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HongKong Cinemagic Forum > Quartier Libre > Revue De Presse Sur La Chine 2010/2011


Ecrit par: P'tit Panda Vendredi 01 Janvier 2010 12h43
Le barrage des Trois-Gorges plus décrié que jamais
LE MONDE | 29.12.09 | 16h34 • Mis à jour le 30.12.09 | 08h28
Chongqing, envoyé spécial

Plantées à intervalles réguliers sur les rives de la retenue d'eau du barrage des Trois-Gorges, des bornes indiquent en rouge la hauteur maximale à atteindre : 175 mètres. Quinze ans après le lancement de ce chantier si décrié, elles n'ont toujours pas été submergées. Motif : une sécheresse persistante en aval.

Cette année, le niveau de l'eau a bien monté de 30 mètres depuis septembre (les barrages chinois ouvrent leurs vannes avant l'été, au moment où les pluies sont abondantes), mais le niveau se maintient depuis mi-novembre entre 170 et 172 mètres. Il a en effet fallu ouvrir les vannes, près de 2,5 millions de personnes ayant été privées d'eau potable cet automne dans sept provinces au sud de la région de Chongqing.

En urgence, le bureau de contrôle des inondations et de la sécheresse avait pourtant ordonné le mois dernier aux barrages situés en amont des Trois-Gorges d'effectuer des lâchers d'eau. Pour que ce dernier se remplisse tout en laissant écouler un débit suffisant vers l'aval. "Ils n'ont pas réussi l'an dernier à atteindre le niveau de 175 mètres, et échouent de nouveau cette année !", explique un ingénieur de Chengdu, qui milite dans une association de défense de l'environnement. "Les lacs de Dongting et Poyang en aval sur le Yangzi, les plus grands de Chine, n'ont jamais été aussi asséchés. Les autorités ne veulent pas le reconnaître, mais le barrage des Trois-Gorges a un impact sur un grand nombre de variables environnementales", ajoute-t-il.

L'ouvrage, qui retient l'eau sur 660 km, amplifie les effets du réchauffement climatique qui a déjà réduit le débit du Yangzi. "Tout indique que la retenue d'eau a aussi un impact en retour sur le climat lui-même, car les phénomènes climatiques extrêmes se multiplient localement", poursuit-il.

Les conséquences environnementales du barrage des Trois-Gorges inquiètent les écologistes chinois. Pour la plupart, ils étaient contre sa construction. Même si le manque d'études indépendantes et objectives, le grand nombre de disciplines concernées et la réticence du gouvernement et du lobby électrique à tolérer les débats les divisent et entravent leurs actions. Certains, comme les géologues Fan Xiao et Yang Yong, tous deux installés à Chengdu, dénoncent les risques d'instabilité géologique : à mesure que l'eau monte, elle s'infiltre, amollit la structure des sols, favorise les glissements de terrain. L'hypothèse des milieux scientifiques que le séisme du Sichuan, en mai 2008, ait été provoqué par la vidange du barrage de Zipingpu, a renforcé leurs craintes.

D'autres tirent la sonnette d'alarme sur les risques de pollution. "Maintenir la qualité de l'eau de la retenue est un problème majeur", explique à Chongqing, Wu Dengming, fondateur de l'ONG Green Volunteer League.

Ce vétéran du combat écologique se bat pour la promulgation d'une loi qui permettrait aux ONG de porter plainte au nom de l'intérêt général quand lacs et rivières sont en danger. Opposé depuis le début au barrage des Trois-Gorges, cet ancien policier et membre du Parti joue de ses connexions pour faire la guerre aux pollueurs.

Le gouvernement de Chongqing, la municipalité de 32 millions d'habitants (dont 70 % de ruraux) qui couvre le site de la retenue, assure-t-il, a conscience du défi : quarante nouvelles stations d'épuration doivent être construites d'ici 2015. Seize seulement sont, selon lui, terminées. Pas plus de 65 % des eaux usées sont actuellement traitées.

Contre toute attente, Wu Dengming s'est trouvé une mission : convaincre les zones rurales de s'équiper de stations naturelles d'épuration par les plantes. Avec ses HLM lépreux, ses lopins de terre sarclés jusqu'au dernier centimètre, Wangjia, dans le district de Yubei, au nord-est de Chongqing, est l'une de ces agglomérations "rurales" aux infrastructures vétustes comme il y en a tant en Chine. Ses 15 000 habitants produisent 800 tonnes d'eaux usées par jour, non traitées, qui se déversent dans le Yangzi, à 5 kilomètres. Wu Dengming y a installé un site d'épuration biologique, opérationnel depuis six mois, avec un membre de son association, Duan Qianlong, patron d'une PME d'ingénierie environnementale, la Chongqing Luhe. A l'origine, le militant avait été contacté par les habitants, en colère contre les autorités du district car l'étang du bourg était trop pollué.

Les eaux usées, une fois décantées, transitent par des cultures de plantes qui se nourrissent de la pollution, comme le myriophylle aquatique ou le canna. Elles sont naturellement épurées au terme de 24 heures de ce circuit. Cette technique de lagunage naturel, pratiquée ailleurs dans le monde, est, selon Duan Qianlong, très bien adaptée aux campagnes chinoises désargentées : "Ça ne dépense pas d'énergie, ça convient au climat, et ça coûte 3 maos (0,3 centime d'euro) la tonne d'eau à traiter", dit-il, contre "27 centimes pour une station traditionnelle".

L'investissement est estimé à 1 million de yuans (100 000 euros). Les autorités du district ont dit banco : douze autres stations de ce type ont déjà été aménagées à Yubei. Et vingt autres sont à l'étude dans d'autres districts de Chongqing. "Ce qu'on veut, c'est promouvoir cette technologie tout le long du Yangzi, déclare Wu Dengming. Il y a 200 bourgs comme Wangjia dans la municipalité de Chongqing, ce qui ne fait pas loin de cinq millions de personnes".

Brice Pedroletti
Article paru dans l'édition du 30.12.09



Ecrit par: P'tit Panda Vendredi 01 Janvier 2010 12h44
La Chine numéro trois mondial de l'énergie éolienne
LEMONDE.FR avec AFP | 31.12.09 | 08h21 • Mis à jour le 31.12.09 | 08h30

La Chine est devenue cette année le numéro trois mondial de l'énergie éolienne, annonce, jeudi 31 décembre, l'agence de presse Chine nouvelle. "La capacité installée chinoise atteint à la fin de l'année 20 gigawatts", selon Shi Lishan, vice-directeur du département des énergies renouvelables de l'administration nationale de l'énergie citée par l'agence officielle.

Ainsi, selon cette source, la Chine dépasse désormais l'Espagne, pour se placer troisième, derrière les Etats-Unis et l'Allemagne. Fin 2008, les Etats-Unis avaient une capacité installée de 25,2 gigawatts, soit 20,8 % de la capacité mondiale, l'Espagne de 16,8 GW et la Chine de 12,2 GW, selon des statistiques officielles chinoises.

FORTE CROISSANCE

La progression chinoise est nettement supérieure à l'évolution mondiale. En 2008, la puissance installée avait doublé pour la quatrième année de suite."En termes d'ampleur et de rythme, le développement de l'éolien en Chine est absolument sans équivalent dans le monde", soulignait le mois dernier Steve Sawyer, secrétaire général du Global Wind Energy Council (GWEC). "Au rythme actuel, ils seront premiers au monde en termes de capacité installée d'ici fin 2011, début 2012."

La Chine, qui est le premier émetteur mondial de gaz à effet de serre, souhaite que les énergies renouvelables représentent 15 % de sa fourniture énergétique d'ici à 2020, contre 9 % l'an dernier. Aujourd'hui le charbon, extrêment polluant, fournit environ 70 % de l'énergie utilisée en Chine. A titre de comparaison, l'objectif de l'Union européenne est de 20 % pour 2020.

La Chine, troisième économie mondiale qui s'achemine vers un taux de croissance d'au moins 8 % cette année, a été très critiquée lors de la conférence de l'ONU à Copenhague pour avoir empêché l'adoption d'un texte contraignant de réduction des émissions polluantes.

Ecrit par: P'tit Panda Vendredi 01 Janvier 2010 12h46
Le point de vue de l'agence économique et financière Reuters Breakingviews
Inflation, protectionnisme, inégalités : les trois écueils menaçant la Chine
LE MONDE | 30.12.09 | 16h17 • Mis à jour le 30.12.09 | 16h17

En 2009, la République populaire de Chine a fêté ses 60 ans. Elle a aussi réussi à éviter une catastrophe économique en investissant 4 000 milliards de yuans (586 milliards d'euros) dans un plan de relance sans précédent. Tout est maintenant en place pour que 2010 soit riche en succès. Enfin, si tout se passe bien, car Pékin devra faire face à trois dangers : l'inflation, le protectionnisme et les inégalités sociales.

Une première forme d'inflation a déjà fait son apparition. L'injection dans l'économie de 1 500 milliards de dollars (1 000 milliards d'euros) sous forme de prêts, que les banques ont accordés sur commande de l'Etat, et de capitaux étrangers motivés par la spéculation a fait exploser la valeur des actions et des propriétés immobilières.

En 2009, le prix du foncier a battu des records à Pékin, à Hongkong, ceux des appartements ont crevé les plafonds. Les premières sociétés qui ont accédé au marché tout neuf des firmes à forte croissance de Shenzhen ont vu leur cours doubler dès le premier jour.

Le prix des actifs s'envole et, pourtant, les prix à la consommation ont à peine frémi. De nombreux pays sont confrontés à cette situation, mais aucun gouvernement ni banque centrale n'a trouvé de parade : le relèvement des taux compromettrait la croissance en pénalisant consommateurs et producteurs. Une option qui, pour Pékin, serait suicidaire.

La Chine pourrait aussi être confrontée en 2010 à un regain de protectionnisme. L'année qui s'achève a déjà vu quelques passes d'armes avec les Etats-Unis sur les pneus ou l'acier. Ce sont là des cas isolés, mais la faiblesse entretenue du yuan peut, elle, être considérée comme une subvention déloyale, qui fausse le jeu et pousse les Américains à consommer plus qu'ils ne le devraient.

Certains économistes clament déjà que si la Chine ne change pas d'attitude sur la question des taux de change, il faudra ériger de nouvelles barrières douanières. Aux Etats-Unis, certaines personnalités politiques pourraient se joindre au mouvement, surtout si le chômage américain, qui atteint déjà 10 %, continue de grimper.

Risques de troubles

Le troisième facteur de risque est l'inégalité sociale. Moins visible, c'est le plus crucial : la concomitance de la flambée du prix des actifs et de la quasi-stagnation des salaires creuse le fossé entre détenteurs de patrimoine et prolétaires ne possédant pratiquement rien. Le taux de chômage officiel (4 %) passe sous silence les 150 millions de travailleurs migrants. La Chine est aussi un pays où un peu plus de 30 % des jeunes diplômés ne trouvent pas d'emploi.

La plus grande crainte des dirigeants est que l'oisiveté forcée et les inégalités créent des troubles. Une enquête récente menée par l'Académie des sciences sociales du Zhejiang, dont le South China Morning Post s'est fait l'écho, indique que 96 % des personnes interrogées "en veulent aux riches".

Pékin pourrait gérer ces écueils séparément. Mais si les trois se matérialisent en même temps, l'année du Tigre portera bien son nom, vu le nombre de féroces combats qu'il faudra livrer.

(Traduction de Christine Lahuec)

John Foley
Article paru dans l'édition du 31.12.09


Ecrit par: P'tit Panda Vendredi 01 Janvier 2010 12h47
Taïwan et la Chine préparent un accord commercial
LEMONDE.FR avec Reuters | 14.11.09 | 08h53

Le président chinois Hu Jintao a pris le petit déjeuner, samedi à Singapour, avec un responsable taiwanais, Lien Chan, président honoraire du Kuomintang (KMT, ou parti nationaliste), la formation au pouvoir à Taiwan. Taiwan et la Chine, bien qu'ennemis politiques depuis la guerre civile de la fin des années 1940, sont sur le point d'entamer officiellement des négociations sur un accord-cadre de coopération économique (ECFA) appelé à lier Taiwan au géant économique qu'est la Chine populaire.

"Cela nous aidera à éviter d'être marginalisés, ou un peu plus marginalisés, dans le commerce international", a expliqué Lien Chan devant la presse vendredi. La rencontre entre Hu Jintao, qui est par ailleurs secrétaire général du Parti communiste chinois, et Lien, a été possible sur le plan diplomatique parce qu'elle a eu lieu entre représentants de formations politiques et non de nations.

Lien Chan s'est déjà rendu en Chine en 2005. Il s'agissait alors de la première visite de ce genre depuis que les communistes ont proclamé la République populaire de Chine en 1949. Lien avait déjà rencontré Hu Jintao au sommet de l'Apec de l'an dernier, au Pérou.

Alors que Pékin considère toujours Taiwan comme une province renégate, les relations commerciales entre les deux Chines ont contribué à les rapprocher. Des entreprises taiwanaises ont investi massivement sur le continent, ce qui représente un marché conséquent pour les exportations de technologie taiwanaise.


Ecrit par: P'tit Panda Vendredi 01 Janvier 2010 12h48
L'américain Wal-Mart épinglé pour non-respect du droit du travail en Chine
LEMONDE.FR avec Reuters | 26.11.09 | 09h16

Le numéro un mondial de la distribution est accusé par China Labour Watch de pousser ses fournisseurs chinois à ne pas respecter le droit du travail local en exigeant des prix défiant toute concurrence. Dans un rapport publié mercredi, cette association ajoute que la chaîne américaine Wal-Mart Stores omet de faire état de ces abus, ou ne peut en faire état lorsque la chaîne mène des audits chez ses fournisseurs.

"Wal-Mart se sert de ses commandes massives comme d'un levier pour obtenir des prix bas, et les ouvriers souffrent de ce poids financier", dénonce China Labour Watch, dont le siège est à New York. Dans certaines usines chinoises gérées par des fournisseurs de Wal-Mart, les employés ne remplissant par leurs objectifs de production sont victimes de retenues sur leurs salaires, note l'association.

"Pire que tout, deux de ces usines font appliquer des règles forçant leurs employés à mentir aux auditeurs de Wal-Mart, les réduisant au silence alors que Wal-Mart détourne le regard pour ne pas voir ces conditions de travail dignes d'ateliers clandestins", poursuit-elle. Wal-Mart a réagi à la publication de ce rapport en annonçant l'ouverture d'une enquête sur les cinq usines prises en exemple par China Labour Watch.

Ecrit par: P'tit Panda Vendredi 01 Janvier 2010 12h49
Les tubes de la discorde entre Pékin et Washington
LEMONDE.FR avec AFP | 06.11.09 | 07h02 • Mis à jour le 06.11.09 | 07h19

La Chine dénonce, vendredi 6 novembre, un "abus de protectionnisme" par les Etats-Unis, qui veulent imposer des droits de douane aux tubes pour l'industrie pétrolière importés de Chine et engager la plus sérieuse action de ce type jamais intentée contre des produits chinois. Dans un communiqué, le ministère du commerce chinois a averti qu'il "prendrait des mesures pour protéger les intérêts de son industrie".

"Ne reconnaissant pas le statut d'économie de marché à la Chine, la partie américaine a adopté des mesures discriminatoires pour augmenter les taxes antidumping et anti-subventions selon sa volonté, et entraîner un impact sérieux sur les exportations de la sidérurgie chinoise", explique le ministère. Selon le communiqué, plus de quatre-vingt-dix compagnies vont être affectées, tandis que les produits visés, d'une valeur de 3,2 milliards de dollars l'année dernière (un peu plus de 2 milliards d'euros), ont représenté 46 % de la valeur totale des exportations d'acier aux Etats-Unis. "En valeur, à ce jour, c'est le cas le plus grave d'action antidumping et anti-subventions contre la Chine de l'étranger", indique le ministère.

UNE FABRICATION SUBVENTIONNÉE PAR LA CHINE JUSQU'À HAUTEUR DE 99,14 %

Selon les chiffres officiels américains, les importations de ces tubes par les Etats-Unis ont été multipliées par trois en volume entre 2006 et 2008, et par plus de quatre en valeur pour atteindre 2,629 milliards de dollars (1,345 milliard d'euros). Les Etats-Unis ont réaffirmé jeudi leur intention d'imposer provisoirement des droits de douane sur ces tubes chinois, tout en décidant d'augmenter les amendes par rapport à une décision préliminaire annoncée en septembre qui se basait sur des taux de subventions chinoises variant de 10,9 % à 30,7 %.

Le département américain du commerce estime désormais que la Chine subventionne la fabrication de ces tubes, à un niveau variant de zéro à 99,14 % selon les différentes sociétés exportatrices. Sa décision, qui ne deviendra définitive qu'en mars 2010, prévoit des droits de 36,5 % sur ces tubes pour les trente-sept plus gros exportateurs. Une compagnie se voit exemptée de tarifs douaniers, ses prix ayant été jugés conformes aux prix du marché, mais tous les autres fabricants chinois de tubes du même genre se voient imposer des droits de 99,14 %.


Ecrit par: P'tit Panda Vendredi 01 Janvier 2010 12h50
La Chine restreint ses exportations de matières premières stratégiques
LE MONDE | 29.12.09 | 16h48 • Mis à jour le 29.12.09 | 16h48

L'Union européenne (UE), les Etats-Unis et le Mexique ont tiré un coup de semonce important contre la Chine, le 21 décembre, en obtenant la création d'un groupe spécial de règlement des différends à l'Organisation mondiale du commerce (OMC). Ce groupe sera chargé de dire si Pékin viole la libre concurrence par ses restrictions à l'exportation de matières premières.

Pour les industries européennes, il s'agit d'une question de survie, comme cela a été précisé par la Commission dans son "initiative matières premières" du 4 novembre 2008. Elle y constatait "plus de 450 restrictions à l'exportation pour plus de 400 matières premières différentes" pratiquées par des pays émergents. Elle y annonçait que "l'UE agira avec détermination pour contester les mesures qui vont à l'encontre des règles de l'OMC ou des accords bilatéraux".

C'est ce qu'elle fait en dénonçant les restrictions chinoises sur la bauxite, le coke, le germanium, le magnésium, le manganèse, le silicium, le zinc et le phosphore. Ainsi, le manganèse chinois est-il frappé d'une taxe à l'export de 30 %. "Les industries de l'Union potentiellement touchées représentent 4 % de l'activité industrielle de l'UE et près de 500 000 emplois", estime la Commission, qui attaque ces pratiques au nom du protocole d'accession à l'OMC dans lequel la Chine promettait, en 2001, de ne pas limiter l'accès à ses matières premières.

Le jugement de l'OMC sera très attendu, tant le monopole chinois sur un nombre croissant de matières premières stratégiques est perçu comme une menace.

"Il y a vingt ans, raconte Georges Pichon, PDG du négociant en métaux MarsMetal, on ne dénombrait aucun grand producteur de magnésium en Chine. Aujourd'hui, il n'y en a plus un seul hors de Chine." "Le tantale, indispensable pour nos téléphones portables, était à l'origine traité uniquement par des Occidentaux, poursuit M. Pichon. En dix ans, le chinois Ningxia Orient Tantalum s'est approprié 20 % du marché. Pour élever le niveau de vie de sa population, Pékin mène une politique habile de grande puissance pour contrôler le plus de filières technologiques possible."

Ces filières dépendent de la maîtrise de vingt-neuf "métaux rares" (de l'antimoine au vanadium, en passant par l'indium) et de dix-sept "terres rares" (notamment l'or, le rhodium, le rhénium, ou le germanium...). Utilisés en quantités infinitésimales, ces éléments améliorent les propriétés physico-chimiques des autres métaux. Ils sont produits en petites quantités (130 tonnes de gallium par an), car ils sont souvent un sous-produit, à l'image du rhénium, extrait du molybdène, lui-même extrait du cuivre. Ils coûtent donc cher : le rhodium a atteint, en janvier 2008, le prix de 7 000 dollars l'once, quand l'or était à 900 dollars !

Autant dire qu'ils sont réservés à de très hautes technologies. Chaque écran à cristaux liquides contient 2 grammes d'indium. Pas d'ampoule basse consommation sans gallium. Pas de cellules solaires performantes sans sélénium. Pas de vision de nuit infrarouge sans germanium. Derrière la plainte à l'OMC des Occidentaux, ce sont ces terres rares qui sont en jeu, car la Chine est réputée assurer 95 % de leur production mondiale.

A l'OMC, on s'attend à ce que Pékin invoque l'article XX-G du GATT (Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce), qui prévoit des exceptions au libre-échange pour raisons environnementales. Le site du Quotidien du peuple a fait valoir, le 6 novembre, qu'au rythme d'exploitation actuel le premier gisement mondial de terres rares, à Baotou en Mongolie-Intérieure, pourrait être épuisé dans trente ans. D'autre part, le gouvernement chinois plaidera qu'en créant des quotas d'exportation (233 tonnes pour l'indium en 2009) il veut mettre fin aux exportations sauvages dont bénéficient les Occidentaux et qui représenteraient un tiers des sorties chinoises de métaux rares.

Forcer la Chine à respecter les règles de l'OMC ne suffira pas. Christian Hocquard, économiste au Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM), a souligné, le 3 décembre lors d'une conférence, que les Exchange Traded Funds (ETF), véhicules d'investissement physique sur les matières premières, commençaient à en stocker - notamment de l'indium - pour assécher ce petit marché et faire exploser les prix.

"Est-ce bien raisonnable de considérer les métaux rares comme une classe d'actifs ?", demande M. Hocquard, qui conseille aux industriels des mesures antispéculation : signature de contrats d'achat à long terme, couverture à terme à des prix fixés au London Metal Exchange, stockage préventif, recyclage des matières rares (50 000 téléphones = un kilo d'or), substitution d'un métal à un autre (le palladium à la place du platine dans les pots catalytiques).

Faute de volonté, les "bulles" en formation déboucheront sur des crises qui donneront crédit aux croyances millénaristes prédisant l'épuisement de tel minéral comme signe avant-coureur de la fin du monde. Et sur des bénéfices indus pour les spéculateurs.

Alain Faujas

*

A l'export, la Chine va dépasser l'Allemagne

"La Chine va probablement supplanter l'Allemagne pour devenir le premier exportateur mondial", a assuré, le 28 décembre, le ministre adjoint chinois au commerce, Zhong Shan. Les exportations chinoises devraient atteindre 1 190 milliards de dollars en 2009 (825 milliards d'euros), contre environ 1 000 milliards de dollars pour les allemandes.


Article paru dans l'édition du 30.12.09

Ecrit par: P'tit Panda Vendredi 01 Janvier 2010 23h58
La Chine et six pays d'Asie du Sud-Est suppriment la quasi-totalité des droits de douane
LE MONDE | 01.01.10 | 14h10 • Mis à jour le 01.01.10 | 14h10
Pékin Correspondant

La Chine et six pays d'Asie du Sud-Est ont supprimé depuis le 1er janvier la quasi-totalité des droits de douane sur 7 000 produits et services couvrant 90 % de leurs échanges. Cet accord qui entre en vigueur dans ce qui est devenu, en volume, la troisième zone de libre-échange de la planète, va modifier le paysage commercial et industriel d'une région qui, de la Chine à Singapour, des Philippines à la Birmanie, couvre 13 millions de kilomètres carrés et totalise une population d'environ 2 milliards d'habitants.

L'accord ne sera appliqué dans la totalité de la zone qu'en 2015 : au sein de l'Association des pays de l'Asie du Sud-Est (Asean), seuls la Thaïlande, l'Indonésie, Brunei, les Philippines, Singapour et la Malaisie sont pour l'instant concernés. Les derniers entrants, les plus pauvres - Birmanie, Laos, Vietnam et Cambodge -, bénéficient d'un "sursis" de cinq ans avant d'être soumis aux termes de cet accord qu'ils ont aussi signé. Négocié depuis 2002, ce projet a déjà permis la suppression, à partir de 2005, de droits de douane sur plusieurs centaines de produits.

Pour la Chine, qui va pouvoir augmenter ses exportations de matières premières et inonder l'Asie du Sud-Est de ses produits bon marché, cet accord est une aubaine. Les échanges dans la région devraient doubler en 2010 par rapport au volume de 2005 : 200 milliards de dollars (140 milliards d'euros) contre un peu plus de 100 milliards de dollars.

DE NOUVEAUX MARCHÉS

Jusqu'à présent, les marchandises chinoises étaient taxées de 5 % en Asie du Sud-Est. La levée des barrières douanières sur la majorité des biens manufacturés - excepté sur certains produits textiles et électroniques, jugés sensibles - va permettre à Pékin de compenser la chute de ses exportations vers l'Europe et les Etats-Unis depuis le début de la crise mondiale.

Les pays de l'Asean vont pouvoir accroître leurs exportations vers la Chine (riz, fruits exotiques, caoutchouc, huile de palme, gaz naturel). Mais cette nouvelle donne économique a aussi de quoi les inquiéter vu le "poids" du grand voisin du Nord. Selon Sothirak Pou, chercheur associé à l'Institut des études d'Asie du Sud-Est de Singapour : "Plus d'un pays de l'Asean ne voit pas cet accord de libre-échange comme un avantage."

Certains industriels de la région ont déjà mis en garde leur gouvernement sur ses conséquences. Et notamment le fait que la Chine, dont la devise, le yuan, est sous-évaluée et dont les entreprises bénéficient de subventions, va tirer profit de la levée des droits de douane. Si la Malaisie devrait pouvoir bénéficier de cet accord, tel ne sera pas forcément le cas d'un pays comme le Vietnam, producteur de marchandises à faible valeur ajoutée, qui pourrait se retrouver désavantagé face au "rouleau compresseur" chinois.

A Pékin, Song Hong, économiste de l'Académie des sciences sociales, estime cependant que la croissance des exportations de certains produits, notamment agricoles, d'Asie du Sud-Est vers la Chine, pourrait concurrencer les paysans des provinces chinoises frontalières de l'ancienne Indochine, le Guangxi ou le Yunnan.

Les Cambodgiens ont, de leur côté, souligné que cet accord va permettre au royaume khmer, dont les exportations agricoles vers les Etats-Unis et l'Europe sont à la baisse, de trouver de nouveaux marchés en Chine.

En Indonésie, l'heure est à l'inquiétude. "Si le gouvernement met en place l'accord maintenant, beaucoup d'industries vont mourir", a déclaré récemment Airlangga Hartarto, un député. Les responsables de l'Asean ne nient pas les conséquences pour leur région. Pushpanathan Sundram, secrétaire général adjoint chargé des questions économiques de l'Association, a déclaré dernièrement au New York Times qu'"il faudra parfois payer le prix" de cet accord. Mais, à terme, a-t-il ajouté, la Chine et l'Asean en "seront les mutuels bénéficiaires".

Bruno Philip

*


L'Asean rassemble quelque 600 millions d'habitants

Date de création L'Association des nations du Sud-Est asiatique (Asean en anglais) a été fondée en 1967 par cinq Etats de la région : l'Indonésie, la Malaisie, les Philippines, Singapour et la Thaïlande. Elle rassemble quelque 600 millions d'habitants.

Elargissement Cinq autres pays ont rejoint l'Asean depuis

sa création : Brunei (en 1984),

le Vietnam (en 1995), la Birmanie et le Laos (en 1997) et le Cambodge (en 1999).

Objectifs Accélérer la croissance économique, le progrès social et le développement culturel ; promouvoir la paix et la stabilité ; favoriser une collaboration active et une assistance mutuelle entre les pays membres dans les domaines économique, social, culturel.


Article paru dans l'édition du 02.01.10

Ecrit par: P'tit Panda Samedi 02 Janvier 2010 00h03
Après avoir été humilié à Pékin, Barack Obama doit défendre le dissident chinois Liu Xiaobo, par Wei Jingsheng
LE MONDE | 31.12.09 | 13h13 • Mis à jour le 31.12.09 | 13h13

Vendredi 25 décembre, un réformiste modéré, Liu Xiaobo, a été condamné à onze ans de prison par le gouvernement chinois au simple motif qu'il avait fait circuler et signé une pétition, la Charte 08, qui réclame les réformes politiques et les droits humains fondamentaux dont une grande partie du monde bénéficie déjà.

Il s'agit d'un message clair à l'adresse de tous ceux qui demandent de la retenue à une Chine dotée d'une puissance toute neuve, et qui occupe désormais une place de premier rang dans les réunions de la gouvernance mondiale : "Puisque vous avez réclamé à grand bruit la libération de Liu après son arrestation, nous le punirons encore plus sévèrement. Cela vous fera comprendre, sans la moindre ambiguïté, que non seulement nous nous moquons de ce que vous pensez, mais que nous n'avons même pas à nous en préoccuper."

Si des diplomates allemands et australiens comptaient parmi la vingtaine de personnes autorisées à assister au "procès public", le fait qu'aucun membre de l'ambassade américaine n'y ait été admis devrait être considéré comme une provocation flagrante envers les Etats-Unis.

Nous autres Chinois connaissons bien cette arrogance autoritaire.

A l'époque de Mao Zedong et de Deng Xiaoping, lorsque je fus emprisonné durant quinze ans pour le "crime abominable" d'avoir placardé une affiche, le gouvernement chinois se comportait de la même façon à l'égard de l'opinion publique internationale. Si le peuple chinois, se disaient les responsables du Parti communiste, voit avec quelle insouciance le gouvernement rejette les préoccupations exprimées par les puissants étrangers, il comprendra aussi qu'il n'a pas d'autre choix que de se soumettre à l'autorité impérieuse du gouvernement.

Il y eut quelques changements sous Jiang Zemin. Afin de réduire la pression internationale et de développer l'économie dans des conditions commerciales favorables de la part des Etats-Unis, le régime chinois fit quelques concessions.

Entre autres gestes, je fus libéré de prison et expulsé vers les Etats-Unis. Ces concessions déclenchèrent une violente réaction de la part des partisans de la ligne dure au sein du Parti, en dépit du fait qu'au cours de ces années la rapide croissance chinoise fut alimentée en grande partie par l'énorme déficit commercial américain.

A présent que les dirigeants chinois estiment que la prospérité de leur pays en fait un acteur de l'histoire du monde, tandis que le prestige américain a été entamé par la guerre en Irak et la récente catastrophe financière, les tenants de la ligne dure ont pu une nouvelle fois reprendre la main.

Il ne fait aucun doute qu'il y a du vrai dans l'idée selon laquelle le retour d'une telle arrogance est encouragé par le rôle de la Chine en tant que principal créancier d'une Amérique endettée. C'est assurément l'une des raisons pour lesquelles la direction chinoise se sent autorisée à insulter le président Barack Obama, comme elle l'a fait lors de sa récente visite en Chine en empêchant la retransmission de son discours [devant les étudiants de Shanghaï], et en envoyant des responsables de deuxième ordre négocier avec lui lors du sommet de Copenhague sur le climat avant que le premier ministre, Wen Jiabao, à la dernière minute, consente finalement à lui accorder une audience.

L'humiliation ainsi faite à Barack Obama n'a rien de personnelle. Elle sert aux dirigeants chinois à marquer la puissance chinoise sur la scène mondiale. Mais surtout, comme sous Mao Zedong et Deng Xiaoping, s'opposer à la superpuissance américaine vise à endiguer une opposition interne grandissante et à contraindre un peuple chinois de plus en plus impatient à se soumettre à la dictature du parti unique.

C'est là un objectif particulièrement critique, puisqu'une plus grande démocratie en Chine mettrait à nu les propres problèmes économiques du pays.

La façon dont le président Barack Obama répondra à cette provocation ne concerne pas seulement son honneur et sa fonction ; il s'agit de défendre les valeurs démocratiques de l'Occident face à un défi dont l'enjeu est la primauté idéologique au XXIe siècle.

L'affaire Liu Xiaobo offre au président américain l'occasion de sauver la face et de se dresser contre l'arrogance nuisible des tenants de la ligne dure. Vu que l'affaire Liu doit être jugée en appel devant une plus haute cour, les Etats-Unis et le reste de l'Occident devraient demander avec fermeté que sa sentence soit suspendue.

Une telle position permettrait d'affaiblir les durs du Parti tout en renforçant les voix de ceux qui réclament une réforme pacifique en Chine. Si les Etats-Unis n'opposent aucune résistance, les durs du Parti continueront à exercer leur pression, entraînant des conséquences négatives dans tous les domaines, depuis les échanges commerciaux et l'évaluation des devises jusqu'à la sécurité mondiale et au changement climatique.

Les Etats-Unis doivent peut-être beaucoup d'argent à la Chine, mais ils ont une dette encore plus grande à l'égard de leurs principes fondateurs de liberté et de droits humains. Si l'Occident, emmené par les Etats-Unis, ne contrebalance pas le poids nouveau de la Chine dans l'ordre mondial, qui le fera ?

Traduit de l'anglais par Gilles Berton.

Wei Jingsheng, dissident chinois expulsé aux Etats-Unis, défenseur des droits de l'homme et du mouvement démocratique.


Article paru dans l'édition du 01.01.10



Ecrit par: P'tit Panda Samedi 02 Janvier 2010 00h04
Point de vue
De la Charte 77 à celle de 2008, un même combat, par Lucien Bianco
LE MONDE | 31.12.09 | 13h13

Le dissident chinois Liu Xiaobo vient d'être condamné à onze ans de prison pour avoir exercé des droits universellement reconnus : dire et écrire ce qu'il pense. La Chine signe sans sourciller des engagements en ce sens, sachant que cela ne l'engage à rien puisqu'elle ne les tiendra pas. Elle inscrit même ces droits dans la Constitution, mais une Constitution a-t-elle d'autres fins que d'abuser les étrangers, de bercer et berner le peuple chinois ?

On savait certes qu'une fois arrêté (fin juin, après plus de six mois de détention préventive, ce qui est illégal dans cette démocratie exemplaire), Liu ferait de la prison. On n'allait cependant pas jusqu'à imaginer une peine de onze ans, très supérieure à celles d'ordinaire infligées aux dissidents. Peine prononcée à l'issue d'un procès expéditif à huis clos, auquel son épouse Liu Xia n'a pas eu le droit d'assister. Elle a été autorisée à le voir dix minutes le lendemain, à travers une paroi vitrée : ce fut la troisième rencontre entre les deux époux depuis plus d'un an que Liu est détenu.

La peine, décidée en haut lieu et prononcée par des juges aux ordres du pouvoir, est à la mesure des craintes des dirigeants. La Charte 08, ainsi nommée en référence à la Charte 77 des dissidents tchécoslovaques, ne demande-t-elle pas la séparation des pouvoirs, des élections libres, la fin du monopole du Parti communiste, la liberté d'expression et de réunion, l'égalité entre villes et campagnes ? J'interromps ici la liste des exigences inacceptables dont Liu, un des principaux rédacteurs de la Charte 08, s'est rendu coupable.

Pis, ce document avait été signé par quelque dix mille citoyens chinois, en dépit de mesures d'intimidation immédiates. La police a arrêté Liu sans attendre le 10 décembre 2008, jour anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme, choisi par ses rédacteurs pour la rendre publique. D'autres rédacteurs de la Charte ont été immédiatement arrêtés, de nombreux signataires questionnés et harcelés. Les Tchèques avaient mis plus de deux ans avant d'arrêter Vaclav Havel ; les Chinois n'ont pas traîné.

Vaclav Havel et Liu Xiaobo : ce serait bien que les lecteurs retiennent aussi le nom de ce dernier. On ne peut rien faire pour lui, il accomplira sa peine jusqu'au bout si le régime, comme il est assez probable, survit aussi longtemps. A tout le moins, ce sera peut-être un réconfort pour le prisonnier de savoir que nous pensons à lui. Son prédécesseur, Wei Jingsheng, qui a passé dix-huit ans en prison, m'a confié que les protestations venues d'Occident (en langage officiel, Pékin vient de nous rappeler les "grossières interférences dans les affaires intérieures chinoises") lui mettaient un peu de baume au coeur. Liu Xiaobo n'est pas un dramaturge comme Vaclav Havel mais un essayiste, critique littéraire et ancien professeur d'université qui n'a plus le droit d'enseigner.

Il faut reconnaître qu'il n'avait pas attendu le mouvement démocratique de 1989 pour s'en prendre au despotisme et au culte posthume de Mao. Le 2 juin 1989, conscient du massacre qui se préparait, il a utilisé son prestige auprès des étudiants pour tenter de les convaincre d'évacuer la place Tiananmen.

Don Quichotte invétéré, il espérait aussi que le pouvoir renoncerait de son côté à la loi martiale. A cette fin, il s'est rendu sur la place et y a entamé une grève de la faim, en compagnie d'une poignée d'autres intellectuels. Il n'a été entendu ni des uns ni de l'autre mais il a réussi, dans la nuit du 3 au 4 juin, à négocier avec un colonel l'évacuation pacifique de nombreux étudiants prêts à écouter Liu plutôt que les jusqu'au-boutistes.

Après Tiananmen, Liu a passé vingt et un mois en prison, avant d'être à nouveau condamné (terme impropre puisque cette mesure administrative ne requiert aucun jugement), en 1996, à trois ans de laojiao qui, avec le laogai, est l'équivalent chinois du goulag. Il faut dire que Liu s'était permis de solliciter la clémence pour ceux qui demeuraient détenus sept ans après le printemps 1989.

L'histoire accolera les noms de Vaclav Havel et de Liu Xiaobo. Quant aux Husak et aux Hu Jintao, un Trotski les jetterait sans sourciller dans les poubelles de l'Histoire.

Hu Jintao, objectera-t-on, préside au développement économique dont le monde entier s'émerveille. Certes, c'est bien presque la seule, en tout cas la plus importante différence avec la Tchécoslovaquie, îlot de développement en Europe centrale et orientale avant que le joug communiste n'y mette un terme. C'est précisément cette réussite économique qui assure à la Chine un poids en tout état de cause amplement justifié par sa population - et ce ne sera que justice quand l'Inde accédera au même rang.

D'où aussi la crainte et le "respect" qu'elle inspire et que ses dirigeants ne se retiennent pas d'imposer en faisant tout ce qu'il faut pour intimider Nicolas Sarkozy avec la même allégresse que Liu Xiaobo. Ce n'est pas à l'heure où François Fillon a été dépêché en Chine pour réparer les pots cassés et "sceller la fin de la brouille avec Pékin" (Le Monde du 24 décembre) qu'il faut attendre de la France une protestation aussi vigoureuse que celles d'Angela Merkel et des Américains - d'un Bernard Kouchner sans doute en d'autres temps.

Le développement économique de la Chine doit-il masquer l'évidence ? La dictature post-totalitaire chinoise a, depuis belle lurette, atteint un stade avancé de glaciation brejnévienne. Ce qui la retient prisonnière des glaces, c'est la crainte tenace d'une débâcle gorbatchévienne. On comprend la panique de ceux qui se cramponnent au pouvoir, mais la nécessité d'un Gorbatchev chinois finira par s'imposer.

Lucien Bianco, historien et sinologue.


Article paru dans l'édition du 01.01.10



Ecrit par: P'tit Panda Samedi 02 Janvier 2010 00h10
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En Chine, la peine de mort est appliquée pour l'exemple
By Anna Benjamin
Created 12/29/2009 - 18:05

Depuis 1951, aucun ressortissant européen n'avait été exécuté en Chine, selon l'ONG Reprieve [1]. Akmal Shaikh, citoyen britannique d'origine pakistanaise, condamné pour trafic de drogue, a été exécuté par injection le 29 décembre à Urumqi, capitale du Xinjiang (nord-ouest).

Cet événement a pris une envergure internationale du fait de la nationalité du condamné. Les autorités chinoises montrent qu'elles gardent le cap en ce qui concerne la peine de mort.

Une réforme pour éviter les erreurs judiciaires

Mais face aux campagnes internationales, la Chine a néanmoins décidé certaines modifications de la procédure judiciaire, en particulier en centralisant les jugements en appel lors de condamnations à la peine capitale.

Depuis le 1er janvier 2007, les procédures d'appel à des condamnations à la peine de mort ne sont plus étudiées en dernière instance par les hautes cours provinciales, inféodées aux pouvoirs locaux, une manière d'éviter les erreurs judiciaires et de rendre les jugements plus « objectifs ».

C'est désormais la Cour suprême nationale, qui détient un pouvoir de révision, qui confirme ou annule toutes les condamnations à la peine de mort.

En mars 2008, Huang Ermei, membre du Comité judiciaire de la Cour suprême populaire, affirmait que 15% des condamnations à la peine de mort avait été rejetées en 2007 [2] grâce à ce nouveau système. Ces rejets sont dûs, selon elle, à :

« Des faits imprécis, des preuves insuffisantes, des décisions de condamnations inappropriées et des procédures illégales. »

Le nombre de condamnations aurait donc diminué de moitié, passant de 10 000 à 5 000 entre 2005 et 2008.

L'exemplarité de la peine de mort

La Chine reste néanmoins le pays où le nombre d'exécutions est le plus important. Alors qu'Amnesty international [3] évoque 1 718 exécutions en 2008, les ONG Hand Off Cain [4] ou Dui Hua [5] parlent d'au moins 5 000 exécutions. Ces chiffres restent flous car le secret d'État est la règle en la matière.

Pour les autorités chinoises, la peine de mort reste un instrument indispensable par son exemplarité et son cacaractère dissuasif, même si ces deux éléments sont sérieusement mis en doute par les experts. Elle est ouvertement utilisée dans des cas de répression politique, comme récemment avec l'exécution de huit Ouïgours et d'un Chinois Han [6] après les émeutes d'Urumqi, ou de Tibétains après celles de Lhassa.

Mais en Chine, la peine capitale est appliquée pour 68 crimes différents. Ce sont donc d'abord des condamnations pour des crimes de droits communs qui sont prononcées : le 4 décembre, deux personnes ont été condamnées à mort pour crime organisé [7] ; le 12, deux autres pour trafic de drogue ; le 22, c'est un chauffeur de bus ayant délibérément tué un motocycliste qui a subit le même sort.

Les crimes suivies de mort et le trafic de drogue restent les plus poursuivis. Chaque année, la journée internationale contre la drogue, le 26 juin, semble être un moyen de faire des exemples. En juin dernier, une vingtaine de personnes ont été exécutées et une vingtaine d'autres ont été condamnées à mort. [8]

Akmal Shaikh, arrêté le 12 septembre 2007 avec quatre kilos d'héroïne à l'aéroport d'Urumqi, alors que 50g suffisent pour être condamné à mort, n'a donc pas échappé à la règle.

La Chine, sourde aux critiques internationales

Depuis quelques mois, une bataille diplomatique entre les autorités chinoises et britanniques s'était engagée. Malgré les demandes insistantes de clémence en provenance de Londres et le coup de téléphone le mois dernier du Premier ministre Gordon Brown à Wen Jiabao [9], son homologue chinois, la Chine est restée sourde.

Les annonces ont donc été bien différentes à l'annonce de cette exécution. Comme toute l'Europe [10], Gordon Brown l'a condamnée « dans les termes les plus fermes », et s'est dit « scandalisé et déçu que nos demandes persistantes de clémence n'aient pas été exaucées. »

Mais le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères a assuré avoir « géré [ce cas] en stricte conformité avec la loi », ajoutant surtout que la Chine ne comptait pas se faire dicter son action et sa politique.

En mars 2005, le Premier ministre Wen Jiabao avait déjà déclaré [11] :

« Au vu de notre situation nationale, nous ne pouvons pas abolir la peine de mort. Et la pression internationale n'y changera rien ! Ce que nous faisons, c'est instaurer un système qui garantit que les condamnations à mort soient rendues avec prudence et justice. »

Depuis 2005, la Chine n'a fait que gagner en assurance, et a encore moins de raisons qu'alors de céder aux pressions internationales. Que ce soit pour condamner à une lourde peine le dissident Liu Xiaobo [12], ou pour exécuter un citoyen britannique.

Photo : le Britannique Akmal Shaikh (DR)
La peine de mort pour le meurtrier héros du web chinois [13]
La Chine intransigeante sur les drogues avant les JO de Pékin [14]
Neuf personnes exécutées au Xianjiang pour l'exemple [6]
65% des organes greffés issus de condamnés à mort [15]
Sûr de sa puissance, Pékin ignore les jugements de l'étranger, sur LeMonde.fr [16]
La peine de mort en Chine, sur peinedemort.org [7]
Commander sur Fnac.com:
Droits humains en Chine , Le revers de la médaille [17]
URL source: http://www.rue89.com/2009/12/29/en-chine-la-peine-de-mort-est-appliquee-pour-lexemple-131682

Links:
[1] http://www.reprieve.org.uk/2009_12_29_akmal_shaikh_executed
[2] http://www.reuters.com/article/idUSPEK6234820080308
[3] http://www.amnesty.org/fr/for-media/press-releases/death-penalty-2390-executions-2008-worldwide-72-cent-china-20090324
[4] http://www.handsoffcain.info/bancadati/index.php?tipotema=arg&idtema=12000547
[5] http://www.duihua.org/
[6] http://www.rue89.com/chinatown/2009/11/10/neuf-personnes-executees-au-xinjiang-pour-lexemple
[7] http://www.peinedemort.org/National/pays.php?pays=25
[8] http://www.peinedemort.org/document.php?choix=3702
[9] http://www.telegraph.co.uk/news/worldnews/asia/china/6897529/Chinese-fail-to-tell-Briton-Akmal-Shaikh-when-he-will-be-executed.html
[10] http://www.lepoint.fr/actualites-monde/2009-12-29/l-ue-condamne-l-execution-d-un-britannique-en-chine/924/0/408999
[11] http://www.abolition.fr/ecpm/french/news.php?new=341
[12] http://www.rue89.com/chinatown/2009/12/22/m-fillon-connaissez-vous-le-dissident-chinois-liu-xiaobo-130930
[13] http://www.rue89.com/chinatown/la-peine-de-mort-pour-le-meurtrier-heros-du-web-chinois
[14] http://www.rue89.com/chinatown/la-chine-intransigeante-sur-les-drogues-avant-les-jo-de-pekin
[15] http://www.rue89.com/chinatown/2009/08/26/65-des-organes-greffes-en-chine-issus-de-condamnes-a-mort
[16] http://abonnes.lemonde.fr/asie-pacifique/article/2009/12/29/sur-de-sa-puissance-pekin-ignore-les-jugements-de-l-etranger_1285715_3216.html
[17] http://livre.fnac.com/a2048907/Amnesty-International-Droits-humains-en-Chine?Origin=RUE89_EDITO

Ecrit par: lanjingling Samedi 02 Janvier 2010 03h59
QUOTE (P'tit Panda @ Samedi 02 Janvier 2010 00h03)
Après avoir été humilié à Pékin, Barack Obama doit défendre le dissident chinois Liu Xiaobo, par Wei Jingsheng
LE MONDE | 31.12.09 | 13h13 • Mis à jour le 31.12.09 | 13h13

Vendredi 25 décembre, un réformiste modéré, Liu Xiaobo, a été condamné à onze ans de prison par le gouvernement chinois au simple motif qu'il avait fait circuler et signé une pétition, la Charte 08, qui réclame les réformes politiques et les droits humains fondamentaux dont une grande partie du monde bénéficie déjà.

Il s'agit d'un message clair à l'adresse de tous ceux qui demandent de la retenue à une Chine dotée d'une puissance toute neuve, et qui occupe désormais une place de premier rang dans les réunions de la gouvernance mondiale : "Puisque vous avez réclamé à grand bruit la libération de Liu après son arrestation, nous le punirons encore plus sévèrement. Cela vous fera comprendre, sans la moindre ambiguïté, que non seulement nous nous moquons de ce que vous pensez, mais que nous n'avons même pas à nous en préoccuper."


À propos d'avertissement, la première page du premier numéro de l'année du shenzhen daily est sympa aussi http://szdaily.sznews.com/html/2010-01/01/content_914961.htm banana.gif

Ecrit par: ah_thomas Samedi 02 Janvier 2010 10h18
Fait super chaud a Shenzhen, en parlant d'autre chose.... 15-19℃

Ecrit par: lanjingling Samedi 02 Janvier 2010 16h36
QUOTE (ah_thomas @ Samedi 02 Janvier 2010 10h18)
Fait super chaud a Shenzhen, en parlant d'autre chose.... 15-19℃

sauf que depuis cet après midi, il pleut comme vache qui pisse ; temps de chiote.gif

et pour continuer à parler d'autre chose, si dans la presse française ils pouvaient un peu réduire la fréquence d'énormités du genre
QUOTE (P'tit Panda @ Vendredi 01 Janvier 2010 12h50)
  dix-sept "terres rares" (notamment l'or, le rhodium, le rhénium, ou le germanium...).  (le monde)
ça permettrait d'éviter que les anti-démocrates locaux puissent se gausser avec des reflexions du genre "la liberté de la presse, c'est la liberté de dire des conneries"


Ecrit par: P'tit Panda Lundi 04 Janvier 2010 14h18
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Après Caijing, la journaliste Hu Shuli à la tête d'un autre magazine
By Pierre Haski
Created 12/31/2009 - 17:32

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Quelques semaines à peine après avoir claqué la porte du magazine économique Caijing qu'elle dirigeait, la journaliste Hu Shuli va diriger un nouveau magazine chinois, Century Weekly, basé dans l'île de Hainan, dans le sud de la Chine. Un magazine à suivre, désormais, si l'on en juge par le tempérament de cette journaliste de 56 ans, et par le type de journalisme qu'elle a pratiqué jusqu'ici.

Hu Shuli et plusieurs de ses collaborateurs avaient quitté Caijing en novembre, en invoquant des désaccords avec le groupe Stock Exchange Executive Council qui possède le magazine. Des désaccords sur des « questions éditoriales », avait-on dit alors, un euphémisme pour le type de journalisme d'investigation prôné par la journaliste.

Le premier numéro de Century Weekly est déjà sorti, daté du 4 janvier 2010. Il est publié par une organisation indépendante, selon le New York Times : le China Institute for research and development.

Hu Shuli est l'une des journalistes chinoises à avoir poussé le plus loin le concept de journalisme d'investigation dans le contexte chinois, c'est-à-dire dans le cadre d'une information étroitement contrôlée et censurée. Elle a bénéficié pendant longtemps d'une relative protection dûe au fait qu'elle s'intéressait surtout au monde des affaires, et qu'une partie de l'establishment voyait d'un bon oeil l'existence de ce garde-fou contre une corruption galopante.

Ces derniers temps, toutefois, elle est sortie du strict cadre du monde des affaires pour s'intéresser aux questions de société, consacrant notamment des dossiers au séisme du Sichuan et aux malversations qui ont causé de nombreuses victimes lorsque les écoles se sont effondrées, ou à des questions plus politiques encore, ce qui a suscité ces tensions avec l'éditeur du magazine.

En s'« exilant » à Hainan, elle espère peut-être échapper à une censure très tatillonne à Pékin, à l'image de la presse de Canton, qui bénéficie d'un « micro-climat » local plus libéral.
Le magazine Caijing remis au pas : départ de la directrice Hu Shuli [1]
Bruno Wu, patron de médias privés : « la presse sera libre » [2]
Pioneering Editor Takes Over New Magazine in China, sur nyt.com [3]
Hu Shuli, une journaliste qui dérange, sur elle.fr [4]
URL source: http://www.rue89.com/node/131916

Links:
[1] http://www.rue89.com/chinatown/2009/11/10/le-magazine-caijing-remis-au-pas-depart-de-la-directrice-hu-shuli
[2] http://www.rue89.com/hors-jeux/linterview-bruno-wu-patron-de-medias-prives-la-presse-sera-libre
[3] http://www.nytimes.com/2010/01/01/world/asia/01china.html?ref=global-home
[4] http://www.elle.fr/elle/Societe/News/Hu-Shuli-une-journaliste-qui-derange/(gid)/1083059

Ecrit par: P'tit Panda Lundi 04 Janvier 2010 14h20
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Erdong, Chinois aux Etats-Unis et Nigel, Américain en Chine
By Thomas Baïetto et Mathieu Dehlinger
Created 12/18/2009 - 11:28

Erdong a 20 ans, Nigel 21. L'un est Chinois, natif de Nankin, ville maintes fois capitale et située à l'Est du pays, dans le Jiangsu. L'autre est Américain, né à Gettysburg, en Pennsylvanie. A la sortie du lycée, ils ont tous les deux choisi de quitter leur pays d'origine pour poursuivre leurs études. Portraits croisés.

La décision

Erdong, comme 100 000 autres Chinois, est aujourd'hui scolarisé sur un campus américain, tandis que Nigel, lui, fait partie des 20 000 étudiants américains installés en Chine.

Pour Erdong, poursuivre ses études à l'étranger allait de soit. Elève du prestigieux lycée des langues étrangères de Nankin, il a baigné dans une atmosphère où ce type de parcours était favorisé et encouragé.

La réputation des universités américaines, le fourmillement d'ONG et de think tanks dans la capitale américaine, son goût pour les relations internationales et les sciences sociales et l'octroi d'une bourse d'étude « généreuse » ont fait le reste, le menant à Washington, sur les bancs de l'American University.

ErdongA l'inverse, ce n'est pas l'environnement scolaire mais l'environnement familial qui a été déterminant dans l'arrivée de Nigel à l'université de Pékin (Beida). De parents ougandais, ayant lui-même vécu dans ce pays, il était suffisamment conscient de l'intérêt de découvrir une nouvelle culture et un nouveau pays pour tendre une oreille attentive aux conseils d'un ami de son père, lui-même diplômé de l'université chinoise la plus renommée et la plus ancienne.

Le faible coût de la vie et des études – 51 243$ pour une année undergraduate à American university, contre 10 400$ pour Beida, selon les chiffres avancés par les deux universités – ainsi que la bourse accordée – prime d'installation de 2000 yuans (200 euros), 1700 yuans (170 euros) par mois et prise en charge complète du loyer - par le gouvernement chinois ont achevés de le convaincre.
Les premiers jours

Août 2007. Erdong débarque à Washington, excité et nerveux puisqu'il s'agit de ses tous premiers pas sur le territoire américain. La barrière de la langue et sa timidité rendent les choses difficiles, mais l'aide de son camarade de chambre, originaire de Buffalo, lui permet de prendre rapidement ses marques dans la capitale américaine.

Quelques mois plus tard, en février 2008, Nigel arrive en Chine, par le sud. Hong Kong puis Shenzhen, la ville laboratoire de l'ouverture économique chinoise, et enfin Beijing. Il ne parle pas un mot de chinois. Heureusement, il conserve quelques repères, grâce à la présence de chaînes de restauration rapide qu'il connaît bien :

« Lorsque je voulais manger, j'allais chez KFC ou McDonalds, ils ont une carte des menus en anglais. »

Les études

Contrairement à la majorité des étudiants étrangers, Nigel n'est pas seulement là pour apprendre la langue. Après un an et demi de mandarin, il entre dans le vif du sujet : obtenir en 3 ans un diplôme undergraduate de business. Au programme : mathématiques, informatique, marketing et économie – le tout en chinois – auxquels s'ajoutent deux cours d'anglais, histoire d'obtenir quelques crédits faciles.

S'il loue le climat travailleur de sa classe et le niveau de l'enseignement, il précise néanmoins vouloir faire son master aux Etats-Unis, estimant cela nécessaire pour compléter son parcours académique.

Erdong, lui, étudie la gouvernance et les relations internationales. Ses deux domaines de prédilection sont le triangle Washington-Beijing-Taipei et les complexes dynamiques qui le régissent, ainsi que le développement de la société civile en Chine.

Pleinement satisfait de ce choix, il souligne également l'intérêt de Washington pour un étudiant en relations internationales. Les nombreux débats et conférences organisés par les think tanks présents dans la capitale sont autant de compléments aux cours qu'il suit.

Mieux, la présence tout aussi forte d'ONG lui a permis d'effectuer des stages de 6 mois au sein de deux d'entre elles, l'American center for international labor solidarity [1] et le International labor rights forum [2], où il était chargé de suivre les derniers développements chinois en matière de droit du travail tout en effectuant quelques traductions.
Un Américain en Chine

Comme l'explique Erdong, les sentiments des Chinois à l'égard des Etats-Unis sont complexes. D'un côté, ils admirent le niveau de vie et de développement économique du pays et imaginent une nation « omnipotente », « prospère » et « démocratique ». De l'autre, leur nationalisme les rend très sensible à la question de l » « hégémonie » américaine sur la scène internationale.

Cette sensibilité peut rapidement déboucher sur un certain anti-américanisme, comme lors du bombardement de l'ambassade chinoise de Belgrade par l'Otan en 1999 ou l'incident de l'île de Hainan [3] en 2001.

La même ambiguïté se retrouve dans le récit de Nigel lorsqu'il évoque sur son quotidien d'Américain en Chine. Les Chinois ont la réputation d'être très accueillants avec les étrangers et n'hésitent pas à engager la conversation. Le passage obligé est bien entendu la question de la nationalité.

NigelNigel explique que sa réponse fait toujours son petit effet. L'interlocuteur est impressionné, l'assaille de questions, le complimente.

Mais, poursuit-il, lors de discussions plus poussées, avec des camarades de classe ou des professeurs, les critiques ne tardent pas à faire leur apparition, notamment sur le plan économique.

Régulièrement, en classe, le protectionnisme et l'influence culturelle des Etats-Unis sont vertement critiqués. Mais au final, l'admiration l'emporte et le professeur explique ce que la Chine doit faire pour parvenir au niveau de développement américain.
Un Chinois en Amérique

Aux Etats-Unis, si la croissance économique de la Chine impressionne, sur le plan politique, Erdong regrette la tendance des Américains à mettre en avant une « supériorité culturelle », soulignant les avantages du modèle politique occidental sur son homologue chinois.

Absence de démocratie, droits de l'homme, liberté religieuse sont des thèmes qui reviennent régulièrement dans la bouche des Américains lorsqu'ils évoquent la Chine. Erdong argumente :

« Ils ignorent la plupart du temps que la démocratisation ou toute autre réforme politique en Chine doit être graduelle et prudente, pour éviter les troubles sociaux. […] Il est important de sécuriser la démocratie en Chine. »

Le 1er octobre

Le 1er octobre dernier, la République populaire de Chine fêtait son 60e anniversaire. A Washington, dans sa chambre, Erdong ne rate pas une miette du défilé militaire qui marque l'événement. Il est fier, fier de son pays et de son armée.

A Pékin, Nigel est aux premières loges. Il n'avait rien demandé mais les autorités de son université sont venu le chercher, un « cachet » de 400 yuans (40 euros) sous le bras. Une répétition nocturne quelques semaines avant le jour-J, un réveil matinal, un T-shirt « I love China » et le voilà défilant sur l'avenue Chang'an, aux côtés du char dédié à l'amitié sino-internationale.
Le futur

Pour leur avenir, Nigel et Erdong hésitent encore entre un retour au pays – Erdong envisage de devenir journaliste en Chine, Nigel retournera aux Etats-Unis au moins pour son master – et l'expatriation professionnelle. Erdong n'écarte ainsi pas la possibilité d'intégrer un think tank ou une ONG. Nigel, quant à lui, répond à cette question par un énigmatique « peut-être, peut-être pas ».

Photos : Erdong puis Nigel.
Censure, contrefaçon : en Chine, Facebook n'est pas le bienvenu [4]
A Washington, gays et lesbiennes attendent plus d'Obama [5]
China Is Sending More Students to U.S. (New York Times) [6]
URL source: http://www.rue89.com/chinamerique/2009/12/18/un-chinois-aux-etats-unis-et-un-americain-en-chine-130526

Links:
[1] http://www.solidaritycenter.org/
[2] http://www.laborrights.org/
[3] http://en.wikipedia.org/wiki/Hainan_Island_incident
[4] http://www.rue89.com/chinamerique/2009/10/27/censure-contrefacon-les-mesaventures-de-facebook-en-chine
[5] http://www.rue89.com/chinamerique/2009/10/12/a-washington-gays-et-lesbiennes-attendent-plus-dobama
[6] http://www.nytimes.com/2009/11/16/education/16international-.html?_r=1

Ecrit par: P'tit Panda Lundi 04 Janvier 2010 14h23
Published on Rue89 (http://www.rue89.com)
Censure, contrefaçon : en Chine, Facebook n'est pas le bienvenu
By Thomas Baïetto
Created 10/27/2009 - 13:42

Contrairement à une idée reçue, la Chine est loin d'être le paradis rêvé pour les entreprises étrangères. Contrefaçon, flou législatif, protectionnisme et barrière de la langue rendent l'opération complexe et risquée. Illustration avec une entreprise américaine en plein boom : Facebook.

L'un des premiers écueils à affronter, c'est le non-respect, dans les faits, de la propriété intellectuelle. Le retard technologique et l'intérêt prononcé du consommateur chinois pour les marques étrangères ont poussé certaines entreprises chinoises à singer leurs homologues occidentaux.

Dans le sportswear, la virgule [1] de l'américain Nike a fait des petits et, sur Internet, Google s'est découvert un clone avec Baidu [2]. Facebook a connu le même sort : un an après son lancement, en 2005, Xiaonei.com (« le campus ») voit le jour.
Mêmes fonctionnalités, mêmes couleurs, même barre horizontale

L'histoire de ce site rappelle furieusement celle de Facebook : Marc Zuckerberg et sa bande ont monté leur site à Harvard, Wang Xing [3] et ses camarades sont diplomés de Qinghua, l'université numéro 1 en Chine (Wang Xing est également le fondateur du clone chinois de Twitter, Fanfou.com).

Les fonctionnalités sont les mêmes, à quelques nuances près (sur Xiaonei, vous savez qui visite votre profil). Mais là où le site chinois fait très fort, c'est sur l'identité graphique, puisque celle-ci est exactement celle de Facebook. Même jeu de couleurs, même barre horizontale, mêmes menus verticaux, le résultat [4] est bluffant.

Ce nouveau site a logiquement connu un succès similaire à celui de l'original en Occident, devenant l'un des services favoris des étudiants chinois. En août, il s'est engagé dans une campagne visant à élargir son audience au-delà des campus, en se dotant d'un nouveau nom, Renren.com [5] (« tout le monde »).
Eté 2008 : premiers pas et premières difficultés

A l'été 2008, le réseau social américain a commencé à tâter le terrain, souhaitant s'internationaliser en proposant ses services dans d'autres langues. Impossible pour ses responsables d'oublier la Chine, devenu il y a peu le premier pays en nombre d'internautes (dépassant les Etats-Unis) avec 338 millions [6] de connectés en juin 2009. Jusqu'alors, le réseau « Chine » de Facebook comptait 285 000 membres, en augmentation rapide.

Fin juin, pour encourager cette dynamique, zh-cn.facebook.com [7] voyait le jour, avec un interface traduite en chinois (un « poke » se dit « zhaohu », comme « appeler », « saluer »). Une timide tentative : le développement d'applications dédiées et la création d'une filiale Chine n'étaient pas à l'ordre du jour.

Mais une dizaine de jours plus tard, le 7 juillet, le site était bloqué une première fois en Chine continentale (c'est-à-dire la Chine, à l'exception d'Hong-Kong et Macao).
L'Internet chinois, une toile à côté de la Toile

Pourquoi cette censure ? Malgré son nombre d'internautes, la Chine n'est pas un pays « internet friendly ». Lors qu'Internet a déboulé dans le paysage médiatique mondial, les dirigeants chinois se sont trouvés face à une alternative :

* Autoriser ce nouveau mode de communication et augmenter le risque de contestation politique organisée.
* Le refuser et menacer la modernisation de l'économie chinoise.

La nécessité de la croissance économique l'a emporté sur les craintes politiques. Mais ce développement est resté sous le contrôle étroit de l'Etat et s'est opéré sur un mode original. Pour simplifier, le réseau chinois, dont l'infrastructure est sous le contrôle du ministère de l'Industrie de l'information, c'est une seconde toile d'araignée construite à côté de la première toile.

Les passerelles qui les relient sont étroitement surveillées et filtrées, formant ce que l'on appelle en Occident « The Great firewall of China » (« le grand pare-feu de la Chine », allusion à la Grande Muraille). Les autorités peuvent ainsi interdire tout accès au canal de diffusion non-contrôlé qu'est Facebook.
Facebook, baromètre de l'agenda politique chinois ?

Or, le blocage de Facebook intervient à chaque fois dans un contexte particulier, comme les Jeux olympiques ou le 60e anniversaire de la République populaire, [8] contexte où les autorités redoublent (voir triplent ou quadruplent) de précautions, par peur du moindre débordement.

Ce régime préventif qui s'applique à certains sites communautaires occidentaux -Facebook, Youtube, Twitter- épargnent leur équivalent chinois. En effet, ces derniers, basés en Chine, sont à portée de main, au cas où les autorités chercheraient à obtenir des donnés sur tel ou tel utilisateur.

Autres données à prendre en compte : l'ampleur de l'éventuelle réaction -plus d'utilisateurs donc potentiellement plus d'hostilité- et les conséquences économiques -brider ses propres entreprises n'est pas dans l'intérêt de la Chine.

A contrario, bloquer Facebook ne mécontente qu'une minorité de personnes, les expatriés de passage dans leur pays d'origine ou les jeunes Chinois qui ont étudié à l'étranger. L'internaute chinois lambda ne se heurte jamais à ces cas flagrants de censure (ce qui ne l'empêche pas de subir la modération des contenus et l'autocensure des sites chinois).

Enfin, bloquer Facebook, c'est aussi annihiler la concurrence et assurer à l'une de ses entreprises un juteux monopole…
Facebook a-t-il un avenir en Chine ?

Le développement de l'entreprise américaine sur le marché chinois semble pour le moins compromis. Son concurrent est déjà fortement implanté et l'accès au marché lui est régulièrement coupé. Deux éléments qui comptent d'autant plus que l'intérêt d'un réseau social réside précisément dans le nombre de ses utilisateurs et dans une utilisation quotidienne.

Certes, certains pourront objecter qu'en bricolant, il est toujours possible d'accéder à Facebook. Mais d'une part, cela demande du temps et la maitrise de l'anglais. Et d'autre part, le résultat est incertain et pas nécessairement généralisable.

Par exemple, pour mon usage personnel, j'ai eu recours à différents logiciels et techniques -proxy, réseau VPN- à l'efficacité relative -connexion lente- et éphémère -une dizaine de jours grand maximum -avant qu'un coup de chance ne vienne défitivement régler mon problème.

Un généreux compatriote, croisé sur un forum, me laisse gracieusement me connecter au serveur qu'il loue en France, précisément pour échapper au « Great Firewall ».

Pour Facebook, l'eldorado chinois s'éloigne donc irrémédiablement. A moins que Barack Obama, grand utilisateur du site communautaire, ne mette ce cas de protectionnisme déguisé sur la table lors de sa prochaine visite à Pékin. Rien n'est moins sûr !

Illustration : capture d'écran de la Fan Page de Hu Jintao, le président chinois, sur Facebook.
Facebook : Paf le Chien ou le triomphe du coup de pied au cul.jpg[9]
Sans gagner un centime, Twitter vaut un milliard [10]
RenRen, le facebook chinois [5]
"Chinese Web 2.0 clones" sur Random Wire [11]
URL source: http://www.rue89.com/chinamerique/2009/10/27/censure-contrefacon-les-mesaventures-de-facebook-en-chine

Links:
[1] http://anta.todayir.com/tc/home.php?
[2] http://www.baidu.com/
[3] http://images.businessweek.com/ss/08/10/1008_asia_young_entrepreneurs/19.htm
[4] http://www.emmanuel-bau.fr/wordpress/2009/08/10/xiaonei-vs-facebook/
[5] http://www.renren.com/SysHome.do
[6] http://www.aujourdhuilachine.com/informations-chine-le-nombre-d-internautes-chinois-a-depasse-la-population-americaine-11715.asp?1=1
[7] http://zh-cn.facebook.com
[8] http://www.rue89.com/chinamerique/2009/10/01/a-pekin-les-autorites-font-la-demonstration-de-leur-paranoia
[9] http://eco.rue89.com/2009/10/15/facebook-paf-le-chien-ou-lenorme-succes-du-coup-de-pied-au-cul
[10] http://eco.rue89.com/2009/09/25/pourquoi-twitter-vaut-un-milliard-sans-gagner-un-centime
[11] http://www.randomwire.com/chinese-web-20-clones

Ecrit par: P'tit Panda Lundi 04 Janvier 2010 19h46
Le dissident chinois Liu Xiaobo fait appel de sa condamnation
LEMONDE.FR avec AFP | 04.01.10 | 10h35

Le dissident Liu Xiaobo, auteur d'un texte réclamant la démocratisation de la Chine, a fait appel de sa condamnation à onze ans de prison pour subversion, même s'il n'a guère d'espoir d'obtenir satisfaction, a déclaré lundi l'un de ses avocats, précisant qu'"il est conscient qu'il n'y a pas beaucoup d'espoir que le verdict soit révisé".

Chef de file de la dissidence chinoise, Liu Xiaobo, 54 ans, a été condamné le jour de Noël à onze ans de prison par un tribunal de Pékin pour "subversion du pouvoir de l'Etat" après avoir été l'un des auteurs de la Charte 08, un texte réclamant une Chine démocratique. Cet écrivain et ancien professeur d'université avait déjà connu la prison après la répression du mouvement démocratique de Tiananmen en 1989.

Ecrit par: P'tit Panda Lundi 04 Janvier 2010 19h51
Au Xinjiang, six mois après les émeutes, la lente asphyxie du peuple ouïgour
LE MONDE | 04.01.10 | 13h50 • Mis à jour le 04.01.10 | 13h50
Urumqi, Kashgar (Chine) Envoyé spécial

Une nuit de décembre à Urumqi, capitale du Xinjiang. Il est près d'une heure du matin. A l'Hôtel Tumaris, en plein quartier ouïgour musulman, les clients sont dans leur chambre. Dehors, la température frôle les - 15 °C. Au cinquième étage, soudain, c'est le branle-bas de combat : neuf policiers chinois des forces spéciales (Tejing) débarquent dans le couloir.

A leur tête, une femme, officier de police ouïgoure, qui frappe à chaque porte pour relever les identités. Derrière elle suivent, dans l'ordre, des Chinois Han, un costaud casqué qui brandit un bouclier, un homme en casquette équipé d'un fusil d'assaut, un autre muni d'un fusil à pompe, le reste du détachement se contentant de longues matraques.

La descente ne donnera lieu à aucune interpellation, mais cette démonstration de force témoigne de l'ambiance qui règne ici depuis les sanglantes émeutes intercommunautaires du 5 juillet 2009. Elle en dit long sur la façon dont les autorités ont élargi le maillage de la surveillance et du contrôle des populations dans un Xinjiang qui reste plus que jamais sous étroite surveillance de la police et des forces paramilitaires.

La vingtaine de millions d'habitants de cette province du Grand Ouest chinois à majorité musulmane ne peut encore aujourd'hui que très difficilement communiquer avec le monde extérieur, l'Internet et les lignes internationales ayant été interrompus depuis les violences de juillet qui, officiellement, ont fait 197 morts et près de 2 000 blessés.

Le 29 décembre 2009, parce qu'une telle situation d'isolement est économiquement intenable, les autorités d'Urumqi, la capitale de la "région autonome ouïgoure du Xinjiang " ont annoncé que le black-out sur les communications va "être graduellement levé". Pour l'instant, l'internaute n'a que le choix de consulter en ligne Le Quotidien du peuple et l'agence de presse Chine Nouvelle... Les textos sur téléphone mobile et les appels internationaux sont impossibles, le communiqué officiel indiquant que ces derniers ne seront restaurés qu'une fois "d'autres sites Internet débloqués ".

Pour le régime, qui doit prendre en compte le mécontentement des hommes d'affaires, la priorité est d'empêcher que puissent se préparer et s'organiser, via courriels, Internet et messages téléphoniques, des manifestations contre le pouvoir. Et pour faire bonne mesure, afin de contrer la relative liberté de communication que supposera la levée du black-out, les autorités locales ont annoncé, jeudi 31 décembre, que le "parlement" du Xinjiang a adopté en début de semaine dernière une loi garantissant "l'unité ethnique" de la province. Une manière comme une autre, relèvent déjà des experts, de justifier légalement la répression contre tous ceux dont le comportement sera jugé "séparatiste"... Depuis juillet 2009, 22 personnes ont été condamnées à mort et au moins neuf exécutées. Des Ouïgours, en écrasante majorité.

Six mois après les émeutes d'Urumqi, il reste difficile de reconstituer l'enchaînement de ces sanglants événements. Ils comptent parmi les plus graves depuis que la République populaire de Chine a imposé, après la victoire communiste de 1949, son emprise sur cette région instable située aux marches de l'empire, que Pékin força à rentrer dans son giron après une longue parenthèse non chinoise, à partir de la fin du XVIIIe siècle.

La thèse du pouvoir est celle de "séparatistes" de l'ethnie ouïgoure musulmane - jadis majoritaire au Xinjiang - déchaînant une violence ahurissante dans les rues de cette grande métropole hérissée de gratte-ciel. Durant des heures, casseurs et assassins ont fracassé, égorgé, incendié. Les Ouïgours, s'ils ne nient pas la réalité des violences, en imputent la cause aux autorités chinoises qui, en ayant réprimé violemment une manifestation pacifique d'étudiants, auraient suscité la flambée de colère. Et le lendemain, une sorte de contre-émeute déclenchée par des Chinois Han eut lieu en ville sans que les autorités fassent grand-chose pour empêcher ceux qui voulaient en découdre avec l'"ennemi" ouïgour. Plusieurs de ces derniers furent tués.

"Les émeutes ? Oh, vous savez, on a déjà oublié, tout va bien..." Attablé dans un restaurant traditionnel où se préparent brochettes et pains fourrés à la viande, cet homme d'affaires ouïgour se ferme quand on lui pose des questions sur la situation en ville. Mais il râle sur l'absence d'Internet : "Rendez vous compte, je suis obligé de communiquer par fax avec l'un de mes bureaux situés à Pékin, pour que quelqu'un là-bas retape mon message sur un clavier d'ordinateur afin d'envoyer un courriel à l'étranger !" Après un long silence, il dessine une ligne imaginaire sur la table : "Nous, les Ouïgours, on doit filer droit, vous comprenez", explique-t-il pour justifier son silence sur les sujets politiques.

A Kashgar, au sud de la province, à moins de deux jours de route de la frontière pakistanaise, les violences de juillet ont laissé des traces. La petite manifestation de protestation qui réunit 200 personnes, au lendemain des émeutes d'Urumqi, fut certes rapidement dispersée. Mais des détachements des wujing, forces paramilitaires, patrouillent régulièrement en ville, et un camion de ces mêmes unités circule dans les grandes artères, affichant un grand bandeau rouge à caractères blancs qui proclame : "L'armée et le peuple sont unis comme une même famille."

Près de la grande mosquée Idkah, ripolinée et solitaire au centre d'une place récemment agrandie et flanquée d'un grand écran exaltant une culture ouïgoure folklorisée, un étudiant que nous appellerons Abdullah résume en le sentiment de ses concitoyens : "Tous les Ouïgours, au fond de leur coeur, sont profondément malheureux de l'occupation qu'ils subissent de la part des Chinois." Quand on lui demande ce qu'il pense des émeutes à Urumqi, il ose cette réponse qu'il déguise d'un sourire : "Je suis content qu'on ait tué des Chinois..."

Le jeune homme, à la fibre nationaliste évidente, raconte ensuite avec émotion et passion l'histoire de cette marge d'empire. Une zone secouée par divers soulèvements antichinois quand la dénomination même de "ouïgour", peuple de langue turque, s'était perdue dans les sables de cette haute Asie où Turkmènes, Ouzbèkes, Kazakhs et Kirghizes partagent de nombreuses caractéristiques linguistiques, religieuses et culturelles. Il y eut l'éphémère "émir" de Kashgar, Yakub Beg, juste après la deuxième moitié du XIXe siècle. Puis une République islamique du Turkestan oriental, en 1933. Enfin, une autre République qui contrôlait trois districts du nord du Xinjiang, près d'Urumqi, et qui fut satellisée par l'Union soviétique.

"Si l'on en croit la Chine, ironise-t-il, quand Dieu a créé la Terre, le Xinjiang était déjà chinois..." Tout en marchant dans d'étroites ruelles menacées de destruction par un plan de "rénovation" de Kashgar - qui s'apparente de fait à une destruction programmée de la ville -, il continue dans la même veine : "Quand j'étais petit et que je pleurais, mes parents disaient : "Si tu n'es pas sage, les Chinois t'emmèneront avec eux"." Il ajoute, mi-figue mi-raisin : "Demain, je vais partir pour Chengdu (au Sichuan) aller regarder mes courriels. La vie sans internet, quand même, ce n'est pas une vie !"

Bruno Philip

*


Une ethnie menacée

Population. En 2007, la Chine recensait 1,321 milliard d'habitants. Sur la vingtaine de millions d'habitants du Xinjiang, les Ouïgours sont 8 millions.

Colonisation. En 1949, ils représentaient 75 % de la population de la province. Ils ne sont plus que 45 % en raison de la colonisation accrue du pays par les Han.

Répartition. A Urumqi, capitale du Xinjiang, les Han sont majoritaires, mais, à Kasghar, quatrième ville de la région, les Ouïgours sont les plus nombreux.


Ecrit par: P'tit Panda Lundi 04 Janvier 2010 20h01
Metro lance sa chaîne d'électronique Media Markt en Chine

(AFP) – Il y a 8 heures

BERLIN — Le géant allemand de la distribution Metro va ouvrir cette année son premier grand magasin d'électronique Media Markt en Chine, et veut porter leur nombre à une centaine d'ici à cinq ans, selon un communiqué publié lundi.

Le premier Media Markt chinois va ouvrir ses portes à Shanghai cette année, suivi par d'autres. Les préparatifs pour les premiers magasins, notamment les négociations avec les fournisseurs, sont déjà en cours, précise Metro.

Media Markt est, avec la chaîne Saturn qui vend elle aussi de l'électronique et de l'électroménager, le format le plus profitable de Metro, qui opère également les hypermarchés Cash&Carry, les grands magasins généralistes Kaufhof et les supermarchés Real.

En Allemagne, Media Markt et Saturn sont incontournables, avec une part de marché de plus de 50% sur leur segment. Les deux chaînes s'illustrent par une publicité très offensive et des prix très concurrentiels.

Metro, qui réalise plus de 60% de son chiffre d'affaires hors Allemagne, est déjà présent en Chine depuis 14 ans, avec Cash&Carry.

Pour l'introduction dans le pays de Media Markt, Metro a fondé une société commune avec le groupe d'électronique basé à Taiwan Foxconn Technology Group, dont ce dernier détiend 25%.

Ecrit par: P'tit Panda Lundi 04 Janvier 2010 20h04
RSF : censure dans l’AppStore chinois

Reporters Sans Frontières monte d’un ton. L’association de défense de la liberté de la presse demande des explications à Apple concernant la censure d’applications sur l’AppStore chinois - d’après Macworld, Cupertino a en effet accepté de ne pas mettre en ligne sur la boutique d’applications des logiciels liés au Dalaï Lama, la bête noire du régime chinois.
Au moins cinq de ces applications n’ont pas pu montrer le bout de leurs octets sur l’AppStore local : Dalai Quotes, Dalai Lama Quotes, Dalai Lama Prayerwheel (trois logiciels proposant des citations du chef religieux tibétain), ainsi que Paging Dalai Lama (qui nous dit où le Dalaï Lama donne des conférences) et Nobel Laureates, qui contient des informations sur les prix Nobel - dont le Dalaï Lama. Des applications liées à la résistance ouïghoure sont également censurées.

RSF réclame donc d’Apple la « liste complète des applications censurées – si censure il y a - et les critères de sélection utilisés ». Et l’association de menacer : « Si Apple a accepté de retirer certains de ses produits du App Store sous la pression des autorités, le groupe américain rejoindrait alors le club des entreprises complices de la censure de l’information en Chine. Une grande déception de la part d’une entreprise qui s’est fait connaître pour son esprit créatif (…) il semblerait alors qu’en Chine, Apple ne se donne plus les moyens de penser autrement que les autorités ».

Apple a expliqué à Macworld qu’elle suivait les législations locales. D’ailleurs, certaines de ces applications sont disponibles sur d’autres boutiques nationales…

Cette explication ne suffit pas à RSF, qui indique que « Le fait d’obéir aux lois locales ne constitue pas une excuse plausible, un acte de censure de contenu concernant le dalai lama serait injustifié et représenterait clairement une violation des normes internationales qui régissent la liberté d’expression ».

s : http://www.macplus.net/

Ecrit par: P'tit Panda Lundi 04 Janvier 2010 22h06
Un front froid glacial s'abat sur la Chine

le 04 janvier 2010


Chine - Un front d'air froid venant de Sibérie balaie le nord de la Chine. Après deux jours de chutes de neige, les plus importantes qu'ait connu la région au cours des cinquante dernières années, les températures pourraient descendre jusqu'à -32°C

La vie a soudainement ralenti en Chine, alors que de fortes chutes de neige accompagnées de brouillard et de températures glaciales paralysent le nord du pays.

Plusieurs autoroutes ont dû être fermées, de nombreux vols annulés ou retardés et les réseaux de transports en commun sont fortement perturbés ou à l'arrêt, notamment à Pékin où trente centimètres de neige sont tombés.

Ce matin, 3.500 écoles sont restées fermées et d'importantes chutes de neige sont encore attendues dans le nord-est et l'est du pays. Alors que le mercure aurait, d'après le China Daily, atteint -36°C dans la province du Heilongjiang, des températures comprises entre -20 et -32°C sont prévues ce lundi dans les provinces du Hebei et de Mongolie intérieure, voisines de Pékin où il devrait faire -16°C ce soir. Ces températures sont les plus froides que le pays ait connu au cours des cinq dernières décennies.

s : http://www.maxisciences.com

Ecrit par: P'tit Panda Mardi 05 Janvier 2010 23h07
Un parking pour femmes avec des places de stationnement... plus larges
LEMONDE.FR avec AFP | 05.01.10 | 11h34 • Mis à jour le 05.01.10 | 11h47

Un parking réservé à l'usage exclusif des femmes a ouvert en fin d'année dans la province chinoise du Hebei (Nord). Contrairement à ce que l'on pourrait penser, il ne s'agit pas de répondre à la demande de femmes s'inquiétant de l'insécurité dans certains lieux souterrains de stationnement. Non, le but de ce parking est de faciliter les manœuvres automobiles aux femmes en leur proposant des emplacements plus larges et une signalisation plus voyante.

Pour Wang Zheng, un responsable du centre commercial de Wanxiang Tiancheng dans la ville de Shijiazhuang, ce nouveau parking a été conçu pour "répondre à la perception forte de la couleur chez les femmes et à leur appréciation différente de la distance". "Les places sont plus larges d'un mètre par rapport à la moyenne", a précisé M. Wang, ajoutant que les panneaux de signalisation plus colorés du nouveau parking "correspondent mieux aux besoins des femmes".

En août, la mairie de Séoul en Corée du Sud avait annoncé une initiative similaire, qui doit voir le jour courant 2010, indique le Huffington Post. Près de 5 000 places de stationnement de la ville, situées à proximité des centres commerciaux, seront peintes en rose. Elles seront ainsi réservées à la clientèle féminine, laquelle, juchée sur de hauts talons, n'aura plus à souffrir de trop longues distances pour se rendre dans ses magasins favoris ou sur son lieu de travail. L'initiative fait partie d'un projet plus global pour rendre la capitale sud-coréenne plus accessible aux femmes.



Ecrit par: P'tit Panda Mardi 05 Janvier 2010 23h10
Chine: deux affluents du fleuve Jaune sérieusement pollués par une fuite de gazole

(AFP) – Il y a 14 heures

PEKIN — Deux affluents du fleuve Jaune, le deuxième plus long fleuve de Chine, ont été "sérieusement pollués" par une fuite de gazole, nouvel accident frappant les cours d'eau chinois extrêmement contaminés, a indiqué mardi le gouvernement.

Jusqu'à 150.000 litres de gazole ont été déversés dans les rivières Chishui et Wei mercredi dernier, à la suite de la rupture d'un oléoduc de la China National Petroleum Corp., premier producteur de pétrole du pays, selon les médias officiels.

"A cause de cet incident, la Chishui a été sérieusement polluée et la Wei assez sérieusement", a indiqué le gouvernement de la province du Shaanxi (nord) sur son site internet.

La pollution de la rivière Wei a été "maîtrisée", non sans avoir atteint lundi, comme la Chishui, le niveau 5, plus haut niveau l'échelle de pollution chinoise, selon la même source.

Des eaux au niveau 5 de pollution deviennent impropres à la consommation mais peuvent encore servir à l'irrigation, selon les critères officiels.

Les deux rivières se jettent dans le Huang He, le fleuve Jaune, long de plus de 5.460 kilomètres, qui traverse la grande plaine du nord de la Chine avant de se jeter dans la mer Jaune et alimente au passage en eau de consommation des millions de gens.

Plus de 200 millions de personnes n'ont pas accès à l'eau potable dans le pays.

Liées au développement économique rapide de la Chine, les pollutions sont fréquentes en Chine où 70% des cours d'eau et lacs sont contaminés, selon des organisations.

En novembre 2005, une explosion dans une usine de produits pétrochimiques dans le nord-ouest de la Chine avait entraîné le déversement de 100 tonnes de benzène, un produit toxique, dans la rivière Songhua, qui se jette dans l'Amour, marquant la frontière entre la Chine et la Russie.

Des millions de personnes avaient été privés d'eau pendant plusieurs jours.

Ecrit par: P'tit Panda Mardi 05 Janvier 2010 23h11
Les entreprises chinoises poursuivent leurs rachats à l'étranger
LE MONDE | 05.01.10 | 15h07 • Mis à jour le 05.01.10 | 15h07

Les entreprises chinoises ont continué d'acheter des sociétés étrangères à un rythme soutenu en 2009. Quelques grosses opérations - dans le secteur pétrolier en particulier, avec, entre autres, l'offre du pétrolier Sinopec sur le suisse Addax Petroleum - ont maintenu le volume global d'acquisitions à 46 milliards de dollars (32,1 milliards d'euros), soit à peu près autant qu'en 2008 (50 milliards de dollars), mais beaucoup plus que les années précédentes, selon l'étude sur les fusions-acquisitions en 2009 publiée lundi 4 janvier par le cabinet Dealogic. Leur montant ne s'était en effet élevé qu'à 9,6 milliards de dollars en 2006 et à 25,4 milliards en 2007.

L'Australie est le pays dont les entreprises ont été le plus convoitées par les sociétés chinoises, en 2009, avec 58 opérations réalisées, pour un montant global de 10,7 milliards de dollars. Il s'agit en particulier de sociétés minières. Au point que le gouvernement australien commence à s'inquiéter de l'appétit de la Chine pour ses matières premières (Le Monde du 23 décembre 2009).

La Suisse a été le second pays visé, avec seulement deux opérations, mais pour un montant de près de 9 milliards de dollars.

Cette performance chinoise a pu être réalisée malgré le blocage de plusieurs acquisitions, pour des raisons de sécurité ou de patriotisme économique, par les pouvoirs publics des sociétés cibles. Les Etats-Unis se sont ainsi opposés, le 22 décembre 2009, au rachat de la société américaine de mines d'or Firstgold par le groupe public minier chinois Northwest Non-Ferrous International Investment. Canberra a, de son côté, bloqué, en juin 2009, le doublement de la participation du géant de l'aluminium chinois Chinalco dans le groupe minier australien Rio Tinto.

Pendant que des sociétés chinoises faisaient leurs emplettes, d'autres étaient au contraire la cible d'acquéreurs, au point que la Chine a aussi été, symétriquement, le terrain du plus grand nombre d'opérations de fusions-acquisitions, selon Dealogic. Globalement, les entreprises du monde entier ont, en revanche, fortement réduit les montants consacrés aux achats de sociétés en 2009, de 32 % par rapport à 2008 et de 53 % par rapport à 2007, selon Thomson Reuters. C'est en Europe que les opérations ont le plus fortement ralenti, de 54 %, contre une baisse de 24 % aux Etats-Unis.

Certes, quelques opérations de fusions-acquisitions transfrontalières d'envergure ont eu lieu en Europe ou aux Etats-Unis en 2009. L'une des dernières en date étant l'acquisition de l'américain Chattem par le laboratoire Sanofi-Aventis, annoncée le 21 décembre 2009. Suivant de peu l'offre d'acquisition de l'assureur Axa Asia Pacific par la Banque nationale d'Australie (NAB), annoncée le 17 décembre 2009.

Finance, énergie et santé

Les secteurs dans lesquels les concentrations ont été les plus importantes sont la finance, suivi, de l'énergie et de la santé, selon Dealogic.

Les fusions-acquisitions vont-elles repartir à la hausse en 2010 ? Les taux d'intérêt bas et les niveaux de valorisations jugés intéressants par les spécialistes pourraient le laisser croire, bien que ces valorisations, faibles en début d'année 2009, aient recommencé à augmenter durant les trois derniers trimestres, selon Dealogic. Les entreprises chinoises continueront d'en profiter, d'autant que ce pays dispose d'importantes réserves de devises.

Les dirigeants occidentaux, préoccupés par la réduction de leurs coûts et réticents à investir, seront sans doute plus prudents. Une grande entreprise européenne sur cinq serait néanmoins prête à faire une acquisition importante, selon une enquête conjointe, publiée en décembre 2009, du cabinet de conseil Boston Consulting Group et de la banque UBS, auprès de 166 dirigeants de grandes sociétés cotées.

Symétriquement, une entreprise interrogée sur trois aurait l'intention de céder une partie de ses activités pour se recentrer ou se restructurer. Ce qui provoquerait une augmentation des opérations de fusions-acquisitions de 20 % en 2010, par rapport à 2009, prédisent les auteurs de l'étude.

De fait, les opérations ont repris en novembre 2009 à un volume qui n'avait pas été observé depuis juillet 2008, précise Dealogic.

Annie Kahn
Article paru dans l'édition du 06.01.10


Ecrit par: P'tit Panda Jeudi 07 Janvier 2010 00h51
Immobilier : la Chine sera-t-elle le nouveau Japon ?
LE MONDE | 06.01.10 | 14h24

Les freins mis en place sur un marché immobilier chinois au bord de la surchauffe montrent que Pékin est mieux placé pour arrêter la formation d'une bulle que Tokyo ne l'était dans les années 1980. Il ne faudrait cependant pas croire que sa gestion très dirigiste de l'économie épargnera à la Chine l'expérience douloureuse vécue par le Japon.

Les investisseurs sont rassurés par le fait que la politique de crédit chinoise a évité les excès qui ont été fatals au marché immobilier japonais. Ce dernier avait vu le prix des terrains chuter de 75 %. L'apport personnel des acquéreurs chinois doit représenter au moins 30 % du prix total, et les achats comptant ne sont pas rares. Au Japon, les banques proposaient des crédits immobiliers sur cent ans et permettaient aux emprunteurs d'hypothéquer un logement pour en acquérir un autre.

Par ailleurs, la politique chinoise de l'enfant unique, en concentrant la transmission de capital par les parents, augmente le nombre de jeunes adultes qui veulent acheter et permet de limiter le recours à l'emprunt, mais attention : ceux-ci devront bientôt assurer les besoins d'une population vieillissante, ce qui ne manquera pas de dégrader leur taux d'épargne et de favoriser l'endettement.

Le virage est amorcé. Si l'encours des crédits immobiliers ne représente encore que 12 % du total, cette proportion s'élève rapidement. Les crédits à la consommation de long et moyen terme, dans lesquels sont inclus les crédits immobiliers, ont progressé plus vite que l'ensemble des prêts (+ 43 % au cours des onze premiers mois de 2009). Le risque lié au secteur est presque aussi important qu'il l'a été au Japon. Le volume des crédits affectés à l'immobilier est équivalent à 40 % du produit intérieur brut (PIB) en Chine. Au Japon, en pleine période de bulle, le pourcentage était de 50 %.

Besoins agricoles

Pékin dispose de davantage de moyens que Tokyo pour maîtriser le dérapage. L'Etat peut, d'une part, contenir la demande en jouant sur la fiscalité et les taux d'intérêt, et d'autre part, stimuler l'offre en cédant des terrains encore non vendus. Mais comme la Chine a par ailleurs des besoins agricoles gigantesques, la pénurie de terrains menace. Les autorités ont longtemps hésité à s'engager dans une politique défavorable à l'investissement immobilier.

La surabondance de liquidités peut conduire la Chine à vivre le même traumatisme que le Japon. Les responsables politiques chinois feraient bien de prendre le taureau par les cornes.

(Traduction de Christine Lahuec.)

Ecrit par: P'tit Panda Jeudi 07 Janvier 2010 00h53
En Chine, un lama tibétain condamné à huit ans et demi de prison
LE MONDE | 06.01.10 | 14h39 • Mis à jour le 06.01.10 | 14h39
Pékin Correspondant

Dans une quasi-indifférence, un lama très populaire d'une zone tibétaine de la province du Sichuan a été condamné, à la veille de Noël, à huit années et demie de prison pour "détentions illégales d'armes", "occupation illégale d'un terrain municipal" et "détournements de fonds". Phurbu Tsering Rinpoche est ce que l'on appelle au Tibet un toulkou, un lama réincarné - littéralement "corps d'émanation du Bouddha". A 53 ans, il est notamment l'abbé et le fondateur de deux monastères. Il a créé des dispensaires médicaux et un hospice pour personnes âgées tout en ayant adopté des enfants handicapés.

Cet homme marié, qui n'est pas moine comme cela peut-être le cas de certains "bouddhas vivants", selon la terminologie chinoise, est non seulement très respecté chez les Tibétains de sa ville de Ganzi (Kardze en tibétain), à l'ouest du Sichuan, mais aussi parmi des fidèles chinois han qui le considèrent comme un grand maître.

Selon sa femme et certains de ses proches, les accusations ne reposent sur rien de tangible. Le terrain occupé "illégalement" lui aurait été donné afin qu'il puisse y bâtir son hospice de vieux et les "armes" se seraient révélées être des munitions et une imitation de pistolet. Selon son avocat, le lama aurait dépensé l'équivalent de 7 000 euros pour bâtir l'hospice.

Des responsables locaux ont imprudemment confié à ses avocats, avant un procès dont le verdict semble avoir été décidé à l'avance, que les autorités avaient décidé de lui infliger une lourde peine afin de faire un exemple du lama. Le but est de dissuader d'autres grands lamas d'user de leur influence pour provoquer des "manifestations antichinoises".

Trop de popularité

La véritable raison d'un verdict aussi lourd est en effet liée à une manifestation de nonnes bouddhistes du monastère de Buronglang, dont Phurbu Tsering est l'abbé. Dans la foulée des violentes émeutes de Lhassa du 14 mars 2008, environ 80 nonnes avaient défilé au mois de mai suivant dans les rues de Ganzi pour protester contre les cours d'"éducation patriotique" durant lesquels les religieux tibétains doivent régulièrement abjurer leur fidélité au dalaï-lama. "Nous voulons que le dalaï-lama revienne au Tibet, c'est notre roi !", criaient-elles. Cinquante-cinq d'entre elles furent arrêtées. Si la plupart furent relâchées dans les mois qui ont suivi, deux d'entre elles ont été lourdement punies : onze ans de prison pour Senong Lantsuo, 36 ans, et dix ans pour Kangzhu Jintsuo, 34 ans.

Le lama Phurbu avait été arrêté quelques jours après ces manifestations. Les autorités locales, a rapporté son épouse, avaient déployé un dispositif policier et paramilitaire impressionnant. Depuis son incarcération, il a été demandé à ses fidèles et amis chinois han d'arrêter de verser des dons à ses oeuvres ou de le soutenir, faute de quoi ils pourraient être accusés de complicité.

"Ce procès est une fabrication, il n'existe aucun bien-fondé derrière les accusations", a affirmé au Monde par courriel Woeser, poétesse et dissidente tibétaine vivant à Pékin. Certes, se félicite-t-elle, c'est la première fois, depuis les émeutes au Tibet, qu'un accusé a pu choisir ses avocats. Mais elle affirme que les droits de l'accusé n'ont pas été respectés durant le procès. "C'est la première personnalité religieuse tibétaine à se voir infliger une peine aussi lourde depuis les troubles au Tibet", commente-t-elle.

La femme de Phurbu Tsering a par ailleurs confié à des journalistes occidentaux, en 2009 à Ganzi, que son mari n'avait aucune activité politique et que faire réciter aux nonnes une prière où elles souhaitent une bonne santé au dalaï-lama ne peut constituer un délit.

Après la condamnation à onze ans de prison, le 25 décembre, de la grande figure dissidente, l'écrivain pékinois Liu Xiaobo - qui a fait appel, lundi, de sa condamnation - le verdict contre le lama tibétain montre à quel point le régime de Pékin veut prévenir toute velléité de contestation de la suprématie du Parti communiste. La sévérité des peines, les deux hommes la doivent à leur popularité, l'un dans les cercles intellectuels, l'autre parmi les adeptes du bouddhisme.

Bruno Philip
Article paru dans l'édition du 07.01.10


Ecrit par: P'tit Panda Jeudi 07 Janvier 2010 00h57
Gu-eules noires venues de Chine
LE MONDE | 06.01.10 | 13h34 • Mis à jour le 06.01.10 | 16h15

Il a 84 ans, mais pas un début d'accent nivernais. Rouler les "r", comme les "l", il laisse ça à sa femme, une vraie fille "de souche", comme elle dit. Lui, Roger, il est pourtant né comme elle, à 45 km de Nevers, dans cet endroit dépeuplé qui s'appelle La Machine. Il s'en souvient, il a même grandi au "numéro 12 de la rue 2". C'est comme ça, à l'époque, qu'on nommait les allées dans cette ancienne cité minière - 7 000 habitants autrefois, 3 700 aujourd'hui. Sa mère était de Bonny-sur-Loire, pas très loin. Mais son père venait de Nankin, et tout le monde sait ici que c'est en Chine.

Un père chinois, c'est rare dans une région de forêts de chênes et de prés de charolaises. Encore plus dans une petite ville créée ex-nihilo, spécialement pour l'extraction du charbon. Une vraie histoire pour le coup, qui est en partie celle de 140 000 autres Chinois, débarqués un peu partout, en France, pendant la Grande Guerre, après avoir été recrutés par les armées française et anglaise alors en manque de main-d'oeuvre. Une histoire mal connue, qui est pourtant celle de la première vague d'immigration chinoise dans l'Hexagone.

Peu de travaux historiques existent sur le sujet. En leur mémoire, il n'y a qu'une petite stèle, dans un coin du jardin Baudricourt, à Paris, inaugurée en 1998. Or leur histoire est aussi celle d'une intégration originale, surtout pour la poignée d'entre eux qui ont atterri à La Machine. Les rares, avec quelques-uns dans le Nord-Pas-de-Calais, à s'être retrouvés à creuser des galeries.

De ces Chinois "machinois", Roger Tchang est un peu le dernier. Le seul, du moins, à vivre encore sur place, dans ces enfilades de baraques à vendre. Sa maisonnette est comme les patrons paternalistes aimaient à les millimétrer, avec la taille des volets, le jardin en long et la margelle standardisés. Avec ses frères, son père, c'est toute la famille qui a travaillé "au fond". Alors, dans son intérieur rangé, papier peint fleuri, buffet en bois massif, il raconte ses années pas banales dans les mines de charbon.

La saga familiale commence forcément par son père, "un beau Chinois", né en 1 897. Son prénom c'était Tson - plus tard, il a changé pour "André". Un jour, à 19 ans, il a été attiré par des affiches qui promettaient "la fortune" en France. Rien n'indiquait que c'était la guerre. Alors fils unique, orphelin de père, maçon de formation, il n'a pas eu d'hésitation. Il a passé une visite médicale. On lui a donné un numéro de matricule. Et après plusieurs mois de bateau, il a débarqué à Marseille, en 1917.

Les contrats étaient précis. Tout était prévu : les doses de thé, de graisse et de sel, 5 francs de salaire par jour, 25 centimes pour les vêtements et les chaussures, autant pour les "frais de maladie" et l'assurance décès. Officiellement, la main-d'oeuvre ne devait pas combattre, elle était à la disposition de l'arrière-front. Mais les tâches étaient ingrates : terrassement des tranchées, déminage. André Tchang, lui, fut d'abord docker, puis manutentionnaire à Châlons-sur-Marne, chargé du nettoyage des champs de bataille et du ramassage des cadavres. "Il n'en parlait jamais", raconte Roger.

C'est seulement à la fin de son contrat, en 1923, alors que la plupart de ses compatriotes rentrent au pays, qu'il rejoint La Machine. Il a entendu dire que quelques Chinois y sont restés. Certains sont venus via Schneider, qui fabrique de l'armement et exploite le gisement. D'autres sont des étudiants en quête de fins de mois, envoyés par le gouvernement chinois. Au Creusot, à 100 km de là, en avril 1921, le plus célèbre d'entre eux, Deng Xiaoping, futur numéro un chinois de 1978 à 1992, a fait un séjour de trois semaines, et c'est là qu'il a découvert le marxisme.

Dans ce bourg de Nièvre, ils sont alors un peu les premiers "étrangers". Jusque-là, on faisait plutôt appel aux gens des campagnes. Des figures presque exotiques dans ce paysage de terres froides où culminent les terrils. Ils organisent leurs fêtes, avec des fleurs de papier. Ils reconstituent aussi une fumerie d'opium, selon un témoignage de l'époque. Beaucoup, comme le père Tchang, aiment surtout à s'habiller beau, chaque soir, après le travail, pour se retrouver au bar des mineurs et jouer des heures, aux cartes ou au mah-jong, avec l'argent de la quinzaine.

A l'instar de toutes les cités minières en besoin de main-d'oeuvre, La Machine devient alors un lieu de brassage en avance sur son temps. Après les Chinois, arrivent les Polonais, les Maghrébins, les Italiens, les Yougoslaves... En 1936, 30 % de la population est d'origine étrangère. Mais au fond des puits, comme en rigole Roger Tchang, "on était tous noirs !". Roger Pasquet, un vieux mineur de 83 ans, abonde : "Il n'y avait pas de nationalité ! Avec la chaleur, on travaillait tous en slip ou à poil !" L'ancien maire, René Vingdiolet, 84 ans, résume à sa façon : "C'était l'Europe avant l'Europe."

En réalité, un racisme latent existe, des règlements de comptes entre communautés surviennent parfois, mais la solidarité minière joue son rôle. Le père de Roger est le seul Chinois à bien maîtriser le français. Il fait office de traducteur. Après plusieurs années, alors que la plupart de ses alter ego sont affectés comme boiseurs pour soutenir les galeries, lui est promu "boutefeu", poste sensible chargé des explosifs. Une intégration qui l'amène, avec son fils, jusque dans les rangs de la Résistance. Plus tard, avec 13 enfants, le foyer recevra la médaille de la famille française.

Au total, entre 1917 et 1927, près de 300 Chinois passent ainsi par les houillères de La Machine. Beaucoup seront découragés par les conditions de vie et le climat. Ils n'ont souvent pour logement que des dortoirs collectifs dans des baraquements en bois. En 1930, ils ne sont plus qu'une vingtaine. A l'échelle nationale, sur les 140 000 initialement recrutés, 3 000 seulement sont restés en France après leur contrat.

Les traces du passage de tous ces Chinois sont maigres, du coup. La plupart du temps, ne demeurent que leurs tombes dans les cimetières. A Noyelles-sur-Mer (Somme) notamment, où plus de 800 sont enterrés. Des tombes de célibataires souvent, jamais fleuries, avec des noms gravés légèrement francisés - comme "Tchang" au lieu de "Chang".

A La Machine, seul le père de Roger a vraiment "fait souche". Juste avant son arrivée dans le bourg minier, il avait rencontré la fille d'un roulier, Louise, 16 ans. Roger est le quatrième enfant du couple. Et c'est son parcours, dans les pas de son père, à la mine, avec sa passion du football, qui vont parachever l'assimilation de la famille.

Après avoir été à l'école Schneider, comme ses frères, Roger Tchang a toute sa vie associé mine et ballon rond. Il double ses journées quand il y a match le week-end. A plusieurs reprises présélectionné pour l'équipe de France de football amateur de l'époque, il joue une fois avec Raymond Kopa. Courtisé par des clubs professionnels mais inquiet pour ses vieux jours, il refuse de changer de club sans la garantie d'une exploitation minière à proximité : "Il fallait que j'assure ma retraite, moi !" A La Machine, ce sont des choses que l'on retient.

A force, il s'est taillé une petite notoriété. A Montceau-les-Mines, à la fin des années 1950, une photo noir et blanc le montre fier, posant sur le perron avec les patrons. Lors d'une Coupe de France, un envoyé spécial du journal L'Equipe n'en revient pas : "Dire que ces gueule.jpgs noires joueront dimanche contre les professionnels de Sochaux, en 8e de finale..." Un des chauffeurs de François Mitterrand aussi, qui avait été un temps gardien de but de La Machine, aimait bien, une fois déposé le président à Château-Chinon, taper un verre, chez lui, la berline garée devant le pavillon.

Aujourd'hui, avec les retours de l'histoire, les vies de Roger Tchang, son père, et toute leur petite communauté passée par là suscitent un intérêt nouveau de la part de la diaspora chinoise immigrée. Il y a quatre ans, une exposition intitulée "Les Chinois de La Machine" avait été présentée, au Musée de la mine. Ça avait ameuté un car entier de médias chinois. Même le premier secrétaire de l'ambassade de Chine à Paris s'était déplacé.

En banlieue parisienne, Roger Tchang a aussi un frère de quinze ans son cadet, Gérard, qui se passionne pour l'histoire familiale. Il y a un an, il a été invité à un colloque d'une semaine, en Chine, sur le sort de ces Chinois de la première guerre mondiale. Là-bas, il a retrouvé une poignée de descendants. Tous, comme lui, étaient en quête d'une reconnaissance de l'engagement sans fureur de leurs pères dans la Grande Guerre.

Roger Tchang n'y est pas allé. Il n'aime plus trop quitter son "chez lui". Sa carrière de mineur, il l'a finie comme secrétaire du comité d'entreprise. C'était juste à la fermeture du dernier puits, en 1974. Il laisse croire qu'il n'en regrette rien : "Je n'ai aucune nostalgie." Mais à le suivre dans les ruines des salles de machines, au pied des dalles de béton scellées sur l'entrée des puits, il s'emporte sans cesse : "Tout ça, c'est du patrimoine qui s'en va !"

Aujourd'hui, avec ses "genoux de caoutchouc", il ne peut plus courir. La faute au football, assure-t-il, "pas à la mine". Mais tous les jours, il continue de faire ses six kilomètres à pied, le long de l'étang Grenetier, réserve d'eau autrefois consacrée au lavage des blocs de charbon. "Inarrêtable", déplore son épouse. Têtu. Comme son père qui, "jusqu'à sa mort, a mangé avec des baguettes".

Elise Vincent
Article paru dans l'édition du 07.01.10


*


http://www.lemonde.fr/societe/portfolio/2010/01/06/le-dernier-des-chinois-machinois_1284465_3224.html#ens_id=1277701

Ecrit par: Illitch Dillinger Jeudi 07 Janvier 2010 11h11
QUOTE (P'tit Panda @ Mardi 05 Janvier 2010 23h07)
Un parking pour femmes avec des places de stationnement... plus larges
LEMONDE.FR avec AFP | 05.01.10 | 11h34 • Mis à jour le 05.01.10 | 11h47

Un parking réservé à l'usage exclusif des femmes a ouvert en fin d'année dans la province chinoise du Hebei (Nord). Contrairement à ce que l'on pourrait penser, il ne s'agit pas de répondre à la demande de femmes s'inquiétant de l'insécurité dans certains lieux souterrains de stationnement. Non, le but de ce parking est de faciliter les manœuvres automobiles aux femmes en leur proposant des emplacements plus larges et une signalisation plus voyante.

Pour Wang Zheng, un responsable du centre commercial de Wanxiang Tiancheng dans la ville de Shijiazhuang, ce nouveau parking a été conçu pour "répondre à la perception forte de la couleur chez les femmes et à leur appréciation différente de la distance". "Les places sont plus larges d'un mètre par rapport à la moyenne", a précisé M. Wang, ajoutant que les panneaux de signalisation plus colorés du nouveau parking "correspondent mieux aux besoins des femmes".

En août, la mairie de Séoul en Corée du Sud avait annoncé une initiative similaire, qui doit voir le jour courant 2010, indique le Huffington Post. Près de 5 000 places de stationnement de la ville, situées à proximité des centres commerciaux, seront peintes en rose. Elles seront ainsi réservées à la clientèle féminine, laquelle, juchée sur de hauts talons, n'aura plus à souffrir de trop longues distances pour se rendre dans ses magasins favoris ou sur son lieu de travail. L'initiative fait partie d'un projet plus global pour rendre la capitale sud-coréenne plus accessible aux femmes.

Je me marre ! Je n'imagine même pas une initiative pareille en France sans que les féministes ne grondent. Si j'étais une femme, je ne sais si je devrais mal le prendre ou non. Pas mal aussi les places roses toutes proche des entrées... smile.gif

Ecrit par: Illitch Dillinger Jeudi 07 Janvier 2010 11h18
QUOTE (P'tit Panda @ Jeudi 07 Janvier 2010 00h57)
Gu-eules noires venues de Chine
LE MONDE | 06.01.10 | 13h34 • Mis à jour le 06.01.10 | 16h15

Il a 84 ans, mais pas un début d'accent nivernais. Rouler les "r", comme les "l", il laisse ça à sa femme, une vraie fille "de souche", comme elle dit. Lui, Roger, il est pourtant né comme elle, à 45 km de Nevers, dans cet endroit dépeuplé qui s'appelle La Machine. Il s'en souvient, il a même grandi au "numéro 12 de la rue 2". C'est comme ça, à l'époque, qu'on nommait les allées dans cette ancienne cité minière - 7 000 habitants autrefois, 3 700 aujourd'hui. Sa mère était de Bonny-sur-Loire, pas très loin. Mais son père venait de Nankin, et tout le monde sait ici que c'est en Chine.

Un père chinois, c'est rare dans une région de forêts de chênes et de prés de charolaises. Encore plus dans une petite ville créée ex-nihilo, spécialement pour l'extraction du charbon. Une vraie histoire pour le coup, qui est en partie celle de 140 000 autres Chinois, débarqués un peu partout, en France, pendant la Grande Guerre, après avoir été recrutés par les armées française et anglaise alors en manque de main-d'oeuvre. Une histoire mal connue, qui est pourtant celle de la première vague d'immigration chinoise dans l'Hexagone.

Peu de travaux historiques existent sur le sujet. En leur mémoire, il n'y a qu'une petite stèle, dans un coin du jardin Baudricourt, à Paris, inaugurée en 1998. Or leur histoire est aussi celle d'une intégration originale, surtout pour la poignée d'entre eux qui ont atterri à La Machine. Les rares, avec quelques-uns dans le Nord-Pas-de-Calais, à s'être retrouvés à creuser des galeries.

De ces Chinois "machinois", Roger Tchang est un peu le dernier. Le seul, du moins, à vivre encore sur place, dans ces enfilades de baraques à vendre. Sa maisonnette est comme les patrons paternalistes aimaient à les millimétrer, avec la taille des volets, le jardin en long et la margelle standardisés. Avec ses frères, son père, c'est toute la famille qui a travaillé "au fond". Alors, dans son intérieur rangé, papier peint fleuri, buffet en bois massif, il raconte ses années pas banales dans les mines de charbon.

La saga familiale commence forcément par son père, "un beau Chinois", né en 1 897. Son prénom c'était Tson - plus tard, il a changé pour "André". Un jour, à 19 ans, il a été attiré par des affiches qui promettaient "la fortune" en France. Rien n'indiquait que c'était la guerre. Alors fils unique, orphelin de père, maçon de formation, il n'a pas eu d'hésitation. Il a passé une visite médicale. On lui a donné un numéro de matricule. Et après plusieurs mois de bateau, il a débarqué à Marseille, en 1917.

Les contrats étaient précis. Tout était prévu : les doses de thé, de graisse et de sel, 5 francs de salaire par jour, 25 centimes pour les vêtements et les chaussures, autant pour les "frais de maladie" et l'assurance décès. Officiellement, la main-d'oeuvre ne devait pas combattre, elle était à la disposition de l'arrière-front. Mais les tâches étaient ingrates : terrassement des tranchées, déminage. André Tchang, lui, fut d'abord docker, puis manutentionnaire à Châlons-sur-Marne, chargé du nettoyage des champs de bataille et du ramassage des cadavres. "Il n'en parlait jamais", raconte Roger.

C'est seulement à la fin de son contrat, en 1923, alors que la plupart de ses compatriotes rentrent au pays, qu'il rejoint La Machine. Il a entendu dire que quelques Chinois y sont restés. Certains sont venus via Schneider, qui fabrique de l'armement et exploite le gisement. D'autres sont des étudiants en quête de fins de mois, envoyés par le gouvernement chinois. Au Creusot, à 100 km de là, en avril 1921, le plus célèbre d'entre eux, Deng Xiaoping, futur numéro un chinois de 1978 à 1992, a fait un séjour de trois semaines, et c'est là qu'il a découvert le marxisme.

Dans ce bourg de Nièvre, ils sont alors un peu les premiers "étrangers". Jusque-là, on faisait plutôt appel aux gens des campagnes. Des figures presque exotiques dans ce paysage de terres froides où culminent les terrils. Ils organisent leurs fêtes, avec des fleurs de papier. Ils reconstituent aussi une fumerie d'opium, selon un témoignage de l'époque. Beaucoup, comme le père Tchang, aiment surtout à s'habiller beau, chaque soir, après le travail, pour se retrouver au bar des mineurs et jouer des heures, aux cartes ou au mah-jong, avec l'argent de la quinzaine.

A l'instar de toutes les cités minières en besoin de main-d'oeuvre, La Machine devient alors un lieu de brassage en avance sur son temps. Après les Chinois, arrivent les Polonais, les Maghrébins, les Italiens, les Yougoslaves... En 1936, 30 % de la population est d'origine étrangère. Mais au fond des puits, comme en rigole Roger Tchang, "on était tous noirs !". Roger Pasquet, un vieux mineur de 83 ans, abonde : "Il n'y avait pas de nationalité ! Avec la chaleur, on travaillait tous en slip ou à poil !" L'ancien maire, René Vingdiolet, 84 ans, résume à sa façon : "C'était l'Europe avant l'Europe."

En réalité, un racisme latent existe, des règlements de comptes entre communautés surviennent parfois, mais la solidarité minière joue son rôle. Le père de Roger est le seul Chinois à bien maîtriser le français. Il fait office de traducteur. Après plusieurs années, alors que la plupart de ses alter ego sont affectés comme boiseurs pour soutenir les galeries, lui est promu "boutefeu", poste sensible chargé des explosifs. Une intégration qui l'amène, avec son fils, jusque dans les rangs de la Résistance. Plus tard, avec 13 enfants, le foyer recevra la médaille de la famille française.

Au total, entre 1917 et 1927, près de 300 Chinois passent ainsi par les houillères de La Machine. Beaucoup seront découragés par les conditions de vie et le climat. Ils n'ont souvent pour logement que des dortoirs collectifs dans des baraquements en bois. En 1930, ils ne sont plus qu'une vingtaine. A l'échelle nationale, sur les 140 000 initialement recrutés, 3 000 seulement sont restés en France après leur contrat.

Les traces du passage de tous ces Chinois sont maigres, du coup. La plupart du temps, ne demeurent que leurs tombes dans les cimetières. A Noyelles-sur-Mer (Somme) notamment, où plus de 800 sont enterrés. Des tombes de célibataires souvent, jamais fleuries, avec des noms gravés légèrement francisés - comme "Tchang" au lieu de "Chang".

A La Machine, seul le père de Roger a vraiment "fait souche". Juste avant son arrivée dans le bourg minier, il avait rencontré la fille d'un roulier, Louise, 16 ans. Roger est le quatrième enfant du couple. Et c'est son parcours, dans les pas de son père, à la mine, avec sa passion du football, qui vont parachever l'assimilation de la famille.

Après avoir été à l'école Schneider, comme ses frères, Roger Tchang a toute sa vie associé mine et ballon rond. Il double ses journées quand il y a match le week-end. A plusieurs reprises présélectionné pour l'équipe de France de football amateur de l'époque, il joue une fois avec Raymond Kopa. Courtisé par des clubs professionnels mais inquiet pour ses vieux jours, il refuse de changer de club sans la garantie d'une exploitation minière à proximité : "Il fallait que j'assure ma retraite, moi !" A La Machine, ce sont des choses que l'on retient.

A force, il s'est taillé une petite notoriété. A Montceau-les-Mines, à la fin des années 1950, une photo noir et blanc le montre fier, posant sur le perron avec les patrons. Lors d'une Coupe de France, un envoyé spécial du journal L'Equipe n'en revient pas : "Dire que ces gueule.jpgs noires joueront dimanche contre les professionnels de Sochaux, en 8e de finale..." Un des chauffeurs de François Mitterrand aussi, qui avait été un temps gardien de but de La Machine, aimait bien, une fois déposé le président à Château-Chinon, taper un verre, chez lui, la berline garée devant le pavillon.

Aujourd'hui, avec les retours de l'histoire, les vies de Roger Tchang, son père, et toute leur petite communauté passée par là suscitent un intérêt nouveau de la part de la diaspora chinoise immigrée. Il y a quatre ans, une exposition intitulée "Les Chinois de La Machine" avait été présentée, au Musée de la mine. Ça avait ameuté un car entier de médias chinois. Même le premier secrétaire de l'ambassade de Chine à Paris s'était déplacé.

En banlieue parisienne, Roger Tchang a aussi un frère de quinze ans son cadet, Gérard, qui se passionne pour l'histoire familiale. Il y a un an, il a été invité à un colloque d'une semaine, en Chine, sur le sort de ces Chinois de la première guerre mondiale. Là-bas, il a retrouvé une poignée de descendants. Tous, comme lui, étaient en quête d'une reconnaissance de l'engagement sans fureur de leurs pères dans la Grande Guerre.

Roger Tchang n'y est pas allé. Il n'aime plus trop quitter son "chez lui". Sa carrière de mineur, il l'a finie comme secrétaire du comité d'entreprise. C'était juste à la fermeture du dernier puits, en 1974. Il laisse croire qu'il n'en regrette rien : "Je n'ai aucune nostalgie." Mais à le suivre dans les ruines des salles de machines, au pied des dalles de béton scellées sur l'entrée des puits, il s'emporte sans cesse : "Tout ça, c'est du patrimoine qui s'en va !"

Aujourd'hui, avec ses "genoux de caoutchouc", il ne peut plus courir. La faute au football, assure-t-il, "pas à la mine". Mais tous les jours, il continue de faire ses six kilomètres à pied, le long de l'étang Grenetier, réserve d'eau autrefois consacrée au lavage des blocs de charbon. "Inarrêtable", déplore son épouse. Têtu. Comme son père qui, "jusqu'à sa mort, a mangé avec des baguettes".

Elise Vincent
Article paru dans l'édition du 07.01.10


*


http://www.lemonde.fr/societe/portfolio/2010/01/06/le-dernier-des-chinois-machinois_1284465_3224.html#ens_id=1277701

Sympatoche cette histoire de famille chinoise en France. Il est vrai qu'on a tendance à oublier l'importance de cette "main d'oeuvre" venue de l'étranger.

Ca me fait penser à ces travailleurs chinois qui ont fait le réseau ferré aux Etats-Unis et qui ont été tout bonnement oubliés. Si je me rappelle, il devait y avoir un film avec Chow Yun-fat justement sur ce sujet, non ?

Pour le reste des post, c'est fort intéressant et triste aussi...

Ecrit par: P'tit Panda Jeudi 07 Janvier 2010 11h31
Le film sur les Chinois qui ont construit les chemins de fer aux USA ?
Ce devait être un projet de King Hu, mais il est mort.
A un moment donné, John Woo semblait intéressé pour le reprendre, avec Chow Yun Fat en tête d'affiche, et puis et puis...

Ecrit par: Illitch Dillinger Jeudi 07 Janvier 2010 15h13
Je me disais bien que je ne l'avais pas rêvé. En effet, c'était censé être le grand retour des deux dans un même projet : réal' et acteur avec une prod' à moitié états-unienne.

Espérons que cela voit le jour un de ces quatre. Je trouve le sujet intéressant. Martin Scorsese a bien mit 25 ans pour faire Gangs of New-York alors à ce rythme...

Ecrit par: ah_thomas Jeudi 07 Janvier 2010 15h33
C'est repris par David Wu qui en a fait Iron Road avec Sun Li et Tony Leung KF :

Page HKCinemagic : http://www.hkcinemagic.com/fr/movie.asp?id=10633
Interview David Wu : http://www.hkcinemagic.com/fr/page.asp?aid=290&page=2

Ecrit par: Illitch Dillinger Vendredi 08 Janvier 2010 09h53
Merci pour les liens. icon13.gif J'étais totalement passé à côté. Par contre, je ne sais pas si c'est Daniel Wu qui me fait cet effet là mais le projet me refroidit d'un coup. Je le regardais tout de même si je le chope, rien que pour voir son traitement personnel de ce sujet rare.

Ecrit par: manolo Vendredi 08 Janvier 2010 10h21
QUOTE (Illitch Dillinger @ Vendredi 08 Janvier 2010 09h53)
Par contre, je ne sais pas si c'est Daniel Wu qui me fait cet effet là mais le projet me refroidit d'un coup.  Je le regardais tout de même si je le chope, rien que pour voir son traitement personnel de ce sujet rare.

Ce n'est pas Daniel Wu qui réalise, c'est David Wu. Et là tu as peut-être encore plus de raison d'être refroidit. mrgreen.gif

David Wu :
user posted image

Ecrit par: P'tit Panda Mercredi 13 Janvier 2010 00h37
Mystérieuses attaques à l'acide en série à Hongkong
LE MONDE | 11.01.10 | 14h44 • Mis à jour le 11.01.10 | 14h44
Hongkong Correspondance

C'est la huitième attaque à l'acide sur des passants, en un peu plus d'un an à Hongkong. Elle porte à plus de cent personnes le nombre de victimes, parmi lesquelles quelques grands blessés, depuis la première attaque en décembre 2008.

Samedi soir, vers 21 h 30, la nuit est confortablement fraîche et la foule abonde à l'angle de la rue Nanjing et de la rue du temple Yau Ma Tei, lieu du marché de nuit le plus populaire du territoire. L'ambiance est au marchandage. Les devins de la place du temple, juste à côté, ont fort à faire. Et les gargotes où s'agglutinent touristes et locaux sont pleines.

Autant dire que personne n'a vu tomber du ciel les deux bouteilles d'acide qui ont atterri parmi les passants. Les éclaboussures ont blessé une trentaine de personnes, dont un enfant de 7 ans et neuf touristes étrangers - aucun Français. Tous n'ont été que légèrement brûlés et aucun n'a dû rester à l'hôpital.

Selon les récits recueillis par la presse locale, les témoins de l'incident ont très vite compris qu'il s'agissait d'une nouvelle attaque à l'acide et ont eu le réflexe, non seulement d'aider les victimes à laver leurs blessures, mais aussi de bloquer toutes les sorties des immeubles alentour, espérant ainsi coincer le coupable sur place.

La tactique semble avoir payé puisque la police, complètement bredouille sur les sept précédentes attaques, a interpellé un homme de 39 ans, sur le toit de l'immeuble situé au coin du carrefour de l'attaque, là même où la police a retrouvé les capsules des bouteilles d'acide apparemment jetés sur la foule en contrebas.

Tout indiquait alors que le coupable était enfin arrêté et que le cauchemar de ces attaques à répétition, dans des lieux où tout le monde va, était peut-être fini. Pourtant, trente-six heures après l'arrestation, et contre toute attente, la police n'avait toujours pas indiqué qu'elle considérait l'homme comme suspect.

Vidéosurveillance

Il s'agirait selon certaines informations d'un résident de l'immeuble. Et aucune accusation n'a été formulée à son encontre, ce qui a relancé l'inquiétude et la frustration de la population face à ce qui ressemble de plus en plus à un jeu du chat et de la souris, qui ridiculise la police. D'autant que des grands moyens sont censés avoir été mis en oeuvre.

Un nouveau réseau de caméras de vidéosurveillance a été installé dans le quartier de Mongkok, où trois des attaques ont eu lieu. Diverses primes pour des informations menant à l'arrestation du ou des coupables ont été promises. Et des dizaines d'enquêteurs ont été affectés à cette enquête. Mais seul le chef de l'exécutif de Hongkong, Donald Tsang, dont les compétences sont de plus en plus mises en doute, s'est avoué confiant en déclarant que le public ne devait pas s'inquiéter, car ces incidents allaient bientôt cesser.

Le lendemain, dimanche soir, à l'endroit même de l'attaque, la vie avait repris d'ailleurs comme si la panique de la veille n'avait jamais eu lieu.

Florence de Changy
Article paru dans l'édition du 12.01.10


Ecrit par: P'tit Panda Mercredi 13 Janvier 2010 00h49
La Chine se lance à son tour dans l'économie verte, par Joël Ruet
LE MONDE ECONOMIE | 11.01.10 | 16h24

En se fixant un objectif de réduction de plus de 40 % de l'intensité énergétique de son produit intérieur brut (PIB) d'ici à 2020 par rapport à 2005, la Chine voit plus loin que Copenhague. Et elle possède les atouts pour faire éclore, et exporter, un modèle économique original.

En 1937, après la Longue Marche (une retraite de 12 000 kilomètres pour échapper aux nationalistes), Mao Zedong disait "la situation n'a jamais été aussi bonne". Car il avait trouvé la stratégie qui lui donnerait la clé de Pékin.

La Chine a aujourd'hui une stratégie claire en matière environnementale. Sous l'impulsion des réformes lancées par Deng Xiaoping, le PNB a quadruplé entre 1978 et 1995, alors que la consommation d'énergie n'a "que" doublé dans la même période. Au début du millénaire, lorsque celle-ci s'est emballée, Pékin a lancé "10 projets clés" et un programme dit des "1 000 entreprises". Ces politiques nationales, associées à l'impact de la crise, ont permis une baisse de 20 % de la consommation énergétique par point de PIB entre 2005 et 2010. Un résultat exceptionnel qui a mobilisé un effort financier conséquent : il a doublé en 2008, pour atteindre 42 milliards de yuans. Cette cascade de programmes, qui a entraîné la fermeture des usines les moins performantes, va continuer à cibler les entreprises publiques les plus énergivores, à encourager la tertiarisation de l'économie et à poursuivre l'objectif de 15 % d'électricité renouvelable ou nucléaire.

Pour cela, la Chine a besoin d'améliorer l'efficacité énergétique des PME industrielles et des villes, en appliquant de nouvelles solutions de gestion de l'énergie pour le bâtiment, les infrastructures et les transports - le pays possède une réelle avance dans ce dernier domaine. Le bâtiment est aujourd'hui le défi majeur. Les programmes de coopération technologique se multiplient avec les Occidentaux dans ce secteur.

Mais la question centrale est moins la technologie que son déploiement. L'impulsion gouvernementale est nécessaire, mais pas suffisante. Formation et information seront essentielles à tous les niveaux. L'"économie verte" prendra racine par des initiatives locales. Les zones expérimentales "à basse intensité carbone" - inspirées des zones franches - comme à Nanjing, les cités et îles écologiques - comme à Chongming - sont des laboratoires des villes du futur, dont l'exposition universelle de Shanghaï en 2010 affirmera les premiers contours.

Cette économie verte est aussi financière : des fonds privés de capital-risque sont dédiés aux entrepreneurs de l'environnement ; le principal bras industriel et financier de l'Etat dans ce secteur, la China Energy Conservation Investment Company, monte en puissance. De véritables Bourses environnementales ont été lancées à Pékin, Shanghaï et Tianjin afin de ne pas laisser aux Occidentaux la mainmise sur les marchés des crédits carbones.

L'organe chargé de préparer le XIIe Plan, la Commission nationale de réforme et de développement, a demandé à son Institut de recherche sur l'énergie d'étudier l'option d'une taxe carbone, pour sensibiliser le consommateur... et écarter la menace d'une taxe carbone aux frontières imposée par les pays importateurs.

Un standard chinois des systèmes de gestion de l'énergie vient d'être publié, alors que la norme internationale ISO50001 est encore en préparation. Et les économistes chinois réfléchissent à l'intérêt de crédits carbone dans les secteurs du ciment, de l'acier...

Le pays entier expérimente, dans ce typique mélange d'émulation et de duplication. Toutes les initiatives ne réussiront pas. Mais les modèles vainqueurs seront vite repris à l'échelle nationale, voire à l'étranger.

Joël Ruet est chercheur au CNRS, président de l'Observatoire des émergents. Cette chronique a été rédigée avec Jean Pasternak, directeur de la Stratégie carbone de Schneider Electric

Article paru dans l'édition du 12.01.10


Ecrit par: P'tit Panda Jeudi 14 Janvier 2010 22h21
Une secrétaire de l'université de Perpignan tuée par un étudiant
LEMONDE.FR avec AFP | 13.01.10 | 13h41 • Mis à jour le 13.01.10 | 13h41

Une secrétaire de 49 ans de l'université de Perpignan a été tuée, mercredi 13 janvier, d'un coup de couteau par un étudiant chinois qui a blessé trois autres personnes, dont une grièvement, a-t-on appris auprès du procureur de la République de Perpignan Jean-Pierre Dreno.

"Une secrétaire de 49 ans est morte, et trois autres personnes ont été blessées, dont une grièvement, par un étudiant chinois de 26 ans qui présentait des troubles du comportement", a déclaré le procureur. La victime, a-t-il précisé, "a été atteinte à la poitrine et à la gorge".
L'étudiant a été interpellé et placé en garde à vue dans les locaux de la police judiciaire. Les raisons de son geste n'ont pas été précisées.

"Il les a agressées vers 9 heures et demie dans le département de sociologie de l'université avec un couteau de boucher de 20 à 30 cm. Les trois blessés sont professeurs ou enseignants vacataires", a précisé M. Dreno.

La personne grièvement blessée a été atteinte "à la face, aux bras et aux jambes" alors qu'elle tentait de se protéger, a ajouté le procureur.
L'étudiant chinois, inscrit en deuxième année de sociologie, avait accepté de se faire soigner pour ses troubles de comportement au début de novembre à l'hôpital de Perpignan.

Il avait également fait sa première année de sociologie à Perpignan, selon le procureur. Les cours et examens ont été suspendus et l'UFR (unité de formation et de recherche) de sociologie a été interdite d'accès par la police. La police scientifique enquêtait sur place à la mi-journée. Une cellule d'aide médico-psychologique a été mise en place pour venir en aide aux personnels. Le procureur de la République devait tenir une conférence de presse à 16 heures. La direction de l'université devait également s'exprimer dans l'après-midi.

Nicolas Sarkozy a exprimé "toute son émotion" après l'agression et souhaité que l'enquête "fasse le plus rapidement possible la lumière sur ces événements". La ministre de l'enseignement supérieur Valérie Pécresse a exprimé mercredi sa "profonde émotion", ajoutant qu'elle se rendait dans l'après-midi sur place pour être "aux côtés de la communauté universitaire en deuil".



Ecrit par: P'tit Panda Vendredi 15 Janvier 2010 00h20
L'avenir incertain de Google en Chine
LE MONDE | 14.01.10 | 15h04 • Mis à jour le 14.01.10 | 19h03
Shanghaï Correspondant

Un signe de deuil, des fleurs et des bougies ont été déposées, mercredi 13 janvier au soir, au pied du logo de Google à l'entrée de son siège chinois à Pékin. La compagnie américaine menace en effet de quitter la Chine à la suite d'actions répétées de piratage contre les comptes de messagerie d'usagers chinois impliqués dans la défense des droits de l'homme. Mais c'est sur Internet que les Chinois expriment leur amertume, leur tristesse ou leur colère.

Les plus facétieux s'amusent à tester les mots-clés autrefois tabous depuis que la version chinoise du célèbre moteur de recherche a volontairement désactivé certains des mécanismes mis en place, à la demande du gouvernement chinois, pour filtrer les résultats. Les plus nationalistes, en revanche, se félicitent de voir le géant américain jeter l'éponge. Et l'accusent de mettre au chômage des centaines d'employés chinois.

Les plus rebelles rongent leur frein. "Je brûle d'impatience. Plus on veut (nous) bloquer, plus ça résiste. Je sens déjà l'odeur de la poudre !", conspire un internaute caché derrière le sobriquet de Snow Rabbit, sur le fil consacré à l'affaire Google (#GoogleCN) de Twitter. Ce service de microblogging permet d'afficher sur un seul site, continuellement alimenté, des centaines de liens et de messages courts concernant un sujet particulier. Il a un tel pouvoir fédérateur que les autorités chinoises l'ont bloqué.

Twitter est devenu l'arme de prédilection d'un nombre croissant de militants de la liberté d'expression. Ils s'ingénient à y accéder par des outils informatiques comme les "proxy". Ils font aujourd'hui du cas Google leur cheval de bataille.

"Google a perdu trois ans à réaliser qu'il n'y avait aucun espoir de dialogue avec les autorités chinoises et qu'il valait mieux se ranger du côté des internautes chinois en leur fournissant les moyens de se battre", nous dit Isaac Mao. Ce célèbre blogueur de Shanghaï avait publié, en 2007, une lettre ouverte aux fondateurs de Google, Larry Page et Sergey Brin, en leur demandant, à l'époque de leur implantation en Chine, de ne pas céder aux exigences de la censure gouvernementale.

Les conséquences d'un départ de Google de Chine sont difficiles à évaluer. La firme risque d'être déconnectée de ses clients chinois et des spécificités de leurs requêtes. Elle court surtout le risque de voir bloquer en Chine l'accès à ses pages en anglais et en chinois et à l'ensemble des services qu'elle propose (google.doc, Gmail, etc.). C'est actuellement le cas pour Twitter, Facebook et Youtube. La crainte de Pékin d'être défié par une société étrangère prestigieuse, ou de voir enfler la fronde des internautes chinois, devrait influer sur le cours des événements.

Pour Isaac Mao, le pouvoir reste confiant en sa maîtrise de l'opinion publique et d'Internet. "Le flot de discussions sur Internet concernant Google a déjà été neutralisé. Seuls les sites bloqués comme Twitter restent très actifs. Je vois mal le gouvernement chinois faire un compromis à court terme. De très nombreux signes laissent penser qu'ils ont préparé une quantité de matériel de propagande sur le sujet", dit-il.

De son côté, si la société de Mountain View a réagi si brutalement en annonçant son possible départ de Chine, c'est que les attaques dont ses serveurs ont été l'objet s'apparentent à de la surveillance politique des dissidents chinois, nous a confirmé une source proche de Google. Même si ces attaques ne peuvent être attribuées directement au gouvernement chinois. Elles font de Google un instrument de censure politique, une évolution jugée décourageante au vu des compromis consentis par la société californienne en autocensurant ses services en Chine.

Google négocie avec les autorités chinoises. Ces discussions, a appris le Monde, ont commencé avant même la diffusion du communiqué du responsable juridique de Google, David Drummond, détaillant, mardi, les trois faits de piratage observés par Google sur ses serveurs. Ces attaques ont touché plusieurs sociétés américaines, ainsi que les comptes de messagerie Gmail de militants des droits de l'homme chinois en Chine et à l'étranger. Hier, Adobe révélait à son tour que ses réseaux avaient été la cible d'une attaque coordonnée et sophistiquée.

Ces événements interviennent dans un contexte de crispation croissante du gouvernement américain face à une recrudescence d'incursions informatiques des systèmes publics et privés américains ces dernières années. La Chine en a été désignée comme l'auteur le plus probable. Dans son rapport 2009 remis au Congrès, la US-China Economic and Security Review Commission consacre ainsi un long chapitre à l'impact des activités cybernétiques chinoises sur la sécurité nationale américaine. "Un faisceau de preuves circonstancielles et scientifiques tend à impliquer l'Etat chinois dans ces activités, que ce soit à travers des actions directes des services de l'Etat, ou via des entités soutenues par l'Etat", soulignent les auteurs.

Le recours à l'espionnage téléphonique et informatique contre les militants chinois des droits de l'homme ou de l'environnement, les ressortissants de minorités ethniques tels que les Tibétains et les Ouïgours, ou encore les simples pétitionnaires, est systématique en Chine. Que le rayon d'action des services concernés s'étende en dehors du territoire chinois fait peu de doutes. En mars 2009, l'université de Toronto publiait les résultats d'une enquête sur un système sophistiqué d'espionnage des ordinateurs du gouvernement tibétain en exil et de plusieurs ONG protibétaines. Plus d'un millier d'ordinateurs dans des dizaines de pays étaient ainsi pilotés à distance pour identifier et expédier des documents confidentiels sur des serveurs.



Sur le Web :

- Fil suivant l'affaire Google sur Twitter : http://twitter.com/search?q=GoogleCN ;

- Les activités de cyberespionnage chinoises dans le rapport 2009 de la "Commission d'évaluation de l'économie et de la sécurité américano-chinoise" (U.S.-China Economic and Security Review Commission) du Congrès : http://www.uscc.gov/annual_report/2009/chapter2_section_4.pdf.





Brice Pedroletti

*


Un pays très connecté

344 millions d'internautes. 232 millions de Chinois de plus de 15 ans se sont connectés à Internet de leur lieu de travail ou de chez eux au moins une fois en novembre 2009, selon l'institut ComScore. En prenant en compte les connexions dans les cafés Internet, très importantes en Chine, le nombre d'internautes chinois passe à 344 millions. C'est le pays qui compte le plus grand nombre d'internautes au monde.

Les sociétés locales dominent. Baidu est le moteur de recherche de référence du Web chinois, loin devant Google. Le groupe Alibaba, détenu à hauteur de 39 % par l'américain Yahoo!, s'impose dans le commerce en ligne, avec sa plate-forme Taobao et son système de paiement Alipay. Sina et Sohu sont des portails d'information très populaires. Et Tencent QQ, du groupe Tencent, est la messagerie instantanée la plus utilisée de Chine, loin devant MSN, de Microsoft.


Article paru dans l'édition du 15.01.10

Ecrit par: P'tit Panda Vendredi 15 Janvier 2010 00h22
Le géant d'Internet dominé par ses concurrents chinois
LE MONDE | 14.01.10 | 15h04 • Mis à jour le 14.01.10 | 15h04

Comme nombre d'autres groupes occidentaux, Google a du mal à reproduire en Chine ce modèle économique ultraprofitable qui fait de lui le moteur de recherche le plus populaire au niveau mondial. En novembre 2009, selon l'institut ComScore, son audience globale sur le Web était de 67,5 % (sur 100 recherches d'informations en ligne, 67,5 passent par son moteur), mais de seulement 13,2 % en Chine. Contre 62,2 % pour son concurrent chinois Baidu, de loin le moteur de recherche le plus populaire sur place.

Les pressions politiques expliquent en partie les difficultés de Google. "Le groupe est très attaché à l'efficience de son moteur, qui doit donner les résultats les plus pertinents possibles. La censure imposée par Pékin va contre cet objectif. C'est une source récurrente de conflits avec le pouvoir", estime Shar VanBoskirk, analyste au cabinet américain Forrester. Mais pas seulement. "Les différences culturelles jouent aussi. Les Chinois ne cherchent pas de la même façon sur le Web que les Occidentaux. Ces derniers attendent des réponses précises, ils ont un objectif souvent clair. C'est moins vrai pour les Chinois. Google a dû s'adapter", croit savoir Mme VanBoskirk.

"Je pense au contraire que Google était plutôt bien préparé pour réussir en Chine. Le groupe a embauché des centaines de salariés sur place, pris beaucoup de soin dans l'indexation (le classement par mots-clés) des documents en chinois, pour que son moteur soit le plus efficace possible", nuance un ex-cadre de Google. "Google a recruté Kaifu Lee, une des personnalités les plus respectées de l'Internet chinois", ajoute-t-il. M. Lee a cependant quitté Google fin 2009.

Si le géant américain a du mal à s'imposer, c'est aussi parce qu'il a affaire à forte partie. Fondé en 2000 à Pékin, Baidu, son concurrent direct, applique la censure gouvernementale à la lettre. Il a adopté un modèle économique assez différent de l'Américain qui, manifestement, fonctionne mieux localement.

Musique et divertissement

Comme Google, Baidu propose son moteur de recherche gratuitement et se rémunère en vendant des espaces publicitaires sur ses sites. Mais contrairement à Google, qui distingue bien ses "liens sponsorisés" des réponses aux questions des internautes, Baidu mélange les publicités et les résultats des recherches. "C'est plus profitable pour le site", estime Ning Liu, analyste du cabinet BDA, à Pékin. Par ailleurs, Baidu a lancé des services très populaires, comme un moteur de recherche de fichiers musicaux MP3 ou les services "post Bar" et "Zhiado", permettant aux internautes de poser des questions directement à la communauté des utilisateurs de Baidu. C'est un véritable portail d'informations et de services. "Baidu est très axé sur le divertissement et la musique, ce que les internautes chinois préfèrent aux informations économiques", selon M. Liu.

Chez Google, on reconnaît que le chiffre d'affaires du groupe en Chine "n'est pas encore significatif au regard du chiffre d'affaires mondial (21,8 milliard de dollars en 2008)". Quitter le pays reste néanmoins une décision difficile à prendre, d'un strict point de vue commercial. Même si les évaluations manquent, la Chine a toutes les chances de devenir, de l'avis des spécialistes, le plus grand marché au monde pour l'Internet.

Cécile Ducourtieux et Brice Pedroletti (à Shanghaï)
Article paru dans l'édition du 15.01.10



Ecrit par: P'tit Panda Vendredi 15 Janvier 2010 00h23
La Chine prudente face aux menaces de Google
LEMONDE.FR avec AFP | 14.01.10 | 13h21 • Mis à jour le 14.01.10 | 14h08

La Chine accueille les opérations (sur son sol) conformes à la loi (chinoise) des entreprises Internet internationales." La réaction officielle de Pékin, au lendemain des accusations du géant de l'Internet Google, qui accuse à mots couverts la Chine d'être derrière une importante tentative de piratage, a été pour le moins mesurée.

Le moteur de recherche a affirmé mardi avoir été la cible d'une attaque informatique de grande ampleur en provenance de Chine, et dit envisager sérieusement de fermer ses bureaux dans le pays ainsi que la version chinoise de son site. Google a par ailleurs levé la censure des résultats de recherche qu'il avait mis en place pour se conformer à la loi chinoise. Mais si Pékin a de nouveau insisté sur la nécessité, pour les entreprises étrangères opérant en Chine, de pratiquer la censure, le gouvernement n'a pas précisé s'il entendait sanctionner le moteur de recherche.

"L'Internet en Chine est ouvert et le gouvernement chinois encourage son développement et s'efforce de créer un environnement favorable pour cela", a déclaré une porte-parole du gouvernement, tandis que le secrétariat d'Etat américain, qui a demandé "des explications" à Pékin, a réitéré sa volonté de "discuter" avec le gouvernement chinois de "la capacité de la Chine de continuer à respecter les standards internationaux" du monde économique.

UN CHEVAL DE TROIE DANS DES DOCUMENTS PDF

Deux jours après la révélation de ce piratage de grande ampleur, les informations commencent à filtrer sur le modus operandi des assaillants ainsi que sur leurs cibles. Outre Google, au moins une trentaine d'entreprises auraient été la cible de l'attaque, qui visait principalement des entreprises liées aux défenseurs des droits de l'homme ou en conflit avec les autorités chinoises.

Google explique que l'attaque sur ses serveurs visait à pénétrer dans les boîtes e-mail utilisées par des opposants au gouvernement chinois, tandis qu'un cabinet d'avocats de Los Angeles, qui défend les intérêts d'une entreprise qui a porté plainte contre la Chine pour violation de brevet, a affirmé avoir également été attaqué. Les pirates auraient également tenté de mettre la main sur le code-source du moteur de recherche, un secret industriel à la valeur inestimable.

D'après les premières révélations d'entreprises visées, les pirates auraient utilisé une faille de sécurité dans les logiciels Adobe, et notamment le Reader de l'entreprise, utilisé pour lire des documents au format pdf. La faille, découverte mi-décembre, n'a été corrigée que mardi dernier ; elle permettait d'insérer un code malicieux dans un document pdf. Lorsqu'un utilisateur ouvrait le document piégé, il installait à l'insu de l'utilisateur un logiciel-espion ou cheval de Troie sur l'ordinateur. Le programme transmettait alors des données contenues sur l'ordinateur à l'extérieur de l'entreprise, et créait une "porte dérobée" ou backdoor permettant de se connecter à distance à l'ordinateur.



Ecrit par: P'tit Panda Vendredi 15 Janvier 2010 00h47
Mian Mian déclenche un second conflit entre la Chine et Google
LE MONDE DES LIVRES | 14.01.10 | 12h29 • Mis à jour le 14.01.10 | 12h29

Cette fois-ci, ce n'est pas parce qu'elle continue d'écrire sur le sexe, la drogue et la décadence dans le Shanghaï postmoderne du début du XXIe siècle que l'enfant terrible d'une certaine littérature chinoise contemporaine est de nouveau celle par qui le scandale arrive : Mian Mian, que son livre Les Bonbons chinois (L'Olivier, 2001) avait fait connaître du grand public, traîne en justice Google, accusant le moteur de recherche américain d'avoir scanné son dernier ouvrage, Acid Lovers, et de l'avoir mis en ligne sans la prévenir ni lui verser des droits d'auteur. Elle demande l'équivalent de 6 000 euros de dommages et intérêts et exige de solennelles excuses. Cette fois-ci, Mian Mian, 40 ans, qui fut il y a une décennie l'une des figures centrales d'une "nouvelle vague" chinoise de jeunes femmes écrivains, est du côté de la loi et se pose en défenseur de la littérature à l'heure d'Internet.

Fin décembre, lors d'une audition qui a eu lieu dans un tribunal de Pékin - sans la présence de l'intéressée -, le juge a conseillé aux deux parties de négocier un compromis. Une porte-parole de Google Chine, Marsha Wang, avait fait savoir au préalable que sitôt la plainte déposée, la compagnie s'était empressée de retirer ce troisième roman de Mian Mian de son site. L'avocat de l'écrivain, Sun Jingwei, a répliqué que le livre pouvait encore en partie être consulté au moyen de mots-clés. Google doit supprimer "l'intégralité de tous les passages du livre", a précisé Maître Sun, qui estime qu'"un tel comportement (de la part du géant américain) est une claire violation des droits de l'auteur : nous exigeons des excuses publiques !" En ce début 2010, il reste donc à attendre les résultats des négociations en cours entre l'écrivain et Google.

Mais l'affaire dépasse le simple et justifié courroux d'une romancière dont les trois livres, tous jugés trop pernicieux par la censure, restent interdits en Chine : elle pose plus généralement le problème de la façon dont Google se permet librement de mettre en ligne des ouvrages, une attitude qui a provoqué de virulentes réactions dans les milieux littéraires des Etats-Unis et d'Europe. Cette fois-ci, c'est en Chine, par ailleurs empire de la contrefaçon, royaume des droits de propriété intellectuels bafoués, que les milieux du livre ont réagi : la China Written Works Copyright Society, une association dépendant du gouvernement, a demandé à Google de négocier des compensations pour les auteurs chinois victimes de ces mises en ligne "sauvages".

Même si Mian Mian est le seul écrivain à avoir pour l'instant traîné Google en justice, la compagnie américaine avait pris dans un premier temps les mesures qui s'imposent : le 9 janvier, cédant aux pressions de Pékin, elle avait envoyé à l'Association des écrivains chinois une lettre dans laquelle des excuses étaient adressées aux auteurs victimes de son indélicatesse et où elle proposait à son tour de négocier avec ces derniers des montants de copyright...

Censure et copyright

Mercredi 13 janvier, tout est brutalement remis en question : Google, qui aurait dû dresser la liste des 18 000 ouvrages qu'elle a scannés, annonce que les négociations sont repoussées sine die. La raison de ce retournement est vraisemblablement liée à une décision beaucoup plus spectaculaire annoncée le même jour : le plus grand moteur de recherche mondial a décidé de ne plus se plier à la censure chinoise, comme il l'avait accepté en 2006 pour faciliter sa percée sur le marché (lire page 12).

La polémique sur les droits de copyright en littérature aura suscité les sarcasmes d'un jeune écrivain connu, l'ineffable Han Han qui, de livres en blogs provocateurs, ne cesse de dénoncer les travers de ses concitoyens, et notamment leur penchant pour le nationalisme. "Moi, j'aimerais bien que Google scanne mes livres, grince-t-il sur son blog. Rien que pour une table des matières, on peut leur demander 60 dollars ! Mais quand l'un de mes romans, un livre de 220 000 caractères, a été repris en entier par des sites chinois, personne ne m'a rien payé, et jusqu'à aujourd'hui, ils font la sourde oreille. Non seulement je n'ai rien touché, mais mon livre reste consultable sur leurs sites !"

Han Han souligne aussi que le comportement de Google a déclenché des réactions à la fois prévisibles et extrêmes, certains internautes comparant l'attitude du moteur de recherche américain à celle des "impérialistes" au temps des guerres de l'opium... Le bloggeur 88yuhs se félicite ainsi que la Chine, "humiliée dans le passé, soit aujourd'hui une puissance qui peut désormais dire non à haute voix au lieu de rester silencieuse comme elle le faisait auparavant". Mais, pour l'heure, c'est Google qui dit non, et la polémique provoquée par Mian Mian est supplantée par l'attitude soudainement rebelle de la compagnie qu'elle avait attaquée...

Bruno Philip
Article paru dans l'édition du 15.01.10



Ecrit par: P'tit Panda Vendredi 15 Janvier 2010 00h55
Point de vue
La Chine est-elle menacée par le "syndrome soviétique" ?, par Thierry Wolton
LE MONDE | 14.01.10 | 13h50 • Mis à jour le 14.01.10 | 13h50

Cette année 2010 doit consacrer l'aura internationale de la Chine avec l'Exposition universelle de Shanghaï, en mai. La manifestation est voulue par Pékin comme le point d'orgue d'une offensive de charme qui a commencé avec les Jeux olympiques de l'été 2008. L'événement sera sans doute une fois de plus remarquablement maîtrisé par les autorités et les superlatifs ne manqueront pas pour saluer l'extraordinaire réussite de ce pays.

Tout cela n'est pas sans provoquer quelques réminiscences. Il y a un demi-siècle s'ouvrait une époque également triomphale - pour l'Union soviétique. La décennie 1960 avait été précédée par le voyage de Nikita Khrouchtchev aux Etats-Unis, en septembre 1959. Au cours de cette opération de relation publique, le numéro un soviétique avait promis que son pays ne tarderait pas à dépasser la puissance américaine.

S'ensuivit une vaste campagne de propagande destinée à accréditer cette thèse, ponctuée de réussites époustouflantes, dont l'envoi en 1961 du premier homme dans l'espace fut la plus spectaculaire. Pendant les vingt années suivantes, Moscou fournit des statistiques flatteuses sur la production de blé, d'acier, etc., qui accréditaient l'incontestable supériorité du mode de production socialiste.

On a appris récemment qu'un bureau spécial avait été créé par le Kremlin pour fournir les chiffres qu'attendait un Occident ébahi par cette success story. L'offensive fut complétée par un dégel sur le plan intérieur, puis par l'envoi à l'Ouest de quelques fleurons de la culture soviétique, comme les Choeurs de l'Armée rouge. A relire la presse de l'époque, convaincue que l'URSS serait, sans doute possible, la grande puissance de la fin du XXe siècle, on ne peut être qu'admiratif devant la force de conviction dont fit preuve Moscou ou stupéfait par notre extraordinaire naïveté.

Il est intéressant de se souvenir de ce qu'a fait le Kremlin de cette "opération de marketing" réussie : il a cru à sa propre propagande, conforté par l'image que nous lui renvoyions de sa puissance irrépressible. Les décennies 1960-1970 furent marquées par une poussée significative de l'URSS, et du camp socialiste en général, sur la scène mondiale, jusqu'à l'invasion de l'Afghanistan, en décembre 1979. Ces avancées paraissaient d'autant plus victorieuses que le camp occidental était alors en crise économique, avec le premier choc pétrolier de 1973, et morale, à la suite de la défaite américaine au Vietnam en 1975.

Sur le plan des rapports de forces internationaux, l'URSS pouvait réellement prétendre à un partage du leadership mondial avec les Etats-Unis. Sur le plan intérieur, l'"entrouverture" au monde qu'exigeait ce rôle de grande puissance se paya bien par quelques contestations. Elles furent promptement réprimées (Tchécoslovaquie en 1968, internement de dissidents...), souvent dans l'indifférence des démocraties qui ne voulaient pas se brouiller avec ce grand pays.

Il y avait là une certaine logique dont tout le monde était en fin de compte victime : les peuples subissant le joug communiste, qui ne pouvaient guère, ou si peu, compter sur un soutien occidental ; les opinions publiques de l'Ouest, tétanisées par une puissance que leur vantaient les médias ; les responsables des pays démocratiques, dont la pusillanimité encouragea le Kremlin à pousser toujours plus loin ses avantages ; enfin, les dirigeants soviétiques eux-mêmes, qui finirent par oublier combien leur empire était fragile. La suite est connue.

Or la "sinomania" actuelle est bien plus forte que ne le fut jamais la "soviétomania" d'antan. Elle s'est accentuée ces dernières années grâce à des mécanismes qui rappellent ceux qui firent la splendeur de l'URSS : une remarquable réussite économique soulignée par des statistiques flatteuses ; une certaine fascination des Occidentaux pour une culture, un mode de vie (voire une multitude) exotiques pour eux ; une montée en puissance sur la scène mondiale favorisée, voulue même, par les autres grands au nom de l'équité. Il est devenu banal de prédire que l'empire du Milieu sera le leader de notre planète avant la mi-temps de ce siècle. Croyance d'autant plus ferme que le monde occidental est à nouveau en crise.

La Chine nous apparaît aujourd'hui tellement éloignée de ce que fut la Russie soviétique d'hier qu'il peut sembler hasardeux d'établir le parallèle. Et pourtant... L'URSS et la Chine communiste ont suivi des voies similaires une grande partie du XXe siècle et, même lorsque leurs chemins ont divergé, elles ont poursuivi des politiques analogues, inspirées par la même idéologie. La poigne de Mao ne fut pas moins sanglante que celle de Staline. L'un et l'autre se lancèrent dans une industrialisation forcée au prix de millions de paysans morts, l'un et l'autre s'assurèrent d'un pouvoir absolu en terrorisant leur population.

Par la suite, le jovial Deng Xiaoping ne fut pas sans rappeler le débonnaire Khrouchtchev, l'un et l'autre rêvant de faire décoller une économie socialiste en panne grâce à la technologie occidentale. A partir des années 1990, l'offensive de charme de la Chine n'est pas sans similitude avec celle de l'URSS dans les années 1960-1970. Certes, les actuels dirigeants chinois ne ressemblent pas aux gérontes retranchés dans le Kremlin jusqu'à l'arrivée de Gorbatchev en 1985. Mais, justement, leur dynamisme ne rappelle-t-il pas, peu ou prou, le volontarisme de ce dernier, ultime espoir du communisme soviétique pour tenter de sauver le régime ? Ils s'en sortent, il est vrai, autrement mieux que lui en la matière.

Comparaison n'est pas raison, mais des systèmes de même nature peuvent générer des comportements politiques similaires. Le Parti communiste chinois a beau être le premier parti léniniste darwinien, comme l'a joliment dit Nicolas Bequelin, chercheur auprès de Human Rights Watch, c'est-à-dire capable d'évolution, il n'en reste pas moins un parti d'esprit totalitaire, engendrant des réflexes policiers pour ceux qui sont à sa tête. Du Tibet au Xinjiang, contre les intellectuels dissidents ou les paysans spoliés, la chronique de la répression durant les dernières années illustre le raidissement du régime.

A l'instar de l'URSS, la Chine réclame désormais sa part de gouvernance du monde que mérite sa réussite économique. Dans les années 1970, Moscou parlait de détente ; Pékin rassure en évoquant sa montée en puissance pacifique tout en consacrant des moyens de plus en plus importants à son armement (même si ce budget est encore loin d'égaler celui des Etats-Unis). Si on escamote la part communiste de cette Chine-là, ces parallèles n'ont aucun sens. Mais, jusqu'à preuve du contraire, ce pays reste gouverné par un parti unique, dirigé par des hommes formés à son unique moule, qui gardent la haute main sur l'économie et qui s'en partagent les fruits, de manière quasi héréditaire. Dans ce type de régime, l'essentiel demeure le pouvoir, qui décide de tout.

Il est donc pertinent de se demander si la Chine, aussi mirifique qu'elle nous paraisse, ne risque pas d'être victime du syndrome soviétique, ses dirigeants finissant par être atteints des mêmes maux qui ont conduit à la chute de l'URSS. La combinaison entre notre admiration béate et un pouvoir sans partage, indifférent aux douleurs de son peuple, obsédé par ses intérêts de puissance, le tout attisé par les doutes des pays occidentaux sur le modèle libéral, autant de facteurs qui pourraient déboucher sur des lendemains difficiles.

Le jeu de miroirs entre des communistes chinois trop sûrs d'eux, convaincus par leurs propres statistiques de la réussite de leur régime, et des dirigeants occidentaux obsédés par leurs balances commerciales et leurs déficits, qui ne pensent qu'à les amadouer pour quelques parts de marché, peut faire oublier à Pékin ses fragilités intrinsèques : obsolescence d'une partie de son appareil industriel, discrimination sociale, déséquilibre entre l'offre et la demande, inflation, bulle spéculative, vieillissement de la population, catastrophes écologiques. En somme, tout ce qui caractérise une économie socialiste.

Cet aveuglement réciproque, entre Occident et Orient cette fois, pourrait conduire la Chine à vouloir aller trop loin, comme l'URSS jadis.

Thierry Wolton est historien, spécialiste des systèmes communistes.


Ecrit par: P'tit Panda Vendredi 15 Janvier 2010 01h01
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"Le prix Simone de Beauvoir venu de loin comme une bénédiction"
By Ai Xiaoming
Created 01/13/2010 - 17:12

Professeur d'université, vidéaste et militante active des droits civiques, Ai Xiaoming n'a pas pu assister [1] à Paris à la remise du Prix Simone de Beauvoir qui lui a été décerné. Les autorités chinoises ont refusé de lui renouveler son passeport. Voici le texte qu'elle a adressé de Chine au jury du prix remis en son absence.

Un soir, à la fin du mois de décembre, un appel téléphonique m'apprit que j'étais lauréate du Prix Simone de Beauvoir. Cette année, les deux lauréates sont chinoises : Mme Guo Jianmei, juriste à Pékin, et moi-même.

Lorsque je recevais cet appel, j'étais dans la salle d'attente d'une gare. J'étais trop légèrement habillée et je frissonnais. J'étais au milieu d'une foule de voyageurs encombrés de bagages. Les trains étaient retardés par un front froid venu du Nord.

Comment croire à une pareille nouvelle ?

J'ai ensuite envoyé des messages à ma famille et à mes amis. J'ai aussi informé mon université. Certains m'ont fait part de leurs chaleureuses félicitations. D'autres ont éclaté de joie. D'autres encore ne comprenaient pas. J'ai dû leur expliquer qui était Simone de Beauvoir, que son combat pour les droits des femmes ne se limitait pas à l'Europe, et ne s'arrêtait pas aujourd'hui, cent ans plus tard.

Qu'un prix d'une telle importance me soit attribué provoque chez moi un sentiment étrange. Je suis un peu gênée pour en parler. Ces dernières années, je n'ai pas eu une compréhension claire de ma propre situation. Parce que je réalise des films, mes amis avocats et moi-même avons été confrontés à la violence de la criminalité organisée, mais aussi à celle de la police officielle et de ses services spécialisés.

Certains me disent : le jour où le filet se resserrera, il sera toujours temps d'aviser (je ne peux alors pas m'empêcher de penser à une scène d'un roman de Gabriel Garcia Marquez : un couteau à la main, un chef de clan cuisine une personne gênante en un plat de poisson aux légumes marinés ; ce mets, décoré de coriandre, est ensuite servi à un banquet officiel).

De ce point de vue, l'attribution de ce prix m'est très précieuse. En plein hiver, au coeur de la saison la plus froide, voilà qu'une fleur tombe du ciel. C'est un honneur comme on ne m'en avait pas fait depuis bien longtemps. Cette considération venue de loin est comme une bénédiction. Comme si la lumière des idéaux de Simone de Beauvoir soudain m'éclairait.

Ma famille, mes amis, moi-même, nous savons que, malgré la paranoïa de tous les chefs de clan, l'indifférence généralisée, la prudence et l'isolement, nombreux sont ceux qui sont attentifs à notre action et nous soutiennent. Nombreux sont ceux qui partagent avec nous l'amour de la liberté, la liberté du poisson qui nage comme il l'entend, et l'amour de la dignité humaine, aussi immense que la mer agitée par les vagues.

À l'automne 2008, je suis venue en France pour participer à Paris au festival Shadows du cinéma chinois [2] indépendant. Je marchais dans les rues de Paris avec un ami et celui-ci m'a emmené dans un café. Nous avons bu du rhum. À l'entrée garnie de feuillages et de fleurs, deux jeunes filles souriantes, originaires du Moyen-Orient, nous ont laissés prendre des photos en guise de souvenir. C'est un de ces cafés qui jalonnent les charmants coins de rue de Paris.

Mon ami m'apprit que c'était dans ce café, les Deux Magots, que Simone de Beauvoir et Jean Paul Sartre venaient discuter et écrire.

La remise du prix a lieu aux Deux Magots. Malheureusement, la police m'a empêchée de renouveler mon passeport et je ne peux pas être aujourd'hui présente parmi vous. Je me suis battue de toutes mes forces, mais ce fut en vain, et j'ai dû abandonner tout espoir d'être présente.

Au même moment, dans notre merveilleux pays, surviennent tant d'événements majeurs. Un écrivain est mis en cause pour six articles qu'il a signés et est condamné à passer 4021 jours en prison ; alors que Shéhérazade n'a besoin que de 1001 nuits de contes pour échapper à son despote.

Ailleurs en Chine, une femme chef d'entreprise, dont la maison était menacée de démolition, pour empêcher que sa famille ne soit battue par les voyous que recrutent les promoteurs, s'est immolée par le feu.

Le premier jour de cette année, ma collaboratrice pour la réalisation des documentaires a été à nouveau arrêtée par la police. J'avais tellement envie de rédiger tranquillement ce discours de remerciements, mais j'ai été sans cesse interrompue par ces nouvelles.

Devant l'avalanche d'événements imprévus, alors que le monde est partout en crise, je ne suis qu'un acteur très modeste.

Permettez-moi d'exprimer ma gratitude à tous les membres du comité de ce prix et en particulier à sa présidente, la professeur Julia Kristeva. Ce prix qui célèbre « la liberté des femmes » porte le nom d'une penseur et d'une combattante qui a immensément contribué à l'émancipation des femmes et des êtres humains.

Aujourd'hui, vous accordez ce prix à une femme chinoise, simple universitaire, qui s'est récemment consacrée à la réalisation de films documentaires indépendants. C'est avec une grande humilité que j'accepte cette fleur venue du ciel.

Le refrain d'une chanson chinoise de l'époque de la guerre anti-japonaise dit :

« Au mois de mai, les fleurs éclosent et viennent couvrir le sang des patriotes ».

Voilà ce que cette fleur venue de la capitale de la liberté nous dit : la liberté et l'émancipation sont possibles.

Je remercie Simone de Beauvoir

Je remercie la fleur pleine d'esprit qu'elle m'envoie.

Alors que, dans ce nouveau siècle, la neige recouvre la Chine, une fleur vient éclairer notre chemin épineux vers l'honneur.

Le 5 janvier 2010

Traduction de Gilles Guiheux

Une féministe chinoise privée de Prix Simone de Beauvoir par Pékin [1]
URL source: http://www.rue89.com/node/133562

Links:
[1] http://www.rue89.com/node/133333
[2] http://www.rue89.com/chinatown/2008/10/14/chine-la-video-et-internet-contre-lhistoire-officielle

Ecrit par: P'tit Panda Vendredi 15 Janvier 2010 01h02
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Bras de fer Google-Chine : vers un Internet chinois "harmonisé"
By Pierre Haski
Created 01/13/2010 - 13:16

Un tweet chinois [1] résume le bras de fer entre Google et la Chine : « Ce n'est pas Google qui se retire de Chine, c'est la Chine qui se retire du monde. » C'est en effet la conception étatique d'un vaste intranet chinois avec des accès filtrés au monde qui est en train de s'imposer et de prendre corps.

Un autre internaute chinois relève que les trois plus gros sites au monde, Google, Facebook et YouTube, sont bloqués ou sérieusement filtrés en Chine, alors que prospèrent des équivalents chinois beaucoup plus sensibles, évidemment, aux pressions et aux ordre d'un pouvoir autoritaire bien décidé à gagner la bataille d'internet.

La réaction de Google [2], annoncée mercredi, est un retournement spectaculaire de situation. Jusqu'ici, Google, redoutant par-dessus tout de se voir écarter du plus grand marché des télécoms au monde -370 millions d'internautes, 650 millions de téléphones portables…-, avait avalé de très nombreuses couleuvres.
Autocensure et punitions

Le plus grand moteur de recherche au monde avait accepté de s'autocensurer, en mettant par exemple des photos touristiques de la place Tiananmen lorsqu'on tape « Tiananmen » sur sa version chinoise, mais la fameuse photo de l'« homme au char » [3] pour toutes les requêtes dans les autres langues…

Il avait également accepté sans sourciller lorsque les autorités l'avaient accusé d'héberger des contenus pornographiques [4] et l'avaient « puni », condamné à ne plus mettre de liens vers des sites étrangers et à « nettoyer » son contenu chinois.

Ce qui a provoqué le retournement de la direction de Google, très officiellement annoncée par son conseiller juridique David Drummond sur le blog de l'entreprise, c'est une tentative de hackage des serveurs de Google pour accéder aux comptes gmail de dissidents chinois.

Fait significatif, David Drummond fait un lien avec l'opération « Ghostnet » [5], un vaste réseau d'espionnage électronique révélé l'an dernier, et qui s'infiltrait notamment dans les comptes de l'entourage du dalaï lama, le chef tibétain en exil.
Les multinationales complaisantes

Ce coup d'arrêt décrété par Google est d'autant plus un tournant que c'est l'attitude de toutes les multinationales du web qui est en question.

Yahoo a ainsi été au centre d'un grand scandale, il y a trois ans, lorsqu'on a appris que la société américaine avait fourni à la justice chinoise les informations qui avaient permis de retrouver et de condamner à dix ans de prison le journaliste Shi Tao et deux autres dissidents chinois.

Yahoo avait dû s'expliquer devant le Congrès américain et avait présenté ses excuses aux familles et à ses utilisateurs. L'affaire avait débouché sur l'élaboration d'un « code de conduite » contre la censure [6] entre les géants du web et l'organisation Human Rights Watch.

La Chine a tout fait, ces dernières années, pour marginaliser et doucement pousser vers la porte de sortie les géants américains, qui ont tous connu des échecs dans l'empire du Milieu.

C'est le seul pays au monde où aucun d'entre eux -Google, YouTube, Facebook, Twitter, eBay, Yahoo, Amazon…- n'est leader dans son secteur, se voyant devancer par un concurrent chinois de même nature qui bénéficie de toutes les largesses du réseau et des encouragements officiels. Le facteur politique n'explique toutefois pas tout et les acteurs locaux sont évidemment plus proches d'une culture web locale très particulière.
Vers le retrait de Google de Chine ?

Baidu, [7] le moteur de recherche chinois qui distance Google sur le marché chinois, a même prédit publiquement que Google allait disparaître du paysage local. C'est ce qui risque de se passer si le bras de fer engagé entre Google et Pékin se termine par le retrait du moteur de recherche américain, comme le laisse entendre cette phrase de David Drummond :

« Nous sommes conscients que cela peut signifier la fermeture de Google.cn, et potentiellement celle de nos bureaux en Chine. »

En introduisant Internet en Chine, il y a bientôt quinze ans, les autorités visaient d'abord un objectif économique, en permettant l'essor du premier marché des télécoms au monde. Dans le même temps, elles savaient qu'il fallait contrôler l'information qui pourrait désormais circuler d'une manière plus libre que jamais auparavant dans ce pays.

C'est le sens de la « Grande muraille électronique » progressivement érigée, avec force filtrages par mots-clé, blocages d'URL, et une cyber-police comptant des dizaines de milliers de membres, chargée d'« harmoniser », comme disent ironiquement les Chinois, les sites qui sortiraient des clous.

La phase suivante a été de permettre l'émergence de puissantes plateformes de contenu chinois, qui comptent aujourd'hui parmi les plus puissantes au monde, s'appuyant sur la taille du marché chinois et sur sa croissance ininterrompue quand la crise frappait leurs homologues occidentaux.
Les Chinois face à la censure

Aujourd'hui, on approche d'une heure de vérité qui verrait la Chine devenir un vaste intranet, débarrassé des influences étrangères, et dans lequel tous les contenus provenant de l'étranger pourraient être approuvés (une « liste blanche » pourrait être créée, avec les sites étrangers autorisés). Cela laisserait les internautes chinois face à eux mêmes et à leurs censeurs.

Mais Internet a aussi ouvert une brèche très difficile à refermer dans le contrôle de l'information, créant le seul lieu de liberté relative en Chine, malgré les contrôles et les filtrages, malgré les arrestations et les menaces. Il suffit de lire ce qui circule sur la toîle chinoise pour juger de la liberté de ton qu'on peut y trouver.

Alors dans la course de vitesse entre « Big Comrade » et sa muraile électronique, et la créativité libertaire des internautes, le vainqueur ne sera pas nécessairement celui qui a le gros bâton. Décrié ailleurs comme une force hégémonique dangereuse, Google apparait désormais en Chine comme un facteur-clé de pluralisme et de liberté.

►Mis à jour le 12/01/3010 à 17h35 : Google a cessé la censure de son site chinois, et l'homme au char de Tiananmen en 1989 est de retour. [8]

Photo : le siège de Google à Pékin (Jason Lee/Reuters)
Auparavant complaisant, Google refuse la censure du Web chinois [2]
Google sanctionné en Chine, sous prétexte de pornographie [4]
Censure : un code de conduite pour les géants du Web [6]
“It’s Not Google that’s Withdrawing from China; It’s China that’s Withdrawing from the World”, sur chinadigitaltimes.org [1]
A new approach to China, par David Drummond, sur Googleblog [9]
Commander sur Fnac.com:
"Internet et la Chine" [10]
URL source: http://www.rue89.com/chinatown/2010/01/13/bras-de-fer-google-chine-vers-un-internet-chinois-harmonise-133504

Links:
[1] http://chinadigitaltimes.net/2010/01/its-not-google-thats-withdrawing-from-china-its-china-thats-withdrawing-from-the-world/
[2] http://www.rue89.com/chinamerique/2010/01/13/apres-des-annees-de-tolerance-google-refuse-la-censure-du-web-chinois-133474
[3] http://images.google.fr/images?hl=fr&q=tiananmen&cr=countryFR&um=1&ie=UTF-8&sa=N&tab=wi
[4] http://www.rue89.com/node/108108
[5] http://www.rue89.com/chinatown/2009/03/29/ghostnet-vaste-reseau-de-cyberespionnage-base-en-chine
[6] http://www.rue89.com/2008/10/29/censure-un-code-de-conduite-pour-les-geants-du-web
[7] http://www.rue89.com/Baidu
[8] http://www.aujourdhuilachine.com/actualites-chine-tankman-fait-son-apparition-sur-google-en-chine-13308.asp?1=1
[9] http://googleblog.blogspot.com/2010/01/new-approach-to-china.html
[10] http://livre.fnac.com/a2233189/Pierre-Haski-Internet-et-la-Chine?Origin=RUE89_EDITO

Ecrit par: P'tit Panda Vendredi 15 Janvier 2010 01h04
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Une féministe chinoise privée de Prix Simone de Beauvoir par Pékin
By Mathilde Bonnassieux
Created 01/12/2010 - 08:34

Professeur d'université, vidéaste et militante active des droits civiques, Ai Xiaoming n'a pas pu assister à Paris à la remise du Prix Simone de Beauvoir qui lui a été décerné. Les autorités chinoises ont refusé de lui renouveler son passeport.

Réuni à Paris pour la remise du Prix Simone de Beauvoir ce lundi, le jury international a dû se passer de la présence d'une de ses lauréates, la militante chinoise Ai Xiaoming. Cette féministe engagée devait également participer mardi à une conférence à l'Université Paris Diderot sur les femmes chinoises contemporaines mais elle n'a pas pu non plus s'y rendre.

Les autorités chinoises ont en effet refusé de lui renouveler son passeport, privant Ai Xiaoming de la possibilité de quitter la Chine.

[Les lecteurs de Chinatown ont pu apprécier les points de vue d'Ai Xiaoming, que nous avions interviewée en octobre 2008, lors de sa visite à Paris où elle présentait ses films dans le cadre du festival Shadows. A lire ici] [1]

Créé il y a deux ans à l'occasion du 100e anniversaire de la naissance de l'écrivain français, le Prix Simone de Beauvoir récompense les travaux de ceux ou celles qui oeuvrent pour la liberté des femmes dans le monde. Cette année, le choix du jury s'était porté sur deux Chinoises, l'avocate du droit des femmes Guo Jianmei [2], et la vidéaste et chercheuse Ai Xiaoming.

Sur le site participatif chinois Canyuwang, Ai Xiaoming raconte :

« Je regrette de ne pas pouvoir me rendre en France pour recevoir le prix. J'ai fait beaucoup d'efforts mais sans succès. Aujourd'hui, j'ai perdu espoir ».

« Ce prix est important pour moi car depuis des années, les activistes chinois vivent des temps difficiles. Comme je tourne des documentaires, mes amis et moi avons subi la violence de la mafia mais nous ne pensions pas que la police chinoise avait un département spécialisé pour les gens comme nous ».

Ai Xiaoming, professeur respectée de littérature chinoise à l'Université de Canton, s'est illustrée en Chine par ses recherches sur la condition féminine, son combat pour les droits des femmes, la défense des travailleurs migrants et des malades du sida. Sujets sur lesquels elle a réalisé plusieurs documentaires [1] en dehors des circuits officiels.

Déjà connue des services de police, la militante avait été arrêtée l'année dernière à Shenzhen alors qu'elle se rendait à Hong-Kong pour présenter l'un de ses derniers films, « Nos enfants », retraçant le parcours de parents d'enfants victimes du séisme au Sichuan [3] en mai 2008.


Ecrit par: P'tit Panda Vendredi 15 Janvier 2010 01h06
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Les trésors du Musée d'art chinois de Taipei en 3D
By Pierre Haski
Created 01/11/2010 - 15:19

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Le Musée National de Taiwan est incontestablement le plus beau musée d'art chinois au monde, constitué en grande partie à partir des trésors des musées du continent emmenés dans sa fuite par le chef du Kuomintang, Tchang Kai-chek. Il fait très fort aujourd'hui en présentant de formidables installations multimédia à partir de certains de ses trésors, mis en valeur grâce à la technologie, et consultables par tout internaute, où qu'il se trouve dans le monde.

Le plus bel exemple est « Along the River During the Ching-ming Festival » [1], un rouleau du XII° siècle, un des grands classiques chinois, long de plus de onze mètres, plusieurs fois reproduit au cours des siècles. Le déroulé multimédia du musée de Taipei permet d'en observer tous les détails, et, à plusieurs reprises, d'« entrer » en 3D dans le paysage chinois de l'époque, musique incluse.

L'ensemble du site contient de nombreux « trésors », dont la « timeline » des civilisations mondiales [2].

Merci à Michel D., amateur de pierres philosophiques chinoises devant l'éternel, de nous l'avoir signalé.
Le site du National Palace Museum de Taipei (en anglais) [3]
URL source: http://www.rue89.com/chinatown/2010/01/11/les-tresors-du-musee-dart-chinois-de-taipei-en-3d-133255

Links:
[1] http://www.npm.gov.tw/exh96/orientation/flash_4/index.html
[2] http://www.npm.gov.tw/exh96/orientation/index1_2_en.html
[3] http://www.npm.gov.tw/exh96/orientation/index6_en.html

Ecrit par: P'tit Panda Vendredi 15 Janvier 2010 01h08
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Pékin force des cinéastes chinois à se retirer de festivals "incorrects"
By Pierre Haski
Created 01/08/2010 - 08:21

Quelle tristesse de voir encore des créateurs soumis aux ordres d'un pouvoir politique abusif. Pour la deuxième fois en quelques mois, des cinéastes chinois, et pas des moindres, ont dû retirer leurs films de festivals internationaux parce, dans la programmation, il y avait des films qui déplaisaient à Pékin.

Dernier en date, le festival international de Palm Springs, aux Etats-Unis, où Lu Chuan, le réalisateur d'un des plus gros succès du cinéma chinois en 2009, « Nanjing Nanjing », consacré au massacre de Nankin par l'armée japonaise en 1937, a annoncé cette semaine qu'il se retirait de la compétition à la demande du Bureau chinois du cinéma, l'organisme officiel de contrôle de ce secteur, et du Ministère des Affaires étrangères chinois.

La raison de la colère : la diffusion, dans le cadre du festival, d'un film consacré à la situation au Tibet [1] et au chef spirituel des bouddhistes tibétains, le dalaï lama [2]…

L'an dernier, un autre cinéaste réputé, Jia Zhangke, avait dû se retirer du Festival international de Melbourne, en Australie, en raison de la présence, dans la programmation, d'un documentaire consacré à la dirigeante des Ouïgours en exil, Rebiya Kadeer [3].

Tibet, Xinjiang… Ces deux foyers de tension sont au coeur de cette guerre de positions que mène le pouvoir chinois aux quatre coins du monde, tentant d'empêcher les rencontres entre le dalaï lama et Rebiya Kadeer avec des dirigeants de pays étrangers.

Mais la première victime, ce sont les cinéastes et leurs oeuvres. Et une vision étriquée et propagandiste de la culture qui persiste dans certains secteurs du pouvoir chinois, quand d'autres murs ont été abattus progressivement ces dernières années. Il est ainsi paradoxal que Jia Zhangke, qui était autrefois underground et ne pouvait pas montrer ses films au public chinois, est désormais autorisé en Chine, mais se voit instrumentaliser sur le plan international.

Idem pour Lu Chuan, dont le film a été critiqué en Chine pour son manque de patriotisme, ce qui ne l'a pas empêché d'être un vrai grand succès en salle. Et sa carrière internationale [4] dépend maintenant du bon vouloir des censeurs de Pékin.

Sauf à s'exclure du marché chinois, ces cinéastes n'ont guère d'autre choix que de se plier à ces ordres, sans qu'on sache trop ce qu'ils ont au fond du coeur.

Ce coup d'éclat nous aura permis de découvrir ce film sur le Tibet, réalisé par Ritu Sarin et Tenzing Sonam, dont le New York Times nous présente la bande annonce [5]. (voir la vidéo)

Et puisqu'on en est au cinéma et au Tibet, on vient d'apprendre la condamnation à six années de prison [6] d'un documentariste autodidacte tibétain dont nous vous avons déjà plusieurs fois parlé sur Chinatown [7]. Dondup Wangchen avait réalisé des interviews de Tibétains, réunies sous le titre « Laissez la peur derrière ». Il a été arrêté en mars dernier, et a été jugé à la fin de 2009. Une autre nouvelle triste pour le monde du cinéma en Chine.
Le prix du Festival de San Sebastian au film sur le massacre de Nankin [4]
Un cinéaste amateur tibétain jugé pour « subversion » [7]
In Protest, Chinese Films Pulled From Palm Springs Festival, sur nytimes.com [5]
Commander sur Fnac.com:
The World, DVD du film de Jia Zhangke [8]
Still Life - Edition Collector, DVD du film de Jia Zhangke [9]
URL source: http://www.rue89.com/chinatown/2010/01/08/pekin-force-des-cineastes-chinois-a-se-retirer-de-festivals-incorrects-132798

Links:
[1] http://www.rue89.com/chinatown/2009/03/08/cinquante-ans-apres-la-fuite-du-dalai-lama-le-tibet-sous-tension
[2] http://www.rue89.com/tag/dalai-lama
[3] http://www.rue89.com/chinatown/2009/12/10/rencontre-avec-rebiya-kadeer-la-voix-des-ouigours-de-chine-129263
[4] http://www.rue89.com/node/119735
[5] http://artsbeat.blogs.nytimes.com/2010/01/06/in-protest-chinese-films-pulled-from-palm-springs-festival/
[6] http://www.france24.com/fr/20100107-chine-prison-dhondup-wangchen-realisateur-tibetain-cinema-film-documentaire
[7] http://www.rue89.com/node/124231
[8] http://video.fnac.com/a2413833/The-World-Wang-Hong-Wei-DVD-Zone-2?Origin=RUE89_EDITO
[9] http://video.fnac.com/a2229438/Still-Life-Edition-Collector-Tao-Zhao-DVD-Zone-2?Origin=RUE89_EDITO

Ecrit par: P'tit Panda Dimanche 17 Janvier 2010 00h14
Google : la Chine rassure sur ses relations commerciales avec les Etats-Unis
LEMONDE.FR avec AFP | 15.01.10 | 07h57

La Chine a assuré, vendredi 15 janvier, que l'affaire Google n'aurait aucun impact sur ses relations commerciales et économiques avec les Etats-Unis. "Quelle que soit la décision que prendra Google, cela n'aura pas d'impact sur les relations commerciales et économiques d'ensemble entre la Chine et les Etats-Unis", a déclaré à la presse le porte-parole du ministère du commerce, Yao Jian. "Les deux pays ont des canaux de communications multiples. Nous avons confiance dans le développement sain des relations économiques et commerciales entre la Chine et les Etats-Unis", a-t-il ajouté.

Excédée par des attaques informatiques massives "venant de Chine", ciblant des militants des droits de l'homme, le géant de l'Internet a menacé mardi de cesser toute opération dans le pays asiatique, l'un des plus grands marchés numériques au monde avec 360 millions d'internautes, mais sous étroite surveillance politique. Un haut responsable du département d'Etat américain a demandé jeudi des "explications" à des diplomates chinois sur l'affaire Google lors d'une rencontre à Washington, a rapporté le porte-parole du département d'Etat.

"LA STABILITÉ ET LE DÉVELOPPEMENT SONT NOS PRIORITÉS"

La Chine avait réagi pour la première fois jeudi par la voix du porte-parole du ministère des Affaires étrangères, affirmant que l'internet dans le pays "est ouvert". M. Yao a réaffirmé vendredi que les entreprises étrangères devaient "respecter les lois, l'intérêt public, la culture et les traditions des pays hôtes et prendre leurs responsabilités en fonction". "La Chine passe d'une économie planifiée traditionnelle à une économie de marché. La stabilité et le développement sont nos priorités actuellement", a dit le porte-parole du ministère du Commerce.

Les relations entre les deux grandes puissances mondiales du XXIe siècle, la Chine et les Etats-Unis, sont marquées par des frictions récurrentes, notamment sur la monnaie chinoise ou dans le domaine commercial. Récemment, le sommet de Copenhague a également vu les deux pays s'affronter sur la question du changement climatique.


Ecrit par: P'tit Panda Dimanche 17 Janvier 2010 00h17
Edito du Monde
Chinternet
LE MONDE | 15.01.10 | 14h03 • Mis à jour le 15.01.10 | 14h03

ll est suffisamment rare de voir des géants de l'industrie placer la déontologie au-dessus de leurs intérêts commerciaux pour saluer, à sa juste valeur, la réaction de Google face à la censure chinoise. Irrité par un nombre croissant de tentatives de pénétration de ses serveurs visant à espionner les opposants, le champion américain de l'Internet vient de dire clairement au pouvoir chinois : ou bien les attaques cessent et le moteur de recherche google.cn peut fonctionner sans entraves, ou bien Google cesse ses activités en Chine, quitte à se retirer du pays.

Pour l'entreprise américaine, c'est un revirement de stratégie total. Afin de mettre un pied sur ce gigantesque marché, Google avait, comme d'autres, accepté en 2006 des limitations d'ordre politique à son moteur de recherche. La firme avait fait le pari que, au bout du compte, sa présence, même censurée, sur l'Internet en Chine et l'immense champ de possibilités, d'information et d'échanges qu'elle offrirait aux internautes locaux compenseraient les effets de la censure.

Mais la situation est devenue trop inconfortable pour Google. Plus les citoyens chinois communiquent et prennent d'initiatives sur Internet, plus le régime multiplie les obstacles à leur activité, avec des méthodes toujours plus sophistiquées. Depuis les Jeux olympiques de Pékin, en 2008, la tendance est constante. Directement visé, Google a conclu que désormais les inconvénients de sa présence dans l'empire du Milieu l'emportent sur les avantages. La relation d'une entreprise comme Google avec ses utilisateurs à travers le monde repose sur la confiance, et ce qui se passe en Chine est de nature à briser ce lien.

Google refuse d'être un instrument de répression politique et table, dans ses négociations avec les autorités chinoises, sur d'hypothétiques divisions au sein du pouvoir. Pour l'instant, Pékin reste inflexible, et l'on voit mal le régime céder aux exigences de Google.

La leçon est rude, et pas seulement pour Google, qui se demande aujourd'hui si le compromis accepté en 2006 était une si bonne idée. D'autres - Yahoo, Microsoft, pour ne citer qu'eux - doivent se poser la même question. Visiblement, la Chine ne craint pas l'épreuve de force avec les Occidentaux sur ce terrain : elle a aujourd'hui ses propres géants de l'Internet et veut contrôler son cyberespace. A un Internet ouvert et mondialisé, elle préfère ce qu'un expert américain, Xiao Qiang, a baptisé le "Chinternet". Dans le combat Chinternet contre Internet, il n'est ni sûr ni souhaitable, pourtant, que le premier sorte vainqueur.

Article paru dans l'édition du 16.01.10



Ecrit par: P'tit Panda Dimanche 17 Janvier 2010 00h21
Bras de fer économique et politique entre Google et Pékin
LEMONDE.FR | 13.01.10 | 15h42 • Mis à jour le 14.01.10 | 14h18

Le moteur de recherche Google a engagé, ce mercredi, un bras de fer avec les autorités chinoises, concernant la politique de censure de Pékin et un piratage informatique dont l'entreprise dit avoir été l'objet. Le numéro un de la recherche au monde – mais qui est minoritaire en Chine, derrière Baidu.cn – a affirmé envisager sérieusement de fermer la version chinoise de son site et de fermer ses bureaux dans le pays, où il emploie 700 personnes.

Google explique avoir fait l'objet d'un piratage de grande ampleur, provenant de Chine, fin décembre. Une ou plusieurs personnes se seraient attaquées à son service de messagerie Gmail, visant les messageries de plusieurs dissidents chinois. L'attaque aurait également concerné une vingtaine d'autres entreprises. Sur son blog officiel, le moteur de recherche laisse entendre, sans jamais le dire clairement, que le gouvernement chinois pourrait avoir une part de responsabilité dans ces attaques ; la secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, a également demandé à Pékin de fournir "des explications" sur ce piratage.

BRAS DE FER POLITIQUE ET DIPLOMATIQUE

Le moteur de recherche a donc tapé du poing sur la table. Outre la menace de fermeture, il a annoncé qu'il cesserait désormais de censurer les résultats de recherche de son site chinois, comme il le faisait jusqu'à présent pour se conformer à la loi chinoise. Depuis ce matin, une recherche d'images sur Google.cn permet de voir la célèbre photo du manifestant brandissant le poing place Tiananmen, une image qui était jusqu'ici censurée.

Pékin est jusqu'ici resté très prudent sur ces annonces de Google. Un responsable cité anonymement par l'agence officielle Xinhua estimait ce matin que rien n'est encore décidé, mais pour Jean-Luc Domenach, directeur de recherche au Centre d'études et de recherches internationales et spécialiste de la Chine, Pékin ne peut pas laisser Google partir. "Ce serait une claque terrible pour le pouvoir : toute sa politique internationale est justement fondée sur l'idée qu'il peut imposer ses propres règles", explique-t-il. En termes symboliques, la fermeture de Google.cn serait désastreuse, "d'autant plus qu'aux yeux des Chinois, Google, c'est le seigneur d'Internet, "le" grand moteur de recherche, même s'il reste moins utilisé que Baidu à l'échelle du pays".

CONTRE-OFFENSIVE

Jusqu'ici, c'est plutôt Google qui avait été la cible de la colère de Pékin. A plusieurs reprises, les autorités chinoises s'en étaient prises au moteur de recherche, l'accusant notamment de filtrer insuffisamment ses résultats de recherche. Ces dernières semaines, Google avait également été la cible de critiques véhémentes concernant son service de recherche de livres. Comme aux Etats-Unis ou en Europe, l'Association des écrivains chinois l'accusait d'avoir scanné sans autorisation des dizaines de milliers de livres. Mais contrairement aux autres pays, où il subit les mêmes accusations, Google a dû présenter ce lundi ses excuses aux écrivains chinois.

Jusqu'à peu, les relations entre le gouvernement chinois et Google étaient cependant tempérées par la présence du fondateur et directeur de Google Chine, Kai-Fu Lee. Mais ce dernier a quitté l'entreprise en septembre dernier pour fonder sa propre société, annonçant la fin d'une ère dans la présence de Google en Chine.

ÉQUILIBRE ÉCONOMIQUE

Mais derrière les considérations politico-diplomatiques, les motivations de Google pourraient également être économiques. Google n'a jamais réussi à s'imposer complètement en Chine, l'un des rares pays où il ne domine pas le marché de la recherche en ligne. L'entreprise n'a pu capter que 30 % du marché environ, alors que son rival Baidu, dont les résultats sont soumis à la censure de Pékin, en représente le double.

Google espérait parvenir à conquérir ce marché en se pliant aux règles édictées par le gouvernement chinois, notamment en censurant ses résultats de recherche, mais n'a pas atteint son but. Pour Shaun Rein, directeur général de China Market Research Group à Shanghaï, interrogé par l'AFP, les menaces pourraient être une excuse pour préparer un départ de Google. "Google cherche à sortir de Chine sans perdre la face", estime-t-il.

Damien Leloup


Ecrit par: P'tit Panda Dimanche 17 Janvier 2010 00h22
Le Vietnam durcit la répression contre les sites Web d'opposants
LEMONDE.FR avec AFP | 15.01.10 | 15h24 • Mis à jour le 15.01.10 | 15h24

Une série de procès de militants pour la démocratie est prévue la semaine prochaine au Vietnam communiste, où la communauté occidentale dénonce un tour de vis politique. Sur le banc des accusés doivent se retrouver un informaticien-blogueur formé en France, Nguyen Tien Trung, et un avocat, Le Cong Dinh, connu pour sa défense de confrères militants des droits de l'homme, ainsi que deux autres militants, Le Thang Long et Tran Huynh Duy Thuc.

Tous sont accusés de "tentative de subversion du régime", un crime passible de la peine de mort, et de liens avec une organisation illégale, le Parti démocratique du Vietnam. Un autre activiste, Tran Anh Kim, arrêté en même temps qu'eux, a déjà été condamné à cinq ans et demi de prison. Les cinq militants avaient à l'origine été appréhendés pour "propagande" contre le régime, charge uniquement passible de prison.

A partir de lundi, doivent aussi se tenir les procès en appel de neuf autres militants condamnés en première instance à des peines de deux à six ans de prison pour "propagande" contre le régime. Ces militants sont accusés d'avoir déployé des banderoles pro-démocratie, dénonçant parfois les ambitions territoriales régionales chinoises, et pour certains d'avoir distribué des tracts et diffusé leurs opinions sur Internet.

HARCÈLEMENT DES AUTEURS DE SITES CRITIQUES

Si la répression contre les militants des droits de l'homme s'est durcie ces derniers mois au Vietnam, à l'approche du prochain congrès du Parti communiste prévu l'an prochain, c'est plus particulièrement le Web qui semble être dans le collimateur des autorités. Alors que la presse est étroitement contrôlée par le gouvernement, Internet reste l'un des seuls canaux où peuvent circuler les critiques contre le régime et contre son allié idéologique, la Chine.

Cette semaine encore, ont été entendus par la police à Hanoï les fondateurs d'un site Internet en pointe dans la critique de grands projets de mines de bauxite dans les hauts plateaux du centre, qui impliquent aussi la Chine, via des technologies ou investissements. Le chercheur Nguyen Hue Chi, rédacteur en chef du site Bauxite Vietnam, a été convoqué à trois reprises et son ordinateur saisi, selon son collègue Pham Toan, également interrogé. "Leur intention est de fermer notre site", estime-t-il.

Les fondateurs du site sont à l'origine d'une pétition contre les projets de mines, signée par nombre d'intellectuels. Les risques dénoncés portent sur l'environnement mais aussi sur la sécurité nationale : dans un pays où le souvenir du millénaire d'occupation chinoise reste vif, certains craignent une mainmise de Pékin sur une région-clé.



Ecrit par: P'tit Panda Dimanche 17 Janvier 2010 00h51
Haïti, Sichuan, demain...
LE MONDE | 16.01.10 | 13h46

Comment pourrait-on, ici et aujourd'hui, ne pas penser à Haïti ? Et ne pas chercher au-delà de l'émotion, le sens, que comme tout événement, celui-ci porte, et qui permet de préparer l'avenir ? Mais, saturé d'émotion, le drame échappe encore à la discussion. "Raisonner quand tous ces gens souffrent ! N'avez-vous pas honte ?" Non. Raisonnons, pour ne pas rester silencieux, étranger à cette souffrance.

On pourrait rappeler que, dans la société du spectacle, l'émotion elle-même est spectacle, que l'organisation de la charité et de la "mobilisation" forme une tendre image d'unanimisme dans la "solidarité", qui renvoie à l'unanimité dans la souffrance des victimes. "Nous, bons riches Occidentaux, avons bon coeur et aidons malheureux pauvres d'Haïti, victimes de la fatalité." La suite logique serait de reprendre l'histoire des relations de la France et des Etats-Unis avec Haïti, afin d'identifier les responsabilités de la faiblesse de cet Etat. Mais cette approche, légitime, est trop sèche pour résonner vraiment avec le drame de Port-au-Prince.

Suivons deux autres pistes de questionnement, dans le passé proche, puis dans un avenir indéterminé. Le passé proche, c'est le terrible séisme qui a frappé le Sichuan, dans le sud-ouest de la Chine, le 12 mai 2008 : 90 000 morts, 400 000 blessés, 370 000 bâtiments détruits. Un drame aussi fort qu'en Haïti. Mais une dramaturgie totalement différente : une bien moindre émotion mondiale, et une réaction rapide et assez efficace du gouvernement de Pékin. Et, comme l'observe Laurent Hou, doctorant de l'université Paris-IV (Sorbonne), qui a présenté ses recherches sur la catastrophe lors du séminaire "Histoire environnementale du communisme et du postcommunisme" le 15 janvier à Paris, une prise en charge réelle de la reconstruction dans les mois qui ont suivi. Si toutes les blessures ne sont pas cicatrisées, l'économie repart, fortement soutenue par Pékin : un quart du plan de relance de 2009 a été consacré au Sichuan !

D'où la question : les Occidentaux, dont les avions-cargos vont planter leur drapeau sur l'aéroport de Port-au-Prince, seront-ils là dans un an pour soutenir vraiment la reconstruction d' Haïti, et son cheminement sur une voie de sortie de la misère qui passerait, prioritairement, par l'agriculture et la reforestation ?

Deuxième piste : que se passerait-il dans un monde aussi inégal qu'aujourd'hui, et où les catastrophes liées au changement climatique se multiplieraient ? Un monde inégal, dans lequel des Etats très faibles, comme Haïti, seraient assaillis de manière répétée par des inondations, sécheresses et autres cyclones ? Pourrait-on supporter des "aides d'urgence" de plus en plus répétées et les désordres géopolitiques que cela entraînerait ? Ne vaudrait-il pas mieux, dès aujourd'hui, prévenir la catastrophe globale plutôt que d'attendre d'avoir à en soulager les effets ? Pour que la souffrance d'Haïti n'ait pas été vaine...

Courriel : kempf@lemonde.fr


Hervé Kempf
Article paru dans l'édition du 17.01.10


Ecrit par: P'tit Panda Dimanche 17 Janvier 2010 21h08
Published on Rue89 (http://www.rue89.com)
Les "camarades" interdits d'élire Mister Gay en Chine
By Mathilde Bonnassieux et Harold Thibault
Created 01/16/2010 - 19:46

(De Pékin) A Pékin, la police a annulé l'élection de Mr Gay China, quelques minutes avant l'événement. Candidats et organisateurs n'ont pas caché leur déception.

Ce devait être un événement symbolique pour la reconnaissance de la communauté homosexuelle en Chine, organisé dans le très branché club Lan [1], conçu par Philippe Starck, vendredi, dans le quartier des affaires de Pékin. Mais la police a décidé d'annuler le concours de beauté des « camarades », le surnom des homosexuels en Chine, environ une demi-heure avant qu'il ne débute.

Des policiers sont venus expliquer aux organisateurs que l'événement ne devait pas avoir lieu, pour des problèmes d'autorisations administratives, selon un responsable du concours.

Michael Cai, un des co-organisateurs de l'événement, se désole :

« Malheureusement, cela n'aura pas lieu. Cela aurait été bien pour le pays, de mettre la Chine sur la carte. »

Car après son élection nationale, Mr Gay devait représenter la Chine lors de l'élection de Mr Gay Monde [2], qui aura lieu à Oslo.
« Nous sommes des êtres humains »

L'un des candidats fait part de sa déception et de son incompréhension :

« Je ne sais pas, je crois que le gouvernement a clos l'événement. De toute évidence, nous sommes dans un pays communiste, donc l'homosexualité n'est pas autorisée. Maintenant je sais, le communisme, le socialisme, c'est génial. »

Son sentiment ?

« Je me sens déçu, pas parce que je ne peux plus participer à la compétition, mais parce que (…) la Chine se développe et tout le monde observe la Chine. Et le gouvernement devrait faire quelque chose, pas (agir) comme ça. Nous sommes des êtres humains. Nous sommes gays, mais nous sommes quand même des êtres humains. »

Un peu plus loin, Xiao Gang, directeur de l'association Queer Comrades [3], répond aux questions d'une horde de journalistes étrangers.

« Je me sens triste bien sûr, les gens avaient organisé depuis longtemps, (ils) voulaient organiser cet événement pour donner une image positive de la communauté gay. »

Mais en guise d'événement, la salle devait être évacuée à 21 h, ont précisé les policiers. Les organisateurs se félicitaient pourtant d'avoir fait les démarches nécessaires. La soirée avait d'ailleurs été annoncée bien à l'avance. Y compris dans la presse dépendante des autorités, mais seulement en anglais. Ainsi, sur la version en anglais de son site, l'agence officielle Chine Nouvelle évoquait aussi le concours. Pas sur sa page en chinois.

Pourquoi l'annonce de la police fût-elle aussi tardive ? La police était passée à 18h et n'avait rien dit, selon une personne présente à ce moment. Mais à 20h30, la donne avait changé.

« Ils sont juste venus et ont dit que nous n'avions pas certains papiers ou je ne sais pas quoi » dit Xiao Gang.

« Mon opinion, c'est que cela va faire que plus de personnes s'y intéresseront, on a vraiment besoin de se lever maintenant et de dire que l'on n'a rien fait de mal ».

« Une chose très nouvelle en Chine »

Le pull de son uniforme retourné « pour ne pas effrayer les gens », mais l'écusson « police » encore lisible à l'envers, un agent contrôle poliment les cartes de presse des journalistes présents tout en expliquant que cela n'a rien à voir avec l'homosexualité. Il confie toutefois :

« Vous savez, c'est une chose très nouvelle en Chine ».

Tranquillement, les gens partent. Sur un panneau de l'événement à l'entrée du club, une personne a inscrit « meilleurs voeux Mr Gay China » tandis qu'un autre a repris l'une des dernières citations du très respecté fondateur de la République de Chine, Sun Yat-Sen [4] :

« La révolution n'est pas encore achevée, les camarades devront continuer à faire des efforts ».

Photo : un participant à l'élection de « Mister Gay China » après l'annulation de l'événement par la police (Jason Lee/Reuters)

En partenariat avec Aujourd'hui la Chine
Aujourd'hui la Chine [5]
En Chine, les femmes de gays sortent du placard [6]
Sexe : quand la Chine batifolera… [7]
L'homosexualité en Chine : Plus de tolérance, moins de préjudice, sur Le Quotidien du Peuple (en français) [8]
Chine : Les homosexuels de Pékin vivent dans l'ombre, sur touristiquementgay.com [9]
Commander sur Fnac.com:
histoire de camarades:les homosexuels en chine [10]
A l'Est des nuages, carnets de Chine [11]
URL source: http://www.rue89.com/chinatown/2010/01/16/les-camarades-interdits-delire-mister-gay-en-chine-133944

Links:
[1] http://www.thebeijinger.com/directory/Lan-Club
[2] http://www.worldwidemrgay.com/
[3] http://www.queercomrades.com/blog/beijing-santacon/
[4] http://fr.wikipedia.org/wiki/Sun_Yat-sen
[5] http://www.aujourdhuilachine.com/
[6] http://www.rue89.com/chinatown/2009/07/02/en-chine-les-femmes-de-gays-sortent-du-placard
[7] http://www.rue89.com/rue69/sexe-quand-la-chine-batifolera
[8] http://french.peopledaily.com.cn/french/200203/04/fra20020304_52722.html
[9] http://www.touristiquementgay.com/actualites/actualites08-25-2008-homosexuels-de-pekin-vivent-dans-ombre.php
[10] http://livre.fnac.com/a940498/Gany-Wu-histoire-de-camarades-les-homosexuels-en-chine?Origin=RUE89_EDITO
[11] http://livre.fnac.com/a2728148/Vincent-Hein-A-l-Est-des-nuages-carnets-de-Chine?Origin=RUE89_EDITO

Ecrit par: P'tit Panda Dimanche 17 Janvier 2010 21h14
Mise à jour 15.01.2010 11h24
Toujours aucune trace des huit Chinois disparus à Haïti

Le 14 janvier, familles et amis attendaient toujours dans l'inquiétude des nouvelles des huit Chinois ensevelis sous les décombres du séisme qui a frappé Haïti, et qui pourrait avoir fait jusqu'à 50 000 morts.

Quatre d'entre eux sont des casques bleus en mission pour les Nations Unies alors que les quatre autres faisaient partie d'un groupe de six personnes envoyé par le Ministère de la Sécurité Publique, a annoncé le 14 janvier lors d'une conférence de presse régulière la porte-parole du Ministère des Affaires étrangères Jiang Yu.

Ils étaient en réunion avec du personnel des Nations Unies au siège de la Mission de Stabilisation des Nations Unies, à Port-au-Prince, pour une consultation relative au maintien de la paix, quand le séisme a frappé, a déclaré le Ministère de la Sécurité Publique.

Les autres personnes originaires de la partie continentale de Chine à Haïti, dont plus de 130 casques bleus et d'autres personnes travaillant pour le Bureau de commerce chinois, des entreprises ou autres organisations, sont saufs, a précisé Mme Jiang.

Parmi la trentaine de personnes originaires de Taïwan également présentes à Haïti, l'une est décédée, a annoncé l'Agence Centrale d'Informations de Taïwan. Mme Jiang a précisé que l'équipe de secours du Continent présente sur place fournira toute l'aide nécessaire aux compatriotes de Taïwan qui en auraient besoin.

Une équipe de secours chinoise composée de 60 personnes a quitté Beijing mercredi soir avec 20 tonnes de nourriture, d'équipement et de médicaments, et elle est arrivée à Port-au-Prince hier tôt dans la matinée, heure locale.

Fan Haojun, chef du groupe médical composé de 15 personnes a annoncé à la Radio Nationale Chinoise vers 19h30 heure de Beijing que les secouristes chinois et américains avaient réussi à atteindre le siège du maintien de la paix de l'ONU mais attendaient l'aube pour se mettre au travail.

L'unité de maintien de la paix chinoise a mobilisé 53 policiers chargés du maintien de la paix et plus de 400 habitants pour commencer les recherches avant l'arrivée des équipes de secours.

Un responsable de la mission chinoise auprès des Nations Unies a déclaré hier tard dans la soirée qu'un hôpital de campagne avait été dressé pour soigner ceux qui avaient survécu à l'effondrement des bâtiments de l'ONU.

En Chine, familles et collègues ont exprimé leurs grandes inquiétudes au sujet du sort des disparus.

« J'ai prié pour eux, et aussi pour le peuple haïtien », a dit Yang Zhufeng, qui a fait partie de la centaine de casques bleus chinois déployés à Haïti entre 2006 et 2007. Sa mission de deux ans à Haïti, dit elle, l'a amenée à être proche des Haïtiens, qu'elle n'a pas oubliés.

Source: le Quotidien du Peuple en ligne

Ecrit par: P'tit Panda Dimanche 17 Janvier 2010 21h15
Mise à jour 15.01.2010 11h10
L'étudiant chinois qui a tué une personne en France souffre de problèmes mentaux

Le média français a rapporté que le 13 janvier dans la matinée, un étudiant chinois de l'Université de Perpignan dans le sud de la France a tué à coup de couteau une secrétaire de cette école et blessé trois autres personnes. Selon le procureur, cet étudiant, qui était mentalement malade, avait perdu sa capacité de discernement, quand il a commis le meurtre. Pénalement il n'est pas responsable.

Selon Song Binglin, le consul général chinois à Marseille, cet étudiant, qui s'appelle Ye Qing, est né en 1983 et originaire de la province chinoise du Liaoning. Il est étudiant de deuxième année de la faculté de sociologie de l'Université de Perpignan. A la fin de l'année dernière, il s'est fait soigner dans un hôpital psychiatrique. « Au cours de l'interrogatoire, la police a découvert ces problèmes et a proposé de l'envoyer chez le psychiatre », a dit le consul général.

Au cours de la conférence de presse tenue le 13 janvier dans l'après-midi, le procureur a dit qu' «après l'examen, le médecin a affirmé que cet étudiant avait perdu sa faculté de jugement, quand il a perpétré le meurtre.Pénalement il n'est pas responsable. Il sera envoyé immédiatement dans un hôpital pyschiatrique».

De son côté, l'Ambassade de Chine en France a exprimé sa stupéfaction, quand elle a été informée de cette affaire. Son envoyé spécial s'est rendu à l'école et a exprimé sa profonde sympathie à la famille de la victime et aux trois blessés. Il a dit que la partie chinoise est convaincue que la partie française tirera au clair cette affaire et prendra les dispositions adéquates.

A l'heure actuelle, l'Université de Perpignan compte, parmi ses 10 000 étudiants, 3 000 étudiants étrangers dont 800 sont provenus de la Chine.

L'Université a dit que cette affaire n'affectera pas l'examen d'entrée des étudiants chinois et l'accomplissement de leurs formalités de logement.

Cette affaire a de nouveau attiré une attention générale sur le problème pyschicologue des étudiants chinois.

Selon Dai Tianhua du service de l'éducation de l'Ambassade de Chine en France, ces dernières années, le nombre des étudiants chinois en France a augmenté rapidement et le taux de maladie mentale chez ces étudiants s'est accru également. Les mauvaises notes de leurs etudes et les difficultés économiques font toutes peser une lourde pression sur eux.

L'Ambassade a ouvert une messagerie électronique sur le site d'Internet de l'Association des étudiants chinois en France pour faciliter les échanges entre les étudiants. L'année dernière, l'Ambassade a organisé à Paris plusieurs conférences sur la santé psychologique à l'intention des étudiants chinois. « Cette année, nous travaillerons davantage dans ce sens », a promis M.Dai.




Source: le Quotidien du Peuple en ligne

Ecrit par: P'tit Panda Dimanche 17 Janvier 2010 21h18
Mise à jour 15.01.2010 17h06
Un départ de Google pourrait bien faire l'affaire de Baidu


Le malheur des uns faisant, dit-on, le bonheur des autres, Baidu Inc, moteur de recherche chinois, pourrait bien être le principal bénéficiaire d'un éventuel retrait de Chine du géant de l'internet Google, ont dit le 14 janvier des experts du secteur.

Baidu, coté au NASDAQ, domine déjà le paysage chinois des moteurs de recherche et avait déjà fait part de ses intentions de prendre son envol, et ce bien avant que Google laisse entendre qu'il pourrait se retirer.

Google, basé en Californie, pourrait bien voir un exode de ses partenaires publicitaires de la partie continentale de Chine et les voir se tourner vers Baidu, ce qui, d'après les experts, pourrait sur le long terme occasionner des pertes à la société américaine.

« La position de Google va peut-être lui valoir les applaudissements de beaucoup », di Li Zhi, analyste à la société de recherches Analysys International. « Mais ça ne suffira peut-être pas à convaincre ses partenaires publicitaires, même s'il enterre la hache de guerre avec le gouvernement chinois ».

Si Google quitte la Chine, dit-elle, Baidu se retrouvera alors dans une situation de quasi-monopole à court terme.

La société a indiqué être toujours en pourparlers avec le gouvernement chinois et qu'elle pourrait éventuellement fermer ses bureaux en Chine.

« Nous attendons toujours la décision finale de Google China », a déclaré un haut responsable d'une société publicitaire. Ce responsable a précisé que nombre des ses clients ont exprimé leur préoccupation et envisagent de ne plus faire de publicité sur Google.

La société américaine a commencé à fournir des services de recherche en langue chinoise en 2000. Mais ce n'est qu'en 2005, après avoir constitué une équipe Chine et lancé le site local Google.cn qu'elle a connu une croissance significative.

D'après Analysys International, la part de marché en Chine de Google est passée de 22,8% en 2006 à 35,5% à la fin du dernier trimestre de l'année dernière, alors que dans le même temps Baidu chutait d'environ 70% à 58%.

Google a commencé à réfléchir au remaniement de sa stratégie en Chine après que son ancien directeur Lee Kaifu ait quitté la société en septembre pour créer sa propre affaire.

John Liu, qui lui a succédé, a déclaré le mois dernier que l'heure était venue pour Google d'endosser à nouveau ses habits de société multinationale. Ainsi qu'il l'a déclaré au magazine économique chinois CBN Weekly, « Nous ne sommes pas Google Chine, mais Google en Chine ».

Les experts du secteur pensent que les règles qui régissent internet en Chine, assez strictes, pourraient inciter Google à partir.

M. Lee était injoignable pour commenter l'affaire hier. Mais il a mis en ligne un message sur un service local de type Twitter disant « Quand le bateau est sur le point de sombrer, le capitaine reste toujours à son poste et accomplit son devoir jusqu'au bout ».

Source: le Quotidien du Peuple en ligne

Ecrit par: P'tit Panda Dimanche 17 Janvier 2010 21h26
Mise à jour 14.01.2010 11h10
La tombe de Cao Cao est une des découvertes archéologiques majeures de 2009

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Les autorités chinoises ont annoncé le 13 janvier une décision de dernière minute, visant à inclure la récente découverte du mausolée de Cao Cao dans la liste des six découvertes archéologiques majeures ayant été faites en Chine en 2009.

La découverte de la tombe le 27 décembre dernier a provoqué des débats intenses en Chine à propos de l'authenticité des preuves récupérées dans cette structure ancienne, enterrée près d'un village isolé de la province du Henan.

Les détails de la découverte ont été présentés le 13 janvier lors du forum de l'Académie Chinoise des Sciences Sociales (ACSS).

Organisé conjointement par l'Institut d'archéologie de l'ACSS et la Presse archéologique, ce forum est un évènement académique annuel qui dure une journée, visant à décider quelles sont les six principales découvertes archéologiques de l'année, et ce depuis 2002. Il a fallu attendre le 7 janvier dernier pour que cette dernière découverte figure sur la liste.

Wang Wei, directeur de l'Institut, a déclaré que la liste avait dû être modifiée afin de pouvoir y inclure la découverte de la tombe de Cao Cao, « très importante d'un point de vue académique ».

« Au delà de ce que les gens peuvent penser ou en quoi consiste le débat, cette tombe est la plus importante découverte liée à la Dynastie Wei (220-265) », dit-il. « Elle maintient le fil avec l'Histoire de la Chine, et particulièrement la culture funéraire ancienne ».

M. Wang a précisé que l'Institut avait déjà préparé sa liste de six découvertes quand la nouvelle de la découverte de la tombe est arrivée.

L'Institut a envoyé lundi sur place une équipe de douze experts pour étudier le site de l'excavation. M. Wang a également démenti les articles parus dans les médias disant que le but de l'équipe était de rendre publique la preuve du lien existant entre la tombe et l'ancien seigneur de guerre le 13 janvier.

« Nous lancerons demain matin un séminaire pour huit experts, afin de préparer une étude détaillée de la découverte », a-t-il dit le 13 janvier.

« Nous espérons que, quand nous publierons l'étude, le public pourra en savoir plus sur la science qui est derrière l'archéologie et avoir une vue complète de la découverte », a-t-il ajouté.

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Source: le Quotidien du Peuple en ligne

Ecrit par: P'tit Panda Dimanche 17 Janvier 2010 22h49
Mise à jour 15.01.2010 16h53
Le nombre d'étudiants chinois en France dépasse les 35 000


Actuellement, le nombre d'étudiants chinois en France a dépassé les 35 000, a révélé M.Kong Quan, ambassadeur de Chine en France, lors de la conférence 2009 sur les étudiants chinois en France organisée par le bureau de l'éducation de l'ambassade de Chine en France.

Lors de la conférence, la conseillère d'éducation de l'ambassade de Chine en France, Mme Zhu Xiaoyu, a délivré le rapport 2009 sur les étudiants chinois en France. Selon elle, en 2009, les étudiants chinois qui font leurs études en France et qui se sont inscrits au bureau de l'éducation ont atteint 35 451. 85,6% d'entre eux font des études en France à leurs propres frais.

Source: le Quotidien du Peuple en ligne

Ecrit par: P'tit Panda Dimanche 17 Janvier 2010 22h52
Mise à jour 11.01.2010 14h19
Une donation faite en faveur de l'Université de Yale provoque des débats

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Un étudiant reconnaissant envers son université américaine a voulu lui renvoyer l'ascenseur. Mais cette donation record de 8 888 888 dollars faite par un diplômé chinois à son école de l'Université de Yale a suscité un large débat en Chine. Alors que certains disent que Zhang Lei est libre d'agir comme bon lui semble, d'autres demandent pourquoi il n'a pas fait cette donation en faveur de l'Université où il avait commencé ses études à Beijing.

Le Président de l'Université de Yale Richard Levin et le doyen de l'Ecole de Gestion Sharon M. Oster étaient avec M. Zhang à Beijing la semaine dernière lorsque celui-ci a fait part de sa donation. Ils prenaient part à un groupe de discussion sur le sujet « Investir dans l'Empire du Milieu ».

Ainsi que l'a déclaré M. Levin, « Ce cadeau proprement extraordinaire et notable reflète le profond engagement envers Yale que Zhang Lei partage avec de si nombreux camarades diplômés de l'Ecole de Gestion. La générosité de M. Zhang est aussi un pas significatif dans la réalisation du nouveau campus de l'Ecole de Gestion ».

Cette donation servira d'abord à aider à la construction du nouveau campus de l'Ecole de Gestion, alors qu'une autre partie servira à fournir un soutien universitaire au Programme de relations internationales du nouvel Institut Jackson des Affaires Mondiales de Yale, ainsi qu'à financer toute une variété d'activités de l'Université liées à la Chine.

En Chine même, les opinions qui se sont exprimées sur des forums en ligne depuis que l'affaire a éclaté il y a quelques jours sont partagées. Sur pinggu.org, un forum tenu par l'Université Renmin de Chine ou M. Zhang avait été admis comme étudiant en Finances Internationales en 1989, les internautes, dont des anciens élèves de l'Université, sont divisés.

Certains ont ainsi demandé pourquoi Zhang Lei, diplômé de Yale il y a moins de dix ans, a choisi une institution étrangère plutôt que son Université chinoise pour faire cette donation. Mais un nombre plus grand d'internautes lui ont exprimé leur soutien, déclarant que, considérant la gestion des universités en Chine, des améliorations sont toujours possibles.

Un analyste de renom a demandé plus de tolérance envers cette donation.

« Nous devrions regarder cette nouvelle d'un point de vue international », dit ainsi Chi Fulin, professeur et Président de l'Institut Chinois pour le Développement et la Réforme. Il dit que, certes, Yale est le récipiendaire des fonds, mais que cette donation profitera aussi à la Chine.

« Cela favorisera la promotion des programmes d'échange sino-américains, et plus de Chinois y participeront », dit-il, soulignant au passage que la Chine a aussi reçu beaucoup de soutiens et de financements de la part de donateurs étrangers et que l'initiative de Zhang Lei devait être considérée avec « respect, compréhension et encouragement ».

En termes d'échanges culturels et éducatifs entre la Chine et les Etats-Unis, l'aide financière fournie par le gouvernement américain est assez limitée, et une grande part provient d'organisations non gouvernementales. « La Chine devrait également essayer dans le futur d'attirer plus de donations via ce genre de canaux », dit-il.

D'après le site internet de Yale, Zhang Lei est né dans le Centre de la Chine en 1972. A l'âge de 17 ans, lors de l'examen d'entrée à l'université de sa province, il est arrivé premier sur environ 100 000 étudiants avant d'être admis par l'Université Renmin.

Zhang Lei dit que Yale a changé sa vie et lui a transmis l'esprit du don. Dans son profil, il a écrit : « Yale a aidé la Chine depuis plus de 100 ans. Nombre de dirigeants chinois ont fait leurs études à Yale. Mais cette relation a été à sens unique pendant trop longtemps et je veux contribuer à changer cela ».

Su Jing, diplômé de Yale avec une maîtrise de droit et de politique de l'environnement en 2008 partage ce point de vue.

« Lorsque je serai plus à l'aise financièrement, je songerai aussi à faire un don à Yale. Elle m'a tellement appris, surtout comment travailler en réseau et sur les valeurs mondiales », a déclaré Su Jing, ajoutant que les Universités chinoises devraient améliorer leurs réseaux d'anciens élèves afin de leur faire savoir qu'on ne les a pas oubliés.

Zhang Lei, diplômé de l'Ecole de Gestion de Yale en 2002, a travaillé pour le Bureau des Investissements de Yale sous la responsabilité de David Swensen, responsable en chef de l'investissement. En 2005, il a fondé Hillhouse Capital Management Ltd, un fonds d'investissement basé à Beijing, qui gère 2,5 milliards de dollars US.

L'Ecole de Gestion de Yale souhaite collecter 300 millions de dollars d'ici 2011 afin d'assurer sa « prééminence dans l'éducation du 21e Siècle », d'après son site officiel. Une des onze autres donatrices mentionnées sur le site n'est autre que Laura Cha de Hong Kong, ancienne Vice-présidente de la Commission de régulation des titres chinoise.

Source: le Quotidien du Peuple en ligne

Ecrit par: P'tit Panda Dimanche 17 Janvier 2010 22h55
Mise à jour 14.01.2010 15h02
Un tiers des étudiants chinois qui font leurs études à l'étranger sont en Europe


Selon les statistiques, parmi les étudiants chinois qui font leurs études à l'étranger, presque un tiers ont choisi les pays de l'UE comme destination. La Grande-Bretagne, la France, l'Allemagne figurent toutes sur la liste des dix pays qui reçoivent le plus d'étudiants étrangers, alors que l'Italie, les Pays-Bas, l'Irlande, l'Espagne et les quatre pays de l'Europe du Nord (Danemark, Norvège, Suède et Finlande) sont également des pays devenus populaires récemment. Depuis 2008, le nombre d'étudiants chinois qui font leurs études dans les pays de l'UE a connu chaque année une croissance rapide.

En 2009, le plan « Erasmus Mundus » destiné aux masters étrangers mis au point par l'UE est entré dans sa deuxième phase. Selon ce plan, un étudiant étranger peut faire ses études dans deux pays européens au moins et participer à des projets de recherche conjoints. En même temps, le plan a offert 875 bourses aux étudiants chinois.

Source: le Quotidien du Peuple en ligne

Ecrit par: P'tit Panda Vendredi 22 Janvier 2010 18h36
Google poursuit ses pourparlers avec les autorités chinoises
LE MONDE | 22.01.10 | 17h21 • Mis à jour le 22.01.10 | 17h21

Le numéro un mondial des moteurs de recherche sur Internet, l'américain Google, a indiqué, jeudi 21 janvier, que les discussions avec les autorités chinoises se poursuivaient. Le 12 janvier, la société avait menacé de quitter la Chine, évoquant des attaques informatiques massives visant en particulier des messageries de défenseurs des droits de l'homme. "A ce jour, nos activités en Chine n'ont pas changé. Nous continuons à suivre les lois, à donner des résultats censurés. Mais dans un délai raisonnablement court nous apporterons des changements", a déclaré Eric Schmidt, PDG de Google, qui s'exprimait à l'occasion de la publication des résultats annuels du groupe. "Nous avons fermement déclaré que nous souhaitons rester en Chine", a-t-il ajouté. Google a bénéficié, jeudi, du soutien d'Hillary Clinton. La chef de la diplomatie américaine a incité, dans un discours prononcé à Washington, les entreprises à refuser la censure. Elle a également demandé aux autorités chinoises une enquête approfondie sur les attaques informatiques dont Google dit avoir fait l'objet. Google a affiché une progression du chiffre d'affaires de 17 % et un bénéfice de 1,974 milliards de dollars (1,4 milliard d'euros) au dernier trimestre 2009. Sur l'ensemble de l'année, le bénéfice net atteint 6,52 milliards de dollars pour un chiffre d'affaires de 23,65 milliards de dollars (+ 9 %). M.Schmidt a affirmé qu'il était prêt à faire au moins une acquisition par mois en 2010 et que le groupe embauchait à nouveau.


Laurence Girard

Ecrit par: P'tit Panda Vendredi 22 Janvier 2010 18h38
Piratage de Google : Clinton menace la Chine à demi-mot
LEMONDE.FR | 21.01.10 | 14h49

La secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a averti jeudi que les "personnes et les pays qui lancent des cyberattaques devront en subir les conséquences", quelques jours après que Google eut dénoncé des attaques informatiques en provenance de Chine. Les Etats-Unis sont le "berceau" d'Internet et ont la "responsabilité" de s'assurer de son bon fonctionnement, estime Mme Clinton.

Google avait dévoilé mercredi dernier qu'il avait fait l'objet, avec une trentaine d'entreprises, d'une attaque informatique de grande ampleur en provenance de Chine. Le ou les pirates s'étaient notamment attaqués au système de messagerie Gmail de Google, et s'étaient introduits dans les boîtes de militants chinois des droits de l'homme.

Après cette attaque, le moteur de recherche avait menacé de se retirer de Chine, et annoncé qu'il cesserait de censurer les résultats de recherche de Google.cn, la version chinoise de son site. Les Etats-Unis, par la voix d'Hillary Clinton, avaient également demandé "des explications" à Pékin. Mais plus d'une semaine après les révélations de Google, le gouvernement chinois s'est contenté de réitérer la nécessité pour les entreprises étrangères implantées dans le pays de "se conformer à la loi chinoise", qui prévoit notamment la censure des résultats de recherche.

La secrétaire d'Etat a également apporté son soutien à cette décision du moteur de recherche, dans son discours consacré à la liberté d'expression en ligne. "Les blogs, les courriels et les messages textes ont créé de nouveaux espaces où échanger des idées mais constituent aussi de nouvelles cibles pour la censure", a déclaré Hillary Clinton.

Jusqu'à présent, la Chine et les Etats-Unis affirmaient que cette affaire ne remettait pas en cause les relations commerciales entre les deux pays.

Le Monde.fr

Ecrit par: P'tit Panda Vendredi 22 Janvier 2010 18h39
"Opération Aurora" : Pékin réplique à Washington
LEMONDE.FR avec AFP | 22.01.10 | 15h19 • Mis à jour le 22.01.10 | 17h07

Pékin a beau répéter inlassablement qu'il ne s'agit pas d'"un problème entre les gouvernements chinois et américain", comme l'a redit vendredi le vice-ministre des affaires étrangères, He Yafei, le ton monte entre Pékin et Washington plus d'une semaine après la révélation d'un piratage informatique de grande ampleur. Baptisée "Opération Aurora", cette attaque informatique a visé une trentaine d'entreprises, principalement américaine, dont Adobe et Google. Les entreprises visées suspectent des pirates chinois d'avoir été à l'origine de l'attaque, qui visait notamment des boîtes e-mail de militants des droits de l'homme chinois.

Vendredi, Pékin a accusé Hillary Clinton de mettre en danger les relations sino-américaines, au lendemain de son discours sur l'Internet et la censure. La chef de la diplomatie américaine avait notamment prévenu que "les personnes et les pays qui lancent des cyber-attaques devront en subir les conséquences" et déclaré que les Etats-Unis, berceau d'Internet, devaient jouer un rôle moteur pour mettre un terme à la censure.

Pour le ministère des affaires étrangères chinois, les reproches faits à la Chine sont sans fondement. Le pays est la "principale victime dans le monde des attaques de 'hackers'", estime le ministère. "Nous enjoignons aux Etats-Unis de respecter les faits et d'arrêter de saisir le supposé problème de liberté d'expression sur l'Internet pour faire des reproches injustifiés à la Chine."

Le gouvernement chinois tient cependant un double discours. S'il condamne les propos d'Hillary Clinton, il continue par ailleurs à réaffirmer sa volonté de "renforcer le dialogue, les échanges et la coopération" avec les Etats-Unis, tout en "réglant de manière appropriée les divergences et questions sensibles afin de protéger le développement sain et stable des relations sino-américaines".




Ecrit par: P'tit Panda Vendredi 22 Janvier 2010 18h42
La crispation du régime vietnamien sur les droits de l'homme illustre son rapprochement avec la Chine
LE MONDE | 22.01.10 | 16h00 • Mis à jour le 22.01.10 | 16h00

L'Europe et les Etats-Unis ont sacrifié, jeudi 21 janvier, au rituel des communiqués indignés après les lourdes condamnations infligées, mercredi et jeudi, par la justice vietnamienne à des militants des droits de l'homme. Mais au Quai d'Orsay, à Paris, on ne cachait pas, jeudi matin, "un véritable étonnement devant un tel durcissement" du régime de ce pays de l'Asie du Sud-Est surnommé "la petite Chine" et qui avait un temps, au milieu des années 1990, incarné l'avant-garde des pays émergents. Un pays, de surcroît, qui a mieux résisté que ses voisins à la crise financière internationale.

Mercredi, quatre militants étaient sanctionnés par des peines de cinq à seize ans de prison ferme par la cour populaire de Ho Chi Minh-ville pour tentative de renversement du régime communiste. Parmi eux, l'avocat Le Cong Dinh, connu pour sa défense de confrères militants des droits de l'homme, a été condamné à cinq ans d'emprisonnement et le blogueur informaticien Nguyen Tien Trung, formé en France, à sept ans. Ils ont été reconnus coupables d'"activités visant à renverser l'administration du peuple".

Banderoles pro-démocratie

Jeudi, la justice vietnamienne a confirmé d'autres peines infligées à un groupe de six dissidents accusés, à Haïphong (nord-est), de "propagande" contre le régime communiste. L'écrivain Nguyen Xuan Nghia avait été condamné en octobre 2009 à six ans d'emprisonnement. Cinq autres accusés avaient reçu des peines de deux à quatre ans. Il leur était reproché d'avoir accroché des banderoles pro-démocratie, distribué des brochures et diffusé leurs opinions sur Internet.

L'ambassade américaine à Hanoï s'est dite, jeudi, "profondément troublée" par ces procès. Selon elle, les peines soulèvent "de sérieuses questions sur les engagements du Vietnam en matière d'Etat de droit". Pour les pays de l'Union européenne (UE) présents au Vietnam, ces condamnations "constituent un pas en arrière majeur". Les organisations de défense des droits de l'homme, dont Amnesty International, ont souligné le recours systématique aux mauvais traitements par la justice vietnamienne.

"La crispation de Hanoï doit être lue à l'aune de sa relation avec la Chine", explique Sophie Boisseau du Rocher, chercheur à l'Asia Centre, spécialiste de l'Asie du Sud-Est. "Le Vietnam vient de prendre la présidence, en janvier, de l'Asean (Association des nations d'Asie du Sud-Est), dit-elle, et adresse un message très clair à ses partenaires : il est hors de questions de faire évoluer les normes régionales en matière de droits de l'homme ou d'expression ; le seul exemple à suivre, c'est le grand frère chinois, avec pour objectif de se fondre dans son sillon sans lever d'obstacles qui pourraient altérer les relations commerciale et financière avec la grande puissance voisine."

Au travers de ces lourdes condamnations s'expriment aussi la primauté et l'autorité du Parti communiste vietnamien (PCV) sur le pays. Un contrôle d'autant plus renforcé et arbitraire que le congrès du PCV se profile dans les prochains mois et que la mondialisation a entraîné la multiplication des flux financiers et commerciaux avec l'étranger, faisant souffler un air libéral que le régime ne veut pas voir s'étendre à la sphère politique. A ce jour, les communautés religieuses chrétiennes, notamment évangéliques, financées par l'étranger, étaient les plus revendicatrices mais, ces derniers mois, les voix dissidentes se sont également multipliées dans la société civile contre la dérive autoritaire du régime. "Le Vietnam vient de dire au monde qu'il suivra coûte que coûte la Chine dont dépend son avenir", assure Mme Boisseau du Rocher.

Jacques Follorou
Article paru dans l'édition du 23.01.10

Ecrit par: P'tit Panda Vendredi 22 Janvier 2010 18h46
A Hongkong, le camp démocrate souhaite accélérer les réformes et agace Pékin
LE MONDE | 22.01.10 | 15h57 • Mis à jour le 22.01.10 | 15h57
Hongkong Correspondance

Depuis qu'à Hongkong, cinq députés du Conseil législatif (le Legco) ont menacé de démissionner le 27 janvier, une crise politique couve. D'autant que Pékin, agacé par cette initiative, est intervenu dans le débat en déclarant que la démarche de ces députés hongkongais était un "défi flagrant" à l'autorité du gouvernement central (Pékin) et à la loi fondamentale (la Basic Law), la mini-constitution de Hongkong. Des accusations sans précédent depuis la rétrocession en 1997 à la Chine de l'ancien territoire britannique.

Pourtant, rien dans les textes n'empêche un député de démissionner. Le problème vient du fait que cette démission a été présentée comme une protestation contre les projets de réformes démocratiques du gouvernement, approuvés par Pékin mais jugés insuffisants par le camp démocrate, qui regroupe plusieurs partis d'opposition au Legco.

La démission collective des cinq députés pourrait déboucher sur un plébiscite si d'aventure ils étaient triomphalement. C'est pour cela que les partielles à venir sont d'ores et déjà qualifiées de "pseudo-référendum" sur les réformes démocratiques. Or le mot "référendum" est de ceux qui écorchent les oreilles de Pékin, qu'il soit utilisé à Taïwan ou à Hongkong.

L'échéance de 2012

Vendredi 15 janvier, Pékin a indiqué dans un communiqué que ce "prétendu référendum" serait incompatible avec le statut actuel de Hongkong. "La loi fondamentale de la Région administrative spéciale de Hongkong ne prévoit pas de référendum", affirme le communiqué qui ajoute qu'une telle initiative n'aurait aucune implication légale. Une réaction qui "montre que notre tactique fonctionne", note Audrey Eu, la chef du Parti civique, dont certains députés vont démissionner. Mme Eu précise qu'aux avertissements officiels de Pékin s'ajoute une pluie d'insultes et de menaces quotidiennes par le biais des journaux pro-chinois.

Selon la loi fondamentale, la Région administrative spéciale de Hongkong reste un territoire fiscal, douanier, et monétaire indépendant de la Chine jusqu'en 2047. Les pouvoirs exécutif, législatif et juridique restent également indépendants dans le cadre dit "Un pays, deux systèmes". Mais alors que la démocratie est "promise" dans la loi fondamentale de Hongkong, le quand et le comment n'y sont pas précisés.

Ces questions ont eu un début de réponse le 29 décembre 2007 quand le comité permanent de l'Assemblée nationale populaire à Pékin a déclaré que le chef de l'exécutif pourrait être élu au suffrage universel en 2017 et que l'ensemble des députés le serait en 2020. Mais la population, ou tout du moins celle qui manifeste, ne souhaite pas attendre encore dix ans et réclame un début de vraie démocratie dès 2012, prochaine échéance électorale.

Le mécontentement gronde d'ailleurs sur plusieurs fronts à Hongkong où le chef de l'exécutif, Donald Tsang, est plus impopulaire que jamais.

Les manifestations se multiplient et, à ce sujet aussi, Pékin a fait part de sa colère. C'est le paradoxe du système hongkongais, qui a la liberté d'expression d'une démocratie mais qui n'en a pas, encore, les institutions.

Florence de Changy
Article paru dans l'édition du 23.01.10

Ecrit par: P'tit Panda Vendredi 22 Janvier 2010 18h48
Accélération de la reprise de l'économie chinoise
LEMONDE.FR avec AFP | 21.01.10 | 08h44 • Mis à jour le 21.01.10 | 12h27

La Chine a enregistré une croissance de 8,7 % sur un an en 2009, supérieure à ce qu'elle visait, confirmant la reprise de son économie grâce aux mesures de relance du gouvernement, a annoncé jeudi le Bureau national des statistiques (BNS).

Son PIB a régulièrement progressé toute l'année, pour terminer sur une hausse à deux chiffres au quatrième trimestre, de 10,7 %, après + 9,1 % au 3e, + 7,9 % au deuxième, et + 6, 2 % au premier, selon les chiffres révisés du BNS. "L'année 2009 a été la plus difficile du nouveau siècle pour le développement économique de la Chine", a souligné Ma Jiantang, responsable du BNS, en dévoilant les chiffres à la presse.

En 2010, grâce à la lente reprise de l'économie mondiale, "l'environnement sera meilleur", a-t-il ajouté, soulignant notamment que cela jouerait sur le commerce extérieur chinois, plombé à partir de fin 2008 par la baisse de la demande étrangère. Une composante de ce retour à une forte croissance a été les investissements en capitaux fixes, encouragés par le grand plan de relance du gouvernement, annoncé à l'automne 2008 alors que la Chine était frappée de plein fouet par la crise économique mondiale. Dans les zones urbaines, ces investissements ont bondi de 30,5 % (en hausse de 4,4 points de pourcentage par rapport à 2008). La hausse de la production industrielle est restée modeste sur l'année - 11 % - mais s'est nettement accélérée au quatrième trimestre : + 18 % sur un an. Les ventes de détail se sont bien tenues avec une augmentation de 15, 5 % en 2009, et même de 17,5 % pour le seul mois de décembre.

AJUSTEMENT ET BULLE SPÉCULATIVE ?

"Les statistiques économiques sont fortes (...), un peu plus que prévu mais pas de façon inquiétante", a estimé Patrick Bennet de la Société générale à Hongkong. "L'économie croît fermement et c'est ce que souhaite la Chine. Néanmoins, ils vont ajuster les mesures pour s'assurer que l'économie ne croisse pas trop vite", prévoit-il. Des économistes craignent que la Chine ne retrouve le chemin de la surchauffe. C'est aussi le cas de la Banque mondiale.
"On peut déjà voir des signes de bulles et des signes de tension dans l'économie chinoise, en particulier dans le secteur immobilier", a déclaré le directeur des tendances macroéconomiques à la Banque mondiale (BM), Andrew Burns. L'idée que des bulles soit en train de se former en Chine est controversée. Certains économistes estiment que l'explosion des prix de l'immobilier dans les grandes villes en présente toutes les caractéristiques, d'autres considèrent que les signes de surchauffe de l'économie chinoise ne présagent pas l'éclatement d'une bulle.

Le président de la Banque mondiale, Robert Zoellick, avait averti dès septembre de "l'émergence de nouveaux dangers" avec la croissance exceptionnelle du crédit en Asie et en particulier en Chine, et en novembre du "risque" de bulles financières dans ce pays. L'économiste en chef chinois de la Banque mondiale, Justin Lin, n'a en revanche jamais évoqué cette inquiétude, insistant pour sa part sur l'importance de la croissance de la Chine dans la reprise mondiale. Le directeur général du FMI, Dominique Strauss-Kahn, a pour sa part souligné mercredi à Hongkong que les responsables politiques en Asie, confrontés à l'arrivée de capitaux du monde entier, "s'inquiét(aient) maintenant de savoir comment gérer cet afflux - son impact sur les taux de change, la demande intérieure, la stabilité financière - et du danger de bulles des actifs".

La Banque mondiale a publié hier ses prévisions macroéconomiques pour l'année 2010. La croissance dans les pays en développement devrait s'élever à 5,2 % en 2010 avant 5,8 % en 2011, avec la Chine pour moteur, selon la BM.




Ecrit par: P'tit Panda Vendredi 22 Janvier 2010 18h49
L'endettement des ménages chinois, une bombe à retardement
LE MONDE | 20.01.10 | 15h19 • Mis à jour le 20.01.10 | 15h19

La Chine a-t-elle les moyens de faire face à l'essor d'une bulle du crédit ? Cette question peut sembler étonnante, car on reproche souvent à ce pays son taux d'épargne trop élevé. Pourtant, les ménages chinois sont de plus en plus nombreux à s'endetter pour acquérir des biens dont les prix gonflent rapidement, comme celui des logements.

Le volume des crédits accordés aux ménages a bondi de 43 % en 2009 pour atteindre 1 200 milliards de dollars (850 milliards d'euros). Les deux tiers de cette progression sont imputables aux crédits immobiliers. Certes, aujourd'hui, il n'y a pas de raison de s'inquiéter : après tout, la dette des particuliers ne représente qu'un tiers de leurs dépôts ; leur solvabilité est donc assurée.

Toutefois, les inégalités de revenu, toujours plus importantes en Chine, font que ceux qui épargnent... ne sont pas ceux qui empruntent. Selon les statistiques officielles de revenu et de consommation, le taux d'épargne moyen des ménages était de 28 % en 2008. Certes, les données du Fonds monétaire international indiquent que les riches épargnent plus que leurs compatriotes moins privilégiés. Mais les économies des premiers ne contribueront en rien à rembourser les traites des pauvres qui se sont endettés pour acheter un logement.

Ce qui n'est encore qu'un phénomène mineur pourrait se muer en une crise majeure. L'encours des crédits aux ménages équivaut à moins de 30 % du produit intérieur brut (PIB), mais au train où vont les choses, la proportion passera à 70 % d'ici trois ans, pour se rapprocher sérieusement des 80 % observés aux Etats-Unis.

Formation d'une bulle

Les emprunts étant gagés sur des biens surévalués comme les logements, ce sont les banques qui devront encaisser le choc en cas de défaut des débiteurs. Elles ne seront peut-être même pas en mesure de récupérer les actifs mis en garantie, puisque la législation leur interdit de priver les primo-accédants de leur domicile. C'est ainsi que l'on peut voir les ménages s'endetter à tout-va, sans avoir à se soucier des conséquences.

La croissance accélérée de la dette privée est un des symptômes qui signalent la formation d'une bulle. Or, lorsque la bulle immobilière japonaise a éclaté, au début des années 1990, le pays a subi ensuite deux décennies de purge. Les autorités chinoises commencent bien à évoquer l'idée de contenir la progression du crédit. Puissent-elles saisir le Dragon par les cornes avant qu'il n'échappe à leur contrôle...

(Traduction de Christine Lahuec.)

Plus de commentaires sur l'actualité économique et financière sur Breakingviews.com.

Ecrit par: P'tit Panda Vendredi 22 Janvier 2010 18h56
Chine : un dissident de Tiananmen condamné à neuf ans de prison
LE MONDE | 21.01.10 | 15h00 • Mis à jour le 21.01.10 | 15h00

Zhou Yongjun, 42 ans, un ancien dirigeant du mouvement prodémocratie de la place Tiananmen en 1989, a été condamné à neuf ans de prison pour tentative de fraude par un tribunal chinois, a indiqué jeudi 21 janvier, le centre d'information pour les droits de l'homme et la démocratie, basé à Hongkong. Résident aux Etats-Unis, Zhou Yongjun avait été arrêté à Hongkong, en septembre 2008 et remis aux autorités chinoises alors qu'il voyageait sous une fausse identité, celle d'une personne liée à une tentative de fraude bancaire. Au lieu de le juger à Hongkong, ou de le renvoyer à Macao d'où il venait, les autorités hongkongaises ont livré Zhou Yongjun à la Chine bafouant, selon ses avocats, le principe d'indépendance du système judiciaire de Hongkong ("un pays, deux systèmes").


Florence de Changy
Article paru dans l'édition du 22.01.10

Ecrit par: P'tit Panda Vendredi 22 Janvier 2010 19h01
Hermès s'apprête à créer une nouvelle marque en Chine
LE MONDE | 20.01.10 | 15h01 • Mis à jour le 20.01.10 | 15h01

Le groupe Hermès veut rester d'une discrétion de poisson rouge sur ses prochains projets chinois. Tout au plus la direction confirme son intention de lancer au printemps une nouvelle marque, Shang Xia - "dessous-dessous", en mandarin - d'abord à Shanghaï, puis à Paris. Cette nouvelle griffe proposera du prêt-à-porter, du mobilier et des arts de la table. Il s'agira d'une maison "authentique, avec un style, des matières et des savoir-faire ancrés dans la culture chinoise", concède Patrick Thomas, gérant d'Hermès International.

Lancer une nouvelle marque pour une maison de luxe aussi traditionnelle qu'Hermès s'apparente à une révolution copernicienne. Jusqu'à présent, le groupe, l'un de ceux qui ont le mieux résisté à la crise économique, s'était développé sous son propre nom, quitte à entrer dans le capital de sociétés artisanales, dont le savoir-faire se perdait au fil des ans, comme le bottier John Lobb, les tissages de soie Perrin, ou encore la manufacture horlogère Vaucher. Mais, cette fois-ci, sa stratégie est bien plus osée et plus sophistiqué. La direction générale et artistique sera confiée à la créatrice Qiong-Er Jiang, qui détiendra une part minoritaire du capital, tandis qu'Hermès en conservera la majorité.

"Aigle à deux têtes"

Pour Jean-Noël Kapferer, expert mondial des marques, professeur à HEC, "une marque de luxe est forcément mondiale. Il n'est donc pas question de déguiser Shang-Xia en Hermès". Dans les nombreux séminaires qu'il anime en Corée du Sud ou en Chine, il constate que les Asiatiques cherchent à créer "des marques qui viennent de chez eux". Le coauteur de Luxe oblige, avec Vincent Bastien (Editions d'Organisation, octobre 2008, 32 €), assure que "les Gaultier, les Lacroix de demain seront chinois, brésiliens ou indiens. Il faut trouver des créateurs qui assument l'héritage culturel de ces pays tout en ayant le talent de le rendre ultra-contemporain".

Chargé de cours auprès de chefs d'entreprise à l'université de Pékin, M. Kapferer déplore qu'après la révolution culturelle, "(les Chinois) ne croient plus en leurs valeurs, au passé". Or, selon lui, la base de la réussite à long terme des marques de luxe, c'est d'assumer un héritage culturel et de créer un pont entre le passé et le futur ; "faute de quoi on tombe soit dans le vintage, soit dans l'effet mode". Pour la Chine, cela passe par la renaissance de métiers disparus, la revitalisation de savoir-faire exclusifs comme le papier peint, la laque... Qiong -Er Jiang est dans cette droite ligne -, elle s'inspire ainsi des proverbes chinois pour créer des tabourets contemporains. Et crée aussi bien des bijoux que des meubles ou de la peinture.

"Or Qiong-Er Jiang est déjà une designer et une architecte d'intérieur connue, qui a sa galerie à Shanghaï, vient souvent à Paris. C'est une Lagerfeld locale", souligne M. Kapferer. Elle est aussi fille d'architectes connus, a étudié en 2005 à Paris à l'Ecole nationale supérieure des arts décoratifs et, par son réseau, a accès à l'élite des dirigeants chinois.

L'autre élément- clé dans la réussite d'une marque de luxe reste la création d'un tandem entre un créateur et un financier, "sorte d'aigle à deux têtes, comme Pierre Bergé/Yves Saint Laurent, Yves Carcelle/Marc Jacobs..." Hermès apportera son financement, son image de grande tradition d'élégance et ses savoir-faire.

Par ailleurs, dans la mesure où le luxe n'est crédible qu'en étant mondial, en créant une boutique Shang Xia à Paris, Hermès montrera aux Chinois que cette nouvelle marque n'est en rien "une marque locale exotique". Son implantation à Paris crédibilisera cette nouvelle maison aux yeux des Chinois. Ce ne sera pas non plus un groupe de luxe chinois, puisqu'il sera tout de suite mondialisé. Au même titre que Vuitton a cherché à séduire le marché américain pour ne plus dépendre à 95 %, du Japon dans les années 1975.

Le marché du luxe demain sera celui des grands pays émergents, et surtout celui de la Chine. Patrick Thomas, le gérant d'Hermès, veut donc en être de façon capitalistique. La seule inconnue, de taille, est de vouloir "lancer" une marque de luxe. C'est précisément l'un des rares secteurs où les marques s'imposent avec une alchimie propre sans obéir vraiment à des règles de marketing classiques.

Nicole Vulser
Article paru dans l'édition du 21.01.10

Ecrit par: P'tit Panda Vendredi 22 Janvier 2010 19h03
Nostalgie du "grand jeu" dans les confins, par Bruno Philip
LE MONDE | 22.01.10 | 14h16 • Mis à jour le 22.01.10 | 14h16

A Kashgar, antique cité de la Route de la soie, située au sud de la province chinoise du Xinjiang, non loin des frontières pakistano-afghanes, deux bâtiments d'un autre âge survivent encore à la modernisation. Comme ils ne sont pas mis en valeur par l'office du tourisme local, qui semble se moquer d'un passé aussi confus que lointain, presque tout le monde semble avoir oublié sinon leur présence, tout au moins l'intérêt historique qu'ils représentent.

L'un, situé aujourd'hui dans un hôtel, non loin des derniers remparts d'une vieille ville en cours de destruction, était, à partir de la fin du XIXe siècle, le consulat britannique. L'autre, situé à quelques encablures de là, lui aussi dans un hôtel, était le consulat russe, devenu soviétique après la révolution d'Octobre.

Ces deux bâtisses incarnent le dernier témoignage d'une rivalité aujourd'hui oubliée, celle des Russes et des Britanniques, dont le Xinjiang fut jadis le théâtre. Kashgar devint le centre de ce fameux "grand jeu" entre l'empire des tsars et l'empire des Indes britanniques. Durant près d'un siècle, Londres et Moscou devaient se livrer dans la région une sorte de guerre secrète, à fleurets toujours mouchetés, qui consistait à s'espionner mutuellement et à anticiper le prochain coup de l'adversaire sur ce gigantesque et complexe échiquier du "Turkestan" chinois. Le but de la manoeuvre étant de diminuer l'influence de l'autre.

Tout commence à partir de la seconde moitié du XIXe siècle, au moment où les Russes étendent leurs conquêtes vers le Pacifique : entre 1865 et 1887, Tachkent, Samarcande, Khiva, Kokand et Merv tombent aux mains des troupes du tsar. Tous les "khanats" d'Asie centrale passent alors sous la tutelle de Moscou. Une telle progression inquiète l'Angleterre, qui commence à se demander si l'irrésistible poussée vers l'Orient des cosaques ne va pas finir par menacer l'Inde britannique. Il devient urgent pour les Anglais d'envoyer des missions de reconnaissance au-delà de l'Himalaya, vers ces mystérieuses montagnes du Pamir marquant la frontière des Indes avec la Chine et une Asie centrale désormais "russifiée". Les Britanniques estiment qu'il leur faut se faire une idée des possibilités d'une invasion russe à travers ces régions quasi inconnues.

De l'autre côté des montagnes, située aux franges du terrible désert du Taklamakan - en turc : "celui où l'on va mais dont on ne ressort pas" -, Kashgar va devenir le point d'observation idéal : l'ensemble du Xinjiang est mal contrôlé par les Chinois de la dynastie mandchoue, en pleine décadence, une situation qui favorise les intrigues et va faire de la ville le centre de la rivalité russo-britannique. Les consuls russes et anglais s'y regarderont en chiens de faïence, levant pour la forme leurs verres de vodka à la santé de leurs souverains respectifs durant les réceptions mondaines, tout en s'efforçant dans l'ombre de déjouer les complots censément ourdis par l'adversaire.

Quand on les visite aujourd'hui, les deux anciens consulats n'ont plus rien de remarquable, même s'ils ont connu des fortunes diverses. Ils sont plus récents que le début du "grand jeu", ayant été reconstruits ou modernisés à la fin des années 1910. Le consulat britannique est si bien caché qu'il faut en demander la clé à la réception de l'hôtel ! Il a beau lui avoir donné son nom de "chini bagh" ("jardin de Chine" en hindoustani, le consulat ayant nominalement été celui des Indes), le bâtiment est désormais enchâssé dans le disgracieux complexe hôtelier.

Le consulat est une modeste maison d'un étage dont le rez-de-chaussée servait de salle de réception et de salon, le premier étage de résidence au consul. S'il n'est pas bientôt rénové, il est promis à la ruine : les plâtres du plafond s'écroulent par endroits, laissant voir les poutres. On est loin du souvenir de Peter Flemming, célèbre journaliste du Times, qui, en 1935, décrivait cette résidence comme une "agréable maison dotée d'un ravissant jardin, située sur une petite éminence en dehors de la ville. De la terrasse, la vue s'étendait à travers la vallée verte et bigarrée d'une petite rivière"... (cité dans Le Voyage en Asie centrale et au Tibet, Michel Jan, Robert Laffont, 1992). Aujourd'hui, la ville a rejoint et encerclé ce qui dut être une oasis agréable pour le voyageur fourbu qui avait bravé bien des déserts.

Le consulat russe est en bien meilleur état. Mais il n'est tout simplement pas visitable : à l'entrée, un cerbère chinois de sexe féminin en interdit la porte, qu'elle claque au nez des voyageurs, invoquant le fait que le bâtiment est désormais occupé par une compagnie privée...

La personnalité de deux premiers consuls a marqué l'histoire du "grand jeu" : côté britannique, il y eut George McCartney, fils d'un Ecossais et d'une Chinoise, qui passa vingt-huit ans à Kashgar, de 1890 à 1918. Côté russe, le redoutable Nikolai Petrovski, arrivé plusieurs années avant son confrère anglais, avait eu le temps de tisser sa toile et de mettre sur pied un efficace réseau d'espions. Aujourd'hui, il est assez piquant de constater que, même si les acteurs ont changé, une autre sorte de "grand jeu" se joue encore dans le coin en Afghanistan. Entre les deux grands rivaux du XXIe siècle, la Chine et les Etats-Unis.

Courriel : philip@lemonde.fr.

Bruno Philip
Article paru dans l'édition du 23.01.10

Ecrit par: P'tit Panda Vendredi 22 Janvier 2010 19h07
Point de vue
Thierry Wolton et le raccourci entre l'URSS et la Chine, par Christophe Trontin
LEMONDE.FR | 21.01.10 | 21h13

Thierry Wolton est "spécialiste des systèmes communistes". Les "systèmes communistes" ont ça de commun avec les "systèmes capitalistes" qu'il n'y en a point deux de semblables. D'où une comparaison bancale, basée sur une bien fragile poésie des étiquettes. L'URSS était communiste, la Chine est communiste, ne verra-t-on pas soudain la Chine suivre le destin de l'URSS ?

Pour bien comprendre les limites de la comparaison proposée par Thierry Wolton, affranchissons-nous de ces étiquettes et examinons les causes de la "chute finale", de la dislocation brusque et inattendue pour presque tout le monde, mais prédite avec beaucoup de finesse par le tout jeune Emmanuel Todd en 1976, alors que l'URSS semblait plus forte que jamais et subjugait l'intelligentsia mondiale.

Je n'en cite que les plus connues parce que les plus évidentes :

- une économie à basse productivité : l'appareil productif construit sur la terreur des années staliniennes se dégradait rapidement sous le double effet d'un adoucissement progressif du régime (on ne fusillait plus les retardataires sous Khrouchtchev et on n'emprisonnait plus les ‘associaux' [qui refusaient de travailler] sous Brejnev) et d'une dérive alcoolique de la population due à l'ennui et à l'absence de perspectives typiques d'une société totalitaire en marasme économique. L'URSS des années 1980 assiste dans l'indifférence générale à l'usure physique des équipements (usines, mines, etc.) due à un sous-investissement chronique.

- sous-investissement chronique dû en partie à un détournement catastrophique des ressources vers le complexe militaro-industriel : la priorité absolue des industries de l'armement et de l'armée sur tous les autres secteurs de la société prélevaient depuis toujours un tribut délirant sur le produit national. Ne parlons même pas de l'agriculture, "fonctionnarisée" (ou plutôt éradiquée) par la doctrine socialiste dans les années post-révolutionnaires. Certes, l'URSS parvenait à lutter d'égal à égal avec les USA en termes d'armement, de dépenses militaires, de soutien aux régimes amis de par le monde, etc. Mais ces dépenses étaient prélevées sur une économie incomparablement plus faible.

- basse productivité de l'économie, d'où incompétitivité internationale : malgré les bas salaires, pas d'exportations, besoin toujours croissant d'importation de produits vitaux (notamment produits alimentaires, équipements industriels modernes, etc.). D'où déficit chronique de la balance des paiements, pénurie de plus en plus dangereuse de devises, maintien artificiel de la parité rouble-dollar (pour des raisons de prestige, mais aussi pour éviter de renchérir hors de proportions les importations).

- d'où un rôle de plus en plus vital des exportations de pétrole et de gaz, seules sources de devises convertibles, dans l'économie nationale. Le choc pétrolier a fait le jeu de l'URSS dans les années 1970, et c'est à cette époque que les intellectuels du monde entier ont commencé à annoncer la victoire inéluctable du communisme à l'échelle mondiale. C'est également à ce moment que les Américains ont trouvé le moyen d'affaiblir catastrophiquement le régime soviétique : en faisant baisser les prix du pétrole grâce à leurs alliés de l'OPEP et en les maintenant à un niveau inférieur aux coûts de production russes (le pétrole sibérien coûte cher à extraire et à transporter vers les terminaux maritimes, contrairement à celui du Golfe qui sort de terre au bord de la mer). Privée de ses ressources pétrolières, l'économie de l'URSS était en faillite.

- fragmentation ethnique : dans une économie en déroute, les dissentions ethniques refont surface. L'amitié entre les peuples qui régnait (sous la férule d'un régime musclé, certes) a rapidement cédé devant la récession. On a vu se développer les favoritismes à base ethnique, l'antisémitisme, les haines de clocher devant les paysans rustauds du Caucase qui devenaient, en vendant au marché noir leurs fleurs et leurs fruits, plus riches que les Moscovites de souche éduqués et diplômés de père en fils, les mafias prendre racine face au raidissement moralisateur du régime (lutte contre l'alcoolisme, contre la pornographie, contre les journaux étrangers, etc.). L'URSS des années 1980 est au bord de la guerre civile : certains conflits mineurs ou régionaux sont réprimés et restent dans l'ombre, d'autres éclatent au grand jour : par exemple, la guerre entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan, deux républiques socialistes soviétiques.

Andropov, arrivé au pouvoir après les années de "stagnation brejnévienne", voulait reprendre en main le pays sur le "modèle chinois" ; on ne saura jamais si le modèle chinois allait fonctionner ou pas, Andropov fut emporté par la maladie après dix mois au poste de secrétaire général, ouvrant la voie aux partisans du "modèle européen". Résultat : c'est sous Gorbatchev, un leader faible qui lance une campagne de remise en marche du pays, tout en ménageant les intérêts centrifuges devenus trop puissants, que le système a cédé. Les dirigeants régionaux les plus arrivistes et les plus corrompus se sont entendus derrière son dos pour signer une indépendance mutuelle. Le sauve-qui-peut était engagé : les années 1990 n'ont vu que morcellement, dégradation et dépravation de toute une société, sous les fanfares occidentales célébrant "le triomphe de la démocratie".

Alors, le parallèle avec la Chine ? Il est difficile à défendre, si l'on considère que

- l'économie chinoise est productive et compétitive (la Chine vient de prendre la tête des pays exportateurs, dépassant l'Allemagne) ;

- l'investissement chinois dans la production, mais aussi dans les infrastructures (ports, aéroports, routes, chemins de fer, technologies, espace), à 41 % du PIB, est largement supérieur à celui que l'on trouve dans d'autres pays en développement (22.8 % en Inde) ;

- dépenses d'armement faibles, croissant moins vite que l'économie ;

- pas de dépendance mono-produit dans la structure des exportations, autosuffisance alimentaire ;

- tensions ethniques modérées : la Chine comprend certes 56 nationalités (un peu comme l'URSS d'autrefois) et des tensions ethniques existent (elles sont à l'occasion soutenues de l'extérieur, comme les "causes" tibétaine et ouïgoures, qui sont en fait des mouvements séparatistes qu'aucun pays ne tolérerait). Cependant elles sont largement tenues en respect par le pouvoir central qui

a) développe l'économie régionale par des investissements massifs ;

b) oppose une présence policière adéquate et relativement efficace (au sens qu'elle parvient à maintenir l'ordre sans endosser le rôle d'occupant étranger) ;

c) freine l'ingérence étrangère par des menaces de rétorsion économique (par exemple la France ou les USA qui soutenaient les mouvements sécessionnistes tibétains ont fait marche arrière devant la détermination de la Chine à défendre coûte que coûte son intégrité territoriale).

A cette liste de données objectives, j'ajouterai une seule donnée culturelle : l'URSS était une grande puissance qui se percevait comme telle et cherchait la domination mondiale, en compétition déclarée avec les Etats-Unis (un héritage psycho-culturel que l'on retrouve en Russie, malgré sa situation bien différente de puissance moyenne). Partout elle cherchait à contrer, à saper des positions atlantistes ou au contraire à défendre sa zone d'influence. Son économie aux abois, elle se laisse de plus en plus tenter par l'antidote empoisonné du conflit extérieur, qui devait la mener à sa perte. La Chine, au contraire, maintient depuis Deng Xiaoping une attitude de "dissimulation des capacités et de profil bas". La Chine ne prend part à aucun conflit extérieur, ne soutient pas d'effort de guerre, conduit une politique extérieure modeste et pragmatique (les ressources africaines qu'elle convoite font l'objet de contrats commerciaux et de projets de développement commun, pas d'interventions militaires).

La situation présente de la Chine et de l'URSS de 1990 sont presque cardinalement opposées. Certains facteurs tout à fait secondaires peuvent inspirer la comparaison (régime estampilé "communiste", parti unique, minorités ethniques). Mais celle-ci cède sans résistance au premier examen sérieux. Il faudrait une série d'événements vraiment improbables à l'heure actuelle (catastrophe économique, soulèvements ethniques) pour que cette situation commence à ressembler à celle de l'URSS. Je n'en dirais pas autant des Etats-Unis. Ce n'est pas mon sujet, mais il me semble que les Etats-Unis s'enferment de plus en plus dans une vrille "soviétique" : paranoïa mondiale qui leur fait voir partout des menaces (et donc des raisons d'attaquer préventivement), et dépenser à crédit des ressources colossales dans un délire sécuritaire de plus en plus ridicule (scanners corporels, passeports infalsifiables, écoutes mondiales téléphoniques et Internet, etc.) et de moins en moins compatible avec leur défense professée de la démocratie. Obama sera-t-il le Gorbatchev américain ? Réformateur, Prix Nobel, enlisé en Afghanistan, en prise avec une débâcle financière, messie pour les Européens, "colombe" au milieu des "faucons" chez lui… Le parallèle a été fait par certains auteurs, il me semble bien plus valable (malgré toutes ses limites, là aussi) que celui avancé aujourd'hui par Thierry Wolton.

Christophe Trontin est spécialiste de la Russie et de la Chine


Ecrit par: lanjingling Samedi 23 Janvier 2010 02h45
QUOTE (P'tit Panda @ Vendredi 22 Janvier 2010 19h07)


Thierry Wolton est "spécialiste des systèmes communistes". Les "systèmes communistes" ont ça de commun avec les "systèmes capitalistes" qu'il n'y en a point deux de semblables. D'où une comparaison bancale, basée sur une bien fragile poésie des étiquettes. L'URSS était communiste, la Chine est communiste, ne verra-t-on pas soudain la Chine suivre le destin de l'URSS ?...
Christophe Trontin est spécialiste de la Russie et de la Chine  biggrin.gif



- dépenses d'armement faibles, croissant moins vite que l'économie ; humour.gif

-  autosuffisance alimentaire ; humour.gif



b) oppose une présence policière adéquate et relativement efficace (au sens qu'elle parvient à maintenir l'ordre sans endosser le rôle d'occupant étranger) ; humour.gif



La Chine ne prend part à aucun conflit extérieur, ne soutient pas d'effort de guerre, conduit une politique extérieure modeste et pragmatique (les ressources africaines qu'elle convoite font l'objet de contrats commerciaux et de projets de développement commun, pas d'interventions militaires). humour.gif 

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Ecrit par: P'tit Panda Mercredi 27 Janvier 2010 12h52
"Avatar" donne son nom à une montagne chinoise
LEMONDE.FR avec AFP | 26.01.10 | 20h00


C'est une majestueuse montagne dans le sud de la Chine, plus précisément dans la province du Hunan. Depuis des siècles, les habitants de la région connaissent ce sommet de grès couvert d'arbres à larges feuillages comme "Le Pilier du ciel et de la terre". Désormais, ils devront s'habituer au nouveau nom du lieu, officiellement rebaptisé, il y a quelques jours, "Montagne Alléluia Avatar".

Le sommet aurait inspiré une montagne flottante qui apparaît dans le film de James Cameron, explique un communiqué de la municipalité de Zhangjiajie, à l'origine de cette révolution lexicologique. Selon un journal local, un photographe serait venu directement de Hollywood en décembre 2008 pour prendre des photographies utilisées ensuite dans le film.

Depuis, la super-production a battu des records d'audience. En Chine, le film a pulvérisé le box-office, avec 80 millions de dollars de recettes. Et les autorités locales de Zhangjiajie entendent bien surfer sur ce succès pour attirer les touristes avant le Nouvel An lunaire, grande période de vacances et de retrouvailles familiales, qui tombe cette année le 14 février.

Le succès d'Avatar n'intéresse pas uniquement les communicants avisés du Hunan. A Pékin, le gouvernement a décidé, mi-janvier, de calmer l'engouement autour du film et de laisser de la place aux productions chinoises : samedi, le film de James Cameron a été retiré des 1 600 écrans classiques où il était projeté. Il restera visible sur près de 800 écrans en 3D et 12 au format Imax 3D.


Ecrit par: manolo Mercredi 27 Janvier 2010 15h01
Bon plan pour les cinéphiles globe-trotter. Il y avait déjà James Bond Island en Thaïlande :

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Ecrit par: P'tit Panda Jeudi 28 Janvier 2010 14h50
Sous la pression de Pékin, la Suisse hésite à accueillir deux Ouïgours de Guantanamo
LE MONDE | 27.01.10 | 14h53 • Mis à jour le 27.01.10 | 14h53
Genève Correspondance

Le vice-premier ministre chinois, Li Keqiang, était reçu à Berne, mardi 26 janvier, dans la perspective d'un accord de libre-échange. Or, depuis quelques semaines, un autre dossier grippe les relations entre les deux pays : celui de deux frères ouïgours, Bahtiyar et Arkin Mahnut, détenus depuis presque huit ans à Guantanamo et que la Suisse pourrait accueillir. Mardi, cette brûlante affaire n'a cependant pas été évoquée en public par le dirigeant chinois et la présidente de la confédération, Doris Leuthard, qui donnaient un "point de presse" où les journalistes étaient priés de ne pas poser de questions.

Juste avant Noël, l'ambassade de Chine à Berne avait adressé une lettre au Conseil fédéral (gouvernement), rappelant que "les terroristes présumés de nationalité chinoise, quelle que soit leur ethnie, doivent être rapatriés en Chine". Les frères Mahnut, innocentés par les Américains comme les vingt autres Ouïgours de Guantanamo, y étaient décrits comme membres d'une organisation terroriste. "Nous ne voulons absolument pas voir cette affaire porter atteinte aux relations Chine-Suisse", prévenaient les Chinois.

Depuis, la polémique fait rage. Craignant de mettre à mal les relations sino-helvétiques - 11,1 milliards de francs suisses d'échanges commerciaux en 2008 -, la commission de politique de sécurité du Conseil national (Chambre basse du Parlement) a recommandé de ne pas accueillir les Ouïgours. D'autres parlementaires, comme la sénatrice démocrate-chrétienne Anne Seydoux, estiment "inadmissible que la Suisse se laisse dicter sa politique humanitaire par la Chine". En décembre, suite aux conclusions d'un groupe de travail qui s'était rendu à Guantanamo, le Conseil fédéral avait estimé que les Ouïgours remplissaient "tous les critères pour une admission". Berne doit maintenant trancher, alors que le Jura, seul canton disposé à recevoir les ex-détenus, doit confirmer son offre.

"Lieu approprié"

La semaine dernière, l'avocate américaine Elisabeth Gilson, invitée par Amnesty International, était à Berne pour rappeler le destin tragique de ses clients, "deux pauvres réfugiés qui n'ont jamais commis de délit". Victime de la répression chinoise, Bahtiyar a quitté le Xinjiang au printemps 2001. Refoulé du Kazakhstan, il gagne le Pakistan, puis l'Afghanistan pour rejoindre une communauté ouïgoure.

Fuyant les bombes, il est finalement vendu aux troupes américaines dans un village pakistanais. Parti à sa recherche en 2001, son frère aîné, Arkin, a, lui, été capturé à Mazar-e-Charif. Les deux frères, âgés de 34 ans et 45 ans, ont passé près de deux ans en cellule d'isolement. "La Suisse, qui a une grande expérience dans le traitement des victimes de torture, est donc un lieu approprié", estime Mme Gilson.

Agathe Duparc
Article paru dans l'édition du 28.01.10

Ecrit par: P'tit Panda Jeudi 28 Janvier 2010 14h52
Pour Tim Berners-Lee, la Chine va progressivement cesser de censure le web
LEMONDE.FR avec AFP | 27.01.10 | 16h45

La Chine va progressivement renoncer à censurer l'Internet mais cela prendra du temps, a estimé mercredi à Davos Tim Berners-Lee, l'un des inventeurs de l'Internet. Interrogé sur le conflit qui oppose le moteur de recherche Google et les autorités chinoises, M. Berners-Lee a estimé que Pékin progressera avec prudence vers une plus grande ouverture à l'Internet.

"Cette ouverture s'accroît régulièrement. Chaque fois que vous ouvrez un peu plus, le génie sort de la bouteille et il est très difficile de le remettre dedans." Google a déclenché une vive polémique il y a deux semaines en dénonçant des attaques informatiques massives venues de Chine et la censure dans ce pays, menaçant d'y cesser toute opération.

"Un gouvernement qui a l'habitude d'une société sous-informée mettra du temps à s'adapter à une situation où les citoyens sont informés", a ajouté le chercheur, qui a travaillé ces derniers mois avec le gouvernement britannique pour mettre en place le site data.gov.uk, qui publie des documents et études réalisées par l'Etat. "Nous devons faire tout notre possible pour aider un gouvernement qui censure l'Internet à évoluer vers plus d'ouverture", a-t-il affirmé.



Ecrit par: P'tit Panda Jeudi 28 Janvier 2010 14h54
Chine : nouvelle vague de cyberattaques contre des défenseurs des droits de l'homme
LEMONDE.FR avec AFP | 25.01.10 | 17h33

Les sites Internet d'au moins cinq organisations chinoises de défense des droits de l'homme et groupes dissidents ont été visés samedi par des attaques informatiques ces derniers jours, selon Chinese Human Rights Defenders (CHRD), un réseau de militants des droits de l'homme basés en Chine et à l'étranger. Les attaques ont débuté samedi après-midi et se sont poursuivies pendant environ quatorze heures.

Parmi les groupes qui ont signalé des cyberattaques figurent les sites d'information spécialisés dans les droits de l'homme Canyu, Rights and Livelihood Watch, New Century News, ainsi qu'un groupe d'écrivains, l'Independent Chinese Pen. L'attaque, de type déni de service distribué (DDOS), a bombardé les sites de ces organisations de requêtes inutiles, bloquant l'accès aux pages pour les autres visiteurs.

Selon l'hébergeur de CHRD, leur site Internet a reçu au cœur de l'attaque jusqu'à 2 gigaoctets par seconde. D'après l'organisation, des logiciels espions avaient également été installés sur leurs ordinateurs les semaines précédentes.

L'annonce de ces attaques survient en plein conflit entre Pékin et le moteur de recherches américain Google, qui a menacé de quitter la Chine en dénonçant des attaques informatiques massives venues de ce pays.


Ecrit par: P'tit Panda Jeudi 28 Janvier 2010 14h57
Opération Aurora : Pékin nie toute implication
LEMONDE.FR avec AFP | 25.01.10 | 10h43

L'accusation selon laquelle le gouvernement chinois a participé à des attaques informatiques, de manière directe ou indirecte, est sans fondement et vise à dénigrer la Chine. Nous y sommes fermement opposés." Le ministère de l'industrie et des technologies de l'information chinois a démenti, dans la nuit de dimanche à lundi, toute implication de Pékin dans l'opération Aurora, un piratage informatique de grande ampleur visant une trentaine d'entreprises, dont Google, liées directement ou indirectement aux défenseurs des droits de l'homme en Chine.

Jusqu'ici, les démentis de Pékin étaient restés relativement indirects. Le gouvernement avait, à de nombreuses reprises, affirmé que les accusations de Google, qui avait révélé il y a dix jours avoir été victime d'une attaque élaborée et accusait à demi-mot Pékin, ne reposaient pas sur des faits établis. Après avoir révélé ce piratage, le moteur de recherche avait annoncé qu'il cessait de censurer ses résultats de recherche dans le pays et menacé de fermer purement et simplement sa branche chinoise.

Le gouvernement chinois et l'entreprise auraient engagé des négociations, mais la Chine a réaffirmé plusieurs fois que les entreprises étrangères implantées dans le pays devaient "se conformer à la loi chinoise", et donc que les moteurs de recherche devaient appliquer la censure décidée par Pékin. Un départ de Google de Chine serait toutefois perçu comme un échec pour Pékin, qui a jusqu'ici réussi à imposer ses conditions aux entreprises étrangères. Avec plus de 300 millions d'internautes, la Chine est l'un des marchés majeurs du Web, mais Google, numéro un de la recherche dans le monde, n'a jamais réussi à y dépasser le chinois Baidu.

"DROIT À RÉGULER"

Le conflit n'oppose pas seulement Google et le gouvernement chinois. Après avoir demandé "des explications" immédiatement après les annonces de Google, Washington a renforcé la pression diplomatique sur Pékin. La secrétaire d'Etat, Hillary Clinton, a critiqué la semaine dernière la censure du Web, et prévenu que "les personnes et les pays qui lancent des cyber-attaques (...) devront en subir les conséquences". La Maison Blanche a également fait part de la "préoccupation" du président américain.

La nuit dernière, Pékin a écarté les critiques sur sa politique de censure, estimant que le gouvernement était parfaitement en droit de réguler sur l'Internet des contenus "nuisibles", et que cela était sans rapport avec des "restrictions de la liberté sur Internet". Dans son édition de lundi, le Global Times, quotidien en anglais sous l'égide du Quotidien du peuple, l'organe du Parti communiste, a pour sa part accusé les Etats-Unis d'être "le premier pays à lancer la cyber-guerre", avec "une armée de 80 000 personnes dotées de plus de 2 000 virus informatiques". Le journal, qui attribue l'information à un expert de la défense américain, Joel Harker, estime que les critiques actuelles visant la Chine démontrent "soit une ignorance des faits, soit une mentalité de guerre froide".



Ecrit par: P'tit Panda Jeudi 28 Janvier 2010 14h59
Prévisions de croissance du FMI : la Chine et les Etats-Unis en tête, l'Europe à la traîne
LE MONDE | 27.01.10 | 14h14

L'économie mondiale est en phase de reprise", a déclaré, mardi 26 janvier, Olivier Blanchard, économiste en chef du Fonds monétaire international (FMI), en annonçant une prévision de croissance pour 2010 meilleure qu'attendu, soit + 3,9 %, contre + 3,1 % prévus en octobre 2009. L'amélioration annoncée pour 2011 du produit intérieur brut mondial (PIB) est moins spectaculaire, puisque la croissance atteindrait + 4,3 %, et non + 4,2 %, comme prévu auparavant.

Les raisons de ce regain d'optimisme sont à chercher du côté des Etats-Unis (+ 2,7 % en 2010, contre + 1,2 %) et de la Chine (+ 10 % contre + 9 %). En effet, les entreprises américaines ont recommencé à stocker plus vite qu'espéré et les ménages ont maintenu leur consommation, en raison de "l'ampleur extraordinaire des mesures de relance".

Plan de soutien massif à l'économie, crédit abondant et bon marché ont permis à la Chine de rebondir plus vite et plus fort que le reste du monde. D'ailleurs, ce sont les principales économies asiatiques (Inde : + 7,7 % contre + 6,4 %) qui "ouvrent la voie de la reprise mondiale", note le rapport du FMI.

Les experts du Fonds soulignent que la reprise est "à plusieurs vitesses". Car derrière le peloton asiatique, on trouve l'Afrique subsaharienne (+ 4,3 %, contre + 4,1 %), qui profite de la remontée des prix des matières premières.

En revanche, malgré la performance américaine, les économies avancées décollent très lentement, soit + 2,1 %, contre + 1,3 % prévu en octobre 2009. L'Allemagne (+ 1,5 %), la France (+ 1,4 %), le Royaume-Uni (+ 1,3 %) et l'Italie (+ 1 %) ne retrouvent pas leur rythme d'avant la crise.

Presque partout, l'année 2011 verra un léger affaissement de la reprise, car les plans de relance et les politiques monétaires seront arrivés à leur terme. Dans les pays avancés, Olivier Blanchard a souligné que, "si la demande privée ne prend pas le relais du soutien public, aucune reprise forte et durable ne peut être assurée".

Une délicate sortie de crise

Le FMI ne voit pas de reprise de l'inflation, ni de bulles spéculatives dans un futur proche. Il salue le retour de la confiance qui a contribué à améliorer le climat sur les marchés financiers.

En revanche, le Fonds s'inquiète du risque d'un nouveau ralentissement de la croissance mondiale sous l'effet de l'"abandon prématuré et non concerté des politiques de soutien", de la hausse du chômage, des inquiétudes sur la viabilité des finances publiques, de la hausse du coût des emprunts et d'un rebond des prix des matières premières.

"Dans ces conditions, note le rapport, les pouvoirs publics font face à une tâche gigantesque : rééquilibrer la demande en faveur du secteur privé et non plus du secteur public, et en faveur des pays à excédent extérieur excessif et non plus de ceux dont le déficit est excessif, tout en remettant en état le secteur financier et en favorisant la restructuration" des secteurs non financiers.

S'il a modifié ses prévisions, le Fonds ne change pas ses conseils. En premier lieu, "les mesures de relance budgétaire prévues pour 2010 doivent être exécutées intégralement" pour éviter une rechute. Ensuite, le retour à l'orthodoxie budgétaire et monétaire devra tenir compte de la situation de chaque pays, les plus déficitaires devant renouer plus tôt avec des excédents.

Le FMI préconise de rassurer les marchés en faisant savoir dès maintenant à quelles conditions il sera mis fin au taux zéro et aux politiques d'argent facile. L'afflux des capitaux dans certains pays émergents pourrait être contrôlé par une appréciation de la monnaie, un assouplissement du taux de change et même des restrictions aux entrées de capitaux.

Alain Faujas
Article paru dans l'édition du 28.01.10




Ecrit par: P'tit Panda Jeudi 28 Janvier 2010 15h00
Des paysans chinois se mobilisent en faveur du meurtrier d'un cadre corrompu
LE MONDE | 27.01.10 | 13h36 • Mis à jour le 27.01.10 | 13h36
Shanghaï Correspondant

Zhang Huping, 24 ans, est à Pékin depuis samedi 23 janvier pour suivre, auprès de la Cour suprême, la demande d'appel de son frère, Zhang Xuping, 19 ans, condamné à mort pour avoir assassiné, en septembre 2008, Li Shiming, le responsable du parti du village de Xiashuixi, à Luliang (province du Shanxi).

Il attend de rencontrer l'avocat Liu Xiaoyuan, actuellement en déplacement, devenu célèbre pour avoir chroniqué sur son blog, en 2008, le procès de Yang Jia, accusé de l'assassinat de six policiers dans un commissariat à Shanghaï.

Chroniqué seulement : la mère du prévenu, que comptait aider maître Liu, fut enlevée par la police et placée au secret dans un hôpital psychiatrique. Condamné à mort et exécuté dans la foulée, Yang Jia, qui s'était fait rosser par la police pour une broutille avant d'aller se venger, est devenu un héros sur l'Internet chinois.

Cette fois, la victime, le chef local du parti, qui pouvait compter sur un réseau de protecteurs et disposait d'hommes de main, s'était tellement fait d'ennemis parmi la population que celle-ci s'est mobilisée pour soutenir le justicier.

Malgré la discrétion de la presse, l'histoire de son frère Zhang Xuping fait son chemin sur les forums Internet en cette fin d'année lunaire où se multiplient les émeutes dans les zones rurales. La police a tué à deux reprises en tirant sur la foule, début janvier, dans le Guangxi et le Guizhou, tandis qu'une femme est morte dans le Jiangsu lors d'une bataille entre des gangsters à la solde du gouvernement local et des habitants refusant de déménager.

A Xiashuixi, la région de Loess au paysage mité par les mines de charbon, Li Shiming était connu pour accaparer des parcelles de forêt dont il faisait abattre les arbres sans autorisation. Il s'arrangeait ensuite pour requalifier les terrains, qui accueillaient ensuite des projets industriels.

Les villageois, qui ont un droit de propriété collective sur les terres et se les distribuent, n'étaient dédommagés que de façon symbolique. Les récalcitrants étaient agressés, comme Wang Waixin, cité par le South China Morning Post. Son terrain fut confisqué pour construire un ensemble de logements.

Les pétitionnaires allaient en prison : Wang Hou'e, la mère de Wang Xuping, que le chef du parti prend en grippe car elle est la plus active au sein d'un groupe de villageois en colère qui font le déplacement à Taiyuan, la capitale provinciale, pour dénoncer ses pratiques, fera un an de prison en 2002. Elle y subit des sévices.

"Mon frère avait 12 ans. Moi, je venais d'entrer au lycée. Mon frère a un certain sens de la justice et a très mal supporté cette période. On n'avait pas un sou", raconte au Monde Wang Huping. "Xuping avait de mauvaises notes, il se bagarrait", poursuit-il.

Quand sa mère sort de prison, l'adolescent est renvoyé de son école, sur instruction, affirme son frère, de Li Shiming. Il tombe dans la petite délinquance, fait de la prison et tente de se suicider.

La presse locale épingle pourtant certaines des dérives du chef du parti. En vain. C'est un habitant du nom de Zhang Huping (un homonyme du frère du meurtrier) qui commandite l'assassinat de Li Shiming alors que celui-ci est en réunion dans une école, le 23 septembre 2008. Il donne à Zhang Xuping des chaussures, des habits noirs, et 1000 yuans (100 euros).

Le jeune homme pénètre dans l'école et plante une lame dans le flanc de l'officiel, seul à ce moment. Celui-ci rejoint en titubant sa voiture de luxe et démarre. Mortellement blessé, il n'atteindra jamais l'hôpital. Zhang Xuping sera arrêté peu après.

Mais les villageois soutiennent la famille et rassemblent 10 000 yuans (1 000 euros). Zhang Huping, le frère, quitte son travail dans une aciérie : il a parcouru à ce jour, raconte-t-il au Monde, 48 villages de la région et rassemblé 28 000 signatures de soutien.

En août 2009, le procès de Zhang Xuping, dans la ville voisine de Luliang, est ajourné, car les villageois sont venus en masse. Il s'est tenu en novembre sous une imposante protection policière. La pétition, qui rappelle un conte de la Chine ancienne, où les villageois demandent clémence à l'empereur pour le meurtrier d'un officiel corrompu, a été rejetée par les magistrats.

Désormais, l'avocat Liu Xiaoyuan, qui n'assure pas encore officiellement la défense du jeune Xuping, compte sur le soutien de l'opinion publique. Il espère obtenir au moins un sursis à l'exécution ou une commutation de la peine.

Le cas est révélateur des tensions croissantes dans les zones rurales à mesure que les habitants prennent conscience de leurs droits : "Les conflits dus à l'expropriation des terres se sont multipliés et intensifiés, confie l'avocat. Il existe des lois pour protéger les citoyens, mais les autorités locales font ce qu'elles veulent."

Brice Pedroletti
Article paru dans l'édition du 28.01.10

Ecrit par: P'tit Panda Jeudi 28 Janvier 2010 15h08
Au Tibet, pas d'autonomie, mais une croissance forte
LE MONDE | 26.01.10 | 15h17 • Mis à jour le 26.01.10 | 17h27
Shanghaï Correspondant

Les deux émissaires du dalaï-lama, Lodi Gyari et Kelsang Gyaltsen, sont arrivés en Chine, mardi 26 janvier, pour une poursuite du dialogue avec Pékin, a annoncé le gouvernement tibétain en exil. Cette reprise des discussions, dont les premières ont eu lieu en 2002, intervient après la tenue, du 18 au 20 janvier, du 5e symposium de travail sur le Tibet, qui a réuni, sous la direction du président Hu Jintao, les plus hauts dirigeants du Parti communiste chinois et défini les grandes orientations politiques et économiques de la Région autonome tibétaine.

Trois rencontres entre les envoyés du dalaï-lama et la Chine avaient suivi l'embrasement des régions tibétaines en mars 2008. Selon l'organisation International Campaign for Tibet, dont l'émissaire Lodi Gyari est par ailleurs le président exécutif, les Tibétains avaient soumis aux négociateurs chinois, à leur demande en mai 2008, "le document le plus détaillé et le plus substantif jamais produit par aucune des deux parties en six ans de discussions".

Mais Dharamsala, la capitale des Tibétains en exil, s'était vu opposer une fin de non-recevoir à son Mémorandum sur l'autonomie effective pour le peuple tibétain sous la forme d'une virulente critique, par le chef de la délégation chinoise, Zhi Weiqun, de la position du dalaï-lama, qui, selon l'agence Chine nouvelle, "en ne reconnaissant pas que le Tibet fait partie de la Chine depuis les temps anciens", vise une "semi-indépendance" ou "l'indépendance déguisée", "conspire pour créer un Grand Tibet (incluant les zones tibétaines des provinces du Gansu, du Sichuan, du Yunnan et du Qinghai) qui n'a jamais existé" et demande "le retrait de l'armée populaire".

La reprise en main du Tibet s'est traduite, en 2009, par de nombreuses arrestations, ainsi que des campagnes d'éducation politique dans les monastères. C'est un officier de l'armée populaire, Padma Choling, qui a été nommé, le 15 janvier, pour succéder au gouverneur Qiangba Puncog, un civil. Le secrétaire général du parti, le Chinois Zhang Qingli est lui aussi un ancien militaire.

Lors du symposium de janvier, Hu Jintao a déclaré que "les politiques du Parti communiste" au Tibet étaient "totalement correctes" et exposé les modalités d'un "développement économique à saute-mouton" (accéléré) du Tibet. Le revenu par tête d'habitant des paysans et des nomades tibétains devra approcher, d'ici à 2020, la moyenne nationale, a prédit M. Hu.

Le PIB tibétain connaît une croissance à deux chiffres depuis dix-sept ans. Pour la première fois, le plan de développement englobera les régions à peuplement tibétain des quatre provinces chinoises limitrophes. C'est là que le mécontentement s'était le plus fortement exprimé en mars 2008.

Brice Pedroletti
Article paru dans l'édition du 27.01.10



Ecrit par: P'tit Panda Jeudi 28 Janvier 2010 15h29
Le temps de l'ère chinoise ?, par Alain Frachon
LE MONDE | 28.01.10 | 13h39 • Mis à jour le 28.01.10 | 13h39

A peine commencée, l'année est déjà chinoise. 2010 a vu le produit intérieur brut de la Chine dépasser celui du Japon, et les exportations chinoises devancer celles de l'Allemagne. La Chine est doublement sacrée : deuxième économie de la planète, premier exportateur mondial. A la "une" de la presse, chiffres et estimations dressent le portrait de la superpuissance de demain. Exemples. D'ici à la fin de l'année, le budget chinois de la défense deviendra le deuxième du monde. Les 27 millions d'étudiants du pays forment la plus forte concentration de QI jamais assemblée. Dans les cinq ans à venir, l'empire du Milieu construira 97 aéroports et 83 métros pour ses mégalopoles. Doté de plus de 2 milliards de dollars (1,42 milliard d'euros) de réserves, le fonds souverain chinois est potentiellement le plus gros investisseur mondial.

Avec une croissance à deux chiffres, la Chine tire l'économie mondiale. L'inventeur du concept des BRIC (les puissances émergentes que sont le Brésil, la Russie, l'Inde et la Chine), Jim O'Neill, économiste en chef de la maison Goldman Sachs, prophétise : en 2027, la puissance économique chinoise aura rattrapé celle des Etats-Unis. Si Goldman Sachs le dit... Preuves ultimes : à Davos, l'unique restaurant chinois est réservé depuis des semaines, parce que Pékin a dépêché au Forum sa plus nombreuse délégation ; aux Internatinaux de tennis d'Australie, deux Chinoises étaient en demi finale...

Dans l'unanimisme des experts célébrant l'inévitable avènement de l'ère chinoise, il y a une voix dissidente : celle de l'Américain Minxin Pei (université de Princeton), qui, dans la revue de la Fondation Carnegie, émet des doutes sur la capacité de la Chine à passer du statut de puissance à celui de superpuissance.

Réserves économiques d'abord. Rien ne prouve que Pékin saura maintenir pareil taux de croissance. L'histoire économique enseigne plutôt le contraire. La Chine vieillit : les plus de 60 ans représenteront près de 20 % de la population d'ici à 2020. Tiré par les exportations et un yuan sous-évalué, son modèle de développement n'est pas à l'abri de réactions protectionnistes. La Chine n'a pas encore montré son aptitude à la transition vers un type de croissance nourrie par la demande intérieure. Il lui faudra au moins trente ans pour sortir de la misère ses centaines de millions de paysans.

Réserves "écologiques" ensuite, dans un pays où la pollution tue quelque 750 000 personnes chaque année. La Chine ne restera pas longtemps indifférente au coût environnemental d'un mode de développement ravageur.

M. Pei formule des réserves politiques sur la capacité du Parti communiste à conserver le monopole du pouvoir en cas de baisse durable de la croissance. Il note la méfiance que Pékin suscite dans son environnement, de l'Inde à la Russie. Il est moins péremptoire que les prophètes de l'ère chinoise. Raison de plus pour lui prêter l'oreille.

Courriel : frachon@lemonde.fr.


Alain Frachon
Article paru dans l'édition du 29.01.10

Ecrit par: P'tit Panda Jeudi 28 Janvier 2010 15h34
Record et problèmes pour "Avatar" en Chine
LE MONDE | 22.01.10 | 16h58 • Mis à jour le 22.01.10 | 16h58
Shanghaï Correspondant

Après avoir engrangé près de 550 millions de yuans (57 millions d'euros) depuis sa sortie début janvier, record historique pour un film en Chine, Avatar devra laisser de la place aux productions chinoises : le film de James Cameron sera retiré à partir du samedi 23 janvier des quelque 1 600 écrans classiques où il était projeté, mais restera visible sur près de 800 écrans en 3D et 12 au format Imax 3D (sur des écrans plus larges). La décision du retrait des salles (certaines ont indiqué qu'elles rembourseraient les places déjà réservées), imputée au China Film Group, le distributeur d'Etat qui a un quasi-monopole sur la distribution des gros films américains, a poussé les autorités à s'expliquer : les salles classiques ne seraient pas assez pleines.

Or nombre de spectateurs, qui ne peuvent payer les places des salles en 3D et Imax 3D (revendues au marché noir tellement la demande est forte), attendaient le Nouvel An chinois, mi-février, pour se rendre au cinéma. "Nous avons insisté plusieurs fois sur le fait que les (distributeurs de films) doivent faire en sorte qu'un nombre adéquat de cinémas passent des films nationaux", a reconnu Zhang Pimin, directeur adjoint de l'administration d'Etat de la radio, du cinéma et de la télévision, dans le South China Morning Post, rare admission publique d'une règle tacite qui a déjà écourté les carrières de films tels que Da Vinci Code (2006). Les majors d'Hollywood ne peuvent assurer elles-mêmes la distribution de leurs films en Chine, et leurs bureaux à Pékin se contentent d'un appui marketing.

Dans le cas d'Avatar, un autre débat agite l'Internet chinois : le sort des Na'vi, ces créatures extraterrestres dont l'habitat naturel est convoité par les humains dans le film, ne rappelle-t-il pas celui de résidents chinois expulsés par la force de chez eux ? Comme les habitants de la planète Pandora, ceux-ci sont rossés par des voyous à la solde des promoteurs, doivent subir les assauts de la police et sont infiltrés par des espions. Dans un billet de son blog qui a reçu 3 000 commentaires, Li Chengpeng, journaliste sportif dans le civil, explique pourquoi Avatar est "un manuel de classe épique pour les maisons clou" - l'expression désigne en Chine ceux qui résistent aux démolitions et dont la maison subsiste, seule, comme un clou au milieu d'un chantier. "Il est inutile de vouloir communiquer (avec les autorités). Seul le feu peut combattre le feu", conclut-il.

Immolée par le feu

Les expulsions des maisons, qui sont monnaie courante en Chine, ont pris de l'acuité avec le retour de la bulle immobilière, et le cas tragique d'une habitante de Chengdu qui s'est immolée par le feu en novembre 2009. Han Han, écrivain blogueur au statut de pop star, dont la maison familiale dans la périphérie rurale de Shanghaï est elle-même menacée par l'installation d'usines chimiques, faisait remarquer début janvier au sujet d'Avatar que "les évictions barbares appartiennent au domaine de l'imaginaire pour la plupart des spectateurs - c'est le genre de choses qui ne peuvent arriver que dans l'espace, ou en Chine".

Toujours sur ses gardes, le régime chinois a choisi une réponse dont l'ironie n'échappe à personne : c'est Confucius, une biographie filmée qui sent bon la propagande (la réalisatrice, Hu Mei, est connue pour ses séries télé historiques, et le film a été produit dans le cadre des célébrations des 60 ans du régime), qui remplacera Avatar dans les salles à partir de ce week-end.

Brice Pedroletti
Article paru dans l'édition du 23.01.10



Ecrit par: P'tit Panda Vendredi 29 Janvier 2010 15h22
Légion d'honneur: la France décore un Chinois pro-peine de mort
Régis Soubrouillard - Marianne | Vendredi 29 Janvier 2010 à 14:01 | Lu 1295 fois

Légion d'honneur: la France décore un Chinois pro-peine de mort
Le 1er février prochain, Alain Bauer, l'un des plus grands criminologues français, figure de la franc-maçonnerie et président de l'Observatoire National de la Délinquance, fera le déplacement à Pékin pour remettre la légion d'honneur à un collègue chinois criminologue… et défenseur de la peine de mort.




On le voit régulièrement aux côtés de Nicolas Sarkozy, il préside l’Observatoire national de la délinquance. Il était également présent aux vœux à la presse de Brice Hortefeux, le ministre de l’Intérieur. Lui, c’est le criminologue Alain Bauer.

L’ambassade de France en Chine vient de faire savoir que cette figure historique de la franc-maçonnerie fera début février le voyage de Pékin afin de remettre les insignes de Chevalier dans l’Ordre National de la Légion d’Honneur à Monsieur He Bingsong, directeur du Centre de recherche sur le terrorisme et le crime organisé, Vice-Directeur du Centre de recherche pour le droit pénal et la justice à l’Université de science politique et de droit de Chine à Beijing. Bref, un simple collègue pour Alain Bauer qui lui remettra l'insigne Honneur le 1er février.

Rien que de très normal, après l’accord passé entre l’UMP et le PC Chinois, le voyage de François Fillon, les multiples messages d’amour de Raffarin. Une petite marque diplomatique -rouge, en plus- qui fait toujours plaisir au moment de retisser ce qu'il reste des liens distendus entre la France et la Chine.

Le deuil des convictions se porte en rouge et à la boutonnière
Seulement voilà. He Bingsong n’est pas seulement un expert de la criminalité en Chine. L’intéressé a fait parler de lui, fin décembre, au moment de l’exécution d’un ressortissant britannique atteint de troubles mentaux, Akmal Shaikh, condamné à la peine capitale pour trafic de drogue. A l’époque, toute l’Europe, la Grande-Bretagne évidemment, mais aussi la France avaient dénoncé cette exécution.

Face à cette avanlanche de critiques, le professeur He Bingsong avait déclaré sur china.org.cn, un site d’informations proche du gouvernement, qu’il était « déraisonnable et inutile pour tout pays étranger de salir la loi chinoise pour tenter d’y appliquer ses propres lois ». Et d’ajouter « que la Chine devrait ignorer ces interventions et ne céder à aucune pression politique étrangère ».

Largement de quoi mériter la Rosette, si l’on s'en juge par l’idée que s’en faisait déjà Jules Renard : « En France, le deuil des convictions se porte en rouge et à la boutonnière ».

Vendredi 29 Janvier 2010
Régis Soubrouillard - Marianne



Source :
http://www.marianne2.fr

Ecrit par: P'tit Panda Samedi 30 Janvier 2010 18h34
Les expropriations violentes se multiplient en Chine
LE MONDE | 30.01.10 | 13h40
Shanghaï (Chine) Correspondant

Les conflits liés aux expropriations sont en pleine recrudescence en Chine. Pour tenter d'y remédier, un nouveau projet de réglementation a été publié, vendredi 29 janvier, sur le site du bureau des affaires légales du Conseil d'Etat. Les citoyens sont invités à soumettre leurs commentaires par écrit jusqu'au 12 février. Les compensations seront désormais calculées en fonction des "prix du marché". Les résidents ne pourront être expulsés avant la fin des procédures engagées devant la justice. Et la violence et les méthodes dissuasives, comme des coupures d'électricité ou d'eau, ne devront en aucun cas être employées contre eux.

Le temps presse. Le plan de relance chinois, censé empêcher toute déstabilisation sociale, produit l'effet inverse car il faut vite expulser pour lancer les infrastructures inscrites au budget. Les gouvernements locaux, qui tirent en Chine leurs revenus des ventes de terrain, cherchent à profiter de la bulle immobilière, alimentée par l'afflux d'argent frais dans les sociétés d'Etat ou assimilées. La flambée des prix nourrit en retour une anxiété croissante dans la population.

IMMOLATION PAR LE FEU

Cette course infernale fait des victimes. Dans le Guangxi, à Lipu, un homme a été tué par la police le 12 janvier : des villageois opposés à la réquisition de leurs terres s'en étaient pris à un juge qui avait tranché en leur défaveur. Dans le Guangdong, à Yangshan, des batailles rangées entre des habitants résistant à la démolition de leur maison et la police ont fait plusieurs blessés, le 18 janvier.

En novembre 2009, l'acte de désespoir de Tang Fuzhen, une femme de 47 ans qui s'était immolée par le feu sur le toit de sa maison dans la banlieue de Chengdu - les images ont circulé sur Internet - avait ému l'opinion. Elle possédait une maison de trois étages, et y avait installé son entreprise. Les autorités locales souhaitaient construire à cet emplacement une route pour desservir une nouvelle centrale de traitement des eaux. Elles ont refusé de l'indemniser en prétextant l'absence de permis adéquats. Quand l'équipe de démolition a molesté sa soeur et sa nièce, Tang Fuzhen s'est donné la mort.

"En Chine, la notion d'expropriation est entendue comme un droit de recours à la force, au mépris de toute procédure", explique Chen Duanlong, un professeur de la faculté de droit de l'université de Pékin qui a publié avec quatre experts, début décembre, une lettre ouverte pour dénoncer le caractère non constitutionnel de la réglementation. "Pour que dans un rapport d'achat et de vente, le "vendeur" se suicide, c'est qu'il est dans une impasse. Que peut faire un propriétaire chinois mécontent ? Pétitionner ? C'est voué à l'échec. Porter plainte ? Le système judiciaire est contrôlé par le pouvoir qui exproprie. Le résultat est que les gens se tournent vers la violence et les actes extrêmes" poursuit-il.

Pour M. Chen et ses confrères, il est nécessaire de refondre en profondeur la loi, dans la mesure où la notion de "prix du marché", telle qu'elle est spécifiée dans les nouvelles règles, ne vaut que si celui-ci est fixé par une entité indépendante. Selon le juriste, prohiber la violence contre des citoyens ne suffit pas, encore faut-il que ceux-ci disposent de possibilités de recours.

Brice Pedroletti
Article paru dans l'édition du 31.01.10


Ecrit par: P'tit Panda Samedi 30 Janvier 2010 18h35
Pékin mise sur les bienfaits de la recherche scientifique
LE MONDE | 29.01.10 | 14h57 • Mis à jour le 29.01.10 | 14h58

La recherche scientifique est bénéfique pour la croissance économique qui, à son tour, lui donne les moyens de progresser. Le gouvernement chinois a bien compris ce cercle vertueux.

Thomson Reuters Evidence a montré qu'en 2008 le nombre d'articles publiés en Chine dans les revues de spécialistes avait quintuplé en dix ans. Cette expansion est le résultat logique du développement des infrastructures dédiées et de la population étudiante. Quand un pays compte de plus en plus de scientifiques de mieux en mieux formés, son effort d'investissement - en l'occurrence 1 % du produit intérieur brut (PIB) chaque année - paie davantage. Si sa production d'articles scientifiques continue d'augmenter à ce rythme, la Chine ravira la première place en la matière aux Etats-Unis en 2017.

Elle n'est toutefois pas près de prendre le relais dans le domaine de l'innovation technologique. La population chinoise est très nombreuse et encore pauvre. C'est pourquoi le ratio du volume d'articles publiés par habitant est un bien meilleur indicateur du dynamisme national que le nombre d'articles en lui-même.

Si l'on prend en compte ce taux, la performance de la Chine équivaut seulement à 8 % de celle des Etats-Unis. Elle est même inférieure à celles du Brésil et de la Russie, qui atteignent respectivement 14 % et 18 % du niveau américain. A titre de comparaison, les chiffres sont de 94 % pour l'Allemagne et de 86 % pour la France. Le Japon est un peu à la traîne avec 57 %.

On peut aussi se faire une idée de la relation entre l'effort de recherche et la prospérité en rapportant le nombre de publications scientifiques au PIB. Le ratio chinois vaut alors 53 % du ratio américain. En d'autres termes, l'économie chinoise produit moitié moins de "science" que les Etats-Unis. A l'inverse, l'Allemagne (127 % du ratio américain) et la France (123 %) sont proportionnellement plus actives.

Le gros des articles chinois est encore concentré sur des domaines qui peuvent contribuer à la santé des exportations. Au cours des cinq dernières années, la Chine a produit 21 % des textes traitant des sciences des matériaux, et 17 % des articles relatifs à la chimie. Le contraste est saisissant avec l'agriculture et la biologie moléculaire, où sa production ne représente que 5 % du total mondial.

Finalement, dans le domaine scientifique, la Chine reste le benjamin des Etats-Unis et de l'Europe. Un benjamin qui promet de faire mieux à l'avenir, au fur et à mesure que le pays s'enrichit.

(Traduction de Christine Lahuec.)
Plus de commentaires sur l'actualité économique et financière sur Breakingviews.com.


Martin Hutchinson et Edward Hadas
Article paru dans l'édition du 30.01.10


Ecrit par: P'tit Panda Samedi 30 Janvier 2010 18h37
Les ressources du Grand Nord intéressent la Chine
LE MONDE | 30.01.10 | 14h32 • Mis à jour le 30.01.10 | 14h32
Tromsø, Envoyé spécial

La Chine souhaite de plus en plus prendre sa place dans le cercle très exclusif des pays arctiques. Une nouvelle preuve, s'il en fallait, de l'intérêt croissant suscité par cette région du monde qui recèlerait près d'un quart des ressources non prouvées en hydrocarbures, que la fonte de la banquise rendra de plus en plus accessible. Après la Chinafrique, la Chinarctique ? La présence inédite d'un officiel chinois à la conférence "Arctic Frontiers", quatrième du genre, qui s'est tenue fin janvier à Tromsø, ville universitaire norvégienne au-delà du cercle polaire, a été en tout cas interprétée par les comme la volonté de Pékin de peser dans la région.

La Chine a déjà conduit trois expéditions scientifiques depuis 1999 et en réalisera une quatrième en 2010. Selon certains, cette présence sert aussi à rassembler des données scientifiques utiles aux Chinois pour consolider leur position lors des négociations climatiques mondiales en cours et à venir. "Pour la Chine, les deux questions les plus importantes sont le changement climatique et les futures voies de navigations qui passeront par l'océan Artique, a expliqué au Monde Tang Guoquiang, ambassadeur de Chine en Norvège, après s'être adressé à l'ensemble des participants à la conférence. "Pour les pays non arctiques comme la Chine, ce sont aussi les deux sujets qui justifient que nous ayons notre mot à dire", a-t-il précisé.

"Le discours de l'ambassadeur Tang Guoquiang aurait pu être prononcé par n'importe quel dirigeant occidental", a écrit le lendemain Asbjørn Jaklin, éditorialiste d'un quotidien norvégien, relevant que le diplomate avait parlé changement climatique, développement durable, recherche polaire et coopération internationale. Pour Oral Young, chercheur américain spécialiste des pôles, "il ne fait aucun doute que les Chinois sont avant tout intéressés par les ressources".

Depuis 2007, la Chine est une observatrice informelle des réunions du Conseil arctique, une organisation intergouvernementale basée à Tromsø, qui rassemble les huit pays arctiques, dont les cinq plus importants sont ceux riverains de l'Océan arctique, c'est-à-dire la Russie, le Canada, le Danemark (via le Groënland), les Etats-Unis et la Norvège.

"La Chine reconnaît la souveraineté de ces cinq pays et c'est un point essentiel", a noté Hans Corell, un ancien conseiller juridique des Nations unies. Elément tout aussi important : la Chine ne réclame pas de traité spécifique pour la région, se rangeant à l'avis des pays arctiques qui estiment que l'actuelle convention internationale sur le droit de la mer signée à Montego Bay (Jamaïque) en 1982, est tout à fait adaptée. "Cette convention n'est pas suffisante, réplique Greenpeace, car elle ne prévoit aucune protection s'agissant des activités industrielles qui sont aujourd'hui en train d'être planifiées."

La Chine réclame toutefois, à l'instar de l'Union européenne (UE), un poste d'observateur permanent au Conseil arctique tel qu'en disposent déjà six pays dont la France. Officiellement, les pays arctiques sont largement ouverts à la coopération internationale. "Nous voulons accueillir les pays qui le souhaitent comme observateurs afin qu'ils ne sentent pas le besoin de créer une autre structure", a indiqué Erik Lahnstein, secrétaire d'Etat au ministère norvégien des affaires étrangères, chargé du Grand Nord. En réalité, les portes restent fermées pour l'instant. "Les cinq pays riverains tentent de maintenir les autres à distance", confie Mads Christensen, directeur de Greenpeace dans les pays nordiques.

Plus pragmatique

De fait, les cinq grands de l'Arctique font traîner, répétant tous qu'il n'y a en rien besoin d'un traité arctique, pourtant réclamé en 2008 par le Parlement européen ou par des organisations écologistes comme Greenpeace ou le WWF. L'objectif des députés européens est de protéger la région, menacée par le trafic maritime et l'intérêt accru pour ses réserves potentielles de gaz et de pétrole. Mais un traité international augmenterait l'ingérence des autres pays dans la gestion des affaires de la zone, ce que ne souhaitent pas les membres du Conseil arctique.

En déclarant un tel traité non nécessaire, la Chine adopte une approche plus pragmatique. Pékin reste, en revanche, plus évasif sur la protection des populations autochtones. Contrairement à l'Union européenne, en conflit ouvert avec ces dernières après avoir interdit en 2009 l'importation des produits dérivés du phoque, les privant d'une source de revenus importante.

Olivier Truc
Article paru dans l'édition du 31.01.10

Ecrit par: P'tit Panda Samedi 30 Janvier 2010 18h48
Un constructeur chinois accuse Apple de contrefaçon
LEMONDE.FR avec AFP | 29.01.10 | 11h47

C'est un peu le monde à l'envers : un constructeur chinois, Shenzhen Great Loong Brother Industrial, a accusé jeudi Apple d'avoir plagié pour sa tablette iPad le modèle P88 de la firme chinoise, sorti en octobre. "Je ne comprends pas. Pourquoi ont-ils fait le même produit que nous ?", s'interroge le directeur de l'entreprise.

En pratique, si les deux modèles se ressemblent, la version chinoise est assez différente de celle d'Apple : disque dur de 160 gigas contre mémoire flash, présence de ports USB, processeur plus puissant, utilisation de Windows et une batterie de moindre qualité (une heure et demie contre dix heures annoncées pour le modèle d'Apple).

L'accusation de plagiat est assez ironique, sachant que la Chine, considérée comme l'un des paradis mondiaux de la contrefaçon, produit notamment de très nombreux clones à bas prix de l'iPhone. Et si le design des deux produits est proche, les tablettes sont par définition des objets relativement épurés. Une bonne partie des multiples modèles déjà disponibles ou en préparation se ressemblent.

LE NOM DÉJÀ DÉPOSÉ

Apple pourrait toutefois être confronté à des problèmes plus importants concernant la marque iPad. Le constructeur japonais Fujitsu commercialise un produit sous la marque "iPAD" depuis 2002 aux Etats-Unis. Il s'agit d'un terminal numérique portable pour les commerces, destiné à faciliter la consultation des prix et des stocks à tout moment, en tout lieu d'un magasin.

Une filiale américaine de Fujitsu a déposé en mars 2003, avant Apple, une demande d'enregistrement pour cette dénomination iPAD, laquelle n'a pas encore abouti. Apple est censé dire avant le 28 février s'il s'oppose à la demande d'enregistrement du nom par Fujitsu, selon la presse nippone. Fujitsu, de son côté, n'a pas encore décidé s'il lancera une quelconque action à l'encontre d'Apple, selon le porte-parole.

Le nom "iPad" a par ailleurs été déposé auprès des autorités japonaises par la société américaine Slate Computing pour une large gamme de produits électroniques, allant des ordinateurs aux métronomes en passant par des jouets ou téléphones portables. Le conglomérat industriel allemand Siemens a lui aussi enregistré au niveau international la marque "iPAD" pour des moteurs et micro-moteurs électriques, composants de divers produits, selon le registre japonais des marques.



Ecrit par: P'tit Panda Samedi 30 Janvier 2010 18h49
Le patron de l'Icann prédit l'échec des "Internets parallèles"
LEMONDE.FR avec AFP | 29.01.10 | 11h08

Certains pays travaillent dans l'ombre à la création de réseaux Internet alternatifs à des fins politiques, mais ces tentatives devraient échouer, a assuré mercredi Rod Beckstrom, le patron de l'Icann, l'organisme qui gère le Web.

Des informations qui circulent dans la blogosphère affirment que la Russie et la Chine développent de nouvelles manières d'organiser l'Internet afin de s'affranchir de l'Icann (Internet Corporation for Assigned Names and Numbers), organisation indépendante mais que beaucoup jugent trop liée aux Etats-Unis. La Chine, en particulier, dispose de suffisamment de ressources pour créer son propre réseau. Rien n'empêche théoriquement un Etat de s'affranchir de la tutelle de l'Icann, mais le réseau ainsi créé tournerait en circuit fermé. Ce qui pourrait précisément intéresser la Chine, qui pratique déjà un filtrage et une censure à grande échelle du Web.

"On ne va pas spéculer sur le nom de ceux qui font ça, ça ne regarde qu'eux", a dit M. Beckstrom, refusant de nommer les Etats en cause. "Ces gens veulent tester leurs propres aptitudes à faire ce genre de choses et changer leur suffixe national" (l'adresse identifiant un pays à l'image du ".fr" français), ajoute-t-il. "Certain s'inquiètent peut-être pour la sécurité, certains veulent avoir des alternatives au cas où des problèmes régionaux émergeraient, d'autres pourraient avoir des objectifs politiques", a-t-il expliqué.

Soulignant que l'Icann visait à "garder tout le monde autour de la table des discussions", il a souligné qu'un schisme de l'Internet était improbable en raison de la popularité du Web. L'Icann, organisme à but non lucratif mis en place à l'origine par le gouvernement américain, s'est engagé le mois dernier à mieux rendre compte de ses activités, avec un droit de regard accru pour les autorités autres qu'américaines.




Ecrit par: P'tit Panda Samedi 30 Janvier 2010 20h18
Juge Bao, l'Elliot Ness chinois
Aurélia Vertaldi et Olivier Delcroix
29/01/2010 | Mise à jour : 21:14 | Commentaires 2 | Ajouter à ma sélection
Le Festival d'Angoulême offre une occasion rêvée aux jeunes éditeurs de se lancer dans la course à l'édition. Cette année, la jeune Ge Fei Xu parie sur la collaboration franco-chinoise incarnée par le personnage du Juge Bao, son premier album.

Les éditions Fei sont nées de la volonté de leur fondatrice, la jeune Ge Fei Xu, d'allier sa passion de la culture chinoise et française. Pour cela, elle a eu l'idée originale de recourir à des dessinateurs chinois et à des scénaristes français. Elle présente son premier titre Juge Bao, le tome un d'une série de neuf. Ce personnage historique (999-1062) à qui les Chinois vouent un véritable culte, est l'incarnation de la justice dans le pays.

Sous la plume et le pinceau du dessinateur chinois Chongrui Nie et le scénario du Français Patrick Marty, le Juge Bao se présente comme profondément humain, incorruptible et prompt à rendre la justice. A l'occasion du 37e Festival d'Angoulême, Lefigaro.fr est allé à la rencontre des trois acteurs clés des éditions Fei, afin qu'ils nous exposent les raisons qui les ont poussés à choisir le Juge Bao comme première passerelle franco-chinoise.

http://videos.lefigaro.fr/video/iLyROoafIL2v.html

Ecrit par: P'tit Panda Mercredi 03 Février 2010 22h36
DIPLOMATIE
Etats-Unis / Chine : "le ton a changé"
En juillet dernier, Barack Obama en était persuadé : "La relation entre les Etats-Unis et la Chine définira le XXIe siècle." Censure sur internet, ventes d'armes à Taïwan et rencontre avec le Dalaï Lama : après une courte lune de miel, la relation s'est tendue. Guilhem Fabre ne comprend pas l'étonnement occidental face aux positions chinoises. Pour ce professeur de l'université du Havre, spécialiste des rapports entre socio-économie et institutions de la Chine contemporaine, la Chine ne fait que suivre un agenda établi depuis longtemps.


La Chine alimente sa croissance avec ses exportations vers les Etats-Unis, les Etats-Unis financent leur déficit grâce aux achats d'emprunts d'Etat par la Chine, les deux pays semblaient avoir trouvé un statut quo. Qu'indiquent les provocations et les tensions actuelles ?

- La Chine ne fait que se raffermir au niveau international à travers ces dossiers. Dans le cadre de la crise économique, face aux faiblesses des Etats-Unis, les Chinois poussent leur bouchon. Après les turbulences de 2008-2009, ce changement indique un nouveau mode de réinsertion de la Chine au niveau international. Maintenant les Chinois parlent aux Etats-Unis sur un pied d'égalité et ça c'est nouveau.
La croissance chinoise a été alimentée par les investissements des multinationales américaines. Il y a une très forte interaction entre la Chine et les Etats-Unis mais toutes les chancelleries occidentales se sont fait l'illusion qu'avec l'économie de marché, la démocratie allait s'installer en Chine. Mais ça n'a jamais été le projet des dirigeants chinois : on est face à un régime qui poursuit son agenda à long terme.

La question de la reprise du dialogue avec le dalaï-lama ressemble à un prétexte.

- Jusqu'à présent, il s'agissait de menacer les Français, mais pas les Américains. Quand Bush recevait le dalaï-lama, il y avait bien un commentaire de protestation mais juste pour la forme. Là, le ton a changé.
Cela n'a rien d'un prétexte. Les Chinois sont complètement dans la centralité et dans l'affirmation. Quoiqu'il en soit, on reste sur des aspects très symboliques. Il serait très simple pour les chinois de trouver un compromis pour assouplir la situation.
Le problème se pose aussi avec Taïwan : on a des pressions chinoises pour interdire des ventes d'armes américaines à Taiwan mais les Chinois ne parlent pas du fait qu'ils ont placé depuis une dizaine d'années plusieurs centaines de missiles qui font face à Taïwan. Ils ont fait des exercices de tirs lors des dernières élections présidentielles à Taïwan pour intimider : c'est deux poids deux mesures.

Armement, politique étrangère : les partenariats en cours sont-ils remis en question ?

- Très certainement, des collaborations militaires avaient un peu repris : désormais, elles vont être gelées juste pour marquer que la Chine est de mauvaise humeur. Cela fait partie d'une stratégie. Longtemps les Chinois ont gardé le profil bas, maintenant, petit à petit, ils s'aperçoivent qu'ils ont les premières exportations mondiales. Ils veulent non seulement jouer le rôle central régional qu'ils ont déjà en Asie, mais aussi au niveau international, comme on le voit en Afrique.
Le problème qui s'est posé en Chine, c'est que, depuis 1989, depuis la répression de Tiananmen, les dirigeants ont gelé les discussions au sein du parti communiste. Ils ont maintenu une ouverture économique et en même temps la répression politique : c'est ça qui fait avancer le système.
Les occidentaux ont joué la carte de la coopération économique dans ce cadre là : ils touchent la monnaie de leur pièce. Il n'y a jamais eu de véritables pressions. On a demandé aux Chinois de signer des conventions sur les droits civiques et quand c'est passé au parlement chinois, rien n'a jamais été ratifié. On s'est bercé avec des mots : la réalité des choses, ils l'ont toujours réaffirmée noir sur blanc. Pékin déplace son fonctionnement intérieur au niveau de la politique étrangère, en s'alimentant sur un nationalisme exacerbé. C'était prévisible.

Pendant le sommet de Copenhague, on a un peu eu l'impression que les deux plus grands pollueurs de la planète se lançaient dans la cogestion du monde…

- Pas du tout, les Chinois sont arrivés en ayant déjà annoncé leurs objectifs. Ils ont simplement déclaré : on va baisser de 40% les émissions par rapport au PIB. Etant donné que le PIB chinois croit de 10% par an, automatiquement, ça voulait dire qu'ils s'autorisaient à émettre beaucoup plus de CO2.

L'équilibre entre les deux géants est-il menacé ?

- Cette question n'intéresse pas la Chine. Il y a seulement une poursuite de l'agenda chinois de s'affirmer. Après le profil bas, Pékin s'affirme de plus en plus en voulant fixer ses propres conditions. Les Chinois veulent ramener l'ensemble de la communauté internationale à leur point de vue. Et ce point de vue consiste à dire qu'il n'est pas question d'intervenir dans les affaires intérieures d'un pays. Ce principe de non ingérence permet de soutenir les relations économiques avec les pays sans regard sur ce qui se passe au niveau intérieur. C'est valable pour la Chine mais aussi pour des pays comme l'Iran.
On est en face d'un régime qui a toujours affirmé être très autoritaire, qui a toujours assuré le monopole du parti pour le bien public et qui ne s'en cache pas.

Il y avait entente autour de la gouvernance économique : les points de convergence entre les deux sont-ils en train d'évoluer ?

- Il reste un jeu d'équilibre sur le plan strictement économique. Il sert à l'un comme à l'autre. Les multinationales américaines ont investi en chine pour baisser leurs coûts, et réaliser des profits importants. Les exportateurs chinois utilisent le marché américain en priorité parce que c'est beaucoup plus simple pour eux : c'est le premier marché unifié de la planète. Sur le marché américain, on a de grands distributeurs qui sont des interlocuteurs uniques couvrant tout le territoire. En Europe, les choses sont beaucoup plus compliquées : il y a différents pays avec différentes réglementations.

Derrière les polémiques actuelles, on perçoit des points de ruptures plus profonds comme le protectionnisme américain ou la sous-évaluation du yuan.

- Les produits chinois sont extrêmement compétitifs. D'autant plus compétitifs que Pékin a décidé d'ancrer sa monnaie à l'US dollar et l'US dollar a perdu 15% de sa valeur depuis le début de la crise économique. Les Américains laissent filer le dollar par rapport à l'euro ou au yen pour rembourser leur dette. Les Chinois font ce qu'on peut appeler du free riding : ils utilisent cette baisse pour exporter non seulement aux Etats-Unis mais aussi pour développer leurs exportations vers le Japon ou l'Europe à des prix extrêmement compétitifs puisque leur monnaie s'est aussi dévaluée de 15%. Les Chinois pratiquent une politique d'échange irresponsable depuis le début de la crise. Avant, ils avaient réévalué par rapport à l'US dollar de 20% entre 2005 et 2008. Maintenant, il y a une politique d'ancrage à l'US dollar qui va provoquer un protectionnisme de plus en plus fort aux Etats-Unis.

Au-delà de la crise actuelle, quelles sont les perspectives à long terme ?

- Tout dépendra des interactions qui existent entre la Chine et l'extérieur mais aussi de ce qui se passe en Chine même. Aux Etats-Unis mais aussi en Europe, les partenaires commerciaux vont avoir tendance à développer une politique de bloc. On va assister à un processus de régionalisation économique, avec moins d'échanges. La part de la globalisation par rapport à la régionalisation va sans doute changer.

Interview de Guilhem Fabre par Louis Morice
(mercredi 3 février 2010)

Guilhem Fabre a publié "Le crépuscule de "Chinamérique" ? La Chine et l'effondrement du modèle américain" dans "Le Débat" n° 155 de mai-août 2009.


s : http://tempsreel.nouvelobs.com/actualites/opinions/interviews/20100203.OBS5758/etatsunis__chine__le_ton_a_change.html

Ecrit par: P'tit Panda Jeudi 04 Février 2010 00h16
La Suisse a décidé d'accueillir deux détenus ouïghours de Guantanamo
LEMONDE.FR avec AFP | 03.02.10 | 15h48

La Suisse a décidé d'accueillir pour "raisons humanitaires" deux détenus ouïghours de Guantanamo, a annoncé, mercredi 3 février, le gouvernement helvétique, qui défie ainsi les pressions de Pékin qui réclame leur retour sur le territoire chinois.

La décision a été annoncée par la ministre de la justice Eveline Widmer-Schlumpf lors d'une conférence de presse, à l'issue de la réunion hebdomadaire du gouvernement suisse. Le canton suisse du Jura avait confirmé, mardi, son intention d'accueillir sur son sol deux frères ouïghours détenus à Guantanamo, mais la décision finale revenait au gouvernement central.

Pékin a averti la Suisse que l'accueil de ces deux détenus de Guantanamo pourrait porter "atteinte" aux relations entre les deux pays. Pour Pékin, "les terroristes présumés de nationalité chinoise, quelles que soient leurs ethnies, doivent être rapatriés en Chine".


Ecrit par: P'tit Panda Jeudi 04 Février 2010 00h18
Les grandes entreprises rechignent à financer le pavillon français de l'Exposition universelle de Shanghaï
LE MONDE | 03.02.10 | 15h55 • Mis à jour le 03.02.10 | 15h55

Le pavillon français de l'Exposition universelle de Shanghaï, qui ouvrira ses portes pour six mois le 1er mai, souffre-t-il de la pingrerie des grandes entreprises françaises ? Ces groupes sont-ils dénués de tout sentiment d'appartenance nationale ?

José Frèches, le président de la Compagnie française pour l'Exposition universelle de Shanghaï (Cofres), a récemment fulminé, dans les colonnes du Midi libre du 27 janvier, contre les "Carrefour, Alstom, Airbus, Areva, Air Liquide, Danone, Veolia Environnement, Accor, BNP Paribas... qui n'ont pas mis la main au pot malgré de multiples sollicitations de ma part".

Selon M. Frèches, le budget global du pavillon français est de 50 millions d'euros, la part de l'Etat étant passée de 25 à 35 millions d'euros. Restent 15 millions d'euros, qui auraient dû venir des grandes entreprises. A l'exception du laboratoire Sanofi-Aventis, du groupe de luxe LVMH, et du cimentier Lafarge, qui ont réglé sans discuter le ticket d'entrée de 1,5 million d'euros, les autres ont décliné.

Le groupe agroalimentaire Danone et le distributeur Carrefour rechignent à commenter leur refus. Air Liquide se justifie par le fait que sa communication grand public est proche de zéro et qu'en "période de réduction des coûts de 200 millions d'euros, de gel des embauches et des salaires, pareille dépense serait mal perçue en interne". Le fabricant de gaz affirme toutefois être prêt à discuter d'un ticket d'entrée moins élevé.

Le groupe nucléaire Areva explique, lui, qu'il "ne peut pas être partout" : "Nous avons été le mécène de l'Année de la Turquie en France et de l'Année de la France au Brésil. Nos partenariats en Chine sont multiples..." Alors un de plus, fût-ce le pavillon France...

Un porte-parole du fabricant de turbines et matériel ferroviaire Alstom indique "que le groupe est présent en Chine depuis cinquante ans, qu'il dispose de plusieurs coentreprises, gère 6 000 salariés et noue des partenariats multiples". Mais là encore, "entre diverses opérations de communication, nous arbitrons". Le responsable d'un groupe de communication, sous couvert d'anonymat, indique qu'"on n'imagine pas le nombre de sollicitations auxquelles les grands groupes sont soumis".

BNP Paribas justifie aussi son refus par le fait qu'elle finance déjà le grand dictionnaire encyclopédique de l'Institut Ricci de Taïpei (Taïwan), la première Fête de la musique en Chine le 21 juin, le parrainage d'un concert dirigé par Hervé Niquet, star mondiale de la musique baroque... Soit diverses opérations de communication, dont certaines ont été proposées à M. Frèches en lieu et place de cash. Mais sans succès. Nombre d'entreprises ont fait remarquer que leur attitude eût sans doute été moins négative si la demande avait été faite "avec moins d'arrogance et un peu plus de contenu compte tenu de la somme demandée".

Pendant que le pavillon français peine à trouver des fonds, Pavillon France Télévision, la chaîne française qui doit émettre insitu pendant toute la durée de l'exposition, ne rencontre pas les mêmes difficultés. Pourtant, elle aussi est uniquement "financée par les entreprises ", reconnaît son promoteur Cyril Viguier, ancien directeur délégué aux programmes de La Cinquième. Son budget, d'environ 3 millions d'euros, a été notamment apporté par LVMH, Sanofi-Aventis, le groupe de service aux collectivités Veolia, ou encore le site Allociné.

M. Viguier a commencé de produire les premiers programmes. Pour séduire les "100 millions de visiteurs attendus à l'Exposition et être la chaîne française la plus vue au monde pendant six mois", Pavillon France Télévision mise sur le charme français. Comme parrain, elle a choisi Alain Delon, l'acteur français le plus populaire en Chine depuis son interprétation de Zorro... en 1975.

Dans une Chine réputée pudibonde, la chaîne française devrait connaître un certain succès grâce à des programmes tels que "Dix ans de sensualité dans le cinéma français", consacré aux plus belles actrices à l'affiche entre 2000 et 2010. Pour rentabiliser ce projet, la chaîne compte commercialiser ces programmes auprès des télévisions chinoises dès la fin de l'exposition.

Guy Dutheil et Yves Mamou
Article paru dans l'édition du 04.02.10


Ecrit par: P'tit Panda Jeudi 04 Février 2010 00h19
Les entreprises américaines invitées à défier la censure chinoise
LEMONDE.FR avec AFP | 03.02.10 | 12h27 • Mis à jour le 03.02.10 | 12h27

Trente multinationales du secteur des communications ont été appelées mardi à faire la lumière sur leur comportement en matière de droits de l'homme en Chine par un sénateur américain, qui s'inquiète des risques de collaboration en raison de la censure imposée par Pékin.

Dans une lettre adressée à ces sociétés, dont Apple, Facebook, IBM, Nokia et Twitter, le sénateur démocrate Dick Durbin donne en exemple le géant de l'Internet Google, qui a menacé de se retirer de Chine à la suite d'attaques informatiques dont il dit avoir fait l'objet. Google, qui a demandé des explications à Pékin, soupçonne le gouvernement chinois d'avoir cautionné le piratage de plusieurs boîtes e-mail de militants des droits de l'homme.

Dick Durbin n'est pas un sénateur comme les autres. Président de la sous-commission des droits de l'homme, il est élu de l'Illinois, comme Barack Obama, et est le "Party Whip" - le numéro 2 du parti démocrate - au Sénat.

"Je félicite Google d'être arrivé à la conclusion que coopérer avec 'la grande muraille informatique' n'est pas conforme à sa responsabilité en matière de droits de l'homme", a estimé M. Durbin, qui prévoit de réunir dans le courant février une audience au Congrès sur la liberté d'Internet dans le monde. Dans sa missive, le sénateur demande aux entreprises concernées de décrire les mesures qu'elles prennent "pour faire en sorte que [leurs] produits ou services ne permettent pas au gouvernement chinois de violer les droits de l'homme".

Ces sociétés sont appelées en outre à détailler leurs "plans pour défendre les droits de l'homme en Chine, en particulier la liberté d'expression et la protection de la vie privée". Twitter a annoncé la semaine dernière travailler à des moyens techniques de contourner les filtrages et blocages.




Ecrit par: P'tit Panda Jeudi 04 Février 2010 00h29
L'OCDE invite la Chine à accroître ses dépenses sociales
LE MONDE | 03.02.10 | 16h10 • Mis à jour le 03.02.10 | 16h10

Dans l'étude sur la Chine, publiée mardi 2 février, l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) délivre un satisfecit à ce pays dont "l'activité résiste remarquablement bien à la crise mondiale grâce à une action prompte et vigoureuse". Elle lui conseille de consolider la progression de son niveau de vie par une augmentation des dépenses publiques dans l'éducation, l'aide sociale, les retraites et la santé. Elle préconise une unification des systèmes de protection sociale, qui devraient être gérés au niveau national. Ces réformes contribueraient à réduire le taux excessif d'épargne chinois et à réorienter l'économie vers la consommation domestique. "Une plus grande flexibilité du taux de change irait aussi dans ce sens", note l'étude.


Alain Faujas
Article paru dans l'édition du 04.02.10

Ecrit par: P'tit Panda Jeudi 04 Février 2010 00h31
Barack Obama veut rencontrer le dalaï-lama malgré la colère de Pékin
LEMONDE.FR avec AFP | 02.02.10 | 21h12

Le président américain Barack Obama va rencontrer le dalaï-lama, a annoncé, mardi 2 février, un porte-parole de la Maison Blanche, alors que les relations entre Pékin et Washington traversent une phase de tensions. "Le président a dit aux dirigeants chinois lors de son voyage [à Pékin] l'année dernière qu'il rencontrerait le dalaï-lama, et c'est ce qu'il a l'intention de faire", a expliqué ce porte-parole, Bill Burton, en marge d'un déplacement de M. Obama à Nashua (New Hampshire, nord-est).

"Le dalaï-lama est une figure religieuse et culturelle respectée dans le monde entier, et c'est à ce titre que le président va le rencontrer", a précisé M. Burton, quelques heures après que la Chine eut mis en garde les Etats-Unis contre une telle rencontre, estimant qu'elle "minerait sérieusement" les relations entre les deux pays.

"Pour être clair, les Etats-Unis considèrent que le Tibet fait partie de la Chine. Nous sommes inquiets, sur le plan des droits de l'homme, sur la façon dont les Tibétains sont traités. Nous pressons le gouvernement chinois de protéger les traditions culturelles et religieuses uniques du Tibet", a ajouté M. Burton. Le dalaï-lama, leader spirituel tibétain en exil, est attendu aux Etats-Unis en février. Il doit donner une lecture publique à Los Angeles le 21 février.

"BÂTIR UNE RELATION POSITIVE AVEC LA CHINE"

"Comme le président l'a exprimé, nous espérons que notre relation avec la Chine est suffisamment mûre pour que nous puissions travailler sur des questions d'intérêt mutuel, comme le climat, l'économie mondiale et la non-prolifération [nucléaire], et discuter franchement et sans arrière-pensées des problèmes sur lesquels nous ne sommes pas d'accord", a souligné le porte-parole, en affirmant que "le président est engagé à bâtir une relation positive, complète et coopérative avec la Chine".

Une rencontre entre M. Obama et le dalaï-lama risque d'envenimer davantage les relations entre Pékin et Washington, au moment où elles traversaient déjà une phase délicate. La Chine, qui considère Taïwan comme une province rebelle appelée à réintégrer son giron, a suspendu la semaine dernière ses échanges militaires avec les Etats-Unis et annoncé des "sanctions appropriées envers les sociétés américaines impliquées" après que l'administration Obama eut scellé un contrat d'armement de plus de 6,4 milliards de dollars avec Taipei.

Les deux nations ont aussi un certain nombre de querelles commerciales à régler comme la menace de Google de quitter la Chine, sans parler de l'attitude de Pékin sur le dossier du nucléaire iranien ; la Chine continue de privilégier la voie du dialogue, alors que les Etats-Unis penchent pour de nouvelles sanctions.



Ecrit par: P'tit Panda Jeudi 04 Février 2010 00h32
Pékin refuse fermement toute rencontre entre Obama et le dalaï-lama
LEMONDE.FR avec Reuters | 03.02.10 | 07h25 • Mis à jour le 03.02.10 | 12h47

La Chine "s'oppose résolument" à une rencontre entre Barack Obama et le dalaï-lama, a déclaré, mercredi 3 février, le ministère des affaires étrangères, invitant Washington à mesurer "l'extrême sensibilité" de la question et le risque d'une nouvelle dégradation de relations bilatérales. Le président chinois Hu Jintao avait auparavant lui-même demandé à son homologue américain de renoncer à cette rencontre.

Pékin "s'oppose résolument à un contact entre le leader des Etats-Unis et le dalaï-lama sous quelque prétexte que ce soit et quelque forme que ce soit", pouvait-on lire dans le communiqué du ministère des affaires étrangère chinois. La Maison Blanche a confirmé que le président américain avait l'intention de rencontrer le chef spirituel des bouddhistes tibétains, éventuellement lors d'une visite de ce dernier aux Etats-Unis, ce mois-ci.

"POSITION CONSTANTE ET CONNUE"

Après les tensions suscitées ce week-end par un projet de ventes d'armes américaines à Taïwan pour un montant de 6,4 milliards de dollars (4,6 milliards d'euros), Pékin a annoncé, quelques heures plus tard, la suspension des relations militaires avec Washington ainsi que l'interruption du dialogue sur les questions de sécurité stratégique, de contrôle des armes et de prolifération nucléaire.

"Cette position est constante et connue", rappelle la diplomatie chinoise à propos du dialogue avec le leader tibétain en exil, soulignant qu'elle avait été répétée à M. Obama lors de sa visite en Chine, en novembre.

Le gouvernement tibétain en exil a rejeté la mise en garde de Pékin, jugeant qu'il n'y avait "pas de raison" pour que Barack Obama craigne une éventuelle entrevue. "De notre point de vue, nous avons le sentiment que le rôle des Etats-Unis est de faciliter un dialogue juste et honnête entre les émissaires du dalaï-lama et le gouvernement chinois", a résumé le porte-parole du gouvernement tibétain en exil.





Ecrit par: P'tit Panda Jeudi 04 Février 2010 00h38
Grandes manoeuvres autour des métaux rares
LE MONDE | 03.02.10 | 16h38 • Mis à jour le 03.02.10 | 18h38
Mountain Pass (Californie) Envoyé spécial

A quelques kilomètres de la frontière du Nevada, le long de la route I-15 qui traverse le désert californien du Mojave, le panneau est balayé par le vent : "Mountain Pass, 30 habitants". Au-delà des quelques baraques refroidies par la tempête qui secoue la Californie en cette fin janvier, un chemin goudronné conduit au site minier de Molycorp. Là se joue une bataille industrielle de portée mondiale.

Cette jeune entreprise américaine y relance la production d'un gisement de terres rares. Ces métaux stratégiques sont indispensables au développement de nombreux produits de haute technologie, comme les aimants pour les véhicules hybrides ou les éoliennes, et les alliages à destination de l'aéronautique ou des industries de la défense : pas de technologies vertes sans ces matériaux rares.

A l'image de Molycorp, les projets d'extraction de terres rares se multiplient à travers le monde. "C'est comme un remake mondial de la ruée vers l'or, avec tout ce que cela peut avoir de romantique et d'effet de mode dans certains milieux financiers", raconte Jack Lifton, consultant américain et spécialiste de ces minerais. La croissance de la demande pour ces métaux stratégiques et le poids écrasant de la Chine sur ce marché expliquent cette recherche de nouveaux gisements, notamment en Australie ou au Canada. Mais échapper à la mainmise chinoise n'est pas chose simple. Au-delà de l'extraction des terres rares, le savoir-faire industriel de la transformation des minerais est aussi indispensable.

La relance de la mine à ciel ouvert de Mountain Pass est le projet le plus avancé de la "contre-attaque". Un temps propriété de Chevron, la mine, ouverte en 1952, a produit des terres rares pendant une cinquantaine d'années avant d'être abandonnée en 2002. Le groupe pétrolier américain a alors jeté le gant à cause de problèmes environnementaux et de la concurrence chinoise. En 2008, un entrepreneur, Mark Smith, s'est associé à des financiers, parmi lesquels la banque Goldman Sachs, pour reprendre le site.

"Le marché croît et les clients industriels cherchent une alternative à la Chine", explique l'actuel PDG de Molycorp. La Chine a alimenté la ruée vers de nouveaux gisements en laissant entendre, au cours de l'été 2009, que des quotas de plus en plus stricts allaient peser sur ses exportations. Le gouvernement chinois veut en effet réserver une part croissante de sa production aux entreprises implantées sur son sol.

La Chine a investi le marché dans les années 1990, en profitant de la richesse de son sous-sol, notamment en Mongolie intérieure. "Il y a une réelle volonté chinoise de domination du marché mondial", souligne Christian Hocquard, économiste au Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM). Aujourd'hui, Pékin contrôle plus de 95 % de la production mondiale, qui s'est élevée à près de 124 000 tonnes en 2008, selon l'US Geological Survey, l'institut américain d'études géologiques. Mais les réserves mondiales sont réparties plus équitablement, entre la Chine, les Etats-Unis, les pays de l'ancienne URSS ou l'Australie. Ce qui suscite des vocations.

La domination chinoise inquiète industriels et gouvernements occidentaux et japonais. L'Union européenne dresse actuellement une liste des métaux indispensables à son industrie, tandis qu'en octobre 2009, le Congrès américain a demandé que soit évalué le risque qui pèse sur l'approvisionnement des Etats-Unis en terres rares, notamment pour ce qui touche aux systèmes militaires. Et tous s'interrogent sur l'opportunité de créer un stock de minerais, comme l'a fait le Japon.

La route des nouveaux pionniers des terres rares est semée d'embûches. Tout d'abord, comme le souligne Mark Smith, le patron de Molycorp, "il faut en gros dix ans entre la découverte d'un gisement et la mise en production de produits dérivés". L'extraction du minerai brut ne représente qu'une partie de l'aventure. "Il faut ensuite séparer les terres rares des autres minerais, et les trier entre elles", souligne l'économiste Christian Hocquard. De plus, dans certains gisements, des éléments radioactifs (uranium et thorium) sont associés aux terres rares et doivent en être séparés.

Une fois isolées, les terres rares sont traitées afin de donner naissance à des composés complexes. Or "les Chinois ont non seulement des atouts géologiques, mais aussi un avantage industriel puisqu'ils peuvent offrir toute la chaîne de transformation", note M. Hocquard.

De ce point de vue, Molycorp a une longueur d'avance sur ses concurrents. A Mountain Pass, dans trois grands hangars, les machines tournent déjà depuis plusieurs mois pour broyer le minerai extrait, le trier, et produire des poudres à base de quatre terres rares, qui sont vendues aux industries de la transformation.

Les machines sont actuellement alimentées par du minerai stocké au début des années 2000. En attendant la reprise de l'extraction dans le gisement, prévue en 2012, une fois la mine nettoyée de l'eau et des débris accumulés au cours de ses années d'inactivité.

Autre projet bien avancé : celui de la start-up australienne Lynas, qui possède un des plus riches gisements hors de Chine et développe un partenariat industriel avec le groupe français Rhodia-Silcea. Face à ce début de contre-attaque des Occidentaux, la Chine a commencé à tempérer son discours et son mode d'action. Elle a laissé entendre, ces dernières semaines, qu'elle pourrait augmenter un peu ses quotas d'exportation sur les premiers mois de 2010.

Bertrand d'Armagnac

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Dix-sept minéraux utilisés dans les secteurs de pointe

Famille. Les terres rares constituent une famille de 17 minerais qui se trouvent un peu partout sur le globe, mais dont l'extraction minière n'est viable économiquement que dans certaines régions. Les gisements recèlent des concentrations variables en différents types de terres rares, ce qui les rend plus ou moins intéressants à exploiter.

Applications. Les terres rares ont des applications dans de nombreux secteurs de pointe. Le néodyme intervient, par exemple, dans la fabrication d'aimants permanents, que l'on trouve dans les turbines des éoliennes, les disques durs informatiques ou les voitures hybrides. Le cérium est utilisé pour la catalyse automobile. Les lampes basse consommation, les écrans plats ou certains alliages nécessaires aux systèmes militaires font appel également à des terres rares.

Réserves. La Chine, qui contrôle 95 % du marché, détiendrait un bon tiers des réserves mondiales, selon l'US Geological Survey. Mais des gisements non exploités ont été localisés aux Etats-Unis, en Australie, en Russie ou en Inde. Ils pourraient, à terme, devenir économiquement exploitables.


Article paru dans l'édition du 04.02.10


Ecrit par: P'tit Panda Jeudi 04 Février 2010 00h39
Qui va décrocher la Lune ?
LE MONDE | 01.02.10 | 15h16 • Mis à jour le 01.02.10 | 15h16

Si la nouvelle course à la Lune devait être comparée à un sport, les Etats-Unis, tenants du titre depuis les missions Apollo, en étaient les grands favoris. Leur forfait, qui devait être rendu officiel, lundi 1er février, par la présentation au Congrès d'une proposition de budget qui ne finance plus le programme Constellation de la NASA, va donc logiquement bouleverser la physionomie de la compétition. Les équipiers, comme l'Europe et le Japon, vont devoir réviser leurs stratégies, et peut-être s'inventer leurs propres ambitions. Les autres concurrents vont aiguiser les leurs, sachant que désormais ils n'auront plus d'excuses à finir deuxième.

Ces prétendants déclarés, sont, aujourd'hui, au nombre de deux : Chine et Inde. Ce qui résume, en soi, le glissement du centre de gravité mondial vers l'Asie. Dans cette épreuve, où elles entendent gagner une reconnaissance de leur nouvelle importance, les deux puissances émergentes ne pèsent toutefois pas le même poids. La Chine a plusieurs coups d'avance, et une époque de retard, ce qui constitue un autre avantage. Son régime dictatorial et sa motivation très fortement nationaliste renvoient à l'époque où la conquête de la Lune était avant tout un effort de guerre froide.

Ce n'est pas un hasard si les Chinois, dans leur apprentissage du spatial, semblent à la fois revisiter les classiques des missions Apollo et les fondamentaux des vols soviétiques. Avec cependant une manière bien à eux de ne pas afficher trop vite, et trop clairement les objectifs. "Ils ont chaque fois procédé de la même façon, analyse Philippe Coué, spécialiste du spatial chinois et auteur de La Chine veut la Lune (A2C Médias, 2007). Jusqu'à la fin des années 1990, ils disaient avancer prudemment vers les vols habités, ils montraient quelques vagues études pour un avenir lointain. En réalité, ils étaient prêts, et tout le monde s'en est rendu compte avec le premier tir d'une capsule Shenzhou en 1999 qui a conduit au premier Chinois dans l'espace en 2003."

La première mission robotisée autour de la Lune, Chang'e-1, avait été précédée du même flou prudent avant son succès de 2007. Et aujourd'hui, la technique est reprise pour se risquer sur le terrain d'une conquête humaine de notre satellite naturel. "Peu après l'annonce du programme Constellation par les Américains, la Chine a fait savoir que la Lune aussi les intéressait, raconte Philippe Coué. Puis grand silence jusqu'en 2008, où un officiel a déclaré qu'ils se préparaient à cet objectif majeur. La date fixée pour cette arrivée d'un Chinois sur la Lune, 2025, n'a été évoquée que l'an dernier. Mais on peut parier que leurs plans sont beaucoup plus précis et avancés que ce qu'ils laissent entendre."

Pour l'heure Pékin assemble les pièces d'un puzzle extraordinairement complexe. Car, la NASA vient de s'en souvenir à ses dépens, aller sur la Lune est une entreprise ardue et coûteuse, dont le savoir-faire s'acquiert lentement et s'oublie très vite. Pour le grand public, le temps écoulé depuis la dernière mission Apollo, en 1972, a partiellement effacé les multiples opérations nécessaires à la réussite d'une expédition lunaire : fabriquer des fusées assez sûres pour embarquer les hommes, d'autres assez lourdes pour transporter le matériel ; maîtriser les "rendez-vous", arrimages entre les vaisseaux dans l'espace ; se placer en orbite lunaire, poser un module sur le sol de notre satellite, le faire redécoller ; après de nouveaux rendez-vous célestes, assurer son retour vers la Terre et surtout, une entrée fort délicate dans l'atmosphère.

La Chine est en train de découvrir tout cela. Le programme Shenzhou, au bout de trois vols habités, lui a permis de réussir la première sortie d'un cosmonaute dans l'espace. Les trois missions suivantes, prévues de 2011 à 2012, doivent aider à s'habituer aux techniques de "rendez-vous" autour d'un embryon de station spatial, Tiangong 1. Le programme Chang'e, centré sur l'exploration robotisée de la Lune, a déjà débouché sur une cartographie en 3D du sol lunaire par la première sonde en orbite, qui a fini par être délibérément précipitée sur son objet d'étude en mars 2009.

La sonde suivante doit achever, à la fin de cette année, ce travail de cartographie, dont la précision est en soi un aveu des futurs objectifs chinois. Puis deux autres engins, en 2012 et 2016, doivent permettre d'acquérir des techniques cruciales. Le premier en déposant un robot à propulsion nucléaire qui roulera, plusieurs mois durant, sur la surface. Le deuxième en ramenant sur Terre des échantillons des poussières locales.

Sur cette route balisée vers notre voisine, une étape décisive sera franchie lorsque Pékin aura lancé, vers 2015, sa fusée Longue Marche V, qui peut arracher 25 tonnes à la gravité terrestre. Certes, il manquera alors au dispositif un lanceur très lourd, comme les Saturn V d'Apollo, capables d'emporter plus de 100 tonnes. Mais avec sa nouvelle fusée, la Chine pourra déjà envisager de griller des étapes pour s'offrir quelques performances médiatiques autour de la Lune — à défaut de premières, toutes réalisées à l'époque par les Américains et les Soviétiques. "Il n'est pas interdit d'imaginer qu'ils puissent aller faire un simple tour de Lune vers 2017, dit Philippe Coué. Ou, avec deux lanceurs, qu'ils parviennent à se placer en orbite. La NASA a même envisagé qu'ils puissent réussir, en mobilisant quatre lanceurs et en maîtrisant parfaitement les rendez-vous, une première mission sur le sol lunaire."

Dans tous les cas, les cosmonautes se préparent d'arrache-pied. "Le Quotidien du peuple, qui est toujours fiable sur ces sujets, vient d'annoncer la création, à côté de Pékin, de plusieurs kilomètres carrés de terrain simulant la surface lunaire, dit M. Coué. Cela semble bien grand pour n'entraîner que des robots."

Dans le bac à sable des apprentis conquérants de la Lune, l'Inde fait en revanche figure de petit nouveau. Son agence spatiale (ISRO) ne maîtrise pas encore les vols habités, et elle n'a, pour l'heure, envoyé qu'une sonde autour de la Lune en 2009. Chandrayaan-1 a fonctionné un peu moins bien et moins longtemps qu'espéré, ce qui ne l'a pas empêché de contribuer à une première découverte scientifique : la mise en évidence d'une infime pellicule de molécules d'eau à la surface de notre satellite. La fierté qui a gonflé le pays, à l'occasion de la publication de ce résultat, a donné une idée de l'importance qu'il accorde à l'espace comme caisse de résonance de sa nouvelle vigueur économique et technologique.

L'ISRO ne pouvait donc pas faire moins que d'afficher un objectif extrêmement ambitieux : un cosmonaute indien sur la Lune vers 2025. Tenir cette échéance permettrait peut-être de doubler la Chine sur le fil alors que l'Inde ne prévoit pas de réaliser son premier vol habité avant 2015, soit douze ans après sa concurrente.

Pour gagner ce pari, l'Inde compte sur une botte secrète : une coopération étroite avec les Russes, qui eux connaissent bien la route de la Lune. Cette aide peut leur ouvrir quelques raccourcis. Ainsi Chandrayaan-2, qui doit poser en 2012 un robot sur le sol, fera-t-il l'objet d'une collaboration étroite avec Roskosmos, l'agence spatiale russe. Celle-ci vendra aussi aux Indiens un vol de Soyouz, vers 2013, pour aguerrir un équipage indien avant l'épreuve du premier vol orbital autonome, en 2015. S'ils font l'impasse sur l'étape station spatiale, que s'imposent les Chinois, les Indiens peuvent envisager de tenir leur objectif.

Mais cet appui des Russes peut placer ceux-ci dans une situation délicate. Les Chinois se sont en effet beaucoup inspirés de leurs Soyouz, et ils leur ont acheté nombre de modèles de scaphandres pour les sorties dans l'espace. Entre ces deux partenaires, les perdants de la première course à la Lune pourraient se retrouver en position d'arbitre de la deuxième compétition.

Jérôme Fenoglio
Article paru dans l'édition du 02.02.10


Ecrit par: P'tit Panda Jeudi 04 Février 2010 00h47
03 février 2010
Quand la Chine virtuelle s’éveillera…


En Europe et aux Etats-Unis, les “jeux sociaux”, qui permettent de jouer à des applications ludiques depuis les réseaux de socialisation, sont en plein essor. Avec plus de 70 millions d’agriculteurs virtuels, Farmville de l’entreprise Zynga, est l’exemple le plus évident de cette réussite.

Outre leur nombre d’utilisateurs, le modèle économique efficace : si l’accès au jeu est gratuit, l’utilisateur doit verser quelques centimes pour obtenir des objets indispensables à la progression de son avatar. En 2009, Zynga a ainsi réalisé un bénéfice de près de 135 millions d’euros. Et aux Etats-Unis, le marché globlal des biens virtuels a atteint 1 milliard de dollars, soit 678 millions d’euros. En Occident, le développement des jeux sociaux porte donc celui des biens virtuels.

Mais cela n’est pas le cas en Chine, qui est pourtant l’un des principaux marchés émergents du jeu vidéo. Dans ce pays, l’offre des jeux sociaux est pour le moins embryonnaire. Ce qui est étonnant, dans la mesure où le modèle “free to play”, qui permet d’avoir des jeux gratuits au contenu payant, est un modèle originaire d’Asie. Paradoxalement, les biens virtuels sont également très développés en Chine, puisqu’ils devraient représenter 5 milliards de dollars (3,6 milliards d’euros) en 2010.

Pourtant sur Facebook ou sur les réseaux sociaux chinois, seuls quelques titres ludique ont un succès, plutôt mesuré. Happy Farm, copie de Farmville réalisée par le développeur 5 Minutes, est l’un des rares à prétendre compter plus de vingt millions d’adeptes.

qq_2007_standard.1265141854.PNGComment comprendre, dès lors, que de telles applications stagnent, alors que plus de 120 millions de Chinois fréquentent les réseaux sociaux, parmi les 338 millions de connectés ? La première explication est que le public, assez conservateur, demeure grand consommateur de jeux en ligne “traditionnels”, tels que les jeux de rôle ou les sagas épiques.

Ce qui peut expliquer qu’il se tourne peu vers ce nouveau type de titres et que des entreprises locales, telles que Shanda, continuent d’engranger les bénéfices. En 2007, le marché du jeu en ligne chinois était estimé à à 1,46 milliard de dollars (1,05 milliard d’euros).

Mais les raisons de la stagnation des “jeux sociaux” sont aussi structurelles. Contrairement aux Etats-Unis ou en Europe, les réseaux de distribution des biens virtuels ne sont pas les sites de socialisation comme Facebook, mais les messageries instantanées, telles que Tencent’s QQ. Ce service a ainsi rapporté 720 millions de dollars (515, 5 millions d’euros) en 2008 en biens dématérisalisés. Xiaonei et Kaixin, principaux réseaux sociaux locaux sont quant à eux fermés aux développeurs d’applications tierces.

Si les réseaux sociaux s’ouvrent, le marché des jeux sociaux pourrait toutefois exploser en Chine, de la même manière qu’aux Etats-Unis en 2009, prévient le toutefois le site Inside social games. Quand la Chine virtuelle s’éveillera…

Laurent Checola

A lire aussi : Les réseaux sociaux, nouveaux terrains de jeu

Les jeux en ligne, “opium mental” de la Chine

Nouveau : lisez le blog Playtime, en téléchargeant l’application iPhone


s : http://playtime.blog.lemonde.fr/2010/02/03/quand-la-chine-virtuelle-seveillera/#xtor=RSS-32280322

Ecrit par: P'tit Panda Jeudi 04 Février 2010 01h00
Published on Rue89 (http://www.rue89.com)
Twitter s'attaque de front à la censure du Web en Chine
By Harold Thibault
Created 01/29/2010 - 16:24

(De Pékin) Après Google, c'est Twitter [1] qui s'en prend à la censure chinoise. Mais alors que le premier menace de quitter le pays, l'approche du second est plus radicale : passer outre le contrôle du Web, que cela plaise ou non aux autorités locales.

Twitter aussi en a assez et hausse le ton face à la censure en Chine. Après Google il y a deux semaines, le PDG du site de micro-blogging, qui n'est plus accessible depuis des mois en Chine, est monté au créneau jeudi au Forum économique mondial de Davos.

Mais alors que Google souhaite discuter avec les autorités chinoises et, à défaut de réponse jugée satisfaisante, quitter la Chine, l'approche de Twitter est plus frontale.
Evan Williams : « Nous sommes partiellement bloqués en Chine »

Selon l'International Business Times [2], Evan Williams a déclaré :

« Nous sommes partiellement bloqués en Chine et dans d'autres pays et nous l'étions également en Iran. La manière la plus efficace de se battre n'est pas de collaborer avec la Chine et autres gouvernements dont l'essence même est opposée à ce que nous sommes. »

Son entreprise est actuellement en train de travailler à développer des moyens de contourner la censure, a-t-il, en précisant que Twitter dispose d'un avantage : à la différence de simples sites web, les flux de Twitter sont distribués via plusieurs canaux, dont les applications pour téléphones portables et les sites de syndication, tels que les sites regroupant les flux RSS.

Twitter est de plus en plus souvent utilisé pour la transmission de messages d'opposition politique, en Iran comme en Chine. Dimanche, une manifestation sur Twitter [3] contre la « Grande muraille de l'internet » chinois avait réussi à faire remonter le mot clé au sommet des 10 sujets les plus évoqués du moment.
Hillary Clinton a appelé les entreprises américaines à refuser la censure chinoise

Cette démarche plus offensive de Twitter pose à nouveau la question de l'attitude que les entreprises étrangères doivent adopter face à la censure et, plus généralement, au gouvernement chinois. La problématique ne concerne d'ailleurs pas que les entreprises du monde virtuel.

Dans un discours sur Internet et les libertés [4] le 21 janvier, la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton appelait les entreprises américaines à refuser la censure. Elle ne disait pas ce qu'elle entendait par « refuser » : quitter le pays ou se donner les moyens de passer outre la censure ?

Alors que le contrôle du web s'est renforcé ces derniers mois, de plus en plus d'internautes chinois se dotent de réseaux privés virtuels [5] (VPN), sorte de tuyau virtuel permettant de crypter la connexion et de faire transiter les requêtes par l'étranger, et donc d'accéder aux sites interdits. Les censeurs ont bloqué la plupart des VPN gratuits mais certains payants restent accessibles.

En partenariat avec :
Aujourd'hui la Chine [6]


Manif virtuelle sur Twitter contre la censure du Web en Chine [3]
Bras de fer Google-Chine : vers un Internet chinois « harmonisé » [7]
Clinton transforme Internet en champ de bataille idéologique [4]
En Chine, Google peut compter sur une nouvelle "grande soeur" [8]
CDT Launches Social Bookmarking Project to Track Blocked Websites, sur China Digital Times (en anglais) [9]
URL source: http://www.rue89.com/chinatown/2010/01/29/twitter-sattaque-de-front-a-la-censure-du-web-en-chine-136017

Links:
[1] http://www.rue89.com/tag/twitter
[2] http://www.ibtimes.com/
[3] http://www.rue89.com/chinatown/2010/01/24/manif-virtuelle-sur-twitter-contre-la-censure-du-web-en-chine-135258
[4] http://www.rue89.com/chinatown/2010/01/22/clinton-transforme-internet-en-champ-de-bataille-ideologique-135044
[5] http://fr.wikipedia.org/wiki/Réseau_privé_virtuel
[6] http://www.aujourdhuilachine.com/
[7] http://www.rue89.com/chinatown/2010/01/13/bras-de-fer-google-chine-vers-un-internet-chinois-harmonise-133504
[8] http://www.aujourdhuilachine.com/actualites-chine-en-chine-google-peut-compter-sur-une-nouvelle-grande-soeur--13497.asp?1=1
[9] http://chinadigitaltimes.net/2010/01/cdt-launches-social-bookmarking-project-to-track-blocked-websites/

Ecrit par: P'tit Panda Jeudi 04 Février 2010 01h03
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Chine : des papys du Parti réclament la libération du dissident Liu Xiaobo
By Charlotte Cailliez
Created 01/25/2010 - 08:22

(De Pékin) Quatre vieux cadres du Parti communiste chinois (PCC) critiquent publiquement la condamnation du dissident Liu Xiaobo. Dans une lettre ouverte adressée « aux dirigeants du Parti et du gouvernement », ils remettent en cause, au nom du respect de la Constitution chinoise, la lourde peine de 11 ans de prison ferme infligée au dissident Liu Xiaobo [1], le 25 décembre dernier, pour avoir appelé à des réformes politiques en prenant part à la rédaction de la Charte 08 [2]. 



Comme il arrive parfois, des vétérans du PCC, sans doute protégés par leur âge - ils ont tous entre 80 et 90 ans - ont fait entendre leurs voix. C'est Hu Jiwei, ancien numéro un du Quotidien du Peuple qui a rédigé cette lettre. Les trois autres signataires sont Li Pu, ancien dirigeant de l'agence Chine Nouvelle, Dai Huang, ancien grand reporter de la même agence, et He Fang, membre honoraire de l'Académie des Sciences Sociales de Chine.

Cette lettre n'appelle pas explicitement à la libération de Liu Xiaobo mais He Fang, interrogé par Associated Press dimanche, a confirmé néanmoins qu'il s'agissait de« renverser le verdict, d'établir que Liu n'est pas coupable et de le relâcher », précisant qu'ils entendaient aussi « sauvegarder la Constitution et les droits de liberté d'expression ».

Les rédacteurs de la lettre, reproduite par l'organisation Chinese Pen Center, ne mâchent pas leurs mots :

« Si le juge viole la Constiution et ne connaît pas l'histoire du Parti… cela ternira l'image du pays et du Parti et il sera difficile de montrer que la Chine est un pays régi par la loi et une société harmonieuse ».

Ces quatre vétérans communistes sont des personnalités respectées et connues pour leurs positions libérales. Hu Jiwei a notamment tenté en juin 1989 de convoquer une séance d'urgence de l'Assemblée Nationale Populaire pour empêcher l'imposition de la loi martiale à Pékin, dans le but d'éviter la répression sanglante qui s'est abattue le 3 juin sur les étudiants. Cette tentative lui avait alors coûté son poste à la tête du quotidien officiel.

En partenariat avec :
Aujourd'hui la Chine [3]
M. Fillon, connaissez-vous le dissident chinois Liu Xiaobo ? [4]
Les dissidents chinois lancent leur Charte 08 et vont en prison [2]
En Chine, le combat continue malgré la condamnation de Liu Xiaobo, sur Aujourd'hui la Chine [5]
Communist party officials criticise Liu Xiaobo conviction, sur Guardian.co.uk [6]
URL source: http://www.rue89.com/chinatown/2010/01/25/chine-des-papys-du-parti-reclament-la-liberation-du-dissident-liu-xiaobo-135341

Links:
[1] http://www.rue89.com/M.+Fillon%2C+connaissez-vous+le+dissident+chinois+Liu+Xiaobo+%3F
[2] http://www.rue89.com/chinatown/2008/12/11/les-dissidents-chinois-lancent-leur-charte-08-et-vont-en-prison
[3] http://www.aujourdhuilachine.com/
[4] http://www.rue89.com/chinatown/2009/12/22/m-fillon-connaissez-vous-le-dissident-chinois-liu-xiaobo-130930
[5] http://www.aujourdhuilachine.com/actualites-chine-en-chine-le-combat-continue-malgre-la-condamnation-de-liu-xiaobo-13217.asp?1=1
[6] http://www.guardian.co.uk/world/2010/jan/24/liu-xiaobo-communist-party-letter

Ecrit par: P'tit Panda Jeudi 04 Février 2010 01h04
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Manif virtuelle sur Twitter contre la censure du Web en Chine
By Pierre Haski
Created 01/24/2010 - 14:37



En pleine crise entre Google et le gouvernement chinois, une véritable manif virtuelle s'est déroulée dimanche sur le site de microblogging Twitter, les internautes chinois s'étant donnés rendez-vous autour d'un mot-clé qu'ils ont fait monter dans le classement des thèmes les plus abordés du moment. Le mot-clé était symbolique : #GFW [1], c'est-à-dire Great Fire Wall, ou Muraille de Chine électronique [2], le système de contrôle et de censure du Web chinois.

Le paradoxe est que le site de Twitter est bloqué en Chine, mais de très nombreux internautes connaissent les moyens de contourner les interdits, et ont lancé ce mot d'ordre de manif virtuelle, tous les dimanche après-midi (heure chinoise) pour protester contre la censure.

En multipliant les tweets (messages de 140 caractères maximum) comportant le « hashtag » [3] (mot-clé) GFW, les cyber-manifestants ont pu faire monter ce mot-clé jusqu'à la deuxième place mondiale des « Trending Topics », c'est-à-dire le top 10 des sujets du moment. A l'heure de pointe de la « manif », les tweets portant le #GFW tombaient au rythme de 800 par minute.

Le numéro un, #nowplaying, étant un robot, les Chinois ont donc revendiqué le rang de premier Trending Topic humain pendant un moment, une manière neuve et résolument moderne de faire entendre sa voix.

Voici un exemple de messages très explicite provenant d'un internaute chinois. Le premier message est clair : « Fuck #GFW » !

Cette Twittmanif survient en plein bras de fer entre Google et les autorités chinoises [4], la firme américaine ayant accusé la Chine d'avoir tenté de pénétrer ses serveurs, et ceux de plusieurs autres entreprises étrangères, pour espionner des dissidents chinois. Google a cessé d'autocensurer son moteur de recherche chinois comme il le faisait précédemment à la demande de Pékin, au risque de se voir écarter du marché chinois.

Jeudi, la Secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a prononcé un important discours [5] programme sur la liberté sur le web, visant en particulier la Chine qui a vivement répliqué.

Avec leur « manif », les internautes chinois les plus engagés ont voulu eux aussi faire entendre leur voix. Mais Twitter étant bloqué en Chine, elle aura été plus entendue à l'étranger que dans leur propre pays, même si l'existence de ce noyeau dur de partisans d'un internet libre en Chine ne doit pas être sous-estimé.
Clinton transforme Internet en champ de bataille idéologique [5]
Bras de fer Google-Chine : vers un Internet chinois « harmonisé » [2]
Commander sur Fnac.com:
Internet et la Chine [6]
URL source: http://www.rue89.com/chinatown/2010/01/24/manif-virtuelle-sur-twitter-contre-la-censure-du-web-en-chine-135258

Links:
[1] http://twitter.com/#search?q=#GFW
[2] http://www.rue89.com/chinatown/2010/01/13/bras-de-fer-google-chine-vers-un-internet-chinois-harmonise-133504
[3] http://www.cmic.ch/2009/03/27/quest-ce-quun-hashtag-dans-twitter/
[4] http://www.rue89.com/chinamerique/2010/01/13/apres-des-annees-de-tolerance-google-refuse-la-censure-du-web-chinois-133474
[5] http://www.rue89.com/chinatown/2010/01/22/clinton-transforme-internet-en-champ-de-bataille-ideologique-135044
[6] http://livre.fnac.com/a2233189/Pierre-Haski-Internet-et-la-Chine?Origin=RUE89_EDITO

Ecrit par: P'tit Panda Jeudi 04 Février 2010 01h08
Published on Rue89 (http://www.rue89.com)
Clinton transforme Internet en champ de bataille idéologique
By Pierre Haski
Created 01/22/2010 - 19:34

Internet sera-t-il le terrain d'affrontement mondial du XXIe siècle ? Après la Guerre froide qui se mesurait en terme d'ogives nucléaires capables d'annihiler l'ennemi, après la croisade éphémère de l'administration Bush qui rêvait d'imposer la démocratie par les chars et les armes, la secrétaire d'État américaine Hillary Clinton a présenté jeudi Internet comme la nouvelle frontière de la liberté pour le monde.

Premiers visés, les dirigeants chinois ont réagi dès vendredi en dénonçant une approche idéologique utilisant la « soi-disant liberté d'Internet ». Un communiqué officiel [1] a rejeté les accusations de la secrétaire d'État qui avait appelé Pékin à enquêter sérieusement sur la récente tentative d'intrusion dans les serveurs de Google [2] que ce dernier attribue à des hackers chinois.

Un éditorial du Global Times [3], quotidien reflétant les vues du courant nationaliste au sein du pouvoir chinois, est allé plus loin en écrivant vendredi :

« La campagne des États-Unis en faveur d'une libre circulation de l'information sans censure sur un Internet sans restrictions constitue une tentative déguisée d'imposer leurs valeurs aux autres cultures au nom de la démocratie. »

A l'opposé, certains blogueurs chinois applaudissent l'offensive américaine en faveur de l'abolition de la censure et des contrôles, y voyant une référence directe à leur propre situation.

Le site China Digital Times a repéré ce détournement [4] (Voir la photo ci-dessous) par le blogueur chinois Chengcheng de la peinture de Delacroix, « La Liberté guidant le peuple », détournée en « Hillary guidant le peuple »…
Le risque de « se couper des progrès du siècle à venir »

Hillary Clinton, dont le discours était programmé avant le début du bras de fer entre Pékin et Google qui risque d'entraîner l'éviction du géant américain de Chine, a effectivement prononcé un plaidoyer en faveur d'un Internet sans frontières, sans barrières et sans censure. Un Internet unique à l'échelle mondiale, sans restrictions, qui deviendrait le « nouveau système nerveux du monde » :

« Les pays qui restreignent le libre accès à l'information ou violent les droits élémentaires des utilisateurs d'Internet risquent de se couper des progrès du siècle à venir ».

La secrétaire d'Etat a promis le soutien de l'administration au développement de systèmes pour contourner les blocages et les interdits sur le Web, et a demandé aux entreprises américaines, comme Google ou Yahoo, de refuser la censure et de privilégier les valeurs au profit à court terme… Elle est restée dans le flou sur les aspects concrets de cette posture libertaire.
La nouvelle frontière des libertés

Ce discours fait effectivement du Web la nouvelle frontière de la liberté dans le monde, mais aussi un nouveau terrain d'affrontement à la fois idéologique et même « guerrier » entre nations et groupes rivaux au XXIe siècle.

Dans sa ligne de mire, à la fois les pays cyberliberticides, citant nommément cinq d'entre eux : Chine, Iran, Ouzbékistan, Tunisie et Égypte ; mais aussi Al Qaeda [5] et ceux qui détournent cet espace de liberté au profit de causes extrémistes ou liées au terrorisme.

Ce discours permet d'envisager les affrontements de demain, ceux de la cyberguerre dont la Chine est loin d'avoir le monopole et dont on sait que tous les grands pays s'y préparent activement, et ceux des interdits et des moyens de les contourner, qui, de Pékin à Téhéran, du Caire à Tunis, sont devenus des enjeux majeurs de notre époque.

Le revers de la médaille de la posture d'Hillary Clinton ? Elle risque aussi de trouver sur sa route certains de ses amis et leur volonté de contrôler [6] et de restreindre le flux libre d'informations. Son plaidoyer en faveur de l'espace de liberté sur la toile malgré les excès tranche avec le discours dominant négatif entendu en France ou en Italie [7], et les mesures restrictives qui se multiplient.
Reste à attendre des actions concrètes

La vraie question tient aux moyens que l'administration américaine entend mettre au service de cette vision. Ethan Zuckerman, fondateur du site Global Voices [8] (cité par Rebecca McKinnon [9]) qui donne la parole aux internautes du monde entier dans une douzaine de langues, résume ainsi l'enjeu du discours :

« C'est encourageant de voir Clinton et le département d'État être sans ambiguïtés du bon côté sur ces questions. Mais il est difficile de savoir s'il y aura des conséquences concrètes à ces mots, au-delà d'un exposé vertueux d'aspirations.

Espérons donc que la prochaine étape sera une discussion sur les moyens d'aller au-delà des mots, pas seulement sur la censure, mais sur cette idée provocatrice de la “liberté de se connecter”, et la vision du “nouveau système nerveux planétaire”. »

La réponse à cette question est attendue avec intérêt dans des pays comme la Chine ou l'Iran, à la fois par ceux qui cherchent à élargir leur espace de liberté très relative sur Internet et par ceux qui voient dans l'attitude américaine l'amorce d'une nouvelle guerre froide, cyber celle-là.

"La Liberté guidant le peuple" détourné avec le visage d'Hillary Clinton
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Bras de fer Google-Chine : vers un Internet chinois « harmonisé » [10]
Ces démocraties qui surveillent Internet d'un peu trop près [11]
Clinton speaks on Internet freedom, sur Rconversation.com [9]
Censure : les webTV en Italie, c’est fini, sur readwriteweb.com [7]
La guerre froide du web a-t-elle commencé entre la Chine et les Etats-Unis ?, sur Aujourd'huilachine [12]
URL source: http://www.rue89.com/chinatown/2010/01/22/clinton-transforme-internet-en-champ-de-bataille-ideologique-135044

Links:
[1] http://fr.news.yahoo.com/3/20100122/twl-usa-chine-presse-internet-224d7fb.html
[2] http://www.rue89.com/chinamerique/2010/01/13/apres-des-annees-de-tolerance-google-refuse-la-censure-du-web-chinois-133474
[3] http://www.globaltimes.cn/
[4] http://chinadigitaltimes.net/2010/01/hillary-clinton-calls-on-china-to-probe-google-attack/
[5] http://www.rue89.com/tag/al-qaeda
[6] http://www.rue89.com/Ces+d%C3%A9mocraties+qui+surveillent+Internet+d%27un+peu+trop+pr%C3%A8s
[7] http://fr.readwriteweb.com/2010/01/18/a-la-une/video-internet-italie-censure/
[8] http://globalvoicesonline.org/
[9] http://rconversation.blogs.com/rconversation/
[10] http://www.rue89.com/chinatown/2010/01/13/bras-de-fer-google-chine-vers-un-internet-chinois-harmonise-133504
[11] http://www.rue89.com/2009/03/12/ces-democraties-qui-surveillent-internet-dun-peu-trop-pres
[12] http://www.aujourdhuilachine.com/actualites-chine-la-guerre-froide-du-web-a-t-elle-commence-entre-la-chine-et-les-etats-unis--13420.asp?1=1

Ecrit par: P'tit Panda Jeudi 04 Février 2010 01h10
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Chine : les hackers s'attaquent aux mails de la presse étrangère
By Harold Thibault
Created 01/19/2010 - 16:10

(De Pékin) Décidément, les hackers font preuve d'un intérêt nourri pour les personnes traitant de sujets sensibles en Chine. Après l'avocat des droits civiques Teng Biao [1] et l'artiste militant Ai Wei Wei [2], les comptes de courrier électronique Gmail de plusieurs journalistes étrangers ont été piratés, vraisemblablement afin de récupérer leurs messages et donc leurs contacts sensibles.

Le club des correspondants étrangers en Chine [3] l'a annoncé sur son site Web :

« Des correspondants étrangers de plusieurs bureaux à Pékin ont récemment découvert que leurs comptes Gmail avaient été piratés. Leurs e-mails étaient transférés à une adresse étrangère.

Nous rappelons à tous les membres que les journalistes en Chine ont particulièrement été la cible d'attaques de hackers au cours des deux dernières années.

Veuillez être très prudents [4] quant aux liens sur lesquels vous cliquez, aux pièces jointes d'e-mails que vous ouvrez, et faites régulièrement un contrôle des virus ».

Une journaliste d'Associated Press ciblée par les attaques

L'un des comptes Gmail en question appartient à une journaliste d'Associated Press, a fait savoir l'agence américaine. John Daniszewski, un responsable du service international d'AP, a déploré cette intrusion et annoncé que l'agence enquêterait pour déterminer si le secret de certaines informations n'a pas été compromis.

La curiosité des hackers pour les activités de la presse étrangère et les contacts des reporters n'est pas vraiment nouvelle en Chine. Mais la dénonciation par Google [5] d'une attaque de grande ampleur contre ses serveurs et ceux de plusieurs firmes étrangères -34 selon un expert-, visant à récupérer des informations concernant des militants des droits de l'Homme a mis en avant les limites de la confidentialité des informations sur le Web.

Ces doutes interviennent au moment où, selon le Wall Street Journal, Google enquête pour déterminer si certains de ses employés en Chine ont joué un rôle quelconque dans ces attaques.
Selon RSF, les hackers voulaient obtenir des informations sur des militants

Dans un communiqué, l'organisation Reporters sans frontières [6] a exprimé son indignation et sa vive inquiétude :

« En visant des journalistes étrangers basés à Pékin, les hackers tentaient probablement d'obtenir des contacts et des informations sur ces militants des droits de l'Homme qui acceptent de parler à la presse étrangère.

Compromettre les moyens de communication de ces reporters revient à mettre en danger leurs sources et à les intimider, et constitue une grave atteinte à la liberté d'informer et à leur vie privée et professionnelle ».

La journaliste de télévision d'AP dont le compte a été hacké a indiqué à RSF que ses emails avaient été transférés vers un autre compte, inconnu :

« Ma vie privée a été violée. Et tellement de gens ont été mis en danger par ces fuites, c'est horrible. »

La semaine dernière, plusieurs militants des droits de l'homme ont reconnu avoir été victimes des hackers de la même manière. Plusieurs journalistes étrangers évoquent par ailleurs des dysfonctionnements de leur boîte Gmail tout en précisant n'avoir aucune preuve qu'elle a été attaquée.
Phishing et chevaux de Troie pour la presse française

Bien que Google semble particulièrement visé par ces attaques, alors qu'il envisage de se retirer de Chine, les autres moyens de communication sur le web ne sont pas en reste. Certains journalistes étrangers font état de mystérieux problèmes de connexion via le logiciel Skype, sur lequel ils apparaissent hors ligne alors qu'ils se sont pourtant connectés.

Un média français a par ailleurs fait l'objet d'une tentative de phishing [7], un procédé permettant de récupérer les mots de passe de boîtes mail ou de comptes bancaires.

Au moment d'entrer son mot de passe pour accéder à sa messagerie professionnelle, l'utilisateur se voyait proposer un formulaire ressemblant à s'y méprendre à la page habituelle mais qui en était un faux. Une ruse qui devait permettre de récupérer son mot de passe, et donc d'accéder à tous ses messages.
Un message sur une mobilisation d'étudiants pour attirer les journalistes

Fin septembre, au moins une dizaine de journalistes étrangers à Pékin ont reçu des mails alléchants contenant des virus.

Un premier message, expliquant que « Des étudiants pékinois protestent contre la détention de leur professeur ». Le lendemain, un second concernant la grippe H1N1 et contenant un soi-disant formulaire du Centre de contrôle et de prévention des maladies.

Deux sujets particulièrement attirants pour la presse étrangère, mais les pièces jointes, des fichiers Word et Excel, contenaient en réalité chacune un cheval de Troie [8], virus espion permettant de pénétrer dans l'ordinateur attaqué avant d'en prendre le contrôle.

Photo : le siège de Google en Chine (Alfred Jin/Reuters)

En partenariat avec Aujourd'hui la Chine :

Aujourd'hui la Chine [9]
Bras de fer Google-Chine : vers un Internet chinois « harmonisé » [10]
A Pékin, une veillée funèbre pour Google [11]
Les comptes Gmail de plusieurs médias étrangers hackés, leurs sources mises en danger, sur rsf.org [6]
Le site du Club des correspondants étrangers en Chine [3]
URL source: http://www.rue89.com/chinatown/2010/01/19/les-hackers-sattaquent-aux-mails-de-la-presse-etrangere-en-chine-134454

Links:
[1] http://www.rue89.com/chinatown/deux-avocats-exclus-du-barreau-pour-leur-defense-des-tibetains
[2] http://www.rue89.com/chinatown/2009/09/08/ai-weiwei-lart-de-la-provocation
[3] http://www.fccchina.org/
[4] http://www.fccchina.org/2010/01/18/ensuring-your-gmail-security/
[5] http://www.rue89.com/chinamerique/2010/01/13/apres-des-annees-de-tolerance-google-refuse-la-censure-du-web-chinois-133474
[6] http://www.rsf.org/Les-comptes-Gmail-de-plusieurs.html
[7] http://fr.wikipedia.org/wiki/Hameçonnage
[8] http://fr.wikipedia.org/wiki/Cheval_de_Troie_(informatique)
[9] http://www.aujourdhuilachine.com/
[10] http://www.rue89.com/chinatown/2010/01/13/bras-de-fer-google-chine-vers-un-internet-chinois-harmonise-133504
[11] http://www.rue89.com/2010/01/14/a-pekin-une-veillee-funebre-pour-google-133641

Ecrit par: P'tit Panda Jeudi 04 Février 2010 01h11
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Les "camarades" interdits d'élire Mister Gay en Chine
By Mathilde Bonnassieux et Harold Thibault
Created 01/16/2010 - 19:46

(De Pékin) A Pékin, la police a annulé l'élection de Mr Gay China, quelques minutes avant l'événement. Candidats et organisateurs n'ont pas caché leur déception.

Ce devait être un événement symbolique pour la reconnaissance de la communauté homosexuelle en Chine, organisé dans le très branché club Lan [1], conçu par Philippe Starck, vendredi, dans le quartier des affaires de Pékin. Mais la police a décidé d'annuler le concours de beauté des « camarades », le surnom des homosexuels en Chine, environ une demi-heure avant qu'il ne débute.

Des policiers sont venus expliquer aux organisateurs que l'événement ne devait pas avoir lieu, pour des problèmes d'autorisations administratives, selon un responsable du concours.

Michael Cai, un des co-organisateurs de l'événement, se désole :

« Malheureusement, cela n'aura pas lieu. Cela aurait été bien pour le pays, de mettre la Chine sur la carte. »

Car après son élection nationale, Mr Gay devait représenter la Chine lors de l'élection de Mr Gay Monde [2], qui aura lieu à Oslo.
« Nous sommes des êtres humains »

L'un des candidats fait part de sa déception et de son incompréhension :

« Je ne sais pas, je crois que le gouvernement a clos l'événement. De toute évidence, nous sommes dans un pays communiste, donc l'homosexualité n'est pas autorisée. Maintenant je sais, le communisme, le socialisme, c'est génial. »

Son sentiment ?

« Je me sens déçu, pas parce que je ne peux plus participer à la compétition, mais parce que (…) la Chine se développe et tout le monde observe la Chine. Et le gouvernement devrait faire quelque chose, pas (agir) comme ça. Nous sommes des êtres humains. Nous sommes gays, mais nous sommes quand même des êtres humains. »

Un peu plus loin, Xiao Gang, directeur de l'association Queer Comrades [3], répond aux questions d'une horde de journalistes étrangers.

« Je me sens triste bien sûr, les gens avaient organisé depuis longtemps, (ils) voulaient organiser cet événement pour donner une image positive de la communauté gay. »

Mais en guise d'événement, la salle devait être évacuée à 21 h, ont précisé les policiers. Les organisateurs se félicitaient pourtant d'avoir fait les démarches nécessaires. La soirée avait d'ailleurs été annoncée bien à l'avance. Y compris dans la presse dépendante des autorités, mais seulement en anglais. Ainsi, sur la version en anglais de son site, l'agence officielle Chine Nouvelle évoquait aussi le concours. Pas sur sa page en chinois.

Pourquoi l'annonce de la police fût-elle aussi tardive ? La police était passée à 18h et n'avait rien dit, selon une personne présente à ce moment. Mais à 20h30, la donne avait changé.

« Ils sont juste venus et ont dit que nous n'avions pas certains papiers ou je ne sais pas quoi » dit Xiao Gang.

« Mon opinion, c'est que cela va faire que plus de personnes s'y intéresseront, on a vraiment besoin de se lever maintenant et de dire que l'on n'a rien fait de mal ».

« Une chose très nouvelle en Chine »

Le pull de son uniforme retourné « pour ne pas effrayer les gens », mais l'écusson « police » encore lisible à l'envers, un agent contrôle poliment les cartes de presse des journalistes présents tout en expliquant que cela n'a rien à voir avec l'homosexualité. Il confie toutefois :

« Vous savez, c'est une chose très nouvelle en Chine ».

Tranquillement, les gens partent. Sur un panneau de l'événement à l'entrée du club, une personne a inscrit « meilleurs voeux Mr Gay China » tandis qu'un autre a repris l'une des dernières citations du très respecté fondateur de la République de Chine, Sun Yat-Sen [4] :

« La révolution n'est pas encore achevée, les camarades devront continuer à faire des efforts ».

Photo : un participant à l'élection de « Mister Gay China » après l'annulation de l'événement par la police (Jason Lee/Reuters)

En partenariat avec Aujourd'hui la Chine
Aujourd'hui la Chine [5]
En Chine, les femmes de gays sortent du placard [6]
Sexe : quand la Chine batifolera… [7]
L'homosexualité en Chine : Plus de tolérance, moins de préjudice, sur Le Quotidien du Peuple (en français) [8]
Chine : Les homosexuels de Pékin vivent dans l'ombre, sur touristiquementgay.com [9]
Commander sur Fnac.com:
histoire de camarades:les homosexuels en chine [10]
A l'Est des nuages, carnets de Chine [11]
URL source: http://www.rue89.com/chinatown/2010/01/16/les-camarades-interdits-delire-mister-gay-en-chine-133944

Links:
[1] http://www.thebeijinger.com/directory/Lan-Club
[2] http://www.worldwidemrgay.com/
[3] http://www.queercomrades.com/blog/beijing-santacon/
[4] http://fr.wikipedia.org/wiki/Sun_Yat-sen
[5] http://www.aujourdhuilachine.com/
[6] http://www.rue89.com/chinatown/2009/07/02/en-chine-les-femmes-de-gays-sortent-du-placard
[7] http://www.rue89.com/rue69/sexe-quand-la-chine-batifolera
[8] http://french.peopledaily.com.cn/french/200203/04/fra20020304_52722.html
[9] http://www.touristiquementgay.com/actualites/actualites08-25-2008-homosexuels-de-pekin-vivent-dans-ombre.php
[10] http://livre.fnac.com/a940498/Gany-Wu-histoire-de-camarades-les-homosexuels-en-chine?Origin=RUE89_EDITO
[11] http://livre.fnac.com/a2728148/Vincent-Hein-A-l-Est-des-nuages-carnets-de-Chine?Origin=RUE89_EDITO

Ecrit par: P'tit Panda Jeudi 04 Février 2010 01h15
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Prada se paye un artiste chinois pour sa pub
By Pierre Haski
Created 01/19/2010 - 06:55

Jusqu'ici, pour moi, l'artiste Yang Fudong [1], c'était d'abord ça :
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Ce « premier intellectuel », révolté, le pavé à la main, mais ne sachant visiblement pas trop contre quoi ou contre qui le lancer. Et cette posture à cheval sur la ligne jaune pouvait donner lieu à toutes les interprétations les plus subtiles.

C'était aussi ce film en cinq parties, « Sept intellectuels dans une forêt de bambou », présenté à la Biennale de Venise 2007, et qui, sur un mode très poétique, prolongeait ce travail initial sur une Chine entre plusieurs mondes (voir cette photo d'écran réalisée à Venise).

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Il va falloir s'y habituer. Yang Fudong, c'est aussi ça :

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Cette capture d'écran provient d'un film réalisé par Yang Fudong pour Prada [2], la marque de luxe italienne, et qui accueillait le visiteur sur la home page du site du New York Times [3] lundi.

Yang Fudong a réalisé pour Prada un film noir et blanc, « First Spring », situé dans un espace temps incertain, entre le Shanghaï mythique des années 30 et un monde intemporel, avec des personnages élégants (en Prada évidemment), Chinois et Occidentaux, qui évoluent lentement, sans but.

Un film esthétiquement très léché et réussi, mais aussi creux que l'objectif de l'oeuvre qui est de nous faire acheter les produits de la marque italienne.

Prada présente ce film comme :

« une nouvelle direction excitante pour la communication de la marque au début de cette décennie ».

En clair, Prada s'engouffre à son tour dans la brèche ouverte par les artistes contemporains qui collaborent de plus en plus avec le secteur du luxe. Et s'il y avait un endroit pour commencer pour la marque italienne, c'est évidemment en Chine, nouvel eldorado du luxe international, avec ses millions de nouveaux riches quand les Occidentaux comptent d'abord leurs dettes.

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photos : « The First Intellectual » (Pierre Haski/Rue89) ; « Seven Intellectuals in a bamboo forets » par Yang Fudong (Pierre Haski/Rue89) ; captures d'écran de « First spring » de Yang Fudong, sur le site du New York Times.
Ai Weiwei, « l'art de la provocation » [4]
Art contemporain : Mao fait encore vendre [5]
First Spring, le film de Yang Fudong pour Prada [2]
Seven Intellectuals in a bamboo forest, sur Asiasociety.org [6]
Commander sur Fnac.com:
Yang Fudong, no snow on the broken bridge [7]
URL source: http://www.rue89.com/chinatown/2010/01/19/prada-se-paye-un-artiste-chinois-pour-sa-pub-134450

Links:
[1] http://china.shanghartgallery.com/galleryarchive/artists/name/yangfudong/intro
[2] http://www.prada.com/firstspringmovie
[3] http://global.nytimes.com/
[4] http://www.rue89.com/chinatown/2009/09/08/ai-weiwei-lart-de-la-provocation
[5] http://www.rue89.com/chinatown/art-contemporain-mao-fait-encore-vendre
[6] http://sites.asiasociety.org/yangfudong/
[7] http://livre.fnac.com/a1845112/Hans-Ulrich-Obrist-Yang-Fudong-no-snow-on-the-broken-bridge?Origin=RUE89_EDITO

Ecrit par: P'tit Panda Vendredi 05 Février 2010 09h58
L'animation élargit son public grâce aux nouveaux médias
Mise à jour 05.02.2010 09h10

Les nouveaux médias sont un support de plus en plus populaire auprès du public et cela n'a pas échappé aux animateurs. Un festival consacré à l'animation dans les nouveaux médias, le premier du genre en Chine, va bientôt ouvrir ses portes à Shenzhen.

Le premier festival international d'animation dans les nouveaux médias de Chine aura lieu à Shenzhen en mai.

Il est organisé par l'Administration d'Etat de la radio, du film et de la télévision et vise à promouvoir l'animation dans les nouveaux médias tels que l'internet, la télévision mobile dans les transports, les bureaux et sur les téléphones portables.

Wang Maoliang

PDG, Compagnie de la radio, du film

et de la télévision de Shenzhen

"Beaucoup de productions d'animation ne sont pas adaptables aux grilles de programmation de la télévision et c'est dommage. Les nouveaux médias, au contraire, connaissent une pénurie de films d'animation. Le festival offre ainsi une opportunité de remédier à cette lacune."

Le festival sera l'occasion d'inaugurer un nouveau prix, remis aux films d'animation méritants créés pour les nouveaux médias.

Les investisseurs pourront également rencontrer des professionnels du milieu et investir dans cette nouvelle industrie.

Source: CCTV

Ecrit par: P'tit Panda Vendredi 05 Février 2010 10h02
Mise à jour 04.02.2010 10h53
Un magnat de l'immobilier shanghaien cherche à acheter ATV


Le magnat de l'immobilier shanghaien Wang Jing serait sur le point de conclure un accord pour prendre une part majoritaire dans la chaîne de télévision hongkongaise Asia Television Limited (ATV), en grandes difficultés financières, a annoncé l'Oriental Morning Post.

Wang Jing, président du géant de l'immobilier Rongfeng Holding Corp., coté à la bourse de Shanghai, est en pourparlers avec plusieurs actionnaires. Si ces discussions aboutissent, cela lui assurerait 61% des parts, d'après l'article.

Mais deux des principaux actionnaires se sont publiquement empoignés à propos du destin de cette chaîne de télévision, qui perd de l'argent.

Le magnat hongkongais Payson Cha Mou-sing, qui détient actuellement une part majoritaire dans ATV souhaite solder son compte avec la chaîne, alors que le milliardaire taiwanais Tsai Eng-Meng, qui avait d'abord refusé la participation de M. Cha, s'oppose maintenant à cette transaction et affiche son intention d'injecter des millions pour faire revivre la chaîne de télévision.

ATV est engluée dans des difficultés depuis des années, enregistrant des pertes annuelles dépassant un million de dollars HK. L'année dernière, elle avait même dû licencier des centaines d'employés dans l'espoir de réduire ses coûts.

Wang Jing, né et élevé à Shanghai, a atteint sa position actuelle grâce à des transactions sur des terrains. Désormais résident de Hong Kong, il a également investi dans l'immobilier de cette région.

Derrière lui, les enchérisseurs potentiels comptent également un banquier de casino de Macao et un homme d'affaires hongkongais du secteur des médias.

Source: le Quotidien du Peuple en ligne

Ecrit par: P'tit Panda Dimanche 07 Février 2010 02h12
"Juge Bao et le phoenix de jade", de Patrick Marty et Chongrui Nie : réincarnation réussie du mythique juge Bao
LE MONDE DES LIVRES | 04.02.10 | 12h54 • Mis à jour le 04.02.10 | 12h54

Les Chinois qui suivent ses aventures à la télévision en ont fait un mythe. Les lecteurs francophones qui se plongeront dans Juge Bao et le phoenix de jade, première aventure politico-judiciaire du juge Bao traduite en français, y découvriront un retour aux sources de la BD chinoise, loin des manhuas, ces mangas chinois. Ils y décèleront aussi une critique à peine voilée des dérives actuelles de la croissance chinoise : le juge Bao, qui vécut réellement au XIe siècle, acquit surtout sa réputation d'intégrité et de droiture en luttant contre la corruption et la spéculation...

Imprimé en noir et blanc à 12 000 exemplaires, dans un format à l'italienne, ce premier tome d'une série de neuf BD raconte la manière dont le magistrat précipite la chute de notables qui, tout à leur ambition de créer "une cité nouvelle", menacent, emprisonnent ou tuent ceux qui refusent de leur livrer leur maison.

Le scénario du Français Patrick Marty, qui injecte des zestes de fiction dans les enquêtes historiquement documentées du juge Bao, et les dessins au trait contrasté de l'artiste pékinois Chongrui Nie (exposés au récent Festival d'Angoulême), vont de quartier populaire en maison de thé, de prison en palais préfectoral, d'auditions en rixes sur les toits, sur fond de trahison, de vol, de meurtre et de mariage arrangé.

Cette résurrection éditoriale du juge Bao est due à une jeune éditrice chinoise, Ge Fei Xu. Autodidacte, cette trentenaire dont le destin est tellement ahurissant qu'il devrait faire l'objet d'un livre témoignage publié en mai aux éditions XO a conçu la série du Juge Bao, ainsi que des collections de BD pour enfants et adolescents.

"La BD sert à apprendre", insiste la jeune femme, en rappelant le rôle des "livres de petites gens" (BD à bas prix, une case ou deux par page) dans l'éducation du peuple chinois. Ge Fei Xu a vendu les droits de sa version française du Juge Bao en Chine ; et elle a négocié trois versions (chinois, anglais, français) de cette première BD de son héros médiéval pour l'iPhone.

JUGE BAO ET LE PHOENIX DE JADE de Patrick Marty et Chongrui Nie. Ed. Fei, 160 p., 7,50 €.


Yves-Marie Labé
Article paru dans l'édition du 05.02.10

Ecrit par: P'tit Panda Mardi 09 Février 2010 20h50
Les nouvelles ambitions chinoises dans la banque d'investissement
LE MONDE | 09.02.10 | 16h24 • Mis à jour le 09.02.10 | 16h24

La Chine dispose de quantités de réserves de devises, a devant elle de belles perspectives de croissance et compte certaines des plus grandes banques au monde. En revanche, elle est encore peu présente dans la banque d'investissement. Mais la China International Capital Corporation (CICC) semble destinée à combler cette lacune. Selon des sources proches de cet établissement, la CICC a passé les dix-huit derniers mois à débaucher trente financiers expérimentés de sociétés étrangères et chinoises.

Le chemin à parcourir pour devenir un acteur de niveau mondial n'a rien d'une promenade de santé, mais la CICC peut exploiter le créneau prometteur de l'assistance aux entreprises et aux investisseurs étrangers désireux de travailler en Chine.

La banque a un certain nombre d'atouts à son actif pour réussir. Dirigée par le fils d'un ancien premier ministre, elle a été l'intermédiaire financier privilégié de toutes les grandes entreprises publiques au cours des dix dernières années, ce qui lui a permis d'acquérir une connaissance pointue des filières économiques nationales, une solide expertise en matière de restructuration et un réseau de relations sans égal.

La CICC est déjà la première banque pour les opérations sur le marché des capitaux chinois, avec une part de marché de 17,1 % en 2009 d'après Thomson Reuters. Aucun autre établissement n'est mieux placé pour conseiller les entreprises contrôlées par l'Etat et obtenir toutes les autorisations réglementaires nécessaires. Mais pour ce qui est des opérations transnationales, la CICC ne se classe qu'en troisième position avec 8,2 % du marché.

Ses nouvelles recrues devraient l'aider à passer à la vitesse supérieure. Mais il faudra compter avec la concurrence : la hongkongaise CLSA et la coréenne Mirae Asset Securities ont adopté la même stratégie. CLSA, qui se concentre sur l'Asie, réalise l'essentiel de ses profits avec des clients installés en dehors de la zone. De son côté, la banque japonaise Nomura a d'ores et déjà acquis une stature internationale depuis qu'elle a repris les activités de Lehman Brothers en Europe.

Si la CICC a les moyens d'attirer des talents, il lui faudra du temps et beaucoup d'argent pour faire valoir un bon niveau d'expertise et de crédibilité à l'étranger. Pour l'instant, elle prend peu de risque. Le coût des derniers recrutements entamera à peine les bénéfices.

Et elle fait bien de se montrer prudente, car elle doit trouver le moyen de neutraliser le handicap que sa rentabilité insolente et ses liens avec le gouvernement chinois représentent. La clientèle étrangère pourrait hésiter à faire confiance à une institution qui incarne de façon aussi éclatante les ambitions internationales de la Chine.

(Traduction de Christine Lahuec.)
Plus de commentaires sur l'actualité économique et financière sur Breakingviews.com.


Wei Gu
Article paru dans l'édition du 10.02.10


Ecrit par: P'tit Panda Mardi 09 Février 2010 20h52
La Chine achète pour 60 milliards de dollars de charbon australien
LE MONDE | 09.02.10 | 16h26 • Mis à jour le 09.02.10 | 16h26

La société australienne Resourcehouse Limited, que préside le milliardaire Clive Palmer a confirmé, mardi 9 février, avoir signé avec la compagnie d'électricité China Power International Holding un contrat géant portant sur la fourniture de 30 millions de tonnes de charbon "vapeur" par an pendant vingt ans, pour un montant de 60 milliards de dollars (43,7 milliards d'euros). Ce charbon sera extrait de la mine China First, en cours d'aménagement dans l'Etat du Queensland. Cette mine, sa voie ferrée et son port dédiés, pour lesquels les Chinois ont apporté la plus grande partie des 8 milliards de dollars requis, entreront en exploitation en 2013 et créeront plus de 50 000 emplois.


Alain Faujas
Article paru dans l'édition du 10.02.10

Ecrit par: P'tit Panda Mardi 09 Février 2010 20h53
Chine : du lait contaminé à la mélamine réapparaît
LEMONDE.FR avec AFP et Reuters | 08.02.10 | 07h10 • Mis à jour le 08.02.10 | 07h32

Les autorités chinoises ont fermé une laiterie ayant écoulé en 2009 près de 165 tonnes de lait contaminé à la mélamine en 2008, dont elles ont retrouvé et saisi 72 tonnes, a annoncé, lundi 8 février, le China Daily. Une vaste enquête a été lancée il y a une dizaine de jours après la résurgence de cette substance chimique hautement toxique qui avait tué six enfants en 2008 et en avait rendu malades trois cent mille autres. Dans le cadre de cette enquête, les autorités ont fait fermer samedi une laiterie de la région autonome du Ningxia qui a acheté de la poudre de lait trafiqué, l'a conditionnée sous sa propre marque et l'a remise sur le marché entre juillet et novembre 2009, selon le quotidien en anglais.

Seules 72 tonnes ont jusqu'à présent été saisies sur les 165 tonnes dont les autorités ont ordonné le rappel et qui, souligne le China Daily, "sont les derniers produits laitiers en date à resurgir provenant du scandale de 2008". Ce scandale longtemps étouffé avait créé une psychose en Chine et valu un rappel massif, dans le pays comme à l'étranger, de tous les produits chinois contenant du lait. Tout le lait contaminé était censé avoir été détruit mais des lots datant de cette époque ont refait surface ces dernières semaines. Des bonbons au lait trafiqué ont même été découverts dans la province de Jilin (Nord-Est), selon le China Daily. "Beaucoup de petites entreprises n'ont pas les moyens technologiques pour tester la mélamine", a souligné le secrétaire général de l'association laitière du Ningxia, Zhao Shuming, cité par le quotidien.

La mélamine simule, lors des tests de contrôle, un apport en protéines et permet aux industriels de tricher en ajoutant de l'eau au lait. Aucune mort n'a été rapportée dans les cas de lait trafiqué qui ont refait surface depuis décembre. En 2008, six bébés étaient morts après avoir consommé des laits maternisés frelatés et quelque trois cent mille autres avaient été malades, souffrant parfois de sérieuses complications rénales, provoquées par l'ingestion de cette substance destinée aux colles, aux résines ou aux engrais. En novembre 2009, la justice chinoise a condamné à mort et exécuté deux personnes impliquées dans le scandale de 2008.



Ecrit par: P'tit Panda Mardi 09 Février 2010 20h54
Moins de cinquante tigres sauvages subsisteraient en Chine
LEMONDE.FR avec AFP | 08.02.10 | 14h18 • Mis à jour le 08.02.10 | 15h41

Moins de cinquante tigres sauvages subsistent en Chine, a averti un groupe environnemental lundi 8 février, en espérant que l'arrivée prochaine de l'année du Tigre ne sera pas celle de l'extinction de l'espèce.

Xie Yan, directeur Chine de la Société pour la préservation de la vie sauvage (WCS, un groupe dont le siège est situé aux Etats-unis), a souligné lors d'une conférence de presse que les tigres étaient encore très présents il y a vingt ans en Chine.

Mais selon des statistiques de l'an 2000, il resterait seulement une quinzaine de tigres du Bengale au Tibet, dix tigres d'Indochine dans le sud-ouest du pays et une vingtaine de tigres de Sibérie dans le Nord-Est. Le tigre du sud de la Chine pourrait déjà avoir disparu. Selon le Fonds mondial pour la nature (WWF), aucun n'a été aperçu depuis la fin des années 1970, alors qu'ils étaient encore quelque quatre mille dans les années 1950. Leur rapide disparition est à attribuer à la chasse, mais aussi à la dégradation de leur environnement naturel.

Si la Chine a banni le commerce d'os de tigre et autres produits similaires en 1993, elle n'a pas su éradiquer le braconnage, selon les experts. Mais "l'an dernier, pour la première fois, j'ai repris confiance face au soutien" des autorités, a affirmé Xie Yan. "La gestion des réserves naturelles s'améliore et on voit de la compréhension dans les communautés locales. J'espère donc que l'année du Tigre va marquer un tournant pour sa préservation en Chine."

L'espoir se focalise sur le Nord-Est, limitrophe de la Sibérie, où des centaines de tigres vivent. La situation du tigre sauvage n'est pas spécifique à la Chine. Le mois dernier, le WWF a averti que leur nombre en Asie du Sud-Est avait chuté de 70 % en douze ans.

Selon un rapport publié avant une réunion en Thaïlande des treize pays asiatiques abritant encore des félins, leur nombre dans la région du Grand Mékong (Cambodge, Vietnam, Laos, Birmanie, Thaïlande) est tombé à environ trois cent cinquante, contre mille deux cents en 1998. Au niveau mondial, il n'existerait plus que trois mille tigres, contre vingt mille dans les années 1980 et cent mille il y a un siècle.

Ecrit par: P'tit Panda Mardi 09 Février 2010 21h07
Pékin annonce la fermeture d'un site de ressources pour piratage informatique
LEMONDE.FR avec AFP | 08.02.10 | 10h42

La presse chinoise rapporte que la police du Hubei, dans le centre du pays, a fait fermer un important site offrant des ressources "clefs en main" pour le piratage et l'espionnage informatique.

Les trois responsables du site, Black Hawk Safety Net, ont été arrêtés, et quelque 250 000 dollars ont été saisis, indique le China Daily. Baptisé "plus grand centre d'entraînement pour hackers" par les médias, le site fournissait des programmes permettant de prendre le contrôle d'ordinateurs à distance ou des mouchards.

Le site, actif depuis 2005 selon l'agence de presse Chine nouvelle, comptait plus de douze mille membres "VIP" qui payaient une cotisation et quelque cent soixante-dix mille membres gratuits. Il était visé par une enquête depuis 2007.

La date exacte de fermeture du site n'est pas claire : d'après les informations du China Daily, plusieurs sites proposant des programmes semblables ont été fermés au moins de novembre dernier. L'annonce de la police chinoise intervient alors que le moteur de recherche Google a dénoncé le mois dernier des cyberattaques venues de Chine. En réponse Pékin a notamment assuré que la Chine était l'une des principales victimes des attaques informatiques.

Ecrit par: P'tit Panda Jeudi 11 Février 2010 10h46
Vif engouement pour l'enseignement du chinois
Par Marie-Estelle Pech
Le Figaro 10/02/2010 | Mise à jour : 21:35
C'est la 5e langue enseignée en France : 25.675 élèves ont commencé à l'apprendre en 2009, contre seulement 9.328 en 2004.

Le chinois fait son bond en avant depuis 2005, date à laquelle cette langue considérée jadis comme une fantaisie exotique de lettrés est passée au cinquième rang des langues les plus enseignées dans le secondaire français, au détriment du russe. Depuis, chaque année, sa progression en termes d'effectifs d'élèves est la plus forte de toutes les langues. Cette rentrée, 25.675 élèves se sont engagés dans son apprentissage, contre seulement 9.328 en 2004. Certes, proportionnellement, le nombre de jeunes Français apprenant l'anglais (plus de 5 millions) ou l'espagnol reste sans commune mesure. Mais le chinois laisse désormais loin derrière lui le russe ou l'arabe. Cet intérêt pour la langue chinoise est mondial, à tel point que, dans les meilleures universités américaines (Princeton, Stanford), le nombre d'étudiants sinisants rivalise avec celui des étudiants hispanistes pour la première place des langues étudiées et devance ceux de français et d'allemand. Il supplante aussi le français dans les universités italiennes.

«Ce n'est pas un effet de mode»

L'intérêt pour le chinois n'est pas lié à une augmentation de la population sinophone, puisque 90 % des élèves étudiant le chinois dans le secondaire sont de langue maternelle française. «Ce n'est pas non plus un effet de mode ; cette langue a désormais un statut international», affirme Joël Bel Lassen, inspecteur général de chinois. Contrairement à l'enseignement du russe, très soutenu par l'institution scolaire dans les années 1960-1970, l'essor du chinois vient d'abord d'une forte demande des familles.

La Chine est aujourd'hui la première destination des expatriés européens, devant les États-Unis et le Royaume-Uni. C'est aussi la deuxième économie mondiale : ces données, parents et enfants se les sont appropriées. Le chinois est désormais perçu comme un atout dans un parcours scolaire. «Que vous travailliez ou étudiez dans le domaine du commerce, de la médecine, de l'informatique ou des mathématiques, vous allez rencontrer ce pays lors de votre parcours professionnel», observe Joël Bel Lassen. «Si, il y a dix ans, cette langue était choisie pour son côté exotique, c'est désormais l'aspect pratique qui prédomine », confirme Sylvaine Gautier-Le Bronze, professeur de chinois au lycée Émile-Zola à Rennes. À l'entendre, ses anciens élèves se disent avantagés lorsqu'ils passent des examens oraux à l'entrée d'écoles de commerce ou d'ingénieurs : «On leur pose souvent des questions sur la langue chinoise avec intérêt.» À niveau égal, affirme-t-elle, le dossier d'un élève ayant appris le chinois «devient prioritaire» pour une entrée en classe préparatoire.

Les mathématiques en chinois

Nombreux sont les lycées privés et publics renommés qui proposent désormais cette langue, à l'instar d'Henri-IV, Fénelon, Stanislas, Carnot à Paris, ou Montaigne et Sainte-Marie-Grand-Lebrun à Bordeaux. Depuis 2008, quinze sections internationales très élitistes ont par ailleurs été créées : on y apprend les mathématiques en chinois…

Mais cette langue ne se cantonne pas aux beaux quartiers. Elle est aussi enseignée au collège de Pontivy dans le Morbihan ou au lycée hôtelier Sainte-Thérèse à La Guerche-de-Bretagne (Ille-et-Vilaine). «Le profil des élèves s'est démocratisé», assurent les enseignants. Et les motivations ne se limitent pas uniquement à des questions utilitaristes. Le chinois attire aussi «parce que les autres n'en font pas. C'est parfois tout simplement une façon de se distinguer», observe Sylvaine Gautier-Le Bronze. Professeur de chinois au lycée Gymnase Jean-Sturm à Strasbourg, Sandra Lipster raconte que «certains s'inscrivent après avoir vu un film de kung-fu ou parce qu'ils sont intrigués par l'écriture, qu'ils jugent mystérieuse». Le chinois capte depuis toujours les élèves ou les étudiants qui ont le goût du dépaysement et du défi. Il fait, plus que jamais, rêver…

Ecrit par: P'tit Panda Vendredi 12 Février 2010 00h14
Une artiste chinoise censurée par les Beaux-Arts de Paris
Par Sophie Verney-Caillat | Rue89 | 11/02/2010 | 13H24

Quatre mots qui dérangent : travailler, gagner, plus, moins. L'installation de l'artiste chinoise Siu Lan Ko, dont le vernissage était programmé vendredi, a été démontée quelques heures après leur affichage sur la façade de l'École des Beaux- Arts, quai Malaquais. « Censure politique », dénonce l'artiste.

« Un week-end de sept jours », une exposition collective à la connotation délibérément utopique, devait présenter du 13 au 21 février des œuvres d'étudiants du Royal College of Art de Londres, et de Lasalle College of the Arts de Singapour.

Siu Lan Ko, qui connaît bien les Beaux-Arts de Paris pour y avoir passé deux ans en résidence, avait imaginé deux bannières réversibles de 7 mètres de haut sur 1,2 m de large, visibles depuis les quais de la Seine et incluant simplement quatre mots. Selon le chemin que l'on empruntait, on pouvait lire les mots ci-dessous. (Voir la photo)

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L'artiste explique avoir cherché à évoquer « à la fois la question du travail et de la propagande, dans un esprit universel » et s'être « bien sûr inspirée du slogan du candidat Sarkozy. »
Œuvre dérangeante vis-à-vis des ministères ?

Mercredi à 10h30, comme prévu, les bannières ont été montées sur la façade située à deux pas de l'actuelle résidence de Jacques Chirac, quai Voltaire. Mais dans l'après-midi, elles ont été retirées alors que l'artiste n'a été officiellement avertie que par un mail reçu dans la soirée de sa commissaire d'exposition, Clare Carolin, du Royal College of Art de Londres. « Le pire est que tout était calé depuis un an, le catalogue imprimé, ils n'ont pas découvert ça hier ».

D'après les informations que nous avons recueillies, la direction de l'école aurait jugé cette œuvre trop dérangeante et aurait argué qu'elle avait choqué certains membres du personnel de l'École nationale supérieure des Beaux-Arts et du ministère de l'Éducation.

Le directeur aurait ajouté que la période était particulièrement sensible alors que l'école était en train de renouveler sa convention de financement avec les ministères.

À la commissaire d'exposition Clare Carolin, on a simplement proposé de rapatrier les bannières à l'intérieur de l'école, mais elle ne pouvait prendre une telle décision sans prévenir l'artiste. Elle n'a pas eu le temps de le faire puisque lorsqu'elle est sortie de la réunion, l'œuvre était déjà démontée.
« Le climat conservateur de la France de Sarkozy »

On imagine que pour une Chinoise, même élevée à Hong-Kong, une telle censure au pays des droits de l'homme soit à peine croyable. Siu Lan Ko :

« Je trouve dur de découvrir que cette forme de censure brutale puisse se produire en France. Il n'y a même pas de place pour la discussion, tout se passe dans mon dos et celui de la commissaire. Encore plus dur que cela se produise dans la plus ancienne école d'art française, où l'on est supposé encourager l'expression la plus libre des artistes.

Dur de croire encore que les enjeux économiques et politiques l'emportent sur toute autre préoccupation. Cela montre à mes yeux dans quel climat conservateur est tombée la France de Sarkozy, et à quel point celui-ci fait peur.

Je demande que mon travail soit remis sur la façade et que l'école donne une explication officielle à cette censure et s'excuse. Je réfléchis aussi à une éventuelle action judiciaire. »

Photomontage des bannières de l'exposition aux Beaux-Arts /Siu Lan Ko

Ecrit par: P'tit Panda Vendredi 12 Février 2010 00h23
La justice chinoise a la main lourde contre ses dissidents
LE MONDE | 11.02.10 | 14h59 • Mis à jour le 11.02.10 | 14h59
Pékin Correspondant

Les pressions internationales n'ont rien changé et la Chine a continué jusqu'au bout à faire la sourde oreille : la condamnation à onze ans de prison du dissident chinois Liu Xiaobo, 54 ans, a été confirmée en appel par une cour de Pékin, jeudi 11 février. Arrêté en décembre 2008 puis condamné le 25 décembre 2009 pour "subversion du pouvoir d'Etat", le rédacteur de la célèbre Charte 08 paie le prix fort pour avoir été l'un des principaux inspirateurs de ce texte demandant une démocratisation du système politique de la République populaire de Chine.

La confirmation de la sentence infligée à cet intellectuel et professeur de littérature, déjà emprisonné à deux reprises après sa participation au mouvement de Tiananmen, en 1989, a été condamnée par les Etats-Unis et l'Union européenne (UE). Jeudi, l'ambassadeur américain à Pékin, John Huntsman, a fait savoir dans un communiqué que "nous croyons que Liu Xiaobo n'aurait pas dû être condamné du tout et devrait être relâché immédiatement. La persécution d'individus exprimant de manière pacifique leurs idées politiques est en contradiction avec les normes internationales du respect des droits de l'homme".

Un porte-parole de la délégation de l'UE en Chine a déclaré, le même jour, que celle-ci demandait elle aussi la "libération inconditionnelle" du dissident.

La justice chinoise a, en ce moment, la main particulièrement lourde contre tous ceux qui osent remettre en question la primauté du Parti communiste ou d'en critiquer de manière trop virulente les excès. C'est le cas de l'activiste et écrivain Tan Zuoren, condamné, mardi, à cinq ans de prison. Arrêté en 2009 alors qu'il enquêtait sur la mort des milliers d'écoliers écrasés dans leur établissement scolaire durant le tremblement de terre du Sichuan, en 2008, M. Tan a été condamné pour avoir critiqué la répression contre les étudiants de Tiananmen, il y a plus de vingt ans...

Enquête sur la corruption

Mais son enquête sur la fragilité des écoles, conséquence de la corruption locale des cadres du parti, a irrité le pouvoir, qui s'était rapidement efforcé, au lendemain du séisme, d'empêcher toute enquête et toute protestation liées à cette polémique.

En novembre 2009, un autre militant des droits de l'homme, Huang Qi, avait été condamné à trois ans de prison pour "divulgation de secrets d'Etat", alors qu'il soutenait la colère des parents d'élèves après la mort de leurs enfants durant ce tremblement de terre qui a coûté la vie à plus de 80 000 morts, le 12 mai 2008.

Bruno Philip
Article paru dans l'édition du 12.02.10


Ecrit par: P'tit Panda Vendredi 12 Février 2010 00h24
Somalie : des pirates libèrent un bateau taïwanais
LEMONDE.FR avec AFP | 11.02.10 | 14h07

Des pirates somaliens ont libéré, jeudi 11 février, un bateau de pêche taïwanais, capturé en avril 2009 dans l'océan Indien et dont trois membres d'équipage sont décédés de maladie pendant une "horrible détention", a annoncé à Nairobi une ONG locale, Ecoterra International.

Le FV WIN FAR 161, navire spécialisé dans la pêche au thon, a été remis en liberté avec vingt-sept membres d'équipage "pour une rançon relativement modeste", indique dans un communiqué Ecoterra International, organisation environnementaliste qui traite également des questions de piraterie en Somalie.

L'équipage était initialement composé de trente personnes : dix-sept Philippins, six Indonésiens, cinq Chinois et deux Taïwanais. Trois marins, deux Indonésiens et un Chinois, sont morts des suites de maladie, malnutrition, et manque de soins pendant dix mois "d'horrible détention", affirme Ecoterra.

Long de 56 mètres, le FV WIN FAR 161, propriété d'intérêts taïwanais, avait été capturé le 6 avril près de l'archipel des Seychelles par des pirates somaliens qui avaient alors utilisé un petit catamaran déjà entre leurs mains, le SY Serenity, pour aborder le navire.

Selon Ecoterra, le FV WIN FAR 161 avait été observé avant sa capture en train de pêcher illégalement le thon dans la zone économique exclusive somalienne. Une fois capturé par les pirates, il a servi de bateau mère pour mener plusieurs autres attaques dans l'océan Indien.



Ecrit par: P'tit Panda Vendredi 12 Février 2010 00h25
Le dalaï-lama sera reçu à la Maison Blanche le 18 février
LEMONDE.FR avec AFP | 11.02.10 | 19h52

Le dalaï-lama, chef spirituel des Tibétains en exil, sera reçu le 18 février à la Maison Blanche par Barack Obama, a annoncé jeudi le porte-parole du président des Etats-Unis, Robert Gibbs.

"Le 18 février, le président rencontrera Sa Sainteté le dalaï-lama. La rencontre aura lieu dans la salle des Cartes, ici à la Maison Blanche", a déclaré M. Gibbs au début de son point-presse quotidien.

La Maison Blanche avait déjà annoncé cette rencontre au début du mois, sans évoquer de date. Pékin, qui accuse le dalaï-lama de vouloir l'indépendance du Tibet, avait protesté, indiquant que "la Chine s'oppose fermement à la visite du dalaï-lama aux Etats-Unis et à ce que des dirigeants américains le reçoivent".

Ecrit par: P'tit Panda Vendredi 12 Février 2010 00h26
Pékin se mobilise pour la sécurité alimentaire
LEMONDE.FR avec Reuters | 10.02.10 | 08h34

La Chine a mis en place une commission nationale de la sécurité alimentaire, dirigée par l'influent vice-premier ministre Li Keqiang, annoncent, mercredi 10 février, les médias officiels chinois. M. Li, considéré comme le probable successeur du premier ministre, Wen Jiabao, dans trois ans, a lors de la première réunion de cette nouvelle instance ordonné que soient trouvés et détruits les stocks restants de lait contaminé à la mélamine, rapporte le Quotidien du peuple.

Ce produit chimique avait fait scandale en 2008 en causant la mort d'au moins six bébés. Environ trois cent mille autres avaient eu besoin de soins médicaux pour des affections rénales. L'affaire a ressurgi ces derniers mois avec la découverte de nouveaux lots de lait contaminé, en fait souvent des stocks anciens n'ayant pas été détruits mais rachetés par d'autres entreprises et reconditionnés. Pékin affirme avoir indemnisé les familles affectées par ce scandale et a promis aux consommateurs de garantir la qualité du lait à l'avenir.

Mais les autorités sanitaires du Shaanxi, dans le Nord-Ouest, sont désormais critiquées pour ne pas avoir saisi un lot contaminé, plus tard retrouvé dans une autre province, rapporte mercredi le Quotidien du peuple. Les inspecteurs ont saisi 72 tonnes de lait en poudre contaminé, mais une centaine de tonnes restent en circulation, probablement dans les rayons des supermarchés.



Ecrit par: P'tit Panda Vendredi 12 Février 2010 00h28
En Chine, l'année du Tigre commence par une bataille contre la pornographie
LE MONDE | 10.02.10 | 13h43 • Mis à jour le 10.02.10 | 18h48

Treize ans de prison pour avoir géré un site Internet pornographique ! La justice chinoise n'y est pas allée de main morte pour mettre fin aux activités d'un certain Huang Yizhong, originaire de la province de Canton. M. Huang a été condamné, début février, par un tribunal local pour avoir téléchargé plus de mille films porno et mis en ligne 3 600 clips du même genre en utilisant un serveur hébergé à l'étranger.

Durant le procès, son avocat avait plaidé qu'il n'y avait pas de quoi s'alarmer des conséquences sociales du délit, étant donné que son client utilisait un serveur américain et que ses "abonnés" étaient des adultes payant par carte de crédit. Le président du tribunal, interrogé par le quotidien de Canton Nan fang dushibao, a cependant estimé que la copie et la distribution de vidéos à caractère pornographique en Chine étaient un crime sérieux et justifiaient l'inhabituelle sévérité de la sentence.

La condamnation de Huang Yizhong tombe à un moment où les autorités de la République populaire ont lancé une vigoureuse campagne contre la pornographie sur Internet. Lundi 8 février, Le Quotidien du peuple, l'organe central du Parti communiste chinois, a annoncé que le début de l'année du Tigre, le 14 février, va coïncider avec une intensification de la répression contre les sites diffusant des images "obscènes".

En 2009, quinze mille sites Internet de cet acabit ont été bloqués ou fermés dont onze mille accessibles par téléphone portable. En juin, le gouvernement avait tenté d'imposer un logiciel de contrôle des contenus Internet sur chaque ordinateur vendu en Chine. Les autorités avaient prudemment fait marche arrière devant la levée de boucliers que cette annonce avait suscitée.

Par ailleurs, selon Mao Xiaomao, vice-directeur de l'administration générale de la presse et des publications, sur les quelque 66 millions de publications illégales confisquées en 2009, 1,44 million étaient à caractère pornographique.

Le porte-parole de la Cour suprême, Sun Jungong, a pour sa part déclaré que les tribunaux chinois ont traité 1 273 affaires pour des crimes du même genre durant les dix premiers mois de 2009. Il a ajouté que la Cour suprême était en train de plancher sur l'interprétation juridique à donner sur les cas de messages pornographiques envoyés par texto sur les téléphones portables.

Textos bloqués

La chasse aux messages aurait-elle déjà commencé ? Selon le quotidien Huanqiu shibao (Global Times), un certain M. Zhang, originaire de Dongguan, dans la province du Guangdong (Canton), a récemment été empêché d'envoyer des textos par les télécoms chinoises parce qu'il avait adressé des messages "lubriques" par son téléphone portable.

Cet exemple a quelque peu ému l'opinion publique sur l'Internet, conduisant le plus important opérateur chinois, China Mobile, à faire une mise au point. Li Kang, directeur adjoint des services pour la clientèle, a tenu à préciser, fin janvier, que les usagers ne seront pas "affectés" par la lutte contre les messages porno et que "la liberté et l'intimité" des clients seraient garanties. Quelques jours auparavant, les branches shanghaiennes et pékinoises du même China Mobile avaient cependant annoncé que les textos transmettant des contenus "illégaux" seraient bloqués ou suspendus.

Bruno Philip (Pékin, correspondant)
Article paru dans l'édition du 11.02.10



Ecrit par: P'tit Panda Vendredi 12 Février 2010 00h37
La Chine doit aller jusqu'au bout de sa logique capitaliste
LE MONDE | 10.02.10 | 13h47 • Mis à jour le 10.02.10 | 13h47

A la grande époque de l'économie planifiée, les dirigeants chinois avaient toute autorité pour ordonner aux patrons d'usine de pousser ou au contraire de geler les investissements. Ce temps est révolu. Les injonctions que Pékin a lancées pour que l'on cesse de créer des usines dans des filières déjà en surcapacité ont été ignorées. La solution serait peut-être d'exposer davantage aux lois du marché des chefs d'entreprise quelque peu impétueux.

En 2009, l'investissement des entreprises a contribué deux fois plus que la consommation des ménages à la croissance du produit intérieur brut (PIB). Une expansion aussi forte semble excessive, même s'il est vrai que des aides publiques sont venues soutenir la demande en automobiles et en ciment. Crédit suisse estime que la surcapacité de l'industrie automobile aura doublé d'ici deux ans, en retenant pour hypothèse que les ventes augmenteront de 11 % par an.

En Chine, surcapacité ne rime pas nécessairement avec érosion des profits. Les entreprises chinoises qui oeuvrent dans les secteurs du ciment, de l'acier et des métaux non ferreux affichent toutes des taux de rentabilité financière plus élevés que la moyenne de l'ensemble du secteur industriel à l'échelle mondiale. Citons par exemple China Resources Cement et Baoshan Steel, dont les rentabilités ont atteint respectivement 17 % et 7 % en 2008 et largement surpassé celles de leurs homologues étrangers. La performance des entreprises chinoises tient au fait que leurs prix de revient sont artificiellement comprimés. L'énergie et le crédit leur sont fournis à des conditions bien plus favorables que sur le marché mondial. La faiblesse du yuan joue aussi, même si le mécanisme de fixation arbitraire des tarifs par l'Etat est l'élément décisif. Les prix de l'essence, de l'eau et de l'électricité qui sont facturés aux entreprises valent entre un tiers et la moitié des prix moyens mondiaux. C'est une façon de procéder assez courante dans les pays en voie de développement, mais il faut souligner que les tarifs fixés par la Chine sont particulièrement bas, comme le montrent les travaux d'UBS sur le sujet.

FONCTION RÉGULATRICE DES PRIX

La méthode la plus simple pour calmer la frénésie d'investissements, c'est de le rendre moins rentable en laissant les coûts de production augmenter. Certaines mesures ont déjà été prises dans ce sens : cette année, les taxes applicables aux importations de fuel ont été triplées. Mais il faut aller plus loin. Le prix de l'électricité reste notamment trop faible.

Les industriels seront peut-être tentés de répercuter la hausse des prix de revient sur leurs clients, ce qui alimenterait l'inflation. Mais le pari vaut la peine d'être pris. Si la Chine ne laisse pas les prix exercer leur fonction régulatrice, son économie pourrait avoir à supporter pendant plusieurs années des unités de production superflues.

(Traduction de Christine Lahuec)

Plus de commentaires sur l'actualité économique et financière. Sur Breakingviews.com

Wei Gu
Article paru dans l'édition du 11.02.10

Ecrit par: P'tit Panda Vendredi 12 Février 2010 00h38
La Chine inculpe quatre employés de Rio Tinto pour corruption
LEMONDE.FR avec AFP | 10.02.10 | 13h53

La Chine a inculpé quatre employés du géant minier anglo-australien Rio Tinto, accusés d'avoir accepté des pots-de-vin et d'avoir violé la loi sur les secrets commerciaux, a rapporté mercredi 10 février l'agence Chine nouvelle.

Les quatre employés, parmi lesquels le directeur de Rio Tinto à Shanghaï, l'Australien Stern Hu, sont accusés d'"avoir usé de leur position pour obtenir des bénéfices pour des tiers et d'avoir sollicité ou accepté à plusieurs reprises des pots-de-vin", selon l'agence officielle. Ils sont également accusés d'"avoir proposé de l'argent ou d'autres moyens illégitimes pour obtenir à plusieurs reprises des secrets commerciaux d'entreprises sidérurgiques chinoises, provoquant de graves conséquences pour ces entreprises", a poursuivi Chine nouvelle. Le dossier sera traité par un tribunal de Shanghaï, a-t-elle précisé.

M. Hu et trois collègues chinois avaient été interpellés et emprisonnés le 5 juillet sous l'accusation initiale de vols de secrets d'Etat et d'espionnage. Les charges ont été réduites en août, devenant "vol de secrets commerciaux" et non plus espionnage, au soulagement de Rio Tinto mais aussi des investisseurs et hommes d'affaires étrangers. La justice chinoise avait prolongé l'enquête par deux fois, dont la dernière en novembre pour deux mois.

Cette affaire, qui a provoqué une crise entre Pékin et Canberra, avait éclaté alors que les sidérurgistes chinois menaient d'âpres négociations sur le prix du minerai de fer avec des géants miniers étrangers, notamment Rio Tinto, mais aussi juste un mois après l'échec d'un accord stratégique important entre Rio Tinto et le géant public chinois de l'aluminium Chinalco.

Le ministre australien du commerce, Simon Crean, avait appelé récemment les autorités chinoises à gérer l'affaire de façon "rapide et transparente". Il avait également souligné le bon traitement reçu par M. Hu, qui est "en bonne santé" et reçoit "régulièrement ses avocats".
La Chine, premier importateur mondial, a acheté 443 millions de tonnes de minerai de fer en 2008. Elle est aussi le premier consommateur et le premier producteur mondial d'acier dont elle a produit 37,8 % du total mondial en 2008, selon la World Steel Association.

Ecrit par: P'tit Panda Vendredi 12 Février 2010 00h46
Le patron de Total, Christophe de Margerie, veut accroître les partenariats avec la Chine
LE MONDE | 11.02.10 | 15h09 • Mis à jour le 11.02.10 | 15h57

Christophe de Margerie, directeur général de Total, est sans illusions : en annonçant, jeudi 11 février, un bénéfice de 7,8 milliards d'euros en 2009, il sait que la compagnie pétrolière s'exposera une nouvelle fois aux critiques, même si ces profits baissent de 44 % par rapport au record atteint en 2008 (13,9 milliards d'euros). "On va encore dire : 8 milliards, c'est trop ! Mais tout dépend des dépenses auxquelles on doit faire face. Malgré cette baisse, je maintiendrai les investissements à 13 milliards en 2010 (hors acquisitions) et il n'y aura pas de rachat d'actions. Sans bilan solide, on ne peut pas investir", souligne-t-il dans un entretien au Monde. Il compte néanmoins sur une hausse des prix de l'énergie - notamment du gaz - et la montée en puissance des grands projets de Total pour redresser la barre. Tout en prévenant qu'"avec un résultat de 8 milliards par an sur plusieurs années, on sera obligés de réduire les investissements".

M. de Margerie explique la baisse des bénéfices par "la dégradation de l'environnement économique" : baisse des prix de l'or noir, effondrement de ceux du gaz en raison d'un recul de la demande et d'une surproduction, marges de raffinage négatives. Dans ce contexte moins favorable qu'en 2008, Total est parvenu à accroître légèrement ses réserves, puisque son taux de renouvellement est de 103 %.

Signe de la difficulté des temps, Total ne publie plus d'objectifs de production, qu'il avait dû réviser à la baisse en 2008 et 2009. "Donner des prévisions sur quelques années était plus facile avant", reconnaît M. de Margerie.

Christophe de Margerie évoque "le coût des projets, les délais d'obtention des autorisations, les contraintes environnementales, les exigences de sécurité et les problèmes politiques".

Les autres majors pétrolières n'ont pas échappé à la baisse des prix du pétrole, tombés de près de 100 dollars le baril (159 litres) en 2008 à 62 dollars en moyenne en 2009. Le groupe britannique BP et surtout l'anglo-néerlandais Shell, handicapé par le raffinage et la baisse de production au Nigeria, ont annoncé des résultats en net recul. Le géant américain ExxonMobil a vu son profit passer de 40 milliards de dollars (29 milliards d'euros) à 19,3 milliards de dollars (13,9 milliards d'euros), tout en restant la première entreprise américaine par les bénéfices.

Total compte sur ses efforts dans l'exploration et sur les partenariats (Etats-Unis, Algérie, Russie...) pour mettre en production des gisements de pétrole et de gaz déjà découverts. "Cinq grands projets décideront de la production en 2015-2020", énumère M. de Margerie : les sables bitumineux de la deuxième phase de Surmont (Canada), le pétrole offshore nigérian de Ofon 2 et Egina ou le brut angolais de Clov, et le gaz de Laggan (Ecosse).

Sans compter le champ géant de Shtokman, dans les eaux russes de la mer de Barents. Il s'agit là d'un des plus grands défis technologiques et financiers du monde pétrolier. Détenteur de 25 % de la société qui exploitera ce gisement, Total mène des études approfondies avec ses partenaires - le russe Gazprom (51 %) et le norvégien StatoilHydro (24 %) - avant de décider, début 2011, d'y investir plusieurs milliards d'euros pour une mise en production en 2016.

"L'Afrique est le continent de développement majeur à court et moyen terme" (Nigeria, Angola...), mais le Moyen-Orient reste la zone la plus prometteuse, où se trouvent "les réserves à long terme". Même si Total a récemment refusé de signer en Irak des contrats rémunérés moins de 1,40 dollar par baril extrait, rappelle M. de Margerie, "il y aura sûrement un deuxième round et nous serons là".

De l'autre côté du golfe Arabo-Persique, l'Iran est un pays convoité, mais sous embargo du fait de son programme nucléaire. "L'équilibre offre-demande dans le monde, notamment pour le gaz, dépend aussi de l'Iran. Il faudra trouver un modus vivendi. On voudrait y aller mais on ne peut pas. Total fait preuve d'un attentisme actif : il est normal d'y maintenir des relations nous permettant, le moment venu, de signer des contrats."

C'est en Iran qu'il veut développer des partenariats avec les Chinois. "Total se rapproche de la Chine car elle sera le plus grand consommateur mondial d'énergie. Elle cherche à accéder à des ressources partout dans le monde. On ne sera pas toujours d'accord, mais je préfère être partenaire plutôt que d'entrer dans une concurrence frontale." Ce partenariat est surtout profitable "dans des régions difficiles où il faut partager les risques" - économiques et politiques.

"On s'épaule mutuellement", analyse M. de Margerie. Total a la technologie, les groupes chinois (CNPC, Cnooc, Sinopec) l'aident dans des pays avec lesquels Pékin est en bons termes, comme l'Iran ou le Venezuela. En Chine même, il va investir plusieurs milliards de dollars pour développer un projet de gaz non conventionnel (Mongolie intérieure) avec China National Petroleum Corporation (CNPC), le numéro un chinois. La recherche d'intérêts mutuels, traditionnelle chez Total, explique aussi les accords avec le malaisien Petronas en Irak et le russe Gazprom en Iran, rappelle M. de Margerie.

Sans parler de "guerre de l'énergie" entre l'Occident et l'Asie, le patron de Total reconnaît que la question est posée - pour l'approvisionnement gazier en particulier. Il se dit "bluffé" par la rapidité de la construction du gazoduc Turkmenistan-Chine, achevé fin 2009 en dix-huit mois seulement. Aussi, peu d'experts auraient misé, selon lui, sur un accord sino-russe dans les hydrocarbures de Sibérie orientale. Ni parié sur le succès des Coréens, préférés aux Français pour les centrales nucléaires d'Abou Dhabi. "La révolution est en marche, assure-t-il : les choses ne seront plus les mêmes après la crise. Les pétroliers doivent tenir compte de cette redistribution des cartes."

Pour préparer l'après-pétrole, et répondre à la demande croissante d'énergie, M. de Margerie a aussi engagé, il y a deux ans, une diversification dans l'énergie nucléaire.

Total est la seule major à faire le pari de l'atome civil. L'échec français à Abou Dhabi "ne remet pas en cause cette stratégie d'ouverture", assure-t-il. Total veut construire et exploiter des réacteurs de troisième génération, en partenariat avec EDF comme celui de Penly (Seine-Maritime) ou en concurrence avec le numéro un mondial du secteur. "Il faut prendre des parts sur ce marché en croissance", explique le patron d'une entreprise qui veut progressivement passer du statut de "pétrolier" à celui d'"énergéticien global".

Jean-Michel Bezat

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7,8 milliards d'euros de profits en 2009

Bénéfices. Le résultat net a baissé de 44 % en 2009 (à 7,8 milliards d'euros) par rapport à 2008 (13,9 milliards). Le chiffre d'affaires s'est élevé à 131,3 milliards (- 27%).

Réserves. En 2009, le taux de renouvellement des réserves du groupe est de 103 %. Découvertes ou rachat de sociétés lui ont permis de faire rentrer plus d'hydrocarbures qu'il n'en a pompé. Ses réserves prouvées atteignent 10,5 milliards de barils (12 années de production au rythme actuel).


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Dunkerque : "Il y a trop de capacité de raffinage"

Le directeur général de Total prépare les esprits à la fermeture de la raffinerie de Dunkerque (Nord). "Il y a trop de capacité de raffinage dans le monde, justifie Christophe de Margerie. La baisse de la demande est structurelle. La tendance est antérieure à la crise économique, mais celle-ci l'a accélérée. C'est la raison pour laquelle nous poursuivons l'adaptation de notre outil. Les marges de raffinage sont fortement dégradées, en France mais aussi dans le monde. Total perd énormément d'argent sur cette activité."

Le groupe a tenté de vendre le site de Mardyck, mais il n'a pas trouvé d'acheteur. En plus du problème des marges, qui est général, cette raffinerie souffre de la concurrence de ses voisines de Gonfreville-l'Orcher (Seine-Maritime) et d'Anvers (Belgique). Pour M. de Margerie, Il y a "deux règles pour qu'une entreprise responsable assure sa pérennité : la nécessaire adaptation de l'outil industriel et le traitement social accordé à ses salariés dans le respect de l'obligation, légale et morale, de revitaliser le tissu économique local si l'adaptation le rend nécessaire". Il confirme sa volonté de participer, aux côtés d'EDF, à la construction d'un terminal méthanier à Dunkerque : "C'est un projet que l'on compte accélérer."




Article paru dans l'édition du 12.02.10


Ecrit par: P'tit Panda Vendredi 12 Février 2010 00h47
Recul des échanges entre la Chine et la Corée du Nord
LE MONDE | 10.02.10 | 13h51 • Mis à jour le 10.02.10 | 13h51

En 2009, les échanges entre la Chine et la Corée du Nord ont reculé pour la première fois depuis 2002, a indiqué, samedi 6 février, la chaîne de télévision japonaise NHK, citant des sources chinoises. En baisse de 4 % par rapport à 2008, ils sont tombés à 2,68 milliards de dollars (1,95 milliard d'euros).

La baisse est attribuée aux difficultés rencontrées depuis que Pyongyang a opéré une réévaluation du won. Le taux de change avait été fixé à 98 wons pour 1 dollar alors qu'auparavant le billet vert s'échangeait autour de 3 500 wons. Cette opération avait pour but de lutter contre l'inflation et juguler l'économie parallèle. Contrairement aux attentes, la hausse des prix s'est accélérée, menaçant de créer une nouvelle situation de pénurie fin février. Le dollar s'échangerait désormais entre 300 et 500 wons.

Dans le même temps, les difficultés à stabiliser le taux de change entre le nouveau won et le yuan a limité les investissements chinois. La Chine, principal partenaire commercial de la Corée du Nord, lui fournit 80 % de ses biens de consommation et investit dans différents secteurs, comme les mines et les infrastructures.

Philippe Mesmer
Article paru dans l'édition du 11.02.10




Ecrit par: P'tit Panda Vendredi 12 Février 2010 00h51
Le cofondateur de Google assure qu'il ne reculera pas sur la censure en Chine
LEMONDE.FR avec AFP | 11.02.10 | 14h52 • Mis à jour le 11.02.10 | 14h53

Le cofondateur de Google Sergey Brin a assuré jeudi que le géant américain de l'Internet était "fermement décidé" à défendre un Internet libre, en particulier en Chine. "Notre position est claire (...). Google est fermement décidé à défendre la libre circulation de l'information et des idées, non seulement en Chine, mais dans tous les pays", a déclaré M. Brin au quotidien italien La Repubblica.

"La situation chinoise nous inquiète particulièrement. Depuis les Jeux olympiques [de Pékin], la censure s'est nettement aggravée. Des produits comme You Tube ou Google Docs sont encore bloqués, et la quantité d'informations censurées augmente de jour en jour", a-t-il ajouté. "Au cours des deux-trois années précédentes, des progrès avaient été enregistrés sur ce front en Chine, mais les récentes attaques et les positions des autorités chinoises les ont annulés, créant une situation dans laquelle il est très difficile d'opérer", a poursuivi M. Brin.

Google a dénoncé à la mi-janvier des attaques informatiques massives venues de Chine et menacé de se retirer du pays. L'affaire a donné lieu à une joute diplomatique entre Washington et Pékin, qui nie toute responsabilité dans les attaques informatiques.

BLOCAGE DE GMAIL EN IRAN

Par ailleurs, le gouvernement iranien a annoncé ce mercredi qu'il commençait à mettre en place un blocage de Gmail, le système de courriels de Google. La mesure est, selon Téhéran, destinée à "encourager le développement de technologies Internet dans le pays et à accroître la confiance entre la population et le gouvernement". Ce blocage est intervenu à la veille des commémorations sous très haute surveillance du 31e anniversaire de la révolution islamique, pour lesquelles le gouvernement iranien, craignant des manifestations, a déployé d'importants moyens policiers.

Le département d'Etat américain, qui a apporté son soutien à Google en Chine, a estimé que "le gouvernement [avait] l'air décidé à empêcher ses citoyens d'accéder à l'information, de pouvoir s'exprimer librement, de se connecter et d'échanger les idées", mais que "les murs virtuels ne marcheront pas au XXIe siècle, pas plus que les murs physiques n'ont marché au XXe siècle".




Ecrit par: P'tit Panda Vendredi 12 Février 2010 01h01
« J'espère être la dernière victime de l'inquisition intellectuelle en Chine »
Par Liu Xiaobo | prisonnier politique | 11/02/2010 | 06H40

Alors que la cour d'appel de Pékin a confirmé jeudi la peine de onze ans de prison infligée au dissident chinois Liu Xiaobo, accusé d'avoir rédigé la « Charte08 » appelant à la démocratisation de la Chine, le texte de son intervention lors de son procès, le 23 décembre dernier, a été publié à l'étranger. Un document exceptionnel, à la fois très politique, et très humain, à la mesure de la personnalité de cet intellectuel de 54 ans, que nous publions dans sa traduction française.

Juin 1989 a été un tournant au cours des 50 ans de ma vie. Avant ce moment, je faisais partie du premier groupe d'étudiants après le rétablissement des examens d'entrée à l'université après la Révolution culturelle (1977) ; ma carrière suivait un cours normal, en route vers une maîtrise. Une fois diplômé, je restais comme maître de conférences à l'école normale de Pékin.

Sur l'estrade, j'étais un enseignant populaire, bien accueilli par les étudiants. J'étais aussi un intellectuel public. Dans les années 80, j'ai publié des articles et des livres qui ont eu un certain impact. J'étais invité à parler un peu partout, et ai été invité comme professeur en Europe et aux États-Unis.

Ma règle de vie était : vivre honnêtement, avec un sens des responsabilités et de la dignité en tant qu'être humain autant que dans mes écrits.
Plus jamais autorisé à parler

En conséquence, parce que j'étais rentré des États-Unis pour participer au mouvement de 1989, j'ai été emprisonné pour « propagande contre-révolutionnaire et incitation au meurtre », et j'ai perdu la plateforme que j'aimais.

Je n'ai plus jamais été autorisé à publier ou à parler en public en Chine. Tout simplement pour avoir exprimé une opinion politique divergente et avoir participé à un mouvement pacifique et démocratique, un enseignant a perdu son estrade, un auteur a perdu le droit de publier et un intellectuel a perdu le droit de s'exprimer publiquement. C'était triste, à la fois pour moi en tant qu'individu, et pour la Chine après trois décennies d'ouverture et de réformes.

En y repensant, toutes les expériences les plus dramatiques de ma vie depuis le 4 juin [1989, ndlr] se sont déroulées dans des tribunaux. Les deux occasions que j'ai eues de m'exprimer publiquement l'ont été lors de procès devant le tribunal intermédiaire du peuple de Pékin, l'un en 1991, l'autre actuellement. Bien que le chef d'accusation ait été différent dans les deux cas, il s'agissait en fait de la même chose : dans les deux cas, de délit d'opinion.

Vingt ans plus tard, les âmes innocentes du 4 juin attendent toujours de reposer en paix, et moi, qui ai été conduit sur le chemin de la dissidence par les passions du 4 juin, j'ai perdu le droit à la parole dans mon propre pays après avoir quitté la prison de Qincheng en 1991.

Je ne pouvais plus m'exprimer qu'à travers les médias étrangers et j'ai donc été surveillé pendant des années, placé en résidence surveillée (mai 1995-janvier 1996), envoyé en camp de rééducation par le travail (octobre 1996-octobre 1999), et je me retrouve de nouveau mis au ban des accusés par mes ennemis au sein du régime.

Mais je veux dire à ce régime qui me prive de ma liberté que je maintiens ce que j'ai dit dans ma déclaration de grève de la faim du 2 juin, il y a vingt ans : je n'ai pas d'ennemis, je n'ai pas de haine. Aucun des policiers qui m'ont surveillé, arrêté, interrogé, aucun des procureurs qui m'ont poursuivi, aucun des juges qui m'ont condamné, ne sont mes ennemis.

Et même si je ne peux pas accepter votre surveillance, vos poursuites ou vos condamnations, je respecte vos professions et vos personnalités. Cela s'applique à Zhang Rongge et à Pan Xueqing, qui sont actuellement les procureurs : j'ai été conscient de votre respect et de votre sincérité lorsque vous m'avez interrogé le 3 décembre [2009, ndlr].
La haine ronge la sagesse

Car la haine ronge la sagesse et la conscience d'une personne, le sentiment d'inimitié peut empoisonner l'esprit d'une nation, inciter à des luttes pour la vie et la mort, détruire la tolérance et l'humanité d'une société, et bloquer la progression d'un pays vers la démocratie et la liberté. J'espère ainsi transcender mes vicissitudes personnelles en une compréhension du développement de l'État et des changements de la société, m'opposer à l'hostilité du régime avec mes meilleures intentions et atténuer la haine avec de l'amour.

Comme nous le savons tous, les réformes et l'ouverture ont entraîné une transformation de l'État et des changements de la société. De mon point de vue, ça a commencé avec l'abandon du principe de la « lutte des classes comme facteur dominant » qui était le principe suprême de l'ère Mao. Nous nous sommes consacrés au contraire au développement économique et à l'harmonie sociale.

Le processus conduisant à l'abandon de cette « philosophie de la lutte » est passé par l'affaiblissement graduel de la mentalité d'inimitié, l'élimination de la psychologie de la haine, et l'évacuation du « lait de la louve » dans lequel avait été plongée notre humanité. C'est ce processus qui a permis de créer un environnement plus détendu pour les réformes et l'ouverture, à l'intérieur comme à l'extérieur du pays, pour le rétablissement de l'amour entre les peuples, et le terreau humain favorable à la coexistence pacifique de différentes valeurs et de différents intérêts.

Cela a permis l'explosion de la créativité populaire et le retour de sentiments chaleureux plus conformes à la nature humaine.

En abandonnant à l'extérieur la « lutte contre l'impérialisme et le révisionnisme », et en interne la « lutte des classes », on a permis le développement des réformes et de l'ouverture jusqu'à ce jour. L'orientation de l'économie en direction du marché, la tendance à la diversité culturelle et l'évolution vers un État de droit, ont profité de l'affaiblissement de cette mentalité.

Même dans le champ politique, où les progrès ont été les plus lents, l'affaiblissement de la mentalité d'inimitié a également rendu le pouvoir politique plus tolérant vis-à-vis de la diversité de la société, a permis de diminuer sensiblement le nombre de poursuites de dissidents, et a permis de changer la description du mouvement de 1989 de « rebellion organisée » à « soulèvement politique ».
L'universalité des droits de l'homme

L'affaiblissement de la mentalité d'inimitié a conduit les pouvoirs politiques à accepter progressivement l'universalité des droits de l'homme. En 1998, le gouvernement chinois a promis au monde de signer les deux conventions internationales des Nations unies sur les droits de l'homme, marquant la reconnaissance par la Chine de l'universalité des droits humains.

En 2004, pour la première fois, le Congrès du Peuple [Parlement, ndlr] a inscrit dans la Constitution que « l'État respecte et garantit les droits de l'homme », indiquant ainsi que les droits de l'homme sont devenus l'un des principes fondamentaux de l'État de droit. Dans le même temps, le régime actuel a annoncé vouloir mettre « l'humain au centre », et créer une « société harmonieuse », ce qui constituait un progrès dans la conception du pouvoir du Parti [communiste chinois, ndlr].

Le progrès au niveau le plus bas a été notable, y compris dans ma propre expérience depuis mon arrestation.

Même si j'insiste sur mon innocence et sur le fait que les accusations portées contre moi sont anticonstitutionnelles, depuis que j'ai perdu la liberté, il y a un peu plus d'un an, j'ai connu deux lieux de détention, quatre officiers de police menant l'enquête, trois procureurs et deux juges.

Dans leur manière de traiter ce cas, il n'y a eu aucun manque de respect, aucun délai prolongé, aucun aveu contraint. Leur attitude calme et rationnelle a montré à plusieurs reprises leur bonne volonté.

Le 23 juin [2009, ndlr], j'ai été transféré de ma résidence surveillée au Centre de détention n°1 du Bureau de la sécurité publique de Pékin, connu sous le nom de « Beikan », et j'ai vu les progrès de la surveillance pendant les six mois que j'y ai passés.

J'avais connu le vieux Beikan (Banbuqiao) en 1996 et, comparé au Beikan d'une décennie auparavant, j'ai constaté de grands progrès, aussi bien dans les installations matérielles que dans la gestion des lieux.

En particulier, la gestion humaine innovante du Beikan s'applique de manière plus flexible, sur la base du respect des droits et de la dignité des détenus. Cette gestion s'incarne dans le journal « Émission chaleureuse et repentance », dans la musique jouée avant les repas, lorsqu'on se lève et qu'on va se coucher, donnant au détenu un sentiment de dignité et de chaleur, leur donnant l'envie de garder leurs cellules ordonnées, et allant à l'encontre du sentiment qu'ont les gardiens d'être les maîtres de la prison.

Cela fournit non seulement un environnement plus humain aux détenus, mais cela améliore grandement l'environnement et l'état d'esprit dans la gestion de leur cas. J'avais des contacts étroits avec Liu Zhen, qui était en charge de ma cellule. Les gens étaient réconfortés par son respect et par ses soins apportés aux détenus. Ce fut pour moi une chance, à Beikan, d'avoir pu connaître le bon, sincère, honnête et responsable M. Liu.

Les croyances politiques sont basées sur de telles expériences personnelles et convictions. Je suis fermement persuadé que le progrès politique de la Chine ne cessera jamais, et je suis très optimiste sur la perspective de voir la liberté arriver en Chine dans l'avenir, car aucune force ne peut bloquer le désir humain de liberté.

La Chine deviendra un jour un pays d'État de droit dans lequel les droits de l'homme règneront en maître. J'espère que de tels progrès se feront également sentir dans le déroulement de ce procès, et espère dans un juste verdict de cette cour -un verdict qui tiendra face au jugement de l'Histoire.
Mon amour pour Liu Xia

Demandez moi quelle a été l'expérience la plus heureuse de ces deux dernières décennies, et je vous répondrai que c'est d'avoir obtenu l'amour sans limites de ma femme Liu Xia. Elle ne peut pas être présente dans ce tribunal aujourd'hui, mais je veux quand même te dire, mon amour, que j'ai confiance que ton amour pour moi sera toujours le même.

Au fil des années, dans ma vie non-libre, notre amour a connu de l'amertume provoquée par l'environnement extérieur. Mais en y repensant, il est sans limites. Je suis condamné dans une prison visible, alors que tu attends dans une prison invisible. Ton amour est la lumière du soleil qui transcende les murs et les barreaux des prisons, qui caresse chaque endroit de ma peau, qui réchauffe chacune de mes cellules et qui me permet de conserver mon calme intérieur de telle sorte que chaque minute passée en prison soit pleine de sens.

Mais mon amour pour toi est plein de culpabilité et de regrets, au point d'alourdir parfois mes pas. Je suis un rocher dur dans le monde sauvage, qui doit affronter de terribles intempéries, et trop froid pour qu'on ose le toucher. Mais mon amour est solide, acerbe et peut franchir tous les obstacles. Et même si je suis réduit en poussière, je t'envelopperai de mes cendres.

Avec ton amour, j'affronte ce procès calmement, sans aucun regret sur mes choix, et en regardant l'avenir avec optimisme. J'espère qu'un jour mon pays sera un pays de libre expression, où toutes les paroles des citoyens seront traitées avec égalité ; où différentes valeurs, idées, croyances et opinions politiques rivaliseront et coexisteront pacifiquement ; où les opinions de la majorité et de la minorité auront les mêmes garanties ; en particulier un pays où les opinions de ceux qui divergent avec le pouvoir seront respectées et protégées ; où toutes les opinions politiques pourront s'exprimer pour que le peuple puisse choisir ; où tous les citoyens pourront exprimer leurs opinions politiques sans craintes ; où plus personne ne subira de persécutions politiques pour avoir exprimé une opinion divergente.

J'espère être la dernière victime de l'inquisition intellectuelle sans fin en Chine, et qu'après cela plus personne ne sera plus jamais emprisonné pour ses prises de position.

La liberté d'expression est la base des droits de l'homme, la source de l'humanité et la mère de la vérité. Bloquer la liberté d'expression, c'est fouler aux pieds les droits de l'homme, étrangler l'humanité et supprimer la vérité.

Je ne me sens pas coupable d'avoir voulu utiliser mon droit constitutionnel à la liberté d'expression, et d'avoir rempli mes responsabilités sociales en tant que citoyen chinois. Et même si on m'en accusait, je ne m'en plaindrai pas. Merci.

Liu Xiaobo, 23 décembre 2009.

► Traduit à partir de la version anglaise publiée par le Chinese Law Prof Blog.
A lire aussi sur Rue89 et sur Eco89

* ► M. Fillon, connaissez-vous le dissident chinois Liu Xiaobo ?
* ► Des papys du Parti réclament la libération du dissident Liu Xiaobo
* ► Les dissidents chinois lancent leur Charte 08 et vont en prison
* ► Le texte intégral du manifeste des dissidents chinois, la Charte 08

Ailleurs sur le Web

* ► Liu Xiaobo: "I have no enemies: my final statement", sur China Law Prof Blog (en anglais)


Ecrit par: P'tit Panda Vendredi 12 Février 2010 01h02
Published on Rue89 (http://www.rue89.com)
Confirmation en appel des onze ans de prison pour Liu Xiaobo
By Rue89

Created 02/11/2010 - 04:52

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La justice chinoise a confirmé jeudi en appel la peine de 11 ans de prison pour subversion à l'encontre du chef de file de la dissidence Liu Xiaobo, a annoncé un de ses avocats. « La peine a été confirmée », a annoncé Shang Baojun à l'issue de l'audience à Pékin.

Lire la suite sur Aujourd'hui la Chine [1]
M. Fillon, connaissez-vous le dissident chinois Liu Xiaobo ? [2]
Des papys du Parti réclament la libération du dissident Liu Xiaobo [3]
Peine de 11 ans de prison confirmée en appel pour le dissident Liu Xiaobo, sur Aujourd'hui la Chine [1]
Liu Xiaobo: "I have no enemies: my final statement", sur China Law Prof Blog (en anglais) [4]
Commander sur Fnac.com:
Droits humains en Chine, par Amnesty International [5]
URL source: http://www.rue89.com/node/137839

Links:
[1] http://www.aujourdhuilachine.com/informations-chine-peine-de-ans-de-prison-confirmee-en-appel-pour-le-dissident-liu-xiaobo-13663.asp?1=1
[2] http://www.rue89.com/chinatown/2009/12/22/m-fillon-connaissez-vous-le-dissident-chinois-liu-xiaobo-130930
[3] http://www.rue89.com/chinatown/2010/01/25/chine-des-papys-du-parti-reclament-la-liberation-du-dissident-liu-xiaobo-135341
[4] http://lawprofessors.typepad.com/china_law_prof_blog/2010/02/liu-xiaobo-i-have-no-enemies-my-final-statement.html
[5] http://livre.fnac.com/a2048907/Amnesty-International-Droits-humains-en-Chine?Origin=RUE89_EDITO

Ecrit par: P'tit Panda Vendredi 12 Février 2010 01h03
Published on Rue89 (http://www.rue89.com)
L'artiste Ai Weiwei apporte son soutien à Google contre la censure
By Rue89
Created 02/10/2010 - 08:31

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L'un des artistes chinois les plus critiques envers le régime chinois, Ai Weiwei, dont Chinatown vous a parlé plusieurs fois [1], a exprimé son soutien au géant de l'internet Google dans son différend avec Pékin, expliquant également que ses comptes Gmail avaient été attaqués par des pirates informatiques.

Dans un éditorial publié mercredi par le Wall Street Journal, l'artiste estime que le groupe américain a créé un précédent important pour les Chinois en défiant la censure gouvernementale au risque de sacrifier sa position sur le plus grand marché internet du monde.

Ai, avide utilisateur de l'internet et dont le blog est régulièrement censuré, a indiqué que deux de ses comptes de la messagerie Gmail de Google avaient été la cible de hackers depuis octobre. Extraits :

« Il est encourageant pour les Chinois de voir une des premières sociétés de l'internet reconnaître que la censure est une atteinte aux droits et valeurs fondamentaux de l'Homme.

Se lever et s'exprimer ouvertement dans une société dans laquelle ces valeurs sont constamment attaquées demande du courage et mérite un soutien moral.

Les hommes politiques et les entreprises ne devraient pas marchander ces droits fondamentaux pour des profits, car un accord à court-terme conduira seulement à des pertes sur le long-terme.

La question est de savoir comment un Etat qui se base sur la limitation des flux d'information et de la liberté d'expression peut rester puissant. Et s'il le peut, quel genre de monstre il deviendra ».

Lire la suite sur Aujourd'hui la Chine [2]

Lire le texte d'Ai Weiwei sur le site du Wall Street Journal (en anglais, payant). [3]

Ai Weiwei, « l'art de la provocation » [1]
Séisme : le combat de l'artiste Ai Weiwei pour la vérité [4]
Ai Weiwei : de la joie dans un Etat non démocratique [5]
« Oublions », quand un artiste chinois tente de ne pas oublier Tiananmen [6]
Google Gives Us Hope, sur le Wall Street Journal (en anglais, payant) [3]
URL source: http://www.rue89.com/chinatown/2010/02/10/lartiste-ai-weiwei-apporte-son-soutien-a-google-contre-la-censure-137643

Links:
[1] http://www.rue89.com/chinatown/2009/09/08/ai-weiwei-lart-de-la-provocation
[2] http://www.aujourdhuilachine.com/informations-chine-l-artiste-militant-ai-wei-wei-prend-le-parti-de-google-face-au-regime-chinois-13656.asp?1=1
[3] http://online.wsj.com/article/SB10001424052748703630404575054331237346618.html
[4] http://www.rue89.com/chinatown/2009/05/08/seisme-le-combat-de-lartiste-ai-weiwei-pour-la-verite
[5] http://www.rue89.com/chinatown/2008/08/04/ai-weiwei-de-la-joie-dans-un-etat-non-democratique
[6] http://www.rue89.com/chinatown/2009/06/03/oublions-quand-un-artiste-chinois-tente-de-ne-pas-oublier-tiananmen

Ecrit par: P'tit Panda Vendredi 12 Février 2010 01h03
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Le Nobel de littérature Gao Xingjian, de la plume à la brosse
By Bertrand Mialaret
Created 02/08/2010 - 00:10

Gao Xinjiang à Londres, janvier 2010 (Bertrand Mialaret)Gao Xingjian, prix Nobel de littérature en 2000, vient de fêter ses 70 ans. A cette occasion, l'Université de Londres a organisé en janvier un ensemble de témoignages et de présentations de son œuvre littéraire, cinématographique et théâtrale.

L'auteur de « La Montagne de l'Ame » (Ed. de l'Aube, 1995) et du « Livre d'un Homme Seul » (Ed. de l'Aube, 2000) a accepté de répondre à nos questions centrées sur ses films et sa peinture.

A Londres, des acteurs anglais donnèrent une lecture de sa dernière pièce « Ballade Nocturne », qui sera présentée du 10 au 28 Mars prochain au Théâtre de l'Epée de Bois (Cartoucherie de Vincennes, près de Paris), en alternance avec « Au Bord de la Vie » .
Film « Tripartite » et collages multimédia

Deux films furent présentés : « La Silhouette sinon l'Ombre » (2006), un film commencé à Marseille en 2003 (« année Gao Xingjian » à Marseille avec nombre d'expositions et de représentations de ses pièces), et « Après le Déluge » plus court (28 minutes), qui vient d'être réalisé.

Vous parlez de films « tripartites »…

La musique, comme l'image et les paroles, doivent avoir dans un film leur vie propre… si chaque élément prend son autonomie dans le temps, en ce cas on aura une autre écriture cinématographique, on se débarrasse de la narration.

Ce n'est pas le son qui interprète ou explique l'image, le son ou la musique ont leur autonomie. « Silhouette » évoque la guerre, toutes ses calamités en utilisant un chantier d'immeubles en destruction à Marseille. Mais ce film chante aussi la liberté avec le thème de la mouette relayant mon poème en prose « L'errance de l'oiseau ».

Dans « Après le Déluge », sans paroles, les corps des six acteurs , d'abord en noir et blanc, dialoguent avec vos peintures…

Il y a un travail assez subtil, au début, entièrement noir ; puis après le déluge, il y a une certaine espérance, la vie va peut-être reprendre, les images sont alors légèrement teintées… J'utilise la couleur avec beaucoup de prudence, si ce n'est pas nécessaire, je ne l'utilise pas. Il peut y avoir des extrêmes, dans « Silhouettes », on voit le vieux port de Marseille avec des couleurs extrêmement saturées.

L'encre a soif d'eau :

« On ne voit plus en moi qu'un écrivain, dit Gao Xingjian, alors que c'est la peinture qui dans mes premières années d'exil m'a permis de survivre ». C'est en 1978, en Europe, que la fréquentation des musées le convainc d'abandonner la peinture à l'huile, persuadé qu'il est de ne pouvoir atteindre cette perfection. Mais cette expérience va lui permettre d'ouvrir des voies très neuves dans l'art millénaire de l'encre.

La préparation du travail est pour vous importante, il faut être libre, se débarrasser des idées…

Bien sur, la peinture ce n'est pas une illustration, une interprétation ; il y a une autonomie de l'image. La vision, c'est tout a fait un autre langage…Il y a une autre façon de penser en images…Ce qui est le plus proche, c'est la musique ; la musique évoque ce genre d'images sans passer par la langue. On pense souvent que l'encre, c'est comme la calligraphie, une fois et c'est fini, mais ce n'est pas le cas ; moi je repasse, je fais beaucoup d'épaisseurs. Pour terminer un travail, cela peut prendre parfois un an…mais il faut être sûr car on ne peut pas corriger.

Toute peinture est basée sur deux dimensions, mais qu'est ce que cela veut dire cet espace ? Il y a de multiples façons de voir les choses, de composer, de créer. Si on commence par un bord du tableau, si l'on met une tache à cet endroit, on définit un espace. Il y a la perspective classique, bien étudiée dès la Renaissance, mais il y a aussi de multiples profondeurs.

Papiers, pinceaux, encres, des trésors…

J'ai une grande collection de papiers traditionnels, qu'on appelle des papiers de riz, mais en fait, il y a aussi d'autres fibres, c'est très varié ; papiers chinois, coréens, japonais. De même pour l'encre, il y a une grande variété et cela aide. Pour le même tableau, j'utilise toujours plusieurs encres, cela vient de mon expérience de la peinture à l'huile.

►Une exposition des oeuvres de Gao Xingjian peut être vue en Belgique, des petits formats jusqu'au 14 Février à la Galerie J. Bastien Art à Bruxelles. Sans oublier l'exposition remarquable au Musée Wurth à Eirstein en Alsace dont Chinatown vous a déjà parlé [1] et que l'on peut visiter jusqu'au 16 Mai.
Gao Xingjian et Günter Grass : deux Nobel en zone industrielle [1]
Tous les articles sur la littérature chinoise [2]
Le site de l'espace de recherche Gao Xingjian à l'université d'Aix en Provence [3]
Commander sur Fnac.com:
La montagne de l'âme, Gao Xingjian [4]
Le livre d'un homme seul, Gao Xingjian [5]
URL source: http://www.rue89.com/chinatown/2010/02/08/le-nobel-de-litterature-gao-xingjian-de-la-plume-a-la-brosse-132836

Links:
[1] http://www.rue89.com/chinatown/2009/10/20/gao-xingjian-et-guenther-grass-deux-nobel-en-zone-industrielle
[2] http://www.rue89.com/tag/litterature-chinoise
[3] http://www.univ-provence.fr/gsite/document.php?pagendx=6000&project=erd-gao
[4] http://livre.fnac.com/a1989958/Gao-Xingjian-La-montagne-de-l-ame?Origin=RUE89_EDITO
[5] http://livre.fnac.com/a2056318/Gao-Xingjian-Le-livre-d-un-homme-seul?Origin=RUE89_EDITO

Ecrit par: P'tit Panda Vendredi 12 Février 2010 01h05
« Pourquoi la Chine n'est pas un grand pays de culture » par Han Han
Par Aujourdhui la Chine | Pékin | 04/02/2010 | 08H53
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Pour le célèbre écrivain et blogueur chinois Han Han, la censure paralyse la culture en Chine. Rien ne sert donc d'exporter la culture chinoise à l'étranger tant que l'esprit créatif n'a pas été libéré. Han Han s'est exprimé lors d'un forum sur la culture organisé à Xiamen, métropole du sud-ouest de la Chine, par le Nanfang Zhoumo, hebdomadaire chinois réputé pour son indépendance de ton. Voici, au titre de document, la traduction du texte de son allocution.
Pourquoi la Chine n'est pas un grand pays de culture ?

han_han_magazine.jpgC'est la deuxième fois que je viens à Xiamen. L'air est bon ici, cela ne m'étonne pas que tout le monde aime « s'y promener'.

Tout à l'heure j'ai écouté le Professeur Deng parler du patriotisme. Deux phrases ont marqué mon esprit : une que j'avais entendu auparavant : “Le patriotisme est le dernier refuge d'une canaille'. La deuxième phrase : ‘Le vrai patriotisme, c'est de protéger un pays des persécutions d'un gouvernement'.

J'ai emmené un papier avec moi, ce sont des (notes de) choses que je voulais vous dire. C'est pour me limiter, pour ne pas trop vous ennuyer et parce que j'ai peur peur de dire n'importe quoi. Voilà on commence.

Chers dirigeants ici présents, chers professeurs, chers camarades de classes, bonjour. Savez-vous pourquoi la Chine ne pourra jamais être un grand pays au sens culturel ? C'est parce qu'on commence toujours un discours par chers directeurs ici présents’ alors que la plupart des directeurs n'ont aucun sens de la culture. Il ont peur de la culture, ils censurent la culture mais en même temps ils peuvent contrôler la culture.

Alors comment la Chine peut-elle devenir un grand pays de culture ? Qu'en dites vous, chers dirigeants ?
L'imagination des censeurs

Au passage, la Chine a un potentiel fort pour être un pays de culture. Je vais vous raconter une hisoire. Je suis le rédacteur en chef d'un magazine qui n'est toujours pas sorti. C'est écrit dans la Constitution, chaque citoyen a la liberté de publication. Mais la société a sa propre loi, selon laquelle les directeurs ont la liberté de prohiber une publication. Le magazine s'est retrouvé confronté à beaucoup de problèmes de procédure.

Sur sa couverture [reproduite ci-dessus, ndlr], il y a un dessin représentant un homme nu. Ça ne va pas. Parce qu'il y a des lois qui disent que l'on ne peut pas publier d'images de sexes à découvert. J'étais bien d'accord. J'ai mis un grand logo du magazine sur la partie illégale, il la recouvre complètement.

Après, les gens de la censure m'ont dit :

‘eh, ça ne va pas non plus, vous avez caché les parties centrales du monsieur, vous essayez d'insinuer le Parti central’‘(Phonétiquement, cacher les parties intimes’ se prononce comme ‘le Parti (communiste) central’, ‘Dang Zhongyang’).

J'ai eu la même réaction que vous, j'étais étonné. Je me suis dit : qu'est ce que ce serait bien si vous mettiez votre vive imagination au service de la création artistique au lieu de l'utiliser pour la censure.

Pourquoi je vous raconte tout cela ? Pour vous dire que tout le monde a de l'imagination. Mais qu'il y a beaucoup de choses que l'on ne peut qu'imaginer, que l'on ne peut pas faire, pas écrire et, dans beaucoup de cas, même pas dire.

Nous avons trop de barrières dans la vie, c'est un pays de barrières, c'est un pays classé X (et donc censuré). Comment les cultures peut-elles fleurir dans un pays comme ça ?

Moi je suis une personne qui pratique rarement l'auto-censure. Mais quand j'écris, il y a des alarmes dans ma tête, on ne peut pas écrire sur la police, sur les dirigeants, sur les politiques, sur le régime, sur les législateurs, sur l'Histoire, sur le Tibet, sur le Xinjiang, sur les rassemblements, sur les manifestations, sur la pornographie, sur l'esclavage, sur l'art. Ah, je ne peut pas écrire sur l'élégance non plus.

Désolé, je n'y arrive vraiment pas, je ne suis pas Yu Qiuyu [écrivain officiel du parti, ndlr].
Les auteurs souffrent beaucoup

Un bon nombre des articles que je publie sont (la preuve) d'une grande liberté de ton. J'ai pas mal d'amis qui écrivent des scénarios, par exemple des amis écrivant un scénario à partir d'un roman d'Aileen Chang et Ning Caishen, écrivant des scénarios de théâtre, de films. Ils souffrent beaucoup. Dans une atmosphère culturelle telle, je commence à me dire qu'on ne pourra jamais devenir un grand pays culturel à moins que tout le monde ne parle que de l'Afghanistan, de la Corée du Nord et de la Chine.

Dans notre communication à l'international, nous ne cessons de faire l'éloge des Quatre classiques [quatre livres considérés comme la base de la philosophie chinoise et du Confucianisme, ndlr]. C'est comme si vous rencontriez une fille pour parler de mariage, que la fille vous demandait si vous avez de l'argent, et vous lui répondiez que vos ancêtres en avaient pas mal. Ça ne sert à rien.

Cette tragédie n'a rien à voir avec vous. Mais le chemin qui mène en Corée du nord est pavé par tous ceux qui ont gardé le silence. D'un autre côté, nous sommes plus forts que la Corée du nord, vous savez tous comme ils sont là-bas. Et j'ai confiance en vous qui êtes ici présents. Beaucoup de gens ne sont pas forcément silencieux, ils sont tout simplement harmonisés [‘Harmoniser’ est un terme souvent utilisé par les internautes chinois pour évoquer la censure, ndlr].

Dans l'histoire des campagnes anti-pornographiques, il y a beaucoup d'étudiants ici, qui savent sûrement - bien que ça ne figure pas dans nos manuels officiels - que Teresa Deng et Liu Wenzheng [deux chanteurs, ndlr] étaient ‘pornographiques’ et ‘décadents'. Mais lorsque de plus en plus de gens se sont mis à les écouter, ils ont cessé d'être pornographiques. Quand toute la Chine les écoute, ils ne sont ni pornographiques ni décadents.
Ensemble contre la censure

Si nous pouvons être ensemble pour combattre la censure, pour qu'un jour les mots censurés ne contiennent que des mots contre toute l'humanité, rien d'autre, alors nous pouvons créer un grand pays culturel. Bien qu'il soit probable qu’ à un moment donné mon nom et le vôtre entrent dans la liste des mots censurés. Mais je crois bien qu'une liste de ce type a ses limites, que chaque mot ajouté la rapproche de sa fin.

J'espère que nos journalistes, nos professeurs et nos étudiants, nos passionnés de culture et ceux qui travaillent là-dedans, y compris les dirigeants, pourront contribuer ensemble à ce qu'il y ait moins de blocages et de censure. Nos dirigeants - ils sont différents de nous - et notre gouvernement peuvent donc avoir suffisamment confiance pour que notre culture soit plus ouverte.

Je sais que nos dirigeants aiment bien exporter notre culture, et qu'ils trouvent que c'est un symbole de l'émergence d'un pays puissant. Mais je pense que vu notre culture actuelle, ce n'est pas la peine de l'exporter. Quand on crée des oeuvres sous le climat actuel, chaque auteur, chaque artiste, n'arrête pas de s'auto-censurer.

Commment peut-on avoir une culture sous un climat de création pareil ? Vous castrez les oeuvres d'art jusqu'à ce qu'elles ressemblent au journal de 19h et puis vous essayez de les exporter ? Ne prenez pas les étrangers pour des extraterrestres.

La Chine a-t-elle vraiment émergé économiquement ou pas ? Il faudra voir lorsque notre marché immoblier se sera effondré, à ce moment tout sera dit publiquement. Mais lorsqu'un pays a émergé culturellement, alors c'est un vrai grand pays, sans risque de s'effondrer, me semble-t-il.

Retournons à notre liste de mots censurés. Plus il y a de mots dans cette liste, plus la culture d'un pays est faible. Bien sûr, notre gouvernement fournira de nombreuses explications à cela. Ils vous diront que c'est pour protéger la jeunesse, que c'est pour la stabilité de la société, que la culture est libre. Si vous êtes d'accord avec eux, un jour ou l'autre, vous découvrirez que lorsque vous raconterez ce qu'ils vous ont fait, ils vous censureront, car vous ‘mettez en péril la stabilité sociale’.

Au final, tous ceux qui mettent le statut du Parti et son pouvoir en danger, toutes les paroles qui vont à l'encontre de leurs profits, sont des dangers pour la stabilité sociale, sont des dangers pour la jeunesse. Si nous avions toléré Green Dam [filtre internet que le gouvernement souhaitait installer sur tous les ordinateurs en Chine, avant de faire marche arrière face au nombre de critiques, ndlr], nous vivrions maintenant avec Green Dam et ce ne serait plus un simple probème de culture.

Alors chers camarades de classe, c'est pour cela que l'on ne peut pas laisser ce jour arriver. Sinon à l'avenir, lorsque nos descendants recevront leurs manuels électroniques d'Histoire via satellite, nous serons leur risée.

Je vous remercie.

La jeune génération d'écrivains chinois tourne le dos à la politique [1]
Un écrivain chinois peut-il devenir millionnaire ? [2]
Han Han: Voice of the post-80s generation, sur ChinaDaily.com.cn (en anglais) [3]
Han Han: China's Literary Bad Boy, sur Time.com (en anglais) [4]
Commander sur Fnac.com:
Les trois portes, par Han Han [5]
URL source: http://www.rue89.com/chinatown/2010/02/04/pourquoi-la-chine-nest-pas-un-grand-pays-de-culture-par-han-han-136848

Links:
[1] http://www.rue89.com/chinatown/2009/06/13/la-jeune-generation-decrivains-chinois-tourne-le-dos-a-la-politique
[2] http://www.rue89.com/chinatown/2009/02/14/un-ecrivain-chinois-peut-il-devenir-millionnaire
[3] http://www.chinadaily.com.cn/china/2009-08/20/content_8592410_2.htm
[4] http://www.time.com/time/magazine/article/0,9171,1931619,00.html
[5] http://livre.fnac.com/a1510377/Han-Han-Les-trois-portes?Origin=RUE89_EDITO

Ecrit par: P'tit Panda Vendredi 12 Février 2010 01h07
Published on Rue89 (http://www.rue89.com)
Le "petit Obama" face au "gros Dragon", version The Economist
By Pierre Haski
Created 02/11/2010 - 08:55


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Magnifique couverture, une fois de plus, de l'hebdomadaire britannique The Economist, à propos de la poussée de fièvre entre la Chine et les Etats-Unis.

Le « petit Obama » face au « gros dragon » est évidemment caricatural, mais permet au magazine libéral, qui a longtemps exprimé son admiration face à la formidable croissance chinoise, de souligner que si la Chine a toute sa place en tant que grande puissance, ce n'est pas une raison pour tout lui céder voire même pour lui céder la place.

Le message s'adresse donc au « petit Obama » de la couverture, qui est ainsi invité à donner de la voix face au dragon qui se prend un peu trop au sérieux. CQFD.
Facing up to China, sur economist.com [1]
URL source: http://www.rue89.com/node/137851

Links:
[1] http://www.economist.com/displayStory.cfm?story_id=15452821&source=most_commented

Ecrit par: lanjingling Vendredi 12 Février 2010 08h52
QUOTE (P'tit Panda @ Vendredi 12 Février 2010 00h14)
Une artiste chinoise censurée par les Beaux-Arts de Paris

'faut que j'arrete de lire ce sujet, ca me deprime goutte.gif

Ecrit par: P'tit Panda Vendredi 12 Février 2010 20h25
...

Ecrit par: P'tit Panda Lundi 15 Février 2010 01h22
La Chine enferrée
LE MONDE | 13.02.10 | 14h24 • Mis à jour le 13.02.10 | 14h24

ll n'y a pas grand monde qui puisse se vanter d'avoir contraint la Chine à mettre les pouces. Le président américain Barack Obama, le président français Nicolas Sarkozy et le géant de l'Internet Google en rêvent. BHP Billiton, le numéro un mondial des mines, y est parvenu.

Selon des nouvelles en provenance de Pékin via UBS, vendredi 12 février, les cinq principaux sidérurgistes chinois seraient tombés d'accord avec l'anglo-australien pour augmenter de 40 % le prix de vente contractuel de la tonne de minerai de fer rendu dans un port chinois, alors qu'ils voulaient limiter cette hausse à 20 % maximum. Le prix du fer - valable pour une année - passerait de 62 dollars en moyenne en 2009 à 84 dollars la tonne en 2010. Pas loin du record de 2008, à 90 dollars.

Condamnées à s'entendre

Deuxième échec au roi donc, car, déjà au printemps 2009, Pékin voulait profiter de la récession mondiale pour imposer aux mineurs une baisse de leur prix de 45 %. Ce fut 33 %. "Le sous-jacent, c'est que la production d'acier en Chine a explosé, explique Olivier Eugène, analyste chez AXA Investment Managers. Elle représente près de la moitié de la production mondiale. Les Chinois ont un besoin vital du fer australien et brésilien, car leur minerai est en baisse quantitative et qualitative." "Ils ne peuvent pas compter sur l'Inde, qui a frappé son minerai d'une taxe à l'exportation pour le réserver à la production nationale d'acier, poursuit-il. Le trio formé des anglo-australiens BHP Billiton et Rio Tinto et du brésilien Vale est en position de force."

Les autorités chinoises ont eu beau mettre en prison, depuis juillet 2009, quatre salariés chinois de Rio Tinto, inculpés officiellement, mercredi 10 février, pour "avoir sollicité ou accepté à plusieurs reprises des pots-de-vin" et pour avoir cherché à obtenir des secrets commerciaux sur leurs clients chinois. Les quatre embastillés paient l'humiliation de Pékin après l'échec du rapprochement entre Rio Tinto et le chinois Baosteel, refusé par Canberra. Les mineurs australiens n'ont pas reculé d'un pouce pour autant.

Leur argumentaire était imparable. "Si trouvez excessive notre demande d'augmentation, répliquaient-ils aux cris d'orfraie de leurs interlocuteurs de la China Iron & Steel Association (CISA), fournissez-vous sur le marché au comptant, le "spot" : son prix oscille autour de 125-130 dollars. Chiche ?" Il était de 124,5 dollars, le 9 février. Presque 50 % de plus que ce que refusaient les Chinois.

Pourtant les deux parties sont condamnées à s'entendre. Le triumvirat des mineurs a investi des dizaines de milliards de dollars pour répondre à la voracité chinoise et ne peut s'aliéner Pékin. Quant aux Chinois, ils savent que la fusion des activités dans le fer de BHP Billiton et de Rio Tinto (10 milliards de dollars d'économies) les rendra encore plus incontournables. La Chine est enferrée et les mineurs aussi.

Alain Faujas
Article paru dans l'édition du 14.02.10



Ecrit par: P'tit Panda Lundi 15 Février 2010 01h29
Published on Rue89 (http://www.rue89.com)
Mitterrand ordonne la levée de la censure aux Beaux-Arts
By Sophie Verney-Caillat
Created 02/13/2010 - 18:13
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Retour à la normale à l'École des beaux-arts de Paris. Il a fallu l'intervention du ministre de la Culture Frédéric Mitterrand [1] pour que les bannières « Travailler », « Gagner », « Plus », « Moins » soient raccrochées sur la façade de l'école, comme prévu dans le cadre de l'exposition « Un week-end de sept jours » [2].
Ko Siu Lan [3] a immédiatement prévenu Rue89, qui avait révélé cette affaire [4] :

« Le ministre m'a appelée, il m'a dit “c'est idiot cette histoire, je m'en excuse personnellement. Ce n'était pas ma faute, mais dès que j'appris ce qui se passait, j'ai demandé qu'on remette immédiatement les bannières”. »

Le ministre de la Culture n'a pas encore confirmé officiellement cette initiative.
« Atteinte à la neutralité du service public »

L'artiste chinoise, élevée à Hong Kong, avait auparavant reçu un coup de fil du directeur du programme d'études dans le cadre duquel cette exposition d'anciens étudiants avait été montée. Tony Brown lui a dit que le directeur de l'École des beaux-arts et le ministre avaient pris ensemble la décision de rétablir les bannières.

Dans un premier temps, l'école avait fait savoir mercredi à la commissaire d'exposition Clare Carolin que l'interprétation politique possible du message avait choqué certaines personnes et qu'en période de recherche de financement, une telle œuvre était gênante. Puis dans un communiqué, elle avait invoqué une improbable [5] « atteinte à la neutralité du service public » pour justifier son geste.
Les bannières ont repris leur place

Ko Siu Lan a été aidée par les équipes d'installation de l'école et vers 17h30, les bannières avaient repris place à l'endroit initialement prévu, sur le quai Malaquais. Elle avait refusé que son œuvre, conçue pour cet endroit précis, soit rapatriée à l'intérieur de l'école, comme proposé après le démontage des bannières mercredi.

Elle remercie tous ceux qui l'ont soutenue, « sans qui ce n'aurait pas été possible ». Parmi eux, Agnès Tricoire [6], son avocate, qui dès que la censure a été révélée par Rue89, s'est mobilisée et a envoyé une mise en demeure aux Beaux-Arts, mais aussi des élus parisiens comme Christophe Girard, l'adjoint à la Culture de Bertrand Delanoë qui proposait vendredi d'accueillir l'exposition au 104 [7].

Vendredi soir, quelques manifestants avaient chahuté le vernissage de l'exposition collective amputée de l'œuvre de l'artiste chinoise : des étudiants, des professeurs et des amateurs du travail de l'artiste. « Une Chinoise qui nous donne des leçons de démocratie, c'est le comble », disait l'un d'eux (ignorant sans doute que l'artiste était originaire de Hong-Kong). « L'art est mort ici », déplorait un autre. Certains arboraient des petites bannières similaires à celles installées par Ko Siu Lan.

Photo : les bannières sur la façade des Beaux-Arts, avant qu'elles ne soient enlevées
Une artiste chinoise censurée par les Beaux-Arts de Paris [4]
Artiste chinoise censurée : les Beaux-Arts inventent l'art neutre [5]
Le site de Ko Siu Lan [3]
Tous les articles sur l'affaire [8]
URL source: http://www.rue89.com/2010/02/13/mitterrand-ordonne-la-levee-de-la-censure-aux-beaux-arts-138288

Links:
[1] http://www.rue89.com/tag/mitterrand
[2] http://www.ensba.fr/expositions/ExpoDetail.asp?ExpoID=111#exposition
[3] http://www.kosiulan.net/
[4] http://www.rue89.com/confidentiels/2010/02/11/une-artiste-chinoise-censuree-par-les-beaux-arts-de-paris-137898
[5] http://www.rue89.com/2010/02/12/artiste-chinoise-censuree-les-beaux-arts-inventent-lart-neutre-138146
[6] http://www.rue89.com/riverain/agnes-tricoire
[7] http://www.christophe-girard.fr/2010/02/12/censure-de-loeuvre-de-l’artiste-chinoise-siu-lan-ko-reaction-de-bertrand-delanoe/
[8] http://news.google.fr/news/story?client=firefox-a&rls=org.mozilla:fr:official&channel=s&hl=fr&source=hp&q=ko siu lan&um=1&ie=UTF-8&ncl=d74XnHJE1Dl2X8M&ei=tcB2S5ulM5Lk4gbisMWZCg&sa=X&oi=news_result&ct=more-results&resnum=1&ved=0CAgQqgIwAA

Ecrit par: P'tit Panda Mercredi 17 Février 2010 01h00
A Alger, les commerçants se ruent sur "Chinatown"
LE MONDE | 16.02.10 | 14h19 • Mis à jour le 16.02.10 | 20h11
Alger Envoyé spécial

C'est ce que l'on appelle "un quartier nouveau" : des immeubles de brique habités avant d'être achevés ; des rues que l'on a oublié de goudronner. Bienvenue à Boussareh 1, la "Chinatown" d'Alger.

L'appellation est un peu usurpée. Ici, à une demi-heure du centre-ville de la capitale, pas de corniches en bois multicolore, de cuisine chinoise au menu des gargotes ou de lampions. Seuls quelques idéogrammes accrochés aux pylônes évoquent une présence chinoise. Elle est pourtant bien réelle. Les dizaines d'échoppes du quartier sont presque toutes entre les mains, depuis cinq ans, de commerçants originaires du sud de la Chine. Largement ouvertes sur la rue, elles n'ont rien de luxueux et les magasins, tous identiques, tiennent davantage de l'entrepôt que de la boutique de luxe. Des chemisiers, des pantalons et des sacs à main "made in China" pendent aux murs. Chaussures et couvertures s'empilent sur les côtés.

Au fond, s'entassent des ballots de textile. Tout est à vendre, en gros ou au détail. Les prix ne sont pas affichés, mais ils sont bas. "On vient de loin, d'Oran, de Constantine, de Ghardaïa (une ville du sud) ", assure Djamel, un jeune qui, à l'occasion, donne un coup de main aux Chinois. Les commerçants, hommes ou femmes, souvent jeunes, ne parlent ni le français ni l'arabe dialectal. Lorsqu'un client pénètre dans le magasin, la conversation se résume à peu de chose. L'un désigne le produit qui l'intéresse ; l'autre annonce le prix. Eventuellement, le dialogue se poursuit par le biais d'une calculatrice. Le paiement se fait en liquide. Sans facture.

"Français cassé"

Lorsqu'il est question d'achat en gros, un interprète intervient qui connaît le "français cassé", qui ne se parle qu'à Boussareh 1. C'est une langue approximative et malléable. Quelques minutes suffisent pour la maîtriser. Son vocabulaire se limite à une poignée de mots et elle ignore la grammaire. En français cassé, "Où habites-tu ?" se dira "Toi la maison où ?" ; on ne dira pas "Je ne connais pas", mais "Pas connais "...

La pauvreté de cet espéranto parlé par une poignée de Chinois et d'Algériens ne facilite pas les échanges. Les deux communautés s'ignorent, même si des idylles se sont nouées à l'occasion à Boussareh 1.

Lorsqu'ils parlent des Algériens, les Chinois évoquent leur lenteur. "Ils font tout très doucement", dit Mme Liu, une quinquagénaire installée à Alger depuis quatre ans pour suivre son fils étudiant de français à l'université. "Je ne comprends pas que les femmes comme moi ne puissent pas entrer dans les mosquées", ajoute-t-elle.

Les Algériens sont autrement plus sévères. Les Chinois ? "Ils mangent les chiens. Ils sont H24 (traduire toute la journée) devant Internet à regarder la télé de leur pays où à jouer. Ils passent toute la semaine au magasin, mais quand un fonctionnaire des finances débarque dans le quartier, ils baissent le rideau pour ne pas payer de taxes", résume Frial, une jeune algérienne, artiste du français cassé et petite main d'un commerçant.

A l'écouter, les Chinois sont de plus en plus nombreux dans le quartier. "Lorsqu'ils reviennent de vacances, c'est avec des oncles, des tantes, des cousins", affirme-t-elle.

Les statistiques ne disent pas si la communauté chinoise de Boussareh 1 augmente. Plus de 30 000 Chinois sont installés en Algérie, contre moins d'un millier il y a dix ans. Ils forment plus de la moitié de la communauté étrangère de l'ancienne colonie française.

"C'est avant le résultat de l'implantation de nos entreprises, fait valoir l'ambassadeur de Chine en Algérie, Yuhe Liu. Actuellement, 10 000 de mes compatriotes travaillent à la construction d'une autoroute. Le chantier terminé, ils retourneront dans leur pays."

Probablement pas tous. Certains resteront en Algérie. Et, parmi eux, quelques-uns viendront s'installer à Boussareh 1.

Jean-Pierre Tuquoi
Article paru dans l'édition du 17.02.10



Ecrit par: P'tit Panda Mercredi 17 Février 2010 01h06
Pékin lève le voile sur le sort d'un avocat devenu dissident
LE MONDE | 15.02.10 | 14h18
Pékin Correspondant

Le 4 février 2009, l'avocat Gao Zhisheng avait été emmené par des policiers au cours d'une "descente" surprise à minuit dans son village natal de la province du Shaanxi, au sud-ouest de Pékin. Depuis, on n'avait plus entendu parler de lui. Coup de théâtre dimanche 14 février : l'ambassade chinoise à Washington a révélé à l'organisation des droits de l'homme américaine Dui Hua, spécialisée sur la Chine, que Me Gao "travaille à Urumqi", capitale de la province du Xinjiang, dans le nord-ouest chinois. C'est la première fois qu'une déclaration officielle lève le voile sur le mystère de la disparition de cet ancien membre du Parti communiste devenu défenseur des droits de ses concitoyens.

Aucune déclaration n'est encore venue étayer et préciser cette information depuis Pékin, le terme "travailler" pouvant laisser entendre que M. Gao est en camp de travail. Milieu janvier, le porte-parole du ministère des affaires étrangères chinois, Mao Zhaoxu, avait eu cette remarque sybilline : Gao Zhisheng "est là où il doit être". Avant d'ajouter le 26 janvier, lors d'un autre briefing devant la presse : "Il y a 1,3 milliard de Chinois et je ne peux pas savoir ce qu'ils font tous"...

Me Gao est connu pour avoir défendu un large panel de personnes persécutées par le régime ou victimes des injustices du système : mineurs de fonds exploités, chrétiens des Eglises clandestines ou membres de la secte du Falun Gong, l'une des bêtes noires du régime. En 2006, il avait été une première fois arrêté et condamné à trois ans de prison avec sursis. A la suite de cette sentence, il avait été placé en résidence surveillée.

Cinq ans plus tôt, il avait cependant été distingué par le ministère de la justice comme l'un des dix meilleurs avocats de Chine pour son combat contre les abus frappant les paysans expropriés par des projets immobiliers, une pratique croissante qui inquiète les autorités et provoque souvent de violentes manifestations. Mais Me Gao avait fini par oser franchir la fameuse ligne rouge qu'il faut veiller à respecter en Chine : pas question de défendre des ennemis patentés du régime.

Licence supprimée

En 2005, son cabinet fut fermé manu militari et la licence de ses vingt avocats, supprimée. M. Goa répliqua en rendant sa carte du Parti communiste et en écrivant aux plus hautes autorités, demandant que soit mis fin à la répression contre les adeptes du Falun Gong. L'avocat a raconté que, durant les cinquante-quatre jours de sa détention, il avait été torturé - ses parties génitales ont été soumises à des chocs électriques - et battu quotidiennement par ses gardiens.

Interrogé en début du mois par le New York Times, le directeur de la Fondation Dui Hua, John Kamm, qui s'est fait connaître en négociant par le passé la libération de prisonniers politiques, a déclaré : "Désormais, la Chine estime qu'elle n'a de compte à rendre à personne en matière de droits de l'homme."

Bruno Philip
Article paru dans l'édition du 16.02.10


Ecrit par: P'tit Panda Mercredi 17 Février 2010 01h07
En Chine aussi, le mieux peut être l'ennemi du bien
LE MONDE | 15.02.10 | 13h53 • Mis à jour le 15.02.10 | 13h53

L'inflexion que la Chine vient de donner à sa politique monétaire montre que Pékin est pris dans un triangle infernal.

Le 12 février, à la veille des congés prolongés du Nouvel An chinois, la Banque populaire de Chine a, contre toute attente, relevé le niveau des réserves obligatoires - le pourcentage des dépôts que les banques doivent placer auprès de la banque centrale. La hausse n'est pas sévère : le taux est passé de 16 % à 16,5 % pour les gros établissements. En outre, la date d'effet étant fixée au 25 février, on peut penser qu'il s'agit en partie d'une mesure technique, destinée à absorber un peu de liquidités à l'issue de la période des festivités.

Il n'en reste pas moins que la Banque populaire de Chine est dans une position inconfortable. Pékin voudrait contenir l'inflation mais cette tâche est ardue. Les prix ont augmenté de 1,5 % en janvier - moins qu'en décembre 2009. Mais le prix des logements urbains a grimpé de 9,5 % en un an, et le volume des prêts bancaires consentis en janvier a été équivalent à celui de l'ensemble du quatrième trimestre 2009.

Le relèvement du niveau des réserves est typique de la banque centrale. Elle a voulu agir mais avec prudence. Cette manière retenue de lutter contre l'inflation montre qu'elle ne veut pas compromettre le second objectif du gouvernement : garder un taux de croissance élevé. Fin 2008, l'assouplissement de la politique monétaire avait permis de compenser partiellement la chute des commandes étrangères. Le produit intérieur brut affiche à nouveau une progression à deux chiffres. Une partie des liquidités injectées a contribué à alimenter l'inflation, mais pour l'essentiel, l'effet a été de stimuler la production de biens et de services.

Lâcher du lest

Certes, la banque centrale chinoise pourrait écouter les Etats occidentaux, qui l'exhortent à réévaluer le yuan. La mesure serait anti-inflationniste - elle diminuerait la valeur des importations, sans forcément nuire à la croissance de l'économie.

Mais elle rendrait moins compétitives les filières d'exportation à fort taux de main-d'oeuvre, entraînant la suppression de postes. Ce qui ne serait pas compatible avec la troisième priorité de Pékin : s'assurer que l'économie crée de l'emploi à un rythme régulier. Le parti unique qui dirige le pays considère que toute recrudescence du chômage est un facteur de risque politique aussi bien qu'économique.

Courir trois objectifs à la fois, c'est peut-être trop, même avec le contrôle du taux de change, de la majorité du système bancaire et d'une bonne partie du secteur industriel. Il faut lâcher du lest quelque part. Une petite bouffée de fièvre sur les prix est peut-être encore préférable à une croissance dégradée ou à la destruction d'emplois.

(Traduction de Christine Lahuec.)

Plus de commentaires sur l'actualité économique et financière sur Breakingviews.com.

Edward Hadas
Article paru dans l'édition du 16.02.10


Ecrit par: P'tit Panda Mercredi 17 Février 2010 01h16
Pékin fête l'année du Tigre sur les marchés mondiaux, par Philippe Chalmin
LE MONDE ECONOMIE | 15.02.10 | 16h02 • Mis à jour le 15.02.10 | 16h02

L'année du Tigre a commencé le 14 février. Elle promet d'être, au niveau mondial, l'année de la Chine. Car soixante et un ans après la fondation de la République populaire, 2010 s'annonce comme l'année de tous les superlatifs pour un pays qui est déjà le premier exportateur de la planète, son premier marché automobile, et probablement déjà, la deuxième économie mondiale par son produit intérieur brut (PIB).

La Chine, qui s'apprête à célébrer avec fastes l'Exposition universelle de Shanghaï (du 1er mai au 31 octobre), devrait aussi avoir, en 2010, un taux de croissance de l'ordre de 10 %, à comparer avec les 3,9 % attendus par le Fonds monétaire international (FMI) pour le monde entier.

Les esprits chagrins ne manquent pas de souligner les déséquilibres que suscite cette "monstrueuse" croissance : la fragilité de l'appareil bancaire local miné par ses créances douteuses, la bulle immobilière, la montée des inégalités, la dépendance à l'importation de matières premières... Mais sur ce dernier point, l'apparente faiblesse chinoise est devenue une force !

La Chine est le premier importateur mondial de toutes les matières premières, à la seule exception des céréales et des produits tropicaux. Du minerai de fer aux métaux non ferreux, du soja au caoutchouc, ses importations ont connu une progression sans précédent en 2009. Au-delà même des stricts besoins industriels puisqu'on a assisté à la constitution de stocks publics et privés, souvent motivée par des raisons spéculatives ou au moins par la recherche d'une couverture par rapport au dollar. Déjà largement importateur de pétrole et de gaz, le pays l'est devenu aussi de charbon-vapeur.

La position de la Chine est telle sur les marchés mondiaux que l'on peut penser qu'en tant qu'importateur solvable de dernier recours, elle détient in fine l'"arme des matières premières". Elle peut la déployer, avec toute sa puissance d'achat, au bénéfice de sa diplomatie : en 2009, elle a pu offrir 60 milliards de dollars (44 milliards d'euros) de "crédits contre pétrole et gaz" pour ramener dans sa mouvance le Kazakhstan et le Turkménistan, amadouer le Brésil, secourir la Russie, "annexant" même l'Australie à sa politique en signant un contrat de livraison de charbon de 60 milliards de dollars sur vingt ans. En Afrique, elle avance en terrain quasiment conquis de la Zambie au Soudan ou au Congo.

Il n'est jusqu'aux Etats-Unis qui puissent en souffrir. Dans le conflit qui oppose Pékin à Google, ou lors de l'annonce de contrats militaires américains à Taïwan, on a ainsi évoqué l'utilisation de l'"arme du soja" : sans même annuler les contrats en cours, la Chine pourrait reporter vers l'Amérique latine ses achats (4 à 5 millions de tonnes mensuels) - cette partie du monde dispose cette année de disponibilités abondantes. Or les intérêts des farmers américains pèsent lourd dans l'équation politique bien compliquée de Barack Obama...

La clef de la conjoncture des marchés, en 2010 et au-delà, se trouve bien en Chine. Mais toute prévision est rendue difficile par le comportement de Pékin, difficile à décrypter de façon rationnelle. Il est ainsi manifeste que les importations dépassent depuis des mois les besoins estimés. Est-ce pure spéculation, ou bien s'agit-il d'achats de précaution à quelques mois de l'Exposition universelle, comme cela avait été le cas en 2008 avant les Jeux olympiques ? La Chine se retirera-t-elle alors des marchés durant l'été, comme elle l'avait fait à partir d'août 2008, provoquant un repli général des cours ?

Quoi qu'il en soit, la patte du Tigre sera omniprésente en 2010 sur les marchés mondiaux.

Philippe Chalmin, université Paris-Dauphine
Article paru dans l'édition du 16.02.10

Ecrit par: P'tit Panda Mercredi 17 Février 2010 01h19
Mise à jour 12.02.2010 12h19
Un écrivain chinois demande l'inscription du Nouvel An chinois au patrimoine mondial


La Fête du Printemps chinoise, une culture riche en traditions, devrait figurer en tête de liste des nominés potentiels chinois au statut d'Héritage Intangible du Patrimoine Culturel Mondial, d'après Feng Jicai, célèbre écrivain chinois, qui s'exprimait jeudi dans l'édition internationale du Quotidien du Peuple.

M. Feng, directeur adjoint de la Fédération chinoise des Cercles d'Art et de Littérature, pense que la ferveur qui règne autour du Nouvel An chinois, et en particulier le rituel du retour annuel à la maison, est une « culture de la Fête du Printemps » qui mérite d'être préservée.

Il s'est aussi félicité des initiatives du gouvernement chinois qui a ajusté sa politique de vacances traditionnelles, dont la Fête des Morts, la Fête des Bateaux-Dragons et la Fête de la Mi-automne, ainsi que de la volte-face au sujet des restrictions qui frappaient l'usage des pétards dans certaines villes.

Pour M. Feng, toutes ces décisions, qui donnent une plus grande place aux traditions séculaires sur l'agenda officiel, sont une preuve du respect des usages de la culture chinoise.


Source: le Quotidien du Peuple en ligne

Ecrit par: P'tit Panda Jeudi 18 Février 2010 12h46
Sarkozy félicite les Chinois pour leur « intégration réussie »
Par Pierre Haski | Rue89 | 17/02/2010 | 17H14

Il y a de bons immigrés qui s'intègrent bien en France, Nicolas Sarkozy les a rencontrés. Ce sont les Asiatiques, qui « incarnent la valeur travail » et sont aimés par les Français.

Pour la première fois, un président de la République a reçu à l'Élysée des représentants des communautés asiatiques en France à l'occasion du Nouvel An chinois [1], qui coïncide avec la fête du Têt [2] célébrée par les Vietnamiens et Cambodgiens. Il a en profité pour faire passer quelques messages.

Avec de gros sabots, Nicolas Sarkozy a utilisé la présence de la communauté chinoise de France pour passer la pommade à la Chine, avec laquelle les relations sont passées de l'exécrable au lendemain de sa rencontre avec le dalaï lama fin 2008, à correctes, tendance fraîche aujourd'hui. Étrange raisonnement, au passage, qui fait des Chinois des modèles d'intégration, mais qu'on utilise pour communiquer avec un État étranger…

Nicolas Sarkozy annonce en particulier qu'il se rendra à Shanghaï en avril à l'occasion de l'inauguration de l'Expo universelle, ne faisant pas la même erreur que pour la cérémonie d'ouverture des JO de Pékin à l'été 2008, lorsqu'il avait conditionné sa venue à des enjeux politiques liés au Tibet. Cette fois, Nicolas Sarkozy est résolument positif :

« Le pavillon français symbolisera la force de nos liens avec le peuple chinois. »

Mais surtout, en plein débat sur l'identité nationale, le Président a enfin trouvé une communauté immigrée modèle à mettre en valeur, une communauté qui s'« approprie les valeurs de notre République, par l'école, par le travail » :

« Vous êtes, mes chers amis, devenus les modèles d'une intégration réussie.

Vous qui êtes Français venus d'Asie, ou dont les parents sont nés en Asie, vous faites partie des forces vives de notre pays. Chacun dans votre domaine, vous incarnez la valeur travail qui m'est chère et dont la réhabilitation est la condition d'une intégration pleinement réussie.

Innombrables sont mes amis asiatiques en France devenus Français et je dois confesser mon admiration pour la capacité dont vous faites preuve, chaque jour, à vous intégrer, à être aimés et appréciés de la communauté nationale que vous rejoignez.

Mon admiration pour votre réussite aussi, dont de nombreuses familles peuvent témoigner. »

En « draguant » ainsi les communautés asiatiques (il n'y en a pas une mais plusieurs, bien distinctes) de France, Nicolas Sarkozy réussit plusieurs objectifs à la fois, en interne comme en externe. Même si, dans ce mélange des genres, on risque toujours de brouiller les messages.

Photo : Nicolas Sarkozy pendant son discours à l'Élysée à l'occasion du Nouvel An chinois, le 16 février (POOL New/Reuters)
Blog principal:
Chinatown [3]
Des étudiants chinois en France s'adressent à Sarkozy [4]
Dialogue Paris-Pékin : vu de Chine, c'est la France qui a cédé [5]
Le discours intégral de Nicolas Sarkozy, sur le site de l'Élysée [6]
URL source: http://www.rue89.com/2010/02/17/sarkozy-felicite-les-chinois-pour-leur-integration-reussie-139039

Links:
[1] http://www.chine-informations.com/nouvelanchinois/
[2] http://www.vina-pix.com/dossiers/vietnam-fete-d-tet.html
[3] http://www.rue89.com/chinatown
[4] http://www.rue89.com/jo-de-pekin/des-etudiants-chinois-en-france-sadressent-a-sarkozy
[5] http://www.rue89.com/chinatown/2009/04/02/dialogue-paris-pekin-vu-de-chine-cest-la-france-qui-a-cede
[6] http://www.elysee.fr/documents/index.php?cat_id=7

Ecrit par: P'tit Panda Jeudi 18 Février 2010 13h04
Published on Rue89 (http://www.rue89.com)
Un plan Marshall chinois contre le nucléaire nord-coréen
By Pierre Haski
Created 02/15/2010 - 19:04

Un plan d'investissement équivalent à un quart du produit intérieur brut annuel d'un pays, c'est du jamais vu, plus important encore que le plan Marshall [1] américain pour l'Europe après la Seconde Guerre mondiale. La comparaison n'est pas absurde, puisqu'il s'agit d'un projet chinois pour la Corée du Nord, un appât pour amener le régime de Pyongyang à abandonner l'arme nucléaire.

C'est l'agence sud-coréenne Yonhap qui a vendu la mèche lundi, révélant que Pékin négociait un tel plan d'investissements [2], dont 60% serait assurés par des banques ou des grandes entreprises chinoises. Selon Yonhap, le projet a été évoqué la semaine dernière lors d'une rencontre entre le leader nord-coréen Kim Jong-il et Wang Jiarui [3], le responsable du secteur international du Parti communiste chinois (PCC).
L'économie nord-coréenne exsangue

Pour avoir une idée de l'ampleur du plan, il faut savoir que l'économie nord-coréenne [4], qui est exsangue sous le double effet d'années de sècheresse et d'une gestion calamiteuse, ne dépasse pas en PIB les 40 milliards de dollars annuels (contre 888 milliards pour la Corée du Sud).

Les quelques tentatives d'attirer les investissements étrangers se sont imitées aux grands groupes sud-coréens ou à créer une zone franche pour les Chinois à la frontière sino-coréenne, face à la ville chinoise de Dandong.

L'initiative chinoise est d'abord politique, la Chine jouant le rôle de chef de file dans les négociations à six (avec les deux Corée, les Etats-Unis, le Japon, la Russie) sur la question nucléaire. La Corée du Nord s'est dotée de l'arme nucléaire après s'être retirée du Traité de non prolifération en 2003, et a procédé à deux essais nucléaires, en 2006 et 2009.

La Chine elle-même ne souhaite pas que la Corée du Nord reste nucléarisée, redoutant que cela encourage le Japon à emprunter la même voie. Mais Pékin ne veut pas voir non plus son voisin communiste s'effondrer, au risque de voir la Corée du Sud [5], bien plus développée, se réunifier avec le nord, et amener l'influence américaine, encore très forte au sud, jusqu'à la frontière de la Chine.
Un électrochoc pour l'économie nord-coréenne

Economiquement, la Corée du Nord semble difficilement capable d'accueillir une manne d'investissements aussi forte. Sauf à commencer par le développement des infrastructures qui manquent cruellement, comme la production d'électricité, les télécoms, les transports ou dans le domaine social, hospitalier ou éducatif.

Tout visiteur à Pyongyang, une capitale qui fut moderne à sa reconstruction après la guerre de Corée [6] dans les années 50, ne peut manquer d'être frappé par le dénuement dans les magasins, l'absence de transports en commun, les coupures d'électricité, le chauffage intermittent…

Les besoins sont immenses, malgré les quelques tentatives de développer un marché « libre » afin d'améliorer la circulation de produits alimentaires.

Si ce plan venait à être effectivement décidé et appliqué, ce serait l'illustration de la politique de chantage menée depuis bientôt une décennie par la Corée du Nord.
La Chine soutient le régime, mais à peu d'estime pour le « pays frère »

Les diplomates sont convaincus que l'option nucléaire n'a pas d'autre objectif que de contraindre les Occidentaux à lui donner les garanties de sécurité qu'elle réclame (il n'y a toujours pas de traité de paix depuis la fin de la guerre de Corée en 1953), et de lui apporter les soutiens financiers qu'elle est incapable de générer d'elle-même avec son système en faillite.

Ce faisant, la Chine conforterait son rôle de mentor de la Corée du Nord, malgré le peu d'estime que portent les dirigeants de Pékin pour leurs « frères » de Pyongyang, et renforcerait sa crédibilité de puissance régionale.

Reste à passer du plan à la réalité, et ce ne sera pas une mince affaire, même pour les dirigeants chinois qui ont réussi à transformer l'économie de leur pays de la catastrophe maoïste à sa puissance actuelle en à peine trois décennies.

Photo : des officiels nord-coréens en congrès à Pyonyang ce lundi (KCNA, agence officielle nord-coréenne)
Blog principal:
Chinatown [7]
Essai nucléaire en Corée du Nord : la diplomatie du chantage [8]
Kissinger critique la mission « privée » de Clinton en Corée [9]
La Corée du Nord entre propagande et tragédie [10]
C'est la Berezina économique, sur Courrierinternational.com [11]
La Corée du Nord, un Etat parasite ? sur Geostrategie.com [12]
Commander sur Fnac.com:
Au pays du grand mensonge, voyage en Corée du Nord, par Philippe Grangereau [13]
Les aquariums de Pyongyang, dix ans au goulag nord-coréen [14]
URL source: http://www.rue89.com/2010/02/15/un-plan-marshall-chinois-contre-le-nucleaire-nord-coreen-138662

Links:
[1] http://fr.wikipedia.org/wiki/Plan_Marshall
[2] http://www.aujourdhuilachine.com/informations-chine-la-chine-prepare-un-large-plan-d-investissement-avec-la-coree-du-nord-13716.asp?1=1
[3] http://www.chinavitae.com/biography/Wang_Jiarui|2140
[4] http://www.businesspme.com/articles/economie/146/economie-de-la-coree-du-nord.html
[5] http://www.rue89.com/tag/coree-du-sud
[6] http://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_de_Corée
[7] http://www.rue89.com/chinatown
[8] http://www.rue89.com/2009/05/25/essai-nucleaire-en-coree-du-nord-la-diplomatie-du-chantage
[9] http://www.rue89.com/2009/08/10/kissinger-critique-la-mission-privee-de-clinton-en-coree
[10] http://www.rue89.com/tele89/2009/05/30/la-coree-du-nord-entre-propagande-et-tragedie
[11] http://www.courrierinternational.com/article/2010/02/05/c-est-la-berezina-economique
[12] http://www.geostrategie.com/2412/la-coree-du-nord-un-etat-parasite
[13] http://livre.fnac.com/a2757717/Philippe-Grangereau-Au-pays-du-grand-mensonge-voyage-en-Coree-du-Nord?Origin=RUE89_EDITO
[14] http://livre.fnac.com/a1098638/Pierre-Rigoulot-Les-aquariums-de-Pyongyang?Origin=RUE89_EDITO

Ecrit par: P'tit Panda Jeudi 18 Février 2010 13h05
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« Vive le Socialisme »... une chanson chinoise et l'histoire d'une vie
By Bertrand Mialaret
Created 02/18/2010 - 08:00

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Chinatown [1]

« Vive le Socialisme »…une chanson chinoise ! Une chanson chantée dans les entreprises le 1er Juillet, anniversaire de la fondation du Parti communiste chinois ; C'est aussi le titre de l'autobiographie de Zhang Lijia, ouvrière dans une usine de missiles dans les années 1980-1990, puis journaliste.

Dotée d'une sœur, actuellement haut fonctionnaire et d'un frère, à l'époque plutôt voyou, Lijia est la fille d'une ouvrière, communiste convaincue, de l'usine Liming. Cette usine, la plus grande de Nankin (10 000 ouvriers) fabrique notamment des fusées intercontinentales avec, quelques années plus tard, une diversification originale : la fonte d'une statue géante en bronze du Bouddha !

Le père, poursuivi comme « droitier » dans les années 50, a été réhabilité, mais travaille dans une province voisine car il n'a pas de permis de séjour pour Nankin.

Lijia réussit brillamment ses études, mais sa mère la force à les interrompre pour reprendre son emploi à l'usine, ce qui lui permet de prendre une retraite (très) anticipée et de démarrer sa petite entreprise. Cette politique de « remplacement d'emploi » a été instaurée, jusqu'en 1980, pour lutter contre le chômage des jeunes au retour de leur « envoi à la campagne » pendant la Révolution Culturelle.

Les bons résultats à l'examen d'entrée de l'usine lui ouvrent la possibilité d'un travail guère prenant de test d'appareils de mesure. Le sous emploi est tel qu'un de ses collègues recopie le journal le Quotidien du Peuple pour paraître occupé.

Le livre est une plongée passionnante dans la vie d'une entreprise publique des années 1980, époque où la Chine ouvre son économie aux méthodes capitalistes. Beaucoup d'évocations qu'on ne trouve pas ailleurs sur les contraintes, la surveillance, les rivalités, le conformisme nécessaire mais aussi les possibilités de formation. Lijia, malgré son mauvais dossier politique, apprend l'anglais et suit l'université de l'usine (télé enseignement).
Ni un roman ni un essai

Ce type d'équilibre entre roman et essai semble avoir la faveur des éditeurs américains et des cours de création littéraire. Dans un excellent livre, dont nous avons rendu compte, Leslie Chang [2] ne se limitait pas à la vie d'ouvrières d'usine d'aujourd'hui à Dongguan, près de Canton, mais nous parlait aussi de la recherche de ses racines familiales en Chine.

Lijia ne nous cache rien de ses aventures sentimentales et de la répression sexuelle de l'époque. C'est certes intéressant, mais c'est un domaine où les témoignages abondent.

Il est clair que c'est un livre destiné au marché occidental, écrit directement en Anglais et publié d'abord par un éditeur américain. On nous dit que la censure ne permettrait pas sa publication en Chinois. C'est possible, même si le livre n'est pas un essai politique.

Nul doute que la censure n'accepterait pas quelques commentaires et surtout son évocation de la manifestation de soutien aux étudiants de la Place Tiananmen [3] en mai 1989, qu'elle a organisée dans son usine .

Après avoir vécu trois ans en Angleterre avec un mari écossais, elle devient journaliste, et en 2004 suit un Master de création littéraire à l'Université de Londres, puis plus tard à la prestigieuse Université de l'Iowa aux Etats Unis. Elle vit actuellement à Pékin avec ses deux filles.

Le livre se lit très agréablement, même si l'on peut parfois trouver un peu maladroites les informations « culturelles » fournies au lecteur occidental. Tout cela est fort bien écrit avec un bon sens de l'humour.

Lors de la présentation de son livre à l'incontournable librairie parisienne « Le Phénix », on a pu apprécier son style direct et surtout l'appétit de vivre qui sont les traits caractéristiques de ses mémoires.

Il n'est pas certain que son prochain livre, qui traite de la prostitution en Chine, développe un semblable optimisme !

►Zhang Lijia, « Vive le Socialisme », traduit de l'anglais par Jean-François Cheix. Bourin Editeur, 2009, 450 pages, 22 €.

« La fabrique des femmes », portrait des artisans du miracle chinois [2]
Commander sur Fnac.com:
Vive le socialisme, par Zhang Lijia [4]
URL source: http://www.rue89.com/2010/02/18/vive-le-socialisme-une-chanson-chinoise-et-lhistoire-dune-vie-134122

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[1] http://www.rue89.com/chinatown
[2] http://www.rue89.com/chinatown/2009/05/21/la-fabrique-des-femmes-portrait-des-artisans-du-miracle-chinois
[3] http://www.rue89.com/tag/tiananmen-0
[4] http://livre.fnac.com/a2756266/Lijia-Zhang-Vive-le-socialisme-?Origin=RUE89_EDITO

Ecrit par: P'tit Panda Jeudi 18 Février 2010 13h07
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Sony se paie le pianiste Lang Lang 3 millions de dollars
By Nathalie Krafft
Created 02/15/2010 - 15:30

Blog principal:
droles de gammes [1]

Un transfert de star pour trois millions de dollars. Il ne s'agit pas de l'achat d'un joueur de foot, mais bien de ce que vient de payer Sony, d'après les rumeurs les plus fondées, pour s'offrir les services du pianiste chinois Lang Lang [2]et le faire quitter Universal. Du jamais vu dans la musique classique. Mais pourquoi « vaut »-il si cher ?

Pour autant de raisons qu'il y a de Chinois. Il y a quinze ans, le père de Lang Lang empruntait 5 000 dollars pour pouvoir envoyer son fils passer un concours en Allemagne. En 2010, le même garçon, à 27 ans, en vaut six cents fois plus : le prix d'une success story.

Quelques faits : né de parents musiciens (son père joue de la harpe chinoise), il commence le piano à 3 ans, donne son premier concert à 5, entre au Conservatoire de Pékin à 9. Rien d'exceptionnel. Sauf que cela se passe en Chine. Aujourd'hui, 40 millions de petits chinois apprennent le piano. Et c'est au crédit de Lang Lang qu'est portée cette explosion de l'enseignement.
Frac blanc et piano rouge

Obama et Lang Lang. Photo DRuser posted imageStar des médias, le Time l'a désigné fin 2009 comme une des 100 personnes les plus influentes du monde et le New York Times l'a qualifié d'artiste « le plus chaud de toute la planète classique ».

Star tout court, il a ouvert les Jeux olympiques de Pékin en 2008 en jouant devant cinq milliards de spectateurs, il a joué à la cérémonie de remise du prix Nobel de la paix à Barack Obama, il a créé une oeuvre commandée par le Prince Charles en mémoire de sa grand-mère. Sans compter des ventes de disques atteignant les dimensions de la pop music et des concerts joués à guichet fermé…
Le cheval de Troie des marques en Chine

Humainement expansif, pianistiquement virtuose, abusivement sentimental, Lang Lang « surjoue » tout : sa coupe de cheveux, son frac blanc, ses pianos rouges, ses interprétations psychédéliques de Chopin, Liszt ou Beethoven. Il décomplexe tous les publics, et c'est peut-être là aussi que réside sa valeur « marchande ». (Voir la vidéo)



En plus, il est Chinois, et cela n'a pas de prix. Pour certaines grandes marques internationales, tel Rolex, Audi, Panasonic ou justement Sony, Lang Lang est un cheval de Troie : pour des milliards d'Asiatiques, il incarne le rêve d'une réussite d'autant plus désirable qu'elle emprunte un langage par excellence occidental, celui de la musique classique.
Choisi en Pologne pour ouvrir l'année Chopin

C'est lui qui a été choisi pour ouvrir l'Année Chopin [3] à Varsovie, qui marque en 2010 le bicentenaire de la naissance du compositeur. C'est aussi lui qui jouera un des rôles principaux dans un film d'animation sur Chopin (l'histoire d'un voyage fantastique à travers l'univers du compositeur, sur un piano volant). Il sera bien sûr l'interprète des oeuvres de Chopin qui y figureront (sortie du film automne 2010).

Mais ce ne sont pas seulement les ventes de disques qui ont décidé Sony à s'« acheter » aussi cher leur pianiste chinois. Depuis avril 2008 et ce pour un contrat de trois ans, Lang Lang était déjà l'ambassadeur de la marque (hi-fi, appareils photos, ordinateurs, caméscopes, etc).
L'enjeu du téléchargement

Yuja Wang. Photo DRIl user posted imagerestait un enjeu crucial, celui du téléchargement piraté en Chine de façon totalement habituelle. Lang Lang pourra-t-il y faire quelque chose ? Tel a été aussi le pari des stratèges de Sony, qui ont considéré que cela valait bien, en sus du reste, 3 millions de dollars.

Quant aux autres « majors » du disque, je vous rassure, chacune a son Chinois : EMI a Li Yundi [4], vainqueur du concours Chopin de Varsovie en 2000, et Universal/Deutsche Grammophon, abandonné par Lang Lang, s'est consolée avec Wang Yuja [5].

Le label a perdu la bataille Lang Lang, mais a peut-être gagné la guerre : Wang Yuja est certainement la plus intéressante de ces trois pianistes.
Suwanai-Angelich, duo tranchant pour sonate sanglante [6]
Toutes les notes de Droles de gammes sur le piano [7]
URL source: http://www.rue89.com/chinatown/2010/02/15/sony-se-paie-le-pianiste-lang-lang-3-millions-de-dollars-138613

Links:
[1] http://www.rue89.com/droles-de-gammes
[2] http://www.langlang.com/
[3] http://www.chopin2010.pl/fr
[4] http://www.yundi-li.com/
[5] http://www.yujawang.com/
[6] http://www.rue89.com/droles-de-gammes/2009/09/18/suwanai-angelich-duo-tranchant-pour-sonate-sanglante
[7] http://www.rue89.com/tag/piano

Ecrit par: P'tit Panda Jeudi 18 Février 2010 19h16
Le dalaï-lama pris dans le "grand marchandage" entre Pékin et Washington
LE MONDE | 17.02.10 | 14h20 • Mis à jour le 17.02.10 | 14h20
New York Correspondant

Comme annoncé il y a déjà deux semaines par la Maison Blanche, qui feint de s'étonner de la colère chinoise, la rencontre devait avoir lieu ce jeudi 18 février, . Une telle entrevue "minera" la relation sino-américaine, a répété Pékin.

En novembre 2009, lors de sa visite en Chine, Barack Obama avait fait part à son homologue Hu Jintao de son intention de rencontrer le dalaï-lama, le chef en exil de la communauté tibétaine. Les Chinois pensaient-ils qu'il y renoncerait alors que, depuis vingt ans, tous les présidents américains ont reçu le dalaï-lama et que, cette fois, les deux hommes ne devraient pas se montrer ensemble en public ?

Ce rendez-vous s'inscrit dans un contexte de dégradation rapide de la relation sino-américaine. Fin septembre, lors du G20 de Pittsburgh (Pennsylvanie), une expression nouvelle était apparue : les Etats-Unis et la Chine formeront bientôt un "G2" ; les deux puissances, la vieille et la nouvelle, présidant aux destinées de la planète.

Vus de Pékin, ces temps paraissent antédiluviens. Le 12 février, un éditorial de l'organe officiel China Daily accusait M. Obama de garder "une mentalité de guerre froide dans son subconscient".

Pour les Américains, Pékin se comporte de façon de plus en plus "arrogante". L'explication qu'ils en donnent, dit Evan Feigenbaum, sinologue au Council on Foreign Relations, est que "les Chinois ont conclu de la crise que les Etats-Unis sont sur le déclin". Pékin s'enhardirait d'autant plus que Washington n'aurait plus les moyens de sa diplomatie de grande puissance.

Pour l'administration Obama, à l'inverse, la Chine ne se comporte pas encore comme une puissance consciente des enjeux internationaux mais comme un pays uniquement préoccupé de défendre ses "intérêts étroits" : son comportement à la conférence de Copenhague sur le climat aurait conforté cette conviction.

Officiellement, le département d'Etat se réjouit de la "relation remarquablement stable" entre les deux pays : "Nos intérêts coïncident dans de nombreux domaines mais entrent parfois en collision sur une poignée de sujets."

Mais la "poignée de sujets" n'est pas mince. Washington considère que Pékin triche en matière de commerce international. Et M. Obama a évoqué "l'énorme désavantage compétitif" d'un yuan, la monnaie chinoise, "artificiellement bas".

La Chine est également accusée de s'opposer à l'adoption d'une résolution contraignante contre l'Iran, de multiplier les obstacles au développement des entreprises américaines sur son territoire, de mener un cyberespionnage actif des produits américains de haute technologie... Son soutien accru à la Corée du Nord est enfin jugé incompatible avec l'ambition affichée d'éviter la prolifération nucléaire.

Du côté chinois, l'annonce d'une vente d'armes d'un montant de 6,4 milliards de dollars (4,5 milliards d'euros) à Taïwan, l'île-Etat chinoise dissidente, a accru la colère nationale. Quant à l'affaire Google, où le géant de l'Internet a menacé de quitter la Chine si Pékin poursuit sa traque des dissidents sur son serveur Gmail, un spécialiste américain reconnaît que l'entreprise n'aurait jamais pu rendre ses déclarations publiques sans l'aval du département d'Etat.

Depuis, Pékin a menacé de tourner le dos à de nombreuses entreprises américaines (dont l'avionneur Boeing) pour ses acquisitions. Le 5 février, l'importation de volailles américaines était lourdement taxée.

Derrière les invectives, deux questions-clés se profilent. D'abord, assiste-t-on aux prémices d'un "grand marchandage" ? "Oui, indubitablement", juge Kenneth Dewoskin, ancien directeur du département Chine-Asie de l'Est à l'université du Michigan. Dans cette négociation globale, "le débat sur le yuan n'est qu'un paravent, estime-t-il. Sa réévaluation de 21 % entre 2006 et 2008 n'a pas réduit le déficit commercial américain avec Pékin, au contraire. Les deux ambitions américaines prioritaires sont l'ouverture du marché chinois à ses entreprises et la protection de la propriété intellectuelle". "Non, réplique M. Feigenbaum. Stable depuis Richard Nixon, la politique américaine vise à intégrer Pékin au système international à des conditions acceptables par Washington. D'où les hauts et les bas."

Seconde question : quels sont les risques de dérapages ? Là, les deux analystes pensent que de part et d'autre les dirigeants contrôlent la montée des tensions mais que celles-ci sont accrues par les évolutions internes à chaque pays. "Aux Etats-Unis, la population est de plus en plus hostile aux Chinois. L'inverse est également vrai. L'année 2010 sera difficile", prévoit M. Feigenbaum. Pour M. Dewoskin, malgré les apparences, "la situation actuelle est bien plus saine que sous George Bush. Les désaccords mis sur la table accélèrent la nécessité de trouver des compromis".

Mais les deux pays, conclut-il, se dirigent vers des échéances politiques intérieures difficiles. "Du côté chinois, une poussée nationaliste menace. Du côté américain, si l'emploi ne s'améliore pas rapidement, une surenchère protectionniste n'est pas à exclure avant les élections (de novembre). Là se situent les risques de déraillement."

Sylvain Cypel

*


Une brusque dégradation des relations

21 janvier 2010. Au sujet de l'affaire Google en Chine, la secrétaire d'Etat, Hillary Clinton, parle d'un "nouveau rideau d'information descendant sur une grande partie du monde", assimilant le comportement de Pékin au rideau de fer tiré par Staline le long de l'Europe de l'Est.

2 février. La Maison Blanche annonce la réception du dalaï- lama.

3 février. Barack Obama dit vouloir "maintenir la pression sur la Chine et d'autres pour qu'ils ouvrent leurs marchés de façon réciproque".

Ecrit par: P'tit Panda Jeudi 18 Février 2010 19h18
La Chine à la rescousse de l'économie nord-coréenne
LE MONDE | 17.02.10 | 14h23 • Mis à jour le 17.02.10 | 14h23
Pékin Correspondant

La récente visite d'un haut responsable politique chinois en Corée du Nord, largement passée sous silence dans les médias, pourrait déboucher sur un vaste plan d'investissement destiné à redresser l'économie du régime de Pyongyang. C'est ce qu'a indiqué, en début de semaine, une dépêche de l'agence de presse sud-coréenne Yonhap sous le titre : "La Corée du Nord attire 10 milliards de dollars (7 milliards d'euros) en investissements étrangers."

Une telle somme, considérable à l'échelle de ce pays puisqu'elle représente environ un quart du PIB estimé, serait à 60 % versée par des banques et des groupes chinois. Tel est en tout cas le projet qu'ont évoqué la semaine dernière le numéro un nord-coréen Kim Jong-il et le responsable du secteur international du Parti communiste chinois, Wang Jiarui.

Les médias chinois avaient mentionné la visite dans la capitale nord-coréenne du dignitaire pékinois mais n'avaient apporté aucune précision sur ce plan. S'il se réalisait, il illustrerait à quel point la Chine entend conserver un lien économique fort avec Pyongyang pour être en mesure de contraindre son voisin de revenir à la table des négociations sur le nucléaire.

Les relations entre les deux capitales se sont en effet dégradées depuis les essais nucléaires nord-coréens de 2008 et 2009, une provocation de son "allié" que la Chine a perçue comme un camouflet, tant cette décision ignorait les pressions de Pékin.

La Chine est prise dans un étau. Les gesticulations de son turbulent "voisin à problème", comme le qualifie Sun Zhe, universitaire chinois spécialiste des questions de politique internationale, embarrassent Pékin, contraint de soutenir la Corée du Nord.

Un éventuel effondrement du régime du "Cher Leader" et la réunification de la péninsule représentent une perspective cauchemardesque pour la Chine, qui devrait alors absorber le choc provoqué par l'arrivée de réfugiés sur son territoire et partagerait désormais une frontière commune avec un pays - la Corée du Sud - où sont stationnés plus de 28 000 soldats américains. D'où la nécessité pour les stratèges chinois de garantir la survie de la Corée du Nord.

Pyongyang a beau être dépendant de la Chine à 80 % pour ses biens de consommation et à 40 % pour la nourriture, les autorités de Pékin savent qu'à l'égard de la Corée du Nord "la carotte économique" est sans doute plus efficace comme arme de pression.

Bruno Philip
Article paru dans l'édition du 18.02.10


Ecrit par: P'tit Panda Lundi 22 Février 2010 14h02
Le Tibet, encore


LE MONDE | 20.02.10 | 14h05 • Mis à jour le 20.02.10 | 14h05

le président américain a reçu le dalaï-lama, jeudi 18 février, à Washington. La Chine a protesté le lendemain. Elle a assuré que cette première rencontre entre le chef spirituel des Tibétains et Barack Obama ne manquerait pas de porter "gravement préjudice" aux relations entre la Chine et les Etats-Unis.

A priori, rien de très grave. Les relations entre ces deux puissances sont si importantes, leurs intérêts si interdépendants, qu'elles ne sauraient être durablement affectées par la visite que le dalaï-lama a faite à la Maison Blanche. Il y a beau temps que les présidents américains reçoivent régulièrement ce chef bouddhiste aussi sage que réfléchi. Et, à chaque fois, cela suscite l'ire des dirigeants chinois. Mais il était particulièrement important que M. Obama reçoive cette année, en ce moment précis, le dalaï-lama. Pourquoi ?

Parce que le traitement réservé à cet homme en Europe et aux Etats-Unis est un marqueur de l'attachement que les Occidentaux éprouvent encore à l'égard des droits de l'homme. Or, en la matière, la Chine flirte avec la provocation. Qu'il s'agisse de l'exécution d'un arriéré mental britannique, il y a quelques semaines, piégé par des trafiquants de drogue ; qu'il s'agisse des attaques de hackers chinois contre les sites des défenseurs des libertés publiques ; qu'il s'agisse du traitement réservé à quelques-uns des dissidents les plus légalistes, Pékin paraît n'avoir qu'un message à adresser à l'extérieur : pas d'ingérence dans ses affaires intérieures.

Le dalaï-lama ne remet pas en cause la souveraineté chinoise sur le Tibet. Il réclame plus d'autonomie pour cette région. Il revendique plus de respect pour les droits culturels des Tibétains - leur langue, leurs pratiques religieuses. Il le fait en prônant la non-violence. Où est donc le crime de l'homme à la tunique safran que la propagande chinoise continue à présenter comme un chef de clique malfaisant ? Il pointe du doigt la situation au Tibet : nul doute que la Chine y a apporté un incontestable développement économique ; mais nul doute non plus qu'elle cherche à submerger la région sous une vague de peuplement han - l'ethnie majoritaire en Chine -, destinée à faire des Tibétains une minorité chez eux.

La Chine manifeste un remarquable dynamisme. Elle compte plus que jamais. Mais, trop sûre de son importance économique pour le reste du monde, serait-elle en proie ces jours-ci à une crise d'hubris, cette bouffée d'orgueil qui affecte les forts ? Il fallait lui signaler que tout ne sera pas sacrifié sur l'autel des relations économiques.

Article paru dans l'édition du 21.02.10



Ecrit par: P'tit Panda Lundi 22 Février 2010 14h04
Pékin proteste contre la rencontre entre Obama et le dalaï lama
LEMONDE.FR avec AFP | 19.02.10 | 10h22 • Mis à jour le 19.02.10 | 10h29

la Chine a vivement réagi vendredi au lendemain de la rencontre à Washington entre le président américain, Barack Obama, et le dalaï lama. L'entrevue "est une sérieuse ingérence dans les affaires intérieures chinoises, blesse sérieusement les sentiments du peuple chinois et porte gravement préjudice aux relations sino-américaines", déclare le ministère des affaires étrangères dans un communiqué.

Selon Chine nouvelle, le vice-ministre des affaires étrangères, Cui Tiankai, a ensuite convoqué l'ambassadeur des Etats-Unis en Chine, Jon Huntsman, pour lui signifier une protestation formelle. Une porte-parole de l'ambassade des Etats-Unis a confirmé la convocation mais sans faire plus de commentaire.

L'arrivée à la Maison Blanche du dalaï lama s'était pourtant voulue discrète, loin des caméras. Mais, à l'issue de l'entrevue, le dignitaire tibétain s'est rendu à l'extérieur de la résidence et s'est adressé à la presse, notamment pour déclarer que sa cause était "juste" et "pacifique". Le porte-parole de la Maison Blanche a indiqué que M. Obama avait exprimé "son fort soutien envers la préservation de l'identité religieuse, culturelle et linguistique unique du Tibet et à la protection des droits humains des Tibétains au sein de la République populaire de Chine". "Le président a loué l'approche de la 'voie du milieu' du dalaï lama, son engagement à respecter la non-violence et sa poursuite du dialogue avec le gouvernement chinois", a ajouté Robert Gibbs.


Ecrit par: P'tit Panda Lundi 22 Février 2010 14h10
Chine : vers un grand schisme de l'Internet ?
InternetActu | 19.02.10 | 17h25 • Mis à jour le 19.02.10 | 17h45

Depuis le 1er septembre 2006, le serveur de noms de domaines [DNS, qui fait le lien entre les adresses IP numériques des ordinateurs connectés à Internet et les adresses des sites écrites en lettres] chinois ne passe plus par l』Icann, l』organisme international qui gère les noms de domaines (les adresses de sites) de l』Internet. C'est ce que rappelait récemment la société européenne de l』Internet : "Depuis le 1er mars 2006, la Chine applique une réforme de son système de gestion des DNS. L』objectif officiel déclaré est de permettre aux Chinois d』accéder à Internet en composant les adresses de sites avec des idéogrammes, une solution confortable pour les internautes de l』empire du Milieu… [Tout donne à penser] que la Chine a décidé de lancer un nouveau suffixe national pour s』affranchir définitivement de la gestion des noms de domaine Internet par l』Icann et, plus avant, de l』emprise du gouvernement américain. Ce schisme fut accompagné par un passage massif à la version IPv6 d』Internet, et ce dans un temps record de six mois."

BOUCLIER DORÉ

La Chine a donc mis en place un nouveau système de gestion de noms de domaines ou plutôt un deuxième étage, comme l』explique l』informaticien Laurent Bloch. "Un premier niveau accepte les noms de domaines en idéogrammes, mais qui sont modifiés par rapport aux noms de domaines internationaux pour ne donner accès qu』aux sites installés sur le territoire chinois. Ainsi, pour les adresses de sites se terminant en '.com.cn' ou en '.net.cn', le suffixe '.cn' n』apparaît plus à la fin dans la fenêtre du navigateur. En tapant son adresse, l』internaute chinois arrive donc en réalité sur une version chinoise du site en question, préalablement aspiré, vérifié et remis en ligne par les autorités. Le résultat est que tout internaute chinois utilisant les idéogrammes est cantonné sur ce sous-réseau, déconnecté de la Toile et directement contrôlé par Pékin.

Quant à la navigation sur les sites étrangers justiciables du DNS en caractères latins (plus précisément LDH, letters, digits, hyphen), elle est réservée aux personnels autorisés, accrédités… et surveillés. Le système de censure fonctionne aussi en sens inverse : un site chinois qui veut être atteignable de l』étranger doit en obtenir l』autorisation, afin que son nom soit publié dans le DNS (en caractères latins) visible de l』extérieur, 'chaque page marquée d』un lien menant au site du ministère de l』intérieur, où l』on peut télécharger un certificat'. L』ensemble du dispositif répond au beau nom de Bouclier doré."

Ce n』est pas seulement d』un grand pare-feu chinois permettant la censure et le contrôle de l』Internet dont l』actualité s』est souvent fait l』écho dont il est question ici, mais de la mise en place d』un nouveau système de noms de domaines. Le DNS chinois ne passe plus par les serveurs-racines ondoyés par l』Icann, et la nouvelle structure leur a permis de créer autant d』extensions qu』ils le souhaitaient. L』objectif est le même – isoler la Chine –, mais la méthode est radicalement différente et a des conséquences sur l』architecture de l』Internet.

Jusqu』à présent, il s』agissait de mettre un pare-feu entre la Chine et le reste du monde pour bloquer les sites non acceptés. Mais avec cette nouvelle architecture, il s』agit de faire en sorte que ceux qui utilisent un navigateur avec des caractères chinois ne puissent utiliser qu』une partie contrôlée des sites internationaux, et que ceux qui utilisent un navigateur classique ne puissent pas accéder à l』autre partie. On a donc l』équivalent de deux systèmes de noms de domaines dont une large partie est inaccessible à l』autre. L』Internet chinois n』est plus une espèce d』intranet protégé de l』Internet (comme on a en a pour beaucoup de sociétés), mais comporte bien deux réseaux Internet distincts, avec deux systèmes de noms de domaines pointant vers des sites différents en fonction de l'alphabet utilisé pour y accéder.

UNE POSSIBLE DISLOCATION DU RÉSEAU

Reste à savoir, comme nous l』explique Jean-Michel Cornu, directeur scientifique de la FING, si les sites chinois restent accessibles par leurs adresses IPv6 (en chiffres) plutôt que par leur DNS – pour ceux qui ne sont pas bloqués par le pare-feu chinois. Et si, en Chine, les sites internationaux non modifiés par les autorités sont accessibles par leur numéro IPv4 ou IPv6. "Ce qui semble sûr, c』est que cette création d』un serveur de noms de domaines alternatif ouvre la porte à beaucoup d』autres DNS alternatifs, qui ne seront contrôlés ni par les Américains, ni par les Chinois." Reste à savoir si on a un réel schisme de l』Internet (une complète incompatibilité, même en passant par les adresses IP en chiffres, ce qui semble probable) ou pas.

Comme le dit encore Laurent Bloch, "politiquement, la signification de cette sécession peut se comparer à celle des schismes qui ont rythmé l』histoire du christianisme. Nul doute que la technologie chinoise, qui aux parfums enivrants de l』indépendance associe les avantages pratiques de la censure et de la surveillance, aura des succès auprès de la Russie, de l』Iran et d』autres pays qui utilisent une écriture différente de l』alphabet latin.

Mais cette situation, et ses développements prévisibles, posent un problème grave : l』unité actuelle de l』Internet est l』axe autour duquel s』est réorganisée l』économie mondiale, et aussi en partie la culture mondiale ; quelles seront les conséquences de sa partition ? La décision chinoise montre que si tout le monde se félicitait de cette unité tant que l』on en restait aux aspects commerciaux, son aspect culturel n』était pas considéré comme supportable par certains acteurs.」

En tout cas, cet éclairage donne une autre tournure à l』affaire qui oppose Google et la Chine depuis quelques semaines (voir les analyses de Fabrice Epelboin pour le ReadWriteWeb, Brice Pedroletti pour Le Monde, Camille Gévaudan sur Ecrans.fr…). Contrairement à ce qu』avancent quelques commentateurs respectés comme Ethan Zuckerman ou Rebecca MacKinnon, le subit revirement de Google et du gouvernement américain en faveur de la liberté d』accès à l』Internet (qui devient brusquement une politique étrangère prioritaire : voir le compte-rendu d』Ecrans.fr) pourrait bien masquer un bras de fer plus subtil pour éviter la possible dislocation du réseau des réseaux en une multitude de réseaux incompatibles entre eux… Et cette perspective là gênerait à la fois l』offre commerciale comme les grandes oreilles de Google et des Etats-Unis.

Hubert Guillaud


Cet article a été publié originellement sur Internetactu.net, dans une série de cinq articles consacrés à l'influence d'Internet sur la manière dont nous pensons.

Les autres articles de la série

* Un réseau d'humains et de machines enchevêtrées
* La grande question de l'attention
* L'Internet n'a-t-il rien changé ?
* Et vous ?







Ecrit par: P'tit Panda Lundi 22 Février 2010 14h14
Deux universités chinoises seraient derrière les attaques contre Google
LEMONDE.FR avec AFP | 19.02.10 | 07h39 • Mis à jour le 19.02.10 | 08h52

la main de Pékin serait derrière la série d'attaques informatiques massives contre Google et plusieurs autres sociétés ciblant des militants des droits de l'homme, affirme le New York Times.

Citant des sources anonymes "impliquées dans l'enquête", le New York Times explique que la traque est remontée jusqu'à une université chinoise réputée pour sa branche informatique, Shanghaï Jiaotong, et à l'établissement professionnel Lanxiang, qui forme certains informaticiens pour l'armée.

L'affaire, qui empoisonne les relations sino-américaines, a poussé Google à menacer de cesser ses opérations en Chine. Les attaques ont ciblé le code source du groupe américain et les comptes de messagerie Gmail de militants des droits de l'homme chinois dans le monde. Au moment où il avait rendu publique ces attaques, Google avait précisé les avoir détectées en décembre. Le New York Times indique que l'origine des attaques, "destinées à voler des secrets comerciaux et des codes informatiques ainsi qu'à récupérer les adresses Internet de militants des droits de l'homme chinois, ont peut-être commencé dès avril".

Google travaille en coopération avec les agences américaines de renseignement pour retrouver l'origine des attaques, qui ont été décrites comme de l'espionnage de haut niveau. Le groupe Internet continue de filtrer les recherches selon la loi chinoise en même temps qu'il tente de négocier un compromis avec des dirigeants du pays.




Ecrit par: P'tit Panda Lundi 22 Février 2010 14h28
Published on Rue89 (http://www.rue89.com)
A Pékin, les artistes manifestent contre les menaces sur leur quartier
By Pierre Haski
Created 02/22/2010 - 11:52

Blog principal:
Chinatown [1]

Les artistes chinois sont dans la rue. Les manifestations dans les grandes artères de Pékin sont assez rares pour être relevées. Celle-ci s'est déroulée ce lundi sur Chang'An, la principale avenue du centre de Pékin, et a regroupé des artistes protestant contre les violences qui accompagnent la menace de démolition d'un quartier du nord-est de la capitale dans lequel se trouvent de nombreux ateliers et galeries.

On notera sur la gauche de cette photo, diffusée via Twitter, l'artiste Ai Wei Wei [2]en train de prendre des photos. Ai Wei Wei est devenu ces dernières années l'un des artistes les plus critiques vis-à-vis du pouvoir chinois.

Lundi, j'ai reçu à ce propos le témoignage suivant d'une source proche des milieux artistiques à Pékin. Je vous le livre tel quel :

« Je viens de recevoir un coup de telephone d'un artiste du quartier artistique dit 「008/ Zheng Yang」, qui sort de l'hôpital suite à une descente mafieuse dimanche soir lors de leur réunion tardive sur la démolition des quartiers artistiques du nord-est de Pékin.

Huit artistes ont dû être transportés à l'hôpital pour blessures, qui restent sans gravité, mais qui les a laissés en état de choc. Parmi eux Song Yuan, artiste bien connu de la scène contemporaine (le couple Song Yuan et Peng Yu sont exposés internationalement depuis une dizaine d'années).

D'autres sont détenus par la police pour 「vérifications」. Les assaillants étaient peu nombreux, plus de dix néanmoins, mais armés de couteaux, de bâtons de bois et de barres de fer.

La situation est que le quartier au nord-est, au-delà du 5eme péripherique, est en passe de totalement disparaître, faisant partie d'un projet global de réamenagement urbain. Les terres sont rachetées aux paysans à bas prix par le gouvernement, et revendues à des promoteurs immobiliers qui projettent un aménagement résidentiel et malls commerciaux qui commenceraient autour du musée du cinéma.

Ces rumeurs n'auront de de réalité qu'au moment où les résidents recoivent un avis d'évacuation des lieux, car personne ne connait exactement l'ampleur du projet, quels villages sont touchés, quels seront les prochains villages évacués.

Sur ces terrains, beaucoup de quartiers artistiques ont émergé spontanément depuis cinq ans, qui comprennent essentielement des studios pour les parties qui ont déjà été démolies ces derniers trois mois.
Menaces sur les autres quartiers d'artistes ?

Le public connait mieux les villages de SuoJiacun, Feijiacun, et bien entendu de Caochangdi. Ce dernier reste aujourd'hui un village urbain prometteur, dans lequel ont investi des dizaines de galeries et d'artistes dans des lieux parfois fantastiques. Il n'est à ce jour pas encore touché, mais des 「rumeurs」 courent sur un réamenagement d'ici un an.

Les residents, qui ont pu signer des contrats de 1 ans à 20 ans selon les cas, qui ont investi dans la construction d'un espace de vie et de travail, contestent ouvertement depuis quelques mois par des actions artistiques encore peu médiatisées. Ces actions consistent en des installations et oeuvres d'art créées in situ, des performances, mais aussi des réunions pour s'unir et réflechir aux moyens de protéger leurs droits.

Certains résidents ont réussi après différentes actions à être remboursés de sommes conséquentes pour dédomager ces départs forcés, ce qui prouve q'une attitude active peut mener à un dédomagement réconfortant. D'autres n'ont eu d'autres options que de voir leurs espaces rasés et leurs affaires mises à sac.

L'événement de dimanche soir est en soi bien banal, une histoire de mafia locale sans doute payée par des autorités locales ou des promoteurs, pour faire pression sur les artistes et les amener à se taire et à partir sans rien dire. C'est la première fois qu'une attaque organisée et violente est menée contre les artistes, et mérite d'être notée, médiatisée pour que l'événement ne devienne pas une habitude.

A ce jour, il reste encore dans cette zone divers quartiers et villages urbains qui ne connaissent rien de leur avenir proche, vivant sous le couperet d'une possible evacuation forcée. »

Derrière la modernité du Pékin des JO, la tristesse de ma voisine [3]
Rue89 a offert le DVD « Rues de Pékin », portrait de la fin d'un monde [4]
URL source: http://www.rue89.com/chinatown/2010/02/22/a-pekin-les-artistes-chinois-manifestent-contre-les-menaces-sur-leur-quartier-1

Links:
[1] http://www.rue89.com/chinatown
[2] http://www.rue89.com/chinatown/2010/02/10/lartiste-ai-weiwei-apporte-son-soutien-a-google-contre-la-censure-137643
[3] http://www.rue89.com/hors-jeux/derriere-la-modernite-du-pekin-des-jo-la-tristesse-de-ma-voisine
[4] http://www.rue89.com/chinatown/2009/05/29/rue89-a-offert-le-dvd-rues-de-pekin-portrait-de-la-fin-dun-monde

Ecrit par: P'tit Panda Lundi 22 Février 2010 14h48
Published on Rue89 (http://www.rue89.com)
Pourquoi la Chine s'énerve de la rencontre Obama-dalaï lama
By Pierre Haski
Created 02/19/2010 - 15:28

Comme prévu, Barack Obama a rencontré jeudi le dalaï lama, le leader tibétain en exil. Et comme prévu, la Chine est furieuse et l'a fait savoir aux Américains. Explications, enjeux et conséquences.
1Pourquoi la Chine est furieuse

La Chine mène depuis des années une campagne pour limiter l'impact du dalaï lama, le leader tibétain exilé à Dharramsala, en Inde. Pour une Chine devenue plus puissante économiquement et politiquement sur la scène internationale, l'une des manières d'isoler le chef religieux est d'empêcher tout contact entre lui et les gouvernements étrangers.

La France a été l'une des premières à subir les foudres du gouvernement chinois après la rencontre entre Nicolas Sarkozy et le dalaï lama, en marge d'une visite en Pologne, en décembre 2008. La France a subi des représailles économiques, jusqu'à une « réconciliation » franco-chinoise [1] en forme de capitulation en rase campagne en avril 2009, liée à une promesse non publique du président français de ne plus rencontrer le dalaï lama.

Et, de fait, c'est ce qui se passe depuis le communiqué commun franco-chinois du 1er avril 2009. Lors de sa visite en France en juin, le chef spirituel tibétain n'a rencontré aucun membre du gouvernement [2], moins encore le président de la République ou même son épouse, Carla Bruni, qui l'avait remplacé lors d'une occasion précédente.

La Chine a également réussi à torpiller une visite du dalaï lama en Afrique du Sud, en mars 2009 [3], où il était invité à participer à une rencontre de prix Nobel de la paix organisée dans la perspective de la Coupe du monde de football de 2010. Soumis à des fortes pressions chinoises, le gouvernement sud-africain a renoncé à délivrer un visa au dalaï lama, provoquant l'annulation de la rencontre des prix Nobel.

Forte de son impact économique considérable, surtout en ces temps de crise, la Chine a réussi à neutraliser le dalaï lama. Il continue de sillonner le monde en faisant des rassemblements spirituels très courus, comme lors de sa visite en France l'été dernier, mais la plupart du temps sans le volet politico-diplomatique qui accompagnait le plus souvent ses déplacements.

Même Barack Obama a différé cette rencontre avec le chef tibétain pour ne pas gêner sa première visite officielle en Chine à l'automne dernier, ce qui lui avait été reproché par les partisans d'une politique plus ferme vis-à-vis de la Chine. Il ne pouvait plus renoncer à cette rencontre annoncée, sous peine d'affaiblir un peu plus sa stature en interne aux Etats-Unis.
1
Pourquoi la Chine reste crispée sur la personne du dalaï lama ?

Bien que parti du Tibet depuis plus d'un demi-siècle, le dalaï lama [4] reste un obstacle sur la voie de la disparition d'un « problème tibétain » pour la Chine. Le dalaï lama reste, à l'extérieur, comme à l'intérieur pour une majorité de Tibétains, le symbole d'une résistance à une sinisation totale de la « région autonome » tibétaine, et à la disparition de cette identité tibétaine très forte, dans laquelle la religion bouddhiste occupe une place centrale.

L'explosion de violence dans la capitale tibétaine, Lhassa [5], en avril 2008, a montré de manière tragique que les tensions entre Tibétains et les Hans Chinois venus s'installer sur le « toit du monde » pouvaient facilement dégénérer de manière incontrôlée.

Un an plus tard, des événements de même nature, plus sanglants encore, opposaient à Urumqi, la capitale du Xinjiang, Ouïgours et Hans Chinois [6], montrant les limites de la politique de Pékin vis-à-vis des « minorités nationales » dans les deux provinces les plus sensibles, sur les marches de l'ex-empire chinois.

Depuis, le gouvernement central n'a rien changé à sa politique vis-à-vis des minorités, et reste sur son refus d'accorder au Tibet et au Xinjiang la véritable autonomie qui leur est accordée dans l'appellation officielle de leur région.

Il n'a pas renoncé non plus à sa politique d'installation de millions de migrants venus du reste de la Chine dans ces provinces sous-peuplées, au risque d'en modifier considérablement l'équilibre démographique au détriment des habitants d'origine.

Le dalaï lama, auréolé de son statut de leader spirituel bouddhiste, a réussi à maintenir en vie la cause tibétaine à travers le monde, disposant de soutiens de poids parmi les artistes aux Etats-Unis et ailleurs, et parmi tous ceux que la religion bouddhiste a séduits. Une chance que n'ont pas les Ouïgours, qui, jusqu'à l'émergence récente de Rebiya Kadeer [7], femme d'affaires ouïgour exilée aux Etats-Unis, n'avaient pas de porte-voix reconnu, et souffraient de l'amalgame entre leurs revendications nationales et le radicalisme islamiste.

Saper les soutiens diplomatiques et politiques au dalaï lama ou à Rebiya Kadeer est devenu une priorité stratégique pour la Chine, qui n'entend pas laisser le monde extérieur se mêler d'une question purement « intérieure ».
1
Quelles conséquences pour les rapports Chine-USA ?

En elle-même, la rencontre entre Barack Obama et le dalaï lama n'est pas de nature à faire dérailler la relation sino-américaine, qui est l'une des plus importante dans le monde actuel et pour les prochaines décennies. Le problème est qu'elle intervient dans un contexte d'accumulation de foyers d'irritation et de crispation.

Barack Obama avait entamé son mandat sur une note très conciliante vis-à-vis de la Chine, justement pour tenir compte de l'enjeu fondamental d'une relation équilibrée entre les deux géants du XXI° siècle. Mais, du point de vue américain, la Chine, sans doute confortée par son nouveau statut de superpuissance économique et, de plus en plus, politique, n'a pas répondu positivement à la main tendue d'Obama.

Les Américains en veulent pour preuve le relatif échec de la visite d'Obama en Chine, y compris une censure locale de son discours aux étudiants, l'attitude chinoise aux négociations de Copenhague sur le climat, un durcissement sur les droits de l'homme (condamnation du dissident Liu Xiaobo [8], exécution d'un Britannique mentalement attardé, bras de fer entre Google et Pékin [9] sur la censure du web…), plusieurs contentieux commerciaux et une grosse colère chinoise après l'annonce de la vente d'armes américaines à Taiwan.

Cette accumulation de foyers de tensions ou de crispations peut-elle dégénérer ? C'est peu probable, dans la mesure où les liens économiques et financiers entre les deux pays sont considérables, la Chine étant, de fait, l'un des principaux banquiers d'une Amérique en crise [10]. Les liens humains aussi, avec plus de 100 000 étudiants chinois aux Etats-Unis, des dizaines de milliers d'Américains installés en Chine.

Tous ces liens n'existaient pas entre l'URSS et les Etats-Unis à l'époque de la guerre froide, et relativisent la portée de cette crise. Néanmoins, ces tensions sont révélatrices de la difficulté à instaurer un nouveau rapport de force entre ces deux géants, surtout quand l'ex-hyperpuissance sort d'une crise profonde avec un nouveau président qui doit encore faire ses preuves, et quand le nouveau poids lourd du monde surestime peut-être sa puissance, et fait preuve d'une assurance qui s'apparente souvent à de l'arrogance.

Le dalaï lama, dans ce contexte, n'est peut-être pas l'élément déterminant, mais il est devenu l'un des symboles de cet accouchement difficile d'un nouveau monde.

Photo : un moine tibétain passe devant une photo de Barack Obama à Pékin, le 19 février 2010 (Jason Lee/Reuters)
Blog principal:
Chinatown [11]
Le dalaï lama à Paris : profil bas sous pression chinoise [2]
Cinquante ans après la fuite du dalaï lama, le Tibet sous tension [4]
Chine-Etats-Unis: je te tiens, tu me tiens par la barbichette…, sur l'éco buissionnière [12]
URL source: http://www.rue89.com/chinatown/2010/02/19/...lai-lama-139422

Links:
[1] http://www.rue89.com/chinatown/2009/04/02/...ance-qui-a-cede
[2] http://www.rue89.com/chinatown/2009/06/07/...ession-chinoise
[3] http://www.rfi.fr/actufr/articles/111/article_79467.asp
[4] http://www.rue89.com/chinatown/2009/03/08/...et-sous-tension
[5] http://www.rue89.com/chinatown/a-quelques-...ibet-se-revolte
[6] http://www.rue89.com/explicateur/2009/07/0...la-colonisation
[7] http://www.rue89.com/chinatown/2009/12/10/...de-chine-129263
[8] http://www.rue89.com/chinatown/2009/12/22/...u-xiaobo-130930
[9] http://www.rue89.com/chinamerique/2010/01/...-chinois-133474
[10] http://www.aujourdhuilachine.com/actualite...s-13734.asp?1=1
[11] http://www.rue89.com/chinatown
[12] http://lemaitre.blog.lemonde.fr/2009/02/23...la-barbichette/

Ecrit par: P'tit Panda Jeudi 25 Février 2010 20h36
La Chine tisse un ambitieux "collier de perles" portuaire autour de l'Inde
LE MONDE | 24.02.10 | 14h30 • Mis à jour le 24.02.10 | 18h03
Pékin Correspondant

La Chine pousse ses pions dans le sous-continent indien, et la façon dont la République populaire s'efforce de tisser un réseau d'alliances commerciales et maritimes autour de l'Inde, sa vieille rivale, est une illustration de plus de la vigueur d'une puissance présente sur tous les fronts.

Nombre d'observateurs indiens s'inquiètent depuis un moment du dynamisme économique et naval dont la Chine fait preuve dans les pays voisins de l'Inde, où elle a multiplié les projets de construction ou de modernisation portuaires. Le rythme ne fait que s'accélérer. Au temps de George W. Bush, des stratèges américains avaient forgé une expression qui a depuis fait florès : la Chine est en train d'assembler un véritable "collier de perles" dans la mare nostrum de l'Union indienne.

"Ce collier fait partie d'une stratégie indirecte visant, comme au jeu de go, à entrelacer l'Inde dans une toile d'araignée qui réduit ses options en cas de crise", explique Jean-Pierre Cabestan, professeur de sciences politiques à l'université baptiste de Hongkong. Les buts affichés par Pékin sont purement commerciaux. Mais l'intention sous-jacente des Chinois pourrait être d'utiliser ces bases à des fins militaires, si un conflit régional éclatait : c'est par l'océan Indien que passent les routes d'approvisionnement énergétiques de la République populaire. Dans cette perspective, la stratégie chinoise prendrait alors une tout autre dimension.

Au Pakistan, l'une des réalisations chinoises qui inquiète le plus les Indiens a été la construction du port de Gwadar, dans la province du Baloutchistan. Financé grâce à l'assistance de Pékin, il pourrait devenir l'une des plus importantes bases navales chinoises.

En Birmanie, allié de Pékin, les Chinois participent à la construction des ports de Sittwe, de Mergui et de Dawei. Au Sri Lanka, le port d'Hambantota est en cours de développement par les Chinois, très présents dans ce pays : Pékin a financé une partie de l'effort de guerre sri-lankais contre les Tigres de libération tamouls, ce mouvement séparatiste vaincu l'année dernière. La Banque chinoise d'import-export finance à 85 % l'aménagement de ce port, dont le coût est évalué à 1 milliard de dollars (700 millions d'euros). Au Bangladesh, la Chine est en train de participer à la modernisation du port en eau profonde de Chittagong. Ce dernier pourrait devenir un important centre de conteneurs.

Dernière "perle" du "collier", un pays qui ne possède aucune façade maritime mais dont la position revêt aux yeux de Pékin une importance capitale : le Népal, traditionnellement "finlandisé" par l'Inde, dont il dépend presque totalement sur les plans commerciaux et énergétiques, est en train de se faire courtiser par le voisin chinois. Depuis les émeutes de Lhassa du printemps 2008, les Népalais, sous pression pékinoise, ont renforcé leurs contrôles sur la frontière tibétaine et brutalement réprimé les manifestations de moines bouddhistes à Katmandou.

Début février, la visite à Pékin d'une délégation emmenée par le premier ministre népalais, Madhav Kumar Nepal, a débouché, selon la presse chinoise, sur des accords concernant "la sécurité à la frontière entre Chine et Népal". Selon Kunda Dixit, rédacteur en chef du Nepali Times de Katmandou, "le gouvernement népalais a accepté depuis des mois de déployer des forces paramilitaires dans les districts de Mustang et de Manar. Selon certains médias népalais, les Chinois ont proposé d'entraîner à leurs frais ces forces. Il y a 25 ans, l'Inde et la Chine se sont partagé leurs sphères d'influence dans la région : tout ce qui se situe au sud de l'Himalaya est zone indienne, en échange de la reconnaissance par l'Inde de la souveraineté chinoise sur le Tibet. Mais après les émeutes de Lhassa, Pékin estime que le Népal pourrait être utilisé comme base par des Tibétains antichinois."

Cette stratégie de contournement des pays voisins de l'Inde, avec lesquels celle-ci entretient souvent des rapports hostiles ou compliqués, "ne doit pas être une source d'inquiétude", comme le rappelait, mercredi 24 février, un éditorial de la version anglaise du quotidien chinois Global Times : "La Chine scrute l'océan Indien parce que le pétrole venu du Moyen-Orient et de l'Afrique y passe. Mais les Indiens s'alarment du fait que la Chine serait engagée dans une compétition pour la domination de cet océan."

La menace militaire représentée par un "collier" toujours plus serré serait-elle exagérée ? "Les ports pourraient constituer des appuis logistiques pour la marine chinoise si la Chine devait, par exemple, évacuer ses ressortissants menacés dans un pays d'Afrique ou du Moyen-Orient, relève encore Jean-Pierre Cabestan. Mais en temps de guerre, les choses pourraient être beaucoup plus compliquées, et rien ne garantit que les pays (où la Chine a construit des bases) seraient tous prêts à coopérer avec elle. Et cela dépendrait avec qui la Chine entrerait en conflit. Avec l'Inde, les Etats-Unis ?"

Bruno Philip
Article paru dans l'édition du 25.02.10

Ecrit par: P'tit Panda Jeudi 25 Février 2010 20h37
Le yuan a connu sa plus forte hausse par rapport au dollar depuis un an
LE MONDE | 23.02.10 | 15h00 • Mis à jour le 23.02.10 | 15h00

Le yuan, la monnaie chinoise, a terminé à 6,8265 yuans pour 1 dollar, lundi 22 février. Cette hausse de près de 0,1 % par rapport à son cours de la veille est la plus importante depuis un an pour une monnaie dont les fluctuations ne peuvent dépasser 0,5 % de hausse comme de baisse par rapport au taux de change fixé par les autorités. Si cette appréciation se poursuivait, elle signifierait qu'après la hausse du coût du crédit et des réserves obligataires des banques, Pékin a décidé de jouer sur la monnaie pour éloigner les risques de surchauffe et de "bulles" spéculatives. Certains analystes jugent, au contraire, que la Chine ne prendra pas le risque de compromettre la reprise et conservera sa monnaie au cours actuel.


Alain Faujas (avec Bloomberg)
Article paru dans l'édition du 24.02.10

Ecrit par: P'tit Panda Jeudi 25 Février 2010 20h39
Reportage
Chine : les grues sacrilèges de Kachgar
LE MONDE | 24.02.10 | 14h28 • Mis à jour le 24.02.10 | 18h04
Kachgar Envoyé spécial

Il avance si vite dans la nuit froide que sa silhouette sombre et sa toque d'astrakan disparaissent parfois au détour des ruelles mal éclairées de la vieille ville. Abdullah (tous les noms ont été changés) est pressé : il n'a pas envie de se faire repérer en train d'emmener chez lui des étrangers, que la police a déjà peut-être identifiés comme journalistes. En tant qu'Ouïgour, il partage les deux sentiments dominant au Xinjiang, province à majorité musulmane des marches occidentales de la Chine : la peur et la suspicion.

Cette marche forcée dans la nuit de Kachgar révèle les blessures toutes fraîches infligées à cette antique cité de la Route de la soie, promise sinon à la destruction par le pouvoir chinois, tout au moins à une "rénovation" risquant fort de laisser exsangue l'âme de la ville. Ici surgit l'ombre immobile d'une grue qui, le jour, accomplit son oeuvre de démolition. Là, en lieu et place d'un pâté de maisons du vieux quartier, cette vaste trouée deviendra une large rue taillée au forceps par les accoucheurs de la future Kachgar. Ailleurs, les ruines de demeures fracassées donnent le sentiment de progresser dans une ville ravagée par un séisme. Au fond, un immeuble d'une vingtaine d'étages dresse sa silhouette contre la nuit, éclairée par les lumières de la ville neuve.

La maison d'Abdullah est nichée au fond d'une étroite venelle. On y respire l'Asie centrale : dans le salon situé au bout d'un dédale de couloirs, une table basse croule sous les coupes de fruits secs, de beignets frits, de samosas à la viande. Des tapis recouvrent le sol. L'hôte s'empare d'une aiguière de métal pour servir le thé : "Ma maison va être démolie, mais je ne sais pas quand. Rien n'est clair." Dépité, il constate : "Personne n'est venu nous voir pour nous dire ce qui va être fait, les choix qu'on nous propose. Des géomètres sont passés, mais ils ne savaient rien. Ils étaient simplement là pour prendre les mesures de la superficie de la maison..." Pressé de questions, alors qu'il évitait jusque-là soigneusement les implications culturelles - et donc politiques - de telles critiques, Abdullah finit par lâcher : "Cette maison a plus de trois cents ans. C'est mon grand-père qui l'a achetée. Je ne vois pas pourquoi il faut tout changer, détruire, créer des problèmes pour nos familles, déplacer les gens dans des faubourgs de la ville. Ici, les choses sont bien comme elles sont."

Personne ne sait au juste à quoi ressemblera un Kachgar "rénové" : des quartiers entiers devraient être refaits dans le style soi-disant "traditionnel" de la vieille ville. Mais pour y accueillir quoi ? Des restaurants, des boutiques de luxe ? Un avatar folklorisé du passé ? L'ensemble de ce qui reste encore des vieux quartiers, autour de la grande mosquée, ne sera-t-il bientôt plus qu'une zone hérissée de gratte-ciel, comme c'est déjà partiellement le cas ? Là non plus, comme dit Abdullah, rien n'est clair.

Cela fait presque une dizaine d'années que cette ville oasis située sur l'antique Route de la soie est menacée : entre 2001 et la fin de 2009, une dizaine de milliers d'habitations ont déjà été détruites et, dans le seul périmètre de la grande mosquée, 5 000 familles ont été déplacées. Mais tout s'est précipité au printemps 2009, un an après le séisme du Sichuan (plus de 80 000 morts) : sous prétexte de faciliter les opérations de sauvetage à Kachgar, dans l'hypothèse d'un possible tremblement de terre, les autorités de ce joyau architectural de la Région autonome ouïgoure du Xinjiang ont lancé un vaste projet de "reconstruction de la vieille ville". Coût de l'opération : 440 millions de dollars (313 millions d'euros). 65 000 foyers, soit 221 000 habitants, c'est-à-dire la moitié de la population, seront concernés par ce projet. Les agences de presse officielles chinoises ont donné des chiffres d'une remarquable précision, indiquant que le plan prévoit "la démolition de 13 513 maisons situées dans 28 quartiers" et "la construction de 10 000 immeubles (de type HLM)", afin de reloger les victimes de ce grand chamboulement urbain.

Les responsables de la municipalité estiment en effet qu'en cas de catastrophe naturelle, le travail des secouristes, des pompiers et des ambulances serait empêché ou ralenti en raison du dédale de ruelles irriguant la ville ancienne. "Ce ne sont que des prétextes pour détruire la culture ouïgoure !", accuse Noor, un étudiant. "La Chine ne veut pas que le tourisme se développe trop ici, car, dans ce cas, notre culture sera connue par un plus grand nombre d'étrangers. Les Chinois veulent assimiler notre peuple, ils veulent faire disparaître tout ce qui est différent, afin que tout ressemble à la Chine."

Une récente réunion des caciques du gouvernement local, dont le quotidien hongkongais The South China Morning Post est parvenu à se procurer des extraits de discours, semble faire écho aux propos du jeune homme : "Ceux qui s'imaginent que c'est dans la vieille ville que se concentrent la beauté et l'histoire de Kachgar, ceux-là pensent de manière incorrecte et se montrent extrêmement irresponsables", ont insinué les responsables durant ce meeting. La reconstruction de la ville est "une question politique très sérieuse", ont-ils précisé.

La réaction du pouvoir est à la mesure des réalités d'un Xinjiang qui est la "nouvelle frontière" de l'occident extrême de la Chine. Après une parenthèse de plusieurs siècles durant laquelle il fut absent, le pays a repris le contrôle de ces marges de l'empire durant la deuxième moitié du XIXe siècle. Après la dynastie Tang (618 à 907), la Chine n'avait plus été capable d'asseoir son contrôle sur cette région, qui fut ensuite longtemps dominée par différentes confédérations nomades turco-mongoles. Il aura fallu la prise de pouvoir à Pékin par les communistes de Mao, en 1949, pour que l'ancien Turkestan oriental retombe vraiment dans le giron de la Chine éternelle.

La gesticulation politique, la revendication ethnique, religieuse et culturelle, ainsi que la violence militaire marquent depuis des lustres ces confins turbulents. 1864 : dans la région de Kachgar, éclate une rébellion emmenée par l'Ouzbek Yacoub Beg, qui instaure un éphémère "émirat". 1933 : constitution d'une République islamique du Turkestan oriental après le soulèvement d'émirs locaux. 1944 : constitution d'une nouvelle République du Turkestan oriental, celle-là rapidement devenue satellite soviétique...

Les Ouïgours, qui restent aujourd'hui l'ethnie la plus nombreuse au Xinjiang, sont des musulmans de rite hanafite, fortement influencés par l'inspiration du mysticisme soufi d'Asie centrale. En 1949, les Chinois han (ethnie qui représente la majorité de la population de la République populaire) représentaient 6 % de la population de la région. Au terme d'un processus de colonisation continu, ces derniers sont aujourd'hui 40 %. Les Ouïgours ont désormais le sentiment d'être lentement mais sûrement étranglés par l'expansion chinoise.

De sanglantes émeutes interethniques (197 morts et plus de 2 000 blessés), début juillet 2009 à Urumqi, capitale du Xinjiang, ont compté parmi les plus graves de l'histoire des dernières décennies dans la province. Dans cette région travaillée par des poussées de fièvre nationalistes - et plus récemment islamistes -, il est inévitable que le projet de reconstruction de Kachgar suscite une forte opposition de la population locale. Pour laquelle reconstruction équivaut à assimilation.

Dans un quartier de la vieille ville, sorte de "pâté de maisons Potemkine" préservé, où, après achat d'un ticket d'entrée, on peut aller visiter le potier du coin, admirer les cours d'anciennes maisons, renifler un parfum bientôt suranné de Haute Asie, un jeune homme nous jette, en désignant des notices explicatives en anglais et chinois : "C'est pas la peine de vous attarder, rien n'est écrit en ouïgour ici !"

Plus tard, un homme dont on taira les fonctions explique les grandes lignes du projet : "Les autorités ont d'abord commencé à reloger les plus pauvres. Ils les ont même filmés quand ils ont été accueillis en musique dans des immeubles modernes loin du centre ! Ensuite, il va s'agir de tracer des rues larges et de reconstruire des quartiers entiers. Chaque famille a le choix suivant : soit elle accepte l'appartement offert par les autorités ou une compensation de 1 200 à 1 700 yuans (de 120 à 170 euros) par mètre carré. Les gens qui refusent ces deux propositions recevront 400 yuans par mètre carré pour reconstruire leur maison dans un style ancien, mais aux normes sismiques. Mais ces compensations sont insuffisantes pour rénover une maison, dont le style devrait, en théorie, être "harmonisé" en accord avec l'architecture traditionnelle." Il affirme cependant que les émeutes d'Urumqi auraient eu des conséquences sur le projet : "Depuis l'été dernier, les travaux ont ralenti, car les autorités craignent qu'une destruction trop systématique de la ville soit le prétexte à de nouvelles violences antichinoises."

Les réactions de l'Unesco, qui a dépêché l'an dernier une mission d'information sur place, n'ont servi à rien. Pire, l'agence des Nations unies s'est fait instrumentaliser par les Chinois : sur un grand panneau placé dans une rue de la vieille ville, on peut lire qu'elle "applaudit le projet de reconstruction" et "considère (qu'il) reflète le véritable intérêt du peuple". Faux, répond le bureau pékinois de l'Unesco : selon un mail envoyé au Monde par Beatrice Kaldun, responsable des programmes culturels, l'agence "s'inquiète de ce type d'intervention qui consiste à détruire une portion substantielle de l'ancien tissu urbain". Le mensonge a fait long feu.

Mohammed vit depuis plusieurs mois dans l'un de ces complexes pour personnes relogées. Cet ensemble type HLM porte le nom pimpant de cité du Bonheur. Vingt-six barres de six étages comprenant chacune 72 appartements de 50 m2 s'étalent au pied d'une falaise. Tout à côté, on aperçoit la Cimenterie du drapeau rouge qui souffle sa poussière sur le complexe résidentiel. Mohammed dresse la liste des griefs de nombreux déplacés : "Pas de mosquée, pas de cours privatives pour les femmes, pas d'ascenseurs pour les vieux." A Kachgar, la cité des gens heureux reste encore à construire. Heureusement, en ville, on peut lire le message suivant, peint en grands caractères rouges sur fond blanc : "10 000 ans de vie au grandiose Parti communiste !"

Bruno Philip
Article paru dans l'édition du 25.02.10


Ecrit par: P'tit Panda Jeudi 25 Février 2010 20h47
Pour créer un site Web en Chine, il faudra montrer ses papiers
LEMONDE.FR avec AP | 23.02.10 | 15h38

Le ministère chinois des technologies a annoncé mardi un fort durcissement du contrôle des sites Web dans le pays. Les personnes souhaitant ouvrir un site Web devront désormais rencontrer physiquement les autorités de contrôle.

L'entreprise d'Etat qui gère les noms de domaine en Chine avait gelé en décembre les nouvelles réservations, après que les médias d'Etat se sont plaints que les mesures de contrôle des sites pornographiques soient insuffisantes. L'interdiction de création de nouveaux sites est levée, mais les candidats à la création d'un site devront désormais se présenter en personne devant les autorités de contrôle du réseau, munis de leur carte d'identité et de photographies d'eux-mêmes.

Officiellement, cette mesure fait partie du vaste plan du gouvernement de lutte contre la pornographie. Les forces de l'ordre lancent régulièrement de vastes opérations "coup de filet" contre des personnes suspectées d'opérer des sites pornographiques. L'an dernier, près de 5 400 personnes ont été ainsi arrêtées, selon les chiffres du gouvernement.

Ce durcissement intervient alors que Pékin doit reprendre dans quelques jours ses négociations avec Google, après les vacances du Nouvel An chinois. Le moteur de recherche avait menacé en janvier de quitter le pays, après avoir révélé qu'il avait été la cible d'une attaque informatique de grande ampleur visant les comptes e-mail d'opposants chinois qu'il hébergeait. Google a depuis engagé des négociations avec le gouvernement chinois, mettant comme condition au maintien de son activité l'autorisation d'opérer sans la censure actuellement appliquée à ses résultats de recherche, en conformité avec la loi chinoise.




Ecrit par: P'tit Panda Jeudi 25 Février 2010 20h54
Point de vue
Le Nouvel An chinois, les droits de l'homme et les rugissements du Tigre, par Jean-Philippe Béja
LE MONDE | 24.02.10 | 13h38

Traditionnellement en Chine, on règle les comptes à la veille du Nouvel An. Pour les paysans endettés, pour les commerçants qui doivent faire face à leurs échéances, cette période est anxiogène. Les dirigeants du Parti communiste chinois (PCC) dont les fondateurs dénonçaient les "traditions féodales" sont devenus respectables et, aujourd'hui ils s'inclinent devant les traditions.

Ainsi, depuis le début de la dernière semaine de l'année chinoise, on a appris la confirmation de la condamnation à trois ans de prison pour "divulgation de secret d'Etat" de Huang Qi, la condamnation à cinq ans de prison pour "incitation à la subversion" de Tan Zuoren, tous deux dans la belle ville de Chengdu, le rejet de l'appel de Liu Xiaobo, condamné à onze ans de prison le jour de Noël 2009, et la condamnation à quinze ans de prison pour "subversion" de Xue Mingkai, un ouvrier de 20 ans, accusé d'avoir adhéré au Parti démocrate chinois. Comme les commerçants d'antan, les dirigeants du PCC règlent les comptes avant la fin de l'année. Une fois toutes ces peines prononcées, peut-on espérer que l'année du Tigre sera une année de liberté ?

On peut en douter car, sur la scène intérieure, la situation est tendue. Aucun des problèmes qui ont été soulevés au cours des dernières années n'a été réglé. Les autorités continuent d'interdire aux tribunaux d'accepter les plaintes des parents des enfants décédés ou gravement affectés par la consommation de lait frelaté à la mélamine. Et après les lourdes condamnations qui ont frappé des lampistes l'an dernier, on a vu réapparaître du lait frelaté sur les étagères des magasins. Les "prisons noires", où l'on parque les pétitionnaires venus à Pékin pour protester contre des abus commis dans les provinces, se multiplient.

Les familles dont les enfants sont morts dans l'effondrement des écoles mal construites pendant le tremblement de terre du Sichuan en 2008 sont réduites au silence, et ceux qui, comme Tan Zuoren, ont cherché à dénoncer ce scandale, sont condamnés à de lourdes peines. Même Ai Weiwei, le fameux artiste qui a participé à la conception du stade olympique de Pékin, a été matraqué lorsqu'il a voulu témoigner au procès de Tan au mois d'août 2009.

Les procès de dissidents ont montré que le pouvoir ne respecte même pas sa propre légalité : procès publics interdits au public, matraquage des journalistes accrédités, interdiction à l'accusé de parler... Le président du tribunal est allé jusqu'à dire à Liu Xiaobo que son intervention ne pouvait excéder la durée de celle du procureur !

A Pékin, le gouvernement municipal a relancé sa politique de destruction des écoles pour enfants de migrants, et ceux-ci se retrouvent soit obligés de rentrer dans leurs villages d'origine, soit exclus de la scolarité.

Qu'est-ce qui explique ce raidissement des autorités ? Avant tout, elles se sentent très sûres sur la scène internationale. La crise financière a renforcé la position de Pékin qui est devenu la deuxième puissance mondiale en termes de produit intérieur brut (PIB). Les gouvernements occidentaux attendent de la Chine qu'elle augmente sa consommation et permette de relancer l'économie mondiale. Détentrice de plus d'un trillion de dollars de bons du trésor américains, elle peut se permettre de faire la leçon à Washington sur la nécessité de protéger sa monnaie.

Et surtout, les dirigeants chinois n'ont plus rien à demander à l'Occident. Depuis leur entrée à l'Organisation mondiale du commerce (OMC) en 2001, ils peuvent lui tenir la dragée haute. Et ils ne s'en privent pas, prenant des sanctions contre la France lorsque Nicolas Sarkozy reçoit le dalaï- lama, ou contre les entreprises américaines lorsque Washington vend des armes à Taïwan.

Pékin se gausse aujourd'hui des donneurs de leçons occidentaux. Les dirigeants chinois ont beau jeu d'affirmer que le "consensus de Washington" que l'on voulait leur imposer a conduit l'économie mondiale à la crise la plus grave depuis 1929, et que c'est la Chine qui l'a sauvée de la banqueroute.

Le "consensus de Pékin", expression inventée par des observateurs occidentaux, est maintenant au coeur de la politique extérieure chinoise et apparaît comme très attirant pour bien des pays du tiers-monde, voire pour la Russie : coexistence d'un régime ne tolérant aucune opposition à l'intérieur avec une économie très dynamique, dans laquelle les entreprises liées au pouvoir jouent un rôle essentiel. Et qu'importe que ce modèle provoque au moins autant d'inégalités que le "consensus de Washington". Il est efficace en termes de croissance du PIB, et c'est ce qui compte dans le monde d'aujourd'hui.

Aussi la Chine est-elle en train de bousculer les relations internationales. Les droits de l'homme, qui depuis la fin des années 1970, étaient devenus un critère important de ces relations, sont aujourd'hui en recul. Pékin impose de nouvelles normes fondées sur une conception très étroite de la souveraineté à l'époque où les principaux problèmes auxquels l'humanité est confrontée sont globaux.

On l'a vu avec l'attitude de Pékin à Copenhague, mais on le voit aussi avec les lourdes condamnations qui frappent les dissidents. L'émergence de la Chine annonce la fin d'un monde, et les condamnations infligées à Liu Xiaobo, Tan Zuoren et Xue Mingkai en sont le symbole. Il serait temps pour les partisans d'un ordre international fondé sur des valeurs humanistes de réagir pendant qu'il en est encore temps. Un certain nombre de Chinois ont osé le faire. Ils l'ont payé au prix fort.

Jean-Philippe Béja est directeur de recherche au CNRS, centre d'études sur la Chine contemporaine.


Article paru dans l'édition du 25.02.10


Ecrit par: P'tit Panda Vendredi 26 Février 2010 23h27
Compte rendu
Google séduit la science chinoise
LE MONDE | 26.02.10 | 14h36 • Mis à jour le 26.02.10 | 14h36

Dans la lutte qui l'oppose aux autorités chinoises, Google bénéficie d'un allié puissant, au sein même de l'empire du Milieu : la communauté scientifique. C'est, en substance, ce que révèlent les résultats d'une enquête de la revue britannique Nature, menée auprès de 784 scientifiques chinois et publiée jeudi 25 février. Ces travaux pourraient peser dans l'issue de la crise, ouverte le 12 janvier, entre la Chine et le moteur de recherche américain, les responsables de ce dernier ayant menacé de plier bagage devant les contraintes de censure et de filtrage des contenus imposées par Pékin.

Car si Google n'est pas l'outil de recherche préféré des quelque 380 millions d'internautes chinois - qui utilisent plutôt Baidu - sa domination est écrasante dans la communauté scientifique locale. Or la Chine mise énormément sur l'enseignement supérieur et la recherche ; la fonction de chercheur y est beaucoup plus valorisée qu'en Europe par exemple.

Environ 48 % des chercheurs interrogés disent en effet que leurs travaux seraient "significativement" entravés par l'absence d'accès à Google. 36 % estiment qu'ils seraient "quelque peu" entravés. De plus, près de 78 % des scientifiques sollicités jugent que la défection du moteur de recherche américain aurait un impact négatif sur leurs collaborations internationales "présentes et futures".

L'un des sondés, écologue à l'université de Nankin, va même jusqu'à déclarer que "la recherche sans Google, ce serait comme la vie sans électricité". D'autres se montrent plus mesurés et disent pouvoir se passer des services de l'entreprise de Mountain View (Californie).

Les fonctions de Google les plus utilisées dans le monde académique chinois sont, selon les résultats de ces travaux, le moteur de recherche classique, juste devant Google Scholar.

Lancé en 2004, Google Scholar indexe l'ensemble de la littérature scientifique - c'est-à-dire les revues savantes comme Nature, Science, Geophysical Research Letters, Cell, etc. Google Scholar permet, dans des universités jeunes et encore largement dépourvues de grandes bibliothèques, d'offrir aux chercheurs un accès aux travaux les plus récents. Accès sans lequel toute activité de recherche est compromise.

Sans surprise, les chercheurs chinois disent ainsi recourir principalement au moteur de recherche américain pour trouver des articles scientifiques, des articles d'actualité mais aussi des informations sur les conférences internationales ou, simplement, trouver des données scientifiques stockées sur les serveurs des universités et des centres de recherche européens et américains.

"Google a peu d'avantages sur Baidu dans ses algorithmes de recherche des contenus en langue chinoise, commente, dans Nature, Guo Lang, chercheur en sciences sociales à l'Académie des sciences sociales de Pékin et spécialiste des usages de l'Internet. Mais il est beaucoup moins performant pour ceux qui font des recherches en anglais sur des contenus hébergés hors de Chine." Recoupant les conclusions de l'étude menée par Nature, les travaux de M. Guo montrent ainsi que Baidu est très populaire chez les catégories de la population à haut niveau de formation et d'éducation. De fait, seuls 17 % des chercheurs interrogés par Nature utilisent Baidu comme premier moteur de recherche.

Google Scholar permet aussi, dans une certaine mesure, l'accès gratuit à certains travaux de recherche qu'il fallait, auparavant, payer à grand prix aux grands éditeurs scientifiques - Elsevier, Springer et de nombreuses sociétés savantes. Cet aspect, non exploré par l'enquête de Nature, pourrait aussi inciter la Chine, dans l'intérêt de ses chercheurs, à composer avec Google.

Pour comprendre, il faut savoir que les chercheurs abandonnent leurs droits d'auteur aux revues qui acceptent de publier leurs travaux. Ce sont donc les éditeurs qui tirent les bénéfices de la diffusion des comptes rendus de recherche. Les chercheurs conservent néanmoins le droit de publier les "preprints" (version souvent très proche du texte finalement publié) de leurs articles sur les serveurs de leur institution - université, centre de recherche, etc.

La puissance d'indexation de Google a permis de rassembler ces millions de "preprints" épars en une manière de bibliothèque virtuelle. Lorsque la recherche d'un article de recherche est lancée sur Google Scholar, un lien est proposé vers l'éditeur (qui vend le contenu) et, lorsqu'il existe, vers le "preprint" associé (en consultation gratuite). "Pour l'heure, cette pratique des "preprints" est encore relativement marginale, tempère le géophysicien Francis Albarède (ENS-Lyon), président du Comité des publications de l'American Geophysical Union (AGU), société savante qui édite une quinzaine de revues. Nous connaissons d'ailleurs des recettes stables sur le secteur de l'édition."

Combien les institutions scientifiques chinoises "économisent"-elles ainsi grâce à Google ? Impossible de le savoir. L'issue de la crise en cours sera peut être un indice.

Stéphane Foucart
Article paru dans l'édition du 27.02.10



Ecrit par: P'tit Panda Vendredi 26 Février 2010 23h31
La Chine s'invite sur le marché européen des infrastructures
LEMONDE.FR avec AFP | 26.02.10 | 19h50

C'est une première en Europe dans le secteur des infrastructures. Un groupe chinois, China Overseas Engineering Group (Coveg), réalisera d'ici 2012 au total 49,2 kilomètres de l'importante autoroute A2 qui relie Berlin à Varsovie, après avoir proposé des prix inférieurs à ceux de la concurrence européenne.

Coveg a proposé de construire un tronçon de 29,2 kilomètres pour 754,5 millions de zlotys (182 millions d'euros), un coût bien inférieur au devis de l'investisseur (1,7 milliard de zlotys). "La présence de sociétés chinoises a un effet positif sur le niveau des prix des offres", s'est félicité Stanislaw Lesniewski, un responsable du ministère des infrastructures polonais.

Mais cette entrée de la Chine sur le marché européen des infrastructures fait grincer quelques dents. La nouvelle "mérite un sujet de réflexion à long terme", a ainsi estimé vendredi Jean-François Roverato, le PDG du groupe français de BTP et de concessions Eiffage. "Cela ne nous gêne pas à court terme mais cela mérite un sujet de réflexion à long terme", a estimé le PDG d'Eiffage. En France, M. Roverato assure cependant n'avoir aucune crainte de la concurrence chinoise sur les "grands projets" tant que les grands groupes français garderont "leur compétitivité".




Ecrit par: P'tit Panda Vendredi 26 Février 2010 23h37

Critique
"Shim Chong, fille vendue", d'Hwang Sok-yong : une odyssée des corps en exil
LE MONDE DES LIVRES | 25.02.10 | 10h43 • Mis à jour le 25.02.10 | 10h43

Au coeur de Shim Chong, fille vendue, le bruit de la mer qui bat. Qui se brise à chaque page, comme une basse continue ou comme une injonction répétée de vie ou de mort. Deux mers s'il faut être géographe : la mer de Chine méridionale et la mer de Chine orientale réconciliées par le périple de l'héroïne, Shim Chong, à la fois sirène et naufragée, femme seule et toutes les femmes.

Son plaisir est comme de "l'eau qui bout" ou comme une vague. Son corps est un vaisseau au sens le plus marin comme le plus religieux et le plus sensuel. Elle est une fille vendue, une concubine, une prostituée, une femme de pouvoir. Une musicienne et une mère, aussi. Elle a autant de visages que le dernier roman d'Hwang Sok-yong a d'interprétations. C'est le prix d'une écriture si riche. Elle est profonde et insaisissable, son mouvement est infini, comme une mer de Chine et d'ailleurs, proche ou lointaine. S'il le faut, on se contentera de cette seule certitude, toute simple : Shim Chong, fille vendue est un grand livre. Et l'on décernera à son auteur le même adjectif, sans réserve.

A notre décharge, depuis plus de vingt ans, Hwang Sok-yong, né en 1943, déjà cité pour le prix Nobel, collectionne les qualificatifs définitifs, les admirations et les lecteurs. Jusqu'à présent, ses livres allaient de pair avec son engagement politique en faveur du rapprochement des deux Corées. Dans la continuité de son roman le plus célèbre, Monsieur Han (Zulma, 2002 et 10/18, 2004), son oeuvre est intimement liée à l'histoire contemporaine de la péninsule. Tout comme sa vie, marquée par une première incarcération en 1964 pour motifs politiques, puis une seconde en 1993 pour s'être rendu en Corée du Nord au mépris de la Loi de sécurité nationale sud-coréenne.

Publié en 2003 à Séoul, Shim Chong, fille vendue ne ressemble à aucun de ses précédents romans. A l'origine, il s'agit d'une légende populaire, puis d'un pansori - l'opéra traditionnel coréen, proche d'un récit épique chanté et mimé. Hwang Sok-yong en reprend les termes principaux de l'intrigue mais la délocalise : Shim Chong renaît au XIXe siècle, en mer de Chine. Vendue par son père, elle devient courtisane à 15 ans, s'échappe et s'élève de port en port : Shanghaï, Taïwan, Singapour, jusqu'à l'archipel des Ryukyu, où un prince tombe amoureux d'elle. Epique et romanesque, le texte d'Hwang Sok-yong se goûte pourtant comme un poème. Erotique, souvent, mythologique parfois, et plus étrangement : politique. On ne change pas un écrivain.

A l'évidence, Shim Chong, fille vendue est construit comme un pont jeté au-dessus des temps littéraires et de l'histoire. En mêlant les formes, les styles et les périodes, Hwang Sok-yong parsème son roman d'échos et d'allusions qui laissent une impression permanente de vertige et de profondeur. Le parcours du personnage principal en rappelle d'autres, depuis les "femmes de réconfort" pendant la seconde guerre mondiale jusqu'à des formes contemporaines de prostitution en Asie du Sud-Est.

Plus insidieusement, on se souvient de ces jeunes filles coréennes de familles pauvres envoyées à l'usine dans les années 1970 - un exil et une exploitation des corps d'une violence souvent comparable. Trafic de drogue et traite des femmes n'appartiennent évidemment pas au XIXe siècle, l'originalité d'Hwang Sok-yong est d'en avoir fait une épopée complexe aux références multiples, dont le corps - son histoire, ses douleurs, son plaisir - est au coeur du mouvement.

Shim Chong ne reviendra pas chez elle. Dès le premier chapitre, elle est symboliquement mise à mort par les marins et les marchands chinois qui la rebaptisent Lenhwa - "fleur de lotus". Mais toute la force et le drame de la courtisane Lenhwa tient à la persistance en elle d'une part de l'adolescente qu'elle a été. D'un fragment des origines. Ce débat intime permanent fait d'elle un individu en quête de quelque chose, une fugitive en puissance. A mesure qu'il se forme au plaisir des hommes (et au sien), son corps devient un instrument de pouvoir. Bientôt, Shim Chong prend conscience (politiquement) du sort de toutes les filles vendues. Cependant, en femme de son temps, elle ouvre une maison de plaisir, qu'elle tâche de rendre humaine pour ses protégées - ce qui n'a pas beaucoup plu aux féministes à la parution du livre en Corée.

Oiseaux de plaisir

Hwang Sok-yong prétend avoir eu l'idée de ce texte alors qu'il était coincé dans un embouteillage à Séoul, en regardant des oiseaux et en s'interrogeant sur les étapes et le but de leur migration. Dans le livre, le narrateur et le lecteur observent en écho le vol d'oiseaux de plaisir dans le ciel des années 1850. De femmes exilées et livrées au désir des hommes dans toute l'Asie. Ce faisant, le roman décrit une véritable Odyssée - au sens propre, homérique. Cartographie de l'Asie au XIXe siècle, Shim Chong, fille vendue est l'épopée d'un bouleversement idéologique et politique - aux prémices de l'impérialisme occidental et japonais. Le capitalisme est l'invité, ici, au sens du roman éponyme d'Hwang Sok-yong (L'Invité, Zulma, 2004, "Points", 2010). Comme le marxisme et le christianisme, le capitalisme occidental s'exporte et s'impose à l'Asie. Avec une certaine idée de l'individu et de la liberté, certes, mais au prix de l'exploitation et d'un déséquilibre social tragique.

Roman historique, Shim Chong, fille vendue ne se lit pas comme un essai déguisé ou mis en scène. L'histoire est un ingrédient du récit, au même titre que l'érotisme ou la référence à L'Odyssée. Un lecteur ignorant du contexte politique asiatique au XIXe siècle ne goûtera pas moins ce livre. Au croisement des différentes dimensions du récit, le personnage principal en est à la fois la caisse de résonance et le creuset. Le monde se déploie à partir de son regard, de sa musique et de son corps, comme si elle en assurait la scansion sensuelle. Le roman de formation se confond en quête de sens autant qu'en découverte des sens. Chronique de moeurs et histoire de chair, il se goûte sans modération.


SHIM CHONG, FILLE VENDUE (SHIM CHONG, YONGKOTEU KIL) d'Hwang Sok-yong. Traduit du coréen par Choi Mikyung et Jean-Noël Juttet. Zulma, 560 p., 23,50 €.

Nils C. Ahl

Ecrit par: P'tit Panda Mardi 02 Mars 2010 00h31
Toyota présente ses excuses à la Chine
LEMONDE.FR avec AFP | 01.03.10 | 12h30

Après avoir fait amende honorable aux Etats-Unis la semaine dernière, devant des parlementaires américains, le PDG de Toyota, Akio Toyoda, a présenté lundi ses excuses à la Chine pour les problèmes ayant provoqué les rappels de véhicules de son groupe dans le monde.

Akio Toyoda a cette fois présenté des "excuses sincères aux consommateurs chinois", qui forment désormais le premier marché automobile de la planète. Mains tremblantes pendant la lecture de sa déclaration, Akio Toyoda s'est incliné devant les quelque quatre cents journalistes présents pour présenter ses excuses.

Plus de 75 000 véhicules utilitaires Toyota de modèle RAV4 fabriqués en Chine ont été rappelés pour un problème d'accélérateur. Des problèmes d'accélérateur et de freins ont conduit la firme à rappeler quelque 8,7 millions de voitures dans le monde, dont six millions aux Etats-Unis.

Les ventes en Chine du japonais ont bondi de 53 % en glissement annuel en janvier, mais les récents rappels ont déjà fait baisser la demande, poussant Toyota à proposer des rabais, selon le quotidien Nikkei.

Ecrit par: P'tit Panda Lundi 08 Mars 2010 18h59
Pékin dose sa stratégie sur le dossier nucléaire iranien
LE MONDE | 08.03.10 | 13h27 • Mis à jour le 08.03.10 | 16h28


De quel côté la Chine penchera-t-elle, à l'ONU, à propos du nucléaire iranien ? L'administration Obama a durci sa position après une année de "main tendue" en direction de Téhéran. Les Etats-Unis ont commencé à diffuser un projet de résolution comportant de nouvelles sanctions contre la République islamique. Les dernières remontent à mars 2008.

La Chine entrave ce projet. La République populaire est le seul pays membre permanent du Conseil de sécurité à refuser le principe de nouvelles mesures coercitives. "Les pressions et les sanctions ne peuvent pas fondamentalement régler cette question", a répété, dimanche 7 mars, son ministre des affaires étrangères, Yang Jiechi.

Mais d'autres signaux sont aussi envoyés, pouvant annoncer une certaine flexibilité. Après la récente visite à Pékin du secrétaire d'Etat adjoint américain, James Steinberg, la Chine a réitéré son souhait de voir la question iranienne résolue par voie diplomatique, tout en demandant à Téhéran de renforcer sa coopération avec l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) afin de "lever les doutes" à propos de son programme nucléaire. Le dernier rapport de l'AIEA sur l'Iran émet l'hypothèse que ce pays poursuit à ce jour des travaux de mise au point d'un ogive nucléaire.

La stratégie chinoise a plusieurs composantes : retarder au maximum l'imposition de sanctions tout en se prononçant, le cas échéant, en faveur de ces dernières afin d'éviter l'isolement diplomatique, et cela après avoir oeuvré pour en atténuer la portée.

Dans ce contexte, un vote rapide à l'ONU paraît exclu. La secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a dit l'espérer "au cours des prochains mois". Le calendrier pourrait glisser au-delà de la conférence d'examen du traité de non-prolifération (TNP) prévue en mai.

Au blocage chinois s'ajoutent les réticences du Brésil, un pays que Mme Clinton, qui était la semaine dernière à Brasilia, n'a pas réussi à rallier à l'idée de sanctions. L'attitude chinoise agit, selon certains, comme un encouragement aux pays les moins disposés à durcir le ton contre Téhéran.

Sur le dossier iranien, la Chine navigue au plus près d'intérêts parfois contradictoires. Il lui faut prendre en compte simultanément l'importance de sa relation avec le régime des mollahs, pièce centrale de sa pénétration sur l'échiquier moyen-oriental, et la primauté de son dialogue avec les Etats-Unis. Une relation qui vient de traverser des secousses à propos de Taïwan et de la rencontre entre Barack Obama et le dalaï-lama.

La Chine est traditionnellement opposée à l'imposition de sanctions et privilégie une politique de "non-interférence". Elle défend le principe de la non-prolifération nucléaire mais soutient, dans le cas iranien, que rien ne prouve une volonté de se doter de la bombe atomique, ni la capacité d'y parvenir à court terme. Ainsi le problème ne justifie pas, à ses yeux, une telle mobilisation internationale.

Pour autant, les diplomates occidentaux estiment que Pékin, qui s'est déjà associé à trois reprises à une série de sanctions limitées contre Téhéran, entre 2006 et 2008, n'usera pas de son droit de veto pour bloquer une résolution, surtout depuis que la Russie se dit prête à s'associer à un tel texte. La Chine pourrait s'abstenir. Elle doit aussi trouver le langage diplomatique adéquat, au vu de l'importance de sa relation avec l'allié iranien.

L'Iran est le troisième fournisseur de pétrole de la Chine, après l'Arabie saoudite et l'Angola. Les compagnies pétrolières chinoises ont investi 120 milliards de dollars en Iran depuis cinq ans. En 2009, les deux pays ont signé deux importants contrats pour développer deux champs pétrolifères en Iran, l'un à Pars, l'autre à Azadegan. Et parce que l'Iran ne possède pas de capacités suffisantes de raffinage, les Chinois lui fourniraient, selon le Financial Times, entre 30 000 et 40 000 barils de pétrole raffiné par jour. La Chine a profité ces dernières années de l'effacement de compagnies occidentales empêchées de traiter avec l'Iran du fait des sanctions et des pressions américaines.

La proximité géographique et culturelle de l'Iran avec la province chinoise du Xinjiang, région tiraillée par les velléités "séparatistes" de sa population musulmane ouïgoure, pousse en outre Pékin à s'assurer des bonnes grâces de Téhéran.

"La poursuite de la voie diplomatique retarde des actions punitives et permet à Pékin de valoriser au maximum ses capacités de marchandage en direction et de l'Iran et des pays de l'Ouest", note le centre d'analyse Crisis Group, dans un récent rapport, très détaillé, sur le jeu chinois face au nucléaire iranien. Des officiels ont ainsi indiqué que la poursuite de ventes d'armes américaines à Taïwan nuirait à la coopération chinoise "sur d'importants dossiers internationaux".

Cependant, nuance la sinologue britannique Sarah Raine, "une résolution modérée du Conseil de sécurité permettrait à la Chine de sauver la face vis-à-vis des Etats-Unis et de l'Europe, ses principaux partenaires commerciaux. Mais il est primordial, du point de vue chinois, que ces sanctions aient un impact minimal sur ses intérêts".

C'est la raison pour laquelle les Etats-Unis ont incité l'Arabie saoudite à garantir un accroissement de ses livraisons de pétrole à la Chine pour compenser éventuellement celles de l'Iran. Pékin n'aurait rien à gagner en cas de course aux armements ou d'instabilité dans la région du Golfe, évolutions jugées inévitables si un coup d'arrêt n'est pas mis aux activités iraniennes.


Bruno Philip (avec Natalie Nougayrède à Paris)
Téhéran annonce la production d'un missile de croisière
L'Iran a lancé, dimanche 7 mars, la production d'un nouveau missile antinavires à courte portée, baptisé Nasr-1, capable de "détruire des cibles de 3 000 tonnes", a indiqué le ministre de la défense iranien, Ahmad Vahidi. Nasr-1 (Victoire) "peut être tiré depuis la côte ou des navires et il sera adapté pour pouvoir être utilisé depuis des hélicoptères et des sous-marins", a précisé le ministre.

M. Vahidi avait inauguré début février, à l'occasion du 31e anniversaire de la Révolution islamique, les sites de production d'un missile sol-air antihélicoptères, baptisé Qaem, et d'un missile antichar à "double tête" nommé Toufan.

Téhéran affirme aussi avoir mis au point un missile sol-air capable de détruire les hélicoptères d'attaque américains Apache, ainsi qu'un système antimissile offrant les mêmes performances que le système russe S-300, dont Moscou retarde la livraison depuis des mois. - (AFP.)



Article paru dans l'édition du 09.03.10

Ecrit par: P'tit Panda Lundi 08 Mars 2010 23h40
Edito du Monde
L'Iran et la Chine
LE MONDE | 08.03.10 | 13h27 • Mis à jour le 08.03.10 | 13h27


Qu'est-ce qu'une grande puissance ? C'est un pays qui, lorsque la situation l'exige, est capable de défendre des intérêts à long ou moyen terme qui vont à l'encontre de ses intérêts immédiats - ou de ceux qu'il perçoit comme tels. La Chine est-elle une grande puissance ? A la conférence sur le climat à Copenhague, en décembre 2009, elle a privilégié la défense de ses industriels sur celle de la planète. La Chine s'est trouvée en "bonne" compagnie sur ce sujet, aux côtés des Etats-Unis et de l'Inde.

Elle a aujourd'hui l'occasion de prouver son sens des responsabilités sur un dossier crucial pour la sécurité internationale : l'Iran. C'est un test pour Pékin. Aux Etats-Unis, en Europe, au Proche-Orient surtout, à Moscou enfin, on jugera les dirigeants chinois sur cette affaire.

L'enjeu est connu. En dépit de trois séries de sanctions déjà votées par l'ONU contre la République islamique, Téhéran poursuit un programme d'enrichissement de l'uranium qui peut déboucher sur un usage militaire. Le 18 février encore, la prudente Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) soupçonnait l'Iran de travailler à la conception d'une ogive nucléaire. Le temps semble compté avant que la République islamique accède au rang de puissance nucléaire militaire. Ce serait un bouleversement majeur, et particulièrement déstabilisateur au Proche-Orient.

L'importance de l'enjeu - empêcher une course à la prolifération dans la région - conduit l'ONU à envisager une nouvelle série de sanctions. C'est la position de quatre des cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU : Washington, Moscou, Londres et Paris. Il en manque un : Pékin.

La réticence de la Chine a plusieurs raisons ; obsession pékinoise du dogme de la souveraineté nationale - à l'intérieur de ses frontières, un Etat fait ce qu'il veut - assez partagée chez les "émergents" (Brésil, notamment) ; opposition de principe à la pratique des sanctions internationales, dont la Chine a elle-même été la cible ; liens énergétiques très étroits tissés avec l'Iran ; volonté de faire payer aux Etats-Unis le soutien qu'ils apportent à Taïwan, etc.

Mais que pèsent ces considérations face à la perspective qui s'annonce, celle d'un Iran doté de l'arme suprême, qui mènerait pas moins de trois autres pays de la région à s'en équiper à leur tour ? La principale région pétrolifère mondiale serait alors en passe de devenir une zone polynucléaire. L'Iran peut céder sous la pression internationale, les pays arabes et Israël l'ont dit aux dirigeants chinois. Pour eux, l'Iran est un rendez-vous avec l'Histoire.


Article paru dans l'édition du 09.03.10

Ecrit par: P'tit Panda Mardi 09 Mars 2010 00h54
Mise à jour 08.03.2010 14h38
Rétrospective de photos de Marc Riboud à Shanghai

Selon une information du 5 mars, le célèbre photographe français Marc Riboud va organiser une rétrospective de photos intitulée « Instant d'intuition » au palais des beaux-arts de Shanghai, qui durera du 6 mars au 3 avril. A l'occasion, une centaine de photos choisies spécialement par le célèbre photographe seront montrées au public. Parmi ces photos, plus de 60 ont enregistré les changements de la vie en Chine depuis 50 ans.

Depuis sa première visite en Chine en 1957, Marc Riboud a déjà effectué plus de 20 visites en Chine. Il a fixé son objectif sur la vie quotidienne et a montré les changements de la Chine au monde avec ses observations soigneuses et ses fulgurances.

Faisant partie de l'activité de « Croisement franco-chinois », la rétrospective constitue une opération de communication importante de la France en Chine avant l'Exposition universelle de Shanghai. Plus tard, la rétrospective déménagera du palais des beaux-arts à l'Académie centrale des beaux-arts de Beijing.

Source: le Quotidien du Peuple en ligne

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Ecrit par: P'tit Panda Mardi 09 Mars 2010 00h57
Mise à jour 08.03.2010 14h48
Les restaurateurs chinois en France protestent contre les médias français qui disent qu'ils ne respectent pas les règles d'hygiène

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La Fédération des restaurateurs asiatiques en France, la seule association de métier de la restauration chinoise en France, vient de tenir le 6 courant à Paris une réunion d'urgence pour discuter des mesures à prendre pour faire face aux médias français qui une nouvelle fois usent de moyens indélicats pour noircir et discréditer la restauration chinoise en France et il est prévu de faire la grève pour protester énergiquement contre cette accusation infondée de la presse française et pour demander aux médis français concernés de présenter leurs excuses et de cesser immédiatement leurs agissements injustes et grossiers.

Le 4 mars, la télévision publique française France 2 a rediffusé à l'heure de grande écoute dans la rubrique « Correspondant spécial » le programme spécial intitulé « Faut-il éprouver de la crainte à l'égard des restaurants asiatiques ? » et les téléspectateurs qui auront vu ce programme éprouveront alors un sentiment de frayeur dû à l'idée ainsi propagée « La plupart des restaurants chinois ne respectent pas les règles d'hygiène ».

La communauté chinoise en France garde vivace à la mémoire l'événement du 19 mars 2009, car ce jour-là, ledit programme a été diffusé pour la première fois par cette même télévision française. Ce soi-disant programme issu d'une enquête sérieuse a fait un reportage détaillé sur la situation hygiénique dans le secteur de restauration chinoise : ateliers clandestin de fabrication de denrées alimentaires, boutiques de vente à emporter, restaurants, … etc. Les téléspectateurs ont constaté de leurs propres yeux l'état hygiénique déplorable dans les ateliers clandestins de fabrication alimentaire tenus par des Chinois. En outre, le programme déclare que d'après les enquêtes effectuées par échantillonnage à l'encontre des boutiques de vente à emporter tenues par des Chinois, 80% des denrées alimentaires qui y sont vendus ne sont pas conformes aux normes hygiéniques et sanitaires prescrites.

On a appris que la diffusion de ce programme a provoqué un grand désastre dans le milieu de la restauration chinoise parisienne et nombreux sont les Français qui renoncent à aller manger dans les restaurants chinois. La communauté chinoise en France pense que ce programme, qui vise spécialement la restauration chinoise, est injuste, partial et inéquitable, propage des idées erronées basées sur des préjugés infondés, nuit sérieusement et gravement à l'image de la restauration chinoise et apporte de plus grands désastres et malheurs à cette dernière qui souffre déjà de la crise financière et du marasme économique.

A cet effet, des organisations et des groupements de la communauté chinoise à Paris ont adressé des lettres de protestation aux médias français concernés. D'autre part, les associations chinoises de métiers intéressées en France ont renforcé la propagande et la formation du personnel pour améliorer la conscience des restaurateurs d'origine chinoise en matière du respect de la loi concernée et des règles hygiéniques et sanitaires. Elles ont fait savoir qu'elles acceptent les diverses enquêtes et inspections de l'Association française du patronat de la restauration.

D'un autre côté, la Fédération des restaurateurs asiatiques en France a adressé le 6 courant à l'ensemble des restaurateurs chinois en France une lettre dans laquelle il est dit : « Ces dernières années, pour redresser l'image du secteur de la restauration chinoise en France, toutes les personnes consacrées à notre métier ont fait de grands efforts pour apporter incessamment des améliorations en matière de l'hygiène, de la cuisine et du service, ce afin de dissiper autant que possible les effets négatifs apportés par le reportage dans l'esprit des consommateurs français. », « mais, une année plus tard, dans la situation où aucune enquête effective et aucune investigation sérieuse n'ont été menées, ladite télévision française diffuse une nouvelle fois une chose qui a subi des changements avec le temps, ce qui cause un nouveau désastre à la restauration chinoise en France. »

On apprend qu'il n'est pas exclu que des organisations et des groupements de Chinois installés en France organisent la grève et la manifestation de protestation dans le quartier de Belleville ou dans les troisième et treizième arrondissements où sont concentrés les restaurants chinois pour exprimer leur vive indignation et leur violente protestation contre les médias français concernés et pour leur demander de présenter leurs sincères excuses et de cesser leur acte injuste et odieux.

Du Juan, Vice Présidente permanente de la Fédération des restaurateurs asiatiques en France, a accepté une interview de plusieurs journalistes et elle leur a fait remarquer qu'une dizaine de milliers de Chinois installés en France se sont consacrés au métier de la restauration et que la vie de leurs familles dépend entièrement de ce métier. Elle a ajouté que pour faire face à cette attaque injuste et discriminatoire lancée par certains médias français à l'encontre de la communauté chinoise en France, il est important pour les Chinois installés en France de s'unir plus étroitement afin de pouvoir lutter et résister jusqu'au bout.

Source: le Quotidien du Peuple en ligne

Ecrit par: P'tit Panda Mardi 09 Mars 2010 18h41
La Chine n'est pas près de modifier sa politique de change
LE MONDE | 09.03.10 | 14h06


Le gouverneur de la banque centrale de Chine vient d'émettre ce qui constitue jusqu'à présent l'indice le plus net que le yuan pourrait être réévalué. Messieurs les investisseurs, ne vous emballez cependant pas. A Pékin, on n'est apparemment pas encore mûr pour agir.
Suite aux propos tenus par M. Zhou Xiaochuan, le yuan a bondi lundi 8 mars. Cela faisait cinq semaines qu'il n'avait pas été aussi fort face au dollar sur les marchés de "futures". Le premier ministre, Wen Jiabao, avait pourtant déclaré la veille que la devise chinoise resterait stable en 2010.


La Chine est naturellement soucieuse de décourager les anticipations d'une réévaluation du yuan, craignant qu'elles n'attirent les spéculateurs. La parole du premier ministre est certainement ce à quoi les investisseurs doivent attacher le plus d'importance. Le rapport annuel du gouvernement, de fait une véritable feuille de route, affirme que cette année, la priorité sera donnée aux exportations. Auparavant, il était davantage question de corriger le déséquilibre des échanges commerciaux. Un des objectifs affichés en 2008, à savoir l'assouplissement du régime du taux de change, a disparu du rapport 2009.

La Banque populaire de Chine souhaite que le yuan soit plus flexible à long terme, mais en matière de politique de change, c'est Pékin qui a le dernier mot. Tout se décide au niveau du Conseil des affaires de l'Etat, qui doit tenir compte des besoins d'autres instances gouvernementales comme le ministère du commerce, davantage préoccupé par la santé des exportations. Le ministre du commerce ne s'est d'ailleurs pas privé de riposter sèchement à l'intervention du gouverneur de la banque centrale en déclarant que toute réforme du régime de change ne saurait s'opérer autrement que de manière progressive et maîtrisée.

Signaux discordants

Comment interpréter tous ces signaux discordants ? En fait, il est probable que Pékin n'est pas encore arrivé à dégager un consensus sur la marche à suivre. La réévaluation n'est pas pour demain.

Le gouverneur lui-même est resté très vague quant à un possible calendrier. Il a souligné que le choix de caler le yuan sur le dollar tout au long de 2009 avait été une façon pour la Chine de faire face à la récession économique, sans toutefois définir ce qui pourrait constituer la sortie de crise. Le premier ministre, Wen Jiabao, a annoncé que 2010 serait une année "compliquée" à gérer. On imagine assez mal le pouvoir central s'empresser de toucher à la politique de change avant que la situation ne se soit quelque peu éclaircie.

(Traduit par Christine Lahuec.)

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Wei Gu
Article paru dans l'édition du 10.03.10

Ecrit par: P'tit Panda Mardi 09 Mars 2010 18h43
Pékin annonce la première croissance réduite du budget de l'armée en 21 ans
LE MONDE | 06.03.10 | 13h14 • Mis à jour le 06.03.10 | 13h14
Pékin Correspondant


La Chine a pris les experts militaires par surprise. A la veille de l'ouverture de la session annuelle du "Parlement", vendredi 5 mars, Pékin a annoncé que, pour la première fois en vingt et un ans, la croissance de son budget de la défense va repasser en 2010 sous la barre des deux chiffres : 7,5 % seulement contre une augmentation moyenne constante de 15,9 % durant la décennie 1999-2008. En 2009, cette croissance avait déjà diminué (14,9 %).

L'annonce a contredit certaines prédictions : cités par la presse de Hongkong, des spécialistes américains estimaient récemment sans sourciller qu'en 2010, le budget de l'Armée populaire de libération (APL) augmenterait de 15 %...

Le porte-parole de l'Assemblée nationale populaire, Li Zhaoxing, a précisé qu'une large proportion de la hausse budgétaire sera dévolue à l'amélioration des conditions de vie des 2,3 millions soldats de l'APL, dont les effectifs sont en baisse. Le pouvoir chinois a en effet lancé un programme de restructuration des forces armées et indiqué qu'il allait imposer un régime minceur à la bureaucratie militaire et au personnel non combattant pour réduire des effectifs pléthoriques.

Les raisons de ce budget modéré s'expliquent par le souci du gouvernement de montrer qu'en temps de crise et en dépit de la croissance soutenue de l'économie, l'armée doit aussi se serrer la ceinture. A Pékin, des observateurs remarquent que cette annonce ne manquera pas de frustrer une hiérarchie militaire concentrée sur un programme de modernisation continu de l'APL. L'annonce d'une croissance plus modeste du financement de l'armée ne doit pas faire oublier l'opacité des réalités militaires chinoises : le budget 2010 sera, officiellement, de près de 57 milliards d'euros, mais le Pentagone estimait en 2009 que le chiffre réel devait se situer dans une fourchette de 77 milliards à 110 milliards...

"LA CHINE VEUT LA PAIX"

Les tensions entre Pékin et Washington consécutives à une prochaine vente d'armes américaine à Taïwan, l'obsession chinoise de lutter contre les "séparatistes" au Tibet et au Xinjiang auraient pu se traduire en augmentation des dépenses. Ce n'a pas été le cas. Et c'est parce que le contexte ne se prêtait pas à cette relative modestie budgétaire que les experts ont été surpris. Il y a quelques jours, le livre d'un certain colonel Liu Mingfu, professeur à l'université de la défense nationale, a fait beaucoup parler. Dans son Rêve de Chine, l'officier écrit que l'objectif de la République populaire est, au XXIe siècle, "de devenir la première puissance mondiale" et de se doter d'une armée capable de "supplanter" les forces américaines.

Tel n'est pas la doctrine officielle : "La Chine veut la paix", a répété cette semaine le porte-parole du Parlement, Li Zhaoxing. "Le seul but de la force militaire chinoise est de protéger la souveraineté et l'intégrité territoriale du pays." Il a souligné que le budget de l'armée, 1,4 % du PNB, était "raisonnable", comparé à celui des Etats-Unis et de la Grande Bretagne(4 %) ou de la Russie et de la France (2 %).


Bruno Philip
Article paru dans l'édition du 07.03.10



Ecrit par: P'tit Panda Dimanche 14 Mars 2010 01h26
Censure accrue en Chine contre la presse critique
LE MONDE | 11.03.10 | 14h10 • Mis à jour le 11.03.10 | 17h30
Pékin Correspondant

Treize quotidiens chinois ont publié le 1er mars, simultanément dans leurs éditions papier et sur leurs sites Internet, un éditorial demandant en termes vifs au pouvoir que soit supprimé le contraignant et très impopulaire système de "passeport intérieur" : les rédacteurs en chef de ces publications ont ainsi démontré une rare audace.

Une telle mobilisation médiatique sur une question sociale aux implications politiques est du jamais-vu en Chine où les organes de presse sont sous le contrôle du pouvoir.

Le système d'enregistrement des citoyens, appelé "hukou", permet de réguler les flux démographiques entre monde rural et citadin mais dessert les paysans ou les provinciaux venus travailler en ville : sans ce "passeport", ils ne peuvent bénéficier de certains avantages sociaux. L'éditorial accusait le hukou d'être "anticonstitutionnel" et de "violer les droits de l'homme".

Les sanctions n'ont pas tardé. Peu de temps après publication de l'éditorial, les censeurs ont fait retirer des sites en ligne l'article sacrilège. Plusieurs responsables éditoriaux ont été informés qu'ils allaient recevoir une "sanction disciplinaire". Mercredi 10 mars, l'un des "meneurs" de cette initiative a révélé dans une lettre ouverte publiée sur Internet qu'il avait été "puni", ainsi que d'"autres collègues des médias". Zhang Hong, qui se présente désormais comme "commentateur indépendant", était jusque-là rédacteur en chef adjoint de l'édition en ligne de l'hebdomadaire Economic Observer, publié à Pékin. Tout porte à croire, au vu du contenu de sa lettre, qu'il a été limogé même s'il ne le précise pas. Le quotidien hongkongais Mingpao a écrit il y a quelques jours que les responsables des départements de propagande censés vérifier le contenu des journaux ont été aussi sévèrement tancés.

Interrogé par Le Monde sous le sceau de l'anonymat, un journaliste du quotidien de Canton Nan fang dushi bao a été avare de précisions mais a confirmé implicitement les sanctions contre des responsables de son journal. Il a ajouté "ne pas bien comprendre pourquoi de telles sanctions ont pu être prises dans la mesure où ce que réclamait cet éditorial n'était pas vraiment nouveau et rejoignait en un sens les préoccupations du gouvernement". Le premier ministre, Wen Jiabao, s'est en effet prononcé pour une flexibilité d'application du hukou et les autorités sont conscientes que ce système doit s'adapter aux nouvelles réalités économiques et sociales.

La réaction des autorités se produit dans une conjoncture précise : l'éditorial a été publié dans ces 13 journaux de province et de Pékin à la veille de l'ouverture des deux assemblées, moment politique le plus important de l'année. L'une est la Conférence consultative du peuple chinois (CCPPC), sorte de sénat formé de huit partis "démocratiques" et composé de personnalités ou de membres non communistes censés conseiller le pouvoir. L'autre, plus importante, est l'Assemblée nationale populaire (ANP), équivalent d'un Parlement qui, tout en avalisant les directives du pouvoir, peut servir de forum de discussion sociale. Les censeurs avaient donc toutes les raisons de réagir avec célérité à l'article : selon certains experts, c'est sans doute plus le "timing" de la publication et le caractère collectif de l'initiative que le contenu de l'article qui explique les sanctions. Comme l'estime Huang Yu, professeur de l'Université baptiste de Hongkong, "même si le hukou a été l'objet de discussions animées depuis quelques années, il est sans précédent que des médias se mettent d'accord pour défendre une cause sociale en des termes aussi forts".

Cette réaction gouvernementale est classique dès que l'on ose critiquer des réalités jugées "sensibles" par le parti. Après le séisme au Sichuan, en 2008, une vague d'articles d'intellectuels vantant la transparence de la couverture médiatique de l'événement, ce qui revenait à une demande d'une plus grande liberté de la presse, avait été bloquée par la censure. La presse avait dû vite cesser de mentionner la controverse sur la fragilité des écoles après que ces dernières s'étaient écroulées, tuant des milliers d'enfants.

Bruno Philip
Article paru dans l'édition du 12.03.10




Ecrit par: P'tit Panda Dimanche 14 Mars 2010 01h27
La Chine, "atelier du monde", manque de bras
LE MONDE | 13.03.10 | 14h00 • Mis à jour le 13.03.10 | 14h00
Shenzhen (Chine) Envoyé spécial

Avec sa petite cour intérieure où s'entassent les baluchons des nouveaux arrivants et sa salle de spectacle aux murs couverts de photos du fondateur, Quanshun Human Ressources a des allures de camp de jeunes pionniers. Située au coeur de Pinghu Town, un bourg-dortoir à quelques dizaines de kilomètres de Shenzhen (province du Guangdong), cette agence d'intérim recrute des ouvriers pour les usines de l'"atelier du monde".

Un atelier qui manque de main-d'oeuvre bon marché. L'agence croule donc sous les demandes. "Nous avons constamment une vingtaine d'usines qui nous contactent. La plupart embauchent de 30 à 50 personnes. Certaines de 300 à 400 et parfois 2 000", explique Hu Junfu, le vice-directeur, dans un bureau ouvert à tous les vents où trône un poster de Mao.

Une troupe de jeunes, bol de fer-blanc à la main, se rend à la distribution de soupe de nouilles. Après le repas, ils regarderont un film sur Zhang Quanshou, fondateur de la Quanshun. Ancien mingong (paysan ouvrier) venu de la province pauvre du Henan, comme M. Hu et la plupart des nouvelles recrues, il explique qu'il ne peut accueillir les nouveaux arrivants car il participe à Pékin à l'Assemblée nationale du peuple.

"PÉNURIE STRUCTURELLE"

Avec pédagogie, l'entrepreneur et député, qui joue de sa ressemblance étudiée avec le Grand Timonier, incite ses ouailles à faire honneur à la Quanshun, à la province du Henan et à leurs parents. Des images le montrent, un collier de fleurs autour du cou, offrant une liasse de billets à une paysanne âgée qui pleure et s'agenouille.

"Notre cible, ce sont les jeunes les moins éduqués, qui ont du mal à trouver du travail, admet M. Hu. On tente de leur inculquer l'importance du travail et de pouvoir gagner de l'argent. Sinon, ils ne restent pas." Une centaine d'agents recruteurs sillonnent le Henan en quête d'ouvriers, acheminés en bus à Shenzhen.

La Quanshun a mis au point un modèle économique de l'intérim made in China : les ouvriers sont logés et nourris par les usines, mais ne reçoivent que 40 à 50 euros par mois, soit le quart de leur salaire. Le reste est envoyé aux parents. En cas de chômage, la Quanshun les héberge, les nourrit et leur alloue 45 yuans (5 euros) par jour. Quand, il y a un an, près de 2 000 ouvriers s'étaient retrouvés sans travail pendant trois mois, cela avait coûté plusieurs millions de yuans à l'agence. Zhang Quanshou avait alors été célébré dans la presse pour son dévouement.

Désormais, ceux qui arrivent le matin trouvent souvent une usine le soir, assure M. Hu. Dans le Guangdong ou ailleurs. Car plus que le rebond des exportations, c'est la course à la baisse des coûts qui fait prospérer les agences d'intérim, notent les observateurs. Malgré l'adoption en 2008 de lois plus protectrices pour les travailleurs sur le contrat de travail, les usines, à la recherche de plus de flexibilité, externalisent les risques sociaux en ajustant leurs besoins de main-d'oeuvre au gré des saisons.

Les ouvriers sont en réalité moins payés. "En cinq ans, la part des jeunes nés après 1979 a atteint 50 % de la main-d'oeuvre ouvrière. Or, c'est la génération de l'enfant unique. L'économie croît simplement trop vite par rapport à la main-d'oeuvre disponible. La pénurie de travailleurs est structurelle, pas seulement dans le Guangdong, dit Liu Kaiming, directeur de l'Institute of Contemporary Observation, qui enquête sur le travail à Shenzhen. Les journaux prétendent que les salaires augmentent. En fait, les ouvriers sont payés à la pièce, donc les usines ajustent comme elles veulent le niveau des salaires. Sans pouvoir de négociation, les jeunes se tournent vers les services. Ou préfèrent rester à la campagne. Le modèle est en crise."

Les nouvelles recrues de la Quangshun ont des attentes variées. Jun, 19 ans, originaire du Henan, est arrivé il y a 15 jours. Après 12 jours dans une usine, il veut changer. "C'était trop dur", dit-il. Il choisira un autre emploi ce soir. Un jeune cuisinier de 23 ans, venu du Gansu, a sauté dans un train après avoir vu à la télévision une interview de Zhang Quanshou. Il veut travailler 5 à 10 ans pour épargner 3 000 euros par an. Les salaires, croit-il, sont plus élevés à Shenzhen que dans le Gansu, et il pourra au moins compter sur quatre jours de repos par mois - contre aucun dans sa ville.

Li Peng, 25 ans, arrivé après 96 heures de train de la région de Mandchourie, est moins enthousiaste : il découvre qu'il ne pourra toucher qu'un quart de son salaire chaque mois. Or, dit-il, il aime dépenser. Il n'a aucune envie de travailler longtemps en usine : le jeu n'en vaut pas la chandelle. Il choisira une usine ce soir, puis il fera autre chose. Serveur ou coiffeur.

Brice Pedroletti
Article paru dans l'édition du 14.03.10


Ecrit par: P'tit Panda Dimanche 14 Mars 2010 01h28
La province du Guangdong prépare la montée en gamme de ses produits
LE MONDE | 13.03.10 | 14h00
Shenzhen Envoyé Spécial

Après une baisse continue en 2009 (près de 20 % par rapport à 2008), les exportations chinoises ont progressé pour le troisième mois consécutif en février (+ 45,7 % sur un an), tandis que les excédents commerciaux étaient en hausse de 56 %. Ce rebond est en partie dû à la faiblesse des exportations du mois de référence (février 2009) et aux avantages fiscaux consentis aux exportateurs, notent les analystes.

"Nos usines sont vite reparties, parce que le gouvernement a mis la main au porte-monnaie pour nous aider à nous transformer", note Andrew Yeh, président de la puissante Taiwan Business Association de Dongguan, dans la province du Guangdong (sud). Cette ville, située entre Shenzhen et Canton, accueille près de 6 000 usines taïwanaises, qui réalisent à elles seules 42,5 % de ses exportations. La restructuration s'inscrit dans un large plan d'amélioration de la productivité et de montée en gamme des produits du Guangdong, où les exportations sont en majorité le fait de groupes de Hongkong ou de Taïwan. C'est le mot d'ordre du secrétaire du Parti communiste de la province, Wang Yang.

Gagner en productivité

Fin 2009, l'Association des hommes d'affaires taïwanais de Dongguan a créé un département pour aider les sociétés à gagner en productivité grâce aux subsides locaux. "La municipalité a débloqué 6 milliards de yuans (600 millions d'euros) pour six secteurs. Toutes les entreprises de la ville en bénéficient. Pour les usines taïwanaises, nous avons été autorisés à recourir aux services de consultants et d'organismes de Taïwan spécialistes de la productivité pour l'automatisation, la gestion logistique ou les systèmes informatiques", poursuit M. Yeh.

L'expansion tous azimuts des exportations n'est pourtant plus d'actualité. "Les firmes taïwanaises se consacraient intégralement aux exportations. C'est terminé. Nous lançons des foires à travers le pays pour promouvoir nos produits", dit-il.

La reprise des commandes en 2010 a fait resurgir le problème du manque de main-d'oeuvre, qui a poussé les salaires à la hausse (de 10 % à 15 %). "Ce problème ne se résorbera pas tant que les ouvriers ne seront pas mieux intégrés, affirme M. Yeh. Dongguan compte 1,7 million de résidents pour... 12 millions d'habitants. Comme à Taïwan par le passé, il faut que les gens puissent s'installer et que les usines leur offrent des perspectives avec, à la clé, une formation. C'est ce que je suggère aux autorités."

B. Pe.
Article paru dans l'édition du 14.03.10

Ecrit par: P'tit Panda Dimanche 14 Mars 2010 01h33
Yuan : la Chine reste de marbre face aux critiques
LE MONDE | 13.03.10 | 14h14 • Mis à jour le 13.03.10 | 14h14

La partie de ping-pong reprend sur le marché des changes entre la Chine et les Etats-Unis. Désireux d'amadouer le très stratégique partenaire chinois, Barack Obama avait opté ces derniers mois pour une prudente réserve. Mais faute de résultats, le président américain a décidé de remettre la pression sur Pékin à propos du yuan, jugé très sous-évalué.

Jeudi 11 mars, M. Obama a appelé la Chine à évoluer vers "un taux de change plus conforme au marché" : "Cela serait une contribution importante à l'effort de rééquilibrage mondial", a-t-il souligné.

La riposte ne s'est pas fait attendre. Vendredi 12, la banque centrale chinoise a sèchement prié Washington de s'abstenir de "politiser" cette question. "Nous pensons que le taux de change n'aidera ni à diminuer ni à accroître nos excédents et déficits commerciaux", a soutenu le vice-gouverneur de la banque centrale, Su Ning.

Pékin a arrêté net, à l'été 2008, la lente réévaluation du renminbi (l'autre nom du yuan), commencée en 2005. Depuis, la devise n'a pas fluctué de plus de 1 %, autour de 6,83 yuans pour 1 dollar (6,8256 vendredi).

Concurrence déloyale !, s'insurgent les partenaires commerciaux de la Chine, Etats-Unis en tête. Avec un yuan sous-évalué, soulignent-ils, les biens "made in China" profitent d'un net avantage en termes de compétitivité. Le pays a d'ailleurs ravi à l'Allemagne, en 2009, le titre de premier exportateur mondial.

"Avec sa politique de change, la Chine est en train de gagner une guerre économique sur les Etats-Unis sans même livrer bataille", affirme Antoine Brunet, économiste et président d'AB Marchés. Barack Obama, qui vient d'annoncer l'objectif d'un doublement des exportations américaines dans les cinq prochaines années, va-t-il user des grands moyens ? Un rapport officiel du Trésor américain, prévu pour le 15 avril, pourrait accuser Pékin de "manipulation" de sa monnaie. C'est ce pour quoi milite une coalition bipartisane d'élus du Congrès. Cette assertion - une vraie déclaration de guerre monétaire - pourrait entraîner des mesures de rétorsion commerciale envers la Chine.

Ne pas s'emballer

La manoeuvre est complexe. La croissance chinoise est, certes, tributaire de ses exportations vers les Etats-Unis. Mais en retour, le déficit américain est financé en grande partie par la Chine, son deuxième plus gros acheteur d'emprunts d'Etat derrière le Japon. Pour répondre au chantage par le chantage, Pékin n'aurait qu'à décider de bouder les prochaines adjudications du Trésor américain...

En attendant, nombre d'investisseurs aux aguets croient déceler les signaux d'une reprise de l'appréciation du yuan courant 2010. Et même dès le deuxième trimestre, a prédit le 8 mars, l'économiste star Nouriel Roubini. Les conditions sont réunies : croissance trimestrielle à deux chiffres, rebond des exportations... Le tout accompagné de craintes sur un retour de l'inflation.

Les dernières déclarations du gouverneur de la Banque centrale ont nourri les spéculations. Le 6 mars, Zhou Xiaochuan a expliqué qu'il faudrait penser "tôt ou tard" à l'abandon des politiques spéciales mises en place pour contrer la crise, "y compris le régime de formation du taux de change". Mais, selon certains experts, les marchés ne doivent surtout pas s'emballer. "Ce n'est pas parce qu'une "exit strategy" est évoquée que la Chine va un - agir - et deux - agir immédiatement", indiquent les analystes de Natixis dans une note publiée le 9 mars.

De fait, le premier ministre Wen Jiabao continue de prôner la "stabilité" de la monnaie compte tenu des incertitudes pesant sur la reprise économique mondiale. Or ce ne sont pas les autorités monétaires mais bien Pékin qui fixe le cap en matière de taux de change.

Marie de Vergès
Article paru dans l'édition du 14.03.10


Ecrit par: P'tit Panda Dimanche 14 Mars 2010 01h39
Published on Rue89 (http://www.rue89.com)
Han Han, blogueur le plus lu au monde, joue avec la censure
By Mathilde Bonnassieux
Created 03/13/2010 - 08:23

(De Pékin) Avec sa mèche rebelle et son air de jeune premier, Han Han, 27 ans, fait craquer les Chinoises. Mais il a bien plus qu'un physique. Ce Shanghaien est aussi pilote de rallye, auteur d'une bonne quinzaine de bouquins, chanteur à ses heures et surtout blogueur le plus populaire de Chine et sans doute le plus lu de la planète.

Une à deux fois par semaine depuis 2006, il poste un billet d'humeur qui déclenche aussitôt une avalanche de commentaires sur la toile [son blog a reçu plus de 200 millions de visites depuis son lancement, ndlr]. Ses propos s'y prêtent. Corruption, ignorance des élites, censure, failles du système éducatif chinois, le jeune homme aime ruer dans les brancards. Toujours avec cynisme.

Ainsi quand il évoque l'affaire d'un officiel dont le journal s'est retrouvé sur l'internet [1], racontant par le menu ses frasques sexuelles et ses pratiques corrompues, Han Han préfère la dérision à la colère :

« C'est un bon fonctionnaire par rapport à d'autres. Il n'a touché que 60000 yuans de pots-de-vin et eu que 5 maîtresses, ce n'est pas beaucoup par rapport à d'autres ».

« Han Han a une caractéristique qui manque à tous les Chinois, c'est la liberté », résume un internaute.

Empêcheur de tourner en rond Han Han ? Cela peut surprendre. Le personnage fait preuve d'une indéniable insouciance. Il écrit des livres plutôt légers pour financer sa passion, le rallye automobile. Il a d'ailleurs commencé à écrire sur son blog « sans raison particulière ». Depuis il n'arrive plus à s'arrêter. Il s'explique :

« Pour un écrivain qui gagne sa vie avec des publications, ce n'est pas très rentable d'offrir des lectures gratuites aux gens. Mais la rapidité et la censure qui est relativement moins serrée sur internet m'attirent beaucoup ».

Résultat, auprès d'une jeunesse chinoise plus intéressée par l'argent que la politique, son franc-parler détonne. Il ne lui jette pourtant pas la pierre, puisqu'il en fait lui-même partie :

« On ne peut pas dire que les jeunes sont apolitiques. C'est parce qu'ils ont beaucoup de stress dans la vie et parce qu'il est quasiment impossible d'exprimer son opinion sur la politique. Si c'est pour dire la même chose que ce que le gouvernement dit, ce n'est pas la peine, le gouvernement le répète assez tous les jours dans la presse et à la télévision ».

La politique ? « Aucun intérêt »

D'ailleurs pour lui non plus, la politique ne présente « aucun intérêt ». Vérité ou manière de se protéger ? Sa médiatisation ne lui a pas valu que des amis. « Tout ce qu'il fait, c'est que pour la frime et être connu », dit de lui un internaute, quand d'autres le taxent d'« amuseur public ».

Han Han connait les rouages. Il ne parle pas du Tibet, ni du Xinjiang, et se garde de prendre position pour des activistes emprisonnés, tout en enfonçant les coins quand il peut.

« Je pratique une auto-censure assez tolérante. Je crois beaucoup que si chaque artiste, tous les ans, procédait avec la même tolérance, sans être obsédé par l'accumulation d'argent, un jour on arriverait à changer le système de censure. »

Son projet de magazine littéraire reste toutefois en stand-by, preuve que les autorités l'ont à oeil et que si le web offre un espace de liberté, en Chine, ne publie pas qui veut [voir ci-contre la couverture du premier numéro qui n'est jamais sorti, ndlr].

Pourtant, à l'heure où le contrôle sur la toile chinoise se resserre, son blog n'est toujours pas fermé.

C'est un peu comme Ai Wei Wei [2], autre artiste chinois, autrement plus virulent, laissé encore relativement libre de ses faits et gestes, comme si le régime voulait garder un ou deux trublions dans la nature en vitrine.

Ils pourraient d'ailleurs bientôt faire la paire. Ai Wei Wei vient d'annoncer sur Twitter [3] son intention de se porter candidats aux « élections » pour l'Assemblée nationale populaire.

Il espère convaincre Han Han de concourir avec lui. Pas sûr que le gouvernement voie cela d'un bon oeil.

En partenariat avec :

Aujourd'hui la Chine [4]
Blog principal:
Chinatown [5]
« Pourquoi la Chine n'est pas un grand pays de culture » par Han Han [6]
La jeune génération d'écrivains chinois tourne le dos à la politique [7]
Un écrivain chinois peut-il devenir millionnaire ? [8]
Le blog de Han Han (en chinois) [9]
Han Han: China's Literary Bad Boy, sur Time.com (en anglais) [10]
Daring blogger tests the limits, sur FT.com (en anglais) [11]
Commander sur Fnac.com:
Les trois portes, par Han Han [12]
URL source: http://www.rue89.com/chinatown/2010/03/13/han-han-le-blogueur-le-plus-lu-au-monde-teste-les-limites-de-la-censure-142656

Links:
[1] http://www.aujourdhuilachine.com/actualites-chine-sexe-pots-de-vin-et-alcool-le-journal-d-un-officiel-vereux-captive-le-web-chinois-13840.asp?1=1
[2] http://www.rue89.com/chinatown/2009/09/08/ai-weiwei-lart-de-la-provocation
[3] http://twitter.com/aiww
[4] http://www.aujourdhuilachine.com/
[5] http://www.rue89.com/chinatown
[6] http://www.rue89.com/chinatown/2010/02/04/pourquoi-la-chine-nest-pas-un-grand-pays-de-culture-par-han-han-136848
[7] http://www.rue89.com/chinatown/2009/06/13/la-jeune-generation-decrivains-chinois-tourne-le-dos-a-la-politique
[8] http://www.rue89.com/chinatown/2009/02/14/un-ecrivain-chinois-peut-il-devenir-millionnaire
[9] http://blog.sina.com.cn/twocold
[10] http://www.time.com/time/magazine/article/0,9171,1931619,00.html
[11] http://www.webcitation.org/5moTqBOrK
[12] http://livre.fnac.com/a1510377/Han-Han-Les-trois-portes?Origin=RUE89_EDITO

Ecrit par: P'tit Panda Lundi 15 Mars 2010 20h04
Pékin des pauvres et Pékin des riches
LE MONDE | 15.03.10 | 15h45 • Mis à jour le 15.03.10 | 15h45
Pékin Correspondant

C'est un quartier capharnaüm fait de masures crasseuses, parfois bâties de guingois, de méchants immeubles aux balcons encombrés par le linge qui sèche, de ruelles bourbeuses où s'empilent les ordures, le tout écrasé par la lumière maussade suintant du ciel bas de l'hiver. Les marchés sont assez bien fournis en volailles et poissons, mais des odeurs aigres et fortes montent des gargotes bon marché. Au coin d'une rue, un cuisinier touille une drôle de pitance dans un wok. Des hommes aux vestes en faux cuir et casquettes Mao devisent en fumant. Des femmes bercent leurs enfants emmitouflés dans des couvertures.

A moins d'un quart d'heure de voiture des grandioses réalisations olympiques, Dong Xiao Kou est un quartier de prolétaires migrants. Ce n'est pas la misère mais la pauvreté.

L'endroit illustre ce que les médias chinois ont annoncé il y a une dizaine de jours : jamais depuis le début des réformes économiques de 1978 l'écart de revenus entre monde rural et monde urbain n'avait été aussi large.

Ici, on a beau être à Pékin, la quasi-totalité des habitants de cette banlieue est d'origine paysanne. Ils font partie des 230 millions d'"ouvriers-paysans" chinois - mingong, en mandarin - venus chercher fortune dans les villes. Sans avoir pour autant réussi à avoir le statut d'"urbains". Conséquence : beaucoup ne bénéficient pas des avantages sociaux dont jouissent les citadins.

Mme Liu, 50 ans, mère de famille, est originaire du Hebei, la province qui entoure la capitale. Elle ne se plaint pas trop de son sort. C'est une dame simple, souriante, diserte. Mais il faut la pousser dans ses retranchements pour qu'elle égrène la liste de ses difficultés. D'abord, elle constate, chiffres à l'appui : "Je travaille comme femme de ménage dans un ensemble résidentiel. Je gagne 900 yuans par mois (90 euros). Mon loyer est de 300 yuans." Mme Liu habite ici depuis huit ans et vit dans le provisoire qui dure : "Je me suis déjà fait virer du premier appartement où j'habitais, car le propriétaire a vendu ses immeubles pour profiter de la hausse des prix de l'immobilier." Et maintenant ? "Pouah !, crache-t-elle, j'ai retrouvé un autre logement, mais je n'ai aucune garantie. Rien. Je peux me faire expulser du jour au lendemain !"

Elle se saigne aux quatre veines pour ses deux filles : l'une a quand même réussi à entrer à l'université, l'autre est vendeuse dans un quartier commerçant de Pékin. Pour décrire sa précarité, Mme Liu a ces mots : "A mon travail, mes collègues et moi on est souvent méprisées."

Les différences de revenus entre les possédants et les dépossédés de la croissance chinoise sont si criantes que le premier ministre, Wen Jiabao, a abordé le sujet à l'ouverture de la session de l'Assemblée nationale populaire, qui s'est close dimanche. "Il ne faut pas seulement que notre richesse s'accroisse, il faut aussi que nous arrivions à trouver un système de distribution des richesses plus équitable", a-t-il dit. Selon les chiffres du bureau des statistiques publiés début mars, le revenu moyen des Chinois des villes était en 2009 de 17 175 yuans par an - environ 1 700 euros - contre 5 153 yuans dans les campagnes. En 2005, les chiffres étaient respectivement de 10 493 contre 3 255. Citée dans la presse en début du mois, le directeur d'un centre de recherches sur l'économie rurale dépendant du ministère de l'agriculture, Song Hongyuan, confessait être "alarmé par le fait que le fossé ville-campagne va continuer à se creuser dans la mesure où le pays se focalise sur le développement urbain et pas celui du monde rural".

Un autre expert, Zhang Dongsheng, responsable d'un département de la Commission nationale pour la réforme et le développement, reprochait au gouvernement d'avoir "dit plus qu'il n'a fait" en termes de réduction des inégalités. Il y a quelques années, durant la session printanière du Parlement, le premier ministre, M. Wen, avait annoncé la création d'un ambitieux programme de construction des "nouvelles campagnes socialistes". Traduction : développer les zones rurales et augmenter le niveau de vie des paysans. Cette année, il a promis un budget de 800 milliards de yuans- 80 milliard d'euros - pour le monde rural, 13 % de plus par rapport à l'année dernière.

Nombre d'analystes étrangers estiment que, si la Chine veut poursuivre son rythme de croissance de 8 %, il va lui falloir continuer son programme d'urbanisation, supprimer le très contesté "passeport intérieur" - hukou -, qui désavantage les migrants établis en milieu urbain, et mettre fin à une situation d'"apartheid" entre Chinois des villes et Chinois des champs : les mingong sont exploités par leurs patrons, leurs soins médicaux ne sont pas remboursés et ils doivent mettre leurs enfants dans des écoles illégales souvent promises à la démolition.

La "stabilité sociale" qui obsède tant un pouvoir hanté par le cauchemar du désordre ne pourra être assurée si le fossé riches-pauvres continue de s'élargir. Pendant que Mme Liu peine à la tâche dans le quartier de Dong Xiao Kou, les riches s'enrichissent dans l'empire des inégalités. Selon Rupert Hoogewerf, fondateur du centre indépendant Hurun, basé à Shanghaï, qui fait la liste des super-riches en République populaire, "le nombre de ceux qui possèdent une fortune d'au moins 150 millions de dollars (110 millions d'euros) a décuplé depuis 2004". "Il y en avait 100 il y a six ans, il y en a 1 000 maintenant", précise-t-il. Sur la dernière liste Forbes des plus fortunés de la planète, il y a 64 milliardaires chinois, contre 28 l'année dernière. D'après Meng Pengjun, directeur de Luxury Asia Limited Markets, les ultraprivilégiés de Chine ont dépensé beaucoup en 2009 dans le marché des produits de luxe, se hissant en cela à la deuxième place mondiale, derrière les Japonais.


Bruno Philip
Article paru dans l'édition du 16.03.10


Ecrit par: P'tit Panda Lundi 15 Mars 2010 20h05
Chine : le premier ministre reconnaît l'aggravation des inégalités sociales
LE MONDE | 15.03.10 | 15h50 • Mis à jour le 15.03.10 | 15h50
Pékin Correspondant

A l'issue de la session de printemps de l'Assemblée nationale populaire, seul rendez-vous politique d'importance de l'année en Chine, le premier ministre Wen Jiabao a prévenu, dimanche 14 mars, que l'année 2010 "allait être la plus compliquée pour l'économie" de son pays.

Lors de la traditionnelle conférence de presse qui clôt la dizaine de jours de délibérations d'un Parlement dont la tâche est, principalement, d'avaliser des propositions venues d'en haut, le chef du gouvernement chinois a affirmé qu'il était essentiel pour la République populaire de "maintenir la continuité et la stabilité de nos politiques macroéconomiques". "Même si l'économie mondiale connaît une reprise, a-t-il ajouté, les principaux problèmes mondiaux n'ont pas disparu."

Pour M. Wen, en dépit du fait que la Chine a su rebondir l'année dernière en affichant un taux de croissance de 8,7 % - 10,7 % durant le dernier trimestre 2009 -, il lui faut encore poursuivre sur la voie du plan de relance de plus de 400 milliards d'euros initié en 2008. Le premier ministre a aussi annoncé qu'il n'est pas non plus question d'apprécier la valeur du yuan, comme le lui réclament les Américains. Désormais premier exportateur mondial, la Chine est accusée de maintenir artificiellement un faible taux de change de sa monnaie, ce qui lui permet de conserver son avantage dans le domaine des exportations.

"Lorsqu'a éclaté la crise financière internationale et qu'elle s'est propagée, le taux de change stable (du yuan) a apporté une importante contribution", a estimé Wen Jiabao lors de la conférence de presse.

Sur le plan diplomatique, le premier ministre a évoqué la dégradation des relations entre son pays et les Etats-Unis, accusant Washington d'en être "responsable" après la décision de Barack Obama de vendre des armes à Taïwan et d'avoir rencontré le dalaï-lama.

"Cent ans et même plus"

Les inégalités qui se creusent en Chine au sein de la société étaient une question au menu de la session de printemps de l'Assemblée. M. Wen a rappelé que le développement économique et social de la Chine "doit accorder davantage d'attention aux pauvres et aux groupes dévalorisés parce qu'ils constituent la majorité". Il a reconnu que "l'inflation, plus une redistribution inéquitable des revenus et la corruption pourraient affecter la stabilité sociale et même la stabilité (du gouvernement)".

"Cela prendra cent ans, et même plus, pour que la Chine devienne un pays moderne", a-t-il ensuite remarqué, exprimant sa conviction que Pékin n'avait aucune visée hégémonique au moment où l'inexorable montée en puissance de la Chine, en passe de devenir la deuxième économie mondiale, inquiète parfois les pays occidentaux. "Certains disent que la Chine est arrogante, qu'elle est dure, mais le développement de la Chine n'affectera aucun pays", a promis Wen Jiabao qui a assuré que "la Chine ne cherchera jamais l'hégémonie, même quand elle sera un pays développé".

Bruno Philip
Article paru dans l'édition du 16.03.10


Ecrit par: P'tit Panda Mardi 16 Mars 2010 19h43
Mort à 21 ans de l'homme le plus petit du monde

(AFP) – Il y a 23 heures

LONDRES — Le Chinois He Pingping, l'homme le plus petit du monde qui mesurait moins de 75 cm, est mort à Rome à l'âge de 21 ans, a indiqué lundi le Guinness World Records, basé à Londres, qui avait authentifié son record.

Le Chinois prenait part à une émission télévisée quand il a été pris de douleurs à la poitrine et a dû être emmené à l'hôpital, où il a succombé le week-end dernier, a précisé l'éditeur britannique du livre des records.

He Pingping souffrait d'une maladie des os qui avait nettement réduit sa croissance. Il ne mesurait que 74,61 centimètres.

"Pour un homme si petit, il a eu un impact énorme sur le monde", a déclaré Craig Glenday, rédacteur en chef du Guinness World Records.

Ecrit par: P'tit Panda Mercredi 17 Mars 2010 01h42
En Chine, la fermeture de Google serait imminente
LE MONDE | 16.03.10 | 11h20 • Mis à jour le 16.03.10 | 11h20
Shanghaï Correspondant


Google n'a sans doute jamais été aussi proche d'un départ de Chine. Le moteur de recherche, qui avait déjà menacé début janvier de quitter le pays après avoir été la cible de cyberattaques, mène des discussions tendues avec les autorités chinoises, qui maintiennent leur volonté de censurer l'accès à Internet.

Pékin a réitéré cette volonté, mardi 16mars. "J'espère que Google respectera les lois et les régulations chinoises, a déclaré Li Yizhong, le ministre chinois de l'industrie et des technologies de l'information. Il est irresponsable et inamical de la part de Google de persister à vouloir agir contre les lois et les régulations chinoises, et il devra en supporter les conséquences." Le porte-parole du ministère du commerce, Yao Jian, a renchéri en soulignant que la Chine a "une politique de longue date d'ouverture aux investissements étrangers", mais que "la condition préalable est qu'ils respectent les lois chinoises".

Tenu à l'autocensure, comme l'ensemble des sites basés en Chine, selon une grille de critères et de mots-clés fournie par les autorités, c'est en passant outre que Google s'expose à des représailles administratives ou à un blocage de son site. Les négociations avec le gouvernement sont visiblement dans l'impasse, et la fermeture de son moteur de recherche en chinois par Google est "à 99,9% certaine", indiquait samedi le Financial Times.

Sur l'Internet chinois, et notamment Twitter, outil privilégié de la dissidence en ligne, les rumeurs annonçaient, lundi, une décision de Google à… minuit: "Des centaines d'internautes sont restés éveillés, mais il ne s'est finalement rien passé, raconte Isaac Mao, un spécialiste et militant de l'Internet chinois basé à Shanghaï. De nombreux utilisateurs les plus expérimentés du Net souhaitent que Google apporte une réponse claire."

Autre signe qu'un dénouement est proche, le New York Times révélait, le 15mars, que plusieurs portails chinois, comme Sina, qui répondent aux recherches des usagers via Google.cn, ont été sommés par leurs autorités de tutelle de prévoir une alternative au cas où Google cesserait de filtrer ses résultats en chinois – un peu plus de 36% des recherches en chinois sont faites en Chine via Google, le reste l'étant à travers le moteur chinois Baidu.

Le scénario qui se dessine en cas de fermeture de Google.cn – qui pourrait rester accessible hors de chine – est celui d'un retrait partiel: la société continuerait de prospecter en Chine des annonceurs pour son site global, en anglais, qui n'a pas lieu d'être bloqué. Elle poursuivrait une partie de ses activités de recherche et de développement et se concentrerait sur ses autres produits, comme la promotion de sa plate-forme mobile Androïd auprès des opérateurs et des fabricants chinois.

"La Chine est un autre marché de taille dans lequel Androïd devrait avoir du succès", a récemment déclaré le directeur financier de Google, Patrick Pichette. Le sort de Gmail, souvent perturbé en Chine, et celui de la nouvelle fonction de microblogging Buzz, sont plus incertains.

Il ne fait guère de doute que Pékin n'a pas l'intention de céder en matière de censure : dans un éditorial cinglant, la version anglaise du Global Times conspuait, mardi, la logique de Google: "Le plus gros moteur de recherche du monde, tout en cherchant à tirer profit de l'économie qui croît le plus vite au monde, se targue de sa hauteur de vue morale et se donne l'étoffe d'un héros qui se bat pour la liberté et la démocratie", lit-on dans ce journal. En fait, poursuit le quotidien, la Chine est cohérente dans sa promesse d'offrir aux sociétés étrangères un "traitement national" : reste à celles-ci de respecter "les lois chinoises"…

MOBILISATION DES INTERNAUTES

Davantage que les critiques étrangères, c'est bien la mobilisation croissante des internautes chinois contre l'appareil sophistiqué de censure qui peut inquiéter le pouvoir en cas d'un départ de Google. En janvier, certains avaient déposé des fleurs au siège pékinois du géant américain pour marquer leur souhait de le voir rester en Chine. Sur la Toile, les discussions entre internautes sur le départ de Google étaient, mardi, un des sujets censurés par les autorités.

De son côté, Google est lui aussi tenu à une position de plus en plus inflexible sur la censure: la firme est l'une des trois sociétés américaines – avec Microsoft et Yahoo! – à siéger, depuis 2008, au conseil des directeurs du GNI, l'Initiative mondiale des réseaux qui a précisément élaboré une charte pour lutter contre la censure des gouvernements autoritaires. Google est aussi au cœur des débats sur de nouvelles législations américaines en la matière.

Un départ ne serait pas sans conséquence pour la société californienne: avec 384millions de personnes, la Chine compte la plus importante population d'internautes au monde. Même si les évaluations manquent, ce pays va devenir le plus grand marché au monde du Web. Il n'est donc pas étonnant que son action ait cédé 2,82 %, lundi, à New York.

Sans Google.cn, le marché pourrait voir émerger un concurrent local à Baidu, qui possède près de 63 % des parts de marché en Chine et respecte scrupuleusement les règles de la censure. Certains spécialistes spéculent notamment sur Yahoo! China, qui appartient au géant chinois du commerce électronique Alibaba, lui-même en conflit ouvert avec Baidu. Pour l'heure, Yahoo! China a moins de 1% de parts de marché.

Sans Google.cn, les géants américains du Web sont minoritaires en Chine: Amazon n'a que 8% du marché local en ligne dans son domaine; ELong, filiale chinoise du voyagiste en ligne Expedia, 10 % ; eBay a quitté la Chine; Facebook y est bloqué et MSN, de Microsoft, n'a que 4% de la messagerie instantanée contre 77 % pour QQ du chinois Tencent.


Brice Pedroletti
Article paru dans l'édition du 17.03.10

Ecrit par: P'tit Panda Mercredi 17 Mars 2010 01h49
Ce que la Chine apprend au Sud, par Armand Hatchuel
LE MONDE ECONOMIE | 16.03.10 | 17h42


En décembre, le français Areva a perdu le marché de centrales nucléaires d'Abou Dhabi au bénéfice de Kepco, un groupe coréen inconnu. L'événement est significatif du succès de la stratégie de mondialisation des entreprises des pays émergents, et en particulier des firmes chinoises. Mastodontes privés ou publics, celles-ci se sont d'abord implantées dans les pays les moins développés (Afrique, Asie, Amérique latine, Russie...). C'est sur ce terrain difficile qu'elles ont su déployer des méthodes d'apprentissage originales, en jouant à la fois de la coopération et de la compétition avec les entreprises du Nord (Yadong Luo et Huaichan Rui, "An Ambidexterity Perspective Toward Multinational Enterprises from Emerging Economies", The Academy of Management Perspectives, 23, 4, november 2009).

Les grands groupes industriels chinois (construction, énergie, télécommunications...) se sont engagés dans des investissements à l'étranger à la fin des années 1980. Mais un tel développement tenait de la gageure car, dépourvus de compétences techniques particulières, ne disposant pas de marques connues, il leur était difficile de susciter la confiance des clients des pays développés. Restait la voie d'une mondialisation à partir de pays pauvres qui, politiquement instables, démunis d'infrastructures et peu solvables, attirent peu les entreprises des pays riches. Mais, pour qu'un tel détour soit payant, plusieurs priorités se sont imposées.

D'abord, et en dépit des aléas locaux, la priorité a été donnée à l'apprentissage à long terme. Leader de l'énergie hydraulique, Sinohydro s'est engagé dans un consortium pour la construction du barrage de Merowe au Soudan, le plus grand d'Afrique. De façon imprévue, il s'est vu imposer par le donneur d'ordre étatique les normes de conception d'un partenaire allemand, qui ont généré d'importants surcoûts. Mais plutôt que d'abandonner le projet, Sinohydro a mobilisé ses équipes pour maîtriser ces normes. Une fois le projet réussi, la firme a attaqué en justice le donneur d'ordre, et obtenu un important dédit.

Cette logique d'apprentissage se retrouve dans l'alternance de coopérations et de compétitions avec des entreprises plus avancées. Huawei, le géant privé chinois de l'électronique, créé en 1988, a multiplié les contrats dans des pays pauvres, en association avec des partenaires locaux. Surtout, il a engagé d'emblée des efforts de recherche et développement (R & D) importants. Au début, ceux-ci ne sont pas destinés à réaliser des percées technologiques, mais à améliorer la robustesse des produits, la qualité des services et l'adaptabilité des techniques classiques aux pays du Sud. Mais ces avancées opérationnelles offrent autant d'avantages compétitifs qui, outre les bas prix, concurrencent sérieusement les firmes avancées. Ou bien permettent d'en devenir partenaire : en 2000, Huawei forme ainsi un consortium avec Motorola, le géant américain des réseaux mobiles.

Ces stratégies échoueraient si les groupes chinois n'avaient appris à développer les compétences et les réseaux indispensables à l'adaptation dans des pays difficiles (Pakistan, Soudan, Vietnam). Ainsi, Harbin Power Equipment (énergie électrique) ou China National Petroleum Company vont jusqu'à accompagner leurs contrats d'aides à la réalisation d'infrastructures techniques, logistiques ou administratives.

A l'instar des groupes chinois, la mondialisation des industriels des pays émergents tient donc à l'invention, par opportunisme et nécessité, d'un chemin d'apprentissage escarpé combinant des logiques parfois antagoniques. Preuve que, dans la compétition mondiale, l'innovation radicale peut aussi résider dans la conception d'une stratégie.


Armand Hatchuel est professeur à Mines ParisTech.
Article paru dans l'édition du 17.03.10



Ecrit par: P'tit Panda Mercredi 17 Mars 2010 01h54
La renaissance du Palais d'été, par Philippe Chalmin
LE MONDE ECONOMIE | 16.03.10 | 17h41


La semaine dernière se tenait à Pékin la session annuelle de l'Assemblée nationale populaire de Chine (l'équivalent de notre parlement). On aurait pu imaginer, en ce début de l'année du Tigre et à quelques semaines de l'ouverture de l'exposition universelle de Shanghaï (du 1er mai au 31 octobre), que les autorités en rajouteraient en termes d'objectifs grandioses et d'autocongratulation, comme savent si bien le faire les dirigeants politiques sous toutes les latitudes.

Or, il n'en a rien été et, au contraire, le premier ministre, Wen Jiabao, a présenté des objectifs pour 2010 tellement mesurés et modestes qu'ils ne peuvent manquer de surprendre : notamment les 8% de croissance pour le PIB. 8%, c'était l'objectif officiel des autorités chinoises au début de 2009, en pleine tourmente économique et financière mondiale : la croissance de l'empire du Milieu était alors tombée à 6 % et la plupart des analystes avaient critiqué l'optimisme irraisonnable des dirigeants chinois.

Ceux-ci avaient pourtant péché par modestie et la croissance chinoise en 2009 s'est établie à 8,7% avec un deuxième semestre durant lequel la croissance du PIB est revenue au dessus de 10 % (ce qui est à peu près la moyenne de la Chine depuis 1976 et la mort de Mao). Alors que le consensus des économistes place la croissance chinoise pour 2010 à 10 % et au-delà pour les plus optimistes, et alors que la Chine s'affirme comme le principal moteur d'une économie mondiale bien faiblarde, comment expliquer la "modestie" d'un objectif pratiquement acquis d'avance ?

C'est que le message est à usage interne : les autorités veulent calmer l'exubérance liée au plan de relance de 2009, maîtriser les bulles en formation, qu'il s'agisse de l'immobilier ou des surcapacités industrielles, comme dans le domaine de l'acier.

Le véritable objectif économique des dirigeants chinois, c'est l'inflation, qui devrait être contenue à 3 %. Or tous les observateurs conviennent que l'on assiste à une véritable dérive inflationniste alimentée par les hausses de salaires liées aux pénuries de main d'oeuvre dans les provinces côtières, du fait notamment de l'efficacité du plan de relance : le tigre se mord la queue !

Alors que le monde entier se dope de potions keynésiennes, les autorités chinoises font presque du monétarisme dans le texte ! Il y a là en tout cas une maturité en termes de gouvernance économique qu'il faut saluer. Elle marque bien le retour de la Chine sur la scène économique - mais aussi des politiques économiques - mondiale.

C'est en quelque sorte la "renaissance du Palais d'été" ! En septembre 2010, il y aura 150 ans que la Chine touchait le fond en termes politiques : en octobre 1860, une expédition franco-anglaise balayait les armées chinoises au pont de Palikao et, en guise de représailles, pillait puis incendiait le Palais d'été, celui dont Victor Hugo disait qu'il était "une silhouette de la civilisation d'Asie sur l'horizon de la civilisation d'Europe". La Chine n'existait plus ! Ironie de l'histoire, le commandant des troupes britanniques qui ordonna l'incendie du Palais d'été était Lord Elgin, celui-là même qui rapporta à Londres quelques "souvenirs" du Parthénon d'Athènes.

Mais en ce début 2010, autant la Grèce, malgré l'aide européenne, a du mal à reconstruire son Acropole économique, autant la Chine est bel et bien entrée dans une période de renaissance du Palais d'été...


Philippe Chalmin est professeur à l'université Paris-Dauphine.
Article paru dans l'édition du 17.03.10



Ecrit par: P'tit Panda Samedi 20 Mars 2010 23h18
La lettre des partenaires chinois de Google est un faux
LEMONDE.FR | 18.03.10 | 14h44

Une lettre de 27 partenaires publicitaires chinois de Google, reçue cette semaine par la branche chinoise du moteur de recherche, est un faux, révèle l'agence d'information Bloomberg.

Alors que les négociations entre Pékin et le moteur de recherche, qui veut cesser d'auto-censurer ses résultats, sont dans l'impasse, la possibilité d'un départ de Google de Chine semble se préciser. C'est dans ce contexte que la branche chinoise de l'entreprise a reçu une lettre signée par 27 entreprises partenaires lui demandant des comptes en cas de départ, et s'enquérant notamment des indemnisations prévues pour les ruptures de contrat.

Mais en contactant les signataires du courrier, Bloomberg a découvert qu'aucune des 22 entreprises qu'elle a pu contacter n'avait confirmé avoir signé le courrier en question. Le contenu de la lettre avait été révélé par la télévision publique CCTV.

Le Monde.fr


Ecrit par: P'tit Panda Samedi 20 Mars 2010 23h19
Google pourrait quitter la Chine début avril
LEMONDE.FR avec AFP | 19.03.10 | 09h39 • Mis à jour le 19.03.10 | 10h05

Le China Business News (CBN), un quotidien économique de Shanghaï, annonce, vendredi 19 mars, que Google pourrait cesser ses opérations en Chine le 10 avril, mettant à exécution la menace que le moteur de recherches américain avait lancée en janvier, en dénonçant la censure et les cyberattaques liées à ce pays. Le moteur de recherches américain pourrait annoncer les détails de son départ lundi prochain, notamment les dispositions pour son personnel en Chine, indique le journal, citant un salarié non identifié.

CBN s'appuie aussi sur les propos d'un responsable non nommé d'une agence de publicité travaillant avec Google : "Nous avons appris que Google quitterait la Chine le 10 avril, mais Google n'a pas confirmé l'information pour le moment", indique cette source. Marsha Wang, porte-parole de Google Chine, refuse de commenter cet article, affirmant ne pas avoir plus d'informations sur la situation de l'entreprise.

Mercredi les médias chinois avaient affirmé que Google avait informé des clients de la fermeture de son site chinois google.cn fin mars. Le Financial Times a pour sa part récemment indiqué, sans citer sa source, que l'américain était désormais certain à "99,9 %" d'abandonner google.cn.

Google a annoncé en janvier qu'il réfléchissait à la suite de ses opérations en Chine après avoir été victime d'attaques visant son code source et des comptes de sa messagerie Gmail appartenant à des militants des droits de l'homme en Chine. Le groupe s'est dit également excédé par les contraintes d'autocensure imposées par le gouvernement chinois. Pour l'heure il continue de filtrer les résultats de la recherche en ligne pour en expurger les sujets tabous pour Pékin – politiques ou pornographiques.

Ecrit par: P'tit Panda Samedi 20 Mars 2010 23h20
Chine : la politique des deux enfants, un succès empirique
LEMONDE.FR | 19.03.10 | 17h02 • Mis à jour le 19.03.10 | 17h19

Une expérimentation secrète, menée par le gouvernement dans le nord de la Chine pourrait bouleverser la conception de la famille dans le pays le plus peuplé du monde. Depuis vingt-cinq ans, Pékin a dérogé, sous condition d'une discrétion absolue, à la politique de l'enfant unique dans le district rural de Yicheng, dans la province du Shanxi, dans le nord-est du pays, rapporte le Times vendredi 19 mars.

La politique de l'enfant unique a été mise en application en 1979. Mais depuis 2002, les familles aisées peuvent s'offrir un deuxième enfant, moyennant paiement d'une contribution de 5 000 yuans (un peu moins de 550 euros).

RÉÉQUILIBRAGE DU SEXE-RATIO

L'expérimentation de Yicheng montre que, malgré la possibilité pour les familles d'avoir deux enfants, la population n'a augmenté que de 20,7 %, soit 5 points de moins que la moyenne nationale. Surtout, le sexe-ratio, soit le nombre d'hommes par rapport au nombre de femmes, qui est proche de 1,2 dans le pays, avoisine ici, avec 1,05, la moyenne mondiale. Un rééquilibrage lié à l'inutilité, dans cette situation, d'une exemption concernant les familles rurales, qui peuvent avoir un deuxième enfant si le premier n'est pas un garçon.

En conséquence, tout en attribuant une certaine utilité au contrôle autoritaire de la natalité mené dans le pays depuis trente ans, plusieurs scientifiques chinois cités par le Times se prononcent pour moins de rigueur dans son application. Cependant, pour mener cette expérimentation, des critères très stricts ont été mis en place : pas de mariage autorisé avant l'âge de 25 ans pour les garçons, 23 ans pour les filles (contre 22 et 20 ans dans le reste du pays), obligation de respecter un écart minimal de six années entre les deux enfants, forte incitation à la stérilisation après la deuxième naissance, etc.

"L'expérience est assez concluante : elle montre que même si les gens sont autorisés à avoir un deuxième enfant, il n'y aura pas d'explosion démographique", estime un responsable de la province dans un journal local. Des conclusions qui arrivent alors que les autorités s'inquiètent du manque à venir de population active, et qui ont même encouragé, dans certains villes comme Shanghaï où de nombreux jeunes couples ne veulent même plus avoir d'enfant, la multiparité.

Pour en savoir plus :

* Lire la "Lettre de Chine : comprendre la politique de la natalité chinoise", de Didi Kristen Tatlow dans le New York Times
* Lire l'article sur le Market Watch sur la désapplication généralisée de la politique de l'enfant unique
* Lire la tribune de Bronwen Maddox dans le Times sur les méfaits engendrés par le contrôle autoritaire des naissances en Chine


Antoine Strobel-Dahan

Ecrit par: P'tit Panda Lundi 22 Mars 2010 10h57
Published on Rue89 (http://www.rue89.com)
Parfum de mafia autour du roi des casinos de Macao
By Harold Thibault
Created 03/22/2010 - 07:11

(De Pékin) Le magnat des casinos de Macao [1] n'a pas la côte auprès des autorités du jeu américaines. Alors que sa fille tente de s'emparer de la moitié des parts d'un gigantesque complexe hôtelier de MGM à Atlantic City, la justice américaine a publié un rapport accusant Stanley Ho de liens avec le crime organisé.

Que Stanley Ho ait quelques fréquentations peu recommandables est un secret de polichinelle. Elles valent à sa famille d'être interdite de faire des affaires à Atlantic City, la deuxième ville du jeu des Etats-Unis.

Dans un rapport rédigé en mai 2008 et qui vient d'être rendu public, le Bureau en charge des jeux du département de la Justice de l'Etat du New Jersey lance les plus lourdes accusations portées à ce jour par une autorité étrangère contre le milliardaire, qui a passé plus de 40 ans de sa vie à la tête de ce qui fut longtemps un monopole du jeu de l'ancienne colonie portugaise revenue en 1999 dans le giron de la République populaire de Chine.

Le rapport visait à établir si la Commission de contrôle des casinos du New Jersey devait laisser MGM céder la moitié de ses parts d'un gigantesque complexe hôtelier d'Atantic City à Pansy Ho, la fille du magnat.

Le rapport établit que 90% de l'argent avancé par Pansy provient directement de son père. La fille a d'ailleurs été mise sur le devant de la scène parce qu'il était évident qu'une opération avec Stanley Ho et sa réputation n'aurait pas été validée, souligne le rapport.

Les griefs de la justice du New Jersey sont nombreux. Ho aurait des « relations très étroites » avec la puissante triade 14K bien que son appartenance à ce réseau ne puisse être établie formellement. Les salles de jeu privées ouvertes par Ho dans ses casinos ont d'ailleurs offert au crime organisé l'espace qui lui manquait à Macao, lit-on dans le rapport, établi sur la base d'enquêtes précédentes et de témoignages d'agents américains.

Le New Jersey constate qu'il n'est pas le premier à émettre des doutes sur les méthodes de Ho et rappelle que l'Australie a, elle aussi, jugé que l'homme était « inapte » à détenir une licence de gestion de casino sur son territoire.

Il est également reproché au milliardaire de 88 ans d'avoir des relations particulièrement douteuses en Corée du Nord, où il fait tourner deux casinos.

Pourtant, en 75 pages, la justice du New Jersey n'a pu avancer aucune preuve formelle de l'appartenance de Stanley Ho aux triades ou de ses prétendues activités criminelles.

En partenariat avec :
Aujourd'hui la Chine [2]
Blog principal:
Chinatown [3]
A Macao, les casinos géants dans une mauvaise passe [4]
Qui va succéder à Stanley Ho à la tête de son empire ?, sur casino-bonus.com [5]
Le ministre Fernando Chui Sai-on promet la fin de la corruption s』il est élu chef de l』exécutif à Macao, sur Aujourd'hui la Chine [6]
URL source: http://www.rue89.com/chinatown/2010/03/22/parfum-de-mafia-autour-du-roi-des-casinos-de-macao-143520

Links:
[1] http://fr.wikipedia.org/wiki/Macao
[2] http://www.aujourdhuilachine.com/
[3] http://www.rue89.com/chinatown
[4] http://eco.rue89.com/2009/02/09/a-macao-les-casinos-geants-dans-une-mauvaise-passe
[5] http://www.casino-bonus-new.com/succession-a-stanley-ho-p86.html
[6] http://aujourdhuilachine.com/actualites-chine-le-ministre-fernando-chui-sai-on-promet-la-fin-de-la-corruption-s-il-est-elu-chef-de-l-executif-a-macao-11107.asp?1=1

Ecrit par: P'tit Panda Lundi 22 Mars 2010 10h58
Published on Rue89 (http://www.rue89.com)
Chine : limogeage d'un journaliste trop audacieux
By Benoît Guivellic
Created 03/11/2010 - 08:35

(De Pékin) Après la publication conjointe par 13 journaux d'un éditorial [1]critique sur la question du passeport intérieur, l'un de ses co-auteurs a été contraint de quitter son poste. Une nouvelle illustration de l'attitude du gouvernement chinois face à la presse.

Officiellement, la session annuelle de l'Assemblée nationale populaire qui se tient en ce moment à Pékin est l'occasion pour les dirigeants chinois de s'enquérir des requêtes du peuple. Pourtant, le limogeage de Zhang Hong, ancien rédacteur en chef adjoint et éditorialiste du site web The Economic Observer, [2] est une nouvelle illustration du double discours du gouvernement, qui dit favoriser la critique mais réprime régulièrement ceux qui s'y adonnent.

Le 1er mars, 13 quotidiens régionaux ont publié conjointement un éditorial prenant position pour la réforme du système du passeport intérieur, le Hukou. Ils l'accusent de nourrir une discrimination quant à l'accès aux services publics entre habitants des villes et des campagnes, et le qualifient même de « ségrégationniste ».

L'initiative, inédite en Chine, est d'autant plus forte qu'elle intervient juste avant la tenue de la session annuelle de l'Assemblée nationale populaire. Même le site du très officiel Quotidien du Peuple [3] en parle.

Mais la réaction du gouvernement ne se fait pas attendre et en quelques heures le texte est retiré de tous ces sites. Sur celui de l'Economic Observer, des pages spécialement consacrées au problème du Hukou sont également supprimées. Quelques jours plus tard, la plupart des quotidiens ayant publié l'éditorial reçoivent des pressions, et le Wall Street Journal rapporte qu'à l'Economic Observer, Zhang Hong est forcé de quitter son poste. Il avait cosigné l'éditorial.

Dans un texte publié sur son blog à la suite de son limogeage, il explique sa démarche :

« J'ai vécu pendant 36 ans, et je n'ai jamais su quels représentants étaient choisis par moi ou capables de créer une situation plus juste pour moi. Je pense que beaucoup de gens partagent mon opinion. En tant que média, nous espérons que la voix des masses puisse être entendue par ceux qui 「représentent l'opinion publique『 』.

Une vision du journalisme qu'il défendait dans un article qu'il n'a pas pu publier intitulé :

『 Les médias ne sont pas seulement des témoins : pourquoi nous publions l'éditorial conjoint 』.

『 On ne s'attendait pas à ce que cela crée de tels problèmes 』

Zhang Hong a perdu son poste alors que le sujet du Hukou n'est en général pas considéré comme 『 sensible 』. La pertinence de ce passeport intérieur est débattue depuis plusieurs années jusque dans les plus hautes sphères du pouvoir. Même le premier ministre Wen Jiabao a réaffirmé récemment sa volonté de le réformer pour améliorer la situation des travailleurs migrants.

Ce même Wen Jiabao avait d'ailleurs assuré, lors de son discours d'ouverture de L'ANP, que le gouvernement allait 『 créer les conditions pour que le peuple puisse critiquer le gouvernement 』 et 『 laisser les médias jouer pleinement leur rôle de surveillance 』. Une position que lui et d'autres officiels affichent régulièrement.

En publiant cet éditorial, les journaux concernés n'espéraient donc pas provoquer tant de remous, d'autant que si les grands médias officiels sont muselés en Chine, il n'est pas rare que de petits quotidiens régionaux (il sont plusieurs centaines à travers le pays) critiquent ouvertement la politique du gouvernement. 『 On ne s'attendait pas à ce que cela crée de tels problèmes 』, déclare t-on à la rédaction de L'Economic Observer.

Sur son blog, Zhang Hong ajoute :

『 Les réactions ont été bien plus loin que ce que nous avions prévu, pour ainsi dire. Nous nous attendions à un retour, mais nous ne pensions pas qu'il serait si énorme 』.

Pour Li Datong [4], journaliste au franc parler dont la rubrique au China Youth Daily, jugée trop dérangeante, avait été fermée en 2005 et qui avait alors été lui-même limogé ainsi que toute son équipe, c'est l'effet de groupe de que redoutent les leaders chinois :

『 Je ne pense pas que cela soit dû au contenu de l'édito. Le sujet du Hukou est régulièrement débattu ci et là, et beaucoup d'articles ont déjà été écrits là dessus. Alors que nous, à l'époque, évoquions des sujets ouvertement interdits 』.

Cependant, Li Datong n'est pas surpris par la réaction du gouvernement :

『 Ce qui explique cette réaction, c'est le fait qu'ils se sont regroupés pour le publier. C'est ça qui a fait réagir le gouvernement, car il a peur de toute forme d'organisation autre que le PCC. 』

En tout cas, pour Zhang Hong, qui se dit désormais 『 commentateur indépendant 』 :

『 les lecteurs comprendront que ce n'est pas parce que les médias sont puissants que cet éditorial a attiré une attention si forte, mais parce qu'ils expriment l'anxiété et les attentes du peuple. 』

En partenariat avec :
Aujourd'hui la Chine [5]
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Chinatown [6]
La presse officielle chinoise dénonce le système du passeport intérieur [1]
Pas de questions qui fâchent pour la presse à l'Assemblée nationale chinoise, sur Aujourd'hui la Chine [7]
Les discriminations basées sur le hukou : extraits d'un rapport du Sénat français, sur Chine-informations.com [8]
Commander sur Fnac.com:
Droits humains en Chine, par Amnesty International [9]
URL source: http://www.rue89.com/chinatown/2010/03/11/chine-limogeage-dun-journaliste-trop-audacieux-142360

Links:
[1] http://www.rue89.com/chinatown/2010/03/02/la-presse-officielle-chinoise-denonce-le-systeme-du-passeport-interieur-141080
[2] http://www.eeo.com.cn/ens/
[3] http://french.peopledaily.com.cn/
[4] http://www.rsf.org/Le-supplement-liberal-du-Quotidien.html
[5] http://www.aujourdhuilachine.com/
[6] http://www.rue89.com/chinatown
[7] http://www.aujourdhuilachine.com/actualites-chine-pas-de-questions-qui-fachent-pour-la-presse-a-l-assemblee-nationale-chinoise-13865.asp?1=1
[8] http://www.chine-informations.com/guide/systeme-de-hukou-en-chine_1455.html
[9] http://livre.fnac.com/a2048907/Amnesty-International-Droits-humains-en-Chine?Origin=RUE89_EDITO

Ecrit par: P'tit Panda Lundi 22 Mars 2010 10h59
Published on Rue89 (http://www.rue89.com)
Réforme politique : quel avenir pour Hong Kong ?
By Thomas Baïetto
Created 03/09/2010 - 17:39

Shenzhen-Hong Kong [1] : une frontière, deux monnaies, deux drapeaux. Deux pays ? Non, un. Et, selon la formule consacrée, deux systèmes. Vraiment ?
Liberté de la presse, dalaï lama : les spécificités de Hong Kong

Dans le MTR (RER local) qui me conduit de la frontière au cœur de la ville, je me plonge dans le South China Morning Post [2] du jour (le 9 janvier). De langue anglaise, ce quotidien est le fleuron de la presse de Hong Kong et demeure relativement indépendant à l'égard de Beijing, malgré les sympathies de son propriétaire.

A la une, une manifestation devant le « Legislative council » -le parlement local- contre le projet de train à grande vitesse Guangzhou-Hong Kong. En pages intérieures, le meurtre d'un jeune serveur ouïghour -minorité musulmane et turcophone du Xinjiang par un client han - thnie majoritaire en Chine dans un restaurant de Shenzhen. En juillet dernier, le meurtre d'ouvriers ouïghours près de Guangzhou avait provoqué une véritable émeute dans les rues d'Urumqi [3], la capitale du Xinjiang.

Deux informations importantes donc, que CCTV et les autres médias continentaux n'ont certainement pas relayées. Le lendemain, pause dans un cybercafé où, pour la première fois depuis des mois, je peux me connecter en un clic sur Facebook [4]. Détour ensuite par une librairie anglaise de la ville.

Bien en vue, un livre interdit sur le continent, « Prisoner of the State », les mémoires de Zhao Ziyang [5], l'ancien secrétaire général du PCC démis et placé en résidence surveillée pour s'être opposé à l'envoi des chars sur la place Tiananmen en 1989. Sur un rayon, « Chinese Politics in the Hu Jintao era » de Willy Lam, lui aussi interdit. Dans un coin, le sourire et les mains jointes du dalaï lama.
Malgré le droit de vote, Beijing a le dernier mot

A première vue donc, Hong Kong est bel et bien à des années lumières du continent. Pourtant, le diable communiste est dans les détails. Depuis 1997 et son retour dans le giron chinois après un siècle et demi de colonisation britannique, la région administrative spéciale est régie par une mini-constitution, la »basic law [6] ». Celle-ci assure à ses résidents libertés et droits fondamentaux, dont le droit de vote.

Mais ce dernier est dilué dans un système institutionnel complexe. Le chef de l'exécutif est élu par un collège de 800 grands électeurs [7], composé de représentants des circonscriptions professionnelles et d'organisations religieuses, du « Legislative council » mais aussi des représentants de Hong Kong aux deux assemblées chinoises (l'ANP [8] et la CCPPC [9]). Pour être candidat, il faut au préalable réunir le soutien de 100 membres du collège. Celui-ci est ensuite invité à choisir parmi la liste ainsi établie.

Le « Legislative council », quant à lui, est composé de 60 « lawmakers ». Parmi ces derniers, 30 sont élus par les circonscriptions professionnelles, représentant 220 000 électeurs, 30 sont élus directement par les résidents hongkongais -3,3 millions- via des circonscriptions géographiques. De plus, 15 représentants « professionnels » suffisent à exercer un véto sur les propositions de loi soutenues par 30 représentants « géographiques ». Concrètement, cela permet à une minorité de 10 197 électeurs - la base électorale des 15 petites circonscriptions professionnelles - de s'opposer aux 3,3 millions de citoyens hongkongais !

Bref, le système est ainsi fait que Beijing n'a guère de mal à imposer ses hommes et ses choix.
Pro-Beijing vs pro-démocratie : la (confuse) bataille de la réforme

Toutefois, le principe de la réforme de ce système est acquis. Mais quelle réforme, et dans combien de temps ? Les autorités centrales et leurs relais hongkongais évoquent la possibilité d'instaurer le suffrage universel pour le chef de l'exécutif et le « Legislative council » à l'horizon 2017 et 2020, sans vraiment préciser la manière dont elles comptent le mettre en place.

Les partis pro-démocratie trouvent le calendrier proposé trop lent et réclament des progrès significatifs -plus de siège élu directement, des garanties pour 2017 et 2020- dès 2012, date de la prochaine légistative.

Cinq « lawmakers » issus de leur rang ont d'ailleurs démissionné fin janvier pour provoquer des législatives partielles dont ils entendent faire un véritable référendum sur la réforme politique. Elles auront lieu le 16 mai prochain et s'annoncent compliquées puisque d'une part, trois partis pro-démocratie sur cinq ne cautionnent pas la manœuvre et que d'autre part, il est peut probable que le chef de l'exécutif, Donald Tsang, tienne compte du résultat. Sauf si l'un des cinq venait à perdre son siège…

Ce bras de fer politique se joue dans un climat tendu. Un certain nombre d'incidents survenus ces derniers mois montre que l'ombre de Beijing fait un peu plus que planer sur la ville.
Beijing n'est jamais loin

Ainsi, le South China fait le récit d'un incident survenu le 27 décembre sur le pont qui sépare la région administrative spéciale du continent. Venus protester contre la condamnation du dissident Liu Xiaobo [10] à onze ans de prison, quatre manifestants et deux journalistes se sont fait traîner du côté continental du pont par la police chinoise, avant d'y être retenus trois heures. Symbolique -la police chinoise n'a pas le droit d'opérer sur le sol hongkongais- cette affaire a provoqué une vive polémique.

Le 9 janvier, sur la télé de l'hôtel, j'aperçois l'une des jeunes figures du mouvement pro-démocratie, l'étudiante Christina Chan, à la sortie des locaux de la police. Interpellée dans la matinée, elle est soupçonnée d'avoir participé à l'agression d'une policière lors de la marche pour la démocratie du 1er janvier. Mais les circonstances de l'arrestation -en public, par des officiers du « Crime and triad bureau「- portent à croire qu'il ne s'agissait ni plus ni moins que d'un avertissement.

Début février, c'est la mystérieuse suppression par Facebook de groupes de discussion s'opposant à des partis des deux bords qui a provoqué l'indignation de la classe politique.

Enfin, le 6 mars, lors d'une rencontre avec les représentants l'Assemblée nationale populaire, le plus haut représentant de Beijing à Hong Kong, Peng Qinghua, a qualifié l'initiative des cinq 『 lawmakers 』 de défi flagrant à la 『basic law』.
Quel avenir pour Hong Kong ?

Bref, si la place d'Hong Kong à l'avant-garde de la réforme politique chinoise ne peut être contestée, la région administrative spéciale est pour le moment à la croisée des chemins. L'importance du choix qui sera fait dans la décennie à venir, entre véritable démocratie et statu quo pro-Beijing, ne saurait être sous-estimée. Une mise en place réussie du suffrage universel à Hong Kong serait un signal fort et ouvrirait la voie à une réforme politique sur le continent. A contrario, son échec conforterait le parti communiste chinois dans son immobilisme en la matière.

Photo : musée d'histoire de Hong Kong, 『Demain un meilleur Hong Kong』. Jiang Zemin (au centre), le Président chinois, fête la rétrocession (Thomas Baïetto)
Blog principal:
Chinamerique [11]
Hong Kong, dix ans de mariage de raison avec la Chine [12]
Hong Kong se souvient de Tiananmen pour marquer sa différence [13]
As Hong Kong』s Political System Stalls, So Does Its Democracy Movement (New York Times) [14]
Civil liberties within limits after 12 years of Beijing rule (New York Times) [15]
URL source: http://www.rue89.com/chinamerique/2010/03/09/reforme-politique-quel-avenir-pour-hong-kong-141805

Links:
[1] http://maps.google.com/maps/ms?ie=UTF8&hl=fr&msa=0&msid=107184091458207395452.000481378c9be53a12bec&ll=22.498601,114.182281&spn=0.293085,0.617294&t=h&z=11
[2] http://www.scmp.com/portal/site/SCMP/
[3] http://www.rue89.com/tag/ouigours
[4] http://www.rue89.com/chinamerique/2009/10/27/censure-contrefacon-les-mesaventures-de-facebook-en-chine
[5] http://fr.wikipedia.org/wiki/Zhao_Ziyang
[6] http://www.basiclaw.gov.hk/en/basiclawtext/index.html
[7] http://www.basiclaw.gov.hk/en/basiclawtext/annex_1.html
[8] http://fr.wikipedia.org/wiki/Assemblée_nationale_populaire
[9] http://fr.wikipedia.org/wiki/Conférence_consultative_politique_du_peuple_chinois
[10] http://www.rue89.com/chinatown/2010/02/11/jespere-etre-la-derniere-victime-de-linquisition-intellectuelle-en-chine-137842
[11] http://www.rue89.com/chinamerique
[12] http://www.rue89.com/chinatown/2007/07/01/hongkong-dix-ans-de-mariage-de-raison-avec-la-chine
[13] http://www.rue89.com/chinatown/2009/06/08/hong-kong-se-souvient-de-tiananmen-pour-marquer-sa-difference
[14] http://www.nytimes.com/2010/01/28/world/asia/28hong.html
[15] http://www.nytimes.com/2009/06/01/world/asia/01hong.html?_r=1&fta=y

Ecrit par: P'tit Panda Lundi 22 Mars 2010 11h04
Les gouvernements locaux dépensent des fonds considérables pour les projets culturels
Mise à jour 22.03.2010 14h36

La ville de Wuhan a récemment débloqué plus de 20 milliards de yuans (2,93 milliards de dollars) pour célébrer le 100e anniversaire de la Révolution de 1911, l'événement politique, qui a renversé la dynastie féodale et a amené à l'établissement de la République de Chine.

Selon le projet, annoncé par le maire de Wuhan Ruan Chengfa, le gouvernement municipal va investir 10 milliards de yuans pour construire un site commémoratif à cette occasion et débloquer le même montant pour restaurer certains édifices de la ville.

Le plan a suscité la désapprobation immédiate de la part de nombreux riverains qui considèrent ces dépenses excessives pour une telle occasion. «Si le Docteur Sun Yat-sen (le leader révolutionnaire) l'aurait su, il aurait versé des larmes amères », remarquent sarcastiquement certains. «Il faut garder le souvenir de l'histoire dans son cœur, pas besoin de le montrer en dépensant de l'argent », a indiqué Gu Yuexin, un étudiant d'une université locale.

Pourtant, ce genre de dépenses considérables pour commémorer un événement historique n'est pas un phénomène rare dans le pays. La ville portuaire de Tianjin qui se trouve au nord-est de la Chine avait dépensé 5,1 milliards de yuans pour la construction du "British Village", et Nanjing, la capitale de la province de Jiangsu, avait dépensé 19,5 millions de yuans pour déplacer une sculpture en bronze de Sun Yat-sen jusqu'à un nouvel emplacement.

Certains habitants de Wuhan ne s'opposent pas à l'intention du gouvernement, qui vise à améliorer l'infrastructure de la ville, mais ils espèrent que la part de l'argent destinée à l'infrastructure sera plus importante que celle, qui est dépensée pour les cérémonies.

Selon le professeur Gao Guoxi de l'Université de Fudan à Shanghai, de nombreuses villes ont organisé des projets culturels visant à stimuler le tourisme local.

Zhangjiagang, une petite ville sur le fleuve Yangtsé dans la province du Jiangsu, en est un bon exemple. La municipalité a dépensé 60 millions de yuans en 6 années consécutives pour organiser des expositions, des spectacles et des conférences, qui visent à transmettre la culture locale.

«L'investissement n'avait pas uniquement pour but de promouvoir la culture locale, mais il a également permis d'apporter des avantages économiques à la ville», a expliqué Liang Yibo, le vice-secrétaire du Parti.

Cependant de nombreux projets culturels sont devenus des sujets de contentieux, car les budgets débloqués pour ces projets ne sont pas suffisamment transparents aux yeux de l'opinion publique. « C'est une bonne chose de développer le tourisme en élaborant des projets culturels, mais il devrait y avoir un référendum public avant que le gouvernement n'adopte ces projets», a indiqué Gao.

Shanghai a reporté le voyage inaugural des navettes fluviales dans le district de Minhang à cause d'une forte opposition de l'opinion publique, qui a été exprimée au second tour du referendum sur ce projet, valant 20 millions de yuans.

Selon le professeur Gao Ruxi de l'Université Jiaotong de Shanghai, qu'il s'agisse de soutenir de tels projets ou non, le public espère généralement que le gouvernement puisse financer ces projets, mais sans trop d'extravagance.

Le gouvernement central a émis en 2003 une circulaire incitant les administrations à éviter des dépenses exorbitantes sur les cérémonies. En 2009, le gouvernement a à nouveau appelé les gouvernements locaux à réduire leurs budgets pour ce genre d'événements.

Shao Xiaoying, maître de conférences à l'Université Fudan, a déclaré que certaines procédures devraient être adoptées pour la mise en place d'un projet culturel basé sur l'utilité publique des célébrations des événements historiques. Le gouvernement devrait inviter le public à adhérer aux décisions prises lors des audiences et fournir le suivi des dépenses budgétaires, a indiqué Shao.

Source: le Quotidien du Peuple en ligne

Ecrit par: P'tit Panda Lundi 22 Mars 2010 11h07
Découvrir la Chine à travers les couvertures du magazine américain Time :
http://french.people.com.cn/Culture/6926105.html

Mise à jour 22.03.2010 09h48
Source: China.org.cn

Henry Robinson Luce, fondateur du magazine américain Time et descendant d'un prêtre missionnaire américain, est né dans la province du Shandong et a vécu pendant de nombreuses années. Cela explique certainement le vif intérêt de son magazine pour la Chine. Depuis le lancement du magazine en 1923, de nombreuses couvertures ont été consacrées à la Chine.

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Ecrit par: P'tit Panda Lundi 22 Mars 2010 11h08
Mise à jour 22.03.2010 08h54
La France va aider au développement touristique de l'ensemble d'une vallée en Anhui


Un programme de développement touristique de la vallée de Yixian dans la province d'Anhui (centre), a été élaboré par l'Agence de développement touristique de la France (ATOUT FRANCE), a indiqué vendredi Zhang Dehui, vice-maire du district.

Ce programme a été réalisé par des experts chinois et français après deux ans d'études portant sur un ensemble d'une vingtaine de villages traditionnels et environ 2 000 bâtiments anciens.

ATOUT FRANCE a envoyé sur place six équipes d'experts, comportant des spécialistes du tourisme, de hôtellerie, du marketing, de l'urbanisation pour collecter les informations nécessaires à l'élaboration du plan, a fait savoir Zhang Dehui. Ce dernier a ajouté que le plan proposé comportait des parties analysant la situation actuelle de Yixian, des recherches sur le marché touristique international, un programme d'exploitation, un projet de promotion...etc.

Le projet du Yixian, dans le cadre de la coopération touristique entre la Chine et la France, vise à faire de la vallée une destination mondiale exemplaire, vitrine de l'écotourisme chinois et un modèle de développement touristique durable.

La vallée de Yixian se situe dans le sud de la province d'Anhui, non loin des monts Huangshan incrits dans la liste mondiale des Géoparcs de l'UNESCO.

Le patrimoine de Yixian est le témoin de plus de 2 200 ans d'histoire et de civilisation. Le patrimoine familial ancien y est exceptionnellement bien conservé, notamment l'architecture traditionnelle des dynasties Ming et Qing (entre XVe et XIXe siècle). Xidi et Hongcun, deux villages de la vallée, ont été classés au Patrimoine mondial de l'UNESCO.

Source: xinhua

Ecrit par: P'tit Panda Mardi 23 Mars 2010 22h32
Par intérêt économique, l'Australie fait profil bas au procès Rio Tinto
LEMONDE.FR avec AFP | 23.03.10 | 10h43 • Mis à jour le 23.03.10 | 11h22

C'est un procès sensible mais l'Australie s'évertue à calmer le jeu tant les enjeux économiques sont importants. Quatre employés du géant minier anglo-australien Rio Tinto, un cadre australien et trois de ses collègues chinois, sont jugés depuis lundi 23 mars à Shanghaï. Ils sont accusés d'espionnage industriel et corruption.

La première journée, lundi, a été marquée par une admission partielle des faits de corruption de la part du seul accusé étranger, l'Australien Stern Hu, qui dirige le bureau de Rio Tinto à Shanghaï. Il a, en effet, plaidé coupable dans le volet corruption de ce procès. Le consul général d'Australie Tom Connor a indiqué que M. Hu "avait reconnu une partie des accusations de corruption", en se refusant à de plus amples commentaires à sa sortie du tribunal lundi.

Aux côtés de M. Hu comparaissent les Chinois Liu Caikui, Ge Minqiang et Wang Yong, arrêtés comme leur supérieur en juillet dernier. Stern Hu et Ge Minqiang sont accusés d'avoir touché près de 650 000 euros de pots-de-vin, Liu la moitié de cette somme, tandis que Wang Yong aurait lui perçu plus de 7,5 millions d'euros. Les audiences de mardi devaient continuer d'examiner les accusations de corruption dans la matinée, avant de passer l'après-midi à la partie espionnage industriel, selon l'un des avocats. Le tribunal a annoncé la semaine dernière que l'examen des "violations de secrets commerciaux" reprochés aux employés de Rio Tinto se déroulerait à huis clos.

"IL FAUT LAISSER LA JUSTICE SUIVRE SON COURS"

Les autorités australiennes ont cependant souhaité assister à l'intégralité du procès, qui représente une vive épine dans les relations australo-chinoises. Si le premier ministre australien, Kevin Rudd, a averti que "le monde allait être très attentif" à cette affaire, son gouvernement se montre toutefois prudent, craignant de mettre à mal ses échanges commerciaux avec la super-puissance chinoise. Ceux-ci ont presque doublé en quatre ans pour atteindre 70 milliards de dollars américains (environ 52 millions d'euros), faisant de la Chine le premier client de l'Australie.

"Il faut laisser la justice suivre son cours", a ainsi déclaré le ministre des petites et moyennes entreprises, Craig Emerson. "Je peux seulement dire que j'attends respecteusement le résultat du processus légal chinois", a affirmé de son côté Tom Albanese, patron de Rio Tinto, dans un discours qui met l'accent sur la présence de longue date de son entreprise en Chine et sur son désir de "renforcer ses relations avec la Chine".

Les hommes d'affaires étrangers suivent ce procès de près. Pour eux, il donnera la mesure du climat des affaires en Chine, qui s'effectuent parfois dans des zones de flou juridique, à l'heure où les entreprises étrangères ont l'impression que le marché chinois se ferme à elles.

Vendredi, Rio Tinto a annoncé un partenariat avec le groupe chinois Chinalco pour exploiter un énorme gisement de fer en Guinée, en vue de répondre à la demande croissante d'acier de la Chine qui devrait doubler d'ici à 2020. L'Australie a besoin des commandes chinoises. Les exportations de charbon et de fer en Chine l'ont en effet aidé à amortir l'impact de la crise mondiale, lui permettant d'être le seul pays occidental à échapper à la récession.




Ecrit par: P'tit Panda Mardi 23 Mars 2010 22h33
Internet en Chine : "Une censure aléatoire, hypocrite et contournable"
LEMONDE.FR | 23.03.10 | 18h37 • Mis à jour le 23.03.10 | 20h28

Des lecteurs du Monde.fr vivant en Chine racontent leur expérience d'Internet dans le pays.

* Internet en Chine, ou les passe-muraille… par Henri

Je réside en Chine depuis trois ans. Pas facile de surfer librement de l'autre côté de la muraille de Chine, version Internet… Les blogs sont, à de rares exceptions près, inaccessibles, de même que les réseaux sociaux (Faceboook, Twitter…), et bien entendu YouTube depuis les "événements" du Tibet, bref tous les sites d'expression libre, potentiellement "dangereux" (comprenez critiques) pour le Parti.

Une censure aussi aléatoire (certains sites a priori sensibles sont encore accessibles) qu'hypocrite, tant les moyens de la contourner sont nombreux et connus de tous, à commencer par les Chinois eux-mêmes, particulièrement les jeunes, grands consommateurs d'Internet. Tous les logiciels passe-muraille que j'ai pu obtenir ici m'ont été fournis par des Chinois !

Les solutions gratuites pour contourner le "Great firewall" sont des VPN : virtual private network (Freesurf, Freegate…) permettant une connexion par un "tunnel" non soumis à l'œil de Pékin. En pratique, la connexion est souvent très ralentie, voire ponctuellement bloquée. Cela permet cependant de consulter régulièrement ses sites favoris.

L'arme ultime est le VPN payant. Un accès en réseau tunnel crypté là aussi, mais beaucoup plus efficace, pour une cinquantaine de dollars par an. On surfe alors "comme à la maison".

Concernant les correspondances, pas d'autocensure, pas d'appels à la révolte non plus, les e-mails passent très bien. Reste à savoir si le départ de Google rendra l'accès à Gmail impossible…

* Pour les Occidentaux, le "Grand firewall" est plus ennuyant qu'autre chose, par Matthieu

Habitant en Chine depuis plus d'un an et demi, j'ai pu voir différents états de l'Internet en Chine.
Avec un accès à Facebook et YouTube pendant la période olympique, il était difficile de ressentir une vraie censure. Malheureusement, tout comme une partie des mesures environnementales, la situation s'est un peu dégradée. YouTube a rapidement été bloqué à nouveau, Facebook a suivi peu après.

En plus des sites pornographiques ou d'activistes antigouvernementaux, on trouve pêle-mêle la plupart des sites de téléchargement comme Mega Upload, mais aussi de très nombreux forums, souvent bloqués par noms de domaine entiers sans vraiment se soucier de tous ceux qui n'ont rien dit de condamnable…

Au jour le jour, c'est un peu irritant de ne pas avoir accès à certains liens YouTube ou de téléchargement. Mais on se rend rapidement compte qu'on peu vivre sans Facebook (si si !).

En tant qu'Occidentaux, on ne se fait vraiment pas de souci par rapport à ce qu'on écrit sur le Net (et à part les blogueurs chinois les plus connus, qui sont peut-être surveillés, les autres n'ont pas de souci a se faire). Et pour ceux qui veulent vraiment accéder à tout le contenu du Web, il existe plusieurs solutions : proxy ou VPN. Freegate (Ziyoumen en chinois) marchait très bien pendant un moment, sans pub (qui restent l'apanage de quasi tous les autres proxys gratuits), suffisament pour que le gouvernement s'en occupe, mais d'autres solutions apparaissent régulièrement, et un VPN payant règle tout.

* Marre de jouer à saute-muraille, par David

Je vis à Yingkou en Chine depuis deux mois, et comme tout le monde je me suis cogné contre le "Grand firewall". Après plusieurs tentatives plus ou moins fructueuses pour le contourner, je me suis résolu à utiliser les sites autorisés.

J'ai donc abandonné l'espoir d'utiliser Facebook ou YouTube et migré mon blog de Blogspot vers Overblog. Je publie régulièrement des news parfois un peu critiques, mais toujours sur un ton "policé". Je n'ai encore ressenti absolument aucune pression de ce côté-là.

Notez aussi qu'une recherche en français sur Google.fr peut être relativement fructueuse, même sur des sujets sensibles. Le filtrage n'est pas absolu. J'ai bien conscience de plier face à la pression, mais il y a tellement à voir ici en dehors du virtuel que je ne souhaite pas gaspiller mon énergie dans un jeu de cache-cache sans grand intérêt.

* Un firewall comme un autre, par Nicolas

Je vis en Chine depuis déjà trois ans et j'ai vite compris que la meilleure solution pour éviter les désagréments des pages blanches là où un éventuel contenu "subversif" se trouve est d'avoir un proxy en Europe. J'ai donc installé un petit serveur sous GNU-Linux, auquel je me connecte pour aller sur Internet, sur la ligne ADSL de mes parents. De cette manière, personne ne peut surveiller mes actes et je suis libre de visiter les pages que je veux. C'est une technique que j'appliquais déjà quand j'étais étudiant et que l'accès à Internet était limité dans mon école…

Quoi qu'il en soit, le problème le plus gênant est la qualité inégale de la connexion qui dépend à la fois de ma ligne et de celle de mes parents ! Mais c'est toujours mieux que de ne pas pouvoir visiter un site en free.fr…

* Des noms de code pour contourner la censure, par Pierre

En Chine depuis quatre ans, je surfe relativement librement sur la Toile. Relativement car Twitter, Facebook, YouTube et Dailymotion sont bloqués ; la liste est bien sûr non exhaustive. Mais librement car je lis Le Monde (forcément…) mais aussi Libé, Le Figaro ou des hebdomadaires de tous bords.

J'administre mon blog (lemondeselonpierre), qui raconte ma vision de la Chine. Et il peut être lu en Chine, bien que mes idées aillent parfois à l'encontre du bon ordre chinois. Overblog est donc libre d'accès, ce qui n'est pourtant pas le cas pour Blogspot, bloqué.

Donc je continue de m'étonner de ces différences qui ne reposent sur rien. Par contre je "transgresse" l'interdit en accédant à Facebook via un serveur proxy non payant. Mais c'est le cas pour beaucoup. Certains utilisent des versions payantes.

Les Chinois, pour parer à la censure, utilisent parfois des noms de code pour parler de certains sujets sur les nombreux sites de la blogosphère de l'Empire. Mais tout le monde est au courant. Cela ne sert qu'à éviter la censure automatique par recherche de mots clefs. Car l'arme secrète de la censure est là. N'allons pas imaginer qu'ils sont des milliers à rechercher les sites subversifs.

Conclusion, on peut tout dire tant qu'on ne le dit pas trop fort ; on peut tout dire, tant que cela n'est ni politique ni religieux. Mais la Chine, c'est aussi beaucoup d'autres belles choses. Heureusement !

* Le Grand firewall n'est plus si facile à contourner ! par Thomas

Dès mon arrivée (août 2009), contourner le firewall était l'une de mes préoccupations principales. Etant un grand consommateur de Web, je ne voulais pas me résoudre à une année sans Facebook, YouTube ou Twitter. Ensuite, si je pouvais m'informer de manière correcte – Le Monde.fr comme l'ensemble des sites d'information en langue étrangère ne sont que rarement bloqués –, c'était beaucoup moins pratique (bug de lecteur de flux RSS, de Google news, plate-forme blog bloquée). Sans compter que sur les sujets sensibles, les contenus, même en langue étrangère, étaient et sont toujours bloqués.

Proxy, VPN gratuit, rien ne fonctionnait plus de quelques jours. Il faut savoir que ces dernières années, les autorités ont serré la vis. Ce qui était possible pour un ami dans la même situation que moi deux ans auparavant ne l'est plus aujourd'hui. Au final, j'ai opté pour un VPN payant (6 €/mois), qui fonctionne impeccablement.

Sur la censure en Chine, il y a une inégalité entre l'expatrié et le Chinois. L'expatrié a les compétences linguistiques pour exploiter les informations critiques à l'égard du régime accessibles en Chine (sites étrangers). Il ne risque rien s'il publie. J'écris régulièrement pour le site Amphis d'@illeurs ou Rue89 et je n'ai jamais eu de problème. L'internaute chinois lambda ne lit pas l'anglais. Lorsqu'il le lit, comme les étudiants que je fréquente, il n'a pas forcément le réflexe de consulter des sites étrangers. Il n'utilise pas Facebook mais Kaixin, pas YouTube mais Youku.

* Une censure à plusieurs degrés… par Louis

Le filtrage est différent suivant l'endroit ou l'on se trouve. A Pékin, tout est très contrôlé et il n'est pas si facile de contourner, sauf pour des personnes assez douées en informatique (ce que je ne suis pas). Les étrangers s'accomodent plus ou moins bien de cette situation. La situation est très différente dans le sud du pays (Guangzhou, Dongguan, etc.). Il est possible d'accéder à beaucoup plus de sites Internet (politiques, et même adultes), probablement du fait de la présence de Hongkong. De la même facon, il est possible d'accéder à la télévision hongkongaise, qui est très peu censurée par les autorités chinoises. Par exemple, la libération d'un dissident chinois il y a quelques années (Wei Jingsheng) pouvait être suivie en direct de la télévision de Hongkong à Guangzhou avec très peu de coupures, ces dernières étant purement symboliques.

* Chasse au proxy, par Ronan

Internet en Chine… Cela fait trois ans que je pratique, à Shanghaï. Très franchement, on finit par s'y faire. Le "Great firewall" se contourne (partiellement) assez facilement via certains proxys (il y a même un add-on sur Firefox, Gladder, qui automatise cette fonction). Concernant la prudence du discours, oui évidemment. En même temps, à moins de vouloir à tout prix jouer les activistes, il n'y a vraiment pas de quoi fantasmer. Je fais comme 99 % des Chinois : je ne m'intéresse pas à la politique.

La vraie plaie en ce moment, c'est le banissement des sites de flux (YouTube, Dailymotion notamment) et de certains réseaux sociaux (Facebook et Twitter essentiellement). Ce blocus a commencé en juillet dernier, au moment des événements d'Urumqi. Une sorte de course-poursuite s'est alors engagée entre internautes et autorités : les internautes dénichent un proxy efficace, le diffusent autour d'eux. Au bout de quelques jours ou semaines, le proxy est bloqué à son tour et la course reprend. Il va sans dire que les possibilités se réduisent avec le temps. Il reste néanmoins la possibilité de souscrire à un VPN payant (serveurs généralement aux Etats-Unis) ou, pour les chanceux, de se connecter au bureau dans les sociétés dont les serveurs sont à Hongkong. On commence à se dire ici que ce blocus a vocation à durer…

Au final donc, rien de dramatique. Petite anecdote : l'article du Monde.fr de ce jour "Des internautes chinois demandent des comptes sur la censure" est inaccessible... ;-)

* Aucune différence, par Thomas-Riquoir

Ça fait cinq ans que je vis en Chine, et il y a aucune différence entre mon activité Internet ici et celle que j'avais avant d'arriver. J'ai accès à tous les journaux que je veux et à Wikipedia. J'utilise aussi Internet pour communiquer avec ma famille en France, et cela n'a jamais causé de probleme.

Je sais pas si le "Grand firewall" est difficile à contourner car j'ai accès à tout ce que je veux. Des amis sont gênés car l'accès à YouTube est impossible. Personnellement je ne pense pas que YouTube est essentiel, de plus il y a un équivalent chinois si on veut envoyer des vidéos à la famille. L'accès aux sites pornographiques est restreint également, mais certaines personnes disent que ce n'est pas forcément une mauvaise chose. Il est à préciser que je ne surfe pas sur les sites en langue chinoise, mais seulement sur les sites français et anglais. Les sites en mandarin sont peut-être restreints, je n'en ai aucune idée, mais mes amis chinois proches n'ont pas l'air de se plaindre d'une quelconque gêne. Conclusion pour moi : aucune différence entre l'Internet en France et en Chine.

* La Chine censure mais ne condamne pas les internautes qui surfent sur les sites interdits, par Benjamin

Comme de nombreux Chinois et étrangers en Chine, j'utilise Facebook grâce à un logiciel gratuit (il en existe un certain nombre) qui marche à la manière d'un proxy. Même si le site Facebook est censuré en Chine, il n'existe pas de lois pour poursuivre les internautes qui utilisent ces sites "interdits".

Cependant, je ne critique jamais la Chine sur le Web car on ne sait jamais qui peut avoir accès à vos données. Sans abuser du système j'essaye de rester correct avec le gouvernement du pays dans lequel je vis et travaille. Comme les Chinois l'ont souligné à propos de Google, les étrangers et entreprises étrangères doivent respecter le système chinois.

Même si leur censure est parfois contraignante, comme par exemple lorsqu'on ne peut voir certaines vidéos YouTube ou Dailymotion. Il faut alors essayer sur Youku ou Baidu avec les caractères chinois pour trouver la même vidéo. Au contraire les sites chinois me permette de visionner des films, séries et musiques en streaming gratuitement. Ces sites sont de plus en plus rares à être hébergés en Europe.

Le système chinois peut donc être parfois plus contraignant pour les utilisateurs étrangers qui débutent mais il se révélera être une véritable mine d'or pour les utilisateurs expérimentés (même sans parler chinois). Je n'ai donc aucun problème à surfer en Chine, bien au contraire.



Ecrit par: P'tit Panda Mardi 23 Mars 2010 22h52
Le retrait de Google de Chine n'a pas d'impact sur les requêtes des internautes
LEMONDE.FR avec AFP | 23.03.10 | 09h06 • Mis à jour le 23.03.10 | 09h11

Pékin estime mardi que la décision de Google de ne plus se plier à la censure en Chine n'aura pas d'influence sur les relations sino-américaines à moins qu'il n'existe une volonté de "politiser" le dossier. Il s'agit d'"un dossier commercial particulier", a déclaré le porte-parole du ministère chinois des affaires étrangères Qin Gang, rappelant que la Chine gère l'Internet conformément à ses lois. La Chine a par ailleurs annoncé que la prochaine session du dialogue économique et stratégique sino-américain se tiendrait fin mai à Pékin, à un moment où les relations entre les deux puissances traversent des turbulences.

Google a annoncé lundi mettre fin à l'autocensure qu'elle s'imposait en Chine et transférer ses usagers chinois sur son site de Hongkong, tout en gardant sur le continent ses opérations commerciales et de recherche et développement. Concrètement, l'accès en Chine, via Google, à des sites Internet couvrant des sujets sensibles reste bloqué. Les tentatives de connection à google.cn, version chinoise du moteur, aboutissent automatiquement à google.com.hk, mais la recherche des sites ayant trait au Falungong, mouvement spirituel interdit en Chine, ou à la répression du printemps 1989 aboutissent à des pages blanches. Idem pour les sites d'organisations considérées par les autorités chinoises comme hostiles au pays, tels le journal Epoch Times [lié au Falungong] ou les groupes soutenant le Mouvement du 4 juin 1989 pour la démocratie. Ce blocage semble indiquer que le système pare-feu érigé par les autorités chinoises est en mesure de filtrer toutes les recherches faites en Chine, en dépit de la décision de Google. Le site de partages de vidéos YouTube ou la plateforme de microblog Twitter étaient, pour leur part, inaccessibles depuis Pékin, en dépit du reroutage sur Hongkong.


Ecrit par: P'tit Panda Mardi 23 Mars 2010 22h54
Un scandale de vaccins frelatés ébranle de nouveau le système de santé chinois
LE MONDE | 23.03.10 | 14h38 • Mis à jour le 23.03.10 | 14h38
Shanghaï Correspondant

Quatre enfants sont morts, dans la province du Shanxi (nord-est de la Chine), et soixante-quatorze autres portent des séquelles, pour certains à vie, des suites d'une vaccination avec des doses vraisemblablement défectueuses. C'est le bilan, provisoire, tiré après plusieurs mois d'enquête, par le journaliste Wang Keqin. L'enquête a été publiée le 17 mars par le quotidien China Economic Times.

Le journaliste a rencontré une trentaine de familles, dont certaines se sont lourdement endettées pour payer les soins médicaux. Selon lui, les enfants avaient été vaccinés contre l'hépatite B, la rage et l'encéphalite japonaise peu avant l'apparition des troubles. Plusieurs millions de doses de vaccin peut-être défectueuses pour avoir été exposées à des températures excessives auraient ainsi été administrées en 2006 et 2007. Et cela malgré les multiples avertissements lancés par Chen Taoan, un expert du centre de contrôle sanitaire du Shanxi, spécialiste des réactions post-vaccinales anormales.

Chen Taoan, exaspéré par l'incurie de ses supérieurs et relégué à des tâches subalternes après avoir, plusieurs fois, tiré la sonnette d'alarme, a piloté le travail de Wang Keqin, journaliste réputé en Chine pour le sérieux de ses enquêtes.

L'affaire touche une corde sensible dans le pays. Les dérapages de la part des autorités chargées de superviser la santé publique ont conduit à des scandales retentissants, comme celui de la mélamine dans la poudre de lait, fin 2008.

Enquête rouverte

Dans un éditorial cinglant, le quotidien Southern Metropolis News, du groupe Nanfang de Canton, connu pour ses vues progressistes, a appelé, samedi 20 mars, le gouvernement à "laisser la presse faire son travail" sur les vaccins du Shanxi. L'éditorialiste a fait part "du profond sentiment de culpabilité ressenti par les médias" de n'avoir pas pu enquêter suffisamment lors du scandale de la mélamine. "Chaque fois qu'une affaire tragique suscite une large inquiétude parmi le public et une colère généralisée, les enquêtes de la presse doivent s'arrêter net", écrit-il.

Dans le Shanxi, les parents des victimes, ainsi que M. Chen, ont reçu à la fois des menaces de mort, et des propositions d'argent pour garder le silence, selon le South China Morning Post. Le bureau de la santé du Shanxi a tenu, lundi, une conférence de presse pour récuser les allégations de Wang Keqin. Tout en reconnaissant que le directeur du centre de contrôle sanitaire, un certain Li Wenyuan, avait été démis de ses fonctions en 2009 pour collusion avec la Beijing Huawei. Cette société privée s'était vu attribuer, en 2006, le marché des vaccins non obligatoires dans l'ensemble de la province pour cinq ans.

A Pékin, le ministère de la santé a dépêché des experts pour rouvrir un dossier sur lequel il avait déjà été alerté en 2007 et 2008. A l'époque, l'affaire avait été classée. Les plaintes répétées de Chen Taoan avaient toutefois conduit les autorités à révoquer le contrat de la Beijing Huawei en 2007.

Selon le journaliste et M. Chen, les vaccins ont été exposés à des températures bien trop élevées. Le problème est intervenu lorsqu'il a fallu apposer manuellement sur les boîtes des étiquettes de certification du centre de contrôle sanitaire qui ne collaient pas sur les doses réfrigérées. Des cartons de vaccins ont alors été empilés dans une annexe du centre. En outre, le camion réfrigéré chargé de distribuer les vaccins était défectueux.

"Ce problème d'exposition à la chaleur m'a rendu soupçonneux, et j'ai commencé à dénoncer les problèmes en mai 2007. En 2008, j'ai découvert les premiers cas de maladies", confirme M. Chen au Monde. A la suite de quoi, explique-t-il, son salaire a été réduit, et il a fait l'objet d'une enquête du parquet, ainsi que de son autorité de tutelle.

Brice Pedroletti
Article paru dans l'édition du 24.03.10




Ecrit par: P'tit Panda Mardi 23 Mars 2010 23h01
La chimie française accélère sa migration vers les marchés porteurs d'Asie
LE MONDE | 23.03.10 | 14h07 • Mis à jour le 23.03.10 | 14h07

La récession sans précédent qui a frappé la chimie en 2009 n'aura rien changé aux tendances de fond du secteur, au contraire : la réduction des investissements et des capacités va se poursuivre en France et en Europe, tandis que les nouveaux investissements seront principalement consacrés aux marchés porteurs d'Asie. Tel est le constat qui se dégage du bilan dressé mardi 23 mars par Jean Pelin, président de l'Union des industries chimiques (UIC).

La chimie française, deuxième en Europe derrière l'Allemagne, et cinquième dans le monde, avait commencé avant la crise à réduire ses surcapacités en France pour investir et créer des emplois dans les zones à forte croissance (Chine et Etats-Unis).

La récession mondiale née de la crise financière de septembre 2008 a cassé ce mouvement. Selon l'UIC, la production a reculé en volume de 9,7 % en 2009 en France et de 11,4 % dans l'Union européenne. En valeur, le chiffre d'affaires du secteur a chuté de 82,4 milliards d'euros, en 2008, à 67,6 milliards en 2009. Tous les secteurs de la chimie ont été touchés. La chimie minérale (engrais...) a vu sa production chuter de plus de 21 %, la chimie organique (pétrochimie, plastiques, caoutchouc...) a perdu 8,7 % de ses volumes tandis que les spécialités (peintures, vernis, colles...) enregistraient une chute de plus de 14 %. Seuls les savons, parfums et produits d'entretien ont "résisté" en ne perdant que 5,9 % de leur production.

Fonte des effectifs

A part Air Liquide qui a affiché des résultats positifs et en progression en 2009, les purs chimistes ont tous perdu de l'argent : 132 millions pour Rhodia en 2009 et 172 millions pour Arkema.

Pour survivre à la crise, les chimistes français ont tous amélioré leur productivité et réduit leurs frais de gestion. Pour accompagner la reprise, ils accélèrent maintenant leur stratégie d'avant-crise. La réduction des investissements de capacité en France et en Europe va se poursuivre en raison d'une faible croissance. Les seuls investissements qui auront lieu seront consacrés à la modernisation des installations existantes et à l'adaptation des sites aux durcissements de la réglementation sur la protection de l'environnement.

Arkema et Rhodia montrent la voie : en 2010, toutes les créations de capacité auront lieu en Asie, et surtout en Chine, là où les marchés sont porteurs. Arkema a même profité de la crise en 2009 pour acheter des actifs acryliques de Dow Chemical aux Etats-Unis. L'UIC rappelle que si la production chimique mondiale a doublé en dix ans, elle a triplé en Asie sur la même période. L'Europe, en revanche, voit sa production s'effriter lentement et passer de 33 % à 29 % de la production mondiale.

Les plans de réduction d'emploi annoncés en 2009 se produiront en 2010. La chimie qui comptait en France 239 500 salariés, en 2004, n'en rémunérait plus que 182 400 en 2008. En 2009, les effectifs ont fondu à 178 000 personnes.

Concernant la recherche et développement, les chimistes ont réduit leurs investissements ces dernières années (moins de 2 % du chiffre d'affaires) pour faire face à des coûts de restructuration. Mais les contraintes liées au développement durable et le renchérissement des matières premières minérales les incitent aujourd'hui à mettre les bouchées doubles pour créer des produits équivalents en provenance du végétal ou à améliorer les ressources du recyclage.

Yves Mamou
Article paru dans l'édition du 24.03.10



Ecrit par: P'tit Panda Mardi 23 Mars 2010 23h04
Pour contourner la censure chinoise, Google se replie vers Hongkong
LE MONDE | 23.03.10 | 15h17 • Mis à jour le 23.03.10 | 17h29
Shanghaï (Chine) Correspondant

Google tient sa promesse, un peu plus de deux mois après avoir menacé de ne plus censurer les résultats de ses recherches sur son moteur de recherche en chinois. Désormais, en tapant Google.cn, l'internaute arrive automatiquement sur le site Google.com.hk, c'est-à-dire le site hongkongais du moteur de recherche. Il est alors accueilli par le message : "Bienvenue au nouveau site de recherche Google en Chine." La parade offerte par la société de Mountain View pourrait ouvrir la porte à un arrangement avec les autorités. Pourtant, les premières réactions officielles étaient peu amènes et étaient dans le droit-fil du ton très agressif adopté ces derniers temps vis-à-vis de la firme américaine : Google "fait une grave erreur" et "a violé la promesse écrite faite lors de son entrée sur le marché chinois", a déclaré à l'agence Chine nouvelle un représentant du département Internet du Bureau d'information du gouvernement.

Hongkong utilise des caractères chinois traditionnels, et le site a donc été doté d'une interface en caractères simplifiés, qui ont cours en Chine populaire. Les requêtes soumises au moteur de recherche de Hongkong ne sont pas astreintes à une obligation de filtrage, à la différence de l'ex-Google.cn.

Toutefois, en pratique, la répétition de recherches sur des mots sensibles comme "Falun Gong", le mouvement religieux banni par Pékin, "Liu Xiaobo", le militant des droits de l'homme, ou encore "Charter 08", le manifeste signé par des intellectuels chinois et des défenseurs des droits de l'homme, conduit invariablement à un blocage du navigateur - comme sur Google.com, la version anglaise.

Les sites indiqués à la suite de la recherche, lorsque celle-ci aboutit sans être neutralisée, sont en outre très souvent bloqués par la "Grande muraille virtuelle", le système sophistiqué de censure automatique chinois. "Un Google, deux systèmes" ont raillé des internautes en référence au principe "un pays, deux systèmes" qui régit les relations entre la Chine et Hongkong.

Image de marque

La nouvelle situation de Google ressemble donc à celle qui précédait son installation en Chine en 2006 : de 2000 à 2006, le site chinois, basé aux Etats-Unis, fonctionnait en Chine, mais était fréquemment bloqué.

En outre, ses recherches étaient parfois déconnectées des besoins réels des utilisateurs ainsi que des dernières modes. Depuis, Google a acquis en Chine notoriété et image de marque. Une partie de son personnel se consacre à mieux connaître les spécificités des demandes chinoises. Ce capital devrait continuer à lui servir, estiment certains observateurs, notamment si la société décide, comme elle l'a pour l'instant annoncé, de maintenir une partie de ses effectifs Chine.

A la merci d'un blocage permanent de son site hongkongais par la censure, elle garde toutefois un certain levier vis-à-vis des autorités chinoises en poursuivant en Chine ses activités de ventes de publicité, et de recherche et développement (R & D) : "La R & D est une priorité majeure pour la Chine, je doute que (les autorités chinoises) poussent Google à désinvestir. La Chine en bénéficie de différentes manières, notamment pour ce qui est de l'emploi des jeunes diplômés, et de l'innovation", estime Duncan Clark, président de BDA, un cabinet de consultants à Pékin spécialisé dans le domaine des technologies de l'information.

Selon M. Clark, une diminution éventuelle de la part de marché de Google auprès des annonceurs chinois pourraient bénéficier à Tencent, le géant de la messagerie instantanée qui développe son propre moteur de recherche, mais aussi à Taobao, filiale d'Alibaba (par ailleurs propriétaire de Yahoo ! China). "On peut s'attendre à ce que Baidu devienne trop complaisant et se fasse dépasser", ajoute-t-il.

La stratégie de sortie imaginée par Google lui permet donc de sauver la face tout en restant relativement "connectée" au marché chinois : "Il a été très difficile pour nous de trouver le moyen de nous tenir à notre promesse de ne plus censurer les recherches sur Google.cn", a écrit dans la nuit du lundi 22 au mardi 23 mars, sur son blog, David Drummond, le directeur juridique de Google. C'est lui qui avait annoncé le 12 janvier, la décision de Google de cesser de censurer ses recherches en Chine suite à des actions de piratage répétées de comptes Gmail de dissidents et militants chinois. Des discussions avaient alors été entamées avec les autorités chinoises.

"Nous souhaitons que le plus grand nombre de gens dans le monde aient accès à nos services, et notamment les usagers en Chine continentale, mais son gouvernement a été parfaitement clair durant nos discussions : l'autocensure est une obligation légale absolument pas négociable", écrit-il.

Mardi, un porte-parole du ministère des affaires étrangères, a indiqué que la décision de Google ne devrait pas avoir d'impact sur les relations sino-américaines à moins qu'elle soit exploitée politiquement par d'autres.

Brice Pedroletti

***


Plus de deux mois de tensions avec Pékin



12 janvier 2010
Google menace de mettre fin à ses opérations, après avoir découvert des cyberattaques venant de Chine et visant les messageries Gmail de militants chinois des droits de l'homme.

14 janvier 2010
Pékin rappelle que les groupes Internet sont bienvenus dans le pays mais doivent respecter la loi.

21 janvier 2010
La secrétaire d'Etat Hillary Clinton, dans un discours sur la liberté d'Internet à Washington, demande à Pékin d'enquêter sur les attaques contre Google et appelle les groupes américains à ne pas se plier à la censure.

21 février 2010
L'université Shanghai Jiaotong et l'école Lanxiang Vocational School, identifiées par le New York Times comme impliquées dans les attaques contre Google, nient toute responsabilité.


Ecrit par: P'tit Panda Mardi 23 Mars 2010 23h06
Comment les grandes sociétés des pays émergents jouent la carte africaine, par Joël Ruet
LE MONDE ECONOMIE | 23.03.10 | 16h03

Faut-il s'inquiéter de la présence croissante des grandes entreprises des pays émergents, souvent jugées peu soucieuses de développement harmonieux, d'environnement et de droits humains, en Afrique subsaharienne ? Les investisseurs indiens, brésiliens, marocains, chinois contribuent à développer sur ce continent un "écosystème" d'affaires, et leurs Etats y jouent la carte d'un développement par l'industrialisation auquel les bailleurs du Nord ne voulaient plus croire.

L'omniprésent groupe Tata est le fer de lance de la stratégie africaine de l'Inde depuis les années 1960. Il y a investi récemment un milliard de dollars (soit 726 millions d'euros, dans les télécommunications, dans l'automobile au Kenya, en Zambie, en Algérie...), dont les implications sur le plan urbain (modernisation des autobus) et sur celui des transferts de savoir-faire (informatique) ont été salués par le président sénégalais, Abdoulaye Wade.

Les entreprises indiennes visent, il est vrai, le long terme : Dr. Reddy's Lab et ses médicaments génériques ont changé la santé du continent ; Bharti Telecom vient de racheter au qatari Zayn son réseau dans dix-sept pays africains et parie sur un boom du portable. Le gouvernement indien soutient depuis 2002 le développement informatique et médical du continent, via son programme Focus Africa.

Les entreprises brésiliennes sont, elles aussi, présentes : WEG vend ses moteurs électriques dans vingt pays, Marcopolo construit des bus en Afrique du Sud, Odebrecht couvre de chantiers de construction la Namibie, l'Angola, le Mozambique (infrastructures minières et ferroviaires, usines d'éthanol, bureaux, supermarchés). Là encore, les entreprises sont soutenues par leur gouvernement dans une vision de développement à long terme : la vallée du Zambèze va voir naître une agro-industrie de type brésilien (soja, maïs, élevage bovin)...

Autre grand émergent, le Maroc voit dans l'Afrique subsaharienne l'opportunité d'internationaliser ses entreprises. Après avoir investi dans les mines (la Managem en Guinée et au Burkina Faso) et les télécommunications (Maroc Telecom gère les réseaux en Mauritanie, au Burkina Faso, Gabon, Mali), les entreprises marocaines s'intéressent au développement du territoire et au soutien à l'activité économique. La Royal Air Maroc, présente dans Air Sénégal, a recomposé l'espace aérien ouest-africain ; Attijariwafa Bank et la Banque marocaine du commerce extérieur (BMCE) sont présentes dans toute l'Afrique de l'Ouest et centrale francophone, où elles financent les entrepreneurs locaux.

C'est le Maroc qui est chargé de l'électrification rurale tant attendue dans le nord du Sénégal, grenier agricole. D'autres entreprises, telle Ynna, se positionnent sur des projets liés aux ressources en eau, au tourisme, à l'immobilier.

Tous ces acteurs émergents parient sur un continent d'un milliard d'habitants, dont le profil de consommation les place juste derrière l'Inde. L'Afrique a amorcé sa transition démographique, son urbanisation, et s'industrialisera tôt ou tard.

La stratégie la plus méthodique est bien sûr celle de la Chine, qui se sait surveillée en Afrique. Au-delà de l'accès aux ressources naturelles et du BTP, les entreprises chinoises développent les télécommunications en Zambie, au Zimbabwe, Niger, Bénin, Togo et, de plus en plus, le textile. Avec l'ouverture, prévue en 2011, d'une zone économique spéciale en Egypte (informatique, textile, automobile), l'industrie chinoise entrera dans l'espace euroméditerranéen. Le projet de terminal d'hydrocarbures au nord du Kenya va désenclaver un Sud-Soudan déjà semi-autonome.

Le quatrième forum de coopération sino-africaine de novembre 2009 a renforcé un fonds de codéveloppement d'entreprises, et a mis en place un fonds de financement de 100 projets de lutte contre le changement climatique et de 100 autres concernant l'eau, les céréales et le développement social.

Les immenses réserves de change des pays émergents leur permettent de financer ces investissements. Paradoxalement, les manoeuvres en cours autour de la réévaluation du yuan pourraient avoir un impact sur le développement du continent noir.

Joël Ruet est chercheur CNRS au Centre d'études de la Chine contemporaine à Hongkong. Il préside l'Observatoire des émergents.
Article paru dans l'édition du 24.03.10



Ecrit par: P'tit Panda Mardi 23 Mars 2010 23h07
Pékin, Berlin, même combat, par Martin Wolf
LE MONDE ECONOMIE | 23.03.10 | 16h05 • Mis à jour le 23.03.10 | 16h05

Début mars, la "Chinallemagne" a parlé et le monde a écouté. Ce qu'elle a dit était-il cohérent? Non. A-t-elle fait preuve de suffisance ? Oui, de beaucoup de suffisance. Ce qu'elle a dit est-il dangereux ? Oui. Des points de vue plus judicieux peuvent-ils quand même prévaloir? J'en doute.

La Chine et l'Allemagne sont, bien sûr, très différentes l'une de l'autre. Pourtant, malgré leurs dissemblances, ces pays possèdent des caractéristiques communes : ils sont les plus gros exportateurs de produits manufacturés, la Chine ayant désormais dépassé l'Allemagne sur ce plan ; ils présentent des excédents massifs d'épargne par rapport à l'investissement ; et ils enregistrent d'énormes excédents des comptes courants : 291 milliards de dollars (212 milliards d'euros) cette année pour la Chine, et 187 milliards de dollars pour l'Allemagne.

Tous deux estiment aussi que leurs clients devraient continuer à acheter, mais cesser d'emprunter de manière inconsidérée. Du fait que leurs excédents creusent les déficits des autres pays, cette position est incohérente. Les pays excédentaires doivent financer les pays déficitaires. Si l'endettement devient trop lourd, les débiteurs seront acculés au défaut de paiement. Dans ce cas, l'épargne tant vantée des pays excédentaires se révélera une illusion : le financement des importations par les prêts des exportateurs se transformera alors en subventions ouvertes à l'exportation.

Je commence à me demander si l'économie mondiale ouverte parviendra à surmonter cette crise. Les interventions, au début du mois de mars, du premier ministre chinois, Wen Jiabao et du ministre allemand des finances, Wolfgang Schäuble, mettent parfaitement en lumière ces dangers.

Le fond de l'argumentation de M. Schäuble ne concernait pas la proposition de constitution d'un fonds monétaire européen, lequel ne pourrait pas, même s'il était créé et mis en oeuvre, modifier les pressions engendrées par les énormes déséquilibres macroéconomiques au sein de la zone euro. Les idées centrales du ministre allemand consistent à combiner l'aide d'urgence apportée aux pays enregistrant des déficits budgétaires excessifs à de sévères pénalités, à suspendre le droit de vote des membres ayant un mauvais comportement dans l'Eurogroupe, et enfin à permettre à un membre de quitter l'union monétaire tout en restant membre de l'Union européenne. D'un seul coup, la zone euro ne paraît plus si intangible : l'Allemagne en a décidé ainsi.

Cette démarche aura un impact déflationniste ; surtout, elle pourrait bien déboucher sur une sortie de l'Allemagne de la zone euro.

Si les pays les plus faibles de la zone euro étaient contraints, comme le souhaite l'Allemagne, de réduire fortement leurs déficits budgétaires, cela affaiblirait à coup sûr l'économie de l'ensemble de la zone. Il en résulterait une détérioration budgétaire en Allemagne et en France. Imaginons alors que l'Allemagne décide de revêtir le cilice de la rigueur. Cela inciterait-il la France à en faire autant ? Le déficit public de la France devrait déjà atteindre, cette année, d'après les prévisions de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), près de 9 % du produit intérieur brut (PIB). M. Schäuble imagine-t-il que la France pourrait être mise à l'amende ? Certainement pas.

Ce ne sont pourtant pas les finances publiques grecques qui menacent la stabilité de la zone euro. La menace provient des finances publiques des grands pays. Du moment que l'Allemagne ne peut pas contraindre ces pays à mieux se comporter et qu'elle n'a aucune chance de faire exclure de la zone un membre dont elle désapprouve l'attitude, il lui faudrait elle-même la quitter. Telle est la logique des idées avancées par M. Schäuble. Et cela ne doit certainement pas lui échapper.

L'Allemagne fait partie d'une union monétaire censément irrévocable avec certains de ses principaux clients. Elle veut aujourd'hui qu'ils retrouvent le chemin de la prospérité par la déflation dans un monde marqué par une demande agrégée chroniquement faible. M. Wen pense la même chose ! Mais l'économie dont il veut qu'elle procède ainsi, c'est l'économie américaine. Il peut toujours rêver !

Dans le discours qu'il a prononcé à l'occasion de la clôture de l'Assemblée nationale populaire, M. Wen a déclaré : "Ce que je ne comprends pas, c'est que l'on puisse déprécier sa propre monnaie tout en incitant les autres à apprécier la leur dans le but d'augmenter les exportations. A mes yeux, cela s'appelle du protectionnisme." Il a aussi souligné qu'il s'inquiétait de la sécurité des investissements chinois en dollars.

Je me demande ce que M. Wen a en tête en disant cela, hormis de demander aux Etats-Unis de ne pas se mêler de la politique chinoise des taux de change. Si l'on juge "protectionniste" le désir américain d'avoir un dollar plus faible, comment qualifier alors l'entêtement de la Chine à vouloir maintenir coûte que coûte sa monnaie à un bas niveau ? Il n'y a rien de "protectionniste" dans le fait de demander à un pays enregistrant un énorme excédent de ses comptes courants de le réduire dans une période de faible demande mondiale.

Si je saisis correctement la position exprimée par la Chine, celle-ci voudrait que les Etats-Unis renouent avec la compétitivité par la déflation en procédant à une contraction budgétaire et monétaire et, sans doute, à une baisse des prix intérieurs. Cela serait redoutable pour eux. Mais ce le serait aussi pour la Chine et le reste du monde. Et il n'y a aucune chance que cela se produise. Pékin en est assurément conscient.

Derrière tout cela se profile une divergence fondamentale. Les pays excédentaires insistent pour que tout continue comme avant. Mais ils refusent d'accepter que leur dépendance à l'égard de leurs propres excédents à l'exportation se retourne contre eux lorsque leurs clients se retrouvent à court d'argent. Ce qui est précisément en train de se produire.

Pendant ce temps, les pays qui, par le passé, présentaient d'énormes déficits extérieurs ne peuvent réduire les déficits budgétaires massifs que par une forte relance de leurs exportations nettes. Si les pays excédentaires ne sont pas capables de compenser cela par une augmentation de la demande agrégée, le monde s'engagera dans une bataille protectionniste : chacun cherchera désespérément à refiler l'offre excédentaire à ses partenaires commerciaux. Ce fut aussi un aspect important de la catastrophe des années 1930.

Il est hautement improbable que les pays excédentaires gagnent cette bataille. Un écroulement de la zone euro serait une très mauvaise chose pour la production manufacturière allemande. Un recours américain au protectionnisme serait très mauvais pour la Chine. Les dieux font d'abord perdre la raison à ceux qu'ils veulent détruire. Il n'est pas trop tard pour trouver des solutions collectives. Les deux parties doivent chercher des ajustements. Oublions la suffisance des leçons de morale. Essayons plutôt de faire preuve de bon sens.

Cette chronique de Martin Wolf, éditorialiste économique, est publiée en partenariat exclusif avec le "Financial Times". © FT.

(Traduit de l'anglais par Gilles Berton)



Article paru dans l'édition du 24.03.10



Ecrit par: P'tit Panda Mardi 23 Mars 2010 23h12
Published on Rue89 (http://www.rue89.com)
Chine : ce qui change (ou pas) après le départ de Google
By Thomas Baïetto
Created 03/23/2010 - 13:11

Plus de deux mois après avoir déclaré que dorénavant, il n'était plus question de s'autocensurer en Chine [2], Google est passé à l'acte ce lundi 22 mars. Son moteur de recherche chinois, Google.cn, s'est réfugié à Hong Kong, devenant Google.com.hk [3]. C'est spectaculaire, c'est inédit mais qu'est-ce que cela change réellement ?

Hong Kong bénéficiant de la liberté d'expression [4], ce Google chinois nouvelle version ne s'autocensure pas. Une requête image « Tiananmen » suffit pour s'en convaincre. Comme tous les Google du monde, c'est la photo de l'homme devant la colonne de chars qui apparait. Sur feu Google.cn, la même recherche vous conduisait à de simples photos de la place.

En revanche, en chinois, si vous tapez la même requête « 天安門 », vous obtiendrez les photos touristiques. Normal, l'essentiel du contenu en langue chinoise vient évidemment de la République populaire de Chine et il est donc scrupuleusement nettoyé. Mais si l'on précise sa recherche, avec par exemple « 天安門學生運動 » (Tiananmen mouvement étudiant), on obtient les photos des événements.

Voilà pour l'honneur de Google.

Mais pour l'internaute chinois, qu'est-ce que cela change réellement ?

Pas grand chose ! Très vite, après quelques recherches sensibles, la machine se grippe, les images disparaissent petit à petit et finalement, impossible même d'afficher la page d'accueil Google.com.hk. Autrement dit, l'internaute a intérêt à bien réfléchir à sa requête, le nombre d'essais est limité. De toute façon, même les premières recherches ne permettent pas d'aller plus loin, les sites obtenus étant pour la plupart bloqués.

De fait, outre la langue, Google.com.hk ne se différencie pas de ses cousins occidentaux (Google.com, Google.fr etc.). Eux aussi sont accessibles depuis la Chine et eux aussi sont très vite réduits à l'impuissance. Concrètement donc, le départ de Google ne change pas grand chose à la réalité de la censure sur l'Internet chinois.

Un symbole utile

Pourtant, c'est un geste important, un symbole loin d'être inutile. Tout d'abord, qu'une entreprise occidentale travaillant en Chine mette un peu de principe dans son action est suffisamment rare pour que l'on s'en réjouisse. Certains objecteront que Google n'aurait pas agi de la sorte s'il avait été le leader sur le marché chinois. C'est probable, mais cela ne retire rien à l'acte et sa portée.

D'autre part, pour l'internaute chinois, il y a tout de même un léger changement. Avant, lorsqu'il utilisait Google, il n'était pas confronté directement à la censure. Maintenant, celle-ci lui sautera aux yeux et l'empêchera de bénéficier des services du meilleur moteur de recherche au monde !

Et après ?

Après avoir longtemps été le complice zélé des autorités chinoises, Google devient donc le premier géant de l'Internet à retirer du marché la version « République populaire de Chine » de son produit. C'est un vrai changement, courageux et bienvenu. Toutefois, de là à affirmer que l'accès à l'information pour les Chinois est amélioré comme le fait David Drummond, directeur juridique, sur le blog officiel de la firme [5], il y a un gouffre.

Ce gouffre, Google pourrait tenter de le franchir en passant à une démarche « offensive » vis-à-vis du système de censure chinois, une solution à laquelle Twitter se consacre déjà [6].

Photo : un homme nettoie le logo Google devant le siège de l'entreprise à Pékin (Alfred Jin/Reuters)
Auparavant complaisant, Google refuse la censure du web chinois [2]
Google cesse de censurer son site chinois et part à Hong Kong [7]
URL source: http://www.rue89.com/chinamerique/2010/03/23/chine-ce-qui-change-ou-pas-apres-le-depart-de-google-144090

Links:
[1] http://www.rue89.com/chinamerique
[2] http://www.rue89.com/chinamerique/2010/01/13/apres-des-annees-de-tolerance-google-refuse-la-censure-du-web-chinois-133474
[3] http://www.google.com.hk
[4] http://www.rue89.com/chinamerique/2010/03/09/reforme-politique-quel-avenir-pour-hong-kong-141805
[5] http://googleblog.blogspot.com/2010/03/new-approach-to-china-update.html
[6] http://www.rue89.com/chinatown/2010/01/29/twitter-sattaque-de-front-a-la-censure-du-web-en-chine-136017
[7] http://www.rue89.com/chinatown/2010/03/22/google-se-retire-de-chine-et-sinstalle-a-lecart-de-la-censure-a-hong-kong-14399

Ecrit par: P'tit Panda Mardi 23 Mars 2010 23h15
Published on Rue89 (http://www.rue89.com)
Google cesse de censurer son site chinois et part à Hong Kong
By Charlotte Cailliez
Created 03/22/2010 - 20:24

Google a annoncé lundi soir [1] qu'il cessait de censurer son site chinois et le transferait à Hong Kong, territoire chinois autonome où il n'y a pas de censure. Cette décision, un retrait de fait de Chine, met fin au bras de fer engagé depuis des semaines entre la société américaine et le gouvernement de Pékin, accusé par Google d'avoir tenté de pénétrer dans ses systèmes informatiques, et d'imposer la censure de son moteur de recherche en chinois. Ces derniers jours, la presse chinoise s'était déchaînée contre Google, carrément accusé de liens avec la CIA, comme l'expliquent nos partenaires d'Aujourd'hui la Chine.

(De Pékin) Les médias d'Etat chinois ne verseront pas de larmes au départ de Google, dont ils fustigent la « politisation » de son différend avec Pékin, et y voient un rappel de l'impérialisme colonial.

L'agence officielle Xinhua et l'organe central du Parti communiste chinois, le Quotidien du Peuple, évoquent tous deux lundi le retrait imminent de Google. Ils se limitent à la critique du moteur de recherche mais ne livrent aucun détail sur le contenu et la teneur des négociations en cours avec les autorités chinoises.

Pour Xinhua, Google est le grand perdant de cette histoire : il s'aliène à la fois le plus grand marché Internet du monde et sa crédibilité auprès des internautes chinois en commettant l'erreur de se « politiser ».

Cette politisation est perçue comme une arrogance insupportable, alors que le groupe californien se permet de défier des règles qu'il avait respecté pour gagner des parts de marché depuis son implantation en 2005.

« Depuis quand une compagnie privée peut se permettre de contester les lois d'un pays ? »

En filigrane, c'est le « soft power » américain qui est visé et Pékin entend bien rappeller que la culture occidentale n'est pas universelle et ne peut prétendre imposer ses valeurs à la Chine.

En toile de fond, le bras de fer latent entre les Etats-unis et la Chine, dans lequel le moteur de recherche est instrumentalisé, selon les médias chinois :

« La collaboration cachée entre Google et les services de sécurité américains est de plus en plus visible. Ce qui ne peut que provoquer le désespoir des internautes chinois. »

Dans les colonnes du Quotidien du Peuple, on n'échappe pas à la rengaine nationaliste qui utilise sempiternellement le souvenir d'une Chine humiliée au 19ème siècle par les puissances occidentales. L'éditorialiste du journal du Parti communiste interpelle ainsi le groupe américain :

« Je ne suis pas sûr que Google ait conscience que son arrogance rappelle aux Chinois l'époque où les puissances occidentales avaient enfoncé les portes de la Chine avec leurs navires de guerre et leurs canons. »

Lettre ouverte d'internautes chinois

Parallèlement, par le biais de Twitter et des forums, une lettre ouverte à Google et au gouvernement chinois circule sur internet. Les internautes s'indignent de la totale opacité des tenants et aboutissants des négociations et réclament des détails par une liste de questions.

Ils demandent des précisions sur les règles de la censure, car mis à part le sexe, la violence et le jeu, clairement définis, nul ne sait comment est mesuré le degré de subversion des informations plus politiques.

Ils se demandent par exemple quelles ont été les limitations imposées à l'information dans de récents scandales comme les accidents de mine, les enfants esclaves dans la briquetterie du Henan, les expropriations violentes ou encore le lait contaminé. Ils sont inquiets de la violation de leur droit à l'information « qui relève de l'intérêt public » et demandent qu'une tierce partie composée de citoyens indépendants puisse arbitrer les problèmes de censure.

L'affaire google a sans conteste amené un grand nombre d'internautes chinois a réaliser à quel point leur gouvernement tente de les couper du monde. Ils sont indignés et considérent que leur droit à l'information est bafoué. Ils sont également très déçus que google ne les ai pas informés et se conduise finalement avec autant d'opacité que les censeurs.

Photo : le siège chinois de Google à Beijing, le 21 mars (Christina Hu/Reuters).

En partenariat avec :
Aujourd'hui la Chine [2]
Blog principal:
Chinatown [3]
Bras de fer Google-Chine : vers un Internet chinois « harmonisé » [4]
L'artiste Ai Weiwei apporte son soutien à Google contre la censure [5]
Le chinois Baidu lève 50 millions de dollars pour concurrencer YouTube [6]
Le communiqué officiel de Google, sur le blog officiel de la société (en anglais) [1]
La réponse chinoise à Google, sur Xinhua.com (en anglais) [7]
URL source: http://www.rue89.com/chinatown/2010/03/22/google-se-retire-de-chine-et-sinstalle-a-lecart-de-la-censure-a-hong-kong-14399

Links:
[1] http://googleblog.blogspot.com/2010/03/new-approach-to-china-update.html
[2] http://www.aujourdhuilachine.com/
[3] http://www.rue89.com/chinatown
[4] http://www.rue89.com/chinatown/2010/01/13/bras-de-fer-google-chine-vers-un-internet-chinois-harmonise-133504
[5] http://www.rue89.com/chinatown/2010/02/10/lartiste-ai-weiwei-apporte-son-soutien-a-google-contre-la-censure-137643
[6] http://www.rue89.com/node/141381
[7] http://news.xinhuanet.com/english2010/china/2010-03/23/c_13220853.htm

Ecrit par: P'tit Panda Mercredi 24 Mars 2010 09h38
L’altérité de la Chine est une construction de sinologues ,
Il n’y a pas de « mystère chinois »


Par Christophe Gaudier, 11 mars

Introduction
Partenaire de plus en plus incontournable des relations internationales, la Chine fascine autant qu’elle inquiète. Elle est souvent présentée comme une terra incognita dont il faudrait connaître les clefs pour pouvoir y pénétrer. Colloques, séminaires, publications se multiplient à destination de ceux qui se proposent d’investir le monde chinois – ou d’y investir, avec comme ambition de révéler ces clefs. Dans ce concert, ceux qui font profession de la connaissance de la Chine, les sinologues, ont leur partition à jouer. Il est navrant que certains d’entre eux – et souvent les plus médiatisés – ne fassent entendre leur voix que pour épaissir le mystère en jouant cette partition sur le thème de l’altérité chinoise alors qu’on attendrait d’eux non pas qu’ils révèlent le mystère mais qu’ils affirment haut et fort : « Il n’y a pas de mystère ! ». En un mot, l’altérité de la Chine est une construction, et les sinologues contribuent souvent à l’édifier. Car il y a une différence considérable entre parler de la Pensée Chinoise et parler de la pensée en Chine.

*

Le temps qui passe, les temps anciens, le temps qu’il fait, les trois temps de la valse, autant d’emplois du mot « temps » que nous distinguons fort bien et nous savons pertinemment qu’il n’existe aucun concept nommé « temps » qui recouvrerait intégralement ces différents emplois. Nous le savons tellement bien que si nous devions traduire chacune de ces expressions dans une langue étrangère, il est probable que nous commencerions par vérifier quel est dans cette langue le mot qui correspond à tel emploi et que nous traduirions chacun de ces temps par un mot différent.

Imaginons maintenant que par le plus grand des arbitraires nous choisissions de traduire systématiquement temps par un même mot. Il y a peu de chance pour que l’étendue des emplois de ce mot recouvre parfaitement celle qu’il a en français. On peut imaginer le désarroi du lecteur, ignorant du français, et les difficultés qu’il aurait à ce faire une idée claire du temps français. Il pourrait en déduire qu’il y a une « pensée française » dans laquelle il existe un concept « temps » qui s’appliquerait indistinctement à des domaines que pour sa part il distingue : la durée, la météorologie, l’histoire, la musique. Il pourrait conclure à l’absence de distinction entre ces domaines dans une « Pensée Française » qui leur appliquerait les mêmes concepts.

Que nous utilisions le même mot pour désigner des réalités différentes et que ce mot puisse par ailleurs recouvrir des concepts ne signifie aucunement que nous n’opérons aucune distinction entre ces réalités, pas plus que cela ne signifie que nous étendions ce concept à l’ensemble de ces réalités. L’exemple peut paraître volontairement outrancier, et il l’est sans doute, mais c’est pourtant ainsi que se construit l’altérité : en posant comme faits de nature ce qui est faits de langage. L’altérité est le caractère de ce qui est autre, de celui qui nous est entièrement différent. C’est selon les cas l’oriental, l’arabe, l’africain, l’asiatique. Cet « autre » ne pense pas comme « nous ». Les concepts qui me sont familiers lui sont étrangers et je ne peux accéder à ceux qu’il utilise couramment. Cet autre donc pense différemment de moi dans des catégories qui me sont étrangères et avec des concepts dont la compréhension m’est refusée.

Pourtant cette fameuse altérité n’est dans la plupart des cas qu’une construction qui repose pour l’essentiel sur des jeux de langage. Elle se base sur la croyance assez naïve que nous avons que les mots désigneraient inévitablement et invariablement des choses et des réalités.

Prenons l’exemple du chinois et du Tao. Je peux considérer qu’il s’agit d’un mot d’emploi fréquent dans des textes et des énoncés de natures diverses, et partant de ce constat chercher à comprendre les sens qu’il recouvre dans ces différents énoncés. La méthode sera alors essentiellement négative, en éliminant les sens qu’il ne peut pas avoir dans un énoncé donné. Je m’appuierais pour cela sur une évidence et une conviction :

- l’évidence, qui devrait apparaître à chacun, est qu’il n’y a aucune raison pour que le chinois et le français ne soit pas également polysémiques : il serait donc étonnant qu’un mot ai dans l’une ou l’autre langue invariablement le même sens dans tous les énoncés où il apparaît ; en retour, je ne vois pas non plus de raison pour qu’il existe en français un mot dont l’étendue des sens qu’il pourra prendre se superpose exactement avec celle des sens d’un mot chinois ;

- la conviction est que l’exigence de sens n’est pas moindre pour un chinois, de quelque époque qu’il soit, que pour un lecteur français, et qu’il n’est pas d’énoncé ayant un sens en une langue qui ne puisse être traduit par un énoncé ayant un sens équivalent en une autre langue ; le travail du traducteur consiste alors à chercher le mot qui en français fait sens de la même manière, et il est certain que ce ne peut être une traduction littérale.

Je peux également considérer que le Tao est plus qu’un mot, que c’est une notion, un concept, qui n’appartient qu’à la « pensée chinoise ». Je peux prendre le parti, adopté par bon nombre de sinologues, de traduire par Voie, ou bien, ce qui revient au même, ne pas traduire et laisser dans le texte français la transcription du mot : le Tao. Je pourrais alors gloser sans fin sur la difficulté à approcher cette « pensée chinoise », et sur l’impossibilité qu’il y a trouver dans la « pensée occidentale » une notion équivalente à celle du Tao. Je ne m’attarderais pas sur la portée opératoire de cet étrange concept qui, selon un « on ne peut nommer », s’applique aussi bien au gouvernement des hommes, à la natation, à la découpe des bœufs, qu’au mouvements des astres et qui selon un autre permet de dormir paisiblement « si on a pu l’entrevoir au cours de la journée ». Je doute simplement qu’il puisse servir à qui que ce soit pour penser quoi que ce soit. Il est en tout cas fort utile pour construire cette fameuse altérité chinoise.

Serais-je en train de dire que les penseurs chinois n’ont pas eu sur la nature, le politique, le pouvoir, les relations entre les hommes et que sais-je encore des idées autres que les miennes, qu’ils ne les ont pas pensé différemment ? Serais-je en train d’affirmer contre l’évidence qu’il n’y a pas en Chine de grandes notions totalisantes dont le Tao serait un exemple ?

Certes non ! Mais n’avons-nous pas, « nous » aussi, un certain nombre de grands Tout tel que la Nature, la Réalité, l’Idée, dont nous serions bien en peine de donner une définition générale qui engloberait leur totalité – et qui ne prennent donc sens que dans des contextes et des textes ? Ne suis-je pas capable de discerner des différences entre l’idée de nature chez Pythagore ou Platon, chez Lucrèce ou Pline, chez Spinoza et Pascal ? Je perçois parfaitement en les lisant que, bien qu’ils utilisent le même mot, le concept de nature n’a pas la même étendue chez l’un et chez l’autre, de même que je ne m’attends nullement à ce que ce mot ait strictement le même sens pour un biologiste que pour un anthropologue. Pourquoi donc, pour peu qu’on me le donne à lire dans une langue intelligible, serais-je face à un auteur chinois soudainement incapable de saisir que là, il ne pense pas tout à fait comme moi ? Ce n’est qu’au prix de cette intelligibilité du texte que je pourrai comprendre en quoi les penseurs chinois ont pensé différemment.

La compréhension d’une pensée dépend peut-être autant de celle de ses enjeux que de celle de ses « théories ». Il n’existe pas de pensée qui ne soit pensée de quelque chose, et ce quelque chose est par définition accessible à l’esprit humain. Comprendre ce qui est pensé, c’est autant comprendre comment il l’est que pourquoi il l’est de la sorte. Pour que l’on puisse y trouver un intérêt qui dépasse la simple érudition, il faut également que l’on puisse en dégager une portée suffisamment générale pour qu’à partir du commun, nous puissions reconnaître du différent :

- je doute par exemple qu’ils soient aujourd’hui nombreux, ceux qui ne trouvent pas abscons les âpres débats théologiques sur la consubstantialité qui agitèrent les débuts de la chrétienté, et cela même en les restituant dans le contexte des rapports entre une église naissante et le pouvoir impérial : c’est qu’en dehors du domaine particulier de la théologie, il est difficile d’extraire de ces débats et des doctrines qui s’affrontèrent une portée générale qui nous concerneraient encore ;

- réciproquement, si nous lisons encore les Provinciales, c’est peut-être pour les qualités littéraires de Pascal, mais c’est plus sûrement parce qu’au delà de la grâce – fût-elle « efficace »ou « suffisante » – à laquelle pour ma part j’avoue ne pas comprendre grand chose, nous pouvons y trouver une réflexion de portée générale sur des sujets qui nous parlent encore tels que le libre arbitre et la détermination – et au delà : la morale, dans le débat qui oppose Pascal aux Jésuites, et par-delà, à l’absolutisme royal.

Il en va de même pour la Chine : si elle peut nous parler, ce n’est pas au nom d’une altérité qui ne nous renvoie jamais qu’à nous même, mais parce nous pouvons trouver, dans les enjeux de la pensée des Chinois, suffisamment de commun et de général pour qu’à partir de lui nous puissions appréhender le différent. Et il est de la responsabilité des sinologues de rendre accessible ce général et ce commun.

Post-scriptum
Christophe Gaudier est architecte, urbaniste et sinologue.

http://lmsi.net/spip.php?article1015

http://www.marianne2.fr/Il-n-y-a-pas-de-mystere-chinois_a189773.html

Ecrit par: P'tit Panda Vendredi 26 Mars 2010 10h46
Les produits bio venant de Chine sont-ils fiables ?
By Sophie Verney-Caillat
Created 03/24/2010 - 19:17
Date de cloture:
12/15/2009 10:24

A juste raison, la provenance des produits et les contrôles inquiètent les consommateurs. A fortiori quand il s'agit du bio. Ce qui vient de Chine a-t-il des raisons d'être moins fiable que ce qui est produit chez nous ? Et d'ailleurs, quelle part des produits bio dans les rayons français sont importés de Chine ?

La Chine est un nain du bio, à l'image de l'Asie, continent qui ne représente que 9% des surfaces agricoles cultivées en bio dans le monde, selon les derniers chiffres de l'Agence bio [1] (2007). La Chine a beau totaliser 52% du « territoire bio » asiatique, cela reste peu. Les volumes d'importation ne sont pas connus car les statistiques d'importation de l'agriculture biologique sont faites seulement au niveau européen.

La directrice de l'Agence bio [2], Elisabeth Mercier, nous jure qu'en France, il y a « très très peu » de produits bio chinois. En l'absence de statistiques, Rue89 a interrogé le responsable de la certification internationale d'Ecocert [3], Michel Reynaud, qui nous explique :

« On trouve très peu de produits bio venant de Chine, du soja transformé qui entre dans l'alimentation animale, un peu de thé vert et du ginseng. Il y aussi un peu de sarrazin pour la farine et de la gelée royale. »

Bizarrement, l'Agence bio a souvenir d'une alerte sur le tourteau de soja au niveau européen et n'a pas connaissance que la filière ait été réautorisée.

Ecocert n'est pas l'unique certificateur de produits bio importés de Chine en France, mais le principal, et les autres fonctionnent à peu près de la même façon. Notons qu'en Europe, Pays-Bas et Allemagne sont de bien plus gros consommateurs, donc importateurs, que nous. Sans parler du marché américain.
Un double contrôle, sur place et en France

Une filière biologique s'est développée en Chine, au sein du département de l'agriculture durable de l'université de Pékin, il y a une dizaine d'années. Une réglementation est née en 2008 avec la création d'un label bio local qui retient « les mêmes critères que la réglementation européenne » et s'applique produit par produit, nous assure Michel Reynaud.

Désormais, une vingtaine de personnes sont employées par Ecocert Chine, filiale du groupe international. Comme partout, les équipes sont composées de certificateurs qui vérifient la conformité des produits aux critères, et d'auditeurs qui mènent des visites sur le terrain.

Lorsqu'ils sont importés en France, les produits doivent être visés par le ministère de l'Agriculture. Celui-ci vérifie que les produits sont conformes à la réglementation européenne sur le bio :

« Il y a donc un double contrôle, même si celui de la France est purement administratif. Le ministère peut nous demander des précisions, des renforcements du contrôle même si cela arrive rarement. »

Le thé vert venu de Chine peut ensuite obtenir le label AB ou celui du nouveau label bio européen, une fois passé au filtre des critères français.
Ne pas tomber dans le pièce du « risque pays »

Ecocert nous dit qu'il adapte son plan de contrôle aux niveaux de risques du pays producteur. La Chine nécessite-t-elle plus de contrôle ? Sur ce point, Michel Reynaud refuse de « tomber dans le piège du risque-pays » [ce qui vient de Chine donnant moins confiance en général, ce serait aussi le cas pour le bio, ndlr], tout en tentant « d'être plus vigilant parce que ce pays n'a pas le même historique ni le même encadrement. »

Parmi les risques « objectifs » identifiés :

*

Une offre trop importante : s'il y a une offre vraiment supérieure à la demande, le risque est plus grand. Cela dépend des filières et Ecocert adapte le niveau de ses contrôles.
*

Le manque d'encadrement : en Europe, les agriculteurs disposent de conseillers à l'agriculture biologique qui aident à la transition, pas en Chine.
*

La contamination du bio par l'agriculture traditionnelle, qui peut être un risque important.

Et le bilan carbone ?

Autre question posée par Oie blanche : un produit bio venu de Chine émet-il plus de CO2 que son équivalent européen ? La comparaison n'existe pas produit par produit, mais Max Havelaar, à qui nous avons posé la question, est nuancé : une étude suisse dresse le bilan carbone [4] comparé d'un sucre de betterave produit en Suisse ou Allemagne et d'un sucre de canne bio et issu du commerce équitable importé d'Amérique latine et, surprise, le produit qui a voyagé par bateau émet moins de CO2 que celui issu d'un processus industriel à l'européenne.

► Mise à jour le 25/03 à 11h30. Suite à une remarque d'un riverain, remplacement de l'ancienne photo (thé au jasmin) par du thé vert.

Photo : du thé vert au fond d'une théière dans un restaurant de Shanghai (Bentza [5]/Flickr)

► Les commentaires de cette question-réponse sont clos, mais d'autres interrogations attendent vos contributions [6].

A lire aussi sur Rue89

La France, lanterne rouge de l'agriculture bio européenne [7]
L'auteur de la quesion:
oie blanche

Ecrit par: P'tit Panda Vendredi 26 Mars 2010 19h49
Des entreprises américaines prennent leurs distances avec la Chine
LEMONDE.FR avec AFP | 26.03.10 | 11h40

Dans le sillage de Google, deux entreprises américaines du secteur des nouvelles technologies sont sur le point de prendre leurs distances avec la Chine. Godaddy, l'un des plus importants vendeurs de noms de domaine, a annoncé qu'il cesserait de proposer des noms de domaine en .cn, l'extension chinoise.

La décision de Godaddy n'est pas directement liée au conflit qui oppose Google et Pékin, mais aux nouvelles règles édictées par le gouvernement chinois pour la création de nouveaux sites. Dans le cadre de son programme de lutte contre la pornographie sur Internet, Pékin a en effet annoncé qu'il faudrait désormais faire physiquement la preuve de son identité pour enregistrer un site en .cn, en se présentant muni d'une pièce d'identité, et fournir une photo d'identité. Jusqu'ici, il était possible d'acheter un nom de domaine en déclarant en ligne son identité et en fournissant des coordonnées, comme c'est le cas pour la quasi-totalité des noms de domaine dans le monde. Pékin souhaite que ce contrôle soit rétroactif, c'est-à-dire que les propriétaires de noms de domaine déjà enregistrés fassent la preuve de leur identité.

"Notre décision n'a rien à voir avec celle de Google", a expliqué Christine Jones, conseillère juridique de l'entreprise, lors d'une audition devant une commission du Congrès américain. "Nous avons simplement décidé que nous ne souhaitions pas être des agents de l'Etat chinois", a-t-elle expliqué.

Le fabriquant d'ordinateurs américain Dell envisagerait lui aussi de mettre fin à une large partie de son activité en Chine, d'après des informations du Hindustani Times. D'après le journal, le premier ministre indien, Manmohan Singh, aurait été informé que le groupe souhaitait transférer ses activités de construction d'ordinateurs "dans un environnement plus sûr", à savoir l'Inde. L'information n'a pas été confirmée par Dell, qui a connu une très forte croissance sur le marché chinois ces dernières années et a conclu plusieurs partenariats avec des administrations et entreprises chinoises.


Ecrit par: P'tit Panda Vendredi 26 Mars 2010 19h54
Le recul des forêts dans le monde ralentit grâce aux plans de reboisement de la Chine et de l'Inde
LE MONDE | 26.03.10 | 15h46 • Mis à jour le 26.03.10 | 15h46

Bonne nouvelle, le rythme de la déforestation ralentit dans le monde. Mauvaise nouvelle, cette rupture par rapport au mouvement observé depuis plusieurs décennies s'explique pour l'essentiel par les plantations d'arbres à grande échelle auxquelles se livrent la Chine et l'Inde. Plantations dont la valeur écologique est loin de compenser celle des grandes forêts tropicales qui elles continuent de disparaître "à un rythme alarmant" dans certains pays, selon l'étude sur l'"Evaluation des ressources forestières mondiales" présentée, jeudi 25 mars, par l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO).

Au cours des années 2000, 13 millions d'hectares de forêts - soit la superficie de la Grèce - ont disparu en moyenne chaque année. Mais les nouvelles plantations et, dans certaines régions comme l'Europe, l'extension naturelle des forêts ont permis de ramener la perte nette d'espaces forestiers de 8,3 millions d'hectares par an au cours de la période 1990-2000 à 5,2 millions d'hectares par an au cours de la décennie suivante. Pour l'essentiel, la quête de nouvelles terres agricoles pour nourrir la population locale et l'extension des grandes exploitations à vocation exportatrice est à l'origine du recul des forêts. Le développement des biocarburants exerce une nouvelle pression.

Les forêts couvrent 31 % de la superficie totale des terres dans le monde, et cinq pays - Brésil, Canada, Chine, Etats-Unis, Russie - en possèdent plus de la moitié selon l'étude de la FAO qui constitue, à ce jour, l'évaluation la plus exhaustive. Sans être toutefois en mesure, compte tenu du manque de données dans de nombreux pays, de cerner avec précision l'ampleur de la déforestation. Les pays où la forêt disparaît le plus vite sont le Brésil, l'Indonésie mais aussi l'Australie en raison de la sécheresse et des incendies qui ont ravagé le pays au cours des dernières années. La FAO salue toutefois les efforts du Brésil qui s'est fixé pour objectif de réduire la déforestation de 80 % d'ici à 2020.

L'institution onusienne parie sur l'adoption du mécanisme dit de "déforestation évitée" dans le cadre des négociations climatiques internationales pour freiner le recul de la forêt. Ce mécanisme prévoit de récompenser financièrement les pays qui protégeront leurs forêts ou en accroîtront la superficie. La déforestation est à l'origine d'environ 20 % des émissions de gaz à effet de serre, autant que tous les transports réunis.

Laurence Caramel
Article paru dans l'édition du 27.03.10


Ecrit par: P'tit Panda Vendredi 26 Mars 2010 19h58
Mauvaise année pour les tigres, par Bruno Philip
LE MONDE | 26.03.10 | 13h43 • Mis à jour le 26.03.10 | 13h43

L'année du Tigre a bien mal commencé. A peine les fêtes du Nouvel An chinois étaient-elles terminées, qu'un scandale est venu illustrer le sort misérable du redoutable et superbe Panthera tigris, l'un des douze animaux du zodiaque chinois. L'affaire a fait du bruit médiatique et a donné du grain à moudre aux internautes : le 12 mars, la presse a rapporté que, ces trois derniers mois, douze tigres sibériens d'un zoo de la province du Liaoning, au nord-est du pays, sont morts de faim dans leurs cages. En novembre, dans le même zoo, deux félins affamés avaient tenté de dévorer un de leurs gardiens, gravement blessé.

Le responsable adjoint du bureau de la protection des animaux sauvages de la province, Liu Xiaogang, a dû reconnaître devant les journalistes que bon nombre des deux cents zoos chinois, hormis ceux des grandes villes comme Pékin et Shanghaï, n'ont souvent pas les moyens de subvenir aux besoins des animaux : "Beaucoup de zoos privés subissent de fortes pressions financières et la plupart n'ont pas assez de ressources pour nourrir leurs pensionnaires." Pire encore, a-t-il souligné : "Certains tigres sont confinés dans des cages trop petites où ils survivent sans chauffage et ne sont nourris que d'os de poulet." Quand on sait qu'un tigre adulte peut dévorer 10 kilos de viande par jour, on a une idée de ce qu'il peut ressentir devant cette maigre pitance.

Les autorités avaient pourtant, au début des années 1980, mis sur pied des programmes censés protéger le félin de son inexorable extinction en Asie. Des fermes d'élevage avaient été créées afin de tenter de garantir la survie des tigres. Selon les statistiques officielles, s'il y en a aujourd'hui environ 6 000 en captivité, ils ne seraient plus qu'une soixantaine à l'état sauvage - dans l'ancienne Mandchourie et les provinces du Yunnan, du Guizhou, du Fujian... Les tigres sibériens se réduiraient à une vingtaine d'individus dans les régions frontalières de la Russie. Quant aux "tigres de Chine du Sud", l'une des trois autres sous-espèces du pays, qui étaient encore au nombre de 4 000 dans les années 1950, personne n'en a vu depuis le début des années 1980. L'un des directeurs du World Wild Life Fund (WWF) en Chine, Zhu Chunquan, avait enfoncé le clou en début d'année en prédisant que, "si aucune mesure urgente n'était prise, il y avait de fortes chances que le tigre chinois encore à l'état sauvage disparaisse".

Le manque de fonds dévolus aux zoos n'est pas le seul motif d'indignation qui a agité la presse ces derniers temps : depuis longtemps, les organismes internationaux de protection des espèces menacées soupçonnent les responsables des zoos et des fermes de se livrer à un juteux commerce : la vente de pénis, d'os et de différentes autres parties du tigre est une affaire qui marche en Chine continentale, mais aussi parmi la diaspora des "célestes" en Asie du Sud-Est - Singapour, Thaïlande etc. La "liqueur" de tigre et autres produits dérivés de l'animal sont utilisés dans la médecine chinoise traditionnelle pour leurs vertus curatives. Sans oublier que ces mêmes dérivés sont supposés être de puissants aphrodisiaques. La République populaire a beau avoir signé en 1993 un accord interdisant le commerce international des os du tigre, les pratiques n'ont pas disparu au niveau local.

Selon le quotidien Les Nouvelles de Pékin, qui a cité anonymement un responsable du zoo du Liaoning où les tigres sont morts de faim, "il n'était un secret pour personne que le zoo produisait de la liqueur d'os de tigre"... Même accusation contre les fameuses "fermes d'élevage" : selon Mme Hua Ning, directeur de projet de la Fondation internationale pour le bien-être des animaux, "on a vu des cas où les responsables plongent les os des tigres morts dans l'alcool pour les vendre aux visiteurs". Elle va même jusqu'à penser que certaines de ces fermes "sont en train d'élever des animaux en espérant que, dans un futur proche, la Chine finira par renoncer à imposer l'interdiction sur la vente de produits de tigre". Sous-entendu : pour que le business continue, ou reprenne...

Le scandale a conduit les autorités à mener l'enquête : un officiel s'est rendu à la mi-mars dans le zoo où les tigres sont morts et a affirmé n'avoir trouvé aucune trace de production interdite de "vin d'os de tigre". Las ! Un gardien interrogé par la très officielle et très gouvernementale agence de presse Chine nouvelle (Xinhua) a affirmé que les os des animaux ont bien été conservés "pour faire des liqueurs données à des invités importants". Traduction : des membres du parti ou des officiels de poids. Le scandale aura toutefois eu des répercussions positives. La presse a annoncé que le zoo du Liaoning va recevoir des subventions de l'ordre de 1 million de dollars. Il était temps : sur le Net, certains se déchaînaient et osaient de douteuses comparaisons : "Une espèce protégée meurt de faim sans pouvoir s'exprimer ? Comme les Chinois qui, lorsqu'ils protestent, sont réprimés par le pouvoir ?" (signé d'un internaute du joli nom de "Long Serpent").

Pendant ce temps, l'année du Tigre bat son plein et, parce qu'elle est synonyme de force, certaines Chinoises respectent le vieil adage selon lequel une fille née dans l'année du gros chat risque d'être une femme par trop rugissante. Du coup, le taux de natalité dans Pékin a déjà sensiblement chuté depuis la fin février. En 2007, l'année du cochon avait été particulièrement féconde.

Courriel : philip@lemonde.fr.

Bruno Philip
Article paru dans l'édition du 27.03.10


Ecrit par: P'tit Panda Vendredi 26 Mars 2010 19h59
La vengeance de la Chine, par Claude Henry
LEMONDE.FR | 26.03.10 | 14h49

Visiter le Palais d'été – cet immense domaine de temples, de palais, d'allées couvertes décorées jusque dans les moindres recoins, de lacs, de canaux, de ponts en accent circonflexe – par une des rares journées dans l'année où la pollution n'obscurcit pas le ciel de Pékin, est une expérience extraordinaire. Pour un visiteur français (ou britannique), c'est aussi une rude leçon d'histoire. Monument après monument, il peut lire : a été détruit, et pillé le cas échéant, par les troupes franco-britanniques en 1860, a été reconstruit en 1902 par l'impératrice Cixi. Le sac du Palais d'été n'occupe pas une place importante dans nos livres d'histoire ; dans les livres chinois, si. Honte aujourd'hui pour les Français qui le découvrent, humiliation encore vivement ressentie par les Chinois. Et il y en a eu des humiliations, aux mains des Américains, des Européens, des Japonais. Comme le dit Mme Zhou, membre de l'Académie chinoise des sciences sociales, "la Chine a été l'éternelle perdante, pendant un siècle ou deux. La Chine a été attaquée, la Chine a été occupée, la Chine a été humiliée. Maintenant la première priorité de la Chine est de regagner sa force. Le reste viendra plus tard". En ce premier jour de l'année du Tigre plus que jamais.

Le reste : la crise économique et financière mondiale – que la Chine a d'ailleurs utilisée comme tremplin pour prendre un nouvel avantage sur l'Occident et le Japon –, les tensions commerciales et monétaires, les avancées atomiques de l'Iran, le changement climatique. Mais plus tard, ne sera-t-il pas trop tard, en particulier pour le changement climatique ?

L'institut Goddard de la NASA vient de publier les données les plus récentes sur l'évolution des températures terrestres. Il en ressort que la décennie 2000-2009 a été la plus chaude depuis que des mesures systématiques sont faites (1880). Ce n'est pas étonnant : les températures terrestres montent au fur et à mesure que les densités de gaz à effet de serre (dioxyde de carbone CO2 et méthane CH4 principalement) augmentent dans la haute atmosphère, de 285 ppm (parties par million) au début du XIXe siècle à 435 en 2009, avec une forte accélération depuis 1970 (de 1930 à 1950, la densité a augmenté de 0,5 ppm par an, de 1950 à 1970 de 1 ppm par an, de 1970 à 1990 d'un peu plus de 1,5 ppm par an, et de 2,5 ppm par an depuis).

Les augmentations de densité sont elles-mêmes essentiellement la conséquence des émissions de gaz à effet de serre dues aux activités humaines : faibles au début du XIXe siècle, elles atteignent maintenant 47 milliards de tonnes d'équivalent CO2, avec ici aussi une forte accélération. Avec la croissance économique à laquelle aspirent tous les pays en développement et qu'un nombre croissant d'entre eux réalisent à des niveaux de plus en plus impressionnants, l'accélération elle-même va s'accélérer, et on pourrait dans ces conditions enregistrer des émissions (toujours annuelles bien sûr) de l'ordre de 100 milliards de tonnes au milieu de ce siècle. Sur une pareille trajectoire des émissions, des densités et des températures, on s'attend à rencontrer – au XXIe siècle, pas dans un avenir indistinct – ce que les mathématiciens appellent des points de bifurcation : le système bifurque vers une autre trajectoire ou les phénomènes s'emballent parce que de puissantes boucles de rétroaction se mettent à fonctionner, sous la forme par exemple d'une débâcle du permafrost dans le Nord canadien et en Sibérie, libérant d'énormes quantités de méthane ; ou sous la forme d'un réchauffement des océans suffisant pour qu'ils réémettent du CO2 au lieu de continuer à en absorber. Cela conduirait la planète vers un état qu'elle n'a pas connu depuis des millions d'années, et dont l'humanité n'a jamais expérimenté les conditions, peu favorables à son épanouissement.

L'environnement naturel en Chine – air, rivières, terres arables, forêts (en dépit pour celles-ci d'un effort considérable de reboisement) – est déjà un des plus dégradés du monde. La Chine, en outre, devrait particulièrement souffrir des conséquences d'un changement climatique drastique : submersion des zones côtières économiquement les plus prospères ; pénuries d'eau insupportables – un symbole : le fleuve Jaune, matrice historique de la Chine, transformé (transformation déjà engagée) en oued-érosion des terres arables, peu abondantes en Chine proportionnellement à la population, par des vents encore plus violents que ceux qui chaque printemps enveloppent Pékin de tourbillons de sable. Si tout cela était la faute du reste du monde – ce serait le cas si les émissions chinoises de gaz à effet de serre étaient restées au niveau modeste où elles étaient il y a vingt ans –, alors sans doute le gouvernement chinois pousserait-il à un accord international imposant des réductions sévères des émissions globales de gaz à effet de serre. Mais la Chine est maintenant le premier émetteur, avec près du quart des émissions mondiales, soit un peu plus que les Etats-Unis. Dans le cadre d'un accord international, il lui faudrait donc faire un effort conséquent, et être partie prenante aux droits et aux devoirs d'une gouvernance internationale. Elle n'en veut pas. Pourquoi ?

Un premier élément de réponse, de nature économique, est suggéré par Eswar Prasad, professeur à Cornell University et précédemment chef de la division Chine au FMI : "Voici l'essence de la stratégie chinoise : maintenir le rythme de fonctionnement de la machine à un niveau suffisamment élevé." Tout ce qui menacerait de faire descendre le rythme de la croissance économique en dessous de 8 à 9 % est inacceptable, car tous les maux de leur société pourraient devenir insupportables aux Chinois, dans la mesure où ils ne seraient plus suffisamment compensés.

A ce rythme de croissance, les nouveaux investissements en capital fixe (nouveaux équipements de production – de production d'énergie en particulier –, nouveaux équipements de transport, nouveaux logements), lesquels ont en général une meilleure efficacité énergétique que les générations précédentes d'investissements, vont vite représenter une part importante du capital fixe total chinois. Et il y a aussi le fait que l'économie chinoise dans son ensemble évolue vers des activités moins gourmandes en énergie. Il en résultera une diminution de l'intensité énergétique chinoise, c'est-à-dire la quantité d'énergie consommée par unité de PIB produite, diminution qui devrait s'élever, selon le gouvernement chinois, à 40-45 % d'ici à 2020. Ces prévisions de réduction de l'intensité énergétique semblent effectivement cohérentes avec les taux de croissance économique considérés comme nécessaires ; elles ne traduisent donc en rien un effort spécifique en faveur du climat ; elles sont d'ailleurs également cohérentes avec un doublement environ des émissions chinoises de gaz à effet de serre.

L'évolution de l'économie chinoise qui vient d'être esquissée est une évolution de référence pour les autorités centrales à Pékin. Mais les autorités centrales sont loin d'avoir tous les pouvoirs qu'imagineraient des observateurs superficiels, pour qui la Chine est un pays autoritaire et pyramidal. Autoritaire certes, pyramidal non. Deng Xiaoping avait voulu une Chine économiquement décentralisée. Elle ne l'est peut-être pas sous les formes qu'il avait imaginées, mais elle l'est à sa façon : les autorités contrôlant les régions et les grandes villes – imbrications souvent mafieuses de bureaucrates membres du Parti communiste et d'entrepreneurs privés ou publics, en particulier dans les secteurs du bâtiment et de l'immobilier – refusent absolument toute entrave à la marche d'affaires souvent très profitables ; et à leur niveau, les affaires sont d'autant plus profitables que les technologies sont moins sophistiquées et les pollutions moins maîtrisées. Comment, dans ces conditions, faire respecter des injonctions à moins polluer, en particulier à émettre moins de gaz à effet de serre ?

La stabilité du pouvoir en Chine repose essentiellement (outre sur les instruments de contrôle de la population que sont les forces de sécurité, les organes de censure, l'armée, une justice sans aucune indépendance) sur une croissance économique suffisante pour fidéliser une classe moyenne en expansion ; et sur la fierté nationale qui se nourrit du contraste entre les humiliations passées et une force aujourd'hui déjà imposante, et qui promet de l'être davantage encore demain. Cette fierté nationale, qui soulève une partie de la jeunesse en vagues d'hystérie nationaliste sur Internet, dans les stades ou la rue, est très chatouilleuse en matière de souveraineté nationale ; cela ne touche pas seulement au retour de Taïwan à la Chine, au contrôle du Tibet et du Sin-Kiang par les Chinois Han, aux litiges territoriaux avec l'Inde, mais à tout ce qui viendrait brider la liberté d'action de la Chine. Par exemple, un accord international imposant des efforts significatifs pour réduire les atteintes au climat. Qui pourrait amener la Chine à surmonter ces blocages ? Il faudrait une très forte dynamique internationale, qu'effectivement le candidat Barack Obama avait évoquée.

Pendant la campagne présidentielle, en complète opposition avec la politique climatique de l'administration Bush, Barack Obama avait ouvert la perspective d'un leadership des Etats-Unis, un leadership responsable et hardi, pour maîtriser le changement climatique. Les Etats-Unis, par leur action et leur exemple, sur le chemin ouvert par l'Europe, entraîneraient la communauté internationale ; alors, même la Chine ne pourrait pas faire autrement que de se joindre au mouvement.

Sur ce chemin, cependant, les Pères fondateurs ont posé deux obstacles de taille. S'étant battus contre le pouvoir arbitraire d'un monarque, ils ont dans la Constitution strictement limité les pouvoirs du président, particulièrement dans les affaires intérieures. Second obstacle : craignant les lois qui empiètent sur la liberté de l'individu, ils ont conçu pour le Congrès des règles de fonctionnement qui rendent la production de lois compliquée. L'une des plus étranges (elle n'est pas d'origine mais contribue au freinage voulu à l'origine) est la nécessité de réunir 60 voix, sur 100 sénateurs, pour prononcer la clôture d'un débat au Sénat ; après quoi seulement, on peut passer au vote du texte en examen. Comment y parvenir sinon, de modification en modification, en dénaturant le projet, et en"achetant" par des faveurs à son Etat la voix de tel ou tel sénateur plus "réaliste" encore que ses collègues ? Pour qu'un projet franchisse ces obstacles en conservant à peu près intacte son intégrité, il faut un appui large et puissant de l'opinion publique.

Aujourd'hui, il n'y a aucun appui large pour quoi que ce soit aux Etats-Unis. L'opinion publique américaine est inquiète, divisée, flottante, prête à voter demain (élections de 2010) à l'opposé de ce qu'elle a voté hier (élections de 2008). Un journaliste vedette du New York Times, Thomas Friedman, s'est dit stupéfait d'avoir été sans cesse interrogé à Davos sur "l'instabilité politique" aux Etats-Unis, comme s'il s'agissait d'un de ces pays aux gouvernants perpétuellement changeants. L'opinion publique, déboussolée par la crise intérieure et la perte d'influence extérieure, oscille effectivement par grandes masses, et le système politique est de ce fait encore plus bloqué que ne l'avaient voulu les Pères fondateurs. La politique climatique n'échappe ni aux divisions, ni aux flottements, ni aux blocages. Pourquoi se soucier d'un changement climatique ? Dieu n'a-t-il pas assuré à Noé que plus jamais il ne remettrait en danger Sa Création ? Mais ce n'est pas Dieu qui aujourd'hui menace Sa Création, ce sont les hommes, et il faut immédiatement arrêter cela. La science nous dit que les dangers du changement climatique sont immenses ; cette prétendue science a été forgée pour casser l'économie américaine. Plus une seule centrale électrique au charbon ne doit être construite sur le territoire des Etats-Unis ; le charbon est la première ressource énergétique américaine, nous avons les meilleurs gisements au monde, nous n'allons pas nous en priver.

Chine crispée, l'œil rivé sur le cadran de sa course folle, Amérique divisée et impuissante, tout finira-t-il comme dans la fable égyptienne : le scorpion traverse le Nil sur le dos de la grenouille ; au milieu du fleuve, il lui annonce qu'il s'apprête à la piquer ; tu es stupide, tu vas couler avec moi ; je sais mais je ne peux pas m'en empêcher.

Mais peut-être la Chine prendra-t-elle bientôt peur, peur que le changement climatique soit en passe de devenir la principale menace pour cette "stabilité" qui est l'obsession du Parti communiste. Et peut-être l'extraordinaire inventivité de l'Amérique, cette inventivité qu'un régime autoritaire régimente dès l'école primaire, la mettra-t-elle sur ce "bon" chemin dont Winston Churchill disait qu'elle finit toujours par le trouver... après avoir exploré les autres. Il vaudrait quand même mieux que ces conversions ne tardent pas trop.

Claude Henry est professeur à Sciences-Po et à l'Université de Columbia.



Ecrit par: P'tit Panda Vendredi 26 Mars 2010 20h00
LA CHINE, UN COLOSSE AUX PIEDS D'ARGILE ?
Le secret de la longévité du PCC, par Thi Minh-Hoang Ngo
LE MONDE | 26.03.10 | 13h49 • Mis à jour le 26.03.10 | 13h49

Pour comprendre pourquoi le Parti communiste chinois (PCC) est aussi apte à durer malgré les manifestations qui se multiplient dans la société, il faut remonter à l'histoire de la révolution communiste chinoise, au commencement de la guerre sino-japonaise (1937-1945). Car c'est à ce moment-là que le PCC a fait le pari de pénétrer profondément dans la société en la politisant à l'extrême et en transformant les identités régionales et locales en une identité nationale.

En recourant à des méthodes léninistes de la critique et de l'autocritique, à la constitution de dossiers personnels également, le PCC s'est immiscé dans les rapports sociaux et familiaux, contraignant chaque Chinois à renoncer à sa famille, ses amis et son réseau de relations personnelles pour s'identifier et se dévouer au Parti.

La violence et la destruction psychologique qui ont accompagné ce processus révolutionnaire ont été suivies d'une reconstruction psychologique marquée par la soumission, mais aussi l'adhésion et la fidélité au parti.

Le langage du PCC, ses principes, ses normes ont été appropriés par la société non seulement dans l'espace public, mais aussi dans l'espace privé qui, malgré la collectivisation agraire, l'omniprésence de l'unité de travail, la "danwei", n'avait pas totalement disparu. L'espace privé a été politisé, il s'est conservé dans l'espace public qu'étaient le village collectivisé ou l'unité de travail. Ce processus révolutionnaire hybride a permis au PCC d'établir une relation directe avec chaque individu et d'affirmer son omniprésence dans la société.

Aujourd'hui, l'intense politisation de la société permet au PCC de composer avec les manifestations et revendications multiples qui s'expriment dans le langage et en utilisant les normes du parti. C'est de la capacité du PCC à développer un langage commun avec les différentes couches sociales en intégrant leurs revendications et leurs préoccupations liées à l'environnement, à la santé, à la justice sociale dans son arsenal idéologique que dépendent la légitimité du parti et sa capacité à durer.

Identité nationale

Du fait de l'histoire de la révolution communiste qui a posé les fondements des relations entre le parti et la société, on ne peut comprendre la Chine d'aujourd'hui du seul point de vue des dissidents. Il est nécessaire de penser le Parti communiste chinois dans son interaction avec la société en raison du langage commun qui les lie tous les deux. Prenez les paysans. Le PCC leur a donné le formidable pouvoir de s'exprimer dans un langage révolutionnaire pendant la révolution communiste chinoise. C'est ce pouvoir d'expression que les paysans utilisent contre les expropriations et les abus des cadres locaux en appelant directement au parti.

La société chinoise est puissante et elle est capable de l'exprimer aujourd'hui. Le PCC le sait parfaitement, car c'est lui-même qui lui a donné cette puissance, en particulier aux paysans, au moment de la révolution communiste chinoise.

Le PCC doit maintenant, pour durer, proposer à cette société une identité nationale forte, fondée sur l'histoire de la révolution communiste, mais qui intègre aussi des identités à la fois locales et inscrites dans un espace mondialisé créé par l'adoption du capitalisme, les migrations, les communautés de Chinois d'outre-mer, la révolution numérique.

Le Parti communiste chinois sera-t-il capable de proposer un langage et des symboles identitaires permettant de se rallier la majorité des Chinois ? La révolution n'est pas finie en Chine. La société chinoise réclame des droits et du pouvoir. Le PCC saura-t-il répondre à ce défi pour conserver sa légitimité ?

C'est en tout cas plus au regard de l'histoire des relations et des interactions entre le parti et la société que de la répression que l'on peut comprendre l'évolution de la Chine d'aujourd'hui.

Thi Minh-Hoang Ngo est historienne spécialiste de la Chine contemporaine, Institut de recherche sur le Sud-Est asiatique (Irsea).


Article paru dans l'édition du 27.03.10


Ecrit par: P'tit Panda Vendredi 26 Mars 2010 20h01
Le leadership relève de circonstances historiques, pas des droits de l'homme, par Jean-Louis Rocca
LE MONDE | 26.03.10 | 13h49

On peut aboutir à une juste conclusion avec un raisonnement faux. Le point de vue de François Fourquet (Le Monde du 23 février) en est un bon exemple. La conclusion est de bon sens : la Chine ne peut, à l'heure actuelle, prétendre à une position de "leader mondial". Mais la démonstration proposée n'est guère satisfaisante. Elle part du principe que ce qui manque à la Chine est un "esprit de tolérance", une "religion de la démocratie et des droits de l'homme". La spécificité des anciennes (Hollande, Angleterre) et actuelle (Etats-Unis) puissances dominantes résiderait dans une sorte de principe transcendant d'accueil des réfugiés du monde. A l'inverse, la Chine n'a pas été visitée par cet "esprit de tolérance" et cette "religion " de l'accueil et des droits de l'homme.

Le raisonnement a le défaut, comme dans la pensée néoconservatrice, de traiter avec un beau mépris la réalité historique. On érige deux constructions mythiques dont l'une est habitée par une "idée" tombée du ciel. Il n'est pourtant pas nécessaire d'être historien pour démonter le mythe. Le moins que l'on puisse dire est que l'Angleterre n'est jamais apparue comme un parangon de tolérance. Les catholiques et les protestants anglais, massacrés ou exilés, et les Irlandais, délibérément abandonnés lors de la grande famine, s'en souviennent. Certes, on rétorquera que les véritables intentions de ces persécutions sont politiques, mais, précisément, l'exemple démontre que la religion est moins une question d'"esprit" que de pouvoir.

Quant aux Etats-Unis, ce n'est pas "l'esprit de tolérance" ou la religion des droits de l'homme qui explique leur ouverture au monde, c'est le besoin de main-d'oeuvre. Le prouve toute la politique d'immigration depuis le début du XIXe siècle : la façon dont les candidats à l'immigration étaient accueillis, les restrictions et les discriminations dont ont été victimes les non-WASP. On pourrait citer aussi l'ignoble traitement qu'a subi la population noire.

L'autre mythe, celui d'une Chine à "demi totalitaire" (comment peut-on contrôler une société à moitié totalement ?), n'est pas plus consistant. Certes, la Chine n'a pas la religion des droits de l'homme, mais la situation est néanmoins très différente de celle qui régnait voici une cinquantaine d'années. A côté des dissidents patentés, il existe une multitude de Chinois de toutes conditions qui participent à une pléthore de mouvements sociaux. De plus, il est faux de dire que la liberté de religion n'existe pas, elle est en réalité à peu près totale : on voit même fleurir un peu partout des "églises protestantes". Tout acte interprété par les autorités comme politique peut être occasion à répression ou à harcèlement. On voit bien comment, à la manière de ce qui se passait en Angleterre, il est moins question ici de croyances que de pouvoir.

Les véritables raisons de la difficulté que rencontre et que rencontrera la Chine à dominer le monde ne sont pas à rechercher dans l'absence d'un "esprit" désincarné mais dans des circonstances historiques particulières.

A peine colonisée pendant un siècle et coupée du monde pendant près de quarante ans, la Chine connaît très mal le monde qu'elle veut dominer. Les dirigeants ne comprennent rien à la technologie du pouvoir démocratique qui permet aux classes dirigeantes de contrôler le peuple au nom de la légitimité populaire. Ils croient que toute forme d'élections sérieuses pourrait sonner le glas de leur domination.

Une bonne partie de la population est elle-même persuadée que les élections "c'est le chaos". Tout cela repose donc sur une méconnaissance parfois étonnante des réalités étrangères. Les spécialistes des pays occidentaux ont rarement séjourné longuement sur place et la plupart des étudiants chinois qui viennent faire des thèses en France choisissent un sujet portant sur la Chine. La quasi-totalité des sociologues travaille sur la Chine, tandis que les sexagénaires et les quinquagénaires qui gouvernent le pays connaissent mieux l'URSS que le monde "libre". Dans ce contexte, il n'est pas étonnant que la Chine ne sache pas manipuler les symboles ou maîtriser les relations publiques internationales, et réprime des dissidents qui n'ont pourtant guère d'audience.

Cela dit, pourquoi pinailler sur le raisonnement puisque la conclusion est juste ? Parce que, si l'argument métaphysique est remplacé par la trajectoire historique, la prospective est différente. Dans le premier cas, seule l'intervention de la providence pourrait amener la Chine à "se convertir" à la démocratie et aux droits de l'homme. Dans le deuxième cas, la succession de cohortes de jeunes diplômés à l'étranger et l'élévation générale du niveau de connaissance du monde conduiront peut-être à poser la question du "leadership chinois" sous un jour nouveau.

Autrement dit, l'accroissement de la capacité des Chinois à utiliser les réalités et les symboles du pouvoir mondial et à bien "communiquer" leur permettra-t-il de dominer le monde du... XXIIe siècle ?

Jean-Louis Rocca est chargé de recherche à Sciences Po - Centre d'études et de recherches internationales (CERI).


Article paru dans l'édition du 27.03.10




Ecrit par: P'tit Panda Vendredi 26 Mars 2010 20h02
Un modèle économique et politique encore solide, par Patrick Hébert
LE MONDE | 26.03.10 | 13h49 • Mis à jour le 26.03.10 | 13h49

Forte du succès spectaculaire de son développement économique et de son intégration grandissante dans le monde actuel, la Chine, troisième puissance économique mondiale, s'affirme de plus en plus sur la scène internationale. Concernée par la majeure partie des grandes questions économiques, politiques et géopolitiques ou environnementales qui agitent la planète, la Chine, désormais, fait entendre sa voix sur chacune d'entre elles mais, plus encore, elle s'efforce d'imposer son point de vue comme si ce qui est bon pour la Chine devait être bon pour le monde...

Dans ces temps de crise qui font apparaître les défaillances du modèle économique occidental, nombreux sont ceux qui sont de plus en plus admiratifs de ce que l'on n'hésite plus à appeler, le "modèle" ou encore le "paradigme" chinois. Pourtant, beaucoup de signes peuvent amener l'observateur de la "chose chinoise" à s'interroger sur la pérennité de ce modèle.

Les dirigeants et autres représentants chinois aux divers sommets et conférences internationaux de ces deux dernières années ont cherché avant tout à protéger l'intérêt national de leur pays, à obtenir le plus d'avantages tout en concédant le minimum d'efforts et en acceptant le moins possible de contraintes et d'engagements. On l'a vu à Pittsburgh, lors du G20 de septembre 2009, à Copenhague ou à Davos. On le voit aussi avec la position inflexible de la Chine sur le dossier iranien ou sur celui de la réévaluation du yuan. Par ailleurs, les investissements chinois à l'étranger dans des entreprises productrices de matières premières ou possédant des technologies que la Chine ne maîtrise pas encore complètement et dans des gisements de ressources naturelles se multiplient. Ils provoquent de plus en plus de réactions hostiles de la part des populations ou des gouvernements des pays concernés.

La montée en puissance de la Chine en Asie et son poids économique, politique et commercial croissant attirent une méfiance accrue, voire un certain ressentiment de la part de plusieurs pays de la zone qui voient l'émergence d'une hégémonie déguisée. La Chine n'hésite pas à faire preuve d'arrogance, reproche qu'elle a souvent adressé à l'Amérique triomphante ou à l'Europe. La crédibilité du "soft power" ou de la montée en puissance "pacifique" de la Chine est fortement ébranlée.

Enfin, des contentieux de plus en plus nombreux frappent des entreprises et des groupes étrangers (le dernier en date concerne Google), qui se voient limités dans leur expansion sur le marché chinois, dès lors qu'ils menacent le développement d'un concurrent local à technologie comparable. Que sont devenus les propos sur l'accès à l'immense marché chinois et la recherche d'un "mutual benefit" (bénéfice réciproque), si souvent présentés aux investisseurs et négociateurs étrangers par leurs interlocuteurs chinois ?

Sur le plan intérieur, le contrôle de toute forme de dissidence ou d'opposition se renforce toujours plus, utilisant au besoin les dernières technologies de la communication et de l'information. Néanmoins, les mouvements de mécontentement et les affrontements violents avec les forces de l'ordre ou les milices paramilitaires se multiplient. Les raisons en sont variées ; religieuses, environnementales, dues à des expropriations forcées, au racket de potentats locaux, à des déplacements sans juste compensation, à des épidémies de sida, etc. La corruption a tendance à se généraliser malgré les mesures prises pour la combattre. Les inégalités continuent de se creuser entre les villes et les campagnes, mais aussi, d'une manière générale, entre les riches et les pauvres. Où en est-on de la "société harmonieuse" ?

Les dissensions apparaissent plus nombreuses au sein du Parti ou de l'appareil d'Etat, où les avis sur la politique économique, les choix militaires ou les options diplomatiques, par exemple, sont loin d'être unanimes. Un écart de plus en plus important se crée entre le pouvoir central ou régional et une partie grandissante de la population toujours plus au contact de notre monde "globalisé". Les enjeux, ils sont considérables ; contrairement à l'idée répandue selon laquelle la Chine vise le long terme avant tout et "a le temps pour elle", pour l'empire du Milieu le temps presse. Ainsi doit-elle, dès aujourd'hui, prévoir et sécuriser les matières premières nécessaires au fonctionnement de son économie et au maintien d'un niveau de croissance satisfaisant. Elle doit rassembler les ressources considérables qui lui permettront, entre autres objectifs majeurs, d'améliorer son régime de protection sociale et médicale, de pourvoir aux dépenses de retraite de sa population vieillissante et de surmonter les énormes défis environnementaux auxquels elle est confrontée.

Les dirigeants chinois doivent donc prendre rapidement des décisions stratégiques, en privilégiant l'intérêt national, en veillant à ce que ces décisions ne fassent pas l'objet de débats "trop" démocratiques susceptibles de les paralyser ou de les retarder, et sans négliger l'impact inévitable de la globalisation sur leur pays et leur population. Dans ces circonstances, l'on peut comprendre pourquoi ils montrent un peu de nervosité, une tendance au protectionnisme et des réflexes nationalistes parfois liés à un passé révolu. Ils sont placés devant le choix suivant : maintenir le modèle tel qu'il est et s'exposer au risque de le voir "exploser" ou mobiliser le plus rapidement possible tous les moyens nécessaires afin de faire évoluer ce modèle pour surmonter des difficultés. Choisir la seconde option serait faire preuve d'un nouvel esprit révolutionnaire...

Toutefois, peut-être est-il un peu hâtif de prédire aujourd'hui, "l'explosion" du modèle chinois. La Chine, contrairement à d'autres pays communistes, en est à la cinquième génération de leaders ; le passage de relais entre cette génération et la précédente s'est effectué sans cataclysme. Par ailleurs, on sait à quel point le Parti communiste (PCC) a évolué au cours des dernières années, en acceptant des entrepreneurs en son sein, en envoyant ses cadres se former à l'étranger dans les plus prestigieuses écoles et universités étrangères, certaines, temples du capitalisme libéral, en tolérant, bon an mal an, un débat et l'expression d'opinions différentes parmi ses membres.

De plus, on peut se douter que les dirigeants chinois et leurs conseillers sont bien conscients des défis auxquels ils sont confrontés. En outre, on peut compter sur eux pour tordre le cou à la doxa communiste, faire évoluer le PCC vers des eaux encore plus surprenantes et justifier le tout par un discours dont les contradictions ne les gêneront pas plus que celles qu'ils affichent depuis l'invention géniale de "l'économie socialiste de marché aux caractéristiques chinoises"... Une révolution pourrait bien être déjà en gestation dans les multiples cellules du PCC et de l'appareil d'Etat, jusqu'à l'étranger. Il paraît difficilement concevable que le pouvoir en place ou celui qui lui succédera reste immobile...

Patrick Hébert est membre d'Asie 21, groupe de réflexion prospective sur l'Asie.


Article paru dans l'édition du 27.03.10


Ecrit par: P'tit Panda Vendredi 26 Mars 2010 21h25
Mise à jour 26.03.2010 15h13
La France est le 2ème plus grand pays d'Europe pour les investissements chinois

La France est le deuxième plus grand pays d'Europe pour les investissements chinois et à l'heure actuelle plus de 100 entreprises chinoises investissent en France, elles ont créé quelque 4 000 emplois, a dit Pascal Gondrand, chef de la mission économique française en Chine.

Le 25 mars, M. Gondrand a accompagné la délégation française économique et commerciale conduite par Hervé Ladsous, ambassadeur de France en Chine, dans sa visite à Quanzhou, ville de la province du Fujian, dans le sud-est de la Chine.

A l'heure actuelle, seulement une dizaine d'entreprises du Fujian ont lancé des projets d'investissement en France. « Nous voulons justement aider, autant que possible et en matière des affaires fiscales, les entreprises désireuses d'investir en France», a dit M.Gondrand.

«Nous conseillons aux entreprises chinoises de songer à l'Europe et d'abord à la France, si elles veulent investir à l'étranger », a-t-il dit. « Plus de 30 000 entreprises françaises investissent à l'étranger et la France constitue également une excellente plate-forme pour les investissements des entreprises étrangères. La France est le troisième plus grand pays du monde pour les investissements étrangers et le deuxième en Europe », a-t-il précisé.

Selon les statistiques officielles, en 2009 le gouvernement français et les organismes des différentes régions de la France ont enregistré 639 projets d'investissements étrangers pouvant créer des emplois. Ce chiffre est légèrement supérieur à celui de 2007 (624) et est presque le même qu'en 2008 (641). Tous ces projets peuvent créer et maintenir au total 29 889 emplois.

Source: le Quotidien du Peuple en ligne

Ecrit par: P'tit Panda Lundi 29 Mars 2010 00h01
Le chinois Geely rachète Volvo à Ford
Reuters | 28.03.10 | 15h30

STOCKHOLM (Reuters) - Le groupe chinois Zhejiang Geely Holding a signé un accord avec Ford portant sur l'acquisition des activités automobiles de Volvo, a déclaré un porte-parole de la marque suédoise.

Cet accord, qui devrait être finalisé dans les mois à venir, permettra au deuxième constructeur américain, le seul à ne pas avoir eu recours à l'aide de l'Etat fédéral lors de la récession, d'alléger son bilan et de se concentrer ses efforts commerciaux sur la marque Ford.

Fin octobre, Ford avait fait de Geely, maison mère de Geely Automobile Holding, son candidat privilégié pour la reprise de Volvo.

La transaction, valorisée à 1,8 milliard de dollars (1,26 milliard d'euros), constitue à ce jour le plus important rachat d'une marque occidentale par un constructeur chinois.

En cédant Volvo, racheté 6,45 milliards de dollars en 1999, Ford vend ainsi la dernière marque du pôle haut de gamme qu'il avait voulu constituer et qui comprenait également Aston Martin, Jaguar et Land Rover.

Bureau de Stockholm, Benoit Van Overstraeten pour le service français

Ecrit par: P'tit Panda Lundi 29 Mars 2010 00h03
Le constructeur chinois Geely s'offre Volvo
LE MONDE.FR | 28.03.10 | 16h16 • Mis à jour le 28.03.10 | 17h32


Après plus d'une décennie passée dans l'orbite de l'Américain Ford, le suédois Volvo Automobile a entamé dimanche 28 mars une nouvelle ère avec sa vente au chinois Geely, qui veut en faire un "tigre" pour conquérir la Chine. Le constructeur Volvo Cars a été vendu 1,8 milliard de dollars (1,3 milliard d'euros), soit près de quatre fois moins que le prix auquel Ford l'avait acheté en 1999.

"Je vois Volvo comme un tigre", a lancé Li Shufu lors d'une conférence de presse avec des dirigeants de Volvo et de Ford suivant l'annonce de la signature. "Le tigre appartient à la forêt, il ne peut pas être mis dans un zoo, dans un tout petit enclos. Nous devons libérer ce tigre", a déclaré le patron chinois aux journalistes réunis au siège de Volvo, où le drapeau chinois avait été hissé avant même l'annonce de l'accord.

Premier constructeur suédois devant son petit rival Saab, Volvo Automobile avait été scindé de son ex-maison mère Volvo AB lors de sa vente à Ford en 1999 pour 6,4 milliards de dollars, plus de quatre fois le prix de 1,8 milliard de dollars auquel l'Américain l'aurait vendu à Geely, selon un chiffre avancé par plusieurs journaux économiques, dont le Financial Times.

Malgré des réticences initiales, les syndicats de Volvo Automobile, qui emploie environ 22 000 personnes dans le monde dont près de 16 000 en Suède, ont approuvé l'accord samedi. La vente de Volvo, mis aux enchères fin 2008 par Ford, marque la fin de l'aventure du haut de gamme pour l'américain, qui avait déjà revendu les marques de luxe Aston Martin, Jaguar et Land Rover quelques années après leur acquisition au prix fort.

Geely et Ford avaient annoncé avoir trouvé un terrain d'entente pour Volvo fin décembre, mais l'accord de vente lui-même restait à finaliser. La prise de contrôle devrait elle intervenir au cours du deuxième trimestre. Le groupe chinois Geely a d'abord été un fournisseur de pièces détachées pour réfrigérateur avant de devenir vingt ans plus tard le premier constructeur automobile privé de Chine.

Spécialisé dans les grands modèles -berlines et breaks- haut de gamme, Volvo, fondé en 1927, a vu ses ventes plonger en raison de la crise économique qui a profité aux petits modèles abordables, passant de presque 460 000 unités en 2007 à 374 300 en 2008 et 334 800 l'an passé.
Geely, premier constructeur chinois privé, a lui vendu environ 300 000 voitures l'an passé.


avec AFP
Article paru dans l'édition du 29.03.10

Ecrit par: P'tit Panda Lundi 29 Mars 2010 21h17
Enlevé en 2009 par la police chinoise, l'avocat Gao Zhisheng donne signe de vie
LE MONDE | 29.03.10 | 15h49 • Mis à jour le 29.03.10 | 15h49
Pékin Correspondant

Est-ce la fin d'une saga inédite, celle de l'avocat chinois des droits de l'homme Gao Zhisheng ? On le savait arrêté, disparu mais on l'a cru tour à tour mort, évanoui corps et âme dans le brouillard de l'"archipel" chinois des organismes de répression, habitant sous surveillance à l'ouest du pays... Dimanche 28 mars, coup de théâtre : pour la première fois depuis son enlèvement par la police, durant la nuit du 4 février 2009, Me Gao a parlé au téléphone avec un collègue et ami avocat ainsi qu'avec un journaliste de l'agence britannique Reuters.

La bonne nouvelle ? Il est vivant et libre. La moins bonne est qu'il a dû raccrocher rapidement, faisant penser à ses interlocuteurs qu'il reste étroitement surveillé. "Je vais vivre une vie tranquille pour un moment", a-t-il dit en précisant qu'il s'exprimait depuis Wutaishan, célèbre site bouddhiste de la province du Shanxi, au sud-ouest de Pékin. Il a précisé avoir été libéré il y a environ six mois.

Des Etats-Unis, où ils se sont réfugiés en 2009, son épouse Geng He a pu s'entretenir avec son mari en fin de semaine, écrit lundi le quotidien hongkongais The South China Morning Post.

Dans la mouvance de la dissidence chinoise, Gao Zhisheng est un peu un cas à part : chrétien et membre du Parti communiste, il fut, en 2001, distingué par le ministère de la justice comme l'un des dix meilleurs avocats de Chine pour avoir défendu le droit des paysans expropriés par des projets immobiliers.

Quatre ans plus tard, son sort bascule : il rend sa carte du parti pour protester contre les harcèlements dont il fait l'objet depuis qu'il s'est mis à défendre les disciples du mouvement spirituel bouddhiste interdit du Fa Lun Gong. En 2005, les autorités lui ferment son cabinet et suppriment leurs licences aux vingt avocats qui travaillent avec lui. L'année suivante, il est une première fois arrêté et condamné à trois ans de prison avec sursis pour "subversion". Avant d'être placé en résidence surveillée durant de longs mois. Il racontera plus tard avoir été torturé durant les 54 jours qu'il passa en détention : chocs électriques sur les parties génitales, passage à tabac quotidien par ses gardiens.

Depuis des mois, informations parcellaires et contradictoires ne cessaient d'épaissir le mystère entourant la disparition de l'avocat. Mi-janvier, le porte-parole du ministère chinois des affaires étrangères, Ma Zhaoxu, déclare lors d'un point de presse que Me Gao "est là où il doit être". Avant de se rétracter quelques jours plus tard en réponse à une nouvelle question sur le sort de l'avocat : "Il y a 1,3 milliard de Chinois, je ne peux pas savoir ce qu'ils font tous..."

"Avec des amis"

Le 14 février, nouvelle annonce surprise. L'ambassade de Chine à Washington fait savoir à l'organisation des droits de l'homme américaine Dui Hua que l'avocat Gao "travaille à Urumqi", la capitale de la province du Xinjiang, à l'ouest du pays. C'est la première fois qu'une nouvelle précise filtre sur le disparu. Au début du mois de mars, lors de sa visite à Pékin, le chef de la diplomatie britannique, David Miliband, demande à ses interlocuteurs des nouvelles de Gao Zhisheng. Son homologue chinois, Yang Jiechi, se contente de répondre que les droits de l'avocat ont été respectés et qu'il n'a pas été torturé durant sa nouvelle détention.

Li Heping, avocat et ami de Gao, s'est déclaré certain que c'est bien avec son collègue qu'il s'est entretenu au téléphone : "Je le connais bien, et sa manière de parler, les expressions qu'il utilise, tout cela m'est familier", a-t-il dit à l'AFP. Il a ajouté que son interlocuteur lui a précisé être "avec des amis" et qu'il allait devoir raccrocher, suggérant ainsi que des policiers lui indiquaient la marche à suivre en "protection rapprochée"...

Bruno Philip
Article paru dans l'édition du 30.03.10


Ecrit par: P'tit Panda Lundi 29 Mars 2010 21h19
153 mineurs piégés dans une mine de charbon inondée en Chine
LE MONDE.FR | 29.03.10 | 07h28

Les secouristes tentaient de sauver, lundi 29 mars, cent cinquante-trois ouvriers pris au piège par l'inondation d'un puits, depuis dimanche, dans une mine de charbon en cours d'aménagement, dans le nord de la Chine. C'est la dernière catastrophe en date dans le secteur minier le plus dangereux au monde. Le président Hu Jintao et le premier ministre, Wen Jiabao, ont ordonné aux autorités locales de tout faire pour venir en aide aux ouvriers de cette immense mine de Wangjialing, qui devait entrer en service en octobre, ont rapporté les médias officiels.

Des tuyaux et des pompes ont été transportés sur le lieu de l'accident afin d'évacuer l'eau qui a inondé dimanche en milieu de journée la mine située dans le Shanxi, première province houillère du pays, selon les images de la télévision centrale CCTV. Au total, deux cent soixante et un mineurs travaillaient dans le puits au moment de l'accident et cent huit ont pu remonter sains et saufs, selon l'administration d'Etat de la sécurité au travail.

avec AFP
Article paru dans l'édition du 30.03.10

Ecrit par: P'tit Panda Lundi 29 Mars 2010 21h20
En Australie, les compagnies occidentales et asiatiques misent sur le gaz
LE MONDE | 29.03.10 | 15h32 • Mis à jour le 29.03.10 | 15h32
Sydney Correspondance

Depuis plusieurs mois, les accords se multiplient dans le secteur du gaz australien, avec à la clé des contrats d'achat de gaz naturel liquéfié (GNL) atteignant des dizaines de milliards de dollars australiens. Et le gaz dit non conventionnel attire aussi les appétits étrangers.

La compagnie australienne Arrow Energy, qui projette de produire du GNL à partir de gaz de houille, vient d'approuver une offre d'achat des géants Petrochina et Shell pour 2,35 milliards d'euros. China National Offshore Oil Corporation (CNOOC) a signé un contrat de plusieurs dizaines de milliards de dollars australiens avec BG Group pour l'achat de GNL issu d'un projet détenu par le groupe britannique dans le Queensland.

Le pays dispose de minerais mais aussi de ressources gazières importantes. Selon l'Abare, le bureau économique des ressources et de l'agriculture, il possède 1,7 % des réserves mondiales de gaz. Plus que ce qui est nécessaire pour couvrir la demande domestique. Alors que les investissements se multiplient, la production devait croître de 8 % en 2009-2010 pour atteindre 47,6 milliards de mètres cubes, et 52,2 milliards en 2010-2011. Avec son image d'énergie plus propre que le pétrole et le charbon, le gaz est en expansion. Selon l'Agence internationale de l'énergie, la demande devrait augmenter de 1,5 % par an d'ici à 2030. Les possibilités de croissance du secteur australien sont telles que le pays a été surnommé, de façon excessive, le "Moyen-Orient du gaz".

Il offre plusieurs atouts. La majorité de ses projets de GNL sont situés au nord-ouest du pays, proches du marché asiatique. "Le pays est stable, il offre une sécurité d'approvisionnement. De nombreuses compagnies sont en outre déjà implantées en Australie", explique Alan Copeland, spécialiste du secteur pour l'Abare. "L'Australie a développé relativement tôt les technologies du GNL, d'où sa capacité à livrer le produit avant d'autres pays. En outre, sa population est petite, la demande domestique reste faible", commente Nick Burke, spécialiste du gaz pour le CSIRO, la principale agence publique de recherche.

Projets gigantesques

L'Australie, 6e exportateur au monde de GNL, a deux opérations en cours : North West Shelf venture, en Australie-Occidentale - partenariat entre 6 compagnies -, et Darwin LNG. Selon l'Abare, plusieurs nouveaux projets devraient amplifier la production, avec 28 millions de tonnes d'exportation prévues en 2014-2015 (contre 17,4 millions en 2009-2010). Une hausse due en particulier au début des opérations, fin 2010, du projet Pluto, mené par Woodside Petroleum.

Le projet Gorgon, aussi en Australie de l'Ouest (15 millions de tonnes par an) pourrait débuter en 2015. Dans le Territoire du Nord, Total s'est associé au japonais Inpex pour développer Ichthys afin de produire 8 millions de tonnes par an. Depuis 2010, GDF-Suez s'est associé à l'australien Santos pour développer un projet terminal GNL flottant dans le bassin de Bonaparte - la production annuelle est prévue à 2 millions de tonnes.

De plus, le gaz dit non conventionnel attire aussi les investisseurs. Et, c'est à l'est, dans l'Etat du Queensland, que les compagnies ont multiplié les projets. "Le gaz de houille a démarré ici ces dix dernières années. Au début, c'était considéré comme une façon de répondre à la demande domestique. Mais maintenant, on considère de plus en plus son potentiel d'exportation sous forme de GNL ", observe M. Burke.

La signature de l'accord entre CNOOC et BG a été saluée par le ministre australien des ressources. "Cet accord fait de l'Australie un leader dans l'industrie du GNL issu du gaz de houille. Nous sommes prêts à avoir une nouvelle province pour le GNL, cette fois sur la côte Est", s'est réjoui Martin Ferguson.

Bilan : l'Australie s'impose comme l'un des poids lourds mondiaux du gaz, encore dominé par la Russie ou le Qatar. "Si tous les projets sont réalisés, ce qui n'est pas certain, alors une production annuelle de 90 millions de tonnes de GNL pourrait devenir possible", commente M. Copeland. Les projets gigantesques représentent un apport considérable pour l'économie. Avec son gaz et ses minérais, l'Australie sort donc de la crise financière plutôt bien armée.

Marie-Morgane Le Moël
Article paru dans l'édition du 30.03.10

Ecrit par: P'tit Panda Lundi 29 Mars 2010 21h27
Quatre salariés de Rio Tinto condamnés à de lourdes peines de prison en Chine
LE MONDE | 29.03.10 | 15h19 • Mis à jour le 29.03.10 | 15h33

Le jugement rendu lundi 29 mars par le tribunal intermédiaire numéro un de Shanghaï ne rassurera pas les investisseurs étrangers en Chine. Celui-ci a condamné pour espionnage économique et corruption quatre salariés du géant minier anglo-australien Rio Tinto à des peines de prison. Le ministre australien des affaires étrangères, Stephen Smith, a jugé "très sévère" cette condamnation. On ignore si les condamnés feront appel.

Chef des ventes de fer en Chine et naturalisé australien, Stern Hu a été condamné à dix ans d'emprisonnement et à une amende de 500 000 yuans (54 450 euros). Ses collaborateurs chinois se sont vus infliger des peines allant de sept à quatorze ans de prison. Durant leur procès qui a duré du 22 au 24 mars, tous avaient plaidé coupable sur l'accusation de corruption. Il leur était reproché d'avoir touché des pots-de-vin d'acheteurs chinois, mais ils contestaient le montant de 12,5 millions de dollars (9,3 millions d'euros) avancé par les enquêteurs.

Selon le site d'information économique en ligne Caixin, qui citait les avocats des prévenus, les sidérurgistes privés chinois incriminés seraient la Rizhao Steel, dans le Shangong, ainsi que de "petites aciéries du nord de la Chine". Un seul des prévenus avait reconnu le vol de secrets commerciaux lors du huis clos consacré à cette accusation, avait indiqué un avocat la semaine dernière.

Parmi ces secrets commerciaux figuraient des comptes-rendus de réunions de la CISA (China Iron & Steel Association), l'association chinoise du fer et de l'acier, ou des informations concernant une réduction de la production de l'aciériste Shougang.

Pékin se défend d'avoir politisé l'affaire, mais celle-ci s'inscrit dans un contexte de fortes tensions entre les 800 sidérurgistes chinois et les deux géants miniers anglo-australiens, Rio et BHP Billiton.

Les Chinois avaient très mal pris qu'une de leurs entreprises Chinalco soit empêché, en juin 2009, d'augmenter de 19,5 milliards de dollars sa participation au sein de Rio Tinto, actionnaires et autorités australiennes ayant pris peur devant cette montée en puissance. Ils dénoncent aussi le projet formé par BHP et Rio de mettre en commun leurs mines de fer australiennes. Ils ont appelé les autorités australiennes et européennes de la concurrence à refuser la création d'un tel monopole.

D'autre part, la Chine freine devant les hausses du prix du minerai de fer que le trio de tête mondial - Vale, Rio Tinto et BHP - veut imposer. A la mi-mars, elle a été rejointe dans ses protestations par le consortium de l'acier européen Eurofer dont les membres se sont vus demander une augmentation de prix de 80 % par le numéro un mondial Vale. Eurofer a décidé de saisir Bruxelles de ce qu'il qualifie d'abus de position dominante.

Aux Chinois comme aux Européens, le quasi-oligopole minier réclame la fin des prix annuels négociés et l'alignement des transactions sur les prix du marché au comptant (spot). En effet, alors que les prix négociés jusqu'au 31 mars 2010 sont d'une soixantaine de dollars la tonne de fer, le spot a dépassé la semaine dernière les 140 dollars.

Il est encore trop tôt pour dire si ce jugement aura des conséquences durables sur les relations entre le Chine et ses partenaires occidentaux. Suivies des mésaventures de Google, les péripéties judiciaires subies par le personnel de Rio Tinto inquiètent d'autant plus que la Chine leur a refusé l'assistance d'un diplomate australien.

Selon le spécialiste américain des questions de droit en Chine, Jerome Cohen, la décision d'"exclure le consul australien (du procès) viole des lois chinoises qui, depuis 1995, obligent les tribunaux à accepter une représentation consulaire étrangère, même durant des audiences à huis clos". D'un autre côté, la signature intervenue le 19 mars d'un accord entre Rio Tinto et Chinalco pour exploiter de concert le gisement de fer de Simandou (Guinée) laisse à penser que les affaires continuent.

Alain Faujas
Article paru dans l'édition du 30.03.10


Ecrit par: P'tit Panda Lundi 29 Mars 2010 21h31
Avec Volvo, Geely veut se donner une envergure mondiale
LE MONDE | 29.03.10 | 11h54 • Mis à jour le 29.03.10 | 11h54

Après dix ans dans le giron américain de Ford, Volvo automobile passe sous pavillon chinois. Le groupe chinois, Geely, candidat au rachat depuis cinq mois, va racheter la marque suédoise pour 1,8 milliard de dollars (1,3 milliard d'euros). Il s'agit de la plus grande acquisition chinoise dans l'automobile à l'étranger. Mais c'est tout de même quatre fois moins que ce qu'avait déboursé Ford en 1999.

Il y a encore quelques mois, Geely était encore totalement inconnu en Occident. En Chine, avec environ 300 000 véhicules immatriculés en 2009, Geely ne pointe qu'à la onzième place très loin derrière le numéro un, SAIC (Shanghaï Automotive Industry Corporation), qui vend dix fois plus de voitures.

Geely est plutôt considéré comme la voiture des campagnes et n'a pas la même reconnaissance que celle dont bénéficient ses concurrents, au premier rang desquels BYD (prononcez biwhydi) ou encore Chery. Toutefois, il est le deuxième exportateur de véhicules chinois.

"VOITURE DE LA MORT"

Selon Joël Ruet, chercheur au CNRS, (chroniqueur au "Monde Economie"), Geely réalise 10 % de ses ventes dans la Communauté des Etats indépendants (CEI), au Moyen-Orient, en Afrique, en Asie du Sud-Est et en Amérique latine. Mais jusqu'à présent, ses voitures ne sont pas parvenues à s'imposer en Occident.

Pour Geely, cet accord est donc un tournant dans son histoire. Jusqu'à présent ses voitures avaient deux lacunes : la qualité et la sécurité. Aux Etats-Unis, ses voitures ne passent pas les crashs tests et en Russie l'une d'elles – le Freedom Cruiser – a été baptisée la "voiture de la mort". Avec Volvo, le président fondateur de Geely, Li Shufu, espère régler les deux problèmes.

A 46 ans, sa ténacité a payé. Autodidacte, M. Shufu n'avait que 21 ans lorsqu'il crée un petit atelier de fabrication de composants pour réfrigérateurs. Neuf ans plus tard, il se lance dans la fabrication de motocyclettes, puis se met en tête de fabriquer des voitures. En 2001, Geely est sur les rails.

Aujourd'hui, l'objectif de M. Shufu est clair : réaliser les deux tiers de son chiffre d'affaires hors de Chine (10 % aujourd'hui) d'ici à 2015.

Les investisseurs étrangers semblent croire dans la stratégie de cet entrepreneur. La banque d'affaires américaine Goldman Sachs a investi 250 millions de dollars dans Geely sous la forme d'obligations convertibles.

Auparavant, l'investisseur américain Warren Buffett avait misé 230 millions de dollars afin de profiter du boom que connaît actuellement le marché chinois, qui est devenu en 2009 le premier du monde devant celui des Etats-Unis.

Le rachat de Volvo (qui signifie "je roule en latin") suscite toutefois pas mal d'interrogations et de méfiance. Geely aura-t-il les moyens de développer la marque suédoise ? Celle-ci, crée il y a plus de 80 ans, traverse une mauvaise passe : ses ventes ont plongé en raison de la crise qui a profité aux petits véhicules plus abordables. Les immatriculations de la marque sont passées de 460 000 unités en 2007 à 334 800 en 2009. En 2010, la production devrait remonter à 390 000 unités.

"Volvo c'est Volvo et Geely c'est Geely", a affirmé M.Shufu en mettant en avant les concepts de sécurité, de qualité ou encore de respect de l'environnement lors de la signature du rachat dimanche 28 mars à Stockholm. Ce sont des entreprises distinctes. Geely est bien décidé à protéger et nourrir tout ce qui fait la grandeur de Volvo."

Si l'acquisition de Volvo permet à Geely de sortir plus rapidement de ses frontières, Volvo devrait se développer aussi plus vite en Chine. M. Shufu prévoit de construire une usine dédiée à la marque suédoise : 300 000 voitures y seront fabriquées par an pour le marché chinois. Il a aussi rassuré les salariés des usines de Torslanda (Suède) et de Gand (Belgique) : "Je suis convaincu que la présence industrielle de Volvo est assurée sur le long terme".

Nathalie Brafman
Article paru dans l'édition du 30.03.10


Ecrit par: P'tit Panda Mercredi 31 Mars 2010 18h06
Après la condamnation de salariés de Rio Tinto en Chine, l'Australie tente de sauvegarder ses relations avec le pays
LE MONDE | 30.03.10 | 14h38 • Mis à jour le 30.03.10 | 14h38
Sydney Correspondance

Quelles conséquences aura la condamnation des quatre salariés du groupe minier Rio Tinto prononcée, lundi 29 mars, par les autorités chinoises, sur les relations entre Canberra et Pékin ? Convaincus de "corruption" et d'"espionnage économique", ils ont écopé de sept à quatorze ans de prison (Le Monde du 30 mars). Les quatre hommes avaient été arrêtés en juillet 2009, initialement pour "vol de secrets d'Etat", au moment où Rio Tinto était en pleine négociation avec des aciéristes chinois pour le renouvellement des contrats sur le minerai de fer.

Le premier ministre australien, Kevin Rudd, s'est interrogé, mardi, sur la façon dont le procès avait été mené par la justice chinoise. Il a notamment déploré qu'une partie de l'audience se soit tenue à huis clos. De son côté, Stephen Smith, le ministre des affaires étrangères, a estimé le jugement "très sévère". "C'était l'opportunité pour la Chine de montrer plus de clarté sur la notion et la question des secrets commerciaux", a-t-il regretté. La réponse de Pékin ne s'est pas fait attendre : "Nous exprimons nos sérieuses préoccupations quant aux remarques australiennes", a dit mardi Qin Gang, porte-parole du ministère des affaires étrangères chinoises, lors d'un point presse.

M. Smith a toutefois tenté de jouer l'apaisement en soutenant que l'Australie continuerait d'entretenir "une relation économique plus étendue avec la Chine". Signe de sa volonté de poursuivre ses opérations, le géant anglo-australien Rio Tinto, qui réalise 24 % de son chiffre d'affaires avec la Chine, a annoncé, quelques heures après le jugement dans un communiqué, qu'il licenciait les salariés condamnés, "qui se sont engagés dans un comportement déplorable".

La Chine est en effet un partenaire précieux que l'Australie ne veut pas perdre. En 2008-2009, les exportations vers la Chine représentaient ainsi plus de 39 milliards de dollars australiens (26,6 milliards d'euros), plus de 17 % des exportations totales.

Devenu le premier partenaire commercial de l'Australie, le pays est aussi parmi ses plus importants investisseurs étrangers, attiré par les ressources importantes du continent. Malgré l'arrestation de Stern Hu et le refroidissement diplomatique qui a suivi, les contrats n'ont cessé de se multiplier dans le secteur minier.

Quelques exemples : le rachat du mineur de charbon Felix Resources par Yanzhou Coal Mining a été approuvé en octobre, pour 3,5 milliards de dollars. Récemment, PetroChina s'est associé à Shell pour tenter de racheter la compagnie de gaz australienne Arrow Energy, pour plus de 3 milliards de dollars. En août 2009, le pétrolier chinois avait négocié un accord de 50 milliards de dollars avec ExxonMobil, pour s'assurer un approvisionnement en gaz naturel liquéfié, issu du projet Gorgon en Australie-Occidentale.

"L'Australie produit des matières premières de très bonne qualité à prix bas, et la Chine en a besoin pour se développer. D'où cet arrangement pragmatique entre Rio Tinto et Pékin. La Chine a besoin de l'Australie économiquement, mais pas politiquement", assure John Lee, chercheur au centre d'études indépendantes de Sydney.

Les affaires continuent donc, mais avec une différence notable : le procès a fait comprendre aux compagnies australiennes qu'il leur fallait être prudentes. "Beaucoup de compagnies transfèrent leurs opérations à Hongkong lorsque c'est possible. On réalise maintenant que les entreprises possédées par l'Etat chinois doivent être traitées comme des entités étatiques, pas comme des entités réellement indépendantes", explique John Lee.

En tout cas, depuis l'affaire Rio Tinto, les groupes australiens sont prévenues ; en cas de dispute commerciale en Chine, elles disposeront de recours limités.

Marie-Morgane Le Moël
Article paru dans l'édition du 31.03.10



Ecrit par: P'tit Panda Mercredi 31 Mars 2010 18h09
Blocage de Google en Chine : le groupe américain blâme la censure chinoise
LEMONDE.FR avec AFP | 30.03.10 | 21h53 • Mis à jour le 31.03.10 | 11h18

Le géant américain de l'Internet Google a rendu responsable, mardi 30 mars, la censure chinoise pour les blocages empêchant les internautes chinois de faire des recherches sur son site hongkongais Google.com.hk.

Un peu plus tôt, Google avait annoncé que les difficultés des internautes de la République populaire étaient dues à une erreur de codage émanant de ses ingénieurs. Mais Google est rapidement revenu sur ses conclusions après s'être rendu compte que cette erreur était antérieure d'une semaine aux premiers problèmes rencontrés en Chine. "Et donc, si Google.com.hk a été bloqué aujourd'hui, c'est le résultat d'un changement dans la 'grande muraille d'Internet'", le surnom donné à la censure chinoise, a expliqué un porte-parole de Google à l'Agence France Presse. "Quoi qu'il en soit, il est intéressant de noter que notre moteur de recherche en Chine est retourné à la normale, bien que nous n'ayons rien changé de notre côté", poursuit-il. Pour Google, il semble que "l'incident soit clos".

DES TENSIONS DEPUIS JANVIER

Il y a un peu plus d'une semaine, Google a décidé de ne plus censurer son site en chinois et de le transférer sur Hongkong en redirigeant automatiquement les internautes se connectant à Google.cn (Google Chine) sur Google.com.hk. Mais si le blocage s'est fait ressentir dans la capitale chinoise et d'autres régions, à Shanghaï, en revanche, un journaliste de l'AFP n'avait aucun problème pour utiliser Google. Et les autres services de Google, comme la cartographie ou la musique, ne semblaient pas perturbés.

En janvier, Google s'était déclaré excédé par des attaques informatiques visant son code source et la messagerie Gmail de militants chinois des droits de l'homme, et avait annoncé qu'il cesserait de censurer les résultats de son moteur de recherche et, si les autorités chinoises s'y opposaient, arrêterait ses opérations dans le pays.

La Chine est l'un des principaux marchés pour l'Internet avec le plus grand nombre d'usagers au monde (près de 400 millions), mais le régime communiste surveille la Toile pour empêcher toute organisation de la dissidence politique. Malgré la censure, le Web est devenu ces dernières années la principale caisse de résonance du mécontentement social et politique et aussi un outil particulièrement prisé des jeunes générations, qui recherchent surtout des services comme les jeux en ligne ou les divertissements.

Comptes mail de journalistes piratés
Les comptes e-mail Yahoo! d'au moins huit journalistes étrangers situés en Chine et à Taïwan ont été piratés ces dernières semaines, a rapporté mercredi le Club des correspondants étrangers de Chine, une organisation de journalistes. Yahoo! a refusé de s'exprimer sur l'incident, indiquant seulement condamner les cyberattaques "quels que soient leur origine ou leur but".



Ecrit par: P'tit Panda Mercredi 31 Mars 2010 18h12
Mise à jour 31.03.2010 10h52
21 corps de nourrissons découverts dans l'Est de la Chine


Les corps de 21 nourrissons ont été découverts sous un pont dans la banlieue de Jining, située dans la province du Shandong, a-t-on appris mardi.

Huit de ces bébés portaient une étiquette attachée à un pied précisant qu'ils avaient été soignés et déclarés décédés dans deux hôpitaux locaux. Mais aucun indice n'a été retrouvé sur les autres corps.

Une enquête de police est en cours et les autorités locales de l'environnement ont tenu à apaiser les craintes du public au sujet de l'eau de la rivière, la population craignant qu'elle ne soit polluée par les cadavres.

Plusieurs employés de l'hôpital de Jining ont été suspendus après la découverte dimanche dernier de 21 corps de nourrissons et de foetus dans la rivière, en dehors de la ville.

Les autorités sanitaires locales, avec la police, ont lancé une enquête sur cette découverte macabre, a précisé mardi Zhong Haitao, directeur de bureau au Bureau sanitaire de Jining.

Ce sont des habitants locaux qui avaient découvert plusieurs corps sous un pont enjambant la rivière Guanfu, a rapporté le site provincial de nouvelles en ligne www.iqilu.com.

Les habitants locaux se sont inquiétés d'une possible pollution de l'eau potable par les corps abandonnés dans la rivière.

Les services municipaux de l'environnement ont annoncé que les derniers tests effectués ont montré que l'eau de la rivière était saine, bien que la rivière ne soit pas une source d'eau potable.

Source: le Quotidien du Peuple en ligne

Ecrit par: P'tit Panda Mercredi 31 Mars 2010 18h15
Plusieurs journalistes correspondants à Pékin ont constaté que leurs comptes de messagerie Yahoo Mail avaient été « visités »...

Après Gmail, Yahoo Mail? Au même titre que Google, le service de messagerie en ligne de Yahoo aurait été victime d'attaques en provenance de Chine. L'Associated Press rapporte qu'au moins trois journalistes correspondants en Chine et un analyste local ont vu leurs comptes de messagerie sous Yahoo piratés.

Clifford Coonan, correspondant à Pékin pour The Independant a confirmé l'attaque de son compte. Un autre journaliste du New York Times, Andrew Jacobs, précise qu'une douzaine d'internautes seraient victimes de ces attaques, notamment des activistes locaux. A Pékin, la journaliste indépendante Kathleen McLaughlin a témoigné avoir été privé d'accès à son compte entre le 25 mars et aujourd'hui si l'on en croit son intervention sur Twitter dans lequel elle regrette que Yahoo ait refusé de lui expliquer comment sa messagerie électronique avait été piratée.

Parmi les différentes attaques, les pirates auraient réussi à paramétrer les boîtes emails victimes afin de faire suivre automatiquement les courriels reçus vers une adresse tierce ignorée du propriétaire du compte. Un trafic suffisamment suspect en regard des paramètres de sécurité des serveurs de Yahoo qui auraient ainsi invité les utilisateurs à contacter le service technique du portail web. Lequel aurait ainsi confirmé l'attaque des comptes email aux utilisateurs.

Yahoo condamne évidemment ces pratiques sans, cependant, pointer du doigt les éventuels coupables. Contrairement à Google qui, après un temps de réflexion de quelques jours, avait clairement désigné la Chine comme étant à l'origine des attaques de comptes Gmail de dissidents chinois. Attaques qui ont poussé Google à réclamer la fin de la censure sur son moteur de recherche. Face au refus de Pékin, l'entreprise de Mountain View a pris, le 23 mars dernier, l'initiative de router les requêtes de Google.cn (Chine continentale) vers le moteur Google.com.hk (Hong Kong) où les résultats sur les contenus politiques ne sont plus filtrés.

A noter que, selon la page de mesure de l'accès aux services de Google, la situation a évoluée depuis hier, le 30 mars. « Beaucoup d'utilisateurs en Chine continentale ont des difficultés pour accéder au moteur de recherche, à Google Actualité et Google Images sur .com.hk », relate Google. Qui ajoute cependant que la situation semble revenir à la normale sans qu'il ait eu besoin d'intervenir. Pour mieux protéger ses utilisateurs, Google a également installé un nouveau filtre de sécurité qui alerte les utilisateurs lorsque leur compte Gmail est utilisé par un internaute extérieur au pays d'usage habituel du webmail.

s : http://www.silicon.fr/

Ecrit par: P'tit Panda Mercredi 31 Mars 2010 18h18
Chine: l'espoir s'amenuise pour 153 ouvriers piégés au fond d'une mine

(AFP) – Il y a 3 jours

XIANGNING — Les chances de retrouver vivants les 153 mineurs piégés depuis deux jours au fond d'une mine du nord de la Chine à moitié inondée s'amenuisaient mardi, malgré les opérations de secours impliquant près de 1.000 personnes.

La présence de gaz complique les opérations de sauvetage, a déclaré lundi soir un responsable.

"La mine de charbon a une haute concentration de gaz. Les sauveteurs doivent faire face au danger du gaz toxique, tout en luttant contre l'eau", a dit Liu Dezheng, un des responsables de l'administration d'Etat de la sécurité au travail du Shanxi.

Au total, 261 mineurs travaillaient dans le puits au moment de l'accident, dimanche, et 108 ont pu remonter sains et saufs, selon l'administration.

Certains ouvriers rescapés ont accusé les responsables de la mine de n'avoir pas réagi dès l'annonce de fuites d'eau, trois jours avant la catastrophe.

"L'eau a commencé à s'écouler le 25. On en a informé la direction", a déclaré à l'AFP un ouvrier, qui n'a donné que son nom, Shi.

Et, malgré une suspension d'une journée samedi, le travail a quand même repris.

"Beaucoup d'ouvriers ne voulaient pas revenir travailler à cause des fuites d'eau. Mais quand votre roulement arrive, vous ne pouvez pas refuser. Vous devez y aller", a expliqué un autre ouvrier, Jiang, originaire de la province du Guizhou, dans le sud-ouest, à plus de 1.000 km du Shanxi.

La plupart des ouvriers interviewés à l'entrée de la mine refusaient de donner leurs noms de peur des policiers qui patrouillaient.

Dès que ces derniers approchaient, ils cessaient de parler.

Pour la deuxième journée consécutive, des journalistes de l'AFP ont été priés par la police de quitter les lieux.

Les témoignages des ouvriers mettent en doute l'image de mine modèle présentée par la direction après la catastrophe.

Les plus hautes autorités de l'Etat, en premier lieu le président Hu Jintao et le Premier ministre Wen Jiabao, ont ordonné une enquête sur l'origine de l'accident.

Sur place, certains proches des ouvriers piégés au fond de la mine ont commencé à perdre patience, les opérations de pompage tardant à leurs yeux.

"Pourquoi ne pompent-ils pas l'eau? Il faut qu'ils commencent et qu'ils trouvent les gens", a lancé une femme, Zhang, également employée à la mine et sans nouvelles de trois proches.

"On pensait que c'était un bon boulot. Dans une grande mine publique. Que les conditions allaient être bonnes ici. Tout le monde pensait que cela allait être un bon boulot", a-t-elle ajouté.

La mine, qui s'étend sur 180 km2 et appartient à la société publique Huajin Coking Coal, devait entrer en opération en octobre et était prévue pour produire six millions de tonnes charbon par an.

Cette zone minière, avec plus de 2,3 milliards de tonnes de réserves de charbon - dont un milliard de réserves prouvées - avait reçu l'aval des autorités provinciales pour son exploitation.

Les mines de charbon chinoises sont considérées comme les plus dangereuses au monde.

Ecrit par: P'tit Panda Mercredi 31 Mars 2010 18h20
Mise à jour 31.03.2010 16h56
La sécheresse peu atténuée par les pluies dans le sud-ouest


Les pluies de la semaine dernière n'ont que peu soulagé la sécheresse qui persiste dans le sud-ouest de la Chine, a indiqué mercredi Zheng Jiangping, de l'Administration météorologique de Chine.

Ces précipitations sont dérisoires par rapport au volume d'eau perdu depuis le début de la sécheresse en septembre dernier, a regretté Zheng Jianping, responsable des secours en cas de catastrophe de l'administration.

Depuis fin février, les gouvernements des régions sinistrées du sud-ouest ont dépensé 20 millions de yuans (2,9 millions de dollars) dans 1 863 opérations de pluies artificielles.

Du 22 au 30 mars, certaines parties du sud-ouest du pays, dont le centre de la province du Yunnan et le nord de la province du Guizhou, ont enregistré de 10 à 30 mm de précipitations grâce à ce procédé.

"Ces pluies n'ont cependant pas couvert toutes les régions sinistrées et n'ont pas fourni suffisamment d'eau pour irriguer les terres ou pour répondre aux besoins en eau potable des habitants. Elles ont quand même permis de réduire les risques d'incendie de forêt", a-t-il fait remarquer.

La production de canne à sucre et de blé va chuter dans ces régions, a-t-il prévu, sans indiquer cependant l'ampleur de ce déclin.

Source: xinhua

Ecrit par: P'tit Panda Mercredi 31 Mars 2010 18h21
Sécheresse en Chine

Source: CCTV.com | 03-31-2010 13:54

Les Chinois de tout le pays ouvrent leur coeur, et leur porte-monnaie, pour aider les sinistrés de la sécheresse. Les dons et le matériel arrivent en abondance dans les zones qui en ont le plus besoin.

Lundi soir, un avion spécial transportant du matériel de secours pour les zones victimes de la sécheresse a décollé de Qingdao, direction le Yunnan, à 2 mille kilomètres du Shandong.

Ce premier envoi d'aide du Shandong comprend 3 millions de yuans en liquide, des pompes à eau et des générateurs électriques d'une valeur de 3 millions de yuans également.

Gao Hongbo

Directeur général de département

Gouvernement provincial du Shandong

"Nous prenons des mesures pour aider. Et nous prévoyons de construire des réservoirs et un système d'irrigation dans le futur pour éviter que ça recommence."

Mardi, Tianjin a aussi envoyé de l'aide équivalent à 1 million de yuans à la province du Guizhou. Du matériel qui devrait arriver dans trois jours.

Les autorités de Tianjin organisent déjà un deuxième envoi.

La population de la municipalité de Chongqing a réuni 70 mille bouteilles d'eau, 300 pompes, des tuyaux et du matériel d'aide pour le Yunnan en seulement 2 jours.

Bénévole de Chongqing

"Nous leur donnons des tentes, de la nourriture et de l'eau. Nous n'imposons rien aux populations locales."

Ces dons seront livrés mardi au district de Zhenfeng, le plus gravement touché au Guizhou.

Wang Weisen, CCTV



Ecrit par: P'tit Panda Mercredi 31 Mars 2010 18h22
La Chine subit sa pire sécheresse depuis 100 ans
31.03.2010 12:28

Plus de 24 millions de personnes sont à court d'eau potable, a annoncé mercredi le gouvernement chinois. Cette situation affecte particulièrement le sud-ouest du pays. Il s'agit de la plus grave sécheresse que connaisse le pays depuis 100 ans.

La sécheresse qui affecte les provinces du Yunnan, du Guizhou, du Sichuan, la région du Guanxi ainsi que la métropole de Chongqing est la pire en un siècle.
Premières pluies fin mai

Les météorologues ne s'attendent pas à ce que la situation s'améliore avant la saison des pluies, qui devrait intervenir après le 20 mai.

Dans l'immédiat, les autorités ont notamment débloqué 6,3 milliards de yuans (982 millions de francs) pour apporter de l'eau potable aux populations et réaliser des travaux d'aménagement. À plus long terme, elles prévoient toutefois de lancer des projets pour la conservation de l'eau, comme des réservoirs.
Production céréalière pas touchée

Le vice-ministre des ressources hydrauliques a tenu à préciser que la sécheresse actuelle n'aurait guère d'impact sur la production de céréales. Le sud-ouest du pays ne représente que 16% des surfaces cultivées pour ce genre de cultures.

La Chine souffre particulièrement de son climat aride. Il y a une dizaine de jours, le nord et la capitale étaient touchés par une violente tempête de sable. Pékin a ainsi été totalement recouvert d'une couche de sable.

s : http://www.tsr.ch/

Ecrit par: P'tit Panda Mercredi 31 Mars 2010 18h25
Mise à jour 30.03.2010 16h43
Le site touristique de Shennongxi au Hubei restaure le halage à bras par des hommes nus

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Le 26 mars, des haleurs nus ont donné une représentation de halage à bras dans le site touristique de Shennongxi situé dans le district de Badong, dans la province du Hubei. Dans les années 90 du siècle dernier, les haleurs nus de ce site touristique étaient connus dans le monde entier. Après la construction des du barrage des Trois Gorges, la scène de halage à bras par des hommes nus a graduellement disparu.Cependant, ces dernières années, la demande pour la restauration du halage à bras par des hommes nus est devenue de plus en plus forte. Pour répondre aux besoins de certains touristes, le site de Shennongxi a recommencé à donner la présentation du halage à bras par des hommes nus.

Source: le Quotidien du Peuple en ligne

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Ecrit par: P'tit Panda Mercredi 31 Mars 2010 18h30
Mise à jour 31.03.2010 13h35
Le Festival Croisements 2010 s'invite à l'Exposition universelle

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L'édition 2010 du festival culturel franco-chinois Croisements réserve un printemps plein de surprises avec près de deux cents événements (danse, théâtre, musiques, expositions) programmés dans 27 grandes villes de Chine.

Tous les champs de collaboration artistique seront représentés, associant des artistes français réputés aux créateurs chinois les plus talentueux du moment.

Pour son 5e anniversaire, Croisements participe à l'Exposition universelle de Shanghai et propose une programmation exceptionnelle, dont la Fête de la Musique le 21 juin, constituera le point d'orgue. Le chanteur – M - star de la scène musicale française, en sera l'invité d'honneur.

Une place privilégiée est également accordée à la danse, avec une sélection de 10 ballets classiques et contemporains interprétés par des compagnies françaises et chinoises. Seront notamment à l'affiche : « Blanche Neige » du chorégraphe Angelin Preljocaj, « Transports Exceptionnels » de la compagnie Beau Geste, « Don Quichotte », par le Ballet du Liaonning d'après la chorégraphie de Jean-Paul Gravier, « La danse, une histoire à ma façon… » de Dominique Boivin, « Le Manuel du Merveilleux » par la compagnie Système Castafiore, « Urban Ballet » par la compagnie Rêvolution…

Le célèbre festival international de photographie - Les Rencontres d'Arles - fait cette année son entrée dans le festival Croisements et investit un village d'artiste de Pékin à l'occasion de la première édition du Caochangdi photospring festival.

Pour satisfaire un large public, Croisements propose aussi des événements sur les cultures urbaines (les acrobaties des « Yamakasi »), des concerts de musique classique (les plus grands pianistes français) et des spectacles familiaux comme « Pan-pot ou Modéremment chantant », qui associe art du jonglage et performance musicale.

Cette année, le festival Croisements reste fidèle à sa double vocation : présenter au public chinois le dynamisme et la créativité de la scène artistique française contemporaine et susciter des rencontres et des échanges entre des artistes et des institutions culturelles françaises et chinoises.

Né en 2006, de la volonté des autorités françaises et chinoises de poursuive le formidable élan donné aux échanges culturels franco-chinois par les Années Croisées, Croisements propose une programmation de qualité sur une période de plus de deux mois.

● - Exposition universelle de Shanghai

Source: CCTV

Ecrit par: P'tit Panda Mercredi 31 Mars 2010 18h35
Mise à jour 31.03.2010 13h26
Chine : un documentaire télévisé sur la vie des pandas géants à l'état sauvage



Un documentaire télévisé en dix épisodes sur la vie des pandas géants à l'état sauvage a été diffusé lundi soir sur la chaîne "Travel Channel in China".

Ce documentaire surnommé "Panda géant réel" est basé sur un tournage qui a duré dix-neuf ans. Il raconte l'histoire des pandas géants à l'état sauvage vivant dans les chaînes des monts Qinling dans l'ouest de la Chine. Le public peut savoir comment le panda géant vit dans la nature : un bébé panda chassé par une hermine, une mère panda forçant son fils à partir après qu'il a mûri, et des pandas géants courtisant leurs partenaires.

Lu Zhi, une chercheuse qui a participé à la plus grande partie des prises de vue, a indiqué à Xinhua (Chine Nouvelle) que le documentaire visait à sensibiliser davantage le public à la protection des pandas géants à l'état sauvage.

Cette année marque le 30e anniversaire du lancement des efforts de la Chine pour la protection des pandas géants à l'état sauvage et le documentaire est dédié à cette cause, a indiqué Lu Zhi, directrice exécutive du Centre pour la Nature et la Société de l'Université de Pékin.

Avec plusieurs chercheurs, Mme. Lu a commencé en 1985 à suivre la trace des pandas géants à l'état sauvage.

Source: xinhua

Ecrit par: P'tit Panda Mercredi 31 Mars 2010 18h37
Mise à jour 30.03.2010 13h32
Unifrance présente le 7ème Panorama du cinéma français

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Du 1 au 30 avril 2010, Unifrance - organisme chargé de la promotion du cinéma français dans le monde – organise, en partenariat avec l'Ambassade de France en Chine, la septième édition du Panorama du cinéma français à Pékin, Chengdu, Wuhan, Canton et Shanghai.

Une sélection, établie en coopération avec les autorités chinoises du cinéma, de longs métrages et de courts métrages français parmi les plus récents sera présentée au public chinois. Les spectateurs seront invités à visionner, dans plusieurs salles de cinéma et multiplexes chinois, un florilège de nouveaux films reflétant la diversité des genres dans lesquels le cinéma français excelle. Les projections des films, présentés en français et sous-titrés en chinois, seront suivies de débats avec le public.

Une délégation artistique, composée d'une quinzaine de réalisateurs et d'acteurs de renommée internationale se rendra en Chine pendant une partie du festival. Outre les acteurs et réalisateurs, des producteurs feront également partie de la délégation. Toutes les équipes présentes assureront un travail de promotion intense avec les médias chinois.

L'équipe artistique partira à la rencontre du public chinois à Canton, Chengdu, Wuhan et Shanghai, et se retrouvera à Pékin pour la soirée gala le jeudi 15 avril. Le film « Demain dès l'aube » sera projeté au cinéma Megabox (Sanlitun village) en présence de la délégation artistique.

Cette action de promotion des films français auprès des acheteurs, des médias et du public chinois permettra également de présenter les nouvelles icônes du cinéma français dans la perspective d'élargir la diffusion des films français sur le marché chinois.

Source: China.org.cn

Ecrit par: P'tit Panda Mercredi 31 Mars 2010 18h40
Mise à jour 30.03.2010 16h53
COMAC envisage d'engager plus de talents d'outre-mer



La Compagnie chinoise d'aviation commerciale (ou COMAC), responsable de la conception des avions commerciaux chinois gros porteurs, a lancé le 29 mars les travaux publics de la Base d'innovation et de création des talents d'outre-mer, dans l'objet de mettre en synergie les ressources de pointe et de gagner le soutien des talents d'outre-mer dans les études technologiques et théoriques pour la construction d'un grand avion commercial, et en vue de créer un système complet de recherches aéronautiques.

Selon Zhang Qingwei, président du conseil d'administration de COMAC, sur une superficie de 372 mus (15 mus = 1 hectare), la base possèdera une superficie de construction de près de 280 000 mètres carrés pour abriter les projets de recherches élémentaires, de pointe, prévisionnelles ou stratégiques dans le développement sectoriel, la technologie et la méthodologie de base, les savoirs-faires existants, les technologies avancées, et les systèmes d'évaluation, en vue de consolider la base théorique, de trouver les clés, de remplir les lacunes, de renforcer la capacité d'innovation et de former les nouveaux talents de haut niveau sur le plan technologique.

Via la nouvelle base, COMAC s'efforcera de mettre en valeur les avantages géographiques et humains de Beijing pour rapidement acquérir une forte capacité de recherches et de développement. Les équipes de recherches, sous la direction de spécialistes en chef, regrouperont les membres responsables de la production, de la recherche et des formations. Il sera essentiel de transformer la base en établissement international de recherche aéronautique et de développement d'avions commerciaux de premier rang.

COMAC se consacre actuellement à la production de l'avion de ligne ARJ21 et de l'avion longue portée C919. La société tient en haute considération la conception, l'assemblage, le marketing, le service après-vente et le développement de l'aptitude au vol des avions. D'après M. Zhang, le nouvel avion de ligne ARJ21 a déjà accompli plus de 300 vols d'essai et recevra bientôt le certificat d'aptitude au vol, tandis que le projet de C919 a déjà entamé la phase de pré-développement.

Source: China.org.cn

Ecrit par: P'tit Panda Mercredi 31 Mars 2010 18h40
Mise à jour 31.03.2010 16h55
Chine : six tempêtes de sable enregistrées en mars



La Chine a été balayée par six tempêtes de sable en mars, a indiqué mercredi l'Administration météorologique de Chine.

La plus violente s'est produite du 19 au 21 mars dans le nord-ouest du pays, affectant 21 provinces et régions.

Les tempêtes de sable ont touché principalement le nord et le nord-ouest de la Chine, a fait remarquer Zheng Jiangping, responsable des secours en cas de catastrophe de l'administration, lors d'une conférence de presse.

La première tempête de sable de l'année est arrivée le 11 mars, recouvrant la Mongolie intérieure, le Shanxi, le Ningxia et le Liaoning de sable et de poussière.

Les hautes températures, responsables du dégel du sol après un hiver glacial, expliquent la fréquence des tempêtes de sable observée cette année, a indiqué Zheng Jiangping.

Selon les prévisions de l'administration, l'air de la Mongolie intérieure, du Gansu, du Ningxia et de certaines zones du Shaanxi sera encore chargé de poussière pendant les dix prochains jours.

Source: xinhua

Ecrit par: P'tit Panda Mercredi 31 Mars 2010 18h43
Mise à jour 29.03.2010 13h35
Réouverture du Bund après trois ans de rénovation

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Le Bund de Shanghai a rouvert au public dimanche après environ trois ans de rénovation visant à embellir le paysage et moderniser les infrastructures pour les visiteurs de l'Exposition universelle de Shanghai.

Un tunnel à six voies a été construit sous le Bund tandis que les 11 anciennes voies longeant la rivière ont été réduites à quatre.

Les quais ont été restaurés, les infrastructures de contrôle des inondations et les égouts ont été modernisés et le réseau de transport en commun a été amélioré.

Les espaces publics du Bund ont augmenté de 40%, permettant aux habitants et aux visiteurs de l'Exposition universelle de Shanghai de découvrir un Bund plus beau et plus fonctionnel. Le Bund, symbole de la ville de Shanghai, est célèbre pour son architecture du début du XXe siècle.

Le projet de rénovation permet de préserver et promouvoir le patrimoine historique et culturel de Shanghai, tout en améliorant les infrastructures urbaines pour l'Exposition universelle, a indiqué Han Zheng, maire de Shanghai.

Source: xinhua

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Ecrit par: P'tit Panda Mercredi 31 Mars 2010 18h51
Published on Rue89 (http://www.rue89.com)
« Le Totem du loup » continue d'outrer les nationalistes chinois
By Bertrand Mialaret
Created 03/24/2010 - 13:35

La couverture du livre du « Totem du loup » de Jian Rong
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Seul le « Petit Livre rouge » de Mao Zedong a fait mieux ; « Le Totem du loup » de Jian Rong, est le plus grand succès de l'édition en Chine : 4 millions d'exemplaires vendus et probablement 16 millions en éditions pirate.

Il y a deux ans, Chinatown vous avait présenté [1] ce phénomène de société. Le succès n'a pas cessé depuis 2004 ; le livre est toujours au sommet des ventes. Les droits ont été achetés dans 28 pays. Pour la langue anglaise, 100 000 dollars ont été payés par l'éditeur anglais Penguin, qui confia la traduction au traducteur bien connu, Howard Goldblatt. Le livre s'est vu attribuer le premier prix Man Asia en 1977 et Jean-Jacques Annaud doit tourner un film [2], ce qui devrait relancer le roman.
Plusieurs niveaux de lecture

Chen Zhen, un « jeune instruit » chinois, en Mongolie, participe aux efforts des communistes pour sédentariser les nomades et exterminer les loups. C'est le choc de la liberté, des vastes plaines, des chevaux et des loups, éléments essentiels de l'écosystème. Cet équilibre sera bientôt détruit. Avec la mort des loups, les rongeurs prolifèrent et favorisent la désertification. Une réalité que chacun peut comprendre à Pékin où les vents de sable sont de plus en plus spectaculaires.

Les Mongols, nomades, sont des conquérants, des loups, bien différents des Chinois, agriculteurs et moutons, victimes de dictatures depuis des millénaires. Et le message est clair, les moutons doivent devenir des loups !

Le livre est soutenu par des entrepreneurs qui y ont vu une apologie de la compétition internationale, par des libéraux, dont fait partie l'auteur Jian Rong, qui soulignent que liberté et démocratie sont nécessaires. Un peuple sans esprit de liberté est facilement dominé, ce qu'a démontré l'histoire des invasions mongoles et mandchoues en Chine.
Un écrivain longtemps masqué

L'identité de Jiang Rong n'a été révélée qu'après l'attribution du prix littéraire Man Asia, mais l'auteur, Lü Jiamin, n'a pas été autorisé à se rendre à Hong Kong pour recevoir son prix. C'est le secret bien gardé autour de son identité qui a peut-être évité au livre d'être interdit à ses débuts.

Lu Jiamin est né en 1946, près de Shanghaï, dans une famille de communistes militants. Il est garde rouge alors que son père, haut fonctionnaire, est mis en accusation. Il part en 1967 comme volontaire en Mongolie où il restera onze ans (dont trois en prison suite à ses critiques d'un cacique local du Parti).

En 1978, engagé dans le mouvement du « Printemps de Pékin », il évite tout juste de très graves ennuis. Après des études universitaires en économie et des responsabilités d'enseignant, sa participation au mouvement démocratique de la place Tiananmen lui vaut à nouveau dix-huit mois d'emprisonnement.

Il a porté ce livre unique pendant de longues années, soutenu par sa femme, la romancière Zhang Kangkang [3] dont plusieurs livres sont traduits, en particulier en français chez Bleu de Chine.
Des débats houleux

Les thèmes abordés peuvent inquiéter et certains, dont le sinologue Wolfgang Kubin [4], ont parlé de littérature fasciste. L'auteur s'en défend en soulignant que les mouvements nazis ne traitaient pas les Allemands de moutons.

Il insiste sur son approche libérale et croit que le développement économique va conduire à la démocratie et que pour la jeune génération, la liberté va de soi.

Là où il surprend, c'est dans son admiration pour la civilisation mongole ; il est exceptionnel qu'un auteur chinois souligne sa fascination pour des cultures non Han [le groupe dominant en Chine, ndlr].

Ces thèmes, malgré la prudence de l'auteur et sa volonté de discrétion vis-à-vis des autorités, vont susciter des débats tendus. Les ultra nationalistes et les intellectuels conservateurs continuent à réclamer l'interdiction du livre. Pour eux, l'auteur est un traître : on ne peut traiter les Hans de moutons, on ne peut accepter que les invasions des peuples des steppes soient considérées comme des transfusions de sang bienvenues pour la civilisation chinoise.

C'est un sujet sensible : au début du siècle, on voulait donner à la nation chinoise un ancêtre commun, l'Empereur jaune. La politique des 56 nationalités de Mao Zedong est alors un tournant radical. Mais les nationalistes refusent ces « avantages » donnés aux ethnies non Han, en nombre d'enfants, en accès à l'éducation, en fiscalité ; avantages bien relatifs quand on connaît la pauvreté et le manque d'infrastructures de nombreuses zones occupées par les minorités ethniques.
L'apparition d'un courant raciste

Deux articles de James Leibold de l'université de Melbourne décrivent les menées de ces groupes racistes et de leur site Internet Hanwang, qui compte 110 000 membres enregistrés.

En 2008, un historien réputé, qui glorifie à la télévision le rôle des dynasties mandchoues, est giflé en public comme traître à la cause Han. Seul un vote sur deux lors d'un sondage organisé sur le site du Quotidien du Peuple condamne ce type d'agression.

Le mouvement Hanfu (qui créa en 2003 le site Hanminzu.com [5]) n'est pas seulement un mouvement qui milite pour le retour au costume traditionnel des Hans. Ses membres s'opposent aux « privilèges » accordés aux « barbares » qui, dans le passé, ont détruit la civilisation chinoise et sont responsables de son retard par rapport à l'Occident. Les Mandchous sont pour eux une véritable « cinquième colonne ».

Le site n'a été fermé que quelques mois après les émeutes de Lhassa et d'Urumqi ; celles-ci, bien évidemment, renforcent ces thèmes nationalistes et racistes.

Six ans après sa parution, directement ou indirectement, « Le Totem du loup » continue de faire débat.

►Jiang Rong « Le Totem du loup », traduit par Yan Hansheng et Lisa Carducci. Editions Bourin - 2008 - 576 pages - 25 €.

Photo : la couverture du livre du « Totem du loup » de Jian Rong
Blog principal:
Chinatown [6]
L'homme est un loup pour l'homme, version chinoise [1]
Jean-Jacques Annaud adaptera à l'écran « le Totem du Loup » [2]
Un traducteur accuse : « les romanciers chinois sont incultes » [4]
Sheep in Wolves』 Clothing? The Book the Han Nationalists Love to Loath, par James Leibold, sur The China Beat [7]
Commander sur Fnac.com:
Le totem du loup [8]
URL source: http://www.rue89.com/chinatown/2010/03/24/le-totem-du-loup-continue-doutrer-les-nationalistes-chinois-143821

Links:
[1] http://www.rue89.com/chinatown/2008/02/10/lhomme-est-un-loup-pour-lhomme-version-chinoise
[2] http://www.rue89.com/chinatown/2009/08/19/jean-jacques-annaud-adaptera-a-lecran-le-totem-du-loup
[3] http://www.bleudechine.fr/index.php?page=auteurs&lettre=Z&auteur=39
[4] http://www.rue89.com/chinatown/2009/11/04/un-traducteur-accuse-les-romanciers-chinois-sont-incultes
[5] http://www.hanminzu.com/Article/ssyw/200812/98.html
[6] http://www.rue89.com/chinatown
[7] http://www.thechinabeat.org/?p=1301
[8] http://livre.fnac.com/a2157337/Jiang-Rong-Le-totem-du-loup?Origin=RUE89_EDITO

Ecrit par: P'tit Panda Mercredi 31 Mars 2010 18h54
Published on Rue89 (http://www.rue89.com)
Le livre chinois de 2000 ans qu'il aurait fallu lire avant les élections
By Bertrand Mialaret
Created 03/23/2010 - 10:10

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Chinatown [1]

Les débats électoraux et les résultats font irrésistiblement penser à un livre écrit il y a plus de 2 000 ans et dont la traduction vient d'être présentée par les éditions « Les Belles Lettres ». « La Dispute sur le sel et le fer » est un texte chinois d'un modernisme étonnant sur l'art de gouverner que nombre de nos hommes politiques devraient lire.

Qu'on en juge avec ces quelques citations :

« Aujourd'hui vous prétendez prendre aux riches pour aider les plus démunis, mais les riches ne cessent de s'enrichir et les pauvres de s'appauvrir. Vous avez renforcé le Code Pénal et alourdi les châtiments pour mettre un terme à la délinquance…pourtant on assiste à une recrudescence de la criminalité. »

« Tout souverain voudrait s'entourer de sages conseillers et donner des charges à des hommes de talent. Mais il est paralysé par des ragots, trompé par des flatteries. Ainsi les hommes de bien sont écartés… »

« Un peuple perdu dans un labyrinthe de règlements ne peut éviter de les transgresser. Dans le souci de ne pas l'égarer, le bon souverain fait la loi lumineuse comme le soleil et la lune…Pas besoin d'appareil répressif pour faire respecter un ordre auquel tous se conforment spontanément ».

Ce texte étonnant, tout à fait actuel et d'une lecture aisée, relate les débats, très vifs, lors d'un conseil impérial, entre une assemblée de sages et de lettrés, petits notables confucéens venus de toutes les provinces de l'empire et le Grand Secrétaire, Song Hongyang, qui exerce en fait le pouvoir.

Le débat s'ouvre sur les monopoles du sel et du fer, créés pour renflouer les caisses de l'Etat et dont les inconvénients sont patents. Tous les problèmes économiques et politiques seront alors abordés. Du côté du gouvernement, les besoins du Trésor et les mécanismes de profit, n'ont que faire de considérations morales et des principes mis en avant par nos lettrés.

Ce texte, présenté, traduit et annoté par Jean Levi, est publié en édition bilingue. Le premier volume de la « Bibliothèque Chinoise », une nouvelle collection dirigée par Anne Cheng, professeur au Collège de France, et Marc Kalinowski, directeur d'études à l'Ecole Pratique des hautes études.

L'ambition est de développer l'équivalent de la fameuse collection « Budé » des études grecques et latines, publiée chez le même éditeur. Un programme d'une dizaine d'ouvrages est déjà annoncé pour les deux prochaines années.

Une autre traduction est déjà disponible : « Maîtres mots » de Yang Xiong, traduit par Béatrice L'Haridon, est un texte majeur de l'histoire du confucianisme.

►La dispute sur le sel et le fer, introduction, notes et traductions de Jean Levi, éd. Les Belles lettres, 540 pp., 27€. Site web : www.lesbelleslettres.com [2]
URL source: http://www.rue89.com/node/144052

Links:
[1] http://www.rue89.com/chinatown
[2] http://www.lesbelleslettres.com/

Ecrit par: P'tit Panda Jeudi 01 Avril 2010 10h10
Nouveau ChinePlus en kiosque :

Ecrit par: P'tit Panda Jeudi 01 Avril 2010 21h28
Washington assure que Pékin est prêt à discuter de sanctions contre Téhéran
LE MONDE | 01.04.10 | 15h55 • Mis à jour le 01.04.10 | 15h56
Pékin Correspondant

La Chine serait désormais prête à "de sérieuses discussions" sur l'imposition de nouvelles sanctions économiques contre l'Iran, accusée de masquer un volet militaire d'enrichissement de l'uranium derrière un programme nucléaire civil. L'ambassadrice des Etats-Unis aux Nations unies, Susan Rice, a déclaré à la chaîne américaine CNN, mercredi 31 mars, que Pékin va se joindre prochainement aux discussions engagées par les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU - France, Chine, Grande-Bretagne, Russie Etats-Unis) et l'Allemagne.

"Solution pacifique"

Cette annonce coïncide avec la visite à Pékin du négociateur en chef iranien sur la question nucléaire, Saïd Jalili, jeudi 1er avril. L'ambassade d'Iran en Chine a confirmé cette arrivée sans préciser avec quels hauts responsables chinois va s'entretenir M. Jalili.

La Chine, qui s'est associée à trois reprises à des sanctions limitées contre l'Iran entre 2006 et 2008, reste opposée à de nouvelles, même si elle ne devrait pas utiliser pas son droit de veto. La stratégie de Pékin, qui plaide pour une "solution pacifique", est connue : la Chine défend tout à la fois le principe de non-intervention dans les affaires d'autrui et celui de la non-prolifération nucléaire. Dans le cas de l'Iran, elle estime que les preuves d'un programme militaire nucléaire ne sont pas rassemblées et ne pense pas que le régime de Téhéran puisse arriver à se doter de la bombe atomique à court terme.

La position chinoise semble cependant avoir récemment évolué : début mars, elle a appelé la République islamique à "renforcer" sa coopération avec l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) pour "lever les doutes".

L'Iran est le troisième fournisseur de pétrole de la Chine, après l'Arabie saoudite et l'Angola. En 2009, Pékin et Téhéran ont signé des contrats pour développer des champs pétrolifères en Iran. La Chine fournit de grandes quantités de pétrole raffiné à Téhéran, qui ne dispose pas de capacités suffisantes. Pour la Chine, la place occupée par l'Iran sur les franges sud de l'Asie centrale, non loin de la province troublée du Xinjiang chinois, est en perçue comme non négligeable.

Pour toutes ces raisons, la Chine doit ménager son allié iranien tout en évitant de s'aliéner les Etats-Unis et d'éviter un isolement diplomatique. Sur les sanctions, la tactique de Pékin semble consister à accepter la discussion tout en déployant des trésors de rhétorique pour retarder la décision. Surtout, comme le confiait la vice-ministre des affaires étrangères, Fu Ying, à un expert européen, la Chine fera tout son possible pour "atténuer" le plus possible la portée des sanctions quand ces dernières seront finalement imposées.

Bruno Philip
Article paru dans l'édition du 02.04.10


Ecrit par: P'tit Panda Jeudi 01 Avril 2010 21h32
Les Chinois investissent en masse dans le bordeaux
LEMONDE.FR avec Reuters | 01.04.10 | 13h21

Les acheteurs chinois présents en masse pour la première fois et un millésime 2009 très prometteur : la semaine des primeurs de bordeaux, qui s'est ouverte lundi 29 mars, bat tous les records de fréquentation.

La campagne des primeurs, dégustations organisées chaque année, permet aux acheteurs du monde entier de découvrir le dernier millésime en cours d'élevage et de l'acheter en avant-première pour être livré un an plus tard en bouteille. "Hors Union européenne, la Chine est devenue depuis l'année dernière le premier client des vins de Bordeaux à l'exportation. C'est le seul marché qui ne semble pas souffrir de la crise", explique Jean-Marc Guiraud, directeur de l'Union des grands crus, organisateur de cette manifestation spécifiquement bordelaise.

La venue de ces professionnels asiatiques est comme un rayon de soleil pour la viticulture bordelaise après un coup de froid économique d'une rare ampleur en 2009.

L'an dernier, les exportations ont baissé de 14 % en volume et de 23 % en valeur, dans un marché mondial en forte dépression sur lequel 70 millions d'hectolitres ont été échangés contre 90 millions l'année précédente.

Mais le marché chinois s'est considérablement développé en doublant quasiment ses importations de vins de Bordeaux – 137 000 hectolitres, soit une hausse de 97 % –, pour un chiffre d'affaires de 74 millions d'euros, en hausse de 40 %. Par comparaison, les Américains, qui se sont fait voler la première place, ont importé 116 000 hectolitres en 2009, soit une baisse de 27 %, pour un montant de 139 millions d'euros.

Ecrit par: P'tit Panda Jeudi 01 Avril 2010 21h39
Critique
"Vive le socialisme ! La véritable histoire d'une jeune Chinoise qui rêvait de liberté", de Lijia Zhang : Lijia Zhang, une ouvrière à Tiananmen
LE MONDE DES LIVRES | 01.04.10 | 10h31

Lijia revient de loin. Durant les années 1980, au début des réformes économiques, la jeune écolière de Nankin est contrainte par sa mère, ouvrière, de renoncer aux études supérieures et d'aller travailler dans une usine d'armement. Sous le titre ironique de Vive le socialisme !, la jeune femme - qui participera aux "événements de Tiananmen", en 1989 - écrit, à travers ses aventures de prolétaire mal lunée, un témoignage original sur la Chine postmaoïste.

Voici un livre assez drôle et enlevé, qui entraîne son lecteur dans les arcanes de la vie en usine et de ses petites rivalités entre chefaillons, quand le socialisme craque de toutes parts, que la parole et les individualités s'affirment dans une Chine en transition. Lijia Zhang ne nous fait grâce de rien, ni des médiocrités de sa vie professionnelle ni de son dépucelage sur une planche de bois dans le secteur du contrôle des jauges de pression. "Je détestais mon travail, l'atelier et l'usine, alors pourquoi prendre la peine d'être une travailleuse modèle ? Si j'avais une chose à faire, c'était quitter cet endroit insupportable"...

Au terme de cet apprentissage certes plus âpre que si elle avait suivi les voies plus classiques de l'université, la jeune femme sortira dépitée mais mûrie, capable de remettre en question le système. Ensuite, elle a épousé un Britannique, a vécu en Grande-Bretagne, a divorcé, est devenue journaliste. Mais cela est une autre histoire.
VIVE LE SOCIALISME ! LA VÉRITABLE HISTOIRE D'UNE JEUNE CHINOISE QUI RÊVAIT DE LIBERTÉ de Lijia Zhang. Traduit de l'anglais par Jean-François Chaix. Bourin, 406 p., 23 €.


Bruno Philip
Article paru dans l'édition du 02.04.10

Ecrit par: P'tit Panda Jeudi 01 Avril 2010 21h45
26 mars 2010 - 16H22

"Esprit nomade": 80 photographies sur les grilles du jardin du Luxembourg


AFP - L'exposition "Esprit nomade" des photographes italiens Tiziana et Gianni Baldizzone, qui évoque les peuples de terres parmi les plus fragiles et ingrates de la planète à travers 80 clichés, est présentée sur les grilles du jardin du Luxembourg jusqu'au 19 juillet.

"Esprit nomade" est le fruit d'un travail de longue haleine et d'une aventure humaine qui, depuis plus de vingt-cinq ans, ramène les photographes au coeur des territoires nomades. Des déserts de sable du Sahara, de Gobi ou de Thar jusqu'aux étendues d'herbe du Changtang, du Grand nord sibérien jusqu'aux steppes de l'Asie centrale.

Cette exposition transmet un message: les nomades, détenteurs de connaissances traditionnelles qui leur permettent de vivre depuis des millénaires dans des milieux hostiles, pourraient se révéler de précieux alliés de l?homme moderne dans la préservation de l'environnement.

Proposée par le Sénat, l'exposition est soutenue par le PMU, qui "soutient la photographie contemporaine porteuse de différents regards sur le temps présent", souligne le groupement dans un communiqué.

"Esprit nomade" est la 22e exposition accueillie par le Sénat sur les grilles du jardin du Luxembourg.

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Ecrit par: P'tit Panda Vendredi 02 Avril 2010 18h35
Obama appelle Pékin à travailler de concert sur le nucléaire iranien
LEMONDE.FR avec AFP | 02.04.10 | 06h35 • Mis à jour le 02.04.10 | 16h18


Le président américain s'est entretenu, jeudi 1er avril, par téléphone avec son homologue chinois, a annoncé la Maison Blanche. Barack Obama a appelé Hu Jintao à travailler de concert sur la question nucléaire iranienne, tandis que les deux responsables évoquaient l'importance d'une "relation bilatérale positive", selon la Maison Blanche.

Le sujet de la conversation n'a pas été précisé immédiatement, mais quelques heures auparavant, la Maison Blanche s'était félicitée de la décision du président chinois de prendre part au sommet sur la sécurité nucléaire à la mi-avril à Washington, estimant que cela prouvait que les deux pays pouvaient travailler ensemble malgré leurs désaccords. La Maison Blanche avait également annoncé avoir eu l'accord de la Chine pour négocier à l'ONU d'éventuelles sanctions contre l'Iran à cause de son programme nucléaire, alors que Pékin demeurait réticente à l'adoption de nouvelles sanctions à l'ONU contre Téhéran.

La Chine a néanmoins réaffirmé jeudi, comme elle le fait toutes les semaines, qu'elle continuait de privilégier une "solution pacifique" dans ce dossier, et a appelé toutes les parties à "faire preuve de souplesse" pour résoudre la question du nucléaire iranien, durant un entretien, vendredi, entre le chef de la diplomatie chinoise et un émissaire iranien.

Ecrit par: P'tit Panda Vendredi 02 Avril 2010 18h40
L'Europe n'est pas l'alliée idéale des Etats-Unis contre un yuan faible
LE MONDE | 02.04.10 | 14h58 • Mis à jour le 02.04.10 | 14h59


Personne ne dénonce la faiblesse du yuan plus haut et plus fort que les Etats-Unis. Mais on pourrait bientôt entendre s'élever la voix d'autres pays. Cette semaine, les dirigeants de cinq membres du G20 ont demandé à ce que la question des taux de change fasse l'objet d'une approche plus "large", pensant au cas chinois sans le nommer. La valeur du yuan est un enjeu international. Cela étant, l'intervention d'autres pays ne servira pas forcément les intérêts américains.

La zone euro est le premier partenaire commercial de la Chine. Comme le cours du yuan est déterminé par rapport à celui du dollar, les entreprises européennes devraient être les premières à se plaindre, car le dollar - et donc le yuan - a perdu un quart de sa valeur face à l'euro depuis novembre 2008.

Pourtant, les dirigeants européens n'ont émis jusqu'ici que de faibles protestations. La hausse des importations en provenance de Chine semble être le cadet de leurs soucis. Il faut replacer la problématique dans son contexte. Si le déficit commercial de la zone euro vis-à-vis de la Chine s'est creusé, les Européens n'ont pas les mêmes soucis d'endettement public que les Etats-Unis. La balance de leurs échanges commerciaux a été excédentaire en 2009.

L'appréciation du yuan n'aurait d'ailleurs pas que des avantages pour la zone euro. Si les produits chinois devenaient plus onéreux, les grands pays consommateurs que sont les Etats-Unis et le Royaume-Uni auraient d'autant moins à dépenser pour des biens européens. Les usines étrangères installées en Chine seraient touchées aussi. La fin de l'expansion spectaculaire des exportations chinoises serait donc une bien mauvaise nouvelle.

Les esprits s'échauffent

Les Etats-Unis pourraient trouver davantage de soutien en Asie, chez les voisins de la Chine. Mais ceux-ci ne profiteraient pas forcément d'une réévaluation du yuan. La plupart d'entre eux fournissent des pièces aux usines chinoises, qui les utilisent pour fabriquer des produits destinés à l'exportation. Un yuan plus fort les contraindrait à trouver de nouveaux débouchés commerciaux. L'industrie manufacturière chinoise pourrait aussi décider de réagir en se montrant plus dure avec ses fournisseurs étrangers.

Lorsque l'on croise le fer, les esprits s'échauffent. Faire participer d'autres pays au débat sur la valeur du yuan permettrait de le rendre moins politique et ainsi d'empêcher le déclenchement d'une guerre commerciale. D'un autre côté, l'organisation de discussions multilatérales mettrait peut-être les Etats-Unis face à une réalité assez peu confortable : tout le monde n'a pas forcément envie de rompre avec le statu quo.
(Traduction de Christine Lahuec.)

Plus de commentaires sur l'actualité économique et financière sur Breakingviews.com.

John Foley
Article paru dans l'édition du 03.04.10



Ecrit par: P'tit Panda Vendredi 02 Avril 2010 18h42
L'Occitane, de Manosque à Hongkong
LE MONDE | 02.04.10 | 14h28


Les champs de lavande dans les Hautes-Alpes aux gratte-ciel de Hongkong. Le groupe de cosmétiques L'Occitane, basé à Manosque, pourrait devenir la première société française cotée dans l'ancien territoire britannique. L'Asie représente plus de 40 % du volume d'affaires de ce groupe qui a connu une croissance fulgurante depuis dix ans. Son chiffre d'affaires a été multiplié par dix pour atteindre 537 millions d'euros lors de l'exercice clos fin mars 2009. Soit une hausse de 29,4 % par rapport à l'exercice précédent.

C'est une histoire assez "proustienne" qui permit à L'Occitane de voir le jour en 1976. Son fondateur, Olivier Baussan, aimait le souvenir olfactif du chèvrefeuille et de la lavande du temps où, enfant, il allait de la ferme de ses parents à l'école. Il a donc acheté un jour un vieil alambic pour faire des huiles essentielles avant de se tourner vers la fabrication des gros savons de Marseille qu'il avait utilisés pendant sa jeunesse.

L'homme d'affaires autrichien Reinold Geiger, qui avait déjà lancé sans succès une première petite marque de cosmétiques, est entré dans le capital de l'entreprise française en deux temps, en 1994 puis en 1996. A l'époque, les pertes de L'Occitane étaient estimées à 20 % du chiffre d'affaires.

Le capital est aujourd'hui détenu à 84 % par des actionnaires internes (dont 52 % pour son PDG autrichien), à 10 % par Clarins et le reste à un investisseur privé. Ce petit groupe, qui ne publie pas son résultat net, emploie plus de 4 700 personnes dans le monde dont près de 500 dans son immense usine de Manosque. Depuis 2000, les gammes de produits du terroir méditerranéen se sont multipliées, avec des produits associant phytothérapie et aromathérapie (à base d'olive, immortelle, miel, amande...). Les produits de soins, les plus vendus, ont montré une belle résistance à la crise.

Porté par une demande croissante pour les produits naturels, le groupe a rapidement pris le virage de l'international : il est présent dans plus de 70 pays et dans un réseau de près de 1 500 boutiques. Ces produits de luxe abordables sont souvent mieux valorisés à l'étranger qu'en France où la Provence ne fait guère rêver. En Chine, en revanche, ce type de produits cosmétiques a séduit au point d'être contrefait à grande échelle, par deux sociétés ayant pignon sur rue, Caminae et Occitown. Les dirigeants de l'Occitane ont compris dès 2005 qu'ils auraient perdu leur temps à intenter des procès. Ils sont devenus un peu plus chinois et ont préféré se battre pour imposer leur marque.

Des secteurs à développer

Aujourd'hui âgé de 62 ans, Reinold Geiger a, tout au long de sa carrière, créé six entreprises. "Certaines ont marché, d'autres ont été des flops", expliquait-il en début d'année devant un parterre d'étudiants de l'Insead. Il s'est ainsi essayé à la distribution de machines destinées à transformer le plastique, au métier de tour operator à Londres, avant de faire fortune avec une société d'emballage spécialisée dans les parfums et les cosmétiques...

Il est persuadé que L'Occitane bénéficie encore d'importants gisements de croissance, sur Internet (déjà plus de 5 % des ventes aux Etats-Unis, au Japon et en Grande-Bretagne) ou encore dans les aéroports, où la présence du groupe est encore très timide, alors que bon nombre de géants du secteur y réalisent 15 à 20 % de leurs ventes. Il est persuadé que le marché masculin des produits de beauté va se développer. Pour la simple raison qu'utiliser une crème pour le visage ne fait plus, chez les hommes, l'objet de préjugés idiots.


Nicole Vulser
Article paru dans l'édition du 03.04.10

Ecrit par: P'tit Panda Vendredi 02 Avril 2010 18h44
Le dynamisme des Bourses émergentes séduit les entreprises occidentales
LE MONDE | 02.04.10 | 14h28 • Mis à jour le 02.04.10 | 14h28


Faut-il y voir une nouvelle illustration de la bascule de l'économie mondiale vers les pays émergents ? L'évidence du déclin de la vieille Europe au profit du Brésil, de la Chine et des autres "tigres" d'Asie du Sud-Est ?
L'Occitane, entreprise spécialisée dans les cosmétiques à base de produits naturels, a décidé d'entrer en Bourse. Mais la société, toujours installée à Manosque (Provence), n'entrera ni à la Bourse de Paris ni à celle de Londres, mais à Hongkong. Et seulement à Hongkong. Une première pour une entreprise française. Elle a reçu, le 29 mars, le feu vert des autorités boursières chinoises. La société espère récolter entre 400 millions et 600 millions de dollars (298 millions à 447 millions d'euros) à cette occasion.


Dans un tout autre secteur, Tereos, connu du grand public pour le sucre Beghin-Say, a décidé de créer une filiale, Tereos Internacional, spécialisée dans l'éthanol et la canne à sucre, qui sera, elle, cotée au Brésil, à la Bourse de Sao Paolo, en complément d'une cotation à Paris.

L'Occitane et Tereos sont-ils des cas isolés ? Pour l'heure, selon les données récoltées par l'agence Thomson Reuters, seule une quinzaine de sociétés d'origine allemande, japonaise, américaine, autrichienne ou du reste de l'Europe ont fait le même choix depuis 2005. Mais "il y a une tendance", affirme Julian Thompson, gérant chez Threadneedle, spécialiste des marchés émergents.

Depuis plusieurs années, les Bourses d'Asie et d'Amérique latines, attirent, de fait, de plus en plus de sociétés, locales ou étrangères. Et la crise n'a rien changé. Depuis 2003, la capitalisation de la place boursière chinoise a ainsi grossi de 75 % tandis que celle du Brésil progressait de 778 %, indiquent les experts de Natixis. Au cours des trois premiers mois de 2010, les places chinoises de Shenzhen, Shanghaï et Hongkong ont même levé plus d'argent lors d'introductions en Bourse que celles de Londres et de New York. Alors que sur cette même période, la Bourse du Brésil a dépassé celle de Paris.

Réglementation plus souple

Les Bourses émergentes seraient-elles ainsi le nouvel eldorado des entreprises occidentales ? "Tout l'argent est là-bas !", explique Nathalie Wallace, gérante chez Batterymarch à New York. En Chine, notamment, l'économie présente une équation particulièrement séduisante avec une croissance explosive (près de 10 % par an) et une épargne abondante (quelque 1 780 milliards de dollars). De son côté, le Brésil, qui a su juguler son problème d'inflation, rassure les investisseurs.

Selon Mme Wallace, cette tendance ne peut que s'accentuer car " elle est supportée par la volonté politique". Après avoir vu filer les entreprises locales vers les Etats-Unis ou l'Europe, les autorités accueillent avec bienveillance ces entreprises occidentales à même de ramener des capitaux dans le pays. Celles-ci ont manifestement tout à y gagner. L'argent en abondance qui n'attend qu'à être investi, contribue à doper les cours de Bourse. En Chine, la "prime" est ainsi estimée à 10 % à 20 % de plus qu'à Wall Street par exemple. En outre, la réglementation de ces marchés est plus souple et le coût d'une cotation moins élevée.

Mais l'argent n'est pas la seule motivation. Etre coté en Chine ou au Brésil est aussi un "outil publicitaire", remarque Yannick Petit, PDG d'Allegra finance, conseil pour l'introduction en Bourse de PME. Les sociétés cherchent à attirer ces nouveaux consommateurs. Etre coté dans le pays permet d'apparaître instantanément dans la presse locale, voire d'être considéré comme une société quasi domestique.

Mais s'aventurer ainsi à la Bourse de Shanghaï ou Sao Paolo n'est pas sans risque. L'économiste Philippe Brossard, président de Macrorama, met en garde contre un "effet de mode" entretenu par "une illusion macroéconomique". La croissance de ces pays, encore liée à celle de l'Occident, peut vaciller et les Bourses craquer.

Ce risque est d'autant plus aigu que ces places sont moins sophistiquées, moins régulées, et plus opaques. Les manipulations de cours y sont plus probables. Surtout, le profil des épargnants expose les émetteurs à des chocs potentiels. "La demande vient essentiellement de particuliers qui connaissent mal les techniques boursières. explique un banquier d'affaires. En Chine, la Bourse reste un casino. Au premier choc, les cours plongent." Pour cette raison, de nombreuses sociétés se font aussi coter à Paris, Londres ou New York.

Mais pour l'économiste Jacques Attali, il y a "danger". "Si nous ne faisons rien, demain les entreprises ne se contenteront pas d'aller se coter dans les pays émergents, elles y installeront aussi leur siège social", pronostique-t-il.


Claire Gatinois
Article paru dans l'édition du 03.04.10

Ecrit par: P'tit Panda Lundi 05 Avril 2010 20h59
Chine : 115 mineurs sauvés d'une mine inondée au Shanxi
2010-04-05 20:17:02 xinhua

115 mineurs ont été sauvés lundi après-midi après être restés bloqués pendant environ 200 heures dans la mine de charbon inondée de Wangjialing, dans la province du Shanxi (nord), indique-t-on au centre de secours.

"Les sauveteurs continuent à rechercher les 38 mineurs encore bloqués, mais les opérations de secours sont compliquées", souligne Liu Dezheng, le porte-parole du centre.

"C'est un miracle dans l'histoire du sauvetage dans les mines", ajoute Luo Lin, directeur de l'Administration d'Etat de la sécurité du travail, qui attend à l'entrée du puits.

"Les méthodes et la technologie scientifiques utilisées dans ce sauvetage ont permis de sauver ces mineurs qui étaient restés bloqués au fond de la mine pendant une semaine", assure de son côté le secrétaire du Comité provincial du Parti communiste chinois pour le Shanxi, Zhang Baoshun.

Ce responsable affirme être informé que la plupart des survivants sont en condition stationnaire et qu'ils peuvent s'exprimer un peu.

Chen Yongsheng, qui commande l'équipe de sauveteurs, indique que ceux-ci n'ont pas encore réussi à joindre deux paliers inférieurs du puits où pourraient se trouver le reste des mineurs.

" La pièce située en dessous de la galerie inondée est petite. La surface de l'eau est à moins d'un mètre du sommet de la galerie où nous avons trouvé les survivants lundi matin", explique-t-il.

Le centre de secours a indiqué que l'eau continuait à être pompé pour réduire le niveau de l'eau.

Une équipe d'experts médicaux mise sur pied par le ministère de la Santé est arrivée au Shanxi pour aider les sauveteurs.

"J'ai deux filles et un fils. J'ai bien été obligé de prendre ce travail à la mine pour gagner de l'argent pour eux", a déclaré un survivant âgé de 45 ans à l'Hôpital de l'Usine d'aluminium du Shanxi où ont été déjà admis 35 mineurs lundi.

Cet hôpital est l'un des cinq hôpitaux de la région où sont conduits les survivants.

"C'est fantastique d'être de nouveau dehors", s'est exclamé un survivant âgé de 27 ans.

Après la baisse du niveau de l'eau, les sauveteurs ont réussi à entrer dans la mine inondée dimanche soir à la recherche des 153 mineurs restés bloqués pendant plus d'une semaine.

Ecrit par: P'tit Panda Mardi 06 Avril 2010 18h42
Published on Rue89 (http://www.rue89.com)
Bob Dylan fait encore peur : interdit de concerts en Chine
By Pierre Haski
Created 04/04/2010 - 19:32



Qui l'eut cru ? A 68 ans, Bob Dylan a depuis longtemps cessé d'incarner la rébellion de la jeunesse ou l'anti-militarisme, mais vu de Pékin, il continue à faire peur. Les autorités chinoises lui ont refusé l'autorisation de chanter à Pékin et à Shanghaï dans le cadre de sa prochaine tournée asiatique, provoquant l'annulation de celle-ci.

Aucune explication n'a évidemment été donnée à ce véto, mais l'organisateur de la tournée asiatique attribue cette méfiance à l'« effet Björk », depuis que la chanteuse islandaise a conclu un concert à Shanghaï en criant « Tibet, Tibet », après avoir chanté un morceau intitulé « Declare independence »… L'organisateur a ainsi déclaré au quotidien hongkongais South China Morning Post [1] :
« Björk a assurément rendu la vie plus difficile aux autres artistes. Le ministère chinois de la culture a désormais très peur de ce que pourront dire les artistes pendant leurs performances ».

Les grands concerts publics sont encore rares ou très encadrés en Chine, peu accueillante pour les tournées des grands groupes mondiaux. Le Français Louis Bertignac (ex-Telephone) en avait fait l'expérience en 2007, lorsque son concert avait été brutalement interrompu par la police, comme nous l'avions raconté à l'époque [2].

Il est possible aussi qu'un fonctionnaire zélé, et polyglotte, ait passé un peu de temps à écouter les paroles des « protest songs » du Bob Dylan des années 60, et y ait trouvé quelques résonnances avec la Chine d'aujourd'hui. Les Chinois devront donc se contenter d'apprendre l'anglais sur les CD pirates de Bob Dylan, au lieu de l'entendre en live…
Blog principal:
Chinatown [3]
Quand la police met fin à un concert français à Shanghaï [2]
Sichuan : un an après le séisme, le rock humanitaire chinois [4]
En concert à Shanghai, Björk chante pour l'indépendance du Tibet, sur Aujourd'hui la Chine [5]
URL source: http://www.rue89.com/chinatown/2010/04/04/bob-dylan-fait-encore-peur-interdit-de-concerts-en-chine-146069

Links:
[1] http://www.scmp.com/portal/site/SCMP/
[2] http://www.rue89.com/chinatown/quand-la-police-met-fin-a-un-concert-francais-a-shanghai
[3] http://www.rue89.com/chinatown
[4] http://www.rue89.com/chinatown/2009/05/10/sichuan-un-an-apres-le-seisme-le-rock-humanitaire-chinois
[5] http://www.aujourdhuilachine.com/actualites-chine-en-concert-a-shanghai-bjork-chante-pour-l-independance-du-tibet-5827.asp?1=1

Ecrit par: P'tit Panda Mardi 06 Avril 2010 18h49
Des pirates informatiques basés en Chine ont volé des documents secrets indiens, selon un rapport

PEKIN (AP) — Des pirates informatiques basés en Chine ont dérobé des informations relatives à la sûreté nationale indienne, 1.500 courriers électroniques émis par le bureau du dalaï-lama et d'autres documents sensibles, selon un rapport d'une équipe de recherche canadienne rendu public mardi.

Des chercheurs de l'université de Toronto, au Canada, ont suivi ces actions de piratage pendant ces huit derniers mois et ont pu en remonter la piste jusqu'à des serveurs informatiques installés en Chine et des personnes installées dans la ville de Chengdu (sud-ouest).

Selon ce rapport, les chercheurs ont retrouvé la piste de documents relatifs à la sûreté nationale indienne, classés "secret" et "confidentiel", dont certains portant sur la sécurité dans le nord-est de l'Inde, à la frontière avec la Chine. D'autres documents concerneraient les relations de l'Inde avec le Moyen-Orient, l'Afrique et la Russie.

Quelque 1.500 courriels envoyés du bureau du dalaï-lama entre janvier et novembre 2009 ont également été découverts, précise le rapport. De plus, "nous avons retrouvé des informations bancaires personnelles, des copies de documents d'identité, de candidatures à des emplois, de documents juridiques et des informations sur des affaires judiciaires en cours", ajoute le rapport, en précisant que les identités et les motivations des pirates restent inconnues.

Les chercheurs soulignent n'avoir "aucune preuve de l'implication de la République populaire de Chine (RPC)". "Mais, une importante question qu'il faut se poser est de savoir si la RPC prendra des mesures pour fermer le réseau Shadow", nom donné à cette opération de piratage, observe le rapport.

Mardi, Pékin se tenait sur la défensive, alors que de précédents rapports ont fait état cette année d'attaques contre Google et d'autres sociétés depuis des ordinateurs basés en Chine.

"Nous avons de temps en temps eu vent de ce type de nouvelles. Je ne vois pas quel intérêt il y a à soulever ces questions", a déclaré Jiang Yu, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.

"Nous sommes fermement opposés à différentes sortes d'activités de piratage par le biais d'Internet", a-t-elle ajouté, précisant que la Chine entendait lutter juridiquement contre la cybercriminalité.

De son côté, le gouvernement indien n'avait toujours pas commenté mardi ces informations. Le ministre indien des Affaires étrangères S.M. Krishna doit participer cette semaine, en Chine, aux célébrations du 60e anniversaire des relations diplomatiques entre les deux pays. La rivalité militaire entre l'Inde et la Chine s'est accentuée ces dernières années, sur fond de conflits frontaliers.

"Ces choses ne sont pas nouvelles", a pour sa part déclaré Tenzin Takhlha, un porte-parole du bureau du dalaï-lama, chef spirituel tibétain, accusé par la Chine de soutenir l'indépendance du Tibet. Le bureau travaille en étroite collaboration avec les chercheurs pour sécuriser son système informatique, a-t-il ajouté.

A l'origine de ce rapport, le groupe de recherche canadien "Information Warfare Monitor" avait publié il y a un an un document similaire révélant qu'un réseau d'espionnage sur Internet, principalement basé en Chine, avait piraté des documents classés confidentiels de gouvernements et d'organisations de 103 pays. AP

06/04/10 18:50

Ecrit par: P'tit Panda Mardi 06 Avril 2010 18h55
L'orgueil dangereux de la Chine
Par Jean-Luc Domenach, mardi 06 avril 2010
Jean-Luc Domenach (*)

L'ubris _ cet orgueil démesuré tant narré par les Grecs _ n'est pas une particularité de l'histoire occidentale : la Chine d'aujourd'hui nous en donne la preuve. En effet, depuis le succès de ses Jeux olympiques et la réussite de son plan de relance économique, elle se comporte comme si elle était devenue la deuxième puissance mondiale. Mais une puissance vaniteuse, qui manifeste ouvertement son mépris pour les pays européens et le peu de crédit qu'elle leur accorde. Comme si l'Europe était devenue, pour elle, un fouillis de petits pays sur le déclin, qu'il s'agit de plumer. Et elle semonce ouvertement un président américain qui a pourtant beaucoup fait pour la ménager.


Mais là n'est pas le pire puisque, aussi bien, Obama n'a pas cillé devant les injures, et la puissance américaine, même diminuée, conserve une supériorité écrasante. Plus grave est d'abord le fait que les dirigeants chinois gèrent désormais leur économie pour peser sur le reste du monde. Ce comportement est risqué, car l'éclatement de la bulle financière chinoise pourrait engendrer de graves conséquences, d'autant que les dirigeants chinois n'ont pas encore eu le courage d'organiser la mutation nécessaire d'une économie d'exportation en économie de consommation.


Le pire est aussi que les gesticulations chinoises accompagnent une stratégie qui consiste à mettre à profit les ressources de tous ordres de notre monde, en participant le moins possible à la protection de la paix. Au risque, comme dans les affaires nord-coréenne et iranienne, d'interdire toute solution concertée. La Chine veut bien piller, au mieux acheter, mais non donner.


C'est enfin que ce régime, si modeste quand il avait besoin d'aide, se donne aujourd'hui en modèle au reste du monde, offrant aux tyrans corrompus de la planète, de Moscou à Khartoum, la possibilité de parer leurs exactions du prestige de la réussite chinoise. À l'heure où le modèle démocratique vacille et où nos économies stagnent, le danger est réel d'un désastreux clivage faussement idéologique, qui ne ferait que retarder les nécessaires entreprises de coopération.


On peut trouver des excuses aux dirigeants chinois. L'Occident a souvent traité scandaleusement mal leur pays ; leurs succès reposent aussi sur l'intelligence et les sacrifices ; ils ont été facilités par les politiques simplistes des dirigeants occidentaux et l'avidité de nos hommes d'affaires. L'ubris dont Pékin fait preuve aujourd'hui ne peut faire oublier la modestie que Deng Xiaoping prônait, la profonde amitié que le peuple chinois voue au reste du monde et, bien sûr, la nécessité de laisser à la Chine une place de choix dans la direction des affaires du monde.


Il n'empêche. Le temps est venu de changer de ton à l'égard du gouvernement chinois. S'il veut notre amitié, il faudra désormais qu'il la mérite.

http://blog.ouest-france.fr/index.php/?2010/04/06/429-l-orgueil-dangereux-de-la-chine

(*) Directeur de recherche au Ceri-Sciences Po. Auteur de La Chine m'inquiète (Perrin).

Ecrit par: P'tit Panda Mardi 06 Avril 2010 18h57
Attention aux idées reçues sur le yuan !

Par Marc Fiorentino, stratège d'Allofinance.com.

Quand on parle du yuan, nous sommes tous tellement concentrés sur le fait qu'il FAUT que les Chinois réévaluent et cessent leur dumping commercial par la sous-valorisation de 40% de leur monnaie et tous tellement convaincus qu'ils ne le feront pas, ou si peu que ce sera à peine perceptible, que nous ne nous posons pas une question pourtant essentielle : quelles seraient les conséquences d'une réévaluation très significative du yuan ? Et vous allez voir que la réponse n'est pas aussi évidente qu'il y paraît.

En première analyse, tout le monde a tendance à donner la même réponse : si le yuan est réévalué, la Chine verra ses exportations chuter et les Etats-Unis et l'Europe seront plus compétitifs. Dès lors, on assistera à un rééquilibrage mondial des surplus et des déficits commerciaux. Conclusion : ce sera donc une très mauvaise nouvelle pour la Chine et une très bonne nouvelle pour les autres pays. Hep ! Pas si vite ! Creusons un peu le sujet.

1. La première conséquence d'une réévaluation du yuan serait... une hausse immédiate de l'inflation dans les pays importateurs. Le coût de nos chaussettes, chemises, machines à laver, réfrigérateurs, meubles et autres produits "made in China" connaîtrait une augmentation immédiate qui viendrait plomber un pouvoir d'achat déjà en berne. "Bad news".

2. Ni l'Europe, ni les Etats-Unis ne sont capables de produire ce que la Chine produit. Même si les coûts de production en Chine augmentaient de 15% à 20% en cas de réévaluation majeure, le pays serait toujours aussi compétitif. Nous n'allons pas, du jour au lendemain, ni en un an, ni en dix ans "réindustrialiser" l'Europe pour de la production de masse. Qui a envie d'ouvrir aujourd'hui une usine de 10.000 ouvriers en France ?

3. Une hausse du yuan provoquerait certes un repli des surplus commerciaux chinois, mais elle entraînerait un enrichissement instantané de la Chine, qui lui donnerait des capacités d'investissement à l'étranger presque sans limites. Aux appels au protectionnisme contre les exportations chinoises succéderait l'appel au protectionnisme contre les investissements chinois.

4. Dans l'hypothèse où la Chine exporterait moins, ses réserves de change diminueraient et elle aurait donc moins de dollars de recettes et moins de dollars à investir dans la dette américaine.

5. Si le yuan réévalue, la banque centrale chinoise n'a pas besoin d'acheter des dollars tous les jours pour bloquer la progression du yuan, comme elle le fait aujourd'hui, et là encore elle aurait moins de dollars à investir dans la dette américaine.

Dans ces deux cas, la hausse des taux d'intérêt américains à long terme serait immédiate et dévastatrice.

6. Si le yuan est réévalué, la demande intérieure chinoise pourrait momentanément être relancée, mais on ne peut avoir aucune certitude sur le sujet, aucune.

Pas si simple donc...

Le 15 avril, le Trésor américain devait rendre son rapport ? finalement reporté ? et décider si la Chine mérite d'être frappée du sceau de l'infamie en étant qualifiée de "manipulatrice" pour sa monnaie. Cette décision serait lourde de conséquences. Elle entraînerait automatiquement des sanctions sous forme de taxes sur les importations chinoises, sauf si... la Chine décide de réévaluer sa monnaie avant que les sanctions ne soient appliquées. Ce qu'elle fera. La Chine n'aime pas agir sous la contrainte, mais elle ne prendra pas le risque d'un affrontement commercial avec les Etats-Unis. Elle le fera d'autant plus volontiers qu'à ce stade de son développement, comme on l'a vu, la réévaluation du yuan serait, contre toute attente, NEGATIVE pour les Etats-Unis et POSITIVE pour la Chine.

Les Etats-Unis le savent, l'administration Obama le sait, le Congrès américain le sait et le Trésor américain le sait. Mais aujourd'hui, il faut, comme au début des années 90 avec le Japon, répondre à la colère des ouvriers américains licenciés qui voient dans la Chine la source de leur malheur. Il n'est donc plus possible de faire machine arrière. La grande marche du yuan a commencé et ce n'est pas une bonne nouvelle.

Marc Fiorentino

http://www.latribune.fr/

Ecrit par: P'tit Panda Mardi 06 Avril 2010 19h07
La Chine veut réformer la fiscalité foncière et des ressources

mardi 6 avril 2010 19h03

PEKIN, 6 avril (Reuters) - La Chine réformera sa fiscalité du foncier et des ressources naturelles cette année, a annoncé le ministère des Finances mardi.

Il a ajouté que la refonte de la fiscalité est une priorité de 2010.

"Nous instaurerons une réforme de la fiscalité des ressources naturelles en temps et en heure, qui mettra l'accent sur la conservation des ressources et sur la protection de l'environnement", explique le ministère dans un communiqué.

La réforme de cette fiscalité particulière, mûrie depuis 2006, se traduira sans doute par une hausse appréciable des coûts de production pour les houillères telles que Shenhua Energy (1088.HK: Cotation), pour le producteur de cuivre Jiangxi Copper (0358.HK: Cotation) ou encore pour un aluminier tel que Chalco (2600.HK: Cotation)(601600.SS: Cotation).

Quant à la réforme du foncier, elle fait débat en Chine. Ses partisans disent qu'elle mettra un frein à la spéculation, et donc à l'inflation par les prix immobiliers, mettant ainsi à la disposition des autorités locales une source de revenu plus régulière.

Les prix du foncier ont augmenté de 10,7% en Chine en février, en glissement annuel. Pékin a modifié et durci les règles du crédit immobilier ces derniers mois, pour prévenir toute bulle spéculative dans l'immobilier.

(Simon Rabinovitch, Wilfrid Exbrayat pour le service français, édité par Nicolas Delame)

Ecrit par: P'tit Panda Mercredi 07 Avril 2010 21h55
Mise à jour 07.04.2010 16h08
Où sont passés les garçons ?


Un livre récemment publié, qui prétend que les garçons chinois sont inférieurs aux filles sur le plan scolaire, et qu'ils perdent même du terrain phyisiquement et émotionnellement, a causé un vif débat.

Un chercheur émérite spécialisé dans les problèmes de la jeunesse qui a soutenu qu'il y avait en Chine une « crise des garçons » a déclenché une vague de discussions chez les parents, les enseignants et les médias.

Les garçons seraient physiquement moins forts que ceux des générations précédentes, incapables d'accepter leurs responsabilités sociales, et seraient mentalement et émotionnellement inférieurs aux filles, d'après Sun Yunxiao, le Directeur adjoint du Centre Chinois de Recherche sur la Jeunesse et les Enfants.

Il a poussé ce cri d'alarme dans son livre « Sauvez les garçons » (拯救男孩, Zhengjiu Nanhai) écrit en collaboration avec Li Wendao et Zhao Xia, et publié en janvier dernier.

L'expression de « crise des garçons » avait été à l'origine forgée pour décrire les mauvais résultats scolaires des jeunes Américains, mais M. Sun a repris cette expression pour décrire les problèmes scolaires, physiques sociaux et mentaux que, d'après lui, rencontrent les jeunes Chinois.

Le livre cite des chiffres du Ministère de l'Education concernant les bourses nationales accordées en 2006-2007, et il s'avère qu'il y a eu 32 542 filles mais seulement 17 458 garçons, soit un rapport de 1/1,86. Et en 2007-2008, le rapport a été de 1/1,88.

De même, la taille moyenne des garçons âgés entre 7 et 17 ans est inférieure de 2,54 cm à celle de leurs homologues japonais actuels. Et, comparé à la situation d'il y a vingt ans, les capacités pulmonaires des jeunes citadins et des jeunes campagnards ont baissé de 304 ml et 312 ml respectivement, d'après une enquête menée de 1985 à 2005.

Il a aussi noté que l'Hôpital pour Enfants de Beijing a eu affaire, entre 2000 et 2007, à 19 196 enfants, âgés de 6 à 11 ans et présentant des troubles mentaux. D'après lui, 69,19% des cas étaient des garçons.

M. Sun reconnait que les jeunes Chinois sont à la traîne de leurs homologues étrangers et même des filles, car ils sont dorlotés dès leur naissance, ont moins de modèles masculins positifs sous les yeux, se trouvent dans un système scolaire déficient et sont influencés par la culture pop.

Son opinion fait écho à celle de nombreux enseignants et experts de l'éducation.
Ainsi de Deng Yanlin, âgée de 49 ans, Professeur d'anglais au Collège des Chemins de Fer de Henyang, dans la Province du Hunan, qui dit que les garçons ne font pas aussi bien face au stress des examens que les filles.

Elle cite le cas de l'un de ses étudiants, âgé de 17 ans, qui pourrait être candidat pour la prestigieuse Peking University, mais qui n'arrive pas à se concentrer et à qui il arrive de pleurer en cours.

« Il n'arrive pas à supporter l'énorme pression de l'Examen National d'Entrée à l'Université de juin. J'ai conseillé à ses parents de l'emmener voir un conseiller psychologique », dit Mme Deng.

« Beaucoup de mes garçons montrent peu d'intérêt pour les activités de la classe, alors qu'il y a vingt ans, les garçons étaient courageux et prêts à prendre des responsabilités ».

Qian Honglin, chercheur en éducation familiale basée à Beijing, dit : « Ce qui fait un homme véritable, c'est une attitude positive, l'esprit d'aventure et le sens des responsabilités. Les enseignants et les parents semblent avoir des difficultés à aider les garçons à cultiver ce genre de saine masculinité ».

Mme Qian insiste sur le rôle de modèle du père, que le garçon imite, et ce faisant parfait sa propre identité sexuelle. Elle dit que les pères actuels ont échoué sur ce plan car ils travaillent et rencontrent beaucoup trop de gens, et qu'ils sont vus par leurs fils essentiellement comme une personne qui rapporte de l'argent à la maison.

Et, ajoute t-elle, du fait que le nombre des divorces a augmenté, et que c'est souvent la mère qui prend l'enfant en charge, la situation en est davantage exacerbée.

Mais, par dessus tout, d'après M. Sun, c'est le système éducatif, orienté vers les examens, qui est le plus coupable, car il ne respecte pas les besoins et caractéristiques spécifiques du sexe masculin.

Zhou Yuzhi, étudiant en première année à l'Université de Shenyang, capitale de la Province du Liaoning, approuve :

« A rester assis en classe et à regarder des manuels scolaires pendant des heures, et cela jour après jour, les garçons s'ennuient assez vite. Nous voulons davantage de cours pratiques et d'heures de sport », dit-il.
« Nous avons des ambitions, par exemple devenir des dirigeants puissants dans le futur. Mais nous n'osons pas partager ces idées avec nos parents et nos professeurs, car nos performances scolaires ne sont pas aussi bonnes que celles des filles et que nous n'avons pas envie qu'on se moque de nous. Et de fait certains garçons se taisent, se font dociles et deviennent des poules mouillées. Nous sommes opprimés ».
M. Sun est d'accord pour dire que le cursus scolaire devrait comporter de l'entraînement physique et de l'exploration du monde. Mme Qian suggère quant à elle que les établissements scolaires adoptent un système d'évaluation multi-valeurs.

Le point de vue de M. Sun a été fortement critiqué.

« Il n'y a pas de crise des garçons. Il y a seulement des difficultés à grandir auxquelles les garçons font face. C'est surmonter ces difficultés qui fera d'eux des hommes. Dans notre société, les hommes responsables ne manquent pas, et n'oubliez pas qu'il ont grandi dans le même système éducatif », dit Luo Huiyang, Professeur à l'Ecole Elémentaire No3 de Zhongguancun, à Beijing.

Xie Yong, père d'un jeune garçon âgé de sept ans et qui vit à Shenzhen, dit que bien des parents qu'il connaît, et lui-même, sont en désaccord avec M. Sun.

« L'influence d'un père ne se mesure pas seulement en quantité de temps dépensé, mais aussi en qualité du temps passé à s'occuper d'un enfant », dit M. Xie.

« Par exemple, je suis souvent trop occupé par mon travail pour pouvoir aider mon fils à faire ses devoirs. Je compenserai alors cela en lui achetant des DVD sur les Entretiens de Confucius ou les Trente-six stratagèmes, qu'il me demande, et que nous pourrons regarder ensemble à un autre moment ».

Malgré cela, tant les parents que les éducateurs ont exprimé leur profond souci face à certains programmmes de divertissement et leur reprochent de véhiculer de mauvaises valeurs d'identité sexuelle.
Par exemple, des émissions populaires comme « My Hero » ou « Happy Boys » montrent des garçons présentant une apparence efféminée, qui versent des larmes afin d'obtenir les votes du public.

M. Xie pense que les programmes télévisés devraient plutôt faire l'apologie de valeurs comme la rectitude, le soutien moral, le sérieux et les valeurs sociales collectives.

« Mais ce qu'elles véhiculent, c'est surtout le succès du jour au lendemain, et cela a un impact négatif sur les adolescents », dit-il.

Mais le jeune Zhou, de l'Université de Shenyang, désapprouve sur ce point.

« Ce ne sont que des émissions de divertissement. Vous ne pouvez pas dire que les vedettes ne sont ni filles ni garçons seulement parce qu'ils ne s'habillent pas de manière conventionnelle. Je pense que nos parents réagissent de manière excessive », dit-il.

Source: le Quotidien du Peuple en ligne

Ecrit par: P'tit Panda Mercredi 07 Avril 2010 21h57
Mise à jour 07.04.2010 10h59
Les meubles de luxe, nouveau symbole de richesse

Alors que Gucci, Louis Vuitton, Chanel et autres marques de haut de gamme continuent à attirer les Chinois amateurs de luxe, les meubles de designers sont en passe de devenir le prochain symbole de richesse des Chinois fortunés.

Avec une surface de plus de 30 000 mètres carrés, GOHO, un centre de vente de mobilier international, qui abrite 374 marques de luxe du monde, a ouvert à Beijing le 3 avril chez Easy Home, une chaîne de vente de meubles haut de gamme.

Lamborghini, nouvelle boutique italienne ouverte chez GOHO, n'est pas seulement synonyme de voitures mais offre également une large gamme de meubles.

Etiquetés « fabriqué en Italie », et dessinés par des designers célèbres dans le monde entier, les meubles Lamborghini coûtent une fortune. Une chambre à coucher complète conçue par Paolo Gucci, un des plus grands noms de l'industrie de la mode au monde, coûte rien moins que 505 778 Yuans, y compris lampes de chevet, tables de nuit et un divan.

« Paolo Gucci est un designer de mode qui met de nombreux éléments artistiques ainsi que son propre style dans cet ensemble. D'un certain point de vue, cet ensemble peut-être considéré comme une oeuvre d'art, ou tout au moins une pièce de collection de valeur », dit Qin Han, un responsable des ventes chez Classic Furniture, qui vend les meubles Lamborghini.

« Chacun de nos ensembles de meubles coûte plus de 300 000 Yuans, et ils sont tous uniques. Ceux qui veulent les acheter le font parce qu'ils sont un symbole de richesse et de haut statut social », dit-il.

En plus des produits Lamborghini, d'autres marques célèbres dans le monde, comme B & B, Boffi, Joop!, Catari et Ligne Roset investissent aussi les marchés du meuble et de la décoration d'intérieur.

« Antoni Citterio et Philippe Starck, qui ont remodelé le Lan Club sur l'Avenue Chang'An, sont nos designers en chef. Le design italien est très populaire chez les consommateurs chinois, car il est reconnu pour son goût et son élégance », a dit le propriétaire de B & B à METRO.

« Je suis certain qu'un homme qui roule en Mercedes Benz ne décorera certainement pas son appartement avec des meubles fabriqués en Chine. Cela ne veut pas dire que le 『Made in China' a mauvaise réputation, c'est seulement parce que les riches recherchent la haute qualité et le bon goût. Et comme les marques de meubles de luxe affluent sur le marché chinois, les marques de meubles de haut de gamme deviennent une nécessité pour les Chinois riches », a dit lundi Xing Zhengqiang, un responsable du service des affaires internationales chez Easy Home.

Le Rapport Hurun 2010, publié le 1er avril dernier, a fait état de 9 400 personnes ou familles disposant de plus de 100 millions de Yuans à Beijing. Sur l'ensemble de la partie continentale de la Chine, ils sont 55 000.

Source: le Quotidien du Peuple en ligne

Ecrit par: P'tit Panda Jeudi 08 Avril 2010 20h15
La Chine nie l'impact de ses barrages sur la sécheresse du Mékong
LE MONDE | 08.04.10 | 15h46 • Mis à jour le 08.04.10 | 15h48
Pékin Correspondant


Pas coupable ! La Chine a vivement rejeté, lundi 5 avril, les accusations portées contre elle à propos de la sécheresse dans le bassin du Mékong, qui affecte une soixantaine de millions de personnes, dans le sud-ouest chinois, en Thaïlande, au Laos et au Cambodge. Des experts et des organisations de défense de l'environnement estiment que des barrages hydroélectriques - quatre en service, quatre en projet - construits en Chine dans la province du Yunnan, sur le haut Mékong, contribuent fortement à la baisse du niveau du "fleuve tumultueux".

Lors d'un sommet, organisé lundi 5 avril par la Mekong River Commission (MRC) dans la ville côtière de Hua Hin, en Thaïlande, le vice-ministre chinois des affaires étrangères, Song Tao, a affirmé que "les statistiques montrent que la récente sécheresse qui a frappé l'ensemble du bassin est attribuable au temps extrêmement sec ; le déclin du niveau des eaux du Mekong n'a rien à voir avec le développement de projets hydroélectriques".

La presse chinoise avait depuis des jours préparé le terrain pour la réunion des pays membres de la MRC (Thaïlande, Cambodge, Laos et Vietnam) où Pékin était présent comme "partenaire" aux côtés de la Birmanie : "La Chine a toujours donné la priorité à la protection de l'environnement. Il est donc grotesque de la tenir responsable de la sécheresse dans la sous-région du Mékong", fulminait un article du China Daily.

Sur le site en ligne du quotidien, un récent article s'appuyait sur une réaction cambodgienne pour dédouaner la République populaire : Lim Kean Hor, ministre des ressources hydrauliques et de la météorologie, a déclaré que "les barrages construits par la Chine n'ont pas d'impact sur le changement du niveau d'eau dans le bas Mékong". Le coupable, selon le ministre de ce royaume très proche de la Chine sur les plans politiques et économiques, est "le changement climatique ".

Les arguments sont loin de convaincre les voisins de la Chine, qui est certes victime d'une très grave sécheresse qui priverait 27 millions de personnes d'eau potable dans ses provinces méridionales du sud-ouest. Mais rien qu'en Thaïlande, 14 000 villages sont eux aussi concernés par le manque d'eau dans une région où de nombreux pêcheurs et paysans dépendent des richesses du grand fleuve.

Gestion plus rationnelle

Le Mékong est l'un des plus grands réservoirs à poissons d'eau douce de la planète et certaines espèces sont déjà menacées, comme le célèbre poisson-chat géant. Alarmé par le niveau le plus bas de la rivière depuis cinquante ans, le premier ministre thaïlandais, Abhisit Vejjajiva, a déclaré lors du sommet que le Mékong "ne survivrait pas" sans une gestion plus rationnelle de la distribution des eaux.

Pékin a tout de même fait un geste d'ouverture, fin mars, en acceptant de fournir les détails statistiques du niveau de la rivière durant la saison sèche. La Chine a promis de donner à l'avenir plus d'informations sur ses barrages, une initiative interprétée "comme un pas en avant significatif" par le secrétaire de la MRC, Jeremy Bird.

Pour sa part, le premier ministre thaïlandais a émis le souhait que la coopération avec la Chine devienne "plus régulière" dans le futur.


Bruno Philip
Article paru dans l'édition du 09.04.10


Ecrit par: P'tit Panda Jeudi 08 Avril 2010 20h16
L'Inde et le dalaï-lama victimes de cyber-espions basés en Chine
LE MONDE | 08.04.10 | 15h07 • Mis à jour le 08.04.10 | 15h11
New Delhi Correspondance


Des chercheurs américains et canadiens ont dévoilé, mardi 6 avril, l'existence d'un vaste réseau d'espionnage électronique, basé en Chine. Il aurait collecté des informations relatives à la sécurité nationale indienne et capté plus de 1 500 courriers électroniques émis par le bureau du dalaï-lama.

Pendant huit mois, les chercheurs de l'université de Toronto ont pu suivre les opérations des cyber-espions, qui se sont servis de blogs, de réseaux sociaux comme Twitter et de courriers électroniques pour prendre le contrôle des ordinateurs à distance. Des documents classés "confidentiels" et "secrets" ont pu être ainsi dérobés. Ils traitaient de la situation sécuritaire dans les Etats du nord-est du pays, non loin de la frontière avec la Chine, et des mouvements de rébellion dans la région.

Des notes sur la diplomatie indienne menée en Afrique de l'Ouest, en Russie, au Moyen-Orient et des copies de demandes de visa provenant notamment de l'ambassade de l'Inde à Kaboul, en Afghanistan, ont été obtenues. Les cybercriminels ont récolté des informations personnelles sur des étudiants dans les écoles militaires indiennes, des universitaires et des journalistes travaillant pour des revues spécialisées dans le secteur de la défense, ou sur le Cachemire, un territoire que se disputent le Pakistan et l'Inde.

L'exploitation et le recoupement d'informations trouvées sur les messageries de leurs victimes ont même permis aux cyber-espions de s'infiltrer dans un ordinateur, situé au siège de l'OTAN. Des documents appartenant à des entreprises indiennes, comme le conglomérat Tata, ont également été obtenus. "Dans un monde interconnecté, le niveau de sécurité ne dépasse pas celui du maillon faible", observe Rafal Rohozinski, l'un des chercheurs.

La nature des informations obtenues et le profil des victimes coïncident avec les intérêts stratégiques de la Chine. L'un des chercheurs, Greg Walton, n'a pas exclu l'implication d'"une partie du gouvernement chinois" sans pouvoir apporter de preuves.

En janvier, Google s'était déjà plaint d'avoir été la victime de cybercriminels basés en Chine et Jiang Yu, le porte-parole du ministère chinois des affaires étrangères, a répété que son pays était opposé aux "activités de piratage par Internet". Le rapport, qui a été publié à la veille de la visite du ministre indien des affaires étrangères, Somanahalli Mallaiah Krishna, en Chine, n'a pas été commenté à New Delhi.

Données du monde entier

L'Inde semble particulièrement vulnérable aux attaques de ses infrastructures dites "sensibles". "Les systèmes informatiques sont conçus sans prendre garde à la menace de cyberattaques et nous manquons de coordination dans la surveillance des réseaux", estime Ravi Visvesvaraya Sharada Prasad, expert en sécurité informatique.

L'agence gouvernementale indienne chargée de la protection des systèmes informatiques, la CERT-IN, se consacre surtout aux opérations d'urgence, comme la défense contre les attaques de cybercriminels. "Il manque une agence qui fixe des règles et des standards pour la protection des réseaux et vérifie leur application", ajoute Ajey Lele, de l'Institut pour la défense et l'analyse stratégique (IDSA), basé à New Delhi.

La menace est particulièrement aiguë dans un pays qui, grâce à l'essor de son industrie des services informatiques, traite des données sensibles provenant du monde entier. Comme le conclut le rapport publié mardi : "Les pays n'ont plus à investir des milliards de dollars dans des systèmes satellite pour collecter des informations de haut niveau, quand ils peuvent le faire via le Web."


Julien Bouissou
Article paru dans l'édition du 09.04.10

Ecrit par: P'tit Panda Jeudi 08 Avril 2010 20h22
A court terme, une réévaluation massive du yuan est impossible
LE MONDE | 08.04.10 | 14h41 • Mis à jour le 08.04.10 | 14h42


La Chine semble décidée à modifier son régime de change. Mais attention, messieurs les courtiers : ne vous emballez pas trop vite ! Envisagez la réévaluation du yuan comme une affaire de patience plutôt que comme l'occasion de réaliser une opération juteuse sans prendre de risque.
Pékin tient à protéger ses exportations tout en décourageant la spéculation. Attendez-vous donc à un mécanisme complexe et maîtrisé, et non à une franche réévaluation en une seule fois. La Chine fera en sorte qu'il y ait matière à prendre des positions dans un sens comme dans l'autre, pour échapper aussi bien aux reproches de manipulation déloyale du taux de change qu'aux raids d'investisseurs étrangers à l'affût de coups lucratifs.


L'autorité centrale de planification chinoise a alerté les exportateurs quant aux risques possibles sur le yuan. C'est le signe que le pays est prêt à laisser flotter sa monnaie. Un arrangement devrait se conclure avec les Etats-Unis, qui ont reporté la publication d'un rapport vraisemblablement très accusateur sur la devise chinoise.

Si Pékin passe effectivement à l'action, il procédera peut-être comme la dernière fois. Avant la crise du crédit, le yuan avait progressé de 20 % face au dollar, dans le sillage d'une réévaluation ponctuelle de 2 % opérée en 2005.

Mais cela ne passera peut-être pas ainsi la prochaine fois. Une appréciation massive pénaliserait les exportations et ne ferait qu'inciter les spéculateurs à anticiper d'autres interventions. Ils continueraient donc d'acheter du yuan. Une appréciation progressive serait plus facile à "digérer" pour l'économie nationale, mais ce choix reviendrait à aiguiser l'appétit des spéculateurs étrangers.

Le mieux serait d'opter pour une tactique qui remplacerait un système d'indexation, même assoupli, par un mécanisme d'alignement sur un panier de devises toutes flottantes entre elles.

La solution nuirait tout de même aux filières exportatrices du pays, qui ont l'habitude de travailler dans un environnement où le yuan est très stable vis-à-vis du dollar. La définition d'une plage de fluctuation maximale permettrait de limiter tant les dégâts que les possibilités de gain des spéculateurs. Avec le temps, la rapide amélioration de la productivité chinoise favorisera le renchérissement du yuan. Il faudra certainement passer par des chemins de traverse pour arriver au but recherché.

(Traduction de Christine Lahuec.)

Plus de commentaires sur l'actualité économique et financière sur Breakingviews.com.

Wei Gu
Article paru dans l'édition du 09.04.10



Ecrit par: P'tit Panda Samedi 10 Avril 2010 01h30
Petite sociologie du bol de nouilles, par Philippe Pons
LE MONDE | 09.04.10 | 13h55

Les "pèlerins" ont visité trois départements et trente-trois sites. A chacun, comme pour le célèbre pèlerinage des quatre-vingt-huit temples bouddhiques dans l'île de Shikoku, ils faisaient tamponner un petit livret confirmant leur passage. Les sites n'étaient pas des lieux sacrés mais de modestes restaurants de udon (grosses nouilles de farine de blé) et le pèlerinage, qui s'est achevé au mois de mars, avait pour cadre la région du Kansai (Osaka, Kyoto, Kobé).

Les Japonais raffolent des pâtes, le plus souvent dans des bouillons chauds, mais aussi servies froides avec une sauce au soja à côté. C'est le cas des soba (nouilles fines généralement à base de farine de sarrasin) ou des udon. Les nouilles à la chinoise, ramen, elles, sont toujours servies dans un bouillon chaud. Assorties dans leur formule la plus courante d'une tranche de porc rôti et de légumes, les ramen sont de loin les pâtes les plus populaires et l'on aurait tort de les ramener aux seules nouilles instantanées qui ont inondé le monde.

La cuisine japonaise est, on le sait, raffinée, presque éthérée dans son respect de la vérité des saveurs et toujours présentée avec art. Un bijou qui mérite toutes les louanges, dont les chefs excellent à préparer nos propres plats : c'est tout dire de leur talent...

Mais quand un Japonais est tenaillé par la faim, qu'il ne veut pas consacrer une fortune à se sustenter, ou qu'il a besoin d'un plat chaud après une soirée arrosée, il ne mange pas des sushis ou quelques mets aussi subtils que délicats de la cuisine de Kyoto : il avale un bol de nouilles.

Les ramen ne figurent pas dans le Guide Michelin Tokyo : cinq soba-ya (restaurants de soba) ont ce privilège, mais les ramen sont dédaignés. Fâcheux oubli. Les doctes experts en saveurs ont-ils estimé que ce plat "vulgaire" ne mérite guère qu'on s'y attarde ? Ou bien ne sont-ils pas suffisamment sortis des arrondissements du Tokyo riche - bien que la mixité sociale soit plus grande qu'ailleurs, la capitale nippone a ses arrondissements de "bon ton"... - qui sont les plus étoilés.

En fait, sans avoir à se rendre dans quelques quartiers perdus, il y a des ramen-ya (restaurants de ramen) un peu partout : plus de 4 000 dans la capitale et sans doute plus de 200 000 à travers le Japon.

Gastronomie de catégorie B. Peut-être. Mais, en dépit de leur caractère plébéien, les ramen ne sont pas assimilés par les Japonais à la malbouffe. Ils ont au contraire leurs lettres de noblesse et leurs connaisseurs : une multitude de guides spécialisés, de revues, d'émissions de télévision, de bases de données ou de mangas leur sont consacrés, déclinant les spécialités, les trouvailles et les recettes. Ils ont même leur musée (à Yokohama) et leurs itinéraires gastronomiques.

A l'heure du déjeuner, devant certains bistrots se forment des longues files d'attente. Parce que les ramen sont bon marché (de 5 à 6 euros), dira-t-on. Certes, mais pas seulement.

Pour les Japonais, les ramen sont liés à l'histoire nationale. Ce fut le plat du pauvre et des pénuries et il a nourri des générations d'étudiants désargentés. Encore aujourd'hui, si l'on demande à un petit Japonais ce qu'il veut manger, il y a de fortes chances qu'il réponde : des ramen. Ces bols de nouilles firent leur apparition au cours de la seconde moitié du XIXe siècle dans les ports ouverts aux étrangers, comme Yokohama, où s'installèrent des Chinois. C'est par les ramen que la cuisine du continent pénétra au Japon.

L'engouement date du lendemain de la guerre, comme le montre une courte scène du film d'Yasujiro Ozu, Le Goût du riz au thé vert (1952). Puis ils accompagnèrent l'expansion et connurent leur "boom" avec les cup noodles : version en bol de carton, lancée en 1971, des nouilles instantanées en sachets, inventées treize ans plus tôt par Momofuku Ando, le "roi des ramen". Avec la prospérité, le plat se fit plus varié, avec des accommodements propres à chaque région : sur quarante-sept départements, vingt-huit ont leur spécialité. La popularité de l'humble nouille fut consacrée par un autre film, Tampopo (1985), de Juzo Itami, qui brocardait le snobisme alimentaire nippon et élevait au pinacle "l'art" du ramen.

De nombreuses chaînes de restauration servent des ramen. Mais c'est dans les estaminets, assis au comptoir sur de mauvais tabourets, le dos souvent en plein vent car un simple tissu sépare de la rue, que l'on découvre les plus succulents. La plupart du temps, le chef est seul à faire le frichti et à servir. Tout est dans le bouillon : "L'arôme est sa signature", disent les connaisseurs. Et le bouillon un peu laiteux à l'os de porc les ravit.

Pour goûter les ramen, il faut aimer une atmosphère de gargote, la promiscuité du coude-à-coude et le bruit d'aspiration des convives qui lampent leurs nouilles - une pratique d'une déplorable vulgarité pour un Occidental, mais c'est ainsi que, toutes classes sociales confondues, on mange des nouilles au Japon - entrecoupé de brins de conversation - car on n'est pas là pour discourir.

Une fois les nouilles englouties, le visage du voisin qui avait disparu dans le bol, levé des deux mains pour ne pas laisser une goutte du savoureux bouillon, réapparaît de sa "plongée". Il semble ravi et soupire d'aise.

Tout cela n'est pas "chic", assurément, mais pour la majorité des Japonais, c'est bon - tout simplement.

Courriel : pons@lemonde.fr.


Philippe Pons
Article paru dans l'édition du 10.04.10



Ecrit par: P'tit Panda Samedi 10 Avril 2010 11h01
Courrier International



Hebdo n° 1014 du 08 avr. 2010

Un monde chinois

En une décennie, l’omniprésence chinoise dans le monde est devenue une réalité. Les Chinois investissent, commercent et cherchent à diffuser leur culture. Pour y parvenir, ils déploient leur influence à tous les niveaux des échanges internationaux. Cette présence ne laisse personne indifférent. Certains la saluent, las des leçons occidentales, d’autres s’en méfient, craignant de voir leur pays passer sous l’influence de Pékin.



prix : 3.50€

Ecrit par: P'tit Panda Samedi 10 Avril 2010 20h19
Pas de vagues au Japon après l'exécution de quatre de ses ressortissants par la Chine
LE MONDE | 10.04.10 | 16h05 • Mis à jour le 10.04.10 | 16h05


Le réalisme politique l'a emporté sur les considérations humanitaires dans le cas des quatre ressortissants japonais accusés de trafic de drogue et exécutés en Chine au cours de la semaine. A la suite de la première exécution, mardi 6 avril, trois autres trafiquants ont subi le même sort, vendredi, à Dalian et à Shenyang. C'est la première fois que la Chine exécute des Japonais depuis la normalisation des relations entre les deux pays en 1972.

Le premier ministre, Yukio Hatoyama, qui a qualifié de "regrettable" la première exécution et a déclaré : "Chaque pays a son propre système judiciaire et je m'abstiendrai de tout commentaire qui pourrait apparaître comme une ingérence dans les affaires internes d'un autre Etat." La ministre de la justice, Keiko Chiba, a estimé que ces sentences étaient "sévères", et elle a exprimé la crainte que ces exécutions n'entraînent une dégradation des relations sino-japonaises.

Deux objectifs peuvent expliquer la "réserve" de Tokyo : ne pas attiser le débat sur la peine de mort dans l'Archipel et ne pas froisser le voisin chinois. Le Japon est, avec les Etats-Unis, l'un des derniers pays développés à pratiquer la peine de mort, généralement pour des homicides. En dépit des efforts du mouvement abolitionniste, les sondages indiquent que la majorité de l'opinion reste favorable à son application. Opposée à la peine capitale, la ministre n'a signé aucun ordre d'exécution depuis qu'elle détient ce portefeuille.

La seconde préoccupation - ne pas provoquer le courroux chinois - semble avoir été déterminante dans la modération de la réaction officielle japonaise. Tokyo a voulu éviter les accusations d'ingérence lancées par Pékin à l'encontre du Royaume-Uni après l'exécution, en décembre 2009, d'un ressortissant britannique accusé de trafic de drogue, mais qui, selon son avocat, présentait des déficiences mentales.

Même Mme Mizuho Fukushima, présidente du Parti social démocrate et militante abolitionniste active, s'est abstenue de critiquer la Chine, et a exprimé simplement son "profond regret". La presse japonaise en général commente moins les exécutions elles-mêmes qu'elle ne traite de l'extension du trafic de drogue en Chine.

Tokyo, qui souhaite une bonne entente avec la Chine, veut éviter qu'une nouvelle pomme de discorde ne perturbe l'active politique de rapprochement menée par le gouvernement Hatoyama depuis son arrivée au pouvoir en septembre 2009.

Les droits de l'homme n'ont jamais été la priorité de la diplomatie japonaise. Démocratie et défenseur des libertés, le Japon est mesuré dans ses condamnations de violation des droits, notamment en Asie : son passé expansionniste ne le place guère en position de donner des leçons. Il est particulièrement réservé en ce qui concerne la Chine.


Philippe Pons (Tokyo, correspondant)
Article paru dans l'édition du 11.04.10

Ecrit par: P'tit Panda Dimanche 11 Avril 2010 21h00
Published on Rue89 (http://www.rue89.com)
RDC : les indispensables mais coûteuses routes chinoises
By Baudry Aluma
Created 04/10/2010 - 14:51

[1](De Kinshasa) Les Chinois ont fait de la construction des routes une de leurs spécialités en République démocratique du Congo, désenclavant peu à peu des régions isolées. Les habitants de ces zones se réjouissent du redémarrage économique qu'elles rendent possible et sont peu regardants sur la qualité du travail effectué et son coût final pour le pays.

Les entreprises chinoises qui construisent des routes sont présentes partout en RDC, en ville comme dans les campagnes. C'est le cas au Sud-Kivu où, aidées par un imposant matériel, elles sont en train de remettre en état des kilomètres de routes asphaltées ou en terre.

A la sortie de Bukavu, les Chinois réhabilitent actuellement les 35 km de la route menant de la ville à l'aéroport de Kavumu. Aujourd'hui, alors que les travaux menés par la Compagnie nationale chinoise des ponts et chaussées (CNCPC) ne sont pas encore finis, il ne faut plus qu'une heure au lieu de deux heures et demie pour les parcourir.

Mais beaucoup de gens pensent que cette route se dégradera vite. Julio Bisimwa, habitant de Kabare où elle passe, est dépité :

« C'est du saupoudrage. Il n'y a que de la latérite et une couche d'un centimètre de goudron. On n'y roulera que le temps de la vie d'une fleur. La faute n'est pas aux Chinois. C'est nous et nos décideurs qui ne voyons pas que c'est de la terre qu'on nous met sur la chaussée. »

Selon un analyste, les clauses du contrat sont pourtant respectées :

« Les Chinois sont pragmatiques. Il vous construisent votre route au prorata de l'argent que vous leur donnez. Vous voulez un kilomètre à un million de dollars, il vous l'offre. A dix fois moins, ils vous la construisent gentiment tout en vous laissant en supporter vous-mêmes les conséquences ».

La CNCPC réhabilite aussi des voies urbaines dans certaines communes de Bukavu comme à Bagira ainsi que 125 km de route entre Uvira et Fizi, via Baraka.

En RDC, vaste comme l'Europe occidentale, le chantier est immense : la plupart des routes ne sont plus carrossables ou très difficilement, ce qui bloque les échanges et empêche la commercialisation des produits agricoles.

Au Sud-Kivu, ceux-ci sont le plus souvent acheminés au marché sur le dos de femmes croulant sous des charges plus lourdes qu'elles.

Quand la chaussée en terre battue n'est pas glissante, des vélos peuvent parfois les transporter dans des marchés lointains. Le chef de village de Ngolole Mango assure :

« On peut produire plus de manioc, de fruits, d'arachide. Mais il n'y a pas de routes pour acheminer notre production et dans l'autre sens, nous restons des mois et des mois sans recevoir de produits de première nécessité. »

Des routes à n'importe quel prix

Quand la circulation reprend, la vie change. C'est le cas le long de la route Bukavu-Kasongo dans le Maniema, construite par les Chinois sur un financement de la Banque mondiale, dont 200 des 496 km ont été faits.

Les habitants des villages et localités riverains du tronçon, qui n'ont plus vu de véhicules depuis des années, se frottent les mains. Kipara Bahati, un motocycliste habitant Mwenga :

« Il y a deux ans, il fallait trois à quatre semaines pour atteindre difficilement la cité de Kamituga, plus de 180 km de Bukavu. La même distance est parcourue aujourd'hui en quatre heures. »

Toutefois, construite en terre battue, elle s'abîme vite et, à peine finie, elle a déjà dû être réparée par endroits. A terme, elle devrait aller jusqu'à Kinshasa, à 2 000 km de la capitale du Sud-Kivu en passant par Mbuji Mayi.

Des centaines de kilomètres de routes en terre battue doivent aussi être construites dans les Kasaï, au Katanga, dans la province orientale et au Bas Congo.

Pour les Congolais de ces contrées, l'arrivée des routes des Chinois est une bénédiction. Peu importe ce qui se dit sur le troc inégal entre les minerais du pays et la construction de ces infrastructures : l'important est d'avoir enfin une route si longtemps attendue et synonyme de redécollage économique.

Certes, ces routes coûtent cher puisque les Chinois ont obtenu de vastes concessions minières à long terme en échange de leur construction, mais elles rendent de grands services aux populations trop longtemps isolées et permettent au gouvernement d'honorer sa promesse d'un des cinq grands chantiers promis.

Sur le prêt de 9 milliards de dollars accordé par la Chine à la RDC, une grande partie doit financer des projets d'infrastructures réalisées par des entreprises chinoises dont 2 740 km de routes et 3 200 km de voies ferrées.

En échange, la Chine accède à 10,2 millions de tonnes de cuivre et 626 000 tonnes de réserves de cobalt qui lui rapporteront, selon les députés de l'opposition, 80 milliards de dollars.

Photo : des employés d'une entreprise chinoise passent devant des travailleurs congolais à Kinshasa, le 29 mars (Katrina Manson/Reuters)

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[1]
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Chinatown [2]
La « Chinafrique » change la donne sur le continent africain [3]
La Chine et l'Afrique : vive la recolonisation ! [4]
Kinshasa : le prix de la modernisation à la chinoise, sur Tribune des droits humains [5]
La Chine à Genève pour le pétrole africain [6]
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La Chinafrique, par Serge Michel et Paolo Woods [7]
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[4] http://www.rue89.com/2008/08/29/la-chine-et-lafrique-vive-la-recolonisation
[5] http://www.droitshumains-geneve.info/spip.php?article7747
[6] http://www.droitshumains-geneve.info/spip.php?article7633
[7] http://livre.fnac.com/a2634831/Serge-Michel-La-Chinafrique?Origin=RUE89_EDITO

Ecrit par: P'tit Panda Mardi 13 Avril 2010 23h14
Etats-Unis et Chine tentent d'aplanir leurs divergences
LE MONDE | 13.04.10 | 15h43 • Mis à jour le 13.04.10 | 15h46
Washington, Pékin Correspondants

Une nouvelle phase dans les relations sino-américaines ? Interrogé juste avant la rencontre d'une heure et demie entre le président Barack Obama et son homologue Hu Jintao, lundi 12 avril, en marge du sommet sur la sécurité nucléaire de Washington, un haut fonctionnaire américain répondait qu'il n'en était rien. "C'est simplement un processus qui continue. Ils ont des discussions très profondes depuis leur toute première rencontre" à Londres il y a un an, a-t-il assuré.

Il n'empêche. Barack Obama continue de rassembler sa coalition pour faire face à la menace iranienne. Après la Russie du président Dmitri Medvedev, acquise depuis septembre à l'idée de sanctions contre l'Iran, la Chine s'est à son tour rendue aux arguments de M. Obama, si on en croit la partie américaine. "Les deux présidents sont d'accord pour que leurs délégations travaillent à une résolution sur des sanctions à New York", a indiqué le responsable des affaires asiatiques à la Maison Blanche, Jeff Bader. "La question a été débattue en profondeur. Les Chinois partagent notre but global, qui est de préserver le régime de non-prolifération. Ils ont fait savoir qu'ils étaient prêts à travailler avec nous."

Réévaluation graduelle

Côté chinois, le compte-rendu a été plus circonspect. "La Chine et les Etats-Unis partagent le même objectif général quant à la question du nucléaire iranien", a juste indiqué Ma Zhaoxu, porte-parole de la délégation chinoise.

La rencontre Hu-Obama a consacré de manière spectaculaire la décrispation intervenue depuis que les deux dirigeants se sont entretenus au téléphone pendant près d'une heure le 1er avril (M. Obama rentrait de province et avait poursuivi la conversation dans son avion immobilisé sur la piste 15 minutes après l'atterrissage). Peu après, le président chinois avait annoncé sa participation au sommet de Washington, initiative phare du début de mandat de M. Obama. Et celui-ci avait renoncé à publier, quitte à mécontenter le Congrès, un rapport sur la "manipulation" de la monnaie chinoise, prévu pour le 15 avril.

Le sujet du rééquilibrage entre les deux économies a été le deuxième à être abordé lundi. M. Obama a souhaité que son homologue intervienne sur la monnaie chinoise pour parvenir à un taux de change "plus respectueux du marché". Le porte-parole de la délégation chinoise a indiqué que les deux pays doivent "résoudre les frictions économiques et commerciales par des consultations sur un pied d'égalité". Mais depuis la visite de Timothy Geithner, le secrétaire au Trésor, la semaine dernière à Pékin, les analystes pensent que la Banque centrale chinoise a prévalu sur les réticences d'autres cercles dirigeants et ils prévoient une réévaluation graduelle mais sûre du yuan.

Les relations entre Pékin et Washington ont connu une période de forte tension après l'annonce américaine, en janvier, de la vente de 6,4 milliards de dollars de matériel militaire à Taïwan et la rencontre le mois suivant entre M. Obama et le dalaï-lama. Ni l'une ni l'autre ne constituaient des premières. Mais des observateurs avaient noté la virulence de la réponse chinoise. Pourquoi ? le rôle joué par la Chine en période de crise financière mondiale et la "dépendance" - même à double tranchant - des Etats-Unis à l'égard d'une Chine qui ne cesse d'acheter la dette américaine en bons du trésor expliquent en partie l'évolution du comportement chinois. La Chine se sent plus que jamais sûre d'elle-même quand la presse américaine la qualifie de "banquier" des Etats-Unis.

La visite de M. Obama à Pékin en novembre 2009 s'était soldée par un échec : il était reparti les mains vides, en dépit de ses demandes sur les questions de réévaluation du yuan ou du nucléaire iranien. Sa photo en solitaire sur la Grande Muraille avait été interprétée par certains comme le symbole même de la façon dont Pékin avait traité leur partenaire pour sa première visite.

Autre raison de l'"intolérance croissante" de la Chine vis-à-vis des Etats-Unis, selon une analyse récente de Zhu Feng, directeur adjoint du Centre international des études stratégiques de l'université de Pékin : "Le leadership chinois estime que Washington devrait répondre de manière positive à Pékin compte tenu du fait que la Chine (...) joue un rôle stimulant pour l'économie mondiale (à l'heure de la crise financière internationale). Mais la rigidité de la position américaine ne reflète pas la nature de la nouvelle symbiose sino-américaine." Traduction : la persistance de la demande américaine pour réévaluer la monnaie chinoise est disproportionnée et irritante.

Pragmatisme chinois

Le même Zhu Feng estime cependant que l'heure du "pragmatisme" est revenue, Pékin ayant décidé, après quelques semaines de "froid" sino-américain, de changer de ton. La présence de Hu Jintao au sommet de Washington en est une preuve.

Deuxième signe d'un changement chinois : la réaction de Pékin, le 30 mars, qui a qualifié de "positives" les déclarations de M. Obama après que celui-ci eut dit au nouvel ambassadeur chinois aux Etats-Unis, Zhang Yesui, qu'il se félicitait des efforts de la République populaire pour réduire les tensions avec Taïwan. Sur l'Iran, le fait que la Chine a accepté de discuter du principe de sanctions contre Téhéran dans le cadre d'une négociation internationale est interprété comme le signe de sa volonté de relancer sa relation avec les Etats-Unis. Pour nombre d'observateurs, Pékin n'est pas prêt à sacrifier sa relation avec Washington en raison de ses liens économiques et politiques avec Téhéran.

Corine Lesnes et Bruno Philip
Article paru dans l'édition du 14.04.10


Ecrit par: P'tit Panda Mardi 13 Avril 2010 23h27
Edito du Monde
Pourquoi la Chine doit réévaluer sa monnaie
LE MONDE | 13.04.10 | 14h20 • Mis à jour le 13.04.10 | 14h20

La Chine est peut-être décidée à réévaluer sa monnaie, le yuan. Ce serait une bonne nouvelle pour tout le monde - y compris les Chinois. C'est une évolution qui est souhaitée en Asie, en Europe, aux Etats-Unis et dans les autres grandes économies émergentes. C'est une évolution qui ferait du bien à l'économie mondiale.

Le sujet a été abordé lundi 12 avril à Washington lors de l'entretien que Barack Obama a accordé à son homologue chinois, Hu Jintao. Le seul fait que le taux de change du yuan ait été inscrit au menu de la rencontre est une indication. Il y a quelques semaines encore, quand on osait les interroger sur la parité du yuan avec les autres devises, les dirigeants chinois n'avaient qu'une réponse. En trois parties : notre monnaie n'est pas sous-évaluée ; toute pression pour nous amener à la réévaluer est du protectionnisme ; le protectionnisme est une agression contre la Chine.

La pression venait d'abord des Etats-Unis. Mais elle émanait aussi, plus discrètement, de l'Inde, du Brésil, de l'Afrique du Sud et d'autres encore. Motif : la sous-évaluation du yuan est une subvention déguisée aux exportateurs chinois. Déloyale, elle leur donne un avantage de compétitivité. Elle a été accentuée par la décision de Pékin de lier sa monnaie au dollar à la mi-2008, quand la valeur du billet vert s'est mise à décliner. L'Union européenne est aussi pénalisée que les autres zones économiques, mais - courageusement - n'a pas osé le dire !

La Chine donne aujourd'hui des signes d'évolution. Tour à tour, les responsables de la Banque centrale puis ceux de la Commission nationale du développement et des réformes ont fait entendre un autre message : Pékin pourrait de nouveau laisser le yuan s'apprécier. Les Etats-Unis en ont pris acte. Ils ont - provisoirement - renoncé à accuser publiquement la Chine de manipuler son taux de change.

Les experts estiment que le yuan pourrait s'apprécier de 10 à 25 % s'il était convertible. Ce changement de parité irait dans le bon sens. Il corrigerait le déséquilibre majeur de l'économie mondiale : un exportateur géant, la Chine, thésaurise des excédents géants, cependant que s'accumulent les déficits chez les autres.

Les Chinois y trouveraient leur compte. A court terme, une réévaluation du yuan éloignerait les risques d'inflation dans une économie menacée de surchauffe. A plus long terme, elle placerait l'économie chinoise sur la voie non pas d'un Grand Bond en avant, mais du Grand Rééquilibrage dont elle a besoin.

Une monnaie qui se revalorise redonne du pouvoir d'achat aux ménages. Elle renforce ainsi la consommation intérieure. Elle pourra aider à amorcer le passage d'un modèle de développement à un autre : une économie tirée par la consommation intérieure et non plus par les exportations.

Les dirigeants chinois ont fait preuve d'un incontestable brio dans la conduite de leur économie ces trente dernières années. La poursuite de cette performance commande d'ouvrir un autre chapitre de cette histoire à succès : la réévaluation du yuan.

Article paru dans l'édition du 14.04.10



Ecrit par: P'tit Panda Mardi 13 Avril 2010 23h31
L'éclairage
Chinoiseries monétaires, par Martin Wolf
LE MONDE ECONOMIE | 12.04.10 | 15h24

Dans sa confrontation, les yeux dans les yeux, avec la puissance émergente, la superpuissance a donc cillé : le Trésor américain a ajourné la publication, initialement prévue le 15 avril, d'un rapport devant dire si oui ou non la Chine se livre à une manipulation du taux de change. Une série de consultations multilatérales et bilatérales étant en cours, il était en effet normal de laisser une chance à ces négociations avant d'envisager des mesures.

Cela dit, la Chine manipule-t-elle la monnaie ? Oui. Pékin est intervenu à une échelle gigantesque pour maintenir son taux de change à un niveau faible. Entre janvier 2000 et fin 2009, les réserves chinoises en devises étrangères ont augmenté de 2 240 milliards de dollars ; après juillet 2008, date à laquelle l'appréciation progressive (entamée trois ans plus tôt) du yuan par rapport au dollar fut stoppée, les réserves chinoises se sont accrues de 600 milliards de dollars. Elles représentent aujourd'hui près de 50 % du produit intérieur brut (PIB). Par ailleurs, un vaste train de mesures a été déployé afin d'amortir les effets inflationnistes de cette intervention.

Ainsi, la Chine a contrôlé à la fois l'appréciation du taux nominal et du taux réel de change. Cela constitue sans conteste une manipulation de la monnaie. Ces mesures relèvent également du protectionnisme, puisqu'elles équivalent à l'instauration d'un droit de douane uniforme et à une subvention aux exportations.

Certains économistes ne voient pourtant pas les choses ainsi et avancent quatre contre-arguments : en premier lieu, si l'intervention est massive, la distorsion reste minime ; deuxièmement, l'impact sur la balance globale des paiements est modeste ; troisièmement, les "déséquilibres" mondiaux n'ont aucune importance ; enfin, le problème, quoique réel, est en passe d'être résolu. Examinons chacun de ces points.

En ce qui concerne le premier, les estimations de l'étendue de la sous-évaluation varient énormément : certains prétendent même que le yuan est surévalué. Cela résulte en partie du recours à des méthodologies différentes - taux de change d'équilibre tendanciel contre parité de pouvoir d'achat -, et en partie d'appréciations différentes du point de départ qu'il convient d'adopter. Si, par exemple, la population chinoise était libre d'exporter son épargne, et que le monde était libre d'acheter des actifs chinois, les flux de capitaux seraient certainement très différents.

On peut estimer plausible que la sous-évaluation est considérable, atteignant peut-être les "25 % pondérés sur la base du commerce extérieur et 40 % par rapport au dollar" que suggère Fred Bergsten, du Peterson Institute for International Economics, plutôt que l'estimation de JPMorgan, selon laquelle le taux de change réel pondéré des échanges internationaux n'est que de 10 % supérieur à son niveau moyen depuis le début de 1994, alors que la Chine est l'économie qui a connu la plus forte croissance au monde sur la période !

Sur le deuxième point, Stephen Roach, de Morgan Stanley, soutient que les différences dans le comportement d'épargne déterminent les balances des comptes courants et que l'excédent chinois ne peut donc déterminer le déficit global des Etats-Unis.

Ni l'un ni l'autre de ces arguments ne me paraissent convaincants. Si la monnaie chinoise influence les taux de change du dollar des concurrents de la Chine, comme c'est à coup sûr le cas, elle ne peut qu'affecter les équilibres multilatéraux. De surcroît, si les taux de l'épargne déterminent les taux de change réels, l'inverse est également vrai. Cela est dû au fait que les gouvernements se préoccupent de la croissance. Le taux de change chinois réel a contribué à une augmentation des exportations nettes équivalant à 5,6 % du PIB entre 2006 et 2008. Les autorités chinoises n'avaient aucune raison de faire baisser l'excédent d'épargne à ce moment-là : il était transféré dans les exportations nettes. Mais lorsque les exportations nettes ont plongé en 2009, amputant de 3,9 % le PIB, Pékin a pris des mesures pour diminuer l'excédent d'épargne en accroissant le crédit intérieur et les investissements.

M. Roach pointe également le niveau actuel négligeable de l'épargne nette aux Etats-Unis. Mais cela résulte également d'une compensation budgétaire de l'augmentation des excédents d'épargne dans le secteur privé. Pourquoi était-il nécessaire d'y procéder ? Réponse : avec un énorme déficit structurel des comptes courants, une augmentation de l'épargne privée américaine aurait, sans cela, entraîné une dépression. En somme, les excédents d'épargne sont une variable de la politique économique, pas une donnée fixe.

Sur le troisième point, oui, en effet, les déséquilibres ont leur importance. Comme le montrent Anton Brender et Florence Pisani dans une brillante étude (Global Imbalances and the Collapse of Globalised Finance, Centre for European Policy Studies, 2010), la principale caractéristique du flux de capitaux en provenance des économies émergentes est qu'il s'est présenté sous la forme de réserves - une augmentation globale de près de 6 000 milliards de dollars au cours des années 1980. Cela a conduit à une énorme augmentation de la demande de liquidités et d'actifs sûrs. Notre "habile" secteur financier a alors fabriqué à grande échelle de tels actifs, avec les résultats que l'on sait...

De plus, comme l'a souligné dans un discours récent Mark Carney, le gouverneur de la Banque du Canada, la persistance de ces déséquilibres peut avoir deux conséquences : soit les pays présentant de gros déficits extérieurs continuent à enregistrer des déficits budgétaires colossaux jusqu'à ce que "les taux d'intérêt mondiaux entament leur remontée, ralentissant l'investissement privé et finissant par faire baisser le potentiel de croissance" ; soit ils réduisent fortement leurs déficits sans qu'il y ait de compensations dans les pays excédentaires, auquel cas on serait confronté à une "demande mondialement déficiente".

Quant au quatrième point, Jim O'Neill, premier économiste chez Goldman Sachs, soutient que l'excédent chinois est en passe de cesser d'être un facteur significatif. Il est vrai que, par rapport au PIB, il a diminué de moitié depuis 2007. La question est de savoir si ce phénomène est structurel ou s'il résulte de mesures exceptionnelles et temporaires. La Banque mondiale, elle, s'attend toujours à voir les comptes courants chinois se stabiliser à des niveaux élevés, avec des exportations nettes qui devraient contribuer positivement à la croissance. M. O'Neill va donc un peu vite en besogne.

Ma conclusion est donc que le yuan est sous-évalué, que cela met en danger le redressement mondial, que les initiatives chinoises n'ont apporté aucune solution au problème, qu'une appréciation réelle du yuan est nécessaire pour amener un rééquilibrage de compétitivité, et qu'en raison du souhait des Chinois de contenir l'inflation, un relèvement de leur monnaie est nécessaire pour parvenir à son appréciation réelle. Les Etats-Unis ont eu raison de laisser sa chance au dialogue. Mais parler ne doit pas empêcher d'agir.

Cette chronique de Martin Wolf, éditorialiste économique, est publiée en partenariat exclusif avec le "Financial Times". © FT.

(Traduit de l'anglais par Gilles Berton)

Article paru dans l'édition du 13.04.10



Ecrit par: P'tit Panda Mardi 13 Avril 2010 23h34
Le "pot de fer" a volé en éclats, par Philippe Chalmin
LE MONDE ECONOMIE | 12.04.10 | 15h23

C'est une véritable révolution qui s'est produite dans les derniers jours de mars : les producteurs de minerai de fer ont imposé aux sidérurgistes des hausses de prix dépassant souvent les 100 %, et ce sur des contrats non plus annuels mais trimestriels, voire indexés sur les prix du marché libre dans les ports de Chine. N'est-il pas exagéré de parler de révolution ? L'économie mondiale est sortie depuis longtemps de l'âge du fer. Peut-être, mais même dans nos économies postindustrielles, nous vivons entourés de produits en acier, qu'il s'agisse de ronds à béton pour la construction ou de tôles pour l'industrie automobile. Pareille hausse ne sera donc pas neutre, même si elle fait suite à une baisse (de 30 % à 50 %) en 2009.

Mais l'essentiel n'est pas là : la vraie révolution, c'est que le dernier système de stabilisation des prix d'une matière première vient de voler en éclats. Quand on réfléchissait ces derniers mois à la nécessité d'encadrer les fluctuations des prix du pétrole, voire du dollar, l'exemple qui venait à l'esprit était celui du minerai de fer. Et le voilà balayé sans que l'on puisse accuser ni la spéculation ni les forces obscures du marché, mais bien la stratégie des producteurs et l'incohérence de la politique chinoise. Comme bien souvent, si le marché a gagné, c'est par défaut.

Longtemps le système du minerai de fer a fonctionné comme un oligopole bilatéral : peu de producteurs - quatre ou cinq au plus (en Australie et au Brésil) - et des consommateurs eux aussi regroupés (Européens et Asiatiques). Chaque année avait lieu le rite des négociations qui fixaient le prix pour l'ensemble de l'année à venir. Dès qu'un accord était signé entre un mineur et un sidérurgiste, tout le monde s'alignait. Sauf pour quelques tonnages que l'Inde exportait vers la Chine, il n'y avait pas proprement dit de marché du minerai de fer. Et cette stabilité s'étendait à toute la filière sidérurgique. Les prix de l'acier étaient plus ou moins cartellisés, ce qui présentait l'avantage pour les sidérurgistes de garantir des prix constants à leurs clients : ainsi les contrats avec les industriels de l'automobile pouvaient être pluriannuels sans clauses de renégociation des prix.

C'est à partir de 2007 que le système a commencé à s'effriter. La montée en puissance de la demande chinoise a renforcé la main des producteurs. Dans un climat de folie sur les marchés des matières premières, les taux de fret maritime mais aussi les prix de l'acier se sont envolés. Un marché du minerai de fer s'est développé sur la base des livraisons dans les ports chinois (intégrant donc le coût du fret). La rechute de 2009 fut encore plus difficile à gérer. Pour la première fois, les négociations ne purent arriver à leur terme. Pékin est même allé jusqu'à faire emprisonner, en mars 2010, en Chine, les représentants du géant minier anglo-australien Rio Tinto pour corruption.

Le marché libre n'a cessé de gagner en importance, alors que les prix s'envolaient à nouveau - de 60 à 155 dollars la tonne en un an - poussés par la folle croissance chinoise ! Les Chinois ont négocié certes d'une seule voix mais, en réalité, c'était le chacun pour soi parmi les centaines de sidérurgistes locaux. Les mineurs n'ont alors pas eu de mal à imposer une autre logique. Les prix de l'acier ont aussitôt suivi le mouvement. Déjà, les fabricants d'automobiles s'inquiètent.

Le système a donc été emporté comme un fétu de paille en quelques semaines. Les sidérurgistes, et aussi les mineurs, le regretteront vite, mais, dans un monde marqué par l'instabilité, il n'avait probablement plus sa place. Que dire alors de marchés beaucoup plus complexes, avec un nombre bien plus important d'acteurs comme ceux de l'énergie, de la finance ou des devises ! L'impuissance des banques centrales face aux fluctuations monétaires en est une autre illustration. A l'usage, ces "pots de fer" ne sont plus, face aux marchés, que de vulgaires "pots de terre".

Philippe Chalmin est professeur à l'université Paris-Dauphine.
Article paru dans l'édition du 13.04.10




Ecrit par: P'tit Panda Mercredi 14 Avril 2010 18h32
Au moins 400 morts dans un séisme en Chine
LEMONDE.FR avec AFP et Reuters | 14.04.10 | 06h25 • Mis à jour le 14.04.10 | 14h53

Un puissant séisme a touché la province du Qinghai, dans le centre de la Chine. Au moins 400 personnes auraient péri et on compte environ 10 000 blessés, a indiqué la télévision officielle chinoise, citant un responsable du gouvernement. "Beaucoup d'autres personnes" sont ensevelies, a précisé l'agence Chine nouvelle.

Le séisme, dans cette région d'altitude proche du Tibet et peu peuplée, a atteint une magnitude de 6,9 degrés sur l'échelle de Richter, selon l'Institut de géophysique américain (USGS), et de 7,1 selon les autorités sismiques chinoises. La secousse a été enregistrée à 7 h 49 (1 h 49 à Paris), à 380 km au sud-sud-est de la ville de Golmud et à une profondeur de 46 km, a indiqué l'USGS. Trois répliques ont suivi, de magnitudes allant jusqu'à 5,8, a précisé l'institut américain. Selon Chine nouvelle, 18 répliques ont suivi.

"DES BLESSÉS PARTOUT DANS LES RUES"

Plus de 85 % des bâtiments situés près de l'épicentre, dans le district de Yushu, se sont effondrés, selon un responsable du gouvernement local cité par Chine nouvelle. Une école professionnelle s'est écroulée et "beaucoup d'étudiants ont été ensevelis". Des écoles primaires se seraient également effondrées, selon l'agence, et des enfants seraient coincés sous les décombres.

"Les blessés sont partout dans les rues, beaucoup de gens sont en sang", a déclaré le responsable du gouvernement. Nombre d'habitants de cette région reculée sont désormais sans abri, alors que les températures oscillent autour de 0 °C à Yushu et sont encore plus basses dans les villages d'altitude environnants.

"Les maisons sont presque toutes en bois et en terre. Certaines se sont effondrées avec le séisme", a indiqué un des responsables de la télévision locale. Selon les médias chinois, l'aéroport de Yushu n'a plus de communications, et les routes y menant ont été endommagées. La télévision officielle CCTV a montré des soldats de la police armée s'affairant sur le site d'une maison en ruine, déblayant les décombres à la recherche de survivants. "Des soldats ont été envoyés pour sauver les gens ensevelis sous les décombres de maisons", a dit un autre responsable local.

"NOUS N'AVONS PAS D'ÉQUIPEMENT MÉDICAL"

Sur place, les équipements font défaut. "Nous devons compter principalement sur nos mains pour dégager les décombres car nous ne disposons pas de grosses pelleteuses", a déclaré un responsable de la police armée chargé des opérations de secours. "Nous n'avons pas non plus d'équipement médical", a-t-il ajouté. Les autorités provinciales ont envoyé 5 000 tentes et des dizaines de milliers de vêtements, a indiqué le ministère des affaires civiles dans un communiqué.

La zone est sujette aux séismes, et est habitée par des paysans et nomades d'ethnies mongole et tibétaine. Elle dispose de réserves importantes de charbon, plomb et cuivre. En août 2009, un séisme de magnitude 6,2 avait frappé Golmud et fait s'écrouler une trentaine d'habitations, sans provoquer de morts. Le pire tremblement de terre en Chine ces dernières années a été celui de magnitude 8 en mai 2008, qui avait fait au moins 87 000 morts ou disparus dans la province voisine du Sichuan, non loin de la zone frappée mercredi.

*


Mobilisation internationale

Le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, a proposé à la Chine une aide européenne : "Je suis profondément choqué et attristé par les nouvelles arrivant sur le tremblement de terre dans la province du Qinghai. Je tiens à exprimer la solidarité de la Commission européenne avec les autorités et le peuple chinois et offrir notre aide", a indiqué M. Barroso dans un communiqué.

La France s'est elle aussi déclarée prête à répondre aux demandes d'aide des autorités chinoises, a annoncé mercredi le chef de la diplomatie française, Bernard Kouchner.

Le pape Benoît XVI a, quant à lui, appelé à la "solidarité de tous". "Ma pensée va à la Chine et aux populations touchées par le puissant séisme qui a causé de nombreuses pertes de vies humaines, [fait de nombreux] blessés et des dégâts considérables", a dit Benoît XVI dans un "appel" à la fin de son audience hebdomadaire place Saint-Pierre, au Vatican.





Ecrit par: P'tit Panda Mercredi 14 Avril 2010 18h52
Des centaines de morts après un tremblement de terre dans une province du nord-ouest de la Chine
LE MONDE | 14.04.10 | 16h17 • Mis à jour le 14.04.10 | 16h18
Pékin Correspondant

Un violent tremblement de terre d'une magnitude de 6,9 a frappé, mercredi 14 avril, une province du nord-ouest de la Chine, provoquant l'effondrement d'une grande partie des bâtiments de la ville de Yushu, chef-lieu d'une préfecture tibétaine. En début d'après midi - heure de Pékin -, le bilan était de 300 morts et de 8 000 blessés.

L'agence de presse Chine nouvelle a décrit des scènes sanglantes dans les rues de la ville où "l'on voit partout des blessés et des gens touchés à la tête". Selon le directeur adjoint de la télévision locale, Karsum Nyima, "la secousse a été terrible : en un clin d'oeil, les maisons se sont effondrées", a-t-il dit à l'agence de presse américaine AP.

D'autres témoignages indiquent que les constructions les plus élevées ne se sont pas effondrées mais que la plupart des habitations basses, typiques de l'architecture tibétaine, n'auraient pas résisté au séisme. "Il est difficile d'évaluer le nombre de victimes. Des centaines, peut-être plus", a déclaré Zho De, un habitant contacté dans la capitale provinciale Xining et qui a pu joindre, par téléphone, des membres de sa famille.

Le Quotidien du peuple affirmait, mercredi, que "85 % des maisons étaient détruites". Dans cette région à l'activité sismique fréquente, la plupart des habitations sont faites d'un mélange de bois, de pisé et de briques. Même si leurs murs sont épais et d'apparence solide, elles se révèlent meurtrières lorsqu'elles s'effondrent.

Le tremblement de terre s'est produit vers 7 h 30 du matin, au sud du Qinghai, une province qui faisait partie jadis du "Grand Tibet" originel. L'épicentre du séisme a été localisé à 380 kilomètres de la cité minière de Golmud, qui se situe elle-même sur la route de Lhassa, capitale de la "Région autonome du Tibet" voisine.

Si la ville de Yushu a été très touchée par les secousses et les répliques, la zone de l'épicentre est très peu habitée, principalement peuplée de bergers et de nomades d'ethnies tibétaine et mongole. La population de la préfecture tibétaine compte une centaine de milliers d'habitants. Secouristes et militaires sont arrivés dans la matinée et tentent de dégager les habitants prisonniers des décombres. Ils étaient 700 à être sur place en début d'après-midi et l'on en attend un millier de plus.

Selon un responsable militaire local, les sauveteurs "font face à de grandes difficultés car ils ne disposent pas de pelleteuses. Ce n'est pas évident de sauver des gens quand il faut travailler à mains nues"... Un responsable de la préfecture autonome tibétaine de Yushu s'est plaint du "manque de médicaments, de matériel médical, d'infirmiers et de médecins."

La ville de Yushu - en tibétain, Jyekundo, ce qui se traduit par "confluent de tous les attributs de la croissance" - est un centre religieux et culturel important. La cité, située à 3 700 mètres d'altitude, est dominée par le monastère de Dondrubling qui héberge des moines de la grande secte bouddhiste tibétaine des sakyas.

En 2008, la dernière grande catastrophe naturelle à avoir frappé la Chine avait été le tremblement de terre du Sichuan, qui avait fait près de 90 000 morts.

Bruno Philip
Article paru dans l'édition du 15.04.10


Ecrit par: P'tit Panda Mercredi 14 Avril 2010 18h54
Pékin refuse la libération anticipée du dissident Hu Jia, malgré son état de santé
LE MONDE | 14.04.10 | 15h54 • Mis à jour le 14.04.10 | 15h56
Pékin Correspondant

La Chine a refusé, lundi 12 avril, de libérer pour raisons médicales le dissident Hu Jia, qui purge une peine de trois ans et demi de prison à Pékin pour "subversion". Selon Zeng Jinyan, l'épouse de ce pourfendeur des abus du système - il a notamment défendu les malades du sida -, il pourrait avoir un cancer du foie.

Souffrant depuis des années d'une hépatite B, Hu Jia, 36 ans, vient de séjourner à l'hôpital de la prison où un début de cirrhose a été diagnostiqué qui peut évoluer en cancer. Zeng Jinyan a dit à l'Agence France-Presse que la demande de mise en liberté avait été refusée parce que, selon les autorités, la cirrhose n'était pas un motif suffisant. Les médecins ont refusé de transmettre à la famille le dossier médical. Son avocat, Li Fangping, a confirmé qu'il n'y avait aucun espoir qu'il soit relâché avant la fin de sa peine.

Père d'une fille de 2 ans née lorsqu'il était déjà incarcéré, Hu Jia a été arrêté en 2007 après avoir dénoncé les violations des droits de l'homme dans son pays au cours d'une vidéo-conférence avec le Parlement européen.

Accusé d'"incitation à la subversion" le mois suivant, il avait été condamné en avril 2008. Sa peine se termine fin 2011. Les autorités ont signifié à son épouse que même s'il était atteint d'un cancer, l'hôpital de la prison serait en mesure de le soigner.

Museler les voix discordantes

Sa condamnation avait été interprétée par les observateurs comme s'inscrivant dans l'obsession du gouvernement chinois de museler toute voix discordante avant les Jeux olympiques de Pékin, en 2008. Considéré comme un candidat potentiel au prix Nobel de la paix, Hu Jia s'était vu attribuer un mois après la fin des olympiades le prix Sakharov pour la liberté de penser du Parlement européen.

L'organisation des droits de l'homme Human Rights Watch (HRW) a demandé, le 8 avril, aux autorités chinoises de remettre en liberté Hu Jia, qui "souffre d'une maladie chronique sérieuse". Le communiqué de HRW rappelle que "selon les lois internationales, les Etats ont l'obligation de donner aux prisonniers un traitement médical équivalent à celui qui est disponible pour la population".

Pékin a ratifié la convention sur les droits culturels, politiques et sociaux en 1997 et a signé, sans la ratifier, une autre convention sur les droits politiques et civils. Toutes deux mentionnent l'obligation de garantir l'accès aux soins pour les personnes incarcérées.

Sophie Richardson, responsable pour l'Asie de HRW, a accusé les autorités d'"empêcher qu'un prisonnier très malade reçoive l'attention médicale appropriée".

Bruno Philip
Article paru dans l'édition du 15.04.10


Ecrit par: P'tit Panda Dimanche 18 Avril 2010 07h45
En Chine, les signes de surchauffe se multiplient
LE MONDE | 16.04.10 | 15h32 • Mis à jour le 16.04.10 | 17h04
Shanghaï, correspondant

Avec une croissance de son produit intérieur brut (PIB) de 11,9 % au premier trimestre en glissement annuel, l'économie chinoise a retrouvé son rythme d'expansion d'avant la crise - le trimestre de comparaison, en 2009, avait affiché une croissance de 6,2 %, l'une des plus faibles en vingt ans. Les banques étrangères qui tentent de calculer l'évolution du PIB chinois d'un trimestre à l'autre – statistique qui n'est pas disponible en Chine – arrivent à des taux annualisés de croissance compris entre 10,5 % et 13 %.

"PHÉNOMÈNE DE SPIRALE"

L'investissement en capital fixe a crû de 25,6 %. Les exportations sont fortement reparties en janvier et février, mais se sont ralenties en mars, provoquant pour la première fois en six ans, un déficit commercial pour ce mois. Le ministère du commerce, l'un des opposants les plus virulents à une réévaluation du yuan, prévoit un excédent de 96,1 milliards de dollars (71 milliards d'euros) pour 2010, soit presque trois fois moins qu'il y a deux ans. L'indice des prix à la consommation n'a crû que de 2,2 % au premier trimestre sur un an.

La hausse des prix, encore sous contrôle, contredit le scénario d'une économie en surchauffe. Toutefois, Selon Xu Weihong, chef économiste chez Guodu Securities à Shanghaï, la faiblesse de l'inflation n'a qu'une explication : les surcapacités de production en Chine, toujours d'actualité aussi bien dans les infrastructures, l'immobilier, que l'industrie lourde. "La croissance dépend surtout des investissements faits au cours des derniers mois dans le pays. L'offre est supérieure à la demande. Résultat, les prix ne s'envolent pas mais l'économie est bel et bien en surchauffe", note-t-il.

D'autres signes pointent vers un possible emballement : "Le risque inflationniste ne doit pas être sous-estimé, car la reprise économique s'est doublée d'une pénurie de main-d'oeuvre dans certaines régions, avec un risque d'augmentation de salaire, qui pourrait entraîner un phénomène de spirale", juge un expert occidental.

La contribution de l'investissement à la croissance du PIB serait passée à 57,9 % au premier trimestre, contre 94,6 % pour l'année 2009, signe de l'effet d'entraînement du méga-plan de relance chinois sur le reste de l'économie. "C'est plus que jamais l'investissement qui a alimenté la croissance de 2009, et je pense que l'investissement va encore contribuer en grande partie à la croissance en 2010. Le premier trimestre n'est pas le meilleur indicateur car certains projets sont retardés en raison de l'hiver. Une des nouveautés importantes, toutefois, c'est que l'investissement du secteur privé s'est accéléré, tandis que l'investissement par les sociétés d'Etat s'est ralenti", analyse Joerg Wuttke, président de la Chambre de commerce de l'Union européenne en Chine.

"Il faut garder à l'esprit que les prêts bancaires ont été le carburant de cette croissance. Ils ont dopé l'investissement productif, juge-t-il. Mais Pékin est en train de ramener les encours de crédits à des niveaux presque normaux... pour la Chine." Quelque 10 000 milliards de yuans de nouveaux crédits ont été alloués en 2009, deux fois plus qu'en 2008. La "cible", pour 2010, a été fixée à 7 500 milliards – mais les banques ont déjà prêté pour 2 600 milliards sur les trois premiers mois.

La hausse continue de la Bourse, mais surtout de l'immobilier, fait craindre la formation de bulles : les prix de l'immobilier ont bondi de 11,7 % en mars par rapport au même mois de 2009. Jeudi, Pékin a annoncé des premières mesures pour calmer le jeu : les acquéreurs d'un deuxième appartement devront fournir un apport de la moitié du prix de la propriété, contre 40 % auparavant. Pour les primo-accédants, l'apport doit être de 30 % si la surface dépasse 90 m2. Ces mesures sont toutefois modérément efficaces : le marché gris de l'usure en Chine (via notamment la famille élargie) fausse la donne.

Reste le recours à deux autres leviers de freinage, comme l'augmentation du yuan – en pleine négociation en Chine, aussi bien en interne que vis-à-vis des pays occidentaux qui la réclament –, et une hausse des taux d'intérêts.

La réticence du gouvernement à resserrer sa politique monétaire, pourtant préconisée par de nombreux économistes chinois suite aux "largesses" du plan de relance, tiendrait aux inquiétudes croissantes sur la santé financière de certains acteurs, comme les structures d'investissements des gouvernements locaux ou les plus petites banques.

"Tout porte à croire que certaines petites banques sont très fragilisées, signale un expert du secteur. En outre, on a vu certains établissements sortir de leur bilan de mauvaises créances, et les revendre, "repackagées", en produits de placement pour de riches clients. Tout ça est potentiellement dangereux."

Brice Pedroletti avec Claire Gatinois
Article paru dans l'édition du 17.04.10

Ecrit par: P'tit Panda Dimanche 18 Avril 2010 07h47
Le bilan du séisme dans le Qinghai s'alourdit encore
LEMONDE.FR avec AFP et Reuters | 16.04.10 | 09h03 • Mis à jour le 16.04.10 | 20h19

Deux jours après le séisme qui a fait 1 144 morts dans le nord-ouest de la Chine, les recherches se poursuivent, vendredi 16 avril, dans la zone dévastée. Les premiers véhicules chargés d'aide sont arrivés dans la ville de Jiegu, à proximité de l'épicentre, une zone difficile d'accès de la province du Qinghai, sur le plateau tibétain. Près de 85 % des bâtiments se sont effondrés, laissant quelque 100 000 sans-abri, obligé de dormir dehors, par - 5 °C.

"La priorité est de sauver les gens. Nous n'abandonnerons pas même s'il ne reste qu'un espoir infime", a déclaré vendredi le premier ministre, Wen Jiabao, arrivé la veille au soir à Jiegu. Mais du fait des températures nocturnes qui descendent sous 0 °C, il y a peu de chances que des gens puissent vivre longtemps sous les décombres. Près de la grande lamaserie de Jiegu, des moines bouddhistes se sont rassemblés pour entonner des mantras tibétains devant des monceaux de cadavres. La chaîne de télévision CCTV a diffusé jeudi des images du chef du gouvernement escaladant difficilement et avec l'aide de sauveteurs des montagnes de gravats ou, agenouillé sous une tente, tentant de consoler une femme et son enfant d'ethnie tibétaine.

Vendredi, les secouristes qui parfois, la veille, creusaient encore à mains nues étaient pourvus de matériel lourd dépêché dans la région, mais apparemment en quantité insuffisante pour des destructions de cette ampleur. Les milliers de secouristes doivent affronter aussi le manque d'oxygène dans cette région située à 4 000 m d'altitude et des températures glaciales. Le bilan des morts pourrait s'alourdir au cours des prochaines heures : environ 200 personnes sont toujours portées disparues. Le séisme a également fait quelque 11 000 blessés.

Une centaine d'élèves et d'étudiants pris au piège dans leurs établissements scolaires figurent parmi les morts, a indiqué Le Quotidien du peuple. Les conditions difficiles sur place sont particulièrement dangereuses pour les blessés, qui n'ont reçu que des soins sommaires. Les autorités ont cependant écarté tout risque d'épidémie. "Les corps ont commencé à être traités dans la zone du séisme pour éviter tout impact dangereux", a déclaré à la presse à Pékin un responsable du ministère de la santé. Des équipes médicales, des tentes, des couvertures ont été envoyées au Qinghai où, jusqu'à présent, les médecins opèrent dans des installations de fortune, pour apporter quelques soins aux victimes du pire tremblement que la Chine ait connu depuis celui de 2008 au Sichuan (87000 morts).




Ecrit par: P'tit Panda Dimanche 18 Avril 2010 07h52
A Pékin, les "marchés aux célibataires" sont devenus une institution
LE MONDE | 15.04.10 | 15h00 • Mis à jour le 15.04.10 | 15h02
Pékin, correspondant

Dans certaines villes chinoises, il existe une sorte d'institution permettant d'adapter les nécessités du mariage aux évolutions sociales : en fin de semaine, dans plusieurs parcs de Pékin, des parents se retrouvent dans l'espoir de dénicher le (ou la) partenaire idéal(e) pour leur enfant.

C'est le "marché des célibataires" où, dans une poétique traduction chinoise, "le pont des pies" : l'expression se réfère à une vieille légende selon laquelle ces oiseaux auraient un jour formé un pont entre ciel et terre pour permettre à une fée de convoler avec son amant, le bouvier...

Généralement, les époux putatifs n'assistent pas à ce marchandage, qui rappelle la Chine prérévolutionnaire, quand les mariages étaient arrangés par les familles. "Il y a chez ces parents une certaine nostalgie de l'époque où une mariée ne découvrait le visage de son futur époux que le soir de ses noces", observe le quotidien anglophone China Daily.

Le modus operandi s'est cependant modernisé : les parents discutent, négocient, échangent les numéros de téléphone de leurs enfants et, éventuellement, leurs adresses Internet.

Ces "marchés" sont plutôt fréquentés par des gens issus de milieux modestes, dont les enfants n'ont pas les moyens de fréquenter les soirées et les lieux où les rejetons des classes aisées se comportent de manière souvent désinhibée. La politique de l'enfant unique, imposée en Chine depuis 1979, ainsi que le déséquilibre démographique croissant entre les sexes au profit des garçons, rajoutent aux difficultés inhérentes à la vie en ville.

Les disparités sociales jouent aussi un rôle croissant. "La génération de mes parents ne prêtait aucune attention à la situation économique d'un éventuel partenaire, car les différences étaient réduites. Aujourd'hui, elles se sont accrues, les salaires et le milieu familial sont devenus essentiels. Les filles accepteront un mari parce qu'il a une auto ou une maison", explique Wang Linye, une jeune journaliste de Pékin.

Lors de certains "marchés des célibataires", souvent organisés par des agences matrimoniales, les chercheurs d'âmes soeurs – des deux sexes – se déplacent en personne pour se "vendre" sur un podium, où ils défilent en exposant, d'une voix gênée, leurs desiderata. Parfois, sur de petites fiches disponibles pour les visiteurs, les hommes indiquent, outre leur âge et leur profession, le montant de leur salaire, dans l'espoir d'attirer des épouses...

Bruno Philip
Article paru dans l'édition du 16.04.10



Ecrit par: P'tit Panda Dimanche 18 Avril 2010 07h54
En Inde et en Chine, le mariage vire au casse-tête
LE MONDE | 15.04.10 | 15h00 • Mis à jour le 15.04.10 | 17h06

A l'approche de l'Exposition universelle 2010 de Shanghaï, le ministère chinois de la sécurité publique a mis en alerte la police locale, lui demandant de "réprimer sans faiblesse les activités illégales comme l'utilisation illégale d'armes à feu et d'explosifs, les enlèvements de femmes et d'enfants, le crime organisé et la pornographie en ligne", rapporte l'agence Chine nouvelle.

Vingt ans après le cri d'alarme lancé par l'économiste indien Amartya Sen – "Il manque 100 millions de femmes" – pour dénoncer les infanticides et le manque de soin apporté aux petites filles en Asie, les scénarios les plus pessimistes, découlant de ce déficit de femmes, se réalisent. Et les preuves s'accumulent des secousses profondes que cette préférence pour les garçons, aggravée par le recours aux avortements sélectifs, provoque dans les sociétés concernées.

Si la Chine et l'Inde "avaient la même proportion d'hommes et de femmes que le reste de la planète, on devrait y dénombrer un excédent de 20 millions de femmes", estime Christophe Guilmoto, démographe au Centre population et développement (Institut de recherche pour le développement/Institut national d'études démographiques), dans une étude parue fin mars.

Car si le sex-ratio naturel s'établit à 105 naissances de garçons pour 100 filles, ce rapport est inversé par la suite du fait de la surmortalité des hommes. Or, ces deux pays présentent "un surplus apparent de 91 millions d'hommes" en 2010. Les premiers signes de ce déséquilibre sont déjà sensibles, mais le pire reste à venir : "A partir de 2030", pronostique M. Guilmoto.

Pilier des sociétés chinoise et indienne, le mariage y vire au casse-tête. En Chine, pays "le plus masculin du monde", comme le rappelle la démographe Isabelle Attané dans un livre qui vient de paraître (En espérant un fils, INED, avril 2010, 240 p., 25 euros ), 24 millions d'hommes en âge de se marier pourraient ne pas trouver d'épouses. Dans les Etats de l'Inde les plus touchés, comme le Pendjab, où il naît 126 garçons pour 100 filles, ou en Haryana (125 garçons pour 100 filles), "des femmes sont importées qui ne partagent ni la culture ni même la langue des hommes qu'elles épousent", explique l'anthropologue Ravinda Kaur. Ces jeunes mariées peuvent être achetées, via des "agents" payés à la commission, ou issues d'un trafic. La chercheuse relève aussi le recours à une "polyandrie forcée, plusieurs frères se partageant la même femme". Les mariages inter-castes sont de plus en plus nombreux, attisant la violence des religieux hindous.

En Chine, avec 122 hommes pour 100 femmes en moyenne (avec des "pointes" à 150 dans certaines provinces du centre et de l'est du pays), un homme sur cinq, parmi les garçons nés dans les années 2000, éprouvera des difficultés à se marier. Pour aborder ce marché du mariage devenu ultra-concurrentiel, les familles épargnent. "Non seulement les ménages qui ont des garçons épargnent plus que ceux qui ont des filles, mais l'épargne augmente quand ils vivent dans les régions où le sex-ratio est le plus biaisé", affirme Shang-Jin Wei, économiste à l'université de Columbia (New York), dans une étude parue en février.

Les femmes poursuivent, elles aussi, une stratégie, migrant de plus en plus vers les côtes, à la recherche d'un meilleur parti. Mais "cette règle de la rareté ne bénéficie qu'aux deux tiers des femmes qui ont accès au marché de l'emploi et qui ont rompu avec les inerties familiales", pondère Christophe Guilmoto.

Ce manque de femmes et ces unions mal appareillées aggravent la condition féminine. La psychiatre Sunitha Krishnan, qui dirige une organisation non gouvernementale créée en 1996 pour lutter contre le trafic des femmes et des enfants, tient pour "une évidence" le lien entre ce déséquilibre entre les sexes et la hausse du trafic et des enlèvements de fillettes à des fins de prostitution : "33 000 fillettes disparaissent chaque année en Inde. Que deviennent-elles ?", souligne-t-elle.

"Dans certains villages, les femmes sont abandonnées dès qu'elles ont donné naissance à des enfants, des garçons de préférence", assure George Sabu, médecin et activiste indien. Seule pointe d'espoir : que la création de systèmes de santé et de soins solides, renforçant l'aide aux personnes âgées, "ne rendent plus les garçons aussi indispensables à la famille", résume le démographe Li Shuzhuo, un des promoteurs de la campagne "Care for girls" lancée en Chine en 2003.

Observant que le ratio des naissances entre filles et garçons est resté stable ces dernières années en Chine, Li Shuzhuo espère que cette absence de dégradation marque le début d'un retour à la normale. Comme cela a été le cas en Corée du Sud, seul pays à avoir retrouvé une proportion quasi normale entre garçons et filles, après des années de préférence masculine.

Brigitte Perucca

*

Un phénomène qui dépasse l'Asie

Le déséquilibre des naissances entre garçons et filles n'existe pas seulement en Chine et en Inde. Taïwan (109,6 naissances de garçons pour 100 filles), le Pakistan (108,9), Singapour (107,2) sont également touchés. Christophe Guilmoto, démographe au Centre Population et développement (Institut de recherche pour le Développement/Institut national d'Etudes Démographiques) l'a mis à jour au Vietnam, à l'occasion du recensement de 2009. Aujourd'hui ce pays compte 110,6 garçons pour 100 filles à la naissance.

Même s'il est particulièrement marqué en Asie, d'autres régions du monde sont concernées par ce phénomène. Les Républiques du sud Caucase affichent aussi une préférence très nette pour les garçons. En Azerbaïdjan, en Arménie et en Géorgie, le sex ratio – c'est-à-dire le nombre de naissances masculines pour 100 naissances féminines – s'établit respectivement à respectivement 116, 115,8 et 110,1. En Europe, l'Albanie, où le sex ratio atteint 114,2, est en train de rejoindre ces sociétés qui se masculinisent à grande vitesse.

Br.P.

Ecrit par: P'tit Panda Dimanche 18 Avril 2010 08h08
Published on Rue89 (http://www.rue89.com)
Chine : le Premier ministre étale son amour pour un ancien paria
By Harold Thibault
Created 04/17/2010 - 11:07

Wen Jiabao aux obsèques de Hu Yaobang, le 15 avril 1990 (Reuters)

(De Pékin) Dans un article publié par le journal du Parti communiste chinois (PCC), le premier ministre chinois Wen Jiabao évoque son affection pour l'ex-dirigeant du Parti Hu Yaobang [1], partisan d'une ouverture politique dont la mort avait déclenché en 1989 les manifestations de Tiannamen [2], qui lui « manque profondément ». Un commentaire qui fait débat en Chine.

Dans un pays où les luttes de pouvoir se jouent à huis clos, où chacun est en accord avec la ligne du Parti mais pas toujours de la même manière, comprendre qui pense quoi et quelle tendance l'emporte est un exercice.

Il consiste souvent, pour les observateurs extérieurs, à lire entre les lignes des articles du Quotidien du peuple [3], l'organe central du Parti communiste. Cette fois-ci, le premier ministre en personne a pris la plume pour écrire sur un personnage qui n'a jamais laissé le PCC indifférent : Hu Yaobang.
Hu Yaobang, taxé de « bourgeois » pour son envie d'ouverture

31975677.jpgDans un long récit (fac similé ci-contre), Wen Jiabao relate un voyage entrepris aux côtés du défunt secrétaire général du Parti, dans la province du Guizhou en 1986.

S'étant rendu il y a quelques jours dans les provinces du sud du pays touchées par la sécheresse, Wen Jiabao écrit n'avoir pu s'empêcher de songer à Hu, qu'il décrit comme son mentor politique. Ce dernier a été mis à l'amende et taxé de « bourgeois » en 1987 pour avoir plaidé en faveur d'une relative ouverture politique et de la réhabilitation des persécutés de la Révolution culturelle, alors que le pays s'ouvrait économiquement.

Sans réhabilitation formelle, le jugement porté par l'élite politique chinoise sur Hu Yaobang a été revu en 2005, à l'occasion du 90e anniversaire de sa naissance.
« Je garde dans mon coeur ses précieux enseignements »

L'hommage que lui rend Wen Jiabao est pourtant d'une teneur inédite. Si la publication d'un tel article n'a pu se faire sans l'aval de la direction du Parti, le Premier ministre y relate des anecdotes très personnelles et ne cache pas son affection et son admiration :

« J'ai personnellement constaté à quel point il s'engageait dans son travail jour et nuit, avec abnégation, travaillant pour le bénéfice du peuple et pour le Parti.

Je garde dans mon coeur ses précieux enseignements, je ne m'autorise moi-même pas à me relâcher, à oublier comme il a montré l'exemple. Son style et son attitude ont grandement influencé mon travail, mes apprentissages, et ma vie »

Une leçon pour les cadres du Parti

L'article, également repris sur certains grands portails du web chinois, a suscité des milliers de commentaires. Sur les blogs, certains y voient un signe d'ouverture. Dans ce cas, leur répondent d'autres qui n'y voient que de la poudre aux yeux, pourquoi d'autres leaders purgés n'ont-ils pas été réhabilités pour l'occasion ? Wen Jiabao fait simplement un gros coup de communication, jugent quelques internautes.

Sans la pointer directement du doigt, l'article sur le leader du passé s'adresse certainement à l'élite politique du présent. A de multiples reprises, le chef du gouvernement insiste sur le lien que le défunt secrétaire général a maintenu avec les « masses populaires » :

« Il voulait autant que possible connaître la réelle situation des masses populaires. En particulier, il soulignait que les autorités centrales et les responsables provinciaux devaient être parmi les masses. »

Le premier ministre évoque également son attachement personnel à Hu Yaobang et dit ne l'avoir jamais lâché, malgré la purge et la maladie. Wen Jiabao se rappelle avoir accouru à l'annonce de sa mort, s'être occupé de ses cendres et raconte qu'il rend visite à sa famille à chaque Nouvel an chinois depuis. Il conclut par ces mots :

« J'écris cet article pour témoigner à quel point il me manque. »

Luttes de factions avant 2012 ?

Coup politique ? Wen Jiabao, comme Hu Jintao, a vu sa carrière politique influencée et propulsée par l'ancien leader. Tous deux font partie de la faction de la Ligue de la jeunesse communiste, du nom de l'organisation à la tête de laquelle le président actuel a longtemps siégé.

Celle-ci est souvent opposée à la faction de Shanghai, réseau d'influence de l'ancien président Jiang Zemin, encore en vue lors des 60 ans de la République populaire le 1er octobre, et qui dispose toujours de soutiens influents au sein du Bureau politique. Un indice peut-être des tensions internes, alors que la passation de pouvoir de 2012 approche.

Jean-Philippe Béja, chercheur au Centre français d'études sur la Chine contemporaine [4] à Hong Kong, s'interroge :

« Est-ce le signe que la faction de la Ligue de la jeunesse est en train de se manifester ? Avec un appel aux membres du réseau de Hu dont bon nombre sont des intellectuels libéraux ? Je n'irai pas jusque là, mais il sera intéressant de voir ce qui suit. »

Le sinologue français rappelle que, depuis les célébrations du 90e anniversaire, qui avaient mis les observateurs en émoi, plus rien n'avait été entrepris au sujet de Hu Yaobang.

Après ce récit, Wen Jiabao fait l'objet d'encore un peu plus d'attention en Chine. Au même moment, la télévision diffuse en boucle les images du premier ministre, baskets aux pieds, micro en main, parlant aux équipes de secours dans les décombres au Qinghai, frappé par un séisme.

Médiatique, Wen a l'image de l'homme proche du peuple, chaleureux, auquel les Chinois donnent parfois des surnoms affectueux, au contraire de Hu Jintao, bien plus froid, bureaucratique.
Ellipse sur Tiananmen

Dans son récit, le premier ministre passe du 15 avril 1989, jour de la mort de Hu Yaobang, au 5 décembre 1990, lorsque ses cendres sont mises sous terre. Entre deux, les étudiants s'étaient réunis sur la place Tiananmen, initialement pour rendre hommage au leader progressiste écarté du pouvoir. Le gouvernement avait réprimé la jeunesse, marquant un tournant dans l'histoire politique du pays. Une ellipse par laquelle il évite le coeur du sujet.

Comment Wen Jiabao, qui revendique un tel attachement sans faille à Hu Yaobang, a-t-il réussi à continuer à grimper les échelons quand son mentor était mis sur la touche ? Comment ensuite, alors qu'une célèbre photo le montre sur la place Tiananmen aux côtés d'un autre secrétaire du Parti, Zhao Ziyang [5], appelant les étudiants à regagner leurs campus pour éviter que ne coule le sang, lui aussi victime par la suite d'une purge, le premier ministre actuel a-t-il survécu politiquement ?

Pour David Shambaugh, professeur à l'université George Washington et observateur de la vie politique chinoise, « c'est l'un des grands mystères de cette période ».

En partenariat avec :
Aujourd'hui la Chine [6]
Blog principal:
Chinatown [7]
1989-2009 : les héritiers de Tiananmen réclament la démocratie [8]
20 ans après Tiananmen : le spectre de la réforme politique [9]
Chine : pas de « société harmonieuse » sans réformes politiques [10]
Chinese Premier Offers a Tribute to a Reformer, sur nytimes.com (avec possibilité de télécharger le pdf de la traduction en anglais de l'article de Wen) [11]
Evoquer Hu Yaobang, invoquer la réforme, sur Courrier international [12]
Le texte original en chinois [13]
Commander sur Fnac.com:
Les archives de Tiananmen [14]
URL source: http://www.rue89.com/chinatown/2010/04/17/chine-le-premier-ministre-etale-son-amour-pour-un-ancien-paria-147810

Links:
[1] http://fr.wikipedia.org/wiki/Hu_Yaobang
[2] http://www.rue89.com/tag/tiananmen-0
[3] http://french.peopledaily.com.cn/
[4] http://www.cefc.com.hk/rubrique.php?id=73&lg=fr
[5] http://www.rue89.com/chinatown/2009/05/16/les-dessous-de-tiananmen-reveles-dans-les-memoires-posthumes-de-zhao-ziyang
[6] http://www.aujourdhuilachine.com/
[7] http://www.rue89.com/chinatown
[8] http://www.rue89.com/2009/06/04/1989-2009-les-heritiers-de-tiananmen-reclament-la-democratie
[9] http://www.rue89.com/chinatown/2009/06/04/20-ans-apres-tiananmen-le-spectre-de-la-reforme-politique
[10] http://www.rue89.com/2008/02/07/chine-pas-de-societe-harmonieuse-sans-reformes-politiques
[11] http://www.nytimes.com/2010/04/16/world/asia/16china.html?scp=2&sq=wen jiabao&st=cse
[12] http://www.courrierinternational.com/revue-de-presse/2010/04/16/evoquer-hu-yaobang-invoquer-la-reforme
[13] http://news.qq.com/a/20100415/000298.htm?utm_source=twitterfeed&utm_medium=twitter
[14] http://livre.fnac.com/a1492031/Zhang-Liang-Les-archives-de-Tiananmen?Origin=RUE89_EDITO

Ecrit par: P'tit Panda Dimanche 18 Avril 2010 08h12
Published on Rue89 (http://www.rue89.com)
Les "Bric" peuvent-ils changer la façon dont tourne le monde ?
By Pierre Haski
Created 04/16/2010 - 11:44

Un petit globe terrestre sur un porte-clef (Horia Varlan/Flickr)

Ils représentent 40% de la population du monde, 15% de son produit intérieur brut, mais surtout 50% de la croissance économique actuelle. Ce sont les Bric (Brésil, Russie, Inde et Chine), qui se sont réunis jeudi en sommet à Brasilia et qui sont unis sur au moins un objectif : casser le monopole occidental sur la gestion des affaires planétaires.

De fait, le premier à avoir pensé à réunir ces quatre pays n'est pas un stratège altermondialiste, mais une banque d'affaires, Goldman Sachs, qui, en 2003, conçoit l'acronyme et le concept de ces quatre économies émergentes qui méritaient que les investisseurs s'y intéressent.

Le concept a fait son chemin, au point que les quatre pays en question ont progressivement formalisé leur relation pour un faire un vrai club, passant de réunions régulières de ministres des Affaires étrangères à des sommets, le premier l'an dernier à Iekatrinenbourg, en Russie, et le deuxième cette semaine au Brésil.



Les BRIC
Brésil :
191 millions d'habitants
8,5 millions de km2
PIB : 1 500 milliards de dollars
Chine :
1,350 milliard d'habitants
9,6 millions de km2
PIB : 4 758 milliards de dollars
Inde :
1,156 milliard d'habitants
3,2 millions de km2
PIB : 1209 milliards de dollars
Russie :
141 millions d'habitants
17 millions de km2
PIB : 1 254 milliards de dollars

Qu'est-ce qui les rassemble ?

Ces quatre pays ont un point commun : fortement peuplés (Voir encadré), leurs économies connaissent une croissance robuste depuis au moins une décennie, plus forte que celle des pays industriels, et leur part de l'économie mondiale ne cesse de croître.

Leur caractéristique, c'est aussi d'avoir développé les relations commerciales entre eux, d'avoir fait décoller un commerce « Sud-Sud » jusque-là inexistant.

Ainsi, la Chine a supplanté les Etats-Unis comme premier partenaire commercial du Brésil, et est même en passe de devenir le deuxième partenaire de l'Amérique latine, devant l'Union européenne.

Mais ce qui les rassemble, surtout, c'est une volonté commune de casser l'hégémonie occidentale sur les leviers du monde. Ils ont déjà remporté un premier succès avec la création du G20 qui les a admis à la « table des grands », supplantant le G8 qui ne réunissait que les pays les plus industrialisés (plus la Russie, héritière de l'URSS).

Leurs discussions portent ainsi sur l'idée de faire émerger une monnaie de substitution au dollar ou au moins la possibilité de facturer leurs échanges bilatéraux en monnaie locale, sans passer par la devise de l'Oncle Sam. On en est encore loin, même si le yuan chinois s'impose progressivement dans la zone d'influence chinoise en Asie et pourrait en sortir.

Pour la première fois, ces pays « émergents » sont en mesure de prendre toute leur part dans la définition des règles du jeu international, au lieu de subir celles que décideraient les Occidentaux. Cette volonté apparaît, par exemple, dans le communiqué final de Brasilia, dans l'allusion du « processus de Doha », c'est-à-dire les négociations au sein de l'Organisation mondiale du commerce (OMC).

Avec la réunion de Brasilia, ils ont fait un pas supplémentaire en discutant du dossier nucléaire iranien, une manière de montrer qu'aucun sujet ne leur est tabou, même si leur capacité de médiation dans une affaire aussi délicate reste à prouver.
Qu'est-ce qui les divise ?

A la veille du sommet, un site russe, RIA-Novosti, s'est risqué, dans son édition française, à un jeu de mot : « Brasilia, un sommet de Bric et de broc » [1] (comment dit-on en russe ? ). Pas étonnant que ce soit de Russie que soit venue cette touche d'ironie pour mettre en avant le manque de cohérence de ce nouveau club.

La Russie est en effet une ex-superpuissance qui se vivait autrefois à égalité avec les Etats-Unis, et vient de revivre un peu de ce statut de « Grand » lors de la signature du nouveau traité Start (réduction des armes stratégiques) avec Barack Obama.

Seuls les Etats-Unis et la Russie ont (encore) le potentiel de destruction nucléaire de la planète. Pour Moscou, les Bric sont un pis aller, un marche pied pour reconquérir une influence disparue avec l'URSS. Une ambiguité accentuée par le fait que la Russie a hérité du strapontin de l'URSS au G7 devenu G8.

De fait, les contradictions ne manquent pas au sein de ce quatuor, à commencer par leurs systèmes politiques : régime autoritaire de tradition communiste pour la Chine et post-communisme musclé en Russie, tandis que le Brésil et l'Inde ont des présidents élus dans des scrutins pluralistes et disputés, des sociétés civiles fortes et une liberté d'expression totale.

Leur vision du monde n'est pas nécessairement la même et les grincements de dents entre eux sont légion. L'Inde continue de voir la Chine comme un ennemi potentiel et révise sa doctrine militaire pour pouvoir mener « deux conflits à la fois » (Pakistan ET Chine), tandis que les Brésiliens vivent mal la nature très « Nord-Sud » de leurs échanges avec la Chine (matières premières et produits agricoles contre biens manufacturés).

Les Bric ont néanmoins la capacité de susciter des coalitions ponctuelles, entre eux et élargies (la Turquie a ainsi été associée aux discussions de Brasilia sur l'Iran, l'Afrique du Sud en est l'extension africaine sur les questions économiques) sur des dossiers précis.
La fin du monopole occidental

De ce fait, les Bric ont d'ores-et-déjà changé la règle du jeu international en privant les Occidentaux, et singulièrement les Etats-Unis, de leur leadership exclusif sur la marche du monde. Mais cela ne suffit pas à changer le monde.

Il reste à prouver qu'au-delà de l'influence individuelle indéniable que chacun de ces Etats est en passe d'acquérir à mesure que son poids économique augmente, ils parviendront à forger une cohérence et une influence collective.

Et plus généralement, la question reste ouverte de savoir quel poids ils auront sur la marche du monde : leur ambition est-elle simplement d'être à la table du festin sans en changer la règle du jeu, ou sont-ils porteurs d'autres valeurs ? Ceux qui espéraient que l'affaiblissement américain cède la place à un « autre monde » risquent fort d'être déçus.

Photo : un petit globe terrestre sur un porte-clef (Horia Varlan [2]/Flickr)

►Rectificatif le 16/4/10 À 12h15, c'est le Brésil et l'Inde qui ont des présidents élus et la liberté d'expression totale, pas la Russie… Lapsus.
Blog principal:
Explicateur [3]
Sommet des Bric : le club des puissances émergentes [4]
Sommet du G8 au Japon : qui dirige réellement la planète ? [5]
La fiche Wikipédia sur les Bric [6]
URL source: http://www.rue89.com/explicateur/2010/04/16/les-bric-peuvent-ils-changer-la-maniere-dont-le-monde-tourne-147617

Links:
[1] http://fr.rian.ru/discussion/20100413/186461450.html
[2] http://www.flickr.com/photos/horiavarlan/
[3] http://www.rue89.com/explicateur
[4] http://www.rue89.com/2009/06/17/sommet-des-bric-le-club-des-puissances-emergentes
[5] http://www.rue89.com/explicateur/sommet-du-g8-au-japon-qui-dirige-reellement-la-planete
[6] http://fr.wikipedia.org/wiki/Brésil_-_Russie_-_Inde_-_Chine

Ecrit par: P'tit Panda Lundi 19 Avril 2010 23h45
La Chine doit s'attaquer plus durement à sa bulle immobilière
LE MONDE | 19.04.10 | 16h32 • Mis à jour le 19.04.10 | 16h32

Tous ceux qui ne croient pas à l'existence d'une bulle sur le marché immobilier chinois feraient bien d'écouter les gens bien informés. Le Conseil des affaires de l'Etat, la plus haute instance politique gouvernementale, vient d'annoncer une série de mesures destinées à ramener les prix de l'immobilier à des niveaux plus raisonnables. Un bon début, même si le dispositif ne traite que deux des trois causes à l'origine de ce phénomène : l'excès de capitaux et l'insuffisance de l'offre.

La faiblesse des données disponibles fait que personne ne sait vraiment comment évoluent les prix de l'immobilier en Chine. Le Bureau des statistiques affirme qu'ils ont progressé de 11,7 % entre mars 2009 et mars 2010 : un taux vraisemblable au regard de la croissance à deux chiffres du produit intérieur brut (PIB), qui a atteint 11,9 %. Mais de son côté, le ministère des terres et des ressources soutient que la hausse des prix a atteint 25 %.

Les anecdotes que l'on peut relever sur le terrain laissent à penser qu'une bulle est effectivement apparue. D'après Credit Suisse, les ménages doivent maintenant débourser douze années de revenu pour acheter un logement ordinaire à Pékin. Sur l'île d'Hainan, souvent présentée comme le "Hawaï chinois", le prix des résidences a augmenté de 50 % au cours des douze derniers mois. Ce n'est plus Hawaï, c'est désormais la Floride...

Les décisions prises par le gouvernement chinois produiront certainement des effets. Le relèvement du montant de l'apport initial pour acheter un bien ainsi que la hausse du taux des crédits immobiliers va rendre la spéculation immobilière plus coûteuse. L'affectation de terrains supplémentaires à la construction de logements abordables contribuera à combler l'insuffisance de l'offre pour les acquéreurs solvables. L'institution d'un impôt sur la propriété foncière pourrait également renforcer ces mesures dissuasives.

Mais le problème n'a pas été provoqué uniquement par l'excès de capitaux et par l'insuffisance de l'offre. En fait, les acquéreurs de biens immobiliers sont à la fois trop empressés et trop confiants. D'un côté, ils craignent que les quantités de liquidités sans précédent qui ont été injectées dans le circuit financier finissent par faire décoller l'inflation. Ils sont aussi anxieux de ne pas laisser filer l'occasion d'acheter. De l'autre, comme le bâtiment est le moteur le plus puissant de la croissance, ils sont convaincus que Pékin n'osera jamais tuer la poule aux oeufs d'or.

Pour le gouvernement chinois, la meilleure façon de réduire la bulle immobilière est de leur prouver qu'ils ont tort, en relevant significativement les taux d'intérêt directeurs. Cela aurait le mérite de diminuer le prix des biens et d'envoyer un message sans ambiguïté quant à l'évolution de l'inflation.
(Traduction de Christine Lahuec)


John Foley
Article paru dans l'édition du 20.04.10

Ecrit par: P'tit Panda Lundi 19 Avril 2010 23h49
PSA présente sa première Citroën 100 % chinoise
LE MONDE | 19.04.10 | 15h55 • Mis à jour le 19.04.10 | 15h55
Shanghaï (Chine) Correspondant

Formes élancées et athlétiques, une large calandre qui fait penser aux ailes déployées d'un cerf-volant, elle s'appelle Metropolis. C'est le premier concept-car (voiture expérimentale) de Citroën conçue par les équipes du centre de recherche et développement de PSA en Chine. Créé en 2008, c'est l'endroit où sont imaginées les futures Peugeot et Citroën destinées au marché chinois.

Dévoilée dimanche soir au coeur de Shanghai, en avant-première du salon de Pékin (27 avril au 2 mai), cette berline de luxe aux vitres fumées a été pensée pour impressionner un client chinois avide de nouveauté et de statut : "Un concept-car comme celui-ci exprime des tendances, on en gardera des éléments pour nos modèles qui sortiront en Chine, et c'est un moyen pour nous de faire connaître la marque", explique Oleg Son, designer en chef au China Tech Center (CTC) de PSA à Shanghai.

La Chine est devenue le deuxième marché pour PSA, qui y a vendu 270 000 véhicules en 2009, moitié plus que l'année précédente. Le constructeur français, qui fabrique ses voitures en Chine en coentreprise avec le chinois Dongfeng Motor à Wuhan (province du Hubei), y vise une part de marché comprise entre 8 % et 10 % d'ici à 2020, et prévoit de lancer chaque année un nouveau modèle spécifique au marché chinois.

"UN SYMBOLE DE RÉUSSITE"

Jusque-là, les modèles européens étaient simplement adaptés localement. "Ce type de fonctionnement ne permet plus d'avoir une compréhension immédiate du marché chinois", explique Oleg Son. "Nos équipes sont à 95 % chinoises, c'est aussi la première génération de designers jamais sortie du système chinois, poursuit-il. En France, les designers doivent réfléchir à des véhicules pour des clients qui se demandent s'ils vont racheter une voiture. En Chine, cela reste surtout un symbole de réussite", dit-il.

Le CTC emploie quelque 300 ingénieurs, techniciens et designers. "Les clients chinois sont beaucoup plus exigeants qu'en Europe, où la voiture est avant tout un mode de transport. C'est le plus souvent leur première voiture, c'est une grosse dépense, donc les gens veulent avoir le maximum, pour le meilleur prix", dit Zhang Gangxia, jeune femme d'une trentaine d'années qui est chef de l'équipe "couleurs et matériaux". Le cuir, par exemple, est présent dès le milieu de la gamme. Les intérieurs doivent être clairs et harmonieux.

Et puis, signale Kevin Zhang, designer produit, et premier styliste chinois à avoir été embauché au CTC, "le client chinois fait très attention au siège arrière et son confort. (Dans) 80 % (des cas il) achète une voiture pour la première fois. Il doit y transporter ses parents ou ses beaux-parents." Chez le concessionnaire, il n'est pas rare que la première chose qu'essaie le client soit... les sièges arrière.

Brice Pedroletti
Article paru dans l'édition du 20.04.10

Ecrit par: P'tit Panda Lundi 19 Avril 2010 23h52
La flambée des matières premières menace la reprise[B]
LE MONDE | 19.04.10 | 15h47 • Mis à jour le 19.04.10 | 15h47

En un an, le cours du caoutchouc a augmenté de 143 %, le propylène de 80 % ; depuis le début de l'année, le nickel a pris 32 % ; platine et palladium sont au plus haut depuis deux ans ; record de quinze ans battu pour la pâte à papier ; baril de pétrole qui se rapproche des 90 dollars contre 33 au creux de la crise en décembre 2008 ; minerai de fer annoncé en hausse par les entreprises minières de + 100 % : les prix des matières premières explosent à nouveau, à l'exception des céréales et de l'or.

Le phénomène commence à effrayer nombre d'industriels, comme l'Association des constructeurs européens d'automobiles (ACEA) qui a demandé à la Commission européenne d'utiliser "tous les moyens appropriés" pour ralentir la folle appréciation du fer. Car le bizarre est que, sauf en Asie, la reprise est hésitante et molle, et que le dollar monte, deux facteurs normalement dépressifs pour les matières premières. Plus étrange encore, les stocks de tous ces produits augmentent, ce qui devrait provoquer leur recul.

Avec un rythme annuel de croissance qui frôle les 12 %, la Chine importe à peu près de tout en quantités phénoménales et, signe des temps, elle a même importé 104 millions de tonnes de charbon pour la première fois en 2009, elle qui en produit 3,3 milliards de tonnes ! Comme elle pèse un tiers de la consommation mondiale des métaux de base, il n'est pas étonnant que les prix fusent.

UNE RÉGULATION EUROPÉENNE

L'action des investisseurs, autrement dit de spéculateurs, est l'autre facteur inflationniste. Ils sont de retour après les pertes abyssales qu'ils ont subies en 2008 et 2009, car il faut qu'ils placent leurs énormes liquidités. "On ne sent pas encore de mouvements spectaculaires, explique Renaud de Kerpoisson, président de la société de conseil en gestion du risque prix Offre et demande agricoles. Mais on constate la reprise de leur activité : on voit de plus en plus des achats de plus de 500 lots à la fois, alors que la norme ne dépasse pas 50."

Jean-Pierre Castel, consultant indépendant, a fait sienne les conclusions du cabinet britannique Bloomsbury Minerals Economics (BME), qui a analysé les effets de l'arrivée des banques sur les marchés des métaux à partir des années 2000. "Aucune contestation n'est possible, affirme-t-il. Par exemple, dans le cas du cuivre, le BME estime que les investisseurs financiers sont responsables de plus de 30 % de la flambée des cours 2007-2008 et de plus de 60 % de la reprise depuis le début de 2009. Les fonds ont faussé les mécanismes de formation des prix."

Christine Lagarde, la ministre française de l'économie, est si persuadée de cette dangerosité qu'elle a demandé, le 13 avril, à Bruxelles de rédiger une directive pour "encadrer les multiples produits dérivés qui circulent dans les marchés des matières premières". Elle suggère la création d'un organe régulateur conçu sur le modèle de la Commodity Futures Trading Commission (CFTC) américaine.

Le premier danger de ces anticipations sur le futur est une forte volatilité, les prix accusant des pics et des creux spectaculaires et de courte durée. Ce mouvement irrationnel de yo-yo nuit à la visibilité des acheteurs et des vendeurs, puisqu'il ne repose pas sur des réalités comme une sécheresse ou une grève de mineurs. Il ralentit les décisions d'investissements. Il peut contribuer à créer une illusion de pénurie comme cela s'est produit en 2008 avec le riz.

Le consortium des sidérurgistes européens Eurofer a souligné l'aberration d'un doublement du prix du fer à un moment où les prix de l'acier européen sont toujours en retrait par rapport à 2008. Devoir augmenter le prix des voitures pour amortir la hausse de leurs ingrédients n'est pas la meilleure façon de soutenir l'économie mondiale. Pire : l'inflation des coûts des produits de bases pourrait déclencher un regain d'inflation généralisée.

Toutefois, de puissants freins sont à l'oeuvre qui pourraient assagir les cours des matières premières plus efficacement que le régulateur cher à Mme Lagarde. La hausse du dollar dissuade les acheteurs de métaux, car elle rend ceux-ci plus onéreux pour eux. La Chine a aussi commencé à rendre la vie moins facile à ses banques et à réduire les prêts pour ses entreprises, histoire d'éviter la surchauffe. Enfin, les stocks de réserves de céréales ont changé de camp. "Depuis deux ans, ce sont les pays importateurs - Chine, Inde, Maroc - qui stockent et pas les exportateurs, souligne M. de Kerpoisson. Cela signifie que les pressions à la baisse comme à la hausse sont moins fortes."

La hausse va-t-elle se poursuivre ? "L'euphorie actuelle, qui a porté le cuivre à 8 000 dollars la tonne et l'acier à 150 dollars, est complètement injustifiée et je ne vois pas les prix poursuivre leur ascension, répond Philippe Chalmin, professeur associé à Paris-Dauphine, car le monde tourne sur un seul moteur : la Chine qui avance à un rythme insoutenable. La première crise du XXIe siècle sera chinoise et les matières premières en seront les premières victimes."

Alain Faujas
Article paru dans l'édition du 20.04.10

Ecrit par: P'tit Panda Mardi 20 Avril 2010 23h55
Published on Rue89 (http://www.rue89.com)
L'hymne de Shanghai 2010, plagiat d'une chanson japonaise
By Benoît Guivellic
Created 04/20/2010 - 10:47

(De Pékin) Les organisateurs de Shanghai 2010 [1] ont demandé a posteriori à une star de la pop japonaise d'utiliser l'une de ses chansons après que des internautes ont découvert de grandes ressemblances avec l'hymne de l'Exposition universelle, qui s'ouvre dans quelques jours dans la métropole chinoise.

Clip à gros budget, mélodie émouvante, refrain matraqué sur les télévisions et radios chinoises, « Right here waiting for you 2010 » avait tout pour être le tube de l'Exposition universelle.

Les organisateurs de Shanghai 2010, désireux de promouvoir l'Exposition universelle et de donner une bonne image de leur ville, n'ont pas lésiné sur les moyens. Sur le modèle de « Beijing welcome.gifs you » [2], l'hymne des JO de 2008, le clip de « Right here waiting for you 2010 », met en scène plusieurs grandes stars chinoises et de nombreux figurants devant les bâtiments emblématiques de l'Exposition.

Jackie Chan [3], le chanteur cantonnais Andy Lau [4] et le héros du basket national Yao Ming [5], tous s'en donnent à cœur joie, reprenant la main sur le cœur cette chanson épique. (Voir la vidéo)

http://www.rue89.com/print/148136

Mais après un lancement tonitruant, il n'aura pas fallu longtemps avant que des internautes attentifs fassent le parallèle avec « If you are still in », un hit de la japonaise Mayo Okamoto [6], daté de 1997. (Voir la vidéo de l'original)

http://www.rue89.com/print/148136


Le buzz a alors commencé à monter sur les forums chinois. La semaine dernière, des internautes (sur le forum KDS, cité par le blog China Smack [7]) s'amusaient :

« Le Japon est vraiment sans gène ! Plagier dès 1997 le thème de notre Exposition universelle 2010 ! Ils ne reculent devant rien ! »

« Le Japon a toujours été un pays vulgaire, renchérissaient d'autres. Ils ne savent faire que du plagiat. A part ça, que peuvent-ils produire ? »

Les médias japonais se sont également faits l'écho de l'affaire.
Rétropédalage à Shanghai

En réponse, les organisateurs de l'Expo ont donc décidé samedi dernier, à presque deux semaines de l'inauguration, de suspendre « temporairement » l'utilisation de la chanson.

Dans un communiqué, ils expliquent, embarrassés :

« L'auteur de cette chanson a signé un contrat avec l'Exposition universelle, assurant que son travail ne transgressait pas le droit d'auteur d'une tierce partie. »

« Nous nous occupons actuellement de cette affaire, et nous nous efforçons de la résoudre », a déclaré pour sa part le directeur adjoint du bureau de l'Exposition, Huang Jian, cité par le China Daily.

Ils ont en parallèle demandé à Mayo Okamoto la permission d'utiliser sa chanson, ce qu'elle a accepté, se disant, selon Kyodo News :

« Honorée d'avoir la chance de coopérer avec l'Expo de Shanghai, à laquelle le monde entier s'intéresse. »

Selon l'agence de presse japonaise, le secrétariat de l'Exposition reconnaît dans sa demande qu'il s'agit de plagiat. Les deux parties doivent prochainement discuter des détails de l'utilisation de la chanson.

En partenariat avec :

Aujourd'hui la Chine [8]
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Chinatown [9]
Sarkozy en Chine fin avril, première visite depuis la crise franco-chinoise [10]
Tous les articles sur la Chine [11]
2010 World Expo Theme Song Plagiarized By Japanese, sur ChinaSmack.com (en anglais) [12]
Le portail de Shanghai 2010 (en français) [1]
URL source: http://www.rue89.com/chinatown/2010/04/20/lexpo-de-shanghai-en-flagrant-delit-de-plagiat-dune-chanson-japonaise-148136

Links:
[1] http://www.shanghai2010.fr/
[2] http://www.youtube.com/watch?v=0XbIZqg4v7w
[3] http://www.rue89.com/chinatown/2009/04/25/jackie-chan-roi-du-kung-fu-chinois-derape-politiquement
[4] http://fr.wikipedia.org/wiki/Andy_Lau
[5] http://fr.wikipedia.org/wiki/Yao_Ming
[6] http://fr.wikipedia.org/wiki/Mayo_Okamoto
[7] http://www.chinasmack.com/
[8] http://www.aujourdhuilachine.com/
[9] http://www.rue89.com/chinatown
[10] http://www.rue89.com/node/147531
[11] http://www.rue89.com/tag/chine
[12] http://www.chinasmack.com/2010/videos/2010-world-expo-theme-song-plagiarism-mayo-okamoto.html

Ecrit par: P'tit Panda Mardi 20 Avril 2010 23h59
Published on Rue89 (http://www.rue89.com)
Le séisme du Qinghai rappelle le Tibet au souvenir du monde
By Pierre Haski
Created 04/18/2010 - 13:15

Près de Gyegu, des moines tibétains préparent la crémation des corps des victimes du séisme (Alfred Jin/Reuters)

Il y a la tragédie, et, comme toujours, il y a le contexte dans lequel elle se produit. Le séisme qui s'est produit mercredi dans la province du Qinghai [1], dans l'ouest de la Chine, faisant plus de 1400 morts et 10 000 blessés, n'échappe pas à la règle, avec en toile de fond, à peine deux ans après les violentes émeutes de Lhassa [2], le sort des Tibétains dans l'ensemble chinois.

La région où se situe l'épicentre du séisme de 7,1 sur l'échelle de Richter, le district de Yushu, est en effet une zone de peuplement tibétain sur le plateau du Qinghai, une région qui faisait partie du Tibet au temps de sa puissance, mais en a été rattachée au XVIIIe siècle à l'empire chinois. Lorsque le Tibet a été indépendant de facto entre les deux guerres, le Qinghai n'en faisait donc pas partie.

Depuis l'entrée des troupes de Mao à Lhassa, la capitale tibétaine, en 1950, et le rattachement du Tibet à la Chine, Pékin prend bien soin d'établir une différence entre la région autonome tibétaine et les zones de peuplement de la minorité tibétaine dans les provinces chinoises voisines du Yunnan, Sichuan, Qinghai, Gansu.

La superficie peut aller du simple au double entre la région autonome tibétaine et le « Tibet historique ».
La demande de visite du dalai lama sera refusée ou ignorée

Dès lors, on comprend l'enjeu lorsque le dalai lama, le chef spirituel des Tibétains, exilé depuis un demi-siècle, demande à pouvoir effectuer une visite [3] auprès des victimes du séisme de Yushu, pour « prier avec elles ».

Pour Pékin, le dalai lama est aussi un chef politique, et sa venue sur le plateau du Qinghai serait une reconnaissance implicite de son autorité politique, et pas seulement spirituelle, sur tous les Tibétains. Pour cette raison, la demande sera évidemment refusée ou simplement ignorée.

Le paradoxe est que le dalai lama est né au Qinghai, tout comme le précédent panchen lama [4], le « numéro deux » de la hiérarchie du bouddhisme tibétain, qui a vécu en Chine jusqu'à sa mort.
Sur fond de tragédie, la guerre des images

Dans la guerre des images qui se déroule sur fond de tragédie, le pouvoir chinois a tout fait pour montrer sa compassion vis-à-vis de ses compatriotes tibétains du Qinghai. L'armée a été mobilisée pour venir en aide aux populations sinistrées, dans des conditions extrêmement difficiles dûes à l'altitude et à l'isolement de la zone frappée par le séisme.

Les télévisions ont montré des moines bouddhistes fouiller côte-à-côte avec les soldats dans les décombres à la recherche des survivants. Mais les journalistes étrangers sur place, ceux de la BBC [5] ou du New York Times [6] en particulier, ont rapporté de nombreuses frictions entre les deux groupes. Le quotidien américain titre son reportage, samedi : « Après le séisme, les Tibétains se méfient de l'aide de la Chine. »

Le premier ministre chinois, Wen Jiabao, qui s'était rendu célèbre en se rendant très vite parmi les victimes du séisme du Sichuan en 2008 [7], s'attirant le sobriquet de « grand père Wen » lorsqu'il était allé réconforter les enfants blesssés dont les écoles s'étaient écroulées, est très vite venu sur place. Son objectif : montrer qu'il traite de la même manière « tous les fils de la Chine ».

Le président Hu Jintao a pour sa part écourté sa visite en Amérique latine en raison du séisme, sans toutefois se départir de sa raideur habituelle. Il s'est lui aussi rendu au chevet des blessés.
Deux panchen lamas, l'un officiel, l'autre disparu

Mieux, Pékin a mis en avant « son » panchen lama, Bainqen Erdini Qoigyijabu, qui a fait don de 100 000 yuans (environ 10 000 euros) pour les victimes, et s'est fendu d'un communiqué :

« [Je suis persuadé que] les sinistrés surmonteront les conséquences de cette catastrophe et que, sous la direction du gouvernement, ils reconstruiront leurs foyers. »

Ce panchen lama n'est pas n'importe qui : il est l'homme que les autorités chinoises poussent pour assumer de manière de plus en plus voyante le rôle de leader des Tibétains à la place du dalai lama contraint de vivre en exil.

A peine agé de 19 ans, il a été élu le mois dernier dans l'une des chambres du parlement chinois, et, en février, il devenait vice-président de l'Association des bouddhistes de Chine.

A cette occasion, selon le site du Quotidien du peuple [8], l'organe du Parti communiste, le panchen lama officiel prononçait un discours sans ambiguïtés :

« Il s'est engagé à respecter la direction du Parti communiste chinois (PCC), à adhérer au socialisme, à sauvegarder l'unification nationale, à renforcer l'unité ethnique et à élargir les échanges bouddhistes, en faisant preuve de respect envers la loi et d'amour envers la nation et le bouddhisme. »

Une crémation de masse pour 700 des victimes

Le problème est que ce panchen lama est contesté par le dalai lama, qui avait pour sa part choisi un autre enfant, il y a quinze ans, pour être la « réincarnation » du 10e panchen lama. Cet enfant, Gendhun Choekyi Nyima, et sa famille disparurent aussitôt sans avoir jamais été revus, et Pékin annonça son propre choix de « réincarnation ».

Cette bataille des « réincarnations » a son importance, puisqu'elle risque fort de se reproduire à la disparition de l'actuel dalai lama, et des querelles de succession qui ne manqueront pas d'être suscitées. La montée en puissance du panchen lama de Pékin entre dans ce contexte.

En attendant, les Tibétains du Qinghai, des nomades en voie de sédentarisation, pleurent leurs morts. Samedi, une crémation de masse a été organisée pour 700 des victimes, en présence de centaines de moines qui priaient pour leur âme.

Cette cérémonie collective a été préférée à la forme traditionnelle des « funérailles célestes », qui consiste à laisser en pâture le cadavre du défunt pour les oiseaux de proie, aigles et vautours, tandis que son âme se réincarne ailleurs.

Un moine cité par la BBC souligne que vu le nombre de morts, il n'y aurait pas assez d'oiseaux pour détruire l'enveloppe charnelle inutile de toutes les victimes.

Photo : près de Gyegu, des moines tibétains préparent la crémation des corps des victimes du séisme dans la province du Qinghai (Alfred Jin/Reuters)
Blog principal:
Chinatown [9]
A quelques mois des JO, pourquoi le Tibet se révolte [2]
Le dalaï lama à Paris : profil bas sous pression chinoise [10]
Le séisme en images, sur The Big Picture, le blog photo du Boston Globe [11]
Une vidéo de Tibétains exilés demandant que le dalai lama soit autorisé au Qinghai, sur YouTube [12]
Commander sur Fnac.com:
"Le Tibet, Une civilisation blessée", par Françoise Pommaret [13]
URL source: http://www.rue89.com/chinatown/2010/04/18/le-seisme-du-qinghai-rappelle-le-tibet-au-souvenir-du-monde-147887

Links:
[1] http://fr.wikipedia.org/wiki/Qinghai
[2] http://www.rue89.com/chinatown/a-quelques-mois-des-jo-pourquoi-le-tibet-se-revolte
[3] http://www.phayul.com/news/article.aspx?id=27136&article=Dalai Lama eager to visit Quake hit region
[4] http://fr.wikipedia.org/wiki/Panchen_lama
[5] http://news.bbc.co.uk/2/hi/asia-pacific/8626696.stm
[6] http://www.nytimes.com/2010/04/18/world/asia/18quake.html?ref=global-home
[7] http://www.rue89.com/chinatown/la-derniere-fois-que-la-terre-a-tremble-la-chine-a-change-dere
[8] http://french.peopledaily.com.cn/Chine/6887279.html
[9] http://www.rue89.com/chinatown
[10] http://www.rue89.com/chinatown/2009/06/07/le-dalai-lama-a-paris-profil-bas-sous-pression-chinoise
[11] http://www.boston.com/bigpicture/2010/04/earthquake_in_yushu_china.html
[12] http://www.youtube.com/watch?v=ytKHTTkMswg
[13] http://livre.fnac.com/a1345099/Francoise-Pommaret-Le-Tibet?Origin=RUE89_EDITO

Ecrit par: P'tit Panda Mercredi 21 Avril 2010 08h58


Publié le 21/04/2010 | 09:37
Les Chinois porte le deuil après le séisme


Les drapeaux étaient en berne dans la République communiste et les journaux du jour ont été tous publiés en noir et blanc.

Les plus hauts dirigeants et des centaines de milliers de personnes ont rendu hommage dans tout le pays aux victimes du tremblement de terre qui a frappé la province isolée du Qinghai, sur le plateau tibétain.

Dans la capitale provinciale, Xining, une foule immense et recueillie a observé trois minutes de silence, alors que tombait la neige, selon des images retransmises par la télévision nationale, également en deuil avec la suppression de toutes les émissions de divertissement et de sport.

Des milliers de responsables officiels, de militaires, d'habitants et d'écoliers sont restés figés, la tête baissée, sur la vaste esplanade du centre de la ville, tandis que les sirènes étaient actionnées.

Dans le même temps, à Pékin, la télévision officielle CCTV montrait le numéro un Hu Jintao et les huit autres principaux dirigeants du régime communiste observant la même attitude, en costume et cravate noirs.

"Je vous demande le silence pour nos compatriotes qui sont morts dans le séisme de Yushu", a lancé M. Hu, qui s'était rendu dimanche dans la préfecture tibétaine, promettant de "nouvelles écoles" et de "nouvelles maisons".

Le gouvernement avait décrété une journée de deuil national pour les victimes du séisme de magnitude de 6,9, qui a fait, selon un dernier bilan provisoire, 2.064 morts et 175 disparus. Le séisme a également fait plus de 12.000 blessées, dont un millier grièvement, et laissé quelque 100.000 sans abris.

Tôt mercredi, la circulation a été interrompue dans le centre de Pékin, pour une courte cérémonie de mise en berne du drapeau sur la place Tiananmen. Les théâtres, cinémas et autres salles de spectacle ont été fermés pour la journée, certaines activités liées à l'Exposition universelle de Shanghai annulées et les matches de football reportés, ont annoncé les médias.

Les programmes de télévisions étrangères axées sur les loisirs ou le sport, telles les chaînes HBO et ESPN, ont été bloqués. Tous les grands journaux, et leurs éditions en ligne, avaient des bandeaux noirs appelant le 1,3 milliard de Chinois à observer cette journée de deuil.

Une semaine après le séisme, les sauveteurs continuaient de fouiller les décombres, mais étaient gênés par le froid, l'altitude et les glissements de terrain provoqués par les centaines de répliques du séisme.

La zone, d'une altitude moyenne de 4.000 mètres, est difficile d'accès et ce n'est qu'en début de semaine que l'aide a commencé à y arriver en masse: nourriture, eau, tentes, couverture et matériel médical. Les routes se sont recouvertes de verglas, rendant plus difficile la circulation des véhicules de secours, a indiqué mercredi l'agence Chine Nouvelle. La neige était attendue dans la journée, selon les services de météo.

A Jiegu, chef-lieu de la préfecture de Yushu, proche de l'épicentre du séisme, responsables et secouristes se tenaient silencieux au milieu des ruines, où étaient plantés des drapeaux chinois.

http://info.france2.fr/

Ecrit par: P'tit Panda Mercredi 21 Avril 2010 09h00
Mise à jour 21.04.2010 11h15
Les caractères chinois écrits à la main menacés de disparaître


Avec la popularité croissante des ordinateurs, des téléphones portables et des imprimantes, les caractères chinois manuscrits disparaissent progressivement du quotidien des Chinois, en particulier de la vie des jeunes. Une récente enquête, effectuée par China Youth Daily montre que 83% des répondants reconnaissent oublier l'ordre des traits de certains caractères, lorsqu'ils tiennent un stylo dans la main.

«Si nous pouvons remettre nos devoirs sous forme de documents informatiques, nous les faisons alors sur ordinateur », reconnait Mei Zhu, un étudiant originaire de la province de Hubei.

« Les devoirs manuscrits sont lents à faire et ils prennent beaucoup de temps, alors qu'avec un ordinateur nous pouvons simplement faire du copié-collé», a indiqué Mei.

Sur les 2072 personnes interrogées, seulement 25,7% ont indiqué qu'ils ont amplement l'occasion de faire des travaux écrits à la main dans leur vie quotidienne; 74,2% ont affirmé qu'ils n'ont pas beaucoup d'occasions de s'entraîner à l'écriture des caractères chinois, tandis que 23,6% des interrogés ont déclaré qu'ils avaient peu d'opportunités de le faire, et 4,4% ont indiqué qu'ils avaient rarement l'occasion d'écrire à la main.

« Avec plus de 10 fichiers, qui doivent être signés chaque jour, je peux très bien faire ma propre signature », a déclaré Li Wenyan, chef de projet pour une compagnie basée à Shenzhen. "Mais à l'exception de ma signature, j'écris vraiment très peu de caractères de ma main », a-t-il ajouté.

Le jour du Nouvel An 2010 Li a reçu une carte d'un ami avec plusieurs lignes de caractères écrits à la main, ce qui l'a beaucoup ému. «On dirait que la personne se trouve juste en face de vous, lorsque vous lisez ces lignes écrites à la main», a dit Li.

Un étudiant d'une université de Wuhan raconte qu'il écrit rarement à la main dans sa vie quotidienne et lorsqu'il passait les examens finaux dans son université, il s'est rendu compte qu'il commençait à hésiter sur la façon d'écrire certains caractères.

«J'ai commencé à douter que j'ai écrit le bon caractère, car il ne me semblait pas juste après que je l'ai écrit », a-t-il indiqué.

« L'apparition de nouvelles méthodes d'écriture est liée au développement de la technologie et l'évolution de la société », a déclaré Zhang Yongqing, directeur adjoint de l'École des études littéraires de l'Université Renmin de Chine, basée à Beijing.

«Avant d'aller à l'université, les étudiants font beaucoup de devoirs par écrit », a indiqué Zhang, selon qui ce sont les établissements d'enseignement supérieur, qui sont responsables de la disparition de l'écriture chinoise.

« L'écriture à la main ne va pas disparaître du jour au lendemain », a indiqué Zhang, en ajoutant que c'est une tendance normale pour les écritures manuscrites de ne pas occuper une place dominante au sein de la culture.

Cependant il est possible que les caractères écrits à l'encre soient considérés à l'avenir comme une forme d'art, tout comme nous considérons actuellement l'écriture au pinceau, a indiqué Zhang.

« L'écriture à la main est en soi une forme d'art et les Chinois ne doivent pas l'abandonner », a déclaré Mu Yujie, un professeur de calligraphie dans la province de Heilongjiang.

Les écoles devraient organiser des concours de calligraphie pour cultiver l'intérêt des étudiants pour les caractères manuscrits, a indiqué Mu. «L'écriture à la main, c'est une façon de se concentrer pour un individu et c'est une activité qui contribue au développement de la personnalité de chacun», a indiqué Mu.

Source: le Quotidien du Peuple en ligne

Ecrit par: P'tit Panda Mercredi 21 Avril 2010 09h01
Mise à jour 21.04.2010 10h08
Les cendres volcaniques venant d'Islande devraient atteindre la Chine d'ici vendredi


Les cendres volcaniques venant d'Islande devraient atteindre la partie Nord-Est de la Chine vers le 23 avril, a rapporté mardi l'Oriental Morning Post, citant une estimation de l'Administration Météorologique Coréenne (AMC) de lundi.

Mais le temps et les vols ne devraient pas être affectés dans cette zone, car au moment où ces cendres atteindront la Chine, elles ne seront plus aussi épaisses du fait du long parcours qu'elles auront effectué, d'après l'AMC.

Les estimations précédentes de l'AMC avaient montré que les cendres auraient dû atteindre le Nord-Est de la Chine vers mardi, mais elle a changé ses prévisions lundi, du fait d'un changement de pression intervenu dans les couches supérieures de l'atmosphère.

Le Centre National de Météorologie par Satellite de Chine avait de son côté annoncé lundi que les experts surveillaient de près l'éruption de cendres volcaniques en provenance d'Islande, mais n'avaient pas précisé si les cendres affecteraient la Chine, a rapporté l'Oriental Morning Post.

Source: le Quotidien du Peuple en ligne

Ecrit par: P'tit Panda Mercredi 21 Avril 2010 09h02
Mise à jour 21.04.2010 09h57
Un sondage au niveau mondial montre une amélioration de l'image de la Chine

D'après un sondage parrainé par la BBC, et dont on a connu les résultats lundi, l'image de la Chine dans le monde s'est améliorée, après avoir connu son niveau le plus bas l'année dernière.

Sur les 27 pays interrogés sur la Chine, 41% considèrent qu'elle a une influence positive sur le monde, soit deux points de plus que l'année précédente, alors que 38% ont d'elle une opinion négative, en baisse de deux points.

Un total de 29 000 adultes ont été interrogés dans 28 pays, et il a été demandé aux citoyens de chaque pays leur opinion sur les autres nations.

Les analystes sont confiants dans l'amélioration constante de l'image de la Chine, quelque peu écornée dans une certaine mesure l'année dernière du fait d'incidents isolés comme les émeutes de Lhasa de l'année précédente, grâce au rôle capital que le pays a joué pour aider le monde à sortir de la récession économique.

Les résultats de l'année dernière avaient montré, pour la première fois depuis que les premiers résultats ont été publiés en 2005, que les opinions négatives dépassaient les opinions positives. Lors des quatre premières années, l'image de la Chine avait été plutôt positive, aux environs de 45%.

L'enquête a été menée par GlobeScan, une société de consultation d'opinion internationale située à Toronto au Canada, en coopération avec le Programme sur les attitudes en matière de politique internationale de l'Université du Maryland.

Pour Gong Li, universitaire spécialisé dans les études de stratégie internationale à l'Ecole du Parti du Comité Central du Parti Communiste Chinois, le rôle de plus en plus important de la Chine dans le développement et la paix dans le monde « sera reconnu par les gens dans le monde entier ».

La Chine est le pays, parmi les cinq membres permanents du Conseil de Sécurité des Nations Unies, qui a envoyé le plus grand nombre de forces de maintien de la paix à l'étranger, a souligné M. Gong.

Qui plus est, l'engagement de la Chine dans la réduction des émissions de carbone a été bien accueillie au niveau mondial, a-t-il ajouté.

Un examen détaillé de la dernière enquête montre que 12 pays ont une image positive de la Chine, et que 12 en ont une image négative. Les trois autres pays sont partagés.

L'image de la Chine s'est considérablement améliorée dans des pays comme les Philippines, où 55% des personnes ont désormais une opinion positive, alors que lors du précédent sondage, 52% avaient une opinion négative.

L'attitude du Japon a connu un changement remarquable, les personnes ayant un point de vue négatif étant passées de 59 à 38%, alors que ceux ayant une opinion positive de la Chine sont passés de 8 à 18%.

L'opinion américaine envers la Chine est restée globalement inchangée, avec 51% des personnes ayant une opinion négative. Mais le sondage ne donne pas de chiffre pour les opinions positives.

C'est l'Europe qui reste la plus critique envers la Chine. Par exemple, en Allemagne, 71% des personnes ont une opinion négative sur la Chine, alors qu'elles sont 64% en France, en légère baisse par rapport à l'année dernière.

Source: le Quotidien du Peuple en ligne

Ecrit par: P'tit Panda Mercredi 21 Avril 2010 09h03
Mise à jour 21.04.2010 08h18
Chine : les compagnies d'assurance non autorisées à investir leurs capitaux dans l'immobilier


La Commission de Régulation des Assurances a réitéré que les compagnies d'assurance n'étaient pas autorisées à investir leurs capitaux dans l'immobilier, suite au renforcement du contrôle du gouvernement central sur le secteur.

Les capitaux des compagnies d'assurance ne peuvent être investis dans les projets immobiliers résidentiels et commerciaux ou participer au développement immobilier, a-t-on appris d'un communiqué publié mardi sur le site Internet de la commission, citant le président de la commission, Wu Dingfu.

L'interdiction sera mise en oeuvre avant la publication des règlements détaillés, a indiqué Wu Dingfu.

Cette restriction suit une série de mesures du gouvernement central visant à freiner la flambée des prix immobiliers, qui ont augmenté de 11,7% dans 70 moyennes et grandes villes en mars 2010, soit le taux de croissance le plus élevé depuis juin 2005.

Source: xinhua

Ecrit par: P'tit Panda Mercredi 21 Avril 2010 09h07
Mise à jour 09.04.2010 16h19
Facebook envisage d'entrer sur le marché chinois

Le réseau social Facebook envisage d'entrer sur le marché internet du continent chinois, selon un article de Sina.com de vendredi.

Le porte-parole de Facebook Larry Yu dit que le roi des médias de Palo Alto est « intéressé par le marché de la Chine comme celui d'autres pays, et bien que nous apprenions et faisions des études sur eux, nous n'avons jusqu'ici pas de plans spéciaux concernant la Chine. »

Facebook a enregistré son nom de domaine Facebook.cn en 2007.

Facebook dispose plus de 400 millions d'utilisateurs dans le monde, dont presque 70% viennent de territoires situés hors des Etats-Unis.

La Chine comptait 384 millions d'internautes à la fin de 2009, nombre le plus important dans le monde, selon les statistiques du Centre d'Information des Réseaux Internet de Chine.

Source: le Quotidien du Peuple en ligne

Ecrit par: P'tit Panda Mercredi 21 Avril 2010 09h08
Mise à jour 21.04.2010 11h04
Les touristes chinois deviennent un des moteurs principaux du tourisme français

Malgré l'impact de la crise financière mondiale sur le secteur du tourisme, 600 000 Chinois ont visité l'Ile-de-France l'an dernier, quasiment un sur deux venant de la partie continentale de la Chine, les autres de Hong Kong et de Taiwan, a rapporté le quotidien français Les Echos.

Les visiteurs chinois sont devenus un moteur du secteur touristique de la France. Ils ont de grandes envies d'achats durant leur voyage. Ils préfèrent même économiser sur les frais d'hôtellerie pour s'en donner à coeur joie dans les magasins de luxe. Les Chinois consacrent 60% de leur budget voyage en France au shopping, particulièrement les produits de luxe et les costumes à la mode.

Avec l'implantation en France de la carte bancaire CUP (China Union Pay), ces amateurs de paiement en liquide se mettent enfin au règlement dématérialisé. En dépassant ceux des Russes, les achats détaxés des Chinois arrivent pour la première fois en tête des dépenses, allant jusqu'à 30% selon le « Printemps ».

Source: le Quotidien du Peuple en ligne

Ecrit par: P'tit Panda Mercredi 21 Avril 2010 09h10

La Chine rend hommage aux victimes du séisme de mercredi dernier


PEKIN (AP) — Une semaine après le puissant séisme qui a fait au moins 2.064 morts dans la région montagneuse du Qinghai (ouest), les Chinois rendent hommage aux victimes mercredi à l'occasion d'une journée de deuil national. Plusieurs milliers de personnes se sont rassemblées lors de cérémonies organisées dans tout le pays.

A l'épicentre du tremblement de terre dans le canton de Yushu, dans l'ouest de la province du Qinghai, plusieurs centaines de secouristes, d'habitants et d'enfants en uniforme scolaire sont restés silencieux à l'occasion d'une cérémonie organisée sur une colline, avec les décombres d'immeubles détruits derrière eux. Le rassemblement était diffusé en direct à la télévision.

Les drapeaux chinois étaient en berne dans tout le pays, alors que sirènes et klaxons ont retenti après trois minutes de silence à 10h. Tous les événements prévus, notamment sportifs, ont été annulés pour la journée, sur ordre du gouvernement.

Vêtu de noir avec une fleur blanche accrochée sur la poitrine, le secrétaire du Parti communiste pour la province du Qinghai, Qiang Wei, a appelé la population à rester unie et à reconstruire la région après le séisme qui a également fait plus de 12.000 blessés.

"Aujourd'hui, nous sommes réunis ici pour rendre hommage (aux victimes) et présenter nos condoléances" à leurs proches, a-t-il déclaré devant la foule rassemblée. "Le séisme n'a fait preuve d'aucune pitié, mais nous avons l'amour. Essuyons nos larmes (...) et efforçons-nous d'avoir des lendemains plus brillants".

Une neige légère tombait sur Xining, la capitale du Qinghai, alors que des dizaines de milliers de personnes se rassemblaient sur la principale place de la ville pour des cérémonies officielles. Policiers, fonctionnaires, soldats et simples citoyens ont déposé des fleurs blanches sur des tables pleines de bouquets.

A Pékin, le président Hu Jintao et d'autres hauts dirigeants chinois ont rendu un hommage silencieux aux victimes sur la place Tiananmen. Lors d'une émission caritative mardi soir, diffusée en direct sur la chaîne CCTV, 2,175 milliards de yuans (319 millions de dollars, 237 millions d'euros) ont été récoltés pour les victimes, avec des dons provenant notamment d'entreprises privées ou publiques, d'artistes, de personnalités et de médias.

s : AP

Ecrit par: P'tit Panda Mercredi 21 Avril 2010 09h11
Les pirates de Google ont eu accès au système de mots de passe
LEMONDE.FR | 20.04.10 | 14h35 • Mis à jour le 20.04.10 | 14h40

D'après des informations recueillies par le New York Times et le Wall Street Journal auprès de sources proches de l'enquête, les pirates qui se sont introduits dans les ordinateurs de Google, fin 2009, ont eu accès au code-source du système de mots de passe utilisé par le géant de l'Internet. Baptisé "Gaïa", le code-source du programme de gestion des mots de passe gère notamment le système d'identifiant unique des services Google, qui permet de se connecter à la boîte e-mail, à l'agenda ou au service de documents de la firme avec un identifiant et un mot de passe uniques. Le code-source d'un programme est l'équivalent de sa "recette" : obtenir son contenu permet de comprendre comment il fonctionne, et, éventuellement, d'y déceler des failles.

En janvier, Google avait révélé avoir fait l'objet d'une tentative de piratage massive. Le ou les pirates, qui se sont également attaqués à une trentaine d'autres entreprises, visaient principalement les comptes de messagerie électronique de militants des droits de l'homme en Chine, d'après Google. L'entreprise avait accusé à demi-mot Pékin d'avoir cautionné les attaques, tandis que la Chine nie toute implication.

CRISE SANS PRÉCÉDENT

Le piratage avait déclenché une crise sans précédent entre Google et l'Etat chinois. Le moteur de recherche avait alors commencé un bras de fer avec Pékin, demandant à être dispensé de la censure qu'impose la loi chinoise ; Google a finalement annoncé la fermeture de la version chinoise de son site, les internautes étant redirigés vers sa page hongkongaise.

Google affirme avoir depuis pris toutes les précautions possibles pour éviter que les connaissances acquises par le ou les pirates puissent être utilisées pour nuire à ses utilisateurs. Début avril, lors d'une conférence, le PDG de Google, Eric Schmidt, avait affirmé que le piratage avait rendu l'entreprise "particulièrement paranoïaque" sur les questions de sécurité.

Le Monde.fr


Ecrit par: P'tit Panda Mercredi 21 Avril 2010 09h13
Une Britannique s'exprime avec un accent chinois après une migraine

Après avoir souffert d'une crise de migraine qui lui aurait causé des dommages au cerveau, cette femme de 35 ans se déclare victime du syndrome de l'accent étranger.


Se déclarant victime du syndrome de l'accent étranger, une femme britannique affirme avoir soudainement commencé à s'exprimer en anglais avec un accent chinois après une grave migraine, a rapporté mardi 20 avril la presse britannique.


Agée de 35 ans, Sarah Colwill, résidente à Plymouth, dans le sud-ouest de l'Angleterre, a raconté avoir perdu l'intonation distinctive de cette région au profit d'un accent chinois.

Elle suit aujourd'hui une thérapie du langage, après avoir souffert en mars d'une crise de migraine qui lui aurait causé des dommages au cerveau.

"Au téléphone, mes amis pensent à un canular"

"J'ai emménagé à Plymouth lorsque j'avais 18 ans, j'ai toujours parlé comme une habitante du coin", explique Sarah Colwill, qui précise qu'elle n'a même jamais visité la Chine. "Mais après une crise (de migraine), des ambulanciers sont arrivés et m'ont dit que je parlais vraiment comme une Chinoise", poursuit-elle, expliquant que, depuis l'accident, ses "amis raccrochent au téléphone parce qu'ils pensent avoir affaire à un canular".

"Les premières semaines avec l'accent, c'était assez amusant, mais penser que je doive conserver cet accent chinois est vraiment déprimant", déclare-t-elle. "Ma voix commence à m'agacer maintenant, ce n'est pas la mienne".

Généralement associé à des traumatismes cérébraux, le syndrome de l'accent étranger a été identifié pour la première fois au début du XXème siècle. Depuis, quelques dizaines de cas auraient été recensés dans le monde.

(Nouvelobs.com avec AFP)

Ecrit par: P'tit Panda Jeudi 22 Avril 2010 09h18
L'Express
N° 3068
Paru le : jeudi 22 avril 2010
A la une dans ce numéro : Dossier spécial Shanghai

Ecrit par: P'tit Panda Jeudi 22 Avril 2010 18h18
Le bilan du tremblement de terre en Chine s'alourdit
LEMONDE.FR avec AFP | 22.04.10 | 09h15 • Mis à jour le 22.04.10 | 09h15

De fortes chutes de neige entravaient jeudi les recherches de survivants du séisme qui a fait, dans le nord-ouest de la Chine, 2 183 morts et 84 disparus le 14 avril dernier, a annoncé l'agence Chine nouvelle.

Le nombre de morts dans la province du Qinghai continue à augmenter. Le précédent bilan provisoire du séisme qui a secoué le plateau tibétain avait fait état de 2 064 morts et 175 disparus. Le séisme de magnitude 6,9 degrés sur l'échelle de Richter a également fait 12 135 blessés, dont plus de 1 000 grièvement, a ajouté l'agence officielle citant le centre des secours. Le séisme a frappé la préfecture de Yushu, peuplée essentiellement de membres de l'ethnie tibétaine.

CENT MILLE SANS-ABRI

Même si les chances de retrouver des survivants étaient minces jeudi, huit jours après le tremblement de terre, les recherches se poursuivaient. Jeudi matin, la neige a commencé à tomber sur Jiegu, ville proche de l'épicentre du séisme, accompagnée de vents forts, compliquant les recherches et l'acheminement de l'aide et accablant davantage les survivants, notamment les quelque 100 000 sans-abri qui campent sous des tentes depuis huit jours.

Les routes d'accès à Jiegu "sont recouvertes de neige et de verglas, ce qui perturbe énormément l'acheminement d'une aide très attendue", a expliqué l'agence officielle. Les chutes de neige devaient se poursuivre jusqu'à samedi dans cette zone à 4 000 mètres d'altitude, selon les services de la météo. Les sauveteurs continuaient aussi d'être gênés par l'altitude et les glissements de terrain provoqués par les quelque 1 300 répliques du séisme. La Chine a observé une journée de deuil national mercredi à la mémoire des victimes.



Ecrit par: P'tit Panda Jeudi 22 Avril 2010 18h20
Bulle immobilière : une recette chinoise exportable ?
LE MONDE | 22.04.10 | 16h38 • Mis à jour le 22.04.10 | 16h38

Une vive inflation immobilière gagne la Chine, où les prix des logements ont grimpé de 11,7 %, entre mars 2009 et mars 2010. Dans certaines zones, comme l'île touristique de Haïnan au sud du pays, la hausse dépasse même 50 % sur un an. Selon Crédit Suisse, il faut douze années de revenus à un ménage pékinois pour acheter son logement. A titre de comparaison, un ménage francilien ne débourse que cinq années de revenus, un français entre trois et quatre, et un espagnol sept.

Pour contrer cette bulle immobilière, le gouvernement chinois a pris, depuis le 10 avril, toute une série de mesures, dont certaines draconiennes. Dans le but de décourager les achats purement spéculatifs, l'apport personnel pour acheter un second bien est désormais fixé à 50 % de sa valeur, 30 % s'il s'agit d'un premier logement de plus de 90 mètres carrés.

Les banques sont également incitées à ne pas accorder de prêt à tout client déjà propriétaire de deux biens. Elles sont aussi encouragées à refuser de financer un particulier ne démontrant pas qu'il habite déjà la ville où il souhaite acheter et qui ne paie pas d'impôt dans cette localité depuis plus d'un an. Les portefeuilles des crédits hypothécaires des banques sont mis sous surveillance et le crédit aux promoteurs est contingenté, avec interdiction de percevoir des acomptes pour des logements non autorisés par le gouvernement. Les prix de vente doivent, en outre, être notifiés au ministère.

La méthode est autoritaire et radicale, "mais il faut prendre en compte le contexte chinois d'intense spéculation alimentée par l'abondante épargne des ménages qui ne sait pas où se placer, faute de produits financiers et à cause d'une Bourse trop volatile", explique Bei Xu, économiste chez Natixis chargée de la Chine. "Ces capitaux vont donc se précipiter vers le logement et le gouvernement veut empêcher les achats spéculatifs, visant surtout les multipropriétaires, pas ceux qui cherchent un logement pour eux-mêmes", précise-t-elle.

Les ménages chinois n'ont, en outre, guère d'autres solutions que d'acheter, puisqu'il n'existe pas de vrai marché locatif et encore moins de droits des locataires. Ces derniers sont donc à la merci de propriétaires pouvant les mettre à la porte à tout moment.

La recette chinoise est-elle bonne pour l'Europe et les Etats-Unis ? Aurait-elle permis d'éviter la crise des subprimes ? En France, la bulle immobilière est loin d'être résorbée : les prix sont élevés et l'endettement des Français est à son plus haut, passé de 50 % du revenu disponible en 1998, à 74 % aujourd'hui.

Le principal carburant de l'inflation immobilière est le crédit facile, que l'on pourrait rationner "à la chinoise" en exigeant un apport personnel conséquent, en imposant un ratio charge de la dette/revenu, voire en limitant la durée des prêts.

Olivier Blanchard, l'économiste en chef du Fonds monétaire international (FMI), le suggérait dans un entretien au Monde du 21 avril : "Face à une bulle immobilière, plutôt que d'augmenter les taux d'intérêts, au risque de freiner l'investissement et la consommation, pourquoi ne pas limiter le taux d'endettement immobilier maximal des ménages ? L'effet sur les prix est direct, localisé et immédiat", s'interrogeait-il. Entre 2005 et 2007, la Banque centrale européenne (BCE), la Banque d'Espagne et la Banque de France avaient d'ailleurs à plusieurs reprises lancé des avertissements, restés sans effet, sur le niveau des prix de l'immobilier et la dette des ménages. La BCE avait toutefois renoncé à utiliser l'arme de la hausse des taux directeurs pour les raisons invoquées par M. Blanchard.

"Il faut surtout développer la protection et l'information de l'emprunteur, ce qui a évidemment manqué aux souscripteurs américains de subprimes", plaide Jean-Michel Six, chef économiste pour l'Europe de l'agence Standard & Poor's. "Quant à réguler le crédit immobilier, pourquoi pas, à condition de rester prudent et mesuré, afin de ne pas empêcher les ménages modestes de devenir propriétaires. Le contrôle des prix est exclu, c'est l'offre et la demande qui doivent les déterminer", rappelle M. Six pour qui "la cause principale de l'augmentation des prix est la pénurie de logements".

Isabelle Rey-Lefebvre
Article paru dans l'édition du 23.04.10




Ecrit par: P'tit Panda Vendredi 23 Avril 2010 00h22
Published on Rue89 (http://www.rue89.com)
Au Parlement taiwanais, l'art de museler une élue
By Pierre Haski
Created 04/21/2010 - 17:58

Le parlement taiwanais est connu pour ses débats musclés, trop musclés parfois. Mercredi, les élus de l'opposition ont trouvé le meilleur moyen de réduire au silence une élue de la majorité : ils se sont mis à plusieurs pour lui mettre la main sur la bouche. Dans la bagarre qui s'en est suivie, l'élue du Kuomintang (KMT), Chao Li-yun, s'est évanouie [1], et a dû être évacuée de l'hémicycle.

Le débat qui a suscité cette poussée de fièvre portait sur la possibilité qui pourrait être donnée aux étudiants de Chine continentale communiste de venir étudier sur les campus de l'île gérée depuis 1949 comme un Etat indépendant.

Le KMT, revenu au pouvoir l'an dernier, mène une politique des petits pas pour se rapprocher de Pékin et l'autorisation donnée à des échanges universitaires accrus va dans ce sens.

Ce rapprochement, qui pourrait conduire un jour à une réunification des « deux Chine » comme le réclame Pékin, n'est pas du goût de la principale formation d'opposition, le Parti démocratique du peuple (DPP), qui a été au pouvoir de 2000 à 2008, et qui est favorable à l'indépendance formelle de l'île.

« Le gouvernement vend tout à la Chine », ont protesté les élus du DPP, qui ont voulu empêcher de parler Chao Li-yun, qui présidait la séance parlementaire.

Les élus de cette jeune démocratie en viennent en effet régulièrement aux mains et le parlement taiwanais a une longue histoire de bagarres rangées (ici en 2007 [2]) entre le KMT et le DPP, les deux grandes familles politiques qui s'opposent depuis l'instauration d'une démocratie pluraliste il y a une quinzaine d'années.

Photo : des élus de l'opposition taiwanaise empêche une élue de la majorité de parler, le 21 avril à Taipei (Stringer Taiwan/Reuters)
Blog principal:
Chinatown [3]
« Tuan Yuan », le cinéma chinois se penche sur la séparation avec Taiwan [4]
Victoire de l'opposition à Taiwan, en dépit du Tibet [5]
Taiwan MPs scuffle over Chinese student enrolment, sur Yahoo.com [6]
URL source: http://www.rue89.com/chinatown/2010/04/21/le-parlement-taiwanais-ou-lart-de-museler-une-elue-148405

Links:
[1] http://fr.news.yahoo.com/3/20100421/img/pwl-taiwan-legislature-9c5e-c3186d6e0b62.html
[2] http://www.youtube.com/watch?v=ht9WEpdi5JY
[3] http://www.rue89.com/chinatown
[4] http://www.rue89.com/node/139670
[5] http://www.rue89.com/chinatown/2008/03/22/victoire-de-lopposition-a-taiwan-en-depit-du-tibet
[6] http://news.yahoo.com/s/afp/20100421/wl_asia_afp/taiwanchinapoliticseducation_20100421085952

Ecrit par: P'tit Panda Vendredi 23 Avril 2010 00h23
Published on Rue89 (http://www.rue89.com)
Entre Chine et Europe, un conflit de générations, selon A-M. Idrac
By Pierre Haski
Created 04/19/2010 - 17:55



Anne-Marie Idrac, la Secrétaire d'Etat au commerce extérieur, qui vient d'effectuer sa quatrième visite en Chine, a recours, sur son blog, à une parabole pour expliquer les nouveaux rapports entre Européens et Chinois.

« Il me semble que cela ressemble aux relations entre un ancien et un jeune et nouveau cadre dans une grande entreprise - le plus jeune est brillant et volontaire, le plus ancien a bien réussi sa carrière. Ils ne se connaissent qu'à peine, peu de liens, peu de références communes entre eux.

(Le lecteur a compris que le jeune de mon histoire est chinois, le plus âgé, européen.)

Le plus âgé sait ce que 「 la maison 」 lui doit, et voudrait bien que le jeune respecte le 「 règlement intérieur 」. Le plus récent n'est pas forcément contre, il a d'ailleurs une certaine culture du respect des anciens ; mais c'est un adepte du 「 si je veux 」, 「 quand et comment je voudrai 」 ; il se méfie de se faire imposer des habitudes inconnues, il pense que c'est son heure, place aux jeunes en somme. »

Dans l'histoire de Mme Idrac, l'histoire se termine bien, par une relation « gagnant-gagnant » comme dirait Nicolas Sarkozy… Dans la vraie vie, on n'en est pas encore à l'épilogue.

Chine/Europe, comme une histoire de relations entre générations, par Amme-Marie Idrac [2]
URL source: http://www.rue89.com/chinatown/2010/04/19/entre-chine-et-europe-comme-un-conflit-de-generations-selon-a-m-idrac-148086

Links:
[1] http://www.rue89.com/chinatown
[2] http://www.annemarieidrac.com/actualite/chineeurope-comme-une-histoire-de-relations-entre-generations/

Ecrit par: P'tit Panda Dimanche 25 Avril 2010 19h16
Mise à jour 23.04.2010 13h27
Des informations utiles et pratiques pour la visite à l'Expo 2010 Shanghai


A quelle heure l'Expo s'ouvre-t-elle chaque jour ? Et à quelle heure ferme-t-elle ?

L'Expo 2010 Shanghai (Nom officiel : Exposition universelle 2010 Shanghai Chine), dont la durée est prévu pour six mois du 1er mai au 31 octobre 2010, fonctionne en général tous les jours de 9 heures à 24 heures, tandis que pour les pavillons d'exposition, ils s'ouvrent en général le matin vers 9 : 30 et se ferment le soir vers 22 : 30. Pour les visiteurs, ils doivent au moins entrer dans le parc avant 21 : 00 et le quitter le même jour avant 24 : 00. Quant aux visiteurs qui détiennent des billets à admission pour le soir, leur heure d'entrée est fixée pour 17 : 00 à 21 : 00.

La réservation est obligatoire dans certains cas. Alors, où et comment l'effectuer ?

Pour la visite aux pavillons préférés et très recherchés ainsi que pour l'assistance aux démonstrations culturelles et artistiques, il faut auparavant faire la réservation pour pouvoir avoir le droit d'entrer dans ces pavillons ou le droit d'assister à ces démonstrations. Le mode de réservation est divisé en deux grandes catégories, à savoir la réservation collective et la réservation individuelle.

L'opération de réservation doit être effectuée à l'intérieur du parc en utilisant des appareils mécaniques installés spécialement à cet effet et on en compte au total cent soixante dix qui sont répartis à toutes les entrées du parc et qui permettent la réservation pour la visite du pavillon chinois et de cinq autres principaux pavillons. Toutefois, pour chaque visiteur, il ne peut que choisir un parmi les six, c'est-à-dire qu'il n'a le choix que du pavillon chinois ou bien de l'un des cinq autres pavillons et il n'a pas le droit de choisir un de plus.

En ce qui concerne les pavillons qui attirent le plus de visiteurs, tels que le pavillon de la Grande-Bretagne ou bine celui des Etats-Unis, ils disposent chacun à son entrée d'un appareil de réservation unique et les visiteurs doivent alors se présenter à l'entrée de ces pavillons pour accomplir séparément la formalité de réservation. Selon les organisateurs, Pour pouvoir répartir et utiliser rationnellement et équitablement les ressources de visite de l'Expo, un seul billet d'entrée est valable seulement pour faire la réservation de la visite de cinq pavillons. C'est au visiteur de faire les choix et il semble que cela suffit pour l'essentiel aux besoins de la visite d'une journée.

Lors de la visite à l'Expo, est-il permis d'utiliser l'appareil photo, le caméra vidéo ou bien le magnétophone ?

Ce qui est différent par rapport aux Jeux Olympiques 2008 de Beijing, il est autorisé de façon illimitée à se servir de ces appareils à l'intérieur du parc de l'Expo, mais il est tout juste conseillé aux visiteurs à ne pas utiliser plus tard ce qu'ils ont pris en photo, filmé ou enregistré à des fins commerciales, car dans ce cas-là, ils seront poursuivis en justice par les autorités compétentes concernées. Cependant, il y a des exceptions à prendre en compte. Par exemple, pour chaque pavillon, il a ses prescriptions particulières. Pour certains pavillons dans lesquels sont exposés des objets considérés comme trésors d'Etat ou patrimoines nationaux, il sera peut-être demandé de ne pas prendre des photos ni de filmer. Dans ce cas-là, le visiteur doit se conformer à cette exigence. Pour ce qui est des représentations culturelles et artistiques, pour ne pas perturber l'ambiance, il est toujours interdit d'utiliser le flash pour prendre photo.

Se peut-il que le parc de l'Expo ferme provisoirement ses portes en cas de bousculade et de désordre occasionnés par l'afflux de visiteurs ? Quel est le moment propice pour faire la visite ?

Le Comité d'organisation de l'Expo 2010 Shanghai prescrit qu'en cas d'intempéries, d'afflux excessif de visiteurs, de pannes ou d'ennuis techniques ou bien dans d'autres cas accidentels, il sera permis aux organisateurs et aux exposants de prendre des dispositions provisoires en vue de limiter le nombre des visiteurs dans le parc, dans les pavillons et dans les autres lieux d'activités ou bien de les évacuer de ces endroits et de ces lieux et de procéder immédiatement et sans retard à la publication d'informations à ce sujet-là. En général, une fois que le nombre des visiteurs dans le parc dépasse les six cent mille, il faut alors procéder sans retard à l'évacuation pour assurer la sécurité. D'après les prévisions du moment, aux mois de mai et d'octobre, il y aura tout particulièrement un afflux de visiteurs en raison du congé de trois jours pour la Fête du Travailleur du Premier Mai et de la Semaine d'or de sept jours à l'occasion de la Fête nationale du Premier Octobre. D'autre part, en juillet et en août où il y aura les vacances d'été, il sera fort possible que dans ce laps de temps, le nombre des visiteurs atteint son apogée, c'est pourquoi il est conseillé aux visiteurs potentiels d'éviter ces moments-là et de venir à l'Expo en juin ou en septembre où il est prévu qu'il y aura un moindre afflux de gens.

Quels sont les points de service installés à l'intérieur du parc de l'Expo ?

Y sont établis à l'intérieur du parc toutes sortes de points de services, notamment service de renseignements, service de location, service des objets trouvés, service d'urgence médicale, service d'aide à la mère et à son nourrisson, service d'aide aux personnes égarées, … etc. En dehors de cela, S'il y a quelqu'un, mécontent du service, désire porter plainte, il n'a qu'à téléphoner au numéro : +86-21-962010.

D'autre part, le parc de l'Expo est doté de diverses installations sans obstacles destinées aux personnes handicapées et il est fourni à leur intention et à titre gratuit les services tels que dactylologie vidéo et chaises roulantes. Un guide contenant des informations générales et des renseignements pratiques sur l'Expo est distribué gratuitement et on peut le consulter pour trouver tous les endroits qu'on désire y aller et notamment les points de service et les points de restauration.

● - Exposition universelle de Shanghai

Source: le Quotidien du Peuple en ligne

Ecrit par: P'tit Panda Dimanche 25 Avril 2010 19h19
Mise à jour 23.04.2010 08h30
Laurent Croset : Une vive demande de la langue française en Chine

Le 21 avril, M. Hervé Ladsous, ambassadeur de France en Chine, a reçu les directeurs chinois et français des Alliances françaises. Il a exprimé ses remerciements aux Alliances françaises pour leur contribution dans les échanges culturels entre la Chine et la France.

À cette occasion, M. Laurent Croset, délégué général de l'Alliance française en Chine et directeur de l'Alliance française de Beijing, a accordé une interview à china.org sur la promotion de la langue française en Chine.

Une vive demande de la langue française en Chine

Malgré la forte présence de la culture américaine en Chine, M. Croset est optimiste quant au développement de la langue française. La 15e Alliance française en Chine a ouvert ses portes la semaine dernière à Tianjin. Une autre sera bientôt ouverte à Yantai, dans la province du Shandong.

« Ce que je constate à Beijing et également dans beaucoup de villes que je visite, c'est une grande population d'étudiants jeunes, très intéressés à découvrir le monde francophone ».

M. Croset s'est également réjoui du succès de la promotion de la langue chinoise en France. Des centaines de milliers de jeunes Français apprennent le chinois au lycée, au collège ou à l'université et on compte déjà quatorze Instituts Confucius en France. « Je trouve très positif que cette curiosité mutuelle se développe au même moment ».

Les méthodes pédagogiques les plus modernes

« Nous avons comme objectif de développer toutes les méthodes pédagogiques les plus modernes dans ce réseau », déclare M. Croset. L'Alliance française a lancé cette année un programme d'équipement en tableaux blancs interactifs. Les Alliances françaises ont également l'intention de proposer, dans le futur, des enseignements en ligne et à distance, permettant ainsi aux étudiants d'apprendre le français devant leur écran d'ordinateur, en dehors des classes dans les centres.

Les points les plus importants pour promouvoir la langue française en Chine

Selon M. Croset, la promotion d'une langue est liée à la nécessité et à l'envie. Les jeunes Chinois font preuve d'un vif intérêt pour le français. Les entreprises chinoises qui se développent en Afrique et ailleurs ainsi que la diplomatie chinoise ont besoin d'un grand nombre de cadres formés en langue française.

Information relative :

La réunion des directeurs chinois et français du réseau des Alliances françaises en Chine, qui se tient les 21 et 22 à Beijing, a pour mission d'établir une stratégie commune sur la qualité de services fournis par les Alliances françaises et de définir avec les directeurs chinois des textes communs avec des universités de partenariat afin d'assurer un fonctionnement plus cohérent du réseau des Alliances françaises en Chine.

Source: China.org.cn

Ecrit par: P'tit Panda Dimanche 25 Avril 2010 19h25
Mise à jour 22.04.2010 09h40
Des vestiges culturels chinois gravement endommagés par le séisme à Yushu

Des vestiges culturels de Yushu, la préfecture qui a été touchée par le séisme, ont été gravement endommagés. Deux principaux sites historiques, qui se trouvent sous la protection d'Etat, se sont totalement effondrés et plusieurs unités de conservation du patrimoine provincial ont été sérieusement endommagées, a rapporté mercredi le journal Nanfang Daily.

Presque tous les vestiges culturels de Yushu ont été endommagés, en particulier le Monastère Zen et le Monastère de Gyegu, a déclaré Guo Hong, le directeur adjoint du Bureau du patrimoine culturel de la province de Qinghai.

L'une des plus grandes salles de réunion du Monastère de Gyegu, qui date de 2 000 ans, a été totalement détruite. Cette salle avait une histoire de plus de 500 ans, selon le rapport de Guangzhou Daily mercredi.

« Une grande salle de réunion avec une histoire de plus de 500 ans était entièrement en ruines, ce qui a en plus coûté la vie à huit moines », témoigne un des responsables de cette salle, dont les propos ont été repris par le journal Guangzhou Daily.

Le Temple de la Princesse Wencheng, qui se trouvait à 60 mètres de l'épicentre du séisme dans une grotte sous les rochers, n'a cependant pas été affecté, selon Ren Tiesheng, directeur adjoint du Bureau sismologique de Qinghai.


Source: le Quotidien du Peuple en ligne



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(19 avril 2010). Les statues bouddhistes retrouvées dans des décombres dans le canton de Gyegu, comté de Yushu, province de Qinghai, au Nord-est de la Chine.



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(19 avril 2010). Vestiges d'un temple bouddhiste retrouvés dans les décombres après le tremblement de terre dans le canton de Gyegu, comté de Yushu, province de Qinghai, au Nord-est de la Chine.


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(19 avril 2010). Un homme fait l'inventaire des objets retrouvés sur les sites des temples effondrés dans le canton de Gyegu, comté de Yushu, province de Qinghai, au Nord-est de la Chine.


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(19 avril 2010). Les soldats retirent ensemble une statue bouddhiste enterrée sous les débris après le tremblement de terre qui s'est produit dans le canton de Gyegu, comté de Yushu, province de Qinghai, au Nord-est de la Chine.


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(19 avril 2010). Les constructions du temple qui se sont effondrées dans le canton de Gyegu, comté de Yushu, province de Qinghai, au Nord-est de la Chine.

Ecrit par: P'tit Panda Dimanche 25 Avril 2010 19h31
Mise à jour 23.04.2010 13h50
Le nouveau site de Baidu lancé sur le marché

Le site de vidéo en ligne Qiyi.com de Baidu Inc a l'ambition de devenir le plus grand site de vidéo dans les 12 mois qui suivent, en dépassant les leaders du marché actuels comme les moteurs de recherche youku.com ou tudou.com, a-t-on annoncé mercredi.

Gong Yu, le directeur général de la version chinoise de Qiyi.com, a déclaré que le nouveau site projette de profiter du service de recherche vidéo de Baidu, qui déjà a joué un rôle important dans la création de trafic pour les sites des vidéos en ligne chinois.

« Nous espérons de pouvoir trouver une nouvelle niche sur le marché des vidéos en ligne, qui est en plein essor en Chine», a déclaré Gong, qui est un ancien cadre de sohu.com.

En essayant de copier le succès de hulu.com aux Etats-Unis, Baidu a annoncé en janvier qu'il envisage de créer un site vidéo indépendant, qui diffusera gratuitement des vidéos en ligne.

Hulu.com est un site vidéo américain, qui est géré conjointement par NBC Universal, Fox Entertainment Group et ABC Inc, et qui génère des recettes grâce à la publicité en ligne. Providence Equity Partners, l'un des investisseurs de Hulu, a également investi dans le projet Qiyi.com.

« Hulu ne représentait que 1% du trafic total des sites vidéo en ligne, mais il a fini par attirer 33% des recettes publicitaires», a déclaré Gong.

Il espère que Qiyi.com, qui a été soumis à des tests bêta pendant quelques mois, et sera lancé officiellement jeudi, pourra commencer à réaliser des bénéfices au cours des cinq prochaines années.

Selon les chiffres de China Internet Network Information Center (CNNIC), le Centre d'information sur l'internet en Chine, les utilisateurs des sites vidéo chinois représentent 240 millions, le triple d'il ya trois ans. Près de 40 millions d'entre eux affirment de ne pas regarder la télévision du tout.

Gong a indiqué que les internautes chinois aiment regarder des films et des feuilletons en ligne plutôt qu'un contenu qui a été créé par l'utilisateur, largement disponible sur des sites comme Youtube, Youku ou Tudou.

Il a ajouté que le nouveau site sera également favorisé par les annonceurs, qui se méfient de voir leurs marques apparaître dans entre des vidéos faites maison ou des films piratés.

Edward Yu, président d'une entreprise de recherche nationale Analysys International, a déclaré que des sites, tels que youku.com et tudou.com, devraient réorienter leurs activités vers des secteurs de marché spécifiques, comme les émissions de divertissement et le contenu créé par les utilisateurs pour contrer la pression accrue des nouveaux concurrents.

Au cours des derniers mois, trois groupes médiatiques de l'Etat, la Télévision centrale de Chine, Hunan Satellite TV et Shanghai Media Group, ont déjà lancé leurs sites vidéo au cours des derniers mois.

La compagnie Shanda Interactive Entertainment Limited cotée au Nasdaq a également étendu sa présence dans le secteur par l'acquisition de ku6.com, l'un des plus grands sites chinois de vidéo en ligne, en novembre dernier.

Gong a déclaré mercredi que Qiyi.com prévoit d'augmenter ses effectifs de 150 employés actuellement à 350 d'ici la fin de cette année.

Source: le Quotidien du Peuple en ligne

Ecrit par: P'tit Panda Mercredi 28 Avril 2010 21h08
Nicolas Sarkozy en visite d'Etat en Chine pour confirmer la réconciliation entre Paris et Pékin
LE MONDE | 27.04.10 | 15h54 • Mis à jour le 28.04.10 | 07h21
Pékin, Shanghaï, Envoyés spéciaux

Pas de solution sans la Chine. C'est sur ce constat que Nicolas Sarkozy commence, mercredi 28 avril, une visite d'Etat de trois jours à Pékin et Shanghaï. Histoire de solder les désaccords du passé et préparer la présidence française du G8 et du G20, en 2011, qui rassemblent les principales puissances de la planète. M. Sarkozy compte utiliser ce forum à des fins intérieures, comme il l'avait fait pour sa présidence de l'Union européenne fin 2008. Ce fut la seule période de popularité du chef d'Etat.

L'affaire n'est pas gagnée. M. Sarkozy l'a expérimenté fin 2009 au sommet de Copenhague sur la lutte contre le réchauffement climatique. Il espérait imposer ses vues en fédérant le Brésil et les pays les plus pauvres de la planète. Il s'est heurté de front à la Chine, qui a su faire basculer les pays africains, notamment, en sa faveur, et transformé le sommet en tribune anti-occidentale. Pékin n'avait daigné envoyer à la table des négociations qu'un fonctionnaire, tandis que le premier ministre Wen Jiabao restait dans son hôtel.

Depuis, M. Sarkozy ne cesse de pester en privé contre les Chinois. L'ampleur du contentieux est d'une autre nature que les brouilles de 2008, lorsque le président français s'était ému des émeutes au Tibet, avait menacé de ne pas se rendre à la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques de Pékin et avait fini par rencontrer en catimini le dalaï-lama à Gdansk. Pour Pékin, qui fustige désormais avec un vigoureux systématisme toute rencontre d'un dirigeant étranger avec le chef tibétain en exil, la rencontre de Pologne avait été perçue comme une trahison, une crise durable pour l'"amitié" franco-chinoise exaltée au temps de Jacques Chirac.

Depuis que M. Sarkozy s'est entretenu avec le président chinois Hu Jintao en avril 2009 à Londres, suivi de la visite à Pékin de François Fillon en décembre, la relation franco-chinoise a été relancée. Mais tout cela scelle plus la fin de la brouille officielle que le début d'une vraie coopération. Comme on le dit au Quai d'Orsay, "la page a été tournée, maintenant on repart. Mais on est en divergence d'intérêts sur d'énormes sujets."

Il faut cependant renouer des liens avec Pékin si Paris veut pouvoir peser sur la scène internationale. M. Sarkozy, d'habitude si pressé, sera présent trois jours dans la capitale chinoise, avec un entretien mercredi avec le président Hu, jeudi avec le président de l'Assemblée populaire Wu Bangguo et, vendredi, avec le premier ministre Wen Jiabao. Il achèvera son séjour le même jour par l'inauguration de l'Exposition universelle de Shanghaï et un passage par le pavillon français. "La visite du président Sarkozy est une visite d'Etat, la Chine y attache une grande importance. Nous nous attendons à ce qu'elle soit impressionnante", a déclaré Mme Jiang Yu, porte-parole du ministère des affaires étrangères.

IRAN, TOURISME, ÉCONOMIE

Pour montrer qu'il s'intéresse à ce pays, M. Sarkozy consacrera une partie importante de son séjour au tourisme culturel : avec son épouse, Carla Bruni-Sarkozy, il doit visiter l'Armée de terre cuite de l'empereur Qin dans l'ex-capitale Xian, faire une escapade sur une partie sauvage de la Grande Muraille, visiter les tombeaux de la dynastie Ming ainsi que la Cité interdite à Pékin.

Si M. Sarkozy compte profiter de sa présidence du G20 pour remettre à plat le système monétaire international, il se gardera, à Pékin, d'attaquer le sujet de la sous-évaluation du yuan, la devise chinoise. "On n'abordera pas ce sujet par cet angle étroit", précise l'Elysée, qui veut ouvrir "une réflexion large", dans un "esprit coopératif, constructif, positif, pendant la présidence française du G20".

M. Sarkozy, le plus allant des responsables sur les sanctions contre l'Iran accusé de fabriquer des armes atomiques, devra aussi convaincre les Chinois, qui se fournissent en pétrole à Téhéran. "Il n'est pas question que les pays importateurs soient victimes d'une résolution de sanctions", assure l'Elysée. Les Chinois défendent, par principe, la non-ingérence dans les affaires intérieures des Etats.

Il va falloir aussi relancer les échanges économiques entre les deux pays, alors que la part de marché de la France stagne en Chine à 1,3 %, loin derrière l'Allemagne. "De grands projets de contrats seront discutés (nucléaire civil, aéronautique, environnement), mais il n'y a aura pas d'annonces. Elles seront faites lors de la visite du président Hu à l'automne", précise l'Elysée.

En réalité, les Chinois acquièrent un savoir-faire croissant dans tous les domaines de prédilection de la France : nucléaire, ferroviaire, aéronautique. "L'une des grandes questions de ce voyage est de savoir si Paris peut renouer avec une diplomatie des grands contrats ou pas", indique, à l'agence Reuters, François Godement, spécialiste de la Chine à Sciences Po Paris.

Arnaud Leparmentier et Bruno Philip
Article paru dans l'édition du 28.04.10


Ecrit par: P'tit Panda Mercredi 28 Avril 2010 21h12
Le pari chinois des cosmétiques L'Occitane n'est pas sans risques
LE MONDE | 28.04.10 | 17h16 • Mis à jour le 28.04.10 | 17h16

La société de cosmétiques française L'Occitane poursuit son odyssée asiatique, et sera cotée à la Bourse de Hongkong à partir du 7 mai. Le choix de cette place - où l'entreprise espère lever environ 700 millions de dollars (530 millions d'euros) contre 25 % de son capital - paraît logique, puisqu'elle a maintenant plus de boutiques en "grande Chine" (Hongkong, Macao et Taïwan inclus) qu'en France.

C'est un coup audacieux que de se poser comme la première entreprise française à entrer sur la place de Hongkong. L'Occitane a déjà obtenu l'approbation des autorités depuis que le fonds souverain chinois China Investment Corp. s'est engagé à devenir un actionnaire de référence. A elle seule, la publicité qui a été faite autour de l'événement va non seulement favoriser l'écoulement des actions sur le marché, mais aussi faire grimper les ventes.

Mais l'opération ne va pas tout à fait de soi. La valorisation de l'entreprise a été calculée "à la chinoise", et a l'air bien gourmande. D'après UBS, le milieu de la fourchette envisagée pour le prix d'introduction de l'action valorise la société à 20 fois ses bénéfices attendus pour 2010, ce qui en ferait l'égale du spécialiste chinois de la distribution de cosmétiques, Sasa. Il n'y aurait donc aucune décote offerte à l'introduction. Il est plus pertinent de comparer L'Occitane au fabricant de produits de maquillage Avon, qui vaut 16 fois ses bénéfices prévisionnels. Ou de faire un parallèle avec la chaîne de prêt-à-porter occidentale Esprit, qui a aussi beaucoup investi en Chine et dont la valorisation s'élève à 15 fois ses bénéfices.

UN DANGER : PERDRE SON AURA

Les boutiques chinoises de L'Occitane déjà ouvertes ne sont pas très productives. Il y en a 46 - c'est-à-dire plus qu'au Royaume-Uni et presque autant qu'en France -, et pourtant, le groupe se refuse à communiquer des chiffres sur leur volume d'activité.

Le pari d'une expansion rapide présente aussi un certain nombre de risques. L'Occitane a prévu d'ouvrir jusqu'à 650 nouveaux magasins dans les trois à cinq prochaines années, contre 59 en 2010. La société pourrait en gros doubler de taille en Chine. Les marges devraient s'en ressentir, du fait de l'ouverture de nouveaux points de vente, mais aussi parce que, en étant présente partout, la marque pourrait changer d'image et perdre son aura de "marque de luxe abordable" aux yeux d'Orientaux attachés aux signes extérieurs de réussite sociale. La Chine a beau être devenue la première implantation étrangère de L'Occitane, cela ne justifie pas que l'on accepte de lui accorder dès maintenant une "prime chinoise".
(Traduction de Christine Lahuec)


Wei Gu
Article paru dans l'édition du 29.04.10


Ecrit par: P'tit Panda Mercredi 28 Avril 2010 21h19
L'écrivain-diplomate avait 73 ans
Pierre-Jean Remy est mort
Par David Caviglioli

Avec Pierre-Jean Remy, qui vient de mourir à l'âge de 73 ans, disparaissent plusieurs personnages. Il était d'abord diplomate et haut-fonctionnaire. Sa carrière l'aura envoyé Hong-Kong puis à Pékin, de 1963 à 1966, à Londres de 1975 à 1979, à Florence de 1985 à 1987... et même à Paris, en tant que délégué auprès de l'UNESCO de 1990 à 1994. Entre chaque étape, il occupa des postes dans diverses officines culturelles de la République, depuis l'O.R.T.F. jusqu'à la Villa Médicis (1994-1997), en passant par la Cité de la musique, l'Opéra Bastille et la Bibliothèque nationale de France. Il était aussi, est-il besoin de le préciser, académicien depuis 1988.



Il a aussi été écrivain. Prolifique : 65 livres en 48 années. « Voyage présidentiel », son dernier ouvrage, doit paraître en mai au Seuil. Par la grâce des prix littéraires, on a retenu « le Sac du palais d'été » (Renaudot 1971), « l'Orient-Express II » (prix de la Nouvelle de l'Académie française 1984) ou « Une ville immortelle » (prix du Roman de l'Institution 1986). Mais son œuvre a la profondeur excessive des éruditions pressées. Ses innombrables romans, essais et biographies fourmillent de réflexions diverses sur la musique, les voyages ou même le poker. « D'aucuns prétendent qu'il pratique le roman au poids et consent des rabais à son éditeur au-delà d'un kilo et demi », disait-il de lui-même dans le « Dictionnaire des écrivains par eux-mêmes ». Il riait volontiers de son « stylo qui écrit tout seul.» Certains de ses détracteurs aussi. L'autodérision n'a jamais refroidi les malveillants.


Pierre-Jean Remy, d'Angoulême au Massachusetts

Il est né à Angoulême en 1937, année de crise économique où Léon Blum annonça une « pause dans les réformes ». Jean-Pierre Angremy de son vrai nom. Par son père, il descend de paysans auvergnats. Par sa mère, d'une famille belge qui n'a jamais vu la Belgique, composée de banquiers et de diplomates vivant à Smyrne, Sofia ou Andrinople et fréquentant, comme il le disait, le « no man's land international suisse. » Entre l'enracinement et le cosmopolitisme, il fait vite son choix. Il se plonge dans la lecture, ce tour du monde pour enfants. Il adore Tintin, se passionne pour le monde entier. Pour l'Amérique surtout - qui arbore en ce temps-là les visages de Superman et d'Humphrey Bogart.


Après des études sérieuses (droit et Sciences-Po), celui qui n'est pas encore Pierre-Jean Remy part aux Etats-Unis grâce à la fameuse bourse de la fondation Fulbright. Il devient l'assistant d'Herbert Marcuse à l'université de Brandeis, dans le Massachusetts. Marcuse doit remettre son français en marche avant de venir donner des conférences à Paris. Il a la surprise de voir arriver un jeune homme qui ne connaît pas grand-chose à la philosophie. Dès lors, à défaut d'engager une discussion sur le marxo-freudisme, il lui fait une démonstration de hulla-hoop et lui présente le poète Claude Vigée, qui enseigne la littérature française sur le campus.

A Brandeis, la littérature française a la cote : Vigée invite Yves Bonnefoy, Alain Bosquet ou Henri Thomas pour des séminaires. Remy explique dans « l'Autre éducation sentimentale », recueil de souvenirs littéraires, que cette élégante coterie lui a « appris à lire ». C'est sur ce campus probablement paisible, pour séduire la jeune et fascinante Marianne, que l'étudiant Jean-Pierre Angremy est devenu l'écrivain Pierre-Jean Remy.

D.C.



s : http://bibliobs.nouvelobs.com/20100428/19223/pierre-jean-remy-est-mort

Ecrit par: P'tit Panda Mercredi 28 Avril 2010 21h26

Paris et Pékin pour la coopération, les divergences en sourdine

Reuters | 28.04.10 | 20h20



par Emmanuel Jarry

PEKIN (Reuters) - La France et la Chine se sont promis mutuellement mercredi une coopération économique et diplomatique renforcée, au premier jour de la visite d'Etat de Nicolas et Carla Sarkozy, dont toute aspérité a été gommée.

Après leurs entretiens, le président français et son homologue chinois Hu Jintao ont fait assaut d'amabilités lors de deux monologues devant des journalistes qui n'ont pas eu la possibilité de poser de questions.

La délégation française a tout fait pour éviter que le moindre propos susceptible de froisser les dirigeants chinois nuise à l'objectif affiché de cette deuxième visite d'Etat de Nicolas Sarkozy en Chine en trois ans : tourner définitivement la page des tensions franco-chinoises de 2008 sur le Tibet.

Contrairement à sa première visite d'Etat en Chine en 2007, le président français s'est abstenu d'évoquer en public la question des droits de l'homme, toujours sensible pour Pékin.

Les deux présidents ont mis une sourdine à leurs divergences sur les questions monétaires comme sur le nucléaire iranien.

La refonte du système financier international doit mettre l'accent sur la réforme du système monétaire international, que Nicolas Sarkozy veut mettre au menu du sommet du G20 sous présidence française en 2011, a ainsi dit Hu Jintao.

"La Chine soutient la France dans l'organisation du sommet du G20 de l'année prochaine", a-t-il ajouté.

Nicolas Sarkozy, qui a souvent taxé la Chine de "dumping monétaire" a dit avoir la conviction qu'il était "parfaitement improductif de s'accuser les uns les autres".

France et Chine partagent aussi l'objectif d'empêcher l'Iran d'acquérir l'arme atomique, a-t-il dit, sans pouvoir dissimuler des divergences persistantes sur les moyens d'y parvenir.

SARKOZY PROPOSE DEUX EPR DE PLUS À LA CHINE

Paris pousse à des sanctions internationales renforcées contre Téhéran alors que la Chine, qui craint que celles-ci portent atteinte à ses intérêts économiques en Iran et, au-delà, à l'économie mondiale, garde le pied sur le frein.

Nicolas Sarkozy s'est efforcé de convaincre Hu Jintao que la crise serait pire si la communauté internationale ne parvenait pas à convaincre les dirigeants iraniens de revenir à la table des négociations avant qu'il ne soit trop tard.

Il a dit comprendre que la Chine "souhaite donner toute sa chance au dialogue" mais estimé que le moment de voter des sanctions au conseil de sécurité de l'ONU approchait.

Hu Jintao, dont le pays a contribué à l'échec du sommet de Copenhague sur le climat, fin 2009, par son intransigeance, a pour sa part promis de faire avancer avec la France la coopération internationale contre le changement climatique.

Aucune signature d'accord commercial n'est prévue au cours de ce voyage - les éventuelles annonces sont réservées à une visite d'Etat du président chinois cet automne en France.

En attendant, Nicolas Sarkozy a proposé l'ouverture de négociations sur la fourniture à la Chine de deux réacteurs nucléaires de troisième génération supplémentaires, ce qui porterait à quatre les EPR vendus par la France à ce pays.

"Notre collaboration dans le nucléaire civil est absolument stratégique pour nous", a expliqué Nicolas Sarkozy au début d'un entretien élargi aux délégations avec Hu Jintao.

Au-delà du nucléaire et de l'aéronautique, les deux chefs d'Etat ont souhaité un développement des relations économiques franco-chinoises dans de nouveaux domaines. "L'environnement, l'agroalimentaire et la finance seront des domaines prioritaires de développement de nos relations", a dit Nicolas Sarkozy.

ATTENTIONS

La Caisse des dépôts et consignations et la China Development Bank doivent ainsi signer un accord créant un fonds de 500 millions d'euros au profit des PME françaises et chinoises.

Lors du dîner offert en l'honneur du couple présidentiel français Nicolas Sarkozy a offert à son hôte deux stylos de luxe, tandis que la fanfare de l'Armée populaire de libération chinoise entonnait deux chansons de Carla Bruni - une attention adressée autant à la première dame qu'à la chanteuse.

Le China Daily, quotidien en langue anglaise, avait bien rappelé mercredi matin dans un éditorial le passage mouvementé à Paris, "sous les yeux de la police" française, de la flamme olympique des Jeux de Pékin, au printemps 2008, et la rencontre, quelque temps plus tard, de Nicolas Sarkozy avec le Dalaï Lama.

Mais pour souligner aussitôt que les relations entre les deux pays étaient désormais revenues à la normale.

"Le président Sarkozy et moi (...) estimons qu'il faut s'en tenir au principe de respect mutuel, d'égalité, de bénéfices mutuels et de développement partagé", a déclaré Hu Jintao. "Nous sommes unanimes à estimer que la présente visite du président Sarkozy en Chine a ouvert une nouvelle page dans les relations sino-françaises."

Nicolas et Carla Sarkozy avait entamé mercredi matin par une étape dans l'ancienne ville impériale de Xian cette visite de trois jours qui comprend un important volet touristique.

Edité par Jean-Baptiste Vey


Ecrit par: P'tit Panda Dimanche 02 Mai 2010 22h11
Pour lutter contre la spéculation, Pékin limite l'achat de biens immobiliers
LEMONDE.FR avec AFP | 30.04.10 | 16h09


Pour tenter de freiner la hausse des prix du secteur immobilier, la municipalité de Pékin a décidé de ne plus autoriser l'achat que d'un seul nouveau logement par famille.

"Pékin a dévoilé ces mesures sévères vendredi pour freiner les prix en hausse excessive", a expliqué l'agence Chine nouvelle. L'agence China News Service indique que, "pour le moment, une famille ne pourra acheter qu'un nouvel appartement" et précise qu'il a été demandé aux banques, également "pour le moment", de refuser tout prêt pour l'achat d'un troisième bien et au-delà. Devront aussi être exclus des prêts "les non-résidents à Pékin, qui ne peuvent pas prouver qu'ils se sont acquittés de leurs impôts et contributions sociales dans la ville depuis au moins un an", selon China News Service.

LES PRIX ONT GRIMPÉ DE 11,7 % SUR UN AN

Les mesures de la municipalité de Pékin s'inscrivent dans le droit fil de celles prises par les autorités chinoises pour réduire les risques de spéculation immobilière, jugée responsable du redémarrage rapide de la hausse des prix de l'immobilier, qui par extension pourrait menacer la reprise économique. En mars, les prix dans les grandes villes ont grimpé de 11,7 % sur un an, leur plus importante hausse depuis que le gouvernement a commencé en 2005 à suivre les évolutions du secteur dans 70 villes.

Le gouvernement chinois a récemment permis aux banques de refuser des prêts à des clients déjà propriétaires d'au moins deux biens. Il a aussi imposé des restrictions aux ventes sur plan et élevé l'apport personnel minimal pour l'achat d'un deuxième appartement et plus.

Selon certains analystes, le gouvernement projetterait d'introduire à l'essai des taxes sur la propriété immobilière dans quelques villes dès cette année. Dans une note publiée mercredi, les économistes de la banque Standard Chartered font état d'informations selon lesquelles les villes concernées seraient Pékin, la capitale, et les métropoles de Chongqing (sud-ouest), Shenzhen (sud) et Shanghai (est). Mais ils se demandent également si, "après la série de mesures pour refroidir la spéculation et faire baisser les prix, cet impôt sera suffisant pour bannir du marché immobilier pendant une décennie les spéculateurs".



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