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> Revue De Presse Sur La Chine 2006-2009, articles intéressants
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P'tit Panda
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Un topic pour les articles de presse sur la Chine, le monde chinois...

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P'tit Panda
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Dragon



L'Express du 09/02/2006
Mao
Le culte n'est pas mort

de notre envoyé spécial Marc Epstein

Trente ans après sa disparition, le Grand Timonier fait l'objet, en Chine, d'une vénération ambiguë. A l'heure du capitalisme triomphant, le régime entretient l'image du père de la nation. Mais il maintient un tabou sur son héritage et ses crimes

Au-delà des frontières de la Chine, la nouvelle est passée inaperçue: il s'est produit un miracle, le 20 décembre 1993, à Shaoshan, le village natal de Mao Zedong. Ce jour-là, le président Jiang Zemin, alors au pouvoir, inaugure en grande pompe une statue en bronze du fondateur de la République populaire, haute de 6 mètres. La météo est épouvantable, comme il se doit dans la province du Hunan: en hiver, sous ces latitudes, la neige fondue et la pluie tombent en alternance. Ce matin-là, cependant, alors que le camarade Jiang ôtait la bâche de la figure de Mao, selon le récit des guides touristiques, un rayon de soleil perça entre les nuages. Il y a mieux: la lune, au même moment, brilla d'une lumière intense.

© JSI




«La religion, disait Marx, c'est l'opium du peuple.» Mais cette idée ne semble guère effrayer le Parti communiste chinois, bien au contraire. A Shaoshan, un véritable culte de Mao a pris corps, au point que la cité rappelle parfois l'ambiance de Lourdes, dans le sud de la France, autour de la grotte où Bernadette Soubirous aurait aperçu la Vierge Marie. Chaque jour, des touristes sont acheminés par milliers, en autocar, le long d'une autoroute toute neuve. Sur place, des haut-parleurs accueillent les visiteurs sur fond de musique martiale. Dans les échoppes, le long des rues, les marchands proposent DVD et cassettes vidéo des discours de Mao, ainsi que des timbres, tapisseries, carrés de soie, briquets, théières avec tasses assorties, porte-clefs, pièces de monnaie, stylos, crayons à papier, tee-shirts et bustes à son effigie. Quant aux statuettes phosphorescentes, elles permettent à leurs propriétaires de s'orienter chez eux, même dans la nuit noire.

Depuis l'an dernier, le développement du «tourisme rouge» est l'une des priorités du ministère de la Propagande: une centaine de sites symbolisant la lutte du Parti pour le pouvoir ont été retenus pour former un «parcours révolutionnaire». Le village natal de Mao et les étapes de la Longue Marche constituent des haltes obligées.

Depuis sa disparition, en 1976, Mao Zedong est sans doute le premier mécréant à faire l'objet d'un culte: le héros de la Révolution a rejoint le panthéon des figures divines locales. Devant sa statue, à Shaoshan, les groupes de fidèles déposent offrandes et couronnes de fleurs; certains prient, les yeux fermés, comme s'ils visitaient un temple. Les Occidentaux sont invités à se prêter au jeu et à faire un vœu: «Make a wish!» s'exclame une jeune fille. De nombreux couples stériles font le déplacement, selon la rumeur, dans l'espoir que Mao leur rende la fertilité. Non loin de Shaoshan, dans le musée régional de Changsha, une vitrine abrite même le slip kangourou en coton blanc du Grand Timonier, taille XXL. Les aînés observent ces reliques avec une politesse mêlée d'effroi: au temps des pénuries, dans les années 1960-1970, un tel tour de taille traduisait mieux la puissance que tous les discours.

La vénération d'un mort est une chose naturelle dans l'empire du Milieu: les Chinois révèrent des êtres humains depuis des milliers d'années, de l'Empereur jaune à Confucius, et de nombreux temples ont été érigés, au fil des siècles, en hommage aux fonctionnaires des dynasties impériales. Mais le respect que suscite Mao est d'une autre nature.

Certes, son œuvre justifie une part d'admiration. Comme leader du Parti communiste et de l'armée, il a permis l'unification du pays et rendu sa fierté à une nation longtemps humiliée par des puissances étrangères. A la suite de ces victoires, toutefois, en particulier après le milieu des années 1950, le prix à payer pour le «triomphe de la pensée maoïste» apparaît terrifiant. Selon les auteurs du Livre noir du communisme, quelque 60 millions d'individus ont perdu la vie en raison du totalitarisme communiste. Comment un tel monstre a-t-il pu rester, trente ans après sa disparition, un symbole patriotique par excellence? Et comment le Parti communiste parvient-il à entretenir l'icône du Soleil rouge à l'heure du capitalisme triomphant?

La Chine de 2006 n'a plus grand rapport avec le pays pauvre, xénophobe et affamé que Mao laissa à ses héritiers. Depuis 1979, la taille de l'économie a doublé tous les cinq ans, au point qu'elle occupe le 4e rang mondial. Des dizaines de millions d'entrepreneurs ont créé leur entreprise; d'autres ont acheté leur logement ou conduisent leur voiture. Quelques Chinois envoient même leurs enfants dans les universités américaines: les étrangers, autrefois rejetés, sont recherchés désormais pour leur argent et leur avance technologique. Le seul fil rouge, en quelque sorte, entre ce pays résolument tourné vers l'avenir et le sinistre camp de travail que la Chine était devenue sous le Grand Bond ou la Révolution culturelle, c'est Mao Zedong lui-même.

Après sa mort, il y a trente ans, et l'arrestation de son épouse, Jiang Qing, le Parti sembla ranger au placard le souvenir du Grand Timonier. Pour son successeur, Deng Xiaoping, l'héritage de Mao présentait un choix cornélien. Soit il cherchait à prendre ses distances, comme Khrouchtchev le fit à l'égard de Staline, en Union soviétique, et il prenait le risque de saper la légitimité du Parti communiste; soit il adoptait à son tour les slogans du «père de la nation», au risque de gêner les réformes que ce partisan de l'ouverture jugeait indispensables.



Où sont passés les maos français?

Les groupes maoïstes en France sont nés dans les années 1960, à la suite de la rupture entre l'Union soviétique et la Chine. Fortes de plusieurs milliers d'adhérents, ces organisations - Gauche prolétarienne, Vive la révolution!, le Parti communiste marxiste-léniniste de France ou encore le Parti communiste révolutionnaire (marxiste-léniniste) - diffusent la «pensée Mao Tsé-toung», accusant le «P“C”F» (sic) de «révisionnisme». Elles agonisent, ensuite, du début des années 1970 au milieu des années 1980. En 1986, encore, quelques maoïstes français rencontrent à Pékin des dirigeants du PC chinois. Trois ans plus tard, après la répression de la place Tiananmen, leurs désaccords se transforment en rupture.
Si, depuis vingt ans, il n'existe plus de structures maoïstes en France, les «ex» ne se sont pas tous perdus de vue. Quelques-uns se côtoient régulièrement de manière informelle. Quinquagénaires, voire sexagénaires, ils militent souvent dans des associations, des syndicats ou des partis politiques, surtout chez les Verts. Tel n'est pas le cas des anciens maoïstes devenus célèbres, comme le patron de Libération, Serge July, les architectes Christian de Portzamparc et Roland Castro, l'écrivain Philippe Sollers et l'ancien baroudeur de cabinets ministériels socialistes Alain Geismar. Moins impliqués, trois intellectuels ont néanmoins, eux aussi, fréquenté les maos dans les années soixante-huitardes: Alain Finkielkraut, André Glucksmann et Bernard-Henri Lévy.
par François Koch
Après un long débat interne, Deng entérina la démaoïsation du régime, tout en préservant le culte de Mao. En 1981, une résolution du Parti évoqua les «fautes grossières» du Grand Timonier, tout en ajoutant que «ses erreurs étaient secondaires, comparées à ses mérites». Une sorte de note lui fut même attribuée: «Seuls trois de ses dix doigts» étaient pourris, selon Deng.

Dans les années 1990, le culte de Mao a connu un regain spectaculaire, comme si de nombreux Chinois y trouvaient un refuge dans un monde bouleversé par la croissance économique rapide et l'exode de centaines de millions de ruraux vers les villes. A l'époque, dans une histoire restée célèbre, un groupe d'ouvriers de la région du Sichuan en vinrent à croire que Mao avait construit une usine nouvelle, dans l'au-delà, où les principes du socialisme orthodoxe étaient toujours en vigueur. Quelques-uns d'entre eux se seraient même suicidés dans l'espoir de le rejoindre dans sa vie posthume.

Aujourd'hui encore, certains intellectuels demeurent fidèles à la pensée maoïste. Economiste et membre de l'Académie des sciences sociales, Zuo Dapei prétend haut et fort que Mao avait raison sur l'essentiel: «Le plus grand danger qui guette le PC, explique-t-il, c'est la dérive droitière vers le capitalisme.» Zuo est un représentant de la Nouvelle Gauche, un courant nationaliste à l'influence grandissante, très hostile, en particulier, au moindre rapprochement entre Pékin et Washington. Agé d'une cinquantaine d'années, il refuse de manger dans des restaurants occidentaux et approuve les idées d'un José Bové. «La nostalgie qu'éprouvent certains de mes compatriotes envers Mao ne m'étonne pas le moins du monde, explique-t-il. Hormis les succès récents de l'économie, de quoi un Chinois peut-il être fier, ces temps-ci?»

Décidés à poursuivre les réformes mais inquiets à cause de l'instabilité sociale croissante, en particulier dans les campagnes, les maîtres de Pékin sont confrontés à un dilemme qui rappelle celui de Deng Xiaoping après la mort de Mao: il leur faut entretenir le souvenir de sa personne, afin d'asseoir leur légitimité, tout en appliquant une politique qui tourne résolument le dos au maoïsme. Plus que jamais, le père de la nation est réduit à sa fonction symbolique. Depuis cinq ans, son portrait orne tous les billets de banque: les anciennes représentations de fermiers dans les champs et de valeureux ouvriers ont disparu. Son corps reste exposé dans le mausolée de la place Tiananmen, que des milliers de curieux visitent chaque jour. Son visage domine l'entrée de la Cité interdite. Dans les discours des leaders, les allusions à sa pensée relèvent du passage obligé. Le fantôme est encombrant...

Une chanson rap à la gloire du maoïsme
En décembre 2003, lors du 110e anniversaire de la naissance de Mao, Hu Jintao, secrétaire général du PC, a enfilé une veste Mao et, dans une langue de bois d'un autre âge, il a rendu hommage au Grand Timonier: «La pensée de Mao Zedong, dit-il, représente la cristallisation de la sagesse collective du Parti communiste chinois.» Dans la foulée, des dizaines de livres et de poèmes ont été publiés et la radio nationale a même diffusé une chanson rap à la gloire du maoïsme, dans l'espoir de séduire les jeunes.

Mais cet anniversaire fut l'occasion, quelques semaines plus tard, d'une initiative sans précédent. Un groupe de six intellectuels, dans une déclaration publiée par le magazine Kaifang (Ouverture) de Hongkong, demanda que la dépouille de Mao soit retirée du mausolée qui trône au centre de la place Tiananmen. Les pétitionnaires voulaient expédier la momie dans son village natal, afin que les Jeux olympiques qui se tiendront à Pékin en 2008 se déroulent dans un contexte «civilisé».



Bibliothèque chinoise

La Grande Famine de Mao, par Jasper Becker (Dagorno). La terrifiante histoire du Grand Bond en avant.
Mao: l'histoire inconnue, par Jung Chang et Jon Halliday (Gallimard, à paraître en mai 2006). Une bombe controversée, qui nécessita dix ans d'enquête. Les auteurs rendent Mao responsable de «plus de 70 millions de morts en temps de paix, davantage que tout autre leader au XXe siècle».
Essais sur la Chine, par Simon Leys (Bouquins/Laffont). Un classique incontournable.
La Vie privée du président Mao, par Li Zhisui (Plon). Les souvenirs de l'ancien médecin personnel de Mao seront à nouveau disponibles en français à partir de mai 2006.
Mao Tsé-toung, par Philip Short (Fayard). Une biographie récente, par un ancien correspondant de la BBC.
La proposition a fait scandale. Mais Yu Jie, l'un des auteurs du texte, persiste et signe. Assis dans un café, il s'explique d'une voix douce, ajustant ses lunettes de temps à autre: «Dans mon esprit, il n'y avait rien de bien courageux là-dedans, confie-t-il. Je suis comme un Allemand qui critiquerait Hitler. Quoi de plus normal?» Yu estime que ses compatriotes ne vénèrent pas Mao, loin de là, mais il reconnaît chez certains une part de nostalgie: «Les Chinois vivent dans un monde de moins en moins prévisible, explique-t-il. Leurs pensions de retraite sont insignifiantes et leur protection sociale a pratiquement disparu. Les chômeurs et les pauvres sont parmi les plus grands admirateurs de Mao. Comment en serait-il autrement? Si la liberté d'expression existait dans le pays et si les livres d'histoire sérieux étaient accessibles, les Chinois seraient aussi critiques à l'égard de Mao que les Occidentaux. En attendant, beaucoup vivent dans l'ignorance de ses crimes.»

Avec l'affaire de Taïwan et celle du Tibet, l'héritage de Mao Zedong constitue l'un des derniers sujets tabous. Ceux qui prennent le risque d'aborder la question se voient rappeler à l'ordre. Ainsi, en octobre 2005, le patron d'une galerie pékinoise d'art moderne, Chen Xingdong, a dû fermer une exposition d'œuvres contemporaines, d'inspiration souvent humoristique, consacrées à Mao. «J'ai moi-même été dans les rangs des “petits gardes rouges”, explique Chen Xingdong. Mais j'ai le sentiment que le culte du Grand Timonier tourne à vide. Sa personne est devenue un objet de création artistique, souvent kitsch. Même les autorités entretiennent un rapport ambigu envers Mao. Elles l'apprécient, car c'était un empereur fort et son souvenir peut s'avérer utile pour asseoir la légitimité du Parti. Mais elles le craignent, aussi, car la vérité historique sur Mao est lourde de menaces pour le Parti.»

S'éloigner de Mao sans le répudier pour autant, c'est toute la difficulté pour Pékin. Comme l'a écrit Confucius, en parlant des esprits: «Ils doivent être respectés, mais maintenus à distance.»




© L'EXPRESS


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En Chine, des militants des droits de l'homme lancent des grèves de la faim
LE MONDE | 11.02.06 | 14h58 • Mis à jour le 11.02.06 | 14h58
PÉKIN CORRESPONDANTS


Plusieurs centaines de Chinois ont décidé d'entamer depuis le début de la semaine des grèves de la faim "tournantes" de 24 heures pour protester contre la répression accrue dont les militants de la cause des droits de l'homme font les frais en République populaire. Des grèves de la faim qui, au vu de la nature du régime, ont lieu à la maison ou au bureau mais témoignent de l'exaspération croissante de ces "avocats aux pieds nus" — juristes, mais aussi journalistes, défenseurs des droits du travail — qui se sont donné pour mission de "faire respecter la justice par des voies légales" en Chine.

A l'appel de l'avocat Gao Zhisheng, ce mouvement a pour but, a-t-il expliqué au Monde, jeudi 9 février, de s'ériger contre "la violence des autorités et la répression subie par le peuple". "Nous sommes des militants qui veulent vivre comme des hommes, pas comme des chiens !", nous a confié au téléphone M. Gao d'une voix vibrante de colère.
C'est une accumulation de violences et de mesures répressives ces dernières semaines qui a poussé les militants à agir. M. Gao cite en particulier le récent passage à tabac à la sortie d'un commissariat de Canton de l'avocat Yang Maodong, connu pour avoir soutenu le combat des paysans spoliés de Taishi dans la province du Guangdong ; la fermeture de l'hebdomadaire Bing Dian (regards à froid), dont le rédacteur en chef a été accusé de mettre en péril "le système socialiste" ; la mort d'un journaliste, décédé le 2 février des suites de blessures infligées il y a trois mois par des policiers.
DEVANT LA PORTE DU PARTI
L'avocat Yang Maodong, alias Guo Feixiong, a d'ailleurs osé, mercredi, aller déposer une plainte écrite devant la porte principale de Zhongnanhai, le siège du Parti communiste à Pékin ! Il a été aussitôt arrêté par la police. "Il a disparu quand je suis arrivé sur place", nous a dit Qi Zhiyong, un autre militant, amputé d'une jambe en 1989 à Tiananmen après avoir été touché par une balle. "J'ai moi-même été interpellé", a-t-il ajouté au téléphone après le départ de la police qui l'avait "raccompagné" à son domicile.
"La situation des droits de l'homme est de plus en plus en danger ; et il n'existe pas en Chine de contre-pouvoirs pour combattre cette violence", tempête Gao Zhisheng, un avocat de confession chrétienne qui s'est vu retirer sa licence l'an dernier pour avoir défendu des adeptes du mouvement taoïste-bouddhiste du Fa Lun Gong victimes de tortures dans les geôles chinoises. " Cent soixante-dix personnes organisent en ce moment des grèves de la faim à Pékin, et autant à Shanghaï", a précisé M. Gao. "On ne voit plus la fin de ces violations répétées des droits de l'homme en Chine", se désole de son côté un autre militant, Hu Jia, connu pour ses dénonciations du scandale du sang contaminé dans la province du Henan. "En fait, ajoute-t-il, notre pays est sous l'emprise de véritables puissances de l'ombre, la police et les agents de la sécurité publique. Alors, tout ce que nous pouvons faire, c'est d'organiser des grèves de la faim car notre corps est la seule chose que le pouvoir ne peut pas contrôler."

Brice Pedroletti et Bruno Philip
Article paru dans l'édition du 12.02.06


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Parce qu'ils défendent expropriés ou dissidents, ils sont emprisonnés, tabassés...
Les avocats, ces hors-la-loi de l'Etat chinois
Par Philippe GRANGEREAU
lundi 13 février 2006


Pékin envoyé spécial
«Mes amis et mes collègues sont toujours étonnés de voir que je ne suis pas encore en prison», plaisante Mo Shaoping, qui exerce depuis 1988 le périlleux métier d'avocat. Son cabinet est installé dans un bâtiment traditionnel, à un jet de pierres de la Cité interdite et de la place Tiananmen. En marge de ses activités lucratives de conseil juridique pour les entreprises, Mo a défendu une dizaine de militants démocrates, journalistes et cyberdissidents.
«En filature». Rares sont les avocats qui osent se charger de telles affaires ou, plus généralement, de dossiers les opposant à une instance officielle, qu'il s'agisse de l'Etat, du parti, de la police ou de gouvernements locaux. «Beaucoup d'avocats refusent des dossiers politiquement sensibles car le risque est très grand. Par exemple, quand j'utilise mon téléphone je sais qu'il est peut-être sur écoute. Je suis souvent pris en filature par des fonctionnaires en civil. Voilà quelque temps, des policiers ont tenté de convaincre ma secrétaire de leur transmettre en douce des documents concernant mes clients.» L'important, dit Mo est «de connaître parfaitement la loi afin de ne pas donner à ces gens-là le moindre prétexte pour vous arrêter».
Depuis quelques années, la profession, qui compte 120 000 avocats, connaît une véritable hécatombe : des dizaines d'avocats chinois seraient actuellement en prison. Le chiffre exact est un secret d'Etat, mais des personnes proches de l'Association chinoise des avocats estiment que, entre 1997 et 2004, «près de 500» avocats ont été détenus. Une partie d'entre eux a été relâchée, mais d'autres condamnés, parfois à de fortes peines. Certains ont vu leurs licences d'avocats révoquées, d'autres ont été tabassés par des policiers ou bien des gros bras payés par des autorités locales.
«Aveux extorqués». Ces persécutions peuvent suivre un cours «légal». Les avocats sont souvent accusés d'«incitation au faux témoignage» au terme de l'article 306 du code pénal de 1997. «Si l'accusé affirme que ses aveux ont été extorqués par la police, explique Mo Shaoping, et que l'avocat accuse dans sa plaidoirie la police d'avoir contraint son client à avouer un crime qu'il n'a pas commis, il est probable alors que le procureur lève la séance, convoque l'avocat dans une pièce, le fasse détenir par la police et menace de le faire traduire en justice pour avoir incité son client à faire un faux témoignage.» L'un des bâtonniers du barreau de Pékin, Zhang Jianzhong, a ainsi purgé deux ans de prison entre 2002 et 2004, alors qu'il défendait des officiels accusés de corruption.
Un ancien avocat du cabinet de Mo Shaoping, Zhu Jiuhu, a été détenu de mai à septembre 2005. Il est depuis lors en «liberté sous caution». Il défendait un groupe de 6 000 investisseurs qui avaient acheté au gouvernement, dans les années 1990, les droits d'exploitation de milliers de puits de pétrole désaffectés au Shaanxi, une province au sud-ouest de Pékin. Après que les acquéreurs eurent trouvé du pétrole, en 2003, le gouvernement local a ordonné la renationalisation des puits en offrant une compensation très inférieure à leur valeur réelle estimée. Les tribunaux du Shaanxi ont par deux fois refusé de juger cette affaire, poussant les propriétaires à manifester pacifiquement. Zhu Jiuhu, leur avocat, a alors été arrêté pour «incitation au trouble de l'ordre public».
«Le problème, dit Mo Shaoping, est qu'en Chine, il n'y a pas de séparation des pouvoirs.» L'article 126 de la Constitution, très proche de celle de l'Union soviétique, stipule certes que les tribunaux sont indépendants... mais ne dit pas que les juges le sont ! Or les tribunaux sont constitués d'un comité de jugement qui comprend des responsables de nombreuses administrations et du parti communiste. Chaque province dispose de plus d'un comité politico-légal, souvent présidé par le chef de la police, sans l'avis duquel les juges ne peuvent prononcer un verdict. «Il arrive que les juges doivent même tenir compte de l'avis du chef du Trésor public parce c'est lui qui finance le tribunal, voire du directeur de la compagnie d'électricité, car celui-ci a le pouvoir de couper le courant au tribunal.»
Mo s'inquiète de la hausse du nombre des conflits sociaux : 74 000 en 2004 selon Pékin, qui parle d'«incidents de masse». «Comment voulez-vous que la Chine ne devienne pas plus instable s'il n'y a pas d'indépendance de la justice, si les citoyens ne jouissent pas pleinement du droit à la propriété et du droit politique de base qu'est la liberté de parole», dit Mo, qui a repris la défense des propriétaires de puits de pétrole du Shaanxi depuis l'arrestation de son confrère. Pour que la société reste stable, plaide Mo, «il faudrait que la justice chinoise devienne juste».
http://www.liberation.fr/page.php?Article=358977

© Libération

*

Un jeûne tournant pour la liberté
Par Philippe GRANGEREAU
lundi 13 février 2006

Le mouvement de grève de la faim «tournant», lancé le 4 février par l'avocat Gao Zhisheng, compterait désormais des centaines de participants en Chine et à l'étranger, selon plusieurs militants impliqués. Ce jeûne symbolique de vingt-quatre ou quarante-huit heures est effectué en privé, car une action publique inviterait une répression. Il vise à protester contre les violences dont sont victimes un nombre croissant d'hommes de loi, de défenseurs du droit du travail, de militants des droits de l'homme et de journalistes qui dénoncent les abus de pouvoir. Gao, qui affirme que les policiers en civil qui le suivent jour et nuit ont tenté de l'écraser avec leur voiture le 17 janvier à Pékin, a initié cette grève de la faim, suite au passage à tabac, à la sortie d'un commissariat de Canton, de l'avocat Yang Maodong, connu pour sa défense des paysans spoliés de Taishi, dans le Guangdong (sud de la Chine). Yang, qui est allé déposer une pétition mercredi à Zhongnanhai, le siège du pouvoir, a été détenu deux jours. Le jeûne doit durer «aussi longtemps que les brutes tabasseront les protecteurs de droits de l'homme», selon Gao Zhisheng.
http://www.liberation.fr/page.php?Article=358978

© Libération


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Parution en kiosque de

"Manière de voir" du Monde Diplômatique

No 85 ( fev-mars 2006 ) :

"Jusqu'où ira la Chine ?"

Une série d'articles passés ou récents, par des spécialistes, journalistes, etc, sur tous les domaines...

C'est très instructif.


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http://www.monde-diplomatique.fr/mav2006/


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Chine: Google et Yahoo censurent gratis
En collaborant avec les autorités, les deux moteurs de recherche aident à la mainmise du pouvoir sur l'information. Comparatif entre Pékin et Paris.
Par Philippe GRANGEREAU et Laurent GUENNEUGUES
mercredi 15 février 2006


(à Pékin)
Quelles sont les conséquences pour les quelque 120 millions d'internautes chinois, de la censure opérée par les versions chinoises des moteurs de recherche Google et Yahoo ? Libération tente de jauger l'impact de cette collaboration pernicieuse en introduisant des mots-clés choisis dans les deux moteurs de recherche, en français à Paris et en chinois à Pékin.
«Tiananmen»
Le mot déclenche sur le Google chinois une avalanche de cartes postales publiées par le Quotidien du peuple montrant la place et le portrait de Mao sous leur meilleur jour : fleurs, ciel bleu ou feux d'artifice (voir ci-contre). A l'opposé, à Paris, Google nous conduit vers les photos des manifestations lors du mouvement prodémocratique de la place Tiananmen en juin 1989 et vers l'image omniprésente du jeune bravant une colonne de chars. Yahoo Chine apporte une moisson comparable, à Pékin comme à Paris, mais n'a pas l'honnêteté d'annoncer que les requêtes de son moteur de recherche sont censurées. Sur le Google chinois en revanche, figure en bas de chacune des pages un avertissement en caractères fins non signé, mais dont l'auteur est sans doute Google, qui explique : «Conformément aux règles, directives et lois locales, une partie du contenu ne peut être montrée.»
«Wei Jingsheng»
Sur Google Chine, le plus célèbre des dissidents chinois (il vit en exil aux Etats-Unis) ne recueille que six images vantant un club de golf de Pékin. Le dissident a en effet un homonyme qui est un coach de ce sport. Mais aucune trace de l'opposant Wei, bien plus présent sur la version française de Google Images, avec 381 apparitions. Yahoo Chine pour sa part mène d'emblée le lecteur sur le site officiel Globalview.cn, très critique à l'encontre du dissident, tandis que Yahoo France renvoie sur les pages d'Amnesty, du Monde diplomatique ou encore vers la Fondation Wei-Jingsheng, qui défend les droits de l'homme.
«Droits de l'homme»
Sur Google Images Chine, on tombe sur la couverture d'une revue officielle, Droits de l'homme, montrant l'ex-numéro 1 du PC, Jiang Zemin, serrant la main à des soldats. On obtient les mêmes résultats avec Yahoo Chine. En France, la recherche sur le même sujet aiguillonne vers la déclaration de 1789, la déclaration universelle des droits de l'homme de 1948 ou encore le site de la Ligue des droits de l'homme.
«Homosexuel»
L'homosexualité n'est plus vraiment un tabou pour les autorités chinoises, qui ont décrété voilà quelques années que les homosexuels ne sont pas des «malades mentaux». En Chine, Yahoo Images présente la photo d'une association homosexuelle chinoise visitant la Grande Muraille. Une photo moins osée que celles diffusées par la version française du moteur de recherche, plus friande d'étreintes. Yahoo, comme Google, signalent le site Gaychinese.com. Mais celui-ci était inaccessible hier à Pékin, peut-être en raison d'une censure résiduelle du réseau par la police chinoise de l'Internet. De manière générale, la censure opérée par Pékin, qui se superpose à celle des moteurs de recherche, semble moins stricte à l'égard de sites à contenu pornographique que pour ceux à contenu ouvertement dissident, religieux ou traitant de la situation des droits de l'homme dans le pays.
«Dalaï-lama»
Pour les internautes chinois, il n'existe presque plus. Une seule photo du chef spirituel du Tibet apparaît lorsqu'on tape son nom sur le Google chinois, quand la même recherche donne 42 600 réponses en France. La recherche texte, en Chine, ne livre que des dénonciations de «l'attitude séparatiste» du dalaï-lama publiées par la presse officielle. En France, parmi les premiers résultats figure le site Tibet-info, qui demande le retrait de «l'occupant chinois» du Tibet. D'autres liens pointent vers des biographies rappelant notamment que Tenzin Gyatso, le 14e dalaï-lama, a obtenu le prix Nobel de la paix en 1989.
«Mao Zedong»
Sur les moteurs chinois, un tsunami d'images du grand timonier, toutes plus officielles les unes que les autres, fracasse l'écran. En texte, le Quotidien du peuple et l'agence Chine nouvelle rivalisent pour apporter une foison d'articles portant sur la bibliothèque de sa ville natale, le 110e anniversaire de sa naissance. La biographie de Mao écrite par Jung Chang, très critique, est absente. Alors qu'en France les moteurs pointent vers des sites où l'on peut acheter le livre, ainsi que sur le site Dictatorofthemonth.com !
http://www.liberation.fr/page.php?Article=359575

© Libération
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Internet Editorial
Muraille électronique
Par Pierre HASKI
mercredi 15 février 2006

Il y a bien longtemps que l'on sait qu'une technologie n'est pas, à elle seule, porteuse de liberté ou d'oppression. Cette illusion a toutefois existé aux débuts de l'Internet, qui a laissé croire que l'accès à la diversité des informations disponibles sur la Toile suffirait à abattre les dernières dictatures. Les dirigeants de Pékin ont apporté la preuve du contraire en érigeant une gigantesque Muraille de Chine électronique : dans la course de vitesse entre un Internet effectivement vecteur de liberté, et une cyberpolice dotée du dernier cri, la partie est loin d'être jouée. Ce qui était encore moins prévu, c'est que les grandes sociétés occidentales aideraient le pouvoir chinois dans cette tâche. A la fois en lui procurant la technologie qui équipe sa cyberpolice et lui permet de surveiller des dizaines de millions d'internautes, et en fournissant carrément des informations permettant d'envoyer des hommes en prison, ou en s'autocensurant selon les désirs des dirigeants communistes chinois. Le petit test auquel nous nous sommes livrés sur les moteurs de recherche Google et Yahoo, en Chine et en France, est à cet égard révélateur : il serait amusant s'il ne signifiait pas tout simplement que ces géants de l'Internet, dont les noms sont devenus synonymes de modernité et de réussite, sont capables de tout pour accéder à une part du e-gâteau chinois. Il aura fallu une forte réaction aux Etats-Unis pour que ces sociétés acceptent de parler de règle du jeu. Cette affaire nous concerne tous, en tant qu'utilisateurs de cette technologie et des services de ces géants omniprésents. Afin de ne pas faire de chaque internaute un complice des mauvais coups accomplis en Chine.
http://www.liberation.fr/page.php?Article=359577

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Les géants du Web rappelés à l'ordre
La Chambre des représentants américaine les auditionne aujourd'hui.
Par Laurent MAURIAC
mercredi 15 février 2006


New York de notre correspondant
Le parlementaire républicain Chris Smith est très remonté. C'est lui qui est à l'initiative d'une audition, aujourd'hui, devant un comité de la Chambre des représentants, intitulée «L'Internet en Chine : un outil pour la liberté ou la répression ?». Dans la présentation qu'il en fait sur son site web, il accuse les grands noms de l'Internet américain de «devenir un mégaphone pour la propagande communiste et un outil pour contrôler l'opinion publique». Le 1er février, ces entreprises avaient décliné l'invitation d'une commission du Congrès à s'expliquer sur leurs activités en Chine, prétextant des agendas chargés. Aujourd'hui, impossible de se défiler. Les règles imposent à Cisco, Yahoo, Microsoft et Google de se rendre à la convocation.
«Faire des affaires». Lucie Morillon, la représentante de Reporters sans frontières à Washington, sera également entendue, avec d'autres associations de défense des droits de l'homme. «On passe au stade supérieur, dit-elle. Il y a une énorme couverture médiatique aux Etats-Unis. Les utilisateurs et les investisseurs commencent à le sentir.» En novembre dernier, RSF avait annoncé un partenariat avec 25 fonds d'investissement éthique pour demander des comptes aux entreprises américaines sur leurs activités en Chine. «Elles commencent à craindre pour leur image de marque, ajoute Lucie Morillon. Elles sont amenées à s'expliquer, ce qu'elles n'ont jamais fait avant. Ça montre que ça chauffe pour elles.»
Pour la première fois, Yahoo a publié lundi un communiqué tout en nuance pour justifier son activité en Chine et appeler à une réflexion commune. «Nous travaillerons avec l'industrie, le gouvernement, les universités et les ONG pour explorer les règles guidant nos pratiques dans les pays où le contenu est traité de façon plus restrictive qu'aux Etats-Unis», dit le communiqué. Un discours plus mesuré que la prise de position de Jerry Yang, l'un des fondateurs de Yahoo, en septembre dernier : «Pour faire des affaires en Chine, comme partout dans le monde, nous devons nous soumettre à la loi locale», avait-il dit à Hangzhou, en réponse à une question sur le sort du journaliste Shi Tao dont Yahoo a permis la condamnation en fournissant les moyens de l'identifier. «Nous ne savons pas pourquoi ils veulent ces informations, ils ne nous disent pas ce qu'ils cherchent», avait-il dit. Les avocats d'un autre dissident, Li Zhi, condamné à huit ans de prison en 2003, viennent de révéler que Yahoo avait aussi contribué à son arrestation.
«Loi chinoise». En réponse indirecte au communiqué de Yahoo, la Chine a averti hier que les portails internet étrangers qui voulaient fonctionner dans le pays devaient se soumettre à la loi chinoise. «Le gouvernement chinois a adopté des mesures dans le but de limiter les contenus [...] choquants et immoraux, le but est de préserver les intérêts de la population», a déclaré un porte-parole du ministère des Affaires étrangères. «En ce qui concerne les firmes étrangères, elles doivent obéir à la loi chinoise», a-t-il ajouté. La voie est donc étroite pour Yahoo.
http://www.liberation.fr/page.php?Article=359576

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Evénement
Internet Julien Pain, responsable du bureau Internet et libertés de l'ONG Reporters sans frontières :
«La Chine est de plus en plus eÅcace à censurer»
Par Frédérique ROUSSEL
mercredi 15 février 2006

Julien Pain est responsable du bureau Internet et libertés de Reporters sans frontières. Que pensez-vous de ces géants de l'Internet qui «pactisent» avec Pékin ? Nous sommes contre l'autocensure. Si les autorités chinoises veulent contrôler l'Internet, elles doivent le faire elle-même et pas avec l'aide d'entreprises américaines. Ce n'est pas à Yahoo de faire le travail de censure de la police chinoise sous prétexte de faire de l'argent. Yahoo a accepté de s'autocensurer depuis 2002, Google depuis deux semaines. Avant, Google était déjà un des trois ou quatre moteurs les plus importants en Chine. Mais il se trouvait plus lent avec ses serveurs basés aux Etats-Unis et les filtres chinois qui se mettaient en branle que Yahoo Chine. Un ralentissement qui l'empêchait d'avoir une plus grosse part du gâteau... C'est un problème de compétition. Les autorités chinoises sont habiles. Elles ont négocié avec chacun séparément.
Que pensez-vous de l'annonce de Yahoo lundi d'un front commun face à la volonté chinoise de censurer certains sites...
Se mettre autour d'une table pour discuter ensemble d'un code de conduite face à la censure, c'est une recommandation que nous faisons depuis deux ans à RSF. Un gros acteur de l'Internet comprend enfin que la compétition commerciale ne permet pas d'imposer des règles et qu'en termes d'image il y a un vrai problème. Yahoo se dit qu'il est préférable de s'entendre avec ses partenaires, de peur sans doute que les législateurs américains ne sortent une loi plus contraignante. Cette annonce représente une belle victoire. Même si leur communiqué continue à dire qu'il faut appliquer les règles édictées par les autorités chinoises... En même temps, il s'agit d'un message adressé aux législateurs qui auditent Yahoo aujourd'hui : on est d'accord pour discuter d'un code de bonne conduite sans nous engager plus concrètement. Si les géants de l'Internet, les représentants américains et la société civile tiennent ensemble une position rigide sur certains points, comme dire non à la censure de mots-clés, il y aura peut-être une marge pour négocier avec Pékin.
Vous condamnez aussi la collaboration...
Notre première lettre à Yahoo à ce sujet remonte à 2002. Cette entreprise fournit des informations à la police chinoises qui servent à identifier et arrêter des dissidents, sans se préoccuper de qui il s'agit. Elle a la même démarche qu'en France par exemple, alors qu'on ne parle pas là de criminalité ou de pédophilie mais de liberté d'expression. Au moins deux cyberdissidents ont été arrêtés et emprisonnés à cause de ses données. Nous préconisons depuis des années que Yahoo enlève ses serveurs de mails du territoire chinois pour les rapatrier aux Etats-Unis. S'ils étaient basés en territoire américain, la police chinoise aurait à adresser une requête supervisée par la justice américaine. Google a d'ailleurs refusé pour l'instant d'installer ses serveurs de mails en Chine pour éviter d'aller trop loin.
L'Internet représente en même temps une fenêtre de liberté... en dépit des limites ?
C'est l'excuse des PDG de ces entreprises : «C'est mieux que nous soyons présents parce qu'on va aider à développer la liberté d'expression sur le long terme.» Mais qu'est-ce que Google apporte en filtrant exactement les mêmes requêtes que le moteur local Baidu ? Qu'est-ce que Google apporte en matière de liberté d'expression ? Ils font du business, c'est tout. Et sur le long terme on s'aperçoit que l'Internet devient de plus en plus contrôlé. La Chine s'avère de plus en plus efficace à censurer et à créer un Internet avec des frontières nationales. L'Internet devait faire tomber les frontières entre les pays et rapprocher les gens. Les Chinois sont en train d'inventer un modèle alternatif : des intranets nationaux, et un Internet structuré comme une somme d'intranets. Le modèle est en train de se répandre parmi les dictatures de la planète. La Chine commence à y revendre sa technologie de filtrage, au Zimbabwe, peut-être en Biélorussie, voire à Cuba...
http://www.liberation.fr/page.php?Article=359579

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La Chine nie l'existence de cyberdissidents
Contre toute évidence, un porte parole du bureau de l'Information du gouvernement a démenti que quiconque ait été arrêté en Chine «juste pour avoir dit quelque chose sur l'Internet».
Par Philippe Grangereau
mercredi 15 février 2006 (Liberation.fr - 13:24)


Pékin, de notre correspondant
Des cyberdissidents en Chine ? De la censure en Chine ? Un porte-parole du bureau de l'Information du gouvernement chinois a assuré mercredi qu'il n'en était rien. «Personne n'a été arrêté en Chine juste pour avoir dit quelque chose sur l'Internet», a-t-il soutenu alors même que les faits contredisent ses propos. Plusieurs organisations comme Reporters sans frontières, dénombrent 49 cyberdissidents (et 32 journalistes) actuellement emprisonnés en Chine pour avoir publié des articles ou commentaires critiques (lire l'événement de Libération, ce mercredi). Les Chinois peuvent en outre consulter «librement» l'Internet, a prétendu ce porte-parole, Liu Zhengrong. Ces proclamations lénifiantes sont sans doute à mettre sur le même plan que l'article 35 de la constitution chinoise qui, en théorie, « garantit aux citoyens de la République populaire de Chine la liberté de parole, de la presse, d'assemblée, d'association et de manifestation».
Alors même que s'exprimait cet officiel, une « déclaration commune » de treize personnalités chinoises fustigeant l'absence de liberté d'expression circulait par e-mail sur internet. Cette pétition datée du 2 février, dont «Libération» a eu connaissance, est signée entre autres de l'ancien secrétaire de Mao, Li Rui, âgé de 88 ans, d'un ancien chef du département de la propagande, Zhu Houze, d'un ex-directeur de l'agence Chine Nouvelle, d'un éminent juriste et de l'avocat Zhang Sizhi, célèbre pour avoir défendu la femme de Mao lors du « procès de la Bande des quatre ». Ces vétérans du parti ont pour point commun d'avoir soutenu les réformes politiques « gorbatchéviennes» de la fin des années 80, auxquelles la répression sanglante de Tiananmen de juin 1989 a mis un terme.
Retraités, et presque tous octogénaires, ils estiment ne plus avoir grand chose à craindre de l'appareil répressif. « L'histoire montre que seul un système autocratique ressent le besoin de verrouiller la presse et de rendre le peuple aveugle à jamais », écrivent les treize dissidents aux cheveux blancs. « Nous ne sommes plus très jeunes, mais avons tous été initialement de fringants révolutionnaires inspirés par la liberté. Et la leçon que nous tirons des 70 années d'histoire qui ont défilé sous nos yeux, est que lorsque la liberté de parole est défunte, les autorités n'entendent forcément qu'une seule voix ». «L'absence de liberté d'expression, plaide Li Rui, qui fut secrétaire de Mao dans les années 50 avant d'être écarté et persécuté, a été la raison essentielle pour laquelle la Chine a traversé tant de périodes troubles et de turbulences politiques ».
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http://www.liberation.fr/page.php?Article=359661

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A savoir
mercredi 15 février 2006

Avec 120 millions
d'internautes en 2005, la Chine est le deuxième pays au monde par le nombre d'usagers, après les Etats-Unis. Le taux de pénétration reste toutefois faible : 8,5 %. La Chine compte 677 000 sites, 9,3 % des échanges sur la Toile sont en chinois.
Trois moteurs de recherche
se font une âpre concurrence en Chine : le chinois Baidu, qui revendique 37 % de parts de marché, suivi des versions chinoises de Google et de Yahoo, qui revendiquent 22 et 21 % des recherches sur la Toile chinoise. En 2005, Baidu a réussi une introduction en Bourse en fanfare au Nasdaq, à New York.
Investissements massifs
Les géants de l'Internet ont investi massivement en Chine ces derniers mois : 1 milliard de dollars pour Yahoo dans la société chinoise Alibaba.com, des centaines de millions de dollars chacun pour Google, qui a lancé la version chinoise de son moteur de recherche, pour eBay, qui a racheté un site chinois d'enchères, et pour Amazon.com, qui a racheté un site de vente en ligne.
Contrôle
Pékin a multiplié les règlements pour contrôler Internet, contraignant les sites privés à opérer eux-mêmes le contrôle de leurs contenus, les patrons de café Internet à s'équiper de logiciels bloquant les sites interdits, ou obligeant les détenteurs de blogs à s'enregistrer. Les sites chinois n'ont pas le droit de donner des informations autres que celles de la presse officielle.
Shi Tao
Le journaliste chinois a été condamné à dix ans de prison le 30 avril 2005 pour avoir envoyé par mail des documents «secrets» à l'étranger. La justice a utilisé des informations fournies par Yahoo, en identifiant le détenteur du compte du journaliste pourtant enregistré à Hongkong. L'affaire a soulevé de nombreuses protestations.
49 cyberdissidents et 32 journalistes sont actuellement emprisonnés en Chine pour avoir publié des articles ou commentaires critiques des autorités, selon Reporters sans frontières.
http://www.liberation.fr/page.php?Article=359578

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La Chine dément toute arrestation d'internautes dissidents
LEMONDE.FR | 15.02.06 | 08h56 • Mis à jour le 15.02.06 | 09h20

a Chine indique appliquer à l'Internet des règles conformes aux normes internationales, permettant "librement" un accès à l'information."Personne n'a été arrêté en Chine juste pour avoir dit quelque chose sur l'Internet", soutient mercredi l'un des responsables du Bureau d'information du Conseil d'Etat (gouvernement), Liu Zhengrong, cité par les médias officiels.

Les milieux dissidents chinois et les défenseurs des droits de l'homme affirment que la liberté d'expression sur l'Internet en Chine est bafouée, conduisant à l'arrestation et l'emprisonnement d'opposants. Selon Reporters sans frontières, 49 cyberdissidents et 32 journalistes sont actuellement emprisonnés dans le pays pour avoir publié des articles ou des commentaires critiquant les autorités. Les grands portails étrangers sont également sous le feu des critiques des défenseurs des libertés, accusés de pactiser avec un régime non démocratique dans le but d'engranger des bénéfices commerciaux dans un marché potentiellement énorme.

Ainsi Yahoo! a été fustigé pour avoir livré à la police chinoise des informations ayant conduit à l'arrestation de journalistes et de dissidents. Google a lancé récemment un moteur de recherche chinois censuré. Le gouvernement chinois rejette les accusations de censure. "Il est injuste de critiquer la Chine lorsqu'elle supprime des contenus illégaux alors qu'ils font la même chose [aux Etats-Unis]", a déclaré M. Liu.

SURVEILLANCE DES ÉTATS-UNIS

De son côté, le département d'Etat américain a annoncé mardi la création d'un groupe de travail chargé de surveiller le respect par certains régimes répressifs, notamment la Chine, des libertés sur l'Internet. Ce groupe de travail sera dirigé par la sous-secrétaire d'Etat aux affaires économiques, commerciales et agricoles, Josette Shiner, et la sous-secrétaire d'Etat à la démocratie et aux affaires mondiales, Paula Dobriansky."Nous sommes gravement préoccupés par le degré de protection de la vie privée et des données sur l'Internet globalement, et en particulier par certains cas qui se sont récemment produits en Chine", a déclaré Mme Shiner au cours d'une conférence de presse.

Le groupe de travail concentrera notamment ses efforts sur "l'utilisation de technologies pour restreindre l'accès à certains contenus politiques et l'impact de ce genre de censure sur des entreprises américaines", indique le communiqué. Il surveillera aussi "l'utilisation de technologies pour traquer et réprimer des dissidents" et les efforts de certains gouvernements pour "modifier les structures de fonctionnement de l'Internet afin de restreindre le flux des informations".

Malgré les critiques, l'administration américaine ne souhaite pas que les moteurs de recherche occidentaux quittent les pays répressifs, a souligné Mme Shiner. De plus, la responsable américaine a souligné que la Chine n'est pas le seul pays où l'accès à l'Internet est contrôlé, refusant cependant d'énumérer les pays considérés comme problématiques. Elle a néanmoins cité au cours de la discussion, l'Iran et une partie de l'Afrique.


Avec AFP




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La Chine manque... de masses laborieuses
Faute d'une revalorisation des salaires, la pénurie se confirme dans le Guangdong et s'étend jusqu'à Shanghai.

Par Philippe GRANGEREAU
samedi 18 février 2006



Pékin de notre correspondant

la pénurie de main-d'oeuvre s'accentue dans les régions côtières de la province du Guangdong, où sont installées la plupart des usines chinoises et étrangères travaillant pour l'exportation. Cette tendance, à première vue paradoxale, qui avait commencé à se faire sentir fin 2004, semble s'étendre plus au nord, au Fujian et même à Shanghai.

La raison essentielle tient aux salaires extrêmement bas pratiqués dans ces sweat-shop géantes qui, durant plus de vingt ans, ont attiré des armées de ruraux se satisfaisant de peu, originaires des provinces pauvres de l'intérieur. Un ouvrier migrant non qualifié n'empoche en général que de très maigres appointements, de l'ordre de 500 yuans (50 euros) mensuels pour dix à douze heures de travail, sept jours sur sept. Ceux qui font des heures supplémentaires parviennent à gagner 800 ou 1 000 yuans, tout au plus. Ces salaires de misère sont très inférieurs au Smic chinois, très bas : 680 yuans (68 euros) pour huit heures de travail, cinq jours par semaine.

Développement des provinces. A Nanhai, une ville industrielle proche de Canton, 70 000 emplois sont vacants. Non loin de là, à Donguan, un parc industriel d'un millier d'entreprises, 10 000 offres d'emploi sont à pourvoir. «Toutes les usines sont désormais à cours de main-d'oeuvre», rapportait vendredi dans la presse de Hongkong le patron d'une usine de chaussures, Lam Chin-yick. «Les provinces chinoises de l'intérieur se développent toutes à leur tour, et si la différence de salaire n'est que de 100 ou 200 yuans, les ruraux préfèrent trouver un emploi chez eux plutôt qu'au Guangdong», raconte-t-il en donnant l'exemple d'une usine d'électronique qui avait prévu d'employer 2 000 personnes, mais qui n'a pu en trouver que 500, en dépit d'une offre de salaire comparativement élevée. Beaucoup d'ouvriers, notamment dans le bâtiment, se font en outre abuser, et ne sont jamais payés. Les recours légaux en Chine sont pratiquement inexistants pour les migrants, et les conflits de ce genre se multiplient. Certains migrants préfèrent travailler à Shanghai, où les salaires sont plus adéquats.

Mais un expert de l'Institut d'observation contemporaine de Shenzhen, qui a réalisé une étude sur des usines japonaises de Shanghai, évalue malgré tout entre 10 % et 15 % la carence de main-d'oeuvre qui y sévit. Dans le Guangdong, 10 % des postes seraient à pourvoir, mais le gouvernement local rechigne à reconnaître cet état de pénurie qui, officiellement, n'existe pas. La loi de l'offre et de la demande, qui pourrait permettre de résorber cette raréfaction de la main-d'oeuvre par une hausse des rémunérations, joue difficilement son rôle régulateur.

Moteur à exportations. L'interdiction des syndicats libres par le gouvernement chinois témoigne en outre d'une volonté officielle de maintenir les salaires artificiellement bas. Cette politique d'exploitation de dizaines de millions d'ouvriers issus du monde rural permet à la Chine de faire tourner son moteur à exportations, qui a contribué, vingt-cinq ans durant, à produire une croissance de 9,6 % par an.

http://www.liberation.fr/page.php?Article=360532



© Libération


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Ecrit le : Samedi 18 Février 2006 14h23
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Recherche
Un Chinois à l'Académie de médecine

Caroline Puel (à Pékin)

Le professeur Zhong Chao Han a été élu, le 31 janvier 2006, correspondant étranger de l'Académie nationale de médecine, en France, devançant une candidature américaine. Le professeur Han, 52 ans, devient l'un des plus jeunes membres de l'Académie, fondée en 1820 par Louis XVIII. Les travaux du professeur Han sur les cellules souches sont reconnus mondialement. En utilisant ces cellules contenues dans le cordon ombilical et la moelle épinière, qui une fois activées dans le sang s'avèrent capables de « régénérer » un organe malade, Han a traité plus de cinq cents cas d'artérites aiguës avec plus de 80 % de résultats positifs.

Né en 1953 dans la province du Jiangxi, Zhong Chao Han est adolescent quand éclate la Révolution culturelle. Il devient pendant cinq ans « médecin aux pieds nus », patrouillant la campagne avec pour principal bagage professionnel le souvenir des discussions entre ses parents, tous deux médecins... Lorsque les universités rouvrent leurs portes, Han se précipite à Shanghai, où il est admis en médecine. Il est formé par le professeur Wang Zhenyi, l'un des spécialistes mondiaux de la leucémie, lui-même éduqué par les Jésuites dans les années 40, qui l'envoient en France en 1986, où il passe sa thèse. En 1997, Han prend la direction de l'Institut d'hématologie de Tianjin, qu'il va totalement moderniser. Il encourage le « retour des cerveaux », notamment ces spécialistes d'origine chinoise, formés aux Etats-Unis, en Europe et au Japon. Le premier étranger sera un Français, le professeur Francis Bayard, spécialiste du diabète à Toulouse, qui, à 63 ans, a décidé de se rendre deux ans en Chine pour travailler dans son centre de recherche sur les cellules souches. « Jusqu'à présent, les Français se rendaient aux Etats-Unis, constate Zhong Chao Han. Mais les choses changent. » Car les autorités chinoises mettent l'accent sur la recherche. Le budget consacré par l'Etat devrait tripler cette année, plaçant la Chine au troisième rang mondial, après les Etats-Unis et le Japon !...

© le point 16/02/06 - N°1744 - Page 59 - 325 mots



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Ecrit le : Mercredi 22 Février 2006 02h22
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Le déséquilibre des échanges commerciaux avec la Chine provoque des tensions aux Etats-Unis
LE MONDE | 20.02.06 | 13h41 • Mis à jour le 20.02.06 | 13h41
NEW YORK CORRESPONDANT

e déficit commercial américain a atteint, en 2005, le niveau record de 726 milliards de dollars (606,7 milliards d'euros). La Chine est désignée comme le principal responsable de ce solde négatif. Elle a en effet dégagé avec les Etats-Unis l'excédent commercial le plus important de l'histoire entre deux pays : 202 milliards de dollars.

Parlementaires, syndicats, groupes industriels ou commentateurs américains accusent Pékin de fausser les règles du commerce international, de précipiter les délocalisations et d'avoir causé la perte de 3 millions d'emplois aux Etats-Unis depuis quatre ans.

Pour une majorité de membres du Congrès, la volonté chinoise de maintenir artificiellement faible sa monnaie tout comme le refus de respecter la propriété intellectuelle, et plus généralement les règles internationales du commerce, constituent une menace.

Le 21 juillet 2005, la Chine avait cédé aux pressions et fini par réévaluer de 2 % sa devise, le yuan, face au dollar pour la première fois en dix ans, lui permettant de flotter contre un panier de monnaies, plutôt que d'être liée de façon rigide au billet vert.

Cette décision est cependant considérée comme insuffisante, sans conséquence sur le commerce international et même comme une manoeuvre. "Notre patience ne va pas durer indéfiniment", prévient Myron Brilliant, vice-président pour l'Asie de la Chambre de commerce américaine.

La Chine alimente, à tort ou à raison, de nombreux fantasmes à Washington. Elle est la seule puissance capable, dans les prochaines décennies, de rivaliser avec les Etats-Unis. Des experts militaires s'inquiètent du développement de son armée et les défenseurs des libertés pointent son mépris pour les droits de l'homme.

Il y a huit mois, l'annonce d'une offre publique d'achat (OPA) hostile du groupe public Cnooc (China National Offshore Oil Company) sur la septième compagnie pétrolière américaine, Unocal, avait soulevé un tollé. C'est finalement l'américain ChevronTexaco qui a acquis Unocal.

Les initiatives et projets de loi protectionnistes visant les produits chinois se multiplient au Congrès. Un groupe de représentants démocrates veut créer un bureau de contrôle du commerce permettant aux parlementaires de poursuivre devant les tribunaux, sans l'aval de l'administration, les pays accusés de fausser la compétition internationale. Au Sénat, le démocrate Byron Dorgan et le républicain Lindsey Graham veulent réexaminer tous les ans le statut de "partenaire commercial normal" accordé à la Chine en 2000.

Cela irait à l'encontre des règles de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), tout comme la proposition du même sénateur Graham et du démocrate Charles Schumer d'imposer un droit de douane de 27,5 % sur les importations chinoises jusqu'à ce que Pékin réévalue sa devise.

Face à cette déferlante, la stratégie de l'administration Bush semble être de tenir des propos durs, de menacer Pékin et, dans le même temps, d'essayer d'empêcher le Congrès de prendre des mesures trop radicales.

Le représentant au commerce, Robert Portman, a rendu public, la semaine dernière, un document de 29 pages sur le commerce chinois. Il souligne que le marché américain compte pour 22 % "de la croissance phénoménale des exportations chinoises depuis vingt ans", qui représentent aujourd'hui 40 % de l'économie du pays et ont permis de sortir 400 millions de personnes de la misère.

Il met aussi en garde : "Notre relation bilatérale avec la Chine manque aujourd'hui d'équité, de solidité et d'équilibre dans les opportunités qu'elle offre" et les "Etats-Unis utiliseront toutes les options possibles" pour mettre fin à cette situation. "Les Etats-Unis, ajoute-t-il, doivent maintenant changer de politique et traiter la Chine comme un partenaire mature, responsable de ses actions. Le pays doit ouvrir plus ses marchés aux importations, s'en prendre au piratage des films et des logiciels et réduire les subventions à l'exportation."

M. Portman a proposé la création d'un détachement spécial ("task force") sur la Chine au sein de sa propre administration. L'initiative est sans précédent. Mais sur le fond, le rapport de M. Portman est plus nuancé que la présentation qui en est faite.

Il souligne que de nombreuses entreprises américaines développent rapidement leur activité en Chine. "Il ne faut pas ignorer les aspects positifs de la relation", souligne John Frisbie, président du US-China Business Council, un groupe qui représente les intérêts des entreprises américaines présentes en Chine. Pour M. Portman, il faut surtout amener Pékin à se comporter en "partenaire".

Robert Zoellick, secrétaire d'Etat adjoint, détaillait, dans un discours en septembre 2005, cette ambition de la diplomatie américaine : "Il est temps d'encourager Pékin à être plus impliqué dans la communauté internationale et pas seulement un membre du Conseil de sécurité de l'ONU et de l'Organisation mondiale du commerce. Il est temps d'encourager la Chine à devenir un membre responsable du système."

Il n'est pas sûr que les parlementaires américains et leurs électeurs aient la patience d'attendre.

Eric Leser
Article paru dans l'édition du 21.02.06




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Ecrit le : Mercredi 22 Février 2006 02h30
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Google a l'outrecuidance de signifier qu'il se censure en Chine
Deux journaux officiels lancent une charge contre le moteur de recherche • Qui ne serait pas en conformité avec la loi chinoise et aurait le tort de préciser qu'«une partie du contenu ne peut être montrée» en bas de ses pages •

Par Philippe Grangereau
mardi 21 février 2006 (Liberation.fr - 12:55)



Pékin, de notre correspondant

deux publications officielles chinoises ont suggéré mardi que le moteur de recherche Google, bien qu'il ait accepté de censurer sa version chinoise (Google.cn), ne serait pas allé assez loin. Google n'aurait d'ailleurs n'a pas obtenu de licence délivrée par la République populaire, affirment-t-ils. «Google.cn est clairement hors-la-loi », écrit le «China Business Times». Le ministère de l'Information, selon «Les Nouvelles de Pékin», se serait « saisi de l'affaire ». Un porte-parole de Google a rétorqué que la compagnie américaine disposait bel et bien d'une licence, et que si celle-ci n'était pas en son nom propre, mais au nom de son partenaire chinois (Ganji.com), c'est que le gouvernement chinois interdit aux entreprises étrangères de l'Internet d'opérer directement. Celles-ci ne peuvent, en effet, qu'opérer au sein d'un partenariat avec une entreprise chinoise dans lequel l'opérateur étranger est minoritaire.

Cette manœuvre de la presse officielle semble avoir pour objectif d'intimider la compagnie américaine, à qui les autorités chinoises reprochent de signaler en bas de chaque page de son moteur de recherche «Conformément aux règles, directives et lois locales, une partie du contenu ne peut être montrée». Cette mention a suscité un débat chez les internautes chinois, qui auparavant ne se voyaient jamais rappeler qu'ils étaient censurés. Yahoo, qui censure aussi son contenu chinois, s'abstient de le dire.

Le «China Business Times», qui emprunte souvent un ton arrogant, voire chauvin, fustige dans le même article le fait que Google ait l'honnêteté de signaler au surfeur qu'il est privé de pages jugées politiquement incorrectes par les autorités communistes. « Est-ce qu'une entreprise travaillant en Chine a constamment besoin de dire à ses clients qu'elle respecte les lois du pays ? » Google « ne ressemble-il pas, au fond, écrit cette publication officielle, à un invité non-convié qui déclarerait à son hôte qu'il n'aime pas les plats qui lui sont proposés, mais qu'il les mangera par respect envers lui ?»

http://www.liberation.fr/page.php?Article=361279



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ah_thomas
Ecrit le : Mercredi 22 Février 2006 03h01
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effectivement en Chine on est censure de dire qu'il y a de la censure... confused.gif


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Ecrit le : Mercredi 22 Février 2006 10h07
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Dragon



Une technologie développée conjointement par plusieurs laboratoires
de prestigieuses universités canadienne, américaine et anglaise
pourrait arriver à détourner la censure numérique qui sévit dans
plusieurs pays du monde, et notamment en Chine. Ce système est en
phase d'achèvement au Canada, et pourrait rendre rapidement un peu
d' " e-liberté " aux quelque cent dix millions d'internautes
chinois.
L'apparition d'Internet en Chine fut immédiatement accompagnée de
techniques de filtrage interdisant aux internautes l'accès à
certains mots-clés spécifiques et donc à des pans entiers du Web
mondial. Le durcissement de la position des autorités chinoises
s'est accéléré récemment, puisque Liu Jianchao, le porte-parole du
ministère des affaires étrangères chinois, a justifié l'augmentation
des restrictions dans les cybercafés à partir du 1er mars par cette
déclaration : "Avec le développement d'Internet sont apparus des
contenus nocifs et illégaux. Le gouvernement chinois met en place
certaines mesures afin de limiter l'accès à ce contenu immoral et
nocif, particulièrement pour les jeunes."
GOOGLE MADE IN CHINA
C'est dans ce contexte que Google, après Yahoo! et Microsoft il y a
quelques mois, a lancé le 25 janvier dernier son moteur en
Chine"google.cn". Mais le géant de la recherche sur Internet n'a pu
le faire que sous certaines conditions imposées par la censure
d'Etat (Le Monde du 17 février 2006). Ce filtrage, réalisé à au
moins trois niveaux (noms de domaines entiers et adresses url
retirés des listes de résultats ou mots-clés renvoyant vers des
pages "politiquement correctes" hébergées en Chine) occulte tout ce
qui ne convient pas au gouvernement chinois. Pour bien se rendre
compte de ces différences, une page comparative des résultats de
google.cn et de google.com a été développée par l'OpenNet Initiative
(ONI), une entité née d'un partenariat entre le Berkman Center for
Internet & Society de l'Université Harvard, le Cambridge Security
Programme de l'Université de Cambridge et le Citizen Lab de
l'Université de Toronto.
L'ONI, en étudiant les relations complexes entre Etats et réseaux,
pointe du doigt les dérives et prises de contrôle d'Internet dans
certains pays. Les mises en place de filtres et de systèmes de
surveillance sont systématiquement analysées et révélées afin
d'essayer de les combattre. Et le fer de lance dans ce combat a
désormais un nom : Psiphon.
PSIPHON SQUATTE LES FLUX FINANCIERS
Mais comment fonctionne ce système ? L'internaute chinois n'a pas
besoin d'installer quoi que ce soit. Simplement ce système de
contournement en ligne permet à l'internaute d'interroger de façon
transparente et cryptée par SSL (Secure Sockets Layers) et le port
443 (port sécurisé destiné au transit des données financières) les
serveurs "amis" d'un pays censuré. Ces serveurs amis analyseront la
demande, et renverront les réponses non censurées mais toujours de
façon cryptée et sans traces sur l'ordinateur de l'internaute. Et
comme le précise le professeur Ronald Deibert, directeur du Citizen
Lab de Toronto, le pays qui souhaite interdire l'accès à ces
informations ne pourra le faire que s'il se passe aussi des flux de
transactions financières.
Le lancement de Psiphon est imminent, et profitera non seulement aux
internautes chinois, mais également à tous ceux qui subissent une
censure sur le Web comme par exemple les internautes de Corée du
Nord, d'Iran ou encore d'Arabie saoudite. Détail amusant mais
révélateur, si l'on interroge l'outil de comparaison de l'ONI sur le
mot "psiphon", c'est, une fois n'est pas coutume, la version
chinoise de Google qui renvoie le plus de réponses…

Olivier Dumons
LEMONDE.FR 17.02.06


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Ecrit le : Vendredi 24 Février 2006 09h22
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Il avait barbouillé Mao : dix-sept ans de prison
Tiananmen, 1989 : un protestataire jette de l'encre sur une affiche. Il vient d'être libéré... à l'état de légume.

Par Philippe GRANGEREAU
vendredi 24 février 2006



Pékin de notre correspondant

la scène s'était déroulée sous nos yeux le 23 mai 1989, moins de quinze jours avant la répression sanglante du mouvement de Tiananmen. Alors que des milliers d'étudiants occupaient la place depuis des semaines pour demander des «réformes démocratiques», trois jeunes enthousiastes d'une vingtaine d'années se placent sous le portrait géant de Mao Zedong. De leurs sacs, ils sortent des oeufs évidés remplis d'encre et les jettent au visage du Grand Timonier. Silence soudain au milieu de la foule, désemparée par ce geste sacrilège. Une empoignade générale s'ensuit et le «service d'ordre» du mouvement étudiant accourt en ordonnant : «Arrêtez-les !» Pour les trois iconoclastes livrés à la police, c'est alors le début d'un long supplice.

Le dernier d'entre eux à se trouver encore en prison, Yu Dongyue, un journaliste et critique d'art de 38 ans, a été libéré hier, au terme de près de dix-sept ans de détention. A force de tortures et de mauvais traitements en tout genre, l'ancien captif n'est plus qu'un légume. «Il ne me reconnaît plus et nous n'avons pas pu échanger la moindre parole», a rapporté son jeune frère, Yu Xiyue, à l'agence Reuters. Sa mère, qui habite à Shegang, dans la province du Hunan, s'est dite «heureuse» de l'accueillir. «Mais il est mentalement malade et ce sera un fardeau de s'occuper de lui.» Yu avait été condamné à vingt ans de prison pour «sabotage» et «propagande contre-révolutionnaire» en août 1989, deux mois après la répression de Tiananmen (un millier de personnes tuées par l'armée).

Les deux autres compagnons de Yu ont connu un destin guère plus enviable. Lu Decheng, libéré sur parole en 1998, s'est enfui de Chine en 2004 afin de faire campagne pour la libération de Yu Dongyue. Sans passeport, il est détenu en Thaïlande et la Chine demande son rapatriement. Le Canada aurait accepté de l'accueillir. Le troisième «vandale» du portrait de Mao, Yu Zhijian, libéré sur parole en 2000, aurait été arrêté la semaine dernière, après s'être joint à la grève de la faim «tournante» lancée le 2 février par des avocats chinois protestant contre les violences policières dont ils sont la cible (Libération du 13 février).

En Chine, on ne blasphème pas impunément contre Mao, incarnation du parti et de l'Etat. Yu Dongyue l'hérétique, s'il recouvre un jour sa santé mentale, restera stigmatisé. «Il a interdiction de travailler dans une entreprise publique, à l'université, dans un journal, une société étrangère, et de parler à des journalistes», a révélé John Kamm, un Américain responsable d'une association de défense des droits des prisonniers politiques chinois, Dui Hua Foundation. Cet ancien homme d'affaires négocie depuis une quinzaine d'années, souvent avec succès, la libération de dissidents en faisant valoir aux autorités qu'elles y ont tout intérêt pour améliorer l'image déplorable de la Chine en la matière. «Yu Dongyue, explique Kamm, restera une cible pour le reste de sa vie.»

http://www.liberation.fr/page.php?Article=362212



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Ecrit le : Vendredi 24 Février 2006 23h37
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Dragon



Lenovo va vendre sous son nom ses ordinateurs hors de Chine
LE MONDE | 24.02.06 | 14h52 • Mis à jour le 24.02.06 | 14h52

ix mois après le rachat effectif de la division ordinateurs personnels (PC) de l'américain IBM, le groupe chinois Lenovo, désormais troisième constructeur mondial de ce type d'équipements, a décidé de vendre ses machines hors de Chine.

"Nous lançons au niveau mondial une nouvelle gamme de PC de bureau et de portables qui portera le nom de Lenovo", a annoncé, jeudi 23 février, Jean-Michel Donner, ex-patron des activités informatiques d'IBM pour la France, la Belgique et le Luxembourg, et désormais PDG de Lenovo France. Ces produits seront fabriqués dans les usines du groupe en Chine.

Lenovo cible en priorité les PME de moins de 100 salariés, les très petites entreprises et les professions libérales. Selon Gartner Group, ce marché a représenté 400 milliards de dollars (336 milliards d'euros) d'investissement en 2005.

" La France est l'un de nos marchés prioritaires en Europe. La cible que nous visons représente entre 45 % et 50 % de la dépense micro-informatique en France, affirme M. Donner. Nous espérons rapidement détenir entre 9 % et 11 % de ce marché."

Le marché français du PC est dominé par l'américain Hewlett-Packard, qui occupe aussi la première place sur les portables, devant le taïwanais Acer et l'autre américain, Dell.

Lenovo veut continuer à proposer la gamme des portables "Think", développés par IBM, un peu plus haut de gamme et donc plus chers que les produits qu'il propose lui-même. "Les deux marques se complètent et vont nous permettre d'accroître nos positions", assure M. Donner. Fin 2006, les produits "Think" seront également siglés Lenovo, la marque IBM disparaîtra.

Pour commercialiser ses produits, Lenovo mise sur son réseau de 3 000 revendeurs spécialisés. Pas question pour l'instant de vendre ses PC et ses portables dans la grande distribution.

Nathalie Brafman
Article paru dans l'édition du 25.02.06




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Ecrit le : Lundi 27 Février 2006 15h36
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Découverte en Chine d'un trafic d'enfants
Des bébés achetés dans le Hunan étaient vendus à des étrangers via six orphelinats publics.

Par Philippe GRANGEREAU
lundi 27 février 2006



Pékin de notre correspondant

la presse officielle chinoise a révélé, samedi, l'existence d'un trafic d'enfants dans la province méridionale du Hunan. Des bébés étaient achetés 3 200 à 4 300 yuans (330 à 450 euros) dans les zones pauvres du Guangdong, puis revendus à six orphelinats publics de la région de Hengyang.

Les étrangers souhaitant adopter des enfants étaient aiguillés par des fonctionnaires corrompus des services sociaux vers ces institutions, qui exigeaient un «don» de 3 000 dollars (2 600 euros). Ce trafic, qui a débuté en 2002, a concerné 78 enfants pour la seule année 2005. Il aurait été découvert en novembre par une patrouille de police de la gare de Hengyang, qui serait tombé sur le responsable d'un orphelinat négociant la livraison de trois bébés récemment acheminés.

Selon le directeur des affaires sociales de la province, neuf personnes ont été condamnées à des peines de prison allant de un à quinze ans. Par ailleurs, 23 fonctionnaires qui étaient de mèche ont été limogés.

Cette triste affaire n'est pourtant que l'arbre qui cache la forêt, car des milliers d'enfants sont abandonnés chaque jour en Chine, où les orphelinats sont pleins.

Depuis quelques années, à la demande des Etats-Unis qui souhaitaient régulariser les procédures d'adoption d'enfants chinois par des Américains, les autorités locales font publier dans la presse de longues listes d'orphelins, afin de donner une chance aux parents biologiques de les reprendre. Mais ceux-ci le font rarement, car l'abandon d'enfant est illégal en Chine.

Ces abandons massifs sont principalement le résultat de la politique de l'enfant unique qui, bien qu'assouplie ces dernières années, demeure très contraignante. Ils concernent principalement les enfants «hors plan», presque toujours des filles car les ruraux aspirent par-dessus tout à avoir un fils, garant de l'avenir et d'une descendance. Au Hunan, 126,9 naissances de garçons sont enregistrées pour cent filles, alors que la norme biologique est de 105 pour 100. L'avortement, l'infanticide parfois, a raison du «reliquat» de filles ; les autres échouent dans les orphelinats.

http://www.liberation.fr/page.php?Article=362930



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Ecrit le : Lundi 27 Février 2006 15h40
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La banque française paraît bien placée pour la reprise de la GDB.
La Société générale veut s'ouvrir un compte en Chine

Par Philippe GRANGEREAU
lundi 27 février 2006



Pékin de notre correspondant

a neuf mois de la libéralisation totale du marché bancaire chinois programmée au terme des accords de l'OMC, les banques françaises se positionnent. La Société générale tente depuis plusieurs mois d'acquérir une banque chinoise, la Guangdong Development Bank (GDB) et ses quelque 500 agences. Elle s'est associée, dans ce but, à plusieurs partenaires chinois de taille, dont le géant de la sidérurgie Baosteel et le pétrolier Sinopec. Si cette offre l'emporte, le consortium franco-chinois ainsi constitué détiendrait 85 % de la GDB. La Société générale ne disposerait elle-même que de 24 % des parts, qui lui coûteront 700 millions de dollars. En octobre, la BNP avait été la première banque française à acquérir des parts dans une institution chinoise, pour la somme modeste de 80 millions de dollars (lire dessous). On est loin des montants de prises de parts des géants américains, qui sont les premiers à se ruer sur les banques chinoises et leurs 1 749 milliards de dollars d'épargne.

Concurrence. Sans surprise, l'adversaire de la Société générale est américain : le géant Citigroup, allié au fonds d'investissement Carlyle. Celui-ci était donné gagnant en décembre, mais la situation s'est inversée ce mois-ci. Fort de son alliance récente avec l'entreprise d'Etat chinoise Baosteel, le consortium mené par la Société générale paraît désormais le mieux placé. Son argument principal repose sur le respect de la règle chinoise actuelle, qui fixe à 25 % le montant maximal d'une participation étrangère dans une banque chinoise. Citigroup, en revanche, brise cette directive en proposant d'acquérir à lui seul 40 % de GDB. le géant américain pense pouvoir jouer un coup d'avance puisque, de toute manière, la règle du 25 % doit être levée en décembre. Le facteur politique, comme souvent en Chine, pourrait se révéler déterminant. Pékin pourrait être tenté de faire un geste envers les Etats-Unis, très remontés contre la Chine en raison du déficit commercial sino-américain qui ne cesse de se creuser, et favoriser Citigroup, qui par ailleurs offre davantage.

Beaucoup de banques étrangères se disent que la libéralisation de décembre risque d'être toute relative, et mieux vaut être d'ores et déjà bien placé notamment avec l'aide d'un partenaire chinois. Car les banques étrangères vont devoir obtenir une licence, ce qui est loin d'être une formalité sans encombre. En outre, il va leur falloir disposer d'un réseau bancaire, sans lequel tout accès au marché de détail reste utopique. Les banques européennes sont dans leur ensemble plus hésitantes que les autres à se lancer dans le jeu bancaire chinois. «Nombre d'entre elles se souviennent de l'engouement aveugle pour les marchés financiers asiatiques des années 90, et elles n'ont pas envie de renouveler l'expérience», note un analyste en évoquant la crise financière asiatique de 1997. Il relève que l'indice Fitch, mesurant la solvabilité et la fiabilité des banques françaises, est de plus de 70 points sur 100, «or, pour les banques chinoises, l'indice n'atteint que 10».

Corruption. Les banques chinoises se sont quelque peu assainies ces dernières années, après que l'Etat a injecté plusieurs dizaines de milliards de dollars. Elles ont toutefois toujours d'énormes passifs. Les créances douteuses chinoises représentent aujourd'hui le premier stock mondial, estimé entre 230 et 800 milliards de dollars par les analystes internationaux. La fourchette est large en raison d'un manque de transparence persistant. Beaucoup de banques chinoises continuent de prêter sans trop tenir compte de la rentabilité de ces opérations. Certains emprunts sont souvent obtenus par le biais de dessous-de-table. La corruption, endémique, a contaminé la plus haute hiérarchie du système bancaire chinois. Le dernier scandale en date concerne le patron de la Banque de construction de Chine, Zhang Enzhao, placé en résidence surveillée depuis mars dernier, selon une source informée. Il serait accusé d'avoir détourné à lui seul la somme faramineuse de 500 millions de dollars. En juillet , c'était le vice-président de la branche hongkongaise de la Banque de Chine, Liu Jinbao, qui était condamné pour détournement.

Recapitalisation. Pékin considère que la corruption peut être beaucoup plus facilement jugulée par l'introduction d'un partenaire étranger qui, selon le même analyste, «a, en quelque sorte, un rôle de levier et de nettoyeur». La présence d'un partenaire étranger dans la bureaucratie bancaire permet, en outre, de légitimer des réductions de personnel et des mises aux normes internationales. Car, à cet égard, nombre de banques ne respectent pas les normes comptables internationales, et présentent des bilans positifs qui sont loin de refléter la réalité. La Société générale risque de se voir confrontée à cette question si elle parvient à acquérir la GDB. Une source proche du dossier estime le taux de «prêts non performants» de la GDB à 7 %, soit dans la moyenne du marché chinois.

Mais des cadavres dans les placards sont toujours possibles. Daniel Bouton, le président de la Société générale, a d'ailleurs récemment précisé que l'acquisition de la GDB ne se ferait qu'après recapitalisation par les autorités locales, et qu'il ne s'agissait «pas d'acheter un bilan en l'état».

http://www.liberation.fr/page.php?Article=362884



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Ecrit le : Mardi 28 Février 2006 13h21
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Un petit pas de Taiwan vers l'indépendance
Taipeh a dissous le Conseil pour l'unification nationale, au grand dam de Pékin.

Par Philippe GRANGEREAU
mardi 28 février 2006



Pékin de notre correspondant

l'île de Taiwan, que la Chine considère comme une partie de son territoire, a fait un petit pas de plus vers l'indépendance. Le président taïwanais, Chen Shui-bian a annoncé hier que le Conseil pour l'unification nationale (CUN), établi en 1990, avait «cessé de fonctionner». Ce Conseil, hautement symbolique, affirmait que «Taiwan et la Chine continentale font partie du territoire chinois» et légitimait le principe d'une réunification éventuelle. Pékin a averti dimanche que l'abolition du CUN, qui était attendue, «provoquera une grave crise dans le détroit de Taiwan et sabotera la paix et la stabilité dans la région Asie-Pacifique».

Dans les faits, les 23 millions de Taïwanais sont indépendants depuis 1949, année de la défaite sur la Chine continentale des troupes nationalistes de Tchang Kai-shek, qui se sont alors réfugiées à Taiwan. Pékin refuse toutefois que cette indépendance soit formalisée, et conduit une politique de la carotte et du bâton à l'égard des insulaires rebelles. Elle dit se contenter pour l'heure du statu quo, si tant est que Taiwan accepte le principe d'une réunification, même dans un avenir éloigné. Mais dans le même temps, Pékin renforce chaque année le nombre de missiles pointés sur l'île, désormais au nombre de 700. La Chine a en outre adopté l'an dernier une loi dite «antisécession» légitimant l'usage éventuel de la force pour «réunifier» Taiwan.

Chen Shui-bian, au pouvoir depuis 2000, semble déterminé à aiguiller Taiwan vers l'indépendance, en dépit de l'opposition d'une partie de la classe politique. Faisant une allusion claire à la possibilité d'un référendum d'autodétermination, il a déclaré hier qu'il «n'excluait aucune option si tant est que cela corresponde aux volontés de la population taïwanaise». Un tel référendum pourrait être considéré par Pékin comme un casus belli. Les Etats-Unis, qui se sont engagés à protéger Taiwan en cas d'attaque chinoise, sont partisans du statu quo. Ils avaient appelé Chen Shui-bian à renoncer à «abolir» le CUN. De fait, Chen n'a pas utilisé le terme «abolir». Reste à savoir comment cette subtilité sémantique sera interprétée à Pékin.

http://www.liberation.fr/page.php?Article=363113



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Ecrit le : Jeudi 02 Mars 2006 13h25
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Littérature française
Comment Wei-Wei déplaça des montagnes

Par Claire DEVARRIEUX
jeudi 02 mars 2006



wei-wei
Une fille Zhuang Editions de l'Aube, 250 pp., 18 €.

comment une Chinoise née en 1957 devient un écrivain de langue française, après avoir eu longtemps, en guise de livres de chevet, Manuel du médecin généraliste et Collection de plantes médicinales, ou comment faire contre mauvaise fortune bon coeur en cas de vocation contrariée : voilà ce que nous raconte Wei-Wei, l'auteur de Fleurs de Chine (L'Aube, 2001). Elle avance d'un pas léger, dansant, armée d'une profusion de proverbes colorés qui marient la sagesse de ses deux nations. Il semble que la gaîté lui soit naturelle, aussi les drames qu'elle traverse sont-ils toujours balayés par la malice et le bonheur de vivre. Wei-Wei voulait devenir médecin. L'été 1974, elle a 17 ans (et une paire de hublots sur le nez dus à son assiduité de bonne élève), tous les jeunes sont envoyés à la campagne. Elle nous aide à bien comprendre ce dont il s'agit : «Pas d'électricité, pas d'eau courante, pas de cinéma, pas de boutique, pas de friandise, pas de terrain de sport, pas de librairie ; loin de ma famille, loin de mes amis ; rien que la terre basse, la terre basse, et la terre basse...» Deux ans et une morsure de serpent plus tard, l'agriculture telle qu'elle se pratique dans le coin le plus reculé du bout du monde n'a plus de secret pour Wei-Wei. Or, voici que le vent tourne à nouveau : «On t'envoie à l'université, m'a dit le chef du village.» Ce ne sera pas la faculté de médecine. Wei-Wei, fille d'intellectuels qui ont eu leur lot d'avanies, découvre que sa mère fut tenue pour droitiste en 1957. Suivre des études de médecine ? «Si vous faites une déclaration par écrit dans laquelle vous affirmez votre loyauté au Parti, et que vous rompez avec votre mère, on pourra s'arranger.» Bon. Wei-Wei étudiera la langue française. Elle escaladera les Misérables. Pour s'offrir une Mythologie grecque, elle se lavera systématiquement la tête «à l'infusion de bagasse de graines de camélia», moins chère que le shampoing. Elle ne tombera pas seulement amoureuse du Père Goriot.

http://www.liberation.fr/page.php?Article=363746



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Ecrit le : Samedi 04 Mars 2006 11h48
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Pékin veut enrichir ses paysans pour en faire des consommateurs
LE MONDE | 02.03.06 | 14h30 • Mis à jour le 02.03.06 | 14h30
SHANGHAÏ CORRESPONDANT


Grandes perdantes du boom économique, les campagnes chinoises devraient bénéficier d'un nouveau projet de développement, qui promet de mettre en place un système d'assurance sociale pour les paysans, d'améliorer l'accès à l'éducation, de supprimer des taxes, d'investir dans des projets d'infrastructures et de revoir les procédés d'acquisition des terres rurales.

Si la "construction des nouvelles campagnes socialistes" est au centre des débats à l'approche du Congrès national du peuple, qui ouvre dimanche 5 mars, c'est que les enjeux socio-économiques d'une "nouvelle donne" en faveur de ce tiers-monde intérieur sont devenus pressants.
Cheval de bataille du président Hu Jintao et de son premier minis-tre Wen Jiabao, la revitalisation des campagnes pourrait apporter des solutions aux déséquilibres de la croissance : l'accumulation des surcapacités industrielles, la faiblesse de la demande intérieure et le gonflement des excédents commerciaux se trouveraient ainsi "soulagés" par l'augmentation du pouvoir d'achat de la population rurale.
Alors que son économie croît à un rythme de plus de 9,5 % par an, la Chine n'a affecté, en 2005, que 300 milliards de yuans au soutien rural (31,3 milliards d'euros), soit 1,6 % de son produit intérieur brut (PIB). L'impôt agricole est supprimé à partir de janvier de cette année, mais les paysans croulent sous le poids de "redevances" de toutes sortes. Andy Xie, économiste chez Morgan Stanley, suggère d'augmenter le soutien aux agriculteurs à 3 % du PIB, et de tripler le salaire minimal d'ici à 2010.
L'exaspération des populations rurales face à leur sort, la conscience d'une profonde injustice dans la manière dont sont distribués les fruits du miracle économique et les dénis de droit dont sont victimes ceux qui tentent d'obtenir justice portent d'autant plus les germes d'une crise systémique que l'économie chinoise est désormais mondialisée.
"La montée des tensions internes provoquées par les inégalités et les frictions externes produites par le succès commercial chinois suggèrent que le modèle de développement basé sur les investissements et les exportations a peut-être atteint ses limites, analyse M. Xie. C'est dans l'intérêt de la Chine de changer de modèle avant que les tensions soient telles qu'elles ne déclenchent une crise économique."
La consommation intérieure n'a représenté que 39 % du PIB en 2005, contre 46 % en 1995. Et la cote d'alerte est atteinte en matière de disparités sociales : le revenu annuel net moyen des paysans chinois (2 355 yuans en 2005) est plus de trois fois inférieur à celui des villes, d'après Chen Xiwen, l'officiel qui a exposé, le 21 février, les grandes lignes du projet. Les 750 millions de ruraux chinois, soit 58 % de la population, n'ont contribué qu'à "32,9 % des ventes de détail pour les produits de consommation", a-t-il ajouté.
Lissées par la masse démographique chinoise, ces moyennes cachent des amplitudes bien plus grandes entre Shanghaï et Pékin, villes où la parité du pouvoir d'achat approche celle d'un pays riche, et les régions les plus pauvres (Guizhou, Ningxia) où elle est au niveau de la Namibie.
Paradoxalement, c'est dans les provinces les plus prospères, comme le Guangdong et le Zhejiang, que le découplage entre les campagnes et les villes est le plus patent : l'urbanisation et l'industrialisation galopante y dévorent des terres agricoles, arrachées aux paysans pour une bouchée de pain. "Les acquisitions forcées de terres arables ont privé de nombreux paysans de leur seule source de revenu", lit-on dans la revue économique Caijing.
L'indigence des campagnes chinoises a d'autres causes : il n'y a pas d'assurance ni de retraite dans les campagnes, et depuis la politique de l'enfant unique, lancée en 1979, les agriculteurs peuvent plus difficilement compter sur leurs enfants pour leurs vieux jours...
Cette précarité rend plus insupportable encore, au moment où les premières générations d'"enfants uniques" arrivent sur le marché du travail, l'iniquité des conditions de travail dans les usines où sont employés quelque 150 millions de "mingong", des "paysans ouvriers". Il en résulte une volatilité croissante de la main-d'oeuvre dans les provinces exportatrices comme le Guangdong : privés de droits ou de moyens de négociation, les "mingong" votent avec leurs pieds et changent en masse d'employeur, fragilisant les performances de l'atelier du monde.


Brice Pedroletti
Article paru dans l'édition du 03.03.06


*

La décollectivisation forcée et crapuleuse des terres agricoles
LE MONDE | 02.03.06 | 14h30
SHANGHAÏ CORRESPONDANT


Détenues collectivement par les comités de village, les terres agricoles sont concédées individuellement, pour trente ans, aux paysans. La plupart des foyers disposent de un à trois mu (un mu correspond à 0,06 hectare). En fixant les paysans - leur statut de ruraux, le hukou leur interdit en outre de s'installer en ville -, l'Etat a pu freiner l'urbanisation.

La forte croissance de l'économie a pourtant accru la demande de terrains constructibles : pour éviter que les paysans négocient directement des compensations, les autorités locales ont, depuis 1999, le monopole du transfert des terres au privé. Mesure qui, dans l'état de non- droit où se trouve la Chine, a ouvert la porte à tous les abus : dans un ouvrage récent, Dépasser les obstacles du développement, Zhou Tianyong, économiste influent de l'Ecole centrale du Parti communiste chinois, estime que, du début des réformes jusqu'en 2003, quelque 6,7 millions d'hectares ont été convertis en terrains constructibles et que les paysans n'ont été compensés qu'à hauteur de 10 % du prix du marché (qu'il estime en moyenne à 750 000 yuans par hectare), soit un manque à gagner de 4 500 milliards de yuans (469 milliards d'euros). Les quelque 200 000 hectares qui continuent à être "escamotés" chaque année à la discrétion des gouvernements locaux, représentent près de la moitié des aides rurales pour 2005.
Pour procéder à cette décollectivisation forcée, les potentats ont recours soit à la police, soit à des hommes de main, pour faire taire les protestations. Le nombre de jacqueries, et de bavures, oblige aujourd'hui le pouvoir central à agir. M. Tianyong suggère d'étendre à cent ans le droit d'usage des terres, de créer des sociétés de gestion et de faire strictement respecter les lois (une gageure). D'autres préconisent un accès direct des paysans au marché.

Brice Pedroletti
Article paru dans l'édition du 03.03.06



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Ecrit le : Samedi 04 Mars 2006 23h46
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Le PC chinois divisé sur une "pause" éventuelle des réformes
LE MONDE | 04.03.06 | 13h56 • Mis à jour le 04.03.06 | 13h56
PÉKIN CORRESPONDANT

alaise paysan, tensions sociales et divisions au sein du Parti communiste sur l'orientation des réformes économiques : la session annuelle de l'Assemblée nationale populaire (ANP) de Chine, qui s'ouvre dimanche 5 mars, a beau être un événement attendu, elle pourrait, cette fois, être le cénacle de débats inédits.

Les trois mille députés réunis pour une dizaine de jours dans le bâtiment abritant le Parlement croupion de la République populaire, au coin de la place Tiananmen, vont centrer leurs discussions sur la pauvreté paysanne, dans un pays où les fermiers sont les grands perdants du "miracle" chinois. Sur les 87 000 incidents de violences ou de protestations - chiffre officiel - recensés en 2005, la plupart ont concerné des "rébellions" de paysans, furieux d'être spoliés par des cadres locaux les évinçant de leurs terres pour laisser place à des projets de développement industriel. Début 2006, le premier ministre, Wen Jiabao, a sévèrement mis en garde les caciques locaux qui profitent des failles du système de propriété collective des terres appartenant encore aux comités villageois.

Le gouvernement va lancer un vaste plan de "construction des nouvelles campagnes socialistes", visant notamment à élever le niveau de vie des ruraux, améliorer les routes et l'accès à l'eau potable. Comme l'explique le professeur Wen Tienjun, directeur de l'Institut du développement rural à l'Université du peuple de Pékin, "la croissance économique doit être tirée par trois chevaux : l'investissement, l'exportation et la consommation interne". "En Chine, les deux premiers chevaux sont forts. Mais le troisième est une mule... Les 750 millions de paysans chinois sont dans une telle situation que leur pouvoir d'achat ne peut prétendre à tirer vers le haut la consommation", ajoute-t-il.

"NOUVELLE GAUCHE"

Un débat oppose, au sein du parti comme chez les intellectuels, les partisans de la poursuite des réformes économiques et ceux estimant que ces dernières ont été trop rapides et sont allées trop loin, provoquant le creusement du fossé entre les villes et les campagnes. Les partisans d'une pause des réformes appartiendraient à une mouvance qualifiée de "nouvelle gauche" où se côtoient les adversaires de la mondialisation et des "gauchistes" voulant plus de justice sociale.

De leur côté, le président Hu Jintao et son premier ministre ne cessent de mettre en avant le concept d'"harmonie sociale", tout en se prononçant pour la poursuite du rythme actuel des réformes. En janvier, par l'intermédiaire d'un ancien rédacteur en chef adjoint du Quotidien du peuple, qui signe sous son nom de plume Huangfu Ping, le pouvoir a montré que l'orientation sera maintenue : son article publié par la grande revue économique du pays, Caijing, titré "Les réformes ne doivent pas être remises en question", a reconnu que les contradictions s'accumulaient, mais a dénoncé ceux qui tentent de "s'opposer aux réformes".

Bruno Philip
Article paru dans l'édition du 05.03.06




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