne faut pas s'alarmer inconsidérément. Au début du XXe siècle, l'invention du personnage de Fu Manchu (sorte de génie du Mal incarnant le "péril jaune") avait provoqué un arrêt de l'immigration sino-nipponne en Amérique qui avait même eu un impact en Europe. A suivi la menace communiste, qui était, pour les Etats-Unis, loin d'être aussi réelle qu'on l'a présentée. Mais même la CIA y a sincèrement cru.

Les Etats-Unis sont un pays qui vit sous la peur constante de puissances extérieures qui menaceraient de faire disparaître son espace sécurisé. Ce pays a bâti et a été bâti par une société d'immigrés mais, dans le même temps, il pourchasse ces immigrés pour se protéger. Comme la France, du reste. Et, comme les Français, les Américains s'estiment porteurs d'une mission civilisatrice universelle. Or le "modèle chinois" ébranle leurs certitudes.

Est-ce parce que les Américains fondent leur économie sur l'idée que la liberté est le meilleur garant du succès, alors que les Chinois ont une croissance très supérieure avec un régime dictatorial ?

C'est exactement ça. Ce mélange chinois réussi de capitalisme et d'Etat fort est plus qu'une remise en cause, il est perçu comme une menace. Je ne vois pourtant pas monter une atmosphère très hostile à la Chine dans l'opinion. Depuis un siècle, les Américains ont toujours été plus prochinois que pronippons. Les missions chrétiennes ont toujours eu plus de succès en Chine qu'au Japon. Pour la droite fondamentaliste, ça compte. Et, dans les années 1980, des députés ont détruit des Toyota devant le Capitole ! On en reste loin.

Et le regard des Chinois sur les Etats-Unis, comment évolue-t-il ?

Tout dépend de quels Chinois on parle, mais, pour résumer, c'est attirance-répulsion. Surtout parmi les classes éduquées qui rêvent d'envoyer leurs enfants dans les universités américaines et en même temps peuvent être emplies de ressentiment à l'égard d'une Amérique qu'elles perçoivent comme hostile, pour beaucoup à cause de la propagande de leur gouvernement. Du communisme comme justificatif du pouvoir il ne reste rien. Le nouveau dogme est un nationalisme fondé sur l'exacerbation d'un sentiment victimaire vis-à-vis du Japon et des Etats-Unis. En Chine, à Singapour, en Corée du Sud, on constate une forte ambivalence typique de certaines élites, par ailleurs fortement occidentalisées, pour qui le XXIe siècle sera asiatique. Dans les années 1960, au Japon, a émergé une nouvelle droite ultranationaliste, dont les représentants les plus virulents étaient professeurs de littérature allemande ou française. Ils voulaient se sentir acceptés, légitimes en termes occidentaux, et se sentaient rejetés. C'est ce que ressentent aujourd'hui les nationalistes chinois.

En 2010, vous avez écrit que la Chine est restée identique sur un aspect essentiel : elle est menée par une conception religieuse de la politique. Serait-elle politiquement soumise à l'influence du confucianisme, comme l'espace musulman le serait par le Coran ?

Dans le cas chinois, il ne s'agit pas que de confucianisme ; le maoïsme était identique. Il n'y a aucune raison pour que les musulmans ne puissent accéder à la démocratie tout en préservant leur religion. La Turquie, l'Indonésie l'ont fait. La Chine le pourrait tout autant. Des sociétés de culture sinisante comme Taïwan ou la Corée du Sud ont montré qu'un changement est possible. L'obstacle à surmonter, en Chine, est que le confucianisme rejette la légitimité du conflit. L'harmonie est caractérisée par un ordre social ou règne l'unanimité. Donc la plus petite remise en cause apparaît instantanément menaçante.

Qu'est-ce qui pourrait déclencher un processus démocratique en Chine ?

Le plus grand obstacle est l'alliance entre les élites urbaines et le Parti communiste. Les deux ont peur de l'énorme masse paysanne ignorante. Ces élites ont une telle histoire récente de violence et une telle peur d'un retour du chaos qu'elles préfèrent un ordre qui leur assure la croissance, au risque d'avancer vers la démocratie. Pour le pouvoir, la grande faiblesse de ce système est que, le jour où l'économie cesse de croître et que l'enrichissement des élites urbaines s'arrête, l'édifice s'écroule. Dans ce cas, tout pourrait advenir, d'une alliance entre démocrates, ressortissants des nouvelles élites, et une fraction du parti, jusqu'à un coup d'Etat militaire.

Propos recueillis par Sylvain Cypel
Article paru dans l'édition du 07.01.12


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Nouvelles immolations par le feu en région tibétaine

LEMONDE.FR avec AFP et Reuters | 06.01.12 | 21h18

Des Tibétains montrent des affiches sur les immolations qui se poursuivent en région tibétaine, en octobre 2011 à Taipei.AFP/SAM YEH
Deux Tibétains se sont sacrifiés par le feu vendredi 6 janvier, près du monastère de Kirti dans la sous-préfecture d'Aba – une région peuplée de Tibétains dans le Sichuan, au sud-ouest de la Chine – haut lieu de résistance contre Pékin, selon des organisations de défense des droits de l'homme au Tibet.

Ces immolations portent à quatorze le nombre de sacrifices par le feu en moins de un an dans la région tibétaine. La plupart ont eu lieu dans la région du monastère de Kirti, théâtre de violences depuis qu'un jeune moine s'y est donné la mort par le feu en mars 2011, ont rappelé les organisations Free Tibet et Campagne internationale pour le Tibet (CIT).

APPEL AU RETOUR DU DALAÏ-LAMA

Selon Free Tibet, basé à Londres, des témoins ont vu un homme – apparemment un laïc – se mettre le feu près du monastère en appelant au retour d'exil du dalaï-lama, le chef spirituel des bouddhistes tibétains. Des membres des forces de sécurité chinoises ont éteint les flammes et ont emmené l'homme, dont on ignore donc l'état de santé.

Toujours selon les témoins cités par Free Tibet, une autre personne s'est donné la mort par le feu à proximité, à peu près à la même heure. Une porte-parole de CIT, Kate Saunders, a confirmé à l'AFP qu'au moins une personne s'est immolée par le feu dans la région d'Aba, sans confirmer le second cas. Ni l'hôpital, ni les autorités locales, ni le monastère de Kirti n'ont voulu commenter les informations des ONG.


"LA SITUATION DÉSESPÉRÉE DU TIBET"

"Il faut s'attendre à ce que de tels actes de protestation continuent à se produire aussi longtemps que les dirigeants dans le monde détourneront le regard de la situation désespérée au Tibet", a prédit dans un communiqué la responsable de Free Tibet, Stephanie Brigden.

Depuis le suicide par le feu en mars d'un jeune bonze du monastère de Kirti, dix moines et nonnes bouddhistes, la plupart âgés d'une vingtaine d'années, ont suivi son exemple. Au moins sept sont morts. Le monastère de Kirti, difficilement accessible à la presse et assiégé par l'armée après ces immolations, est devenu "une prison virtuelle" pour ses occupants, a affirmé son responsable, Kirti Rinpoché, en exil à Dharamsala (Inde).

Selon les ONG, les récents suicides publics des moines illustrent le désespoir face à la répression religieuse et culturelle menée par Pékin dans les régions tibétaines. En novembre, la secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, s'était dite "alarmée" par les immolations de Tibétains. Pékin affirme de son côté que la liberté religieuse est assurée.

>> Lire le décryptage "Le 'cercle vicieux' de quinze ans de répression armée au Tibet"


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Dragon



China Telecom se lance sur le marché britannique
LEMONDE.FR | 04.01.12 | 15h57 • Mis à jour le 04.01.12 | 15h57


L'opérateur China Telecom a signé, mercredi 4 janvier, un partenariat avec Everything Everywhere, la coentreprise regroupant les activités mobiles de France Télécom et Deutsche Telekom au Royaume-Uni, pour se lancer sur le marché britannique du mobile. "C'est la première fois qu'un opérateur de télécoms chinois lance des services en tant qu'opérateur mobile virtuel [MVNO, soit sans réseau propre] en-dehors de la Chine", souligne un communiqué.

Avec cette initiative, China Telecom entend créer "une route de la soie de l'information" et profiter de la manne du "roaming", c'est-à-dire de l'utilisation de l'appareil mobile en dehors de son territoire d'origine. De fait, l'offre conçue par China Telecom cible la communauté chinoise présente au Royaume-Uni, ainsi que "les visiteurs du pays comme les étudiants et les touristes", qui souhaitent rester en contact avec la Chine. L'opérateur entend également profiter des Jeux olympiques, qui se dérouleront du 27 juillet au 12 août à Londres.

MANNE DU "ROAMING"

China Telecom est l'opérateur historique de télécommunications en Chine. Il est le premier opérateur de téléphonie fixe et, avec près de 110 millions d'abonnés, le troisième pour le mobile. "China Telecom dispose depuis 2006 d’une infrastructure en Europe solidement reliée à l’Asie par différentes routes passant soit par le Kazakhstan ou par Dubaï… Il a annoncé sa volonté de grossir par croissance externe", analyse Sébastien Crozier, directeur de la stratégie et de l'innovation chez France Télécom-Orange, sur son blog.

En octobre, Orange avait signé avec China Telecom un accord-cadre de partenariat stratégique destiné à améliorer les services proposés à leurs entreprises clientes dans leurs régions respectives. "Il est certain qu’une offre de MVNO de China Telecom ne peut être que le prélude à des acquisitions ciblées qui feront de China Telecom un acteur majeur de télécoms européens de demain", estime M. Crozier.

Mais cet accord au Royaume-Uni montre aussi que le marché interne chinois de la téléphonie mobile est de plus en plus concurrentiel. Au mois de mai, China United, deuxième opérateur en Chine, avait déjà considérablement réduit les frais de "roaming".

La bataille entre les opérateurs chinois pourrait d'ailleurs se jouer aussi au-delà de l'Europe. China Telecom s'est déjà positionné dans d'autres pays, comme le Canada, le Vietnam et l'Indonésie. En novembre, Bloomberg rapportait que China Telecom pouvait également lancer une offre mobile sur le territoire américain.

Le Monde.fr, avec AFP


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Ecrit le : Dimanche 08 Janvier 2012 16h33
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Un nouveau scandale laitier touche la Chine : « La honte de la nation »


s : http://www.rue89.com/2012/01/01/un-nouveau...a-nation-227979


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Ecrit le : Vendredi 13 Janvier 2012 11h12
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Les deux pandas arriveront dimanche au zoo de Beauval


Le zoo de Beauval s'apprête à accueillir un couple de pandas géants en provenance directe de Chine. Huan Huan et Yuan Zi arriveront dimanche à Roissy après un vol sans escale à bord du "FedEx Panda Express", un avion à leur effigie.

C'est un week-end de festivités que s'apprête à vivre le zoo de Beauval dans le Loir-et-Cher. Dimanche, arriveront en effet deux nouveaux pensionnaires très attendus : Huan Huan et Yuan Zi, le couple de pandas géants empruntés à la Chine dans le cadre d'un programme de protection de l'espèce aujourd'hui menacée. Les deux animaux seront accueillis en grande pompe à Roissy après un vol direct entre l'aéroport de Chengdu en Chine et la France. Ils voyageront à bord du FexEx Panda Express, un Boeing 777F (le plus grand avion cargo au monde) spécialement affrété par la société FedEx et qui sera décoré à leur effigie.

"L’arrivée de Huan Huan et Yuan Zi constitue un événement historique pour le ZooParc de Beauval, et témoigne de notre excellente collaboration avec la Chine ainsi que de notre implication de longue date dans la protection des espèces menacées. Nous en rêvions depuis longtemps. Cela fait cinq ans que nous attendions ce moment, depuis le jour où le zoo a décidé de se lancer dans cette grande épopée afin de faire venir les pandas géants en France", explique Françoise Delord, Fondatrice et Présidente du ZooParc de Beauval. Un enthousiasme dont avait déjà fait preuve Rodolphe Delord, le directeur général du zoo que Maxisciences avait interrogé en décembre dernier.

Une fois que les pandas auront atterri, ils seront notamment accueillis par l'ambassadeur de Chine en France qui leur souhaitera la bienvenue. Le couple sera ensuite amené au zoo de Beauval à l'aide d'un convoi exceptionnel de camions escorté par la gendarmerie. Les animaux considérés comme des "trésors nationaux" en Chine découvriront alors les espaces que le personnel du zoo leur a concoctés au sein de la nouvelle partie consacrée à l'Empire du milieu.

Les pandas visibles dès le 11 février

"Notre équipe dévouée a travaillé sans relâche à l’aménagement d’un enclos de première classe pour accueillir les nouveaux arrivants. Les visiteurs du zoo auront ainsi l’occasion unique d’admirer ces animaux extraordinaires", ajoute Françoise Delord dans un communiqué. Toutefois, le public devra attendre avant d'admirer les pandas chinois. L'équipe du zoo tient en effet à ce que le mâle et la femelle âgés de 3 ans s'acclimatent tranquillement à leur nouvel environnement avant d'être officiellement présentés au public. Ils ne seront donc visibles qu'à partir du 11 février 2012.

Pour en savoir plus, rendez-vous sur le site du zoo de Beauval.
http://www.zoobeauval.com/



Info rédaction, publiée le 13 janvier 2012

s : http://www.maxisciences.com/panda-g%E9ant/...l_art20571.html




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Ecrit le : Samedi 14 Janvier 2012 09h17
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Le Courrier international


Hebdo n° 1106 du 12 janv. 2012

A quoi rêvent les jeunes Chinois ?

• La génération des années 1990, celle de l’enfant unique, choyée et abreuvée de patriotisme et de croissance, débarque.
• Dans les mégalopoles comme dans les villes moyennes, ces enfants de la Chine conquérante, connectés au web, vivent pour la plupart sans illusions.
• Parmi eux, des millions de diplômés rencontrent des difficultés pour décrocher un emploi : une poudrière politique, estime un éditorialiste.


http://www.courrierinternational.com/magaz...-jeunes-chinois





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Ecrit le : Samedi 14 Janvier 2012 16h41
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Chine Plus

Paru le : jeudi 8 décembre 2011



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Ecrit le : Samedi 14 Janvier 2012 23h36
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Taïwan: le président sortant, pro-Pékin, réélu

De Benjamin YEH (AFP) – Il y a 4 heures


TAIPEI — Le président taïwanais Ma Ying-jeou, artisan du rapprochement avec la Chine, a été réélu samedi pour un mandat de quatre ans face au chef de l'opposition, Tsai Ing-wen, tenante d'une politique ferme et indépendante vis-à-vis de Pékin.
Ma Ying-jeou a obtenu 51,6% des voix et largement devancé son adversaire qui a recueilli 45,6% des suffrages, selon le résultat officiel final diffusé par la Commission électorale.
"Nous avons gagné", a clamé Ma devant ses partisans, réunis dans son quartier général de campagne dans le centre de Taipei, peu avant la proclamation officielle des résultats.
"Ce n'est pas une victoire personnelle, c'est la victoire des Taïwanais et la victoire de la voie de l'intégrité, de la prospérité et de la paix", a-t-il déclaré.
Tsai Ing-wen a concédé sa défaite peu après. "Nous voulons exprimer nos plus profonds regrets à nos partisans pour notre défaite", a déclaré Mme Tsai, du Parti progressif démocrate (PPD).
"Nous acceptons la décision des Taïwanais et félicitons le président Ma", a-t-elle ajouté devant ses partisans réunis près de Taipei.
Ma Ying-jeou, un juriste de 61 ans formé aux Etats-Unis, défend des relations apaisées avec la Chine, premier partenaire commercial de Taïwan. Il a promis la continuité samedi soir.
Les Etats-Unis ont félicité le président taïwanais pour sa réélection et lui ont apporté leur appui à la poursuite du rapprochement entre Taipei et Pékin.
"La paix, la stabilité et l'amélioration des relations entre les deux rives du détroit (de Formose), dans un environnement débarrassé de toute intimidation, revêtent une grande importance pour les Etats-Unis", a souligné la Maison Blanche dans un communiqué.
De son côté, la chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, a salué la victoire de Ma Ying-jeou, émettant également le souhait que la politique de rapprochement avec Pékin serait poursuivie lors de son prochain mandat pour, a-t-elle dit, "le bénéfice des peuples des deux côtés du détroit".
La stratégie visant à l'amélioration constante des relations avec Pékin, prônée par Ma Ying-jeou, est vivement critiquée par le PPD qui dénonce les écarts sociaux croissants dans un pays parmi les plus égalitaires d'Asie.
Le Kuomintang (KTM) estime au contraire que l'accès au marché chinois a permis de créer des dizaines de milliers d'emplois et d'assurer à l'archipel une croissance proche de celle de son puissant voisin.
Ma Ying-jeou avait signé en 2010 un accord-cadre de coopération économique entre les deux territoires prévoyant notamment des tarifs douaniers avantageux pour les produits taïwanais.
"J'ai voté pour Ma parce que je fais du commerce avec la Chine où je me rends fréquemment. Sa reconduction serait une bonne chose pour moi et pour mon business", déclarait au sortir de l'isoloir une femme d'affaires, Ane Wei, résumant le sentiment général des milieux économiques à Taïwan.
Après avoir bondi de près de 11% en 2010, l'économie de l'ancienne Formose n'a cependant progressé que de 3,4% au troisième trimestre 2011. Un ralentissement lié à la morosité de l'économie mondiale, dont dépend fortement l'économie de Taïwan, tournée vers l'exportation.
Taïwan (république de Chine) et la Chine (république populaire de Chine) sont séparées depuis la fin de la guerre civile chinoise de 1949. Taïwan est indépendante depuis, mais Pékin la considère comme une île rebelle, n'excluant pas la force pour la voir revenir dans son giron.
Or les relations bilatérales n'ont jamais été aussi bonnes, en plus de 60 ans, que depuis l'arrivée de Ma à la présidence, selon les observateurs qui estiment que cette dynamique aurait marqué le pas en cas de victoire de Tsai.
Pékin s'était montré extrêmement prudent et avare de commentaires pendant la campagne, de crainte de favoriser la candidate du PPD.
Les électeurs ont parallèlement voté pour le renouvellement des 113 députés du parlement qui restera dominé par le KMT, celui-ci ayant obtenu 64 des 113 sièges de l'assemblée.

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Ecrit le : Samedi 14 Janvier 2012 23h41
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A Taïwan, bilan mitigé de l'ouverture à la Chine

Le Monde| 14.01.12 | 14h43 • Mis à jour le 14.01.12 | 14h43


La promesse du "6.3.3" du président taïwanais, Ma Ying-jeou, pendant sa campagne victorieuse de 2008, lui aura coûté cher en popularité. Elle pourrait provoquer sa défaite à l'élection de samedi 14 janvier.

Ma Ying-jeou avait promis 6 % de croissance, 3 % de chômage et 30 000 dollars de produit national brut (PNB) par habitant. Aucune des trois promesses n'a été tenue. "Ni celle de couper son salaire", ironise un partisan du Parti démocrate progressiste d'opposition (PDP), indépendantiste.

Le chômage est monté à 6,5 % en 2009 et reste à 4 %, taux élevé pour Taïwan. Depuis l'exceptionnelle croissance à deux chiffres de 2010, l'économie nationale ralentit et sa progression serait de l'ordre de 4 % en 2012. Les salaires n'ont pas augmenté depuis des années.

TROIS "LIENS DIRECTS"

En revanche, la promesse de rapprocher les deux rives du détroit, Taïwan et la Chine continentale, a été tant et si bien tenue qu'une partie des Taïwanais commence à s'en inquiéter. D'autant que cette ouverture à la Chine n'a pas eu l'effet miracle annoncé.

Dès décembre 2008, trois "liens directs" ont permis aux hommes, aux marchandises et au courrier de circuler directement entre les deux pays sans devoir passer par une zone neutre intermédiaire, comme Hongkong, Macao ou le Japon.

Cette mesure a facilité les échanges et en a diminué le coût. Il n'y avait pas un seul vol direct, avant 2008, entre l'île et le continent. Il y en a désormais 558 par semaine, desservant quarante et une villes chinoises. La Chine absorbe à présent 40 % des exportations taïwanaises et reçoit 80 % des investissements taïwanais à l'étranger.

"Nos hommes d'affaires dépensent beaucoup d'argent pour construire un nouveau port, qui liera Taïwan à Fujian et Zhejiang. C'est notre argent et notre technologie qui servent à développer la Chine", commente le Pr. Jian-Jong guo, du Taiwan Thinktank favorable au PDP, indépendantiste. "Nos entreprises qui partent en Chine pour y trouver de la main-d'oeuvre et des terrains bon marché importent des composants haut de gamme de Taïwan", affirme-t-on au ministère de l'économie.

Parmi les quinze plus importantes entreprises chinoises exportatrices, sept sont taïwanaises. On évalue à 2 millions le nombre de Taïwanais résidant en Chine, à 200 milliards de dollars leurs investissements sur le continent chinois et à 25 millions le nombre de Chinois employés par des entreprises taïwanaises en Chine.

Seize accords techniques bilatéraux ont été passés entre les deux rives du détroit. La pièce maîtresse du mandat du Kouomintang 2008-2012 fut l'ECFA, un accord-cadre de libre-échange avec la Chine, signé en juin 2010.

La première étape, intitulée "Moisson précoce", couvre 16 % du commerce bilatéral. La façon dont se fait la sélection des produits exemptés de taxe d'importation en Chine n'a échappé à personne : Chine et Kouomintang ont visé quelques bastions ruraux des indépendantistes taïwanais, espérant ainsi les séduire.

Les pêcheurs de poisson lait, très prisé des palais chinois, ont vu des commandes mirobolantes arriver. Et quand, il y a quelques mois, le sud de Taïwan a connu une surproduction de bananes et d'ananas, la Chine les a rachetés.

"Les producteurs de thé de Nantou (centre) et une vendeuse d'oeufs de cent ans à qui j'ai moi-même parlé vous diront que cet accord leur a été très bénéfique ", a déclaré Ma Ying-jeou à la presse étrangère, jeudi 12 janvier à Taipei.

Mais, selon la chercheuse en économie Andrea Yang, "une étude a montré que les Taïwanais ne confondaient pas affaires et politique." Depuis l'entrée en vigueur de l'ECFA, au 1er janvier 2011, les échanges avec la Chine n'ont crû que de 2 %. Sur la même période, ils ont augmenté de 3 % avec les pays de l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (Asean).

Les grands patrons taïwanais de Chine ont fait allégeance à Ma Ying-jeou. Alors que l'opposition indépendantiste a fait campagne sur l'égalité et la justice, et que près de 40 % de la population active gagne moins de 1 000 dollars par mois, ce soutien a plutôt eu un effet négatif sur les Taïwanais "d'en bas", qui aspirent à une économie recentrée sur Taïwan.

Florence de Changy
Article paru dans l'édition du 15.01.12


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Ecrit le : Samedi 14 Janvier 2012 23h44
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“L’unification n’a pas de marché électoral à Taïwan”

Le Monde.fr | 14.01.12 | 11h29 • Mis à jour le 14.01.12 | 14h13

Les Taïwanais votaient samedi 14 janvier lors d'une élection présidentielle opposant le chef de l'Etat sortant, Ma Ying-jeou, à la chef du parti d'opposition, Tsai Ing-wen. Stéphane Corcuff, chercheur en géopolitique des relations Chine Taïwan au CEFC Taipei (Centre d'études français sur la Chine contemporaine) et à l'Institut d'Asie orientale de Lyon explique qu'à Taïwan, "la ligne de division n'est pas vraiment entre un camp pro-unification et un camp pro-indépendance".

Comment s'articulent, lors des présidentielles et des législatives du 14 janvier à Taïwan, les approches différentes des relations avec la Chine au sein des deux camps rivaux, les bleus (autour du Kouomintang, KMT), et les verts (autour du Parti démocrate progressiste, PDP) ?

La ligne de division n'est pas vraiment entre un camp pro-unification et un camp pro-indépendance. La plupart des électeurs qui s'associent au camp bleu (autour du KMT) sont en réalité contre l'indépendance, ce qui n'est pas équivalent à dire qu'ils sont pour l'unification. Et quand ils votent Ma Ying-jeou (candidat KMT à sa réélection), ce n'est pas un vote en faveur de l'unification : ce concept n'a pas de marché électoral à Taïwan. En réalité, il y a un continuum entre les différentes administrations, de Lee Teng-hui (KMT mais Taïwanais de souche 1991-2000) à Ma Ying-jeou (KMT 2008-2012) en passant par Chen Shui-bian (PDP 2000-2008). Et on constate par exemple que, lors d'un sondage réalisé en novembre 2011, 88,2% des personnes sondées sont en faveur du statu quo dans ses différentes variations.

Cet axe de consensus au centre sur le statu quo n'empêche pas qu'on se trouve en présence de directions ultimes distinctes. Dans un cas, l'horizon est effectivement celui de l'unification ou d'une forme d'unification, même si cela n'est pas dit clairement. Dans l'autre, on aspire in fine au changement de nom du régime de République de Chine en, par exemple, République de Taïwan. Dans le court terme, ce qui distingue les camps en présence, c'est l'attitude face à tout ce qui touche à la souveraineté : le KMT fait le pari qu'en avançant vite avec la Chine, même au risque de petites entorses, on parviendra à sortir de l”impasse.

Le PDP est évidemment d'accord pour avoir de meilleures relations avec la Chine. Et, par exemple, il n'est pas contre l'ECFA (Economic Cooperation Framework Agreement), l'accord de démantèlement tarifaire entre Chine et Taïwan signé en 2010. Mais la position dominante, c'est que toutes les négociations avec la Chine doivent être passées au crible de ce qu'elles entraînent comme conséquences pour la souveraineté.

Taïwan a énormément progressé dans ses relations avec la Chine sous Lee Teng-hui et Chen Shui-bian, pourtant considérés comme " indépendantistes " : c'est lors de leurs mandats qu'on commence à encadrer juridiquement les relations économiques. Le PDP a apporté ce souci d'accompagnement juridique. Et dire par exemple qu'il a fait obstruction aux liens avec la Chine est erroné. Sous Ma Ying-jeou, le KMT est toutefois allé plus loin dans l'ouverture : cette attitude reflète le pari du camp bleu, qui est de dire: "Mettons de côté la question épineuse de la souveraineté, ce n'est pas si grave que ça, après tout, on fait partie de la même nation. Et la Chine elle-même est en train de changer ".

C'est à ce stade que rentrent de nouveau en jeu les divergences in fine idéologiques : si les bleus sont plus sereins face au rapprochement avec la Chine, c'est qu'ils évoluent dans un contexte idéologique d'attachement au continent. Or, cette idée est inacceptable pour les verts, elle leur est étrangère. Le nom de la République de Chine (ROC), et son drapeau, sont souvent un sujet conflictuel entre les deux camps. On a pu voir dans un clip de la campagne de Ma, un jeune homme qui " sauve " un drapeau de la ROC que des hommes en vert ont jeté à terre. D'un autre côté, les étudiants pro-PDP avaient manifesté en 2008, lors de la venue à Taïwan du négociateur en chef chinois sur les affaires de Taïwan, lorsqu'il est apparu qu'il était interdit de brandir le drapeau de la ROC dans certaines zones.

Que suggère ce paradoxe ? On entend souvent des membres du KMT ou des électeurs bleus reprocher au camp vert son manque d'attachement aux symboles de la ROC (République de Chine), comme le drapeau. Ce manque d'attachement a une rationalité historique : les Taïwanais de souche qui s'identifient au camp vert n'aiment pas la ROC, ils estiment que c'est un régime colonial, qui a conquis et écrasé Taïwan depuis 1945. Malgré le double mandat de Chen Shui-bian à la tête du pays, il faut rappeler que le camp bleu n'a jamais perdu la majorité au parlement. Le grand paradoxe, et ce que le KMT a du mal à comprendre, c'est que le camp vert a désormais objectivement toutes les raisons de soutenir les symboles de la ROC. Parce que c'est la seule réalité souveraine et indépendante qui existe à ce jour, le seul outil à opposer à l'irrédentisme chinois, c'est-à-dire la volonté de la Chine d'annexer Taïwan. On a commencé à le voir sous Lee Teng-hui, le président KMT, Taïwanais de souche, qui était très opposé aux visées chinoises sur Taïwan.
Ensuite, Chen Shui-bian, explicitement indépendantiste, a bien été obligé de faire des compromis, puisqu'il était élu président de la ROC. Le camp vert, depuis qu'il a connu le pouvoir, a donc mis de l'eau dans son vin et pris conscience de la réalité de la souveraineté que conféraient à Taïwan les symboles existants de la ROC.

Or, lors du mandat Ma Ying-jeou, on a vu, de manière surprenante, le KMT prendre des libertés avec la souveraineté du régime. Ce qui a poussé les verts à se rassembler derrière le drapeau de la ROC - alors que le KMT continue de les accuser de ne pas y prêter assez allégeance...

Quel rôle joue dans le paysage politique les clivages entre les descendants " continentaux " venus avec Tchang Kaï-chek et les " Taïwanais de souche ", issus des vagues précédentes d'immigration en provenance de Chine (essentiellement du Fujian) et des populations aborigènes ?

L'opposition entre le camp bleu (KMT) et le camp vert (PDP) n'est pas l'exact reflet des lignes ethniques. Les " continentaux " et leurs descendants représentent environ 12% de la population. Or, si on considère que 80% d'entre eux votent pour le camp bleu, l'inverse n'est pas vrai : les Taïwanais de souche votent soit pour le KMT, soit pour le PDP. L'attachement des continentaux au vote KMT s'explique par un héritage complexe, de traumatisme (de la guerre et de l'exil), mais aussi d'identification à une classe dominante, à l'usage du mandarin, à la culture de la "grande Chine". Ce découplage explique en tout cas que le KMT survive, électoralement, à Taïwan.

Comment se définissent les continentaux trois générations après le repli des troupes de Tchang Kai-chek à Taïwan ?

Les waishengren (continentaux) sont arrivés à Taïwan entre 1945 et 1955, entre la rétrocession de la Chine au régime de Tchang Kaï-chek et la dernière évacuation des positions continentales du KMT. Ensuite, il y a aura d'autres flux en provenance de Hongkong (c'est là qu'est né Ma Ying-jeou par exemple), Birmanie, etc. Le nombre réel de personnes qui ont quitté le continent est difficile à estimer, mais ne dépasse sans doute pas 1,2 million. La première génération de continentaux est née sur le continent, elle n'a plus une très grande influence dans les cercles politiques. C'est une population traumatisée et déplacée. Il n'y a pas que des dignitaires du régime : vous avez par exemple tous les soldats qui auront l'interdiction de se marier pendant 10 ans. Cette génération est dans l'ignorance de ce qu'est Taïwan.

La seconde génération est arrivée en bas âge à Taïwan ou est née ici, donc sa maturation politique a eu lieu sous la dictature, à une époque où l'idée est de reconquérir le continent. C'est une génération élevée au petit lait du regret, on y sent beaucoup de frustration et une volonté de domination.
Cela peut aller très loin dans le mépris pour la culture taïwanaise, d'autant plus que l'élite culturelle et intellectuelle taïwanaise a été en partie décapitée par la " terreur blanche " sous Tchang Kaï-chek. En outre, ces politiciens arrivés au faîte de leur carrière quand Lee Teng-hui est au pouvoir, coup d'envoi de la démocratisation, seront horrifiés par la défaite du KMT aux présidentielles de 2000. Il n'est toujours pas légitime à leurs yeux qu'un Taïwanais dirige Taïwan.

La troisième génération de continentaux, née à Taiwan, n'a pas connu la loi martiale. Les jeunes, donc, s'identifient comme Taïwanais, mais ne considèrent toutefois pas Taïwan comme une nation. Ils considèrent Taïwan comme leur " terre natale " mais ont toujours l'idée de la grande Chine.
Ils votent quasiment systématiquement pour le camp bleu. En apparence, les jeunes apparaissent dépolitisés, parce qu'ils rechignent à conceptualiser l'idée d'une nation taïwanaise, un sujet qui leur semble sensible, controversé.

Propos recueillis pa Brice Pedroletti


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La relation avec la Chine domine les débats de la présidentielle taïwanaise

Le Monde | 13.01.12 | 17h51 • Mis à jour le 14.01.12 | 11h28


Le passé et l'avenir de Taïwan, son économie de plus en plus intégrée à celle de la Chine continentale et l'espace ambigu qu'elle occupe dans une communauté internationale qui reconnaît l'île sans le dire, font de la gestion de la question chinoise un élément central pour celui ou celle des trois candidats en lice qui remportera le scrutin présidentiel, samedi 14 janvier. Le statu quo dans lequel évolue la République de Chine (nom officiel de Taïwan), depuis son exclusion de l'ONU en 1971, s'est maintenu - il n'existe pas d'accord de paix entre Pékin et Taïpeh - tout en se redessinant : d'abord avec la démocratisation du régime du Kouomintang (KMT) dans les années 1990, qui a favorisé l'émergence d'une force politique déconnectée du projet de "Grande Chine" des héritiers de Tchang Kaï-chek ; puis avec l'ouverture économique de la République populaire par le biais d'investissements... taïwanais ; et enfin, avec la formidable montée en puissance, militaire et économique, de la Chine, propre à relativiser la protection américaine dont bénéficie Taïwan et l'attrait d'un Occident en pleine débâcle financière.

Après quatre élections au suffrage universel à Taïwan depuis 1996, Pékin est visiblement moins inquiet que par le passé : "Avec le développement de la démocratie, la rationalité progresse et les extrémismes déclinent à Taïwan", juge, dans un éditorial daté du 13 janvier, le quotidien Global Times, un signe d'apaisement envers Tsai Ing-wen, la candidate du Parti démocrate progressiste (PDP), principale formation de l'opposition, qui contraste avec la rhétorique beaucoup plus agressive employée par le passé. Tout en relativisant, pour la Chine, la question taïwanaise, "dépassée par d'autres considérations stratégiques", le Global Times se veut confiant dans les atouts chinois, à savoir un PIB "des dizaines de fois supérieur à Taïwan".

Elu en 2008 sous l'étiquette KMT, le président sortant et candidat à sa réélection, Ma Ying-jeou, défend le bilan de son premier mandat, axé sur un rapprochement économique accéléré avec la Chine : "J'ai été extrêmement prudent à chaque pas", a-t-il déclaré jeudi 12 janvier. Les accords bilatéraux, dont un accord-cadre de démantèlement tarifaire, ainsi que le rétablissement des "liensdirects" avec la Chine (aérien, postal et maritime), ont certainement accru la "contribution chinoise" à la croissance record de Taïwan en 2010 (10,8 %). Ils ont été facilités par les discussions menées depuis 2005 entre les deux frères ennemis, KMT et Parti communiste chinois (PCC), au lendemain de la réélection du président pro-indépendance Chen Shui-bian (PDP) en 2004, perçue alors comme un traumatisme par les nationalistes et les communistes de part et d'autre du détroit.

Or le PDP, qui fait valoir que nombre des accords passés ont été préparés sous la présidence de M. Chen, dénonce une fuite en avant : "Nous ne sommes pas contre l'idée d'un engagement vis-à-vis de la Chine", a expliqué Hsiao Bi-khim, porte-parole de la candidate PDP. Mais "nous critiquons la manière dont les bénéfices de cette croissance se concentrent dans un nombre réduit de groupes d'intérêts ou de milieux d'affaires".

"Consensus au centre"

Issu du mouvement d'opposition à la dictature du KMT, le PDP se veut le porte-drapeau des petites gens, à l'opposé des grands groupes industriels taïwanais délocalisés en Chine et des taishang, entrepreneurs ou cadres taïwanais expatriés en République populaire, soutiens traditionnels du KMT. Pékin a d'ailleurs eu recours à des "moyens nouveaux, plus sophistiqués" d'intervention, selon Mme Hsiao, pour "favoriser le KMT" : en organisant des délégations d'acheteurs à Taïwan, ou en aidant le retour des électeurs résidant sur le continent.

Malgré ces différences, le KMT et le PDP partagent "le même consensus au centre", celui du respect de la souveraineté de Taïwan et le maintien du statu quo, explique Stéphane Corcuff, chercheur au Centre d'études français sur la Chine contemporaine et basé à Taïpeh. "Ce qui les distingue, c'est l'attitude face à tout ce qui touche à la souveraineté : le KMT fait le pari qu'en avançant avec la Chine, même au risque de petites entorses, on débloquera l'impasse. Le PDP appelle, lui, à mieux encadrer juridiquement les négociations et à passer au crible tout ce qu'elles entraînent comme conséquences pour la souveraineté." Pour M. Corcuff, "l'angoisse" du PDP face à l'approfondissement des relations Chine-Taïwan a pour pendant "le contexte idéologique d'attachement à la Chine dans lequel évolue le KMT".

Brice Pedroletti
Article paru dans l'édition du 14.01.12


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D'une Chine à l'autre

Le Monde | 13.01.12 | 14h33


A l'aéroport de Pékin, on embarque pour Taipei dans le hall des "vols internationaux, Hongkong, Macao, Taïwan". Adieu le smog et la neige, le vent des steppes, les intérieurs surchauffés. Bonjour la pluie, l'air conditionné en hiver, 15 ° dehors comme dedans. Trajet Pékin-Taipei : trois heures dix. De la République populaire de Chine à la République de Chine, il fallait, avant 2008, une journée entière via Hongkong. Depuis l'instauration des liaisons directes cette année-là, haut fait de l'administration du président Ma Ying-jeou, alors tout juste élu, près de cinq cents vols relient désormais, chaque semaine, des dizaines de villes de part et d'autre du détroit de Formose.

Et trois millions de touristes chinois ont pu, en trois ans et demi, découvrir l'autre Chine - en groupe, essentiellement. Les voyages en solo ne sont autorisés que depuis l'été 2011 - et pour une minorité de fortunés. L'accueil des visiteurs chinois à Taïwan est un secteur d'avenir : de trente à quarante millions de Chinois du continent visitent désormais Hongkong chaque année. Les Taïwanais, eux, voyagent librement en Chine depuis plus de deux décennies, et entre un et deux millions d'entre eux y sont installés.

Le vol CA 189 d'Air China est loin d'être plein : en période électorale à Taïwan, les passagers sont essentiellement des Taïwanais qui rentrent voter pour le double scrutin du 14 janvier (présidentielle et législatives). Un savant système de quota a réduit le nombre de groupes de touristes chinois la semaine précédant le suffrage. Il fallait tout faire pour que les Taïwanais de Chine qui désirent mettre leur bulletin dans l'urne puissent trouver des billets disponibles. Un coup de pouce de Pékin à son "poulain", le président Ma : une majorité de Taishang - les Taïwanais habitant en Chine - seraient des supporteurs du Kouomintang (KMT), le parti au pouvoir.

A Taipei, les voyageurs chinois trouvent souvent à la "province renégate" des attraits insoupçonnés. Au tout début, les groupes de touristes devaient participer à des réunions d'information avant de partir, où on leur expliquait ce qu'ils devaient éviter de faire - parler fort, cracher, répondre aux sollicitations de membres du Falun Gong (le mouvement interdit par Pékin) postés à proximité des étapes obligées du circuit touristique des ressortissants de RPC, comme le Musée national ou la Tour 101. Désormais, "c'est moins strict", dit une jeune accompagnatrice de groupe, une Pékinoise, qui s'est prise d'affection pour la deuxième Chine.

Au mémorial de Tchang Kaï-chek, quatre jeunes gens de Xi'an filment avec leurs iPhone le changement de la garde. Ils représentent la crème de la crème, le fer de lance de la Chine pop mondialisée : venus dans le cadre d'un voyage organisé par Novartis Chine pour ses vendeurs, ils ont à peine 30 ans et logent au Grand Hyatt... Leurs impressions ? "Qu'est-ce que les gens sont polis !" Gao Dong est, lui, épaté par le sens du service : "Même quand on n'achète pas, on ne se fait pas houspiller. On vous sourit." Et pour le reste, Taïwan ? "On fait attention aux gens, ici. A l'humain. Et puis les élections, ça crée de la concurrence, ça pousse à servir le peuple", poursuit le jeune cadre, en référence à la devise de Mao Zedong qui orne les bâtiments publics en Chine - et dont les internautes dénoncent régulièrement la vacuité au pays du parti unique.

Les touristes chinois, quand on leur pose la question, avancent, sans une hésitation, qu'ils voteraient Ma Ying-jeou à la présidentielle du 14 janvier : au moins lui ne veut pas "séparer Taïwan de la Chine". Et il appartient au KMT - un parti cousin, quand bien même il fut l'ennemi juré du PCC. Quant à Tsai Ing-wen, la candidate du parti d'opposition, assimilée au camp de l'indépendance, ils savent d'instinct qu'elle pourrait bien finir couverte d'injures dans la presse officielle chinoise, comme le dalaï-lama.

La démocratie taïwanaise et les élections attisent la curiosité des plus engagés de la République populaire. Certains d'entre eux font le voyage jusqu'à l'ancienne Formose, comme Bei Feng, célèbre blogueur de Canton, exilé à Hongkong depuis la vague de répression de février 2011. Arrivé il y a quelques jours à Taipei avec une petite équipe, il tweete à tout-va ses impressions, excité comme une puce.

Chen Sile, une étudiante de Nankin, a, elle, trouvé le moyen de décrocher un stage à l'Apple Daily de Taïwan, un quotidien très lu, célèbre pour son impertinence. A son arrivée, elle s'intéresse au mouvement Occupy Taipei et rencontre de jeunes "indignés" locaux. Grâce à leur aide, elle se retrouve ensuite en immersion dans un groupe de soutien de la campagne de Tsai Ing-wen. Elle décrira alors, dans de longs reportages sur son blog, la mécanique de la campagne, le dévouement des bénévoles, et le professionnalisme de la candidate à la présidentielle. Rien, dit-elle, qui ressemble au "chaos" auquel la presse chinoise fait référence chaque fois qu'elle parle de la démocratie à Taïwan.

Invitée à visiter le mémorial de Chen Nan-jung, un éditeur indépendant qui s'est immolé par le feu en 1989 à Taipei, sous la dictature du Kouomintang, pour défendre la liberté d'expression, Chen Sile n'a pu se retenir d'éclater en sanglots. Autour d'elle, les autres étudiants taïwanais lui semblaient peu concernés. "Pour vous, a-t-elle écrit sur son blog, la persécution politique fait partie d'une époque révolue. Pour moi, non, je vis dedans. J'ai des amis qui se font frapper, d'autres qu'on menace."

Ses billets ont fait mouche... parmi les étudiants Taïwanais, qui se les échangent sur Facebook. Pour une fois, ce sont eux qui se sont sentis dépassés par cette étrange visiteuse de l'autre Chine.

brice@gol.com

Brice Pedroletti
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Megalopolis

No 6

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Dossier. La communauté chinoise dans le Grand Paris. Un entrepreneur à succès, des marchands de tabac, une famille de sans papiers…


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Les cahiers de L'Express

No 10, jan 2012

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Huan Huan, le win-win et nous

Le Monde| 17.01.12 | 14h26


Lorsque Joyeuse, alias Huan Huan, a tourné le dos pour offrir son postérieur aux caméras de son nouveau pays, la France, on a senti comme un mauvais présage. La porte du Panda Express, l'avion de la compagnie FedEx qui transportait le couple de pandas chinois, venait de s'ouvrir. Sur le tarmac de l'aéroport Charles-de-Gaulle, dimanche 15 janvier, outre les médias, pas moins d'un ministre et d'un ambassadeur battaient la semelle pour les accueillir.

Le ministre, certes, était celui de la ville, Maurice Leroy, et l'on ne comprit que plus tard que c'est sa qualité de président du conseil général de Loir-et-Cher, où se trouve le zoo de Beauval, qui lui avait valu de passer le dimanche en si bonne compagnie. Quant à l'ambassadeur de Chine en France, Kong Quan, il est si dévoué à l'amélioration des relations franco-chinoises que sa présence paraissait naturelle. N'a-t-il pas assuré, emporté par l'émotion, que les deux pandas allaient très vite apprendre le français, qu'il parle lui-même à la perfection ?

A Chengdu, capitale du pandaland, d'où Huan Huan et son compagnon Yuan Zi (Rondouillard) avaient décollé, la France avait dépêché son consul général, Emmanuel Rousseau, pour les saluer à l'aéroport. Ce qui ne veut pas dire que notre ambassadeur en Chine, Sylvie Bermann, sous-estime le poids des pandas : elle avait dûment participé, le 4 décembre 2011 à Pékin, à la signature de l'accord portant sur le prêt des deux animaux à la France, aboutissement de huit ans d'efforts diplomatiques, sur lesquels la presse fut soigneusement briefée.

C'est qu'en ces temps de perte du triple A, il ne s'agit pas de badiner avec les pandas, et encore moins avec les investissements chinois. La Chine, rappelons-le, n'est pas seulement le pays qui abrite la plus grande réserve de pandas - c'est ancien -, elle est aussi celui qui dispose des plus importantes réserves de change - c'est plus récent. Même si le montant de ces réserves vient de diminuer de 0,6 % sous l'effet de la baisse de la demande occidentale affectée par la crise, il s'élève toujours à quelque 3 180 milliards de dollars. Ces milliards doivent trouver à se placer, et pas seulement en bons du Trésor américain. De plus en plus, l'Europe intéresse le capitalisme chinois comme terre d'investissement.

A l'automne 2011, au moment où se bouclait l'épineux dossier de Chengdu, et alors que la France, économiquement fragilisée par la tempête de l'euro, accueillait à Cannes le président Hu Jintao et ses autres partenaires du G20, la fièvre s'était de nouveau emparée des Européens : la Chine, riche de ses milliards, allait-elle sauver l'Europe ? Ou, selon le point de vue duquel on se place, la Chine allait-elle dévorer l'Europe ? Depuis, le débat public s'est recentré sur la dette, l'euro et la situation économique interne des pays de l'Union européenne. Mais les termes de l'équation chinoise en Europe restent les mêmes.

D'abord, l'Europe, même dans l'état où elle se trouve, intéresse la Chine, sans doute même plus que les Etats-Unis. Son marché de 500 millions de consommateurs, son avance technologique, son savoir-faire et sa tradition industrielle sont, pour l'empire du Milieu toujours avide de croissance, des atouts considérables. Observateur aguerri de la politique économique chinoise, Arthur Kroeber, directeur de l'institut d'études Dragonomics à Pékin, en est convaincu : "L'Europe, dit-il, est la première cible de la Chine."

Comme ils l'ont fait jusqu'ici, les Chinois agiront, dans ce domaine, en suivant leur propre intérêt. Et leur intérêt, de plus en plus, n'est pas tant de racheter de la dette européenne que d'acquérir du solide, du concret, du tangible : en d'autres termes, des entreprises. "Des actifs réels", comme dit Arthur Kroeber. Ils n'en font pas mystère. Dès 2012, a averti le ministre chinois du commerce, Chen Deming, Pékin enverra une délégation d'investisseurs chinois pour "acquérir des entreprises européennes".

A Pékin, où les banquiers d'affaires français s'activent, de plus en plus nombreux, pour préparer l'arrivée des investisseurs chinois en France, on déplore volontiers la "schizophrénie" des Européens à cet égard. Les banquiers, eux, sont pragmatiques - c'est leur métier. Mais la classe politique et l'opinion publique restent méfiantes.

La récente tendance des dirigeants chinois à faire la leçon aux incorrigibles Européens, qui, comme l'a expliqué le président du fonds souverain chinois CIC, Jin Liqun, dans une interview désormais célèbre à Al-Jazira, "se traînent sur la plage à 65 ans" au lieu de travailler, n'aide pas forcément. "Chaque fois qu'un responsable européen vient en Chine, note un de ces responsables, il se fait remonter les bretelles par ses interlocuteurs chinois, qui lui font la morale et lui demandent comment son pays va protéger leurs investissements. Le ton a radicalement changé." Pour un pays habitué à tout diriger d'en haut, les problèmes de gouvernance européenne sont simplement incompréhensibles, et source d'un certain agacement.

Un Français, très pragmatique lui aussi, a réussi à gagner la confiance des Chinois et pense avoir tiré son épingle du jeu par un coup majeur, ourdi de longue date. Gérard Mestrallet, PDG de GDF Suez, a présidé en 2011 au plus gros investissement chinois jamais réalisé en Europe. Le CIC (China Investment Corporation) a décidé de consacrer 3 milliards d'euros à l'acquisition de 30 % du pôle d'exploitation-production du groupe énergétique français.

Ce type de partenariat, qui permet aussi à GDF Suez d'accélérer son développement en Asie, est considéré comme "win-win" (gagnant-gagnant) dans les milieux d'affaires. Comment, politiquement, gère-t-on ce genre de prise de participation chinoise dans un secteur stratégique européen ? En choisissant le 8 août 2011 pour l'annoncer, lorsque les Français sont, précisément, "à la plage". Calme plat sur le front médiatique, absence de vagues garantie.

Au zoo de Beauval, tout va bien. Le mouvement d'humeur de Huan Huan n'est plus qu'un mauvais souvenir. On parle même d'une visite prochaine du président Nicolas Sarkozy.

kauffmann@lemonde.fr

Sylvie Kauffmann (L'air du monde)
Article paru dans l'édition du 18.01.12


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