http://www.hkcinemagic.com/fr/movie.asp?id=949Premier film de Corey Yuen, et première éclatante réussite ! Pour moi, ça reste son meilleur film, et celui où l'équilibre entre kung-fu et humour est le mieux exploité.
Ce film présente beaucoup de points communs avec l'autre grand premier film (et chef d'oeuvre ultime) de l'autre futur grand chorégraphe, Ching Siu-tung et son "Duel to the death" sorti l'année suivante : l'antagonisme chinois/japonais qui vire à la réconciliation (plutôt le compréhension mutuelle chez Ching Siu-tung, mais c'est tout comme), et la présence de ninjas qui a donc entrainé une créativité extraordinaire de la part des chorégraphes (on peut aussi penser au fabuleux "Shaolin contre Ninja" du Sifu). Le film de Corey Yuen visant la comédie, est juste moins profond que celui de Ching dans le sens où il met également en scène la mentalité suicidaire et les principes d'un ninja dans ses passages dramatiques, sans avoir de distance critique vis-à-vis d'eux (là où Damian Lau essayait d'amener Tsui Siu-keung à se détacher de son conditionnement).
Le producteur Ng See-yuen, qui avait vraiment le nez fin, a débloqué un budget conséquent et ça se voit à l'écran : des décors naturels très variés et superbes, un casting panasiatique très bien exploité.
Le seul bémol (mais c'est relatif), c'est la présence de Conan Lee totalement éclipsé par l'excellent Hiroyuki Sanada, dont je ne connaissais, carrière japonaise, que "Ring" et "San Ku kai", et le 2ème ITLOD avec Michelle Yeoh. Lee est une sorte de Jackie en plus musclé et se débrouille bien dans les scènes d'actions (il me semble qu'il assure l'essentiel de l'incroyable affrontement sur les échasses au début), mais n'a aucune grâce au contraire de Sanada, sans compter sa tête de noeud, qui si elle devrait être un atout pour le comique, le rend assez fatiguant (là encore Sanada le surclasse par sa sobriété, et sa palette de jeu -dans le film il passe 3/4 du temps sérieux comme un pape, avant de se dérider pour le final comique). On aurait préféré Yuen Biao ou Meng Hoi (qui co-signe le chorés) pour ce rôle. Tai Bo, souvent vu aux côtés de Meng et Yuen dans les prods Sammo assure la partie comique.
Les chorégraphies sont un pur bonheur, Corey Yuen et Meng Hoi font preuve d'une imagination débordante : entre le combat sur les échasses, la maison-piège pour capturer Sanada (Yuen en fera un remake beaucoup moins réussi dans "Yes Madam" avec la maison de Tsui Hark pour échapper à Eddie Maher), la montée dans la pagode (avec écritaux comiques sur les règles à respecter pour gagner un combat), et le final contre The God Hwang Jang Lee, transformé en invocateur taoïste charlatan (le succès de la ghost kf comédie made by Sammo ne doit pas y être étranger), c'est un régal pour les yeux. La durée, les cadrages choisis participent à cette éclatante réussite.
Enfin l'humour : certes pour le spectateur occidental moyen, l'humour dans la kf comédie peut paraître lourd et pénible (qui plombe "Yes madam"), mais j'ai trouvé que la "vulgarité"-ici très sage- : à savoir l'apprantissage de gros mots dans la langue de l'autre, et le nichons-flash pour destabiliser l'autre (encore un point commun avec le premier film de Ching Siu-tung), cadrait très bien avec l'entreprise : la morale du film étant la réconciliation entre les ennemis éternels que sont les japonais et les chinois, quoi de mieux pour instaurer la familiarité entre les 2 persos au départ antagonistes que de communiquer d'abord par des insultes apprises dans la langue de l'autre ? J'ai trouvé que c'était une belle idée, gâchée par le fait que le perso de Sanada s'avère finalement capable de parler le chinois. Il y a aussi de bonnes idées de gags burlesques : la boule de bowling explosive ou la fausse oreille coupée à la Blue Velvet, dans laquelle hurle Conan Lee pour que son adversaire s'arrête, et il... s'arrête
ou la dernière réplique de Tai Bo (en gros) : "On peut être le type le plus fort, le plus malin, rien de plus efficace qu'un flash-nichons pour le battre !" re-
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