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> Critique Coree : Le Chant De La Fidèle Chunhyang, L'art du pansori selon Kwon-taek IM
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Ecrit le : Dimanche 27 Février 2005 20h45
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Dragon



TITRE : Le Chant de la fidèle Chunhyang (‘’Chunhyang’’)
PAYS : Corée
Année : 2000
Réal. : Kwon-taek IM
Acteurs : Hyo-jeong Lee, Seung-Wu Jo, Hye-Eun Lee
Note : wub.gif (8 / 10)

Le 97e film du vétéran Kwon-taek IM est l’adaptation d’une vieille légende coréenne souvent considérée comme le pendant coréen de notre ‘’Roméeo et Juliette’’. Si cette histoire a été maintes fois adaptée sous diverses formes par le passé (films, récits radiophoniques, dessins animés), Im donne une version toute personnelle en mêlant étroitement sa version fictionnalisée avec une représentation de la même pièce sous une forme pansori.

Lee Mongryong est le fils du riche gouverneur d’une Province du Sud de la Corée. Préparant fébrilement l’examen d’Etat, il tombe pourtant éperdument amoureux de la jeune Chunhyang lors d’une sortie à la campagne. Bravant les interdits, il épouse en secret cette fille d’une courtisane du gouverneur.
Suite à la promotion de son père devenant ministre au service du Roi à Séoul, les deux amoureux sont contraints de se séparer, en attendant la réussite des examens de Lee et son retour – promis – à sa fiancée une fois diplômé.
Mais l’incroyable beauté de la jeune Chunhyang est venu aux oreilles du gouverneur remplaçant de la Province, qui ordonne à la femme de se soumettre à ses services. Refusant pour avoir juré fidélité, elle est torturée et jetée en prison en attendant sa peine de mort.

Kwon-taek Im est désormais considéré comme le vétéran du cinéma coréen.
Issu d’un milieu modeste, il a dû émigrer à Séoul après la seconde guerre mondiale pour trouver du travail. Embauché en tant qu’assistant par le réalisateur Chang-Hwa CHUNG en 1956, il réalise son premier long métrage dès 1962. Enchaînant les projets commerciaux, ce n’est que vers la fin des années ‘70s, qu’IM décide de donner une nouvelle direction à sa vie et de réaliser des films plus sérieux et personnels.
Aujourd’hui reconnu comme l’un des plus grands réalisateurs asiatiques en activité, ses films sont régulièrement sélectionnés et récompensés aux plus grands festivals de cinéma mondiaux.

‘’Le Chant de la fidèle Chunhyang’’ ne déroge pas à la règle. Présenté dans la sélection officielle de Cannes, il ne remporte pas de prix, mais donne une nouvelle fois à voir de quel talent dispose cet immense réalisateur.
Adaptant une légende archi-connue dans son pays, IM n’hésite pas à employer les gros moyens en étalant le tournage sur quatre mois, dirigeant plus de 8000 figurants et laissant confectionner plus de 12000 costumes. Le film ne prend pourtant à aucun moment des allures d’une super-production à la seule débauche d’effets visuelles ; au contraire, le réalisateur réalise un drame intimiste contemplatif et à fleur de peau, privilégiant les moments calmes et plans fixes de magnifiques paysages coréens. Les plans de foule n’interviennent que vers la fin du film et sont totalement justifiés.
Le tour de force du réalisateur est pourtant l’habile intégration de l’art du pansori à l’intérieur du récit et par lequel la légende de Chunhyang a d’ailleurs été transmise de ses origines jusqu’à nos jours.
Le pansori est un spectacle donné par un chanteur (ou une chanteuse) accompagné par un joueur de tambour. Seul intervenant, il interprète tous les rôles à la fois en chantant ou récitant conte ou légende.
IM intègre donc à son adaptation filmée la représentation – au présent – d’un spectacle de pansori en faisant du chanteur une sorte de coryphée (dirigeant d’un chœur dans le théâtre antique grec ou médiéval) commentant par ses interventions l’action en cours.
Habile tour de force, qui magnifie un art ancien en voie de déperdition tout en servant l’essence même de l’œuvre adaptée, qui n’a pu traverser le cours de l’Histoire que par le récital du pansori. IM crée donc une sorte de pont imaginaire entre la représentation de la légende passée et son rapport des faits à notre époque ; mais il retranscrit également par l’image le for intérieur d’un spectateur de spectacle : parfois immergé totalement dans l’histoire en cours (que ce soit au cinéma, au théâtre ou – perdu dans ses pensées – devant un feuilleton radiophonique), une personne décroche de temps à autre pour revenir au présent et de voir ce qui l’entoure. IM revient donc de temps à autre au présent en filmant l’interprète du pansori et son public.

Le pansori semble tenir à cœur du réalisateur, après un premier film consacré à cet art en 1991, ‘’La Chanteuse de Pansori’’ ; mais cette fois, cette forme de narration devient véritablement l’essence même du film et les quelques images tournées très simplement parviennent presque à transcender la super-production en arrière-plan de par leur parfait témoignage d’un art en perdition et ces quelques plans volés des spectateurs fascinés par le spectacle. Un très grand film.


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