http://www.hkcinemagic.com/fr/movie.asp?id=2242Adaptation d'un roman de Gu Long, ça ressemble à du Chu Yuan (des décors en studios travaillés, des rebondissements à qui mieux-mieux, une belle tentatrice, etc), mais ça ne l'est pas. Ce film est à voir pour se rendre compte de la supériorité de Chu Yuan par la façon dont il s'est totalement approprié l'univers des Gu Long ou Jin Yong, et confirme que la réussite de ses films ne reposait pas sur des scénarios bien écrits.
En fait, "Clan feuds" est une illustration assez plate d'un récit qui aurait été génial et fascinant si mis en scène par Chu Yuan. Le film est également symptomatique de la pente bis que prenait la Shaw à cette époque (bis qui a pu donné des oeuvres très réussies comme un "Holy flame...").
Cependant, ce film a des qualités, en premier lieu son casting : Ti Lung (après le pancho, les peaux de bêtes), Lo Meng (toujours en musclor qui réfléchit peu), Lily Li, et dans les seconds couteaux Jason Pai, Ko Fei, Yeung Ching Ching, Sun Chien parmis les visages les plus connus. Malheureusement, ces seconds rôles ne marquent pas pour la plupart, ou se limitent à des apparitions.
Martialement parlant, c'est de bonne tenue (deux des frères du chan Yuen Woo-ping sont aux commandes), malgré quelques câbles bien grossiers et qui sont bien vieillots en 1981 (année du film). Je trouve les scènes de combats à plusieurs très réussies, bien plus que les duels. De plus, la caméra est assez mobile, et les alliés entrant et aidant Ti Lung contre 50 sont bien introduits. On peut regretter le fait que la plupart des persos féminins se suicident.
Le principal reproche c'est l'absence de tout onirisme, qui fait qu'on ressent fortement le côté artificiel des décors (même s'ils sont beaux et variés : grotte avec des filles à ruban de gymnaste, Ile de glace avec cercueil glacé), là où chez Chu Yuan ce type de décors envoute (Ahhh, ses fausses lunes !). Le récit visant un certain côté mythologique (le thème principal du récit étant la filiation par le Père Fondateur de clans qui se déchirent), je trouve qu'un traitement onirique seillait mieux au film.
Au lieu de ça, le réalisateur privilégie un traitement assez léger, qui vire au involontairement comique. Ti Lung se trouve une simili mini-Sheena-Reine-de-la-Jungle jouée par une Liu Lai-ling très rafraichissante, mais son costume léopard est très kitsch. Ce qui fait tendre le film vers le bis, c'est l'apparition d'un mercenaire à barbe blanche avec une épée suçeuse de sang et une main on va dire reptilienne (quoique la scène de sa mort est assez réussie). Ne parlons même pas des scènes où Ti Lung et Ko Fei se battent en se balançant en l'air un faux couffin qui braille.
Les rebondissements sont amenés de façon assez grossière : que ce soit la rédemption d'une poule de luxe vers plus de puritanisme, Ti Lung qui en cours de route s'est trouvé plusieurs demi-frères/soeurs, sa mission à la fin qui devient empêcher un inceste, etc. Encore une fois, ce n'est pas tant les rebondissements qui gênent, mais le traitement général du films, alors que je trouve le thème principal du récit de Gu Long intéressant.